L'Empire Ishtar
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 Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)

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Yue Wu Zang
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Yue Wu Zang

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MessageSujet: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyDim 31 Juil - 8:20

Yue contemplait le désastre d'un œil froid et désabusé. Autour d'elle, respectant néanmoins une distance de sécurité de trois ou quatre bons mètres, les domestiques l'observaient, guettant sa réaction, prêts à s'enfuir en courant au moindre signe de colère. La princesse serra les poings ― ah, ça n'était pas bon ça ! ― et lança à la volée :

- Et je suppose que personne n'a la moindre idée de qui a fait ça ?

Le personnel de la maison Wu Zang avait été trié sur le volet, trié notamment par les colères de la princesse, et s'il faisait preuve d'une efficacité certaine dans les tâches quotidiennes, il montrait également une solidarité à toute épreuve dans les moments difficiles, c'est-à-dire les moments où l'un d'entre eux risquait de faire les frais d'une crise de la princesse. Aussi la question de Yue reçut pour unique réponse un silence de mort que la jeune fille comprit parfaitement. Et pourtant … quelqu'un avait bel et bien touché à ses affaires.
A ses pieds, au milieu du cercle formé par les domestiques, gisait brisé le goban de la princesse. La surface de jeu était toute lézardée, un des pieds s'était cassé et le coin inférieur était entièrement détruit, preuve que le choc avait dû être là le plus puissant. Les vingt centimètres d'épaisseur n'avaient pas suffi à lui sauver la mise, apparemment.
C'était étrange … Certes, le goban était un objet plutôt lourd, mais tout de même, ça ne se cassait pas comme ça … Surtout quand il était conservé dans un placard avec interdiction d'y toucher. Deux possibilités : soit on l'avait délibérément abîmé, peut-être un domestique en colère, mais Yue n'y croyait pas trop ― les domestiques étaient bien payés, et depuis le temps, ils s'étaient tous plus ou moins habitués à ces coups de sang ; soit quelqu'un avait voulu s'amuser avec, ou pour une quelconque autre raison, l'avait pris et fait tomber par inadvertance. Mais le résultat était le même : un goban brisé.

- Bien, ce n'est pas très grave. Après tout, ce n'était qu'un vieux goban que j'avais ramené du Wu Zang. Autant en prendre un neuf.

Murmures parmi les domestiques. Ils pressentaient tous un mauvais coup à venir, et ça n'était pas pour leur plaire. En fait, ils auraient peut-être même préféré une bonne colère, ça au moins, ils savaient gérer.

- Je crois que je devrais en commander un. Un particulièrement beau, en bois précieux. Quelque chose d'imposant, qui respire le calme et la sérénité. Ce sera sans doute cher, mais ce n'est pas un problème …

Les murmures s'amplifièrent. Quoique la princesse ait en tête, ça concernait l'argent. Et l'argent … Non, décidément, les colères, c'était mieux.

- … puisque l'argent nécessaire à cet achat sera prélevé sur les salaires de tous ceux qui travaillaient ici ce matin.

Protestations et exclamations de colère s'élevèrent aussitôt.

- A moins bien sûr que quelqu'un ne se dénonce par charité … ou que quelqu'un ne le dénonce.

A nouveau un silence de mort. Cette fois-ci les domestiques se regardaient entre eux, attendant de voir si quelqu'un oserait commettre l'innommable. Mais les minutes s'écoulèrent sans bruit, et sans délation, aussi Yue finit-elle par tourner les talons et s'en aller, laissant les domestiques balayer les restes de ce qui fut autrefois son goban.

C'était déjà l'après-midi lorsque Yue, accompagnée comme à son habitude par Hua, se rendit dans la fameuse boutique. Qui lui en avait parlé ? Impossible de se rappeler. Tout ce dont elle se rappelait, c'était que si cela concernait un objet en bois, il fallait demander à un certain Asgeir. Enfin, la boutique ne paraissait pas si … impressionnante que ça.
A l'intérieur, toutes sortes d'objets en bois traînaient dans tous les coins. Hua restait admirative devant ce travail d'orfèvre, et ne pouvait s'empêchait de les prendre en main et de les tripoter, rien que pour sentir la trace des outils sur l'œuvre. Yue, quant à elle, restait de marbre. Le bois était loin d'être sa matière préférée, cela manquait de … noblesse.

- Il y a quelqu'un ici ?
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyDim 31 Juil - 15:12

Lorsque tu te réveillas, tu sentis aussitôt ta douleur au ventre te surprendre, tu serras évidemment les dents, et tes traits se transformèrent en grimace. Tu restas un bon bout de temps allongé sur le dos, les bras le long du corps pour essayer de calmer la souffrance qui te retournait les tripes, tes pieds dépassaient presque du lit, depuis quand ce genre de détail te sautait aux yeux ? Tu étais un homme vivant hors du temps, comme un arbre, ta haute stature abîmée par tes quinze années de prison observait les autres se masser autour de toi, tu étais immense et lorsque tu te levas, tu donnas l'effet d'être un gigantesque épouvantail de bois posant son pied boiteux sur le plancher de la chambre. Celui-ci grinça sous ton poids, et en poussant un soupir pénible, tu parvins à te tenir sur tes deux jambes, et redevenir la grotesque imitation d'un homme. Le front ridé de souffrance, tu avanças malaisément vers une grande bassine d'eau que tu n'avais pas changée depuis au moins trois semaines, l'eau n'était plus aussi claire, ce n'était qu'un liquide crasseux, gris avec des morceaux d'insectes dedans, comme tu ne faisais pas le ménage, ils venaient vite te rendre visite.

Cependant sans le moindre dégoût, tu trempas tes mains dans l'eau tiède, tu repoussas le cadavre d'une mouche sur le côté, et tu mouillas enfin ton visage pour essayer d'oublier la souffrance, tu passas ta main dans ta nuque, puis dans ta chevelure crasseuse. Ensuite, lorsque tu terminas ce semblant de toilette, tu pris une vieille serviette pleine de poussière pour la passer sur ton visage, tu la lâchas dans un coin, et cherchant d'une main lasse ton long manteau blanc, tu l'enfilas sans mettre de tunique en dessous. Si bien qu'ainsi sans que tu ne le remarques réellement, on pouvait voir justement cette blessure qui te lançait depuis un moment : ton flanc était entouré d'un simple bandage plus ou moins sale, laissant apparaître un sang d'un rouge terne, montrant que tu ne t'en étais pas plus occupé que ça. Tu roulas tes énormes épaules, et t'aidant du mur, tu finis par aller en bas, le pas lourd et pénible, tu parvins jusqu'à ton atelier, et remarquant que tu avais oublié de ranger ton bol de gruaux, tu haussas les épaules pour te rendre dans ton arrière boutique. Ton atelier n'avait rien de quelque chose de... comment dire sans blesser ton honneur ?

Ou soyons honnête, Asgeir : cet endroit ressemblait plus à taudis tenant debout grâce à l'Ombre qu'à un atelier, les meubles encombraient tout ce qu'ils pouvaient, la poussière envahissait tout et n'importe quoi, tandis qu'une odeur de renfermé piquait le nez de ceux et celles qui venaient te rendre visite. Tu mordillas tes lèvres, grimaçant encore, tu laissas tomber sur le côté une scie pour allumer l'arrière-boutique d'une simple bougie, tu poussas un peu les papiers, et prenant ta règle, tu commenças à tracer diverses mesures pour un escalier que tu devais construire chez un noble. Tiquant un peu, tu poussas un autre soupir, et regardant parfois par la baie vitrée donnant sur la rue, tu te rappelais parfois que tu devais bientôt rendre l'armoire derrière toi, et sans manger, sans prendre ton petit-déjeuner, tu passas une grande partie de ton temps sur ce plan, écrivant d'une main nerveuse et faible les mesures pour l'escalier.

Heureusement que tu avais une bonne mémoire dans tout ce qui concernait la menuiserie, sinon toi-même tu ne pourrais sans doute pas relire ton écriture, tu avais mal aux doigts, ton flanc criait de souffrance, et tes épaules déformées par le travail refuseraient dans un premier que tu charges l'armoire sur ton dos, comme tu avais l'habitude de le faire. De toute façon, ta vie se résumait à une suite de douleur, et d'indifférence, lorsque tu mourras — et tu espérais que ça arrive tout de même assez vite —, tu ne manqueras à personne ; même pas à ta famille, puisque tu n'en avais plus. L'Homme-Arbre tomberait un jour, déraciné, perdant ses feuilles, la sève coulant à vif, et l'écorce pourrie par une vie de misère et de souffrance. Au bout d'un moment, la mine du crayon se brisa, et haussant un simple sourcil de surpris, tu le posas sur le côté, et mordant ta lèvre, tu relevas la tête vers la journée et la vie défilant dehors, en haussant cette fois-ci les épaules, tu grattas ton cou et finalement, tu te dirigeas vers l'armoire.

C'était une belle armoire, au moins... on pouvait reconnaître que tu avais un don pour tout ce qui touchait le bois, à croire que toi-même tu te transformerais en arbre, une fois que la Mort viendrait enfin te prendre. La jambe douloureuse, tu te baissas pourtant en sentant celle-ci pleurer de souffrance, et finalement, comme une force de la nature, tu soulevas non sans mal l'armoire, tu n'avais pas d'argent de toute façon pour te payer des Objets convenables. C'est lorsque tu sortis de l'arrière-boutique que tu rencontras une môme et sûrement sa copine, elle venait de demander s'il y avait quelqu'un, et l'armoire sur le dos, tu la posas en soupirant prés de la cheminée, tu fis :


— Oui ?



Dernière édition par Asgeir le Dim 31 Juil - 19:29, édité 1 fois
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Yue Wu Zang
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyDim 31 Juil - 18:27

A quoi s'attendait-elle en entrant dans cette boutique ? Certainement pas à ça. Plutôt à un commerçant occupé en arrière-boutique qui viendrait saluer poliment ses clientes en se frottant les mains et s'excuser de son retard avant de proposer son aide. Pas à … ça.

Elles ne l'avaient pas aperçu tout de suite derrière l'armoire, et leurs regards se posèrent d'abord sur le meuble, joliment décoré malgré sa petite taille ― Yue était plutôt habituée aux armoires de trois mètres de large. Puis de derrière l'armoire, surgit l'homme qui la transportait. Enfin, un homme … Il ressemblait plutôt à un mannequin de bois qu'on aurait maltraité ou qui aurait servi pour l'entraînement de la garde impériale, avec son visage ravagé et son corps si … si … si grand. Ombre, qu'il était grand ! Yue en avait mal au cou. Et cette voix grave, grave comme la tombe …

Hua poussa un cri d'horreur à la vue de ce visage effrayant, laissa tomber la statue de bois qu'elle avait dans ses mains et se réfugia sous une table, tremblante et terrifiée. Yue ne cria pas mais resta figée, sans pouvoir détacher ses yeux écarquillés de ce corps si étrange, si … effrayant. Cet homme, qui qu'il soit, aurait pu la prendre dans ses mains et lui briser le corps sans effort. Une simple gifle suffirait à détacher la tête de la princesse. Pour la première fois de sa vie, Yue se sentait faible, petite et fragile. Elle prenait conscience qu'elle était seule et que si cet être décidait de s'en prendre à elle, elle ne pourrait rien faire pour se défendre. Elle avait peur, peur pour sa vie, et ce sentiment lui était inconnu jusqu'alors. Que faire …?

Un silence s'installa, troublé de temps à autre par les gémissements et les sanglots étouffés de Hua. La princesse, quant à elle, ne savait pas vraiment quoi dire. Ce n'était pas le propriétaire quand même …? Ses vêtements sales, laissant transparaître sa peau couverte de blessures et de cicatrices, son air absent, son silence pesant …
C'est toute sa fierté d'aristocrate et son éducation de jeune fille de bonne famille qui lui fit surmonter cette épreuve. Si elle était toujours aussi terrifiée, elle se mit à parler machinalement, comme une ancienne habitude.

- Vous êtes le propriétaire ? Vous faites des jeux de plateau aussi ?

Etait-ce vraiment elle qui parlait ? Sa voix avait surgi seule hors de sa bouche. Quelque part en elle, il y avait quelqu'un qui se demandait si cette créature était vraiment l'artisan formidable dont on lui avait parlé, ou bien un Objet un peu défaillant acheté au rabais.
Tout doucement, à petits pas qu'elle espérait discrets, Yue reculait, histoire de mettre de la distance entre cet homme et elle.

- Je cherche un objet bien particulier. Un objet du Wu Zang. Vous pouvez faire ce genre d'objets aussi ?

Petit à petit, elle reprenait contenance. Après tout, elle était princesse du Wu Zang. Et elle allait épouser l'Empereur, elle était donc la future impératrice. Hors de question de se laisser impressionner par un homme du commun.
Elle inspectait son silencieux vis-à-vis de la tête aux pieds. Il semblait assez âgé, il avait bien besoin d'un bain ― ou deux ou trois ― et de nouveaux vêtements, et il avait une blessure très sale au ventre. Est-ce qu'il s'était blessé en travaillant ? Et toutes ces cicatrices, c'était aussi son travail ? Comment était-ce possible …?
Quelque peu calmée par l'attitude assurée de la princesse, Hua avait cessé de pleurer, mais n'osait toujours pas sortir de sa cachette. Elle se contentait d'observer de loin sa maîtresse sans oser tourner les yeux vers le gigantesque personnage à l'armoire.

- Je voudrais que vous me fassiez un goban. Je peux vous expliquer si vous ne savez pas.

C'était plutôt rare qu'elle soit aussi polie, mais son cœur battait encore si fort dans sa poitrine qu'elle avait du mal à trouver ses mots.
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyDim 31 Juil - 19:22

Tu hausses les sourcils de surprise lorsque tu vis la gamine aller sous ton énorme table, énorme table sur laquelle reposait ton repas de la veille, tu tournas la tête un peu dans tous les sens, songeant qu'elle avait dû voir une chose bien effrayante pour réagir de la sorte ; ton sang se glaça dans tes veines lorsque tu pensas : « Et si la jeune fille avait vu un Inquisiteur ? Ou bien un Terroriste ? », un frisson plein de haine et de peur alla dans ton dos. Tu fermas ta main en un gros poing, plein de cicatrices, certes, mais loin d'être violent, tu regardas longuement la table sous laquelle la jeune fille pleurait. Un moment... tu eus l'image de toi-même allant la réconforter, ton esprit de père ravageait le reste, mais la présence de la seconde gamine t'en empêcha. Un coup d'oeil sur elle te suffit pour comprendre qu'elle faisait partie de la Noblesse... pas la « noblesse », mais bien la « Noblesse », la plus grande, la plus prestigieuse et la plus pourrie de toute l'aristocratie. Tu ne jugeais pas la petite — qui peinait à rentrer dans ton champ de vision de toute façon —, tu faisais un simple constat ; tu étais un peu observateur, même s'il te fallut un moment pour comprendre quelque chose avait bougé dans ton atelier, l'une des statues. Était-ce celle que Mist t'avait apportée ?

Pour te remercier de l'avoir nourri et logé durant un jour ou deux ? Curieusement... tu te foutais qu'on touchât aux statues de bois que tu avais l'habitude de construire, lorsque par miracle tu n'étais pas accablé de travail. Enfin ta main revint contre ton corps, le poing s'était rouvert, et le bras posé contre l'armoire, tu regardas la gamine qui te demanda si tu étais le propriétaire. Ta réponse ? Ce fut un simple froncement de sourcil, et un hochement de tête ; Asgeir, l'ennui avec toi, c'était que tu parlais peu. Lorsque tu ouvrais la bouche... on pouvait considérer ça comme un miracle de la part de l'Ombre, même une bénédiction, surtout lorsqu'on arrivait à t'arracher plus de deux phrases. Tout de même... tu étais en si piteux état que même une gamine remettait en cause ton statut d'artisan ? Tu grattas ton cou, et frottas ton ventre, là où se situait ta blessure, ta paume tâche de sang et de crasse, tu continuas de fixer la gamine sous la table. Ne savait-elle donc pas qu'elle risquait de prendre une écharde pleine de maladie ? Et attraper au pire des cas la gangrène ?


— Je suis menuisier, la plupart du temps je fais des portes, des fenêtres ou des meubles d'intérieurs.

Ce n'était pas de l'arrogance qui était sortie de ta bouche, une simple information prononcée de ta voix bien grave. Depuis quelque temps, les gens avaient tendance à oublier que tu n'étais pas ébéniste, ni luthier, mais menuisier ; tu touchais un peu à tout, le bois était ta seconde peau, mais ton véritable métier était de concevoir des intérieurs pour les nouveaux couples, ou autres niaiseries du genre. Depuis la venue d'Iraïd dans cet endroit, et Kyle... tu ne savais pas quelle mouche avait exactement piqué les gens, mais ces derniers te prenaient pour un homme capable de tout faire, du moment que ça touchait le bois. Tu haussas les épaules à la question de la gamine, un goban ? Wu Zang ? Tu avais du effectivement dut voir ça, lorsque tu avais voyagé à travers l'Empire pour retrouver tes fantômes, mais tu ne savais plus si tu étais passé par cette province. D'ailleurs, tu ne savais même pas que la gamine qui se tenait devant toi, impérieuse, trop polie et toute petite n'était rien d'autre que la Princesse Wu Zang. Et même si tu le savais... ça ne changerait pas grand-chose, ce genre de détails te passaient au-dessus de la tête.

Tu poussas un soupir en rencontrant du regard la vitre brisée que ces gamins des rues avaient éclaté avec une pierre, et dont une couverture pratiquement en lambeaux recouvrait, tu retournas au bout d'un moment ton attention vers la gamine, et tu approuvas ses dernières paroles. Un goban... ça te disait vaguement quelque chose, tu allas répliquer que ce par contre, pour les tables de jeu et compagnie, il valait mieux aller voir justement un artisan du jouet, pas toi, mais ta blessure au ventre cria de douleur. Tes traits se tordirent de douleur, et de ton pouce, tu appuyas dessus pour calmer la douleur, mauvaise idée, elle n'en fut que plus grande. Du sang resta collé contre ton pouce, et haussant tes énormes épaules, tu contournas l'armoire et allas prendre une feuille prés de la cheminée, fouillant dans ta poche, tu trouvas un crayon et machinalement, tu commenças à prendre des notes. Tu inscris en haut de la page : « goban, truc de jeu », et tu reposas tes yeux sur la gamine. Sans le dire — parce que ça te paraissait tellement évident —, tu attendis qu'elle te réponde, et réveille ta mémoire de vieux bagnard, emprisonné pour rien dans le chagrin et l'amertume.

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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyLun 1 Aoû - 6:16

Ah, menuisier. Il était menuisier. Pourtant, c'était bien d'un artisan qu'on lui avait parlé … C'était une erreur ? Yue hésitait. S'il était menuisier, elle n'avait plus qu'à tourner les talons et aller voir quelqu'un d'autre. Avoir tout ce chemin jusque dans ce quartier miteux pour trouver ce « fantastique artisan » lui était bien égal désormais, elle se sentirait bien plus en sécurité hors des murs de cette boutique. Boutique qui par ailleurs aurait bien besoin d'une rénovation, à en juger par le carreau cassé que l'homme ne quittait pas des yeux.
Le visage de l'homme se tordit soudainement en une grimace affreuse, et il porta la main à sa blessure. Yue fut secouée d'un frisson et recula encore d'un pas. Hua vit la réaction de sa maîtresse et entendit le gémissement de l'homme, mais n'osait toujours pas regarder le menuisier ; elle avait encore du mal à croire qu'il s'agissait réellement d'un homme et non d'un démon ou un monstre prêt à les dévorer.
La princesse se retrouvait une fois de plus dans une situation difficile. Manifestement, cet homme souffrait et sa blessure au ventre s'était rouverte. Devait-elle l'aider ? La seule pensée de le toucher révulsait Yue. Appeler à l'aide ? Un Objet allait sans doute venir aider son maître, mais Yue n'avait pas vraiment envie de se retrouver face à quelqu'un du même calibre. D'ailleurs, pourquoi cet homme n'avait-il pas fait appel à un Objet pour transporter cette armoire ? Il savait qu'il était blessé, et pas besoin d'être un génie pour savoir que si on faisait un effort pareil, la blessure allait forcément se rouvrir. La blessure … Le sang se répandait, et la jeune fille pouvait apercevoir les bandages se teinter doucement de rouge. Yue déglutit.

L'homme se retourna pour aller chercher l'Ombre sait quoi dans un autre coin de la boutique. Profitant de son inattention, Yue fit un signe de la main à sa servante pour lui signifier de venir la rejoindre : dans un instant pareil, elle n'avait pas envie d'être seule, même si la seule personne qui l'accompagnait était encore plus terrorisée et sans défense qu'elle. Hua hésita un court instant avant de se précipiter derrière sa maîtresse. La princesse, en femme pragmatique même dans les moments les plus durs, lui tendit un mouchoir : elle n'avait pas envie que sa servante se mouche dans ses habits. Hua accepta le présent sans un mot ― de toute façon, elle était bien incapable de parler ― et enfouit son visage dedans, cachée derrière sa maîtresse, évitant toujours aussi soigneusement de regarder le géant. Elle avait honte de son comportement, elle savait que dans une situation pareille, elle aurait dû tout faire pour protéger la princesse. Mais la peur la paralysait ; elle n'était qu'une petite fille de la campagne, bon sang !

L'homme revint bientôt, une feuille de papier entre les mains. Il avait inscrit quelque chose, et tout ce que Yue arrivait à déchiffrer, c'était le mot « goban » écrit sans faute d'orthographe ce qui était déjà encourageant. Il ne disait pas un mot, et Yue ne savait pas quoi dire non plus. Il acceptait sa commande alors ? Mais il avait dit qu'il était menuisier, pas artisan. Qu'il se décide ! Le silence s'était installé et la jeune fille se décida enfin à le briser en fournissant les explications qu'il demandait silencieusement. Enfin, sans doute.

- Le plateau doit faire environ quarante centimètres sur quarante centimètres. La grille est composée de dix-neuf lignes verticales et horizontales. La plupart du temps, elles sont simplement peintes, mais j'apprécierais que vous les incrustiez dans le goban, au cas où une personne aveugle sera amenée à l'utiliser. Pour les peindre ensuite en noir, je peux faire appel à quelqu'un d'autre si vous ne pouvez le faire.

Ou si vous pensez que vous n'en êtes pas capable. Yue avait retenu ces derniers mots dans sa gorge : elle avait craint que l'homme ne s'énerve contre elle. Mais elle doutait en son for intérieur qu'un homme aussi grand et musclé soit suffisamment habile pour réaliser une tâche demandant autant de précision et de minutie.

- Il y a aussi les hoshi : les points situés respectivement en position 4-4, 4-10, 4-16, 10-4, 10-10, 10-16, 16-4, 16-10, 16-16. Il faut juste les creuser un peu. Ensuite, le plateau doit être épais, de plusieurs dizaines de centimètres au moins. L'important est la solidité et la stabilité, la légèreté n'est que secondaire. Il ne faut pas oublier non plus les pieds, par ailleurs. J'aimerais que tout soit fait d'un seul bloc, dans un bois précieux. Un bois de couleur claire, il faut que les lignes apparaissent distinctement.

Tout cela devait être un peu confus pour l'artisan. Yue y avait déjà pensé avant, et par précaution, elle avait emporté une feuille explicative contenant une vue de côté et une vue de dessus d'un goban. Rien d'exceptionnel, mais cela lui permettrait au moins de savoir à quoi devait ressembler l'objet fini.
La princesse s'avança d'un pas, posa la feuille sur la table et recula, assez lentement ― espérait-elle ― pour ne pas paraître impolie.

- Cela devrait vous être utile, je crois. Je crains que mes explications ne soient pas très compréhensibles.
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyMar 2 Aoû - 9:55

D'une voix noble et précieuse, la gamine t'expliqua ce qu'était exactement un goban, tu pris des notes au fur et à mesure qu'elle parlait, grimaçant parfois à cause de la douleur à ton flanc, tu étais un peu plus présent dans la réalité. Ça arrivait parfois, lorsqu'un client comme la gamine venait pour une commande spéciale, ça avait été le cas avec Kyle et Iraïd ; depuis leurs visites, tu ne comprenais pas exactement pourquoi, les gens venaient te proposer des commandes sortant de tes habitudes. Deux jours auparavant par exemple, une femme t'avait demandé l'une de ces petites statues qui ornaient ton atelier, et que tu taillais lorsque tu avais le temps, et c'était avec un certain mépris qu'elle t'avait demandé si « l'horrible petite chose tenant à peine debout » avait été faîte de tes grandes mains recouvertes de cicatrices. Tu avais répondu un simple « non », sans en dire plus, toutefois agacé par cette bonne femme ; ce chien qui taillé maladroitement reposait sur la table, prés de la pierre qu'Iraïd t'avait offerte, c'était Mist qui l'avait fait. Tu te demandais d'ailleurs quand celui-ci allait venir te revoir, ou bien si ce cadeau n'était rien d'autre qu'un présent pour te dire adieu, tu appréciais assez ce gosse.

Derrière son apparence de poupée chiffonnée, qu'une main cruelle aurait saisie pour le frapper contre un mur, ou l'enfoncer dans la boue la plus sale pour lui arracher sa qualité d'être humain, tu sentais qu'il n'était pas mauvais. Il était juste comme toi, une victime d'une société élitiste qui bannissait la différence par peur. Certes... tu ne possédais pas un handicap de son ampleur à lui, mais lorsque tu avais été bien plus jeune, lorsque tu étais entré dans l'adolescence, et qu'à seize ans tu mesurais déjà deux mètres, tu avais été regardé un peu comme maintenant : avec un regard terrifié, le front plissé de curiosité malsaine, ou encore la bouche tordue dans une grimace écoeurée. On ne pouvait pas dire que même adolescent, tu avais été un modèle de beauté, à cette époque déjà tu tenais plus de l'ours maladroit et timide que du bellâtre, capable d'écrire des poèmes fades et superbes pour sa belle.

Lorsque parfois tu t'enfonçais dans les souvenirs de ta jeunesse, et que ton atelier s'écroulait pour laisser place à ta province natale, tu te demandais encore pourquoi Iseult t'avait choisi toi, le fils du menuisier aussi empoté qu'un chiot, et qui derrière son imposante taille cachait une timidité flagrante, niaise et sans saveur. Même à seize ans, tes mains étaient déjà calleuses, abîmées, rêches, et écoeurantes au touché. Après tout... il y avait eu Tristan, ce beau jeune homme, fils de marchand qui possédait une belle peau pâle, un regard franc et malicieux, une chevelure noire et bouclée, et qui avait tout d'un prince, Iseult aurait pu l'aimer, lui et pas toi. Qu'est-ce qui l'avait poussé à apprécier tes caresses ? Venant des mains d'un travailleur, elle n'avait jamais montré du dégoût face à ça, bien au contraire, puisqu'elle y avait pris du plaisir, c'était possible ?

Tu mordillas ta lèvre, et tu terminas d'inscrire ce que la gamine disait, tu avais un don non moins étonnant que ton incapacité à sortir plus de deux phrases ; c'était de t'enfoncer dans tes pensées, sans pour autant perdre ce qu'on te disait, lorsque tu prenais des notes. Quand elle termina de te donner ces indications, tu relevas les yeux sur elle, tu inspectas la richesse qu'elle respirait, et tu rajoutas ce détail à ta feuille déjà noircie de notes griffonnées d'une main maladroite, et fatiguée. Tu ne pouvais pas dire exactement son rang, mais tu savais que les nobles adoraient qu'on leur taille de jolies choses, le bois était un matériau que beaucoup jugeaient plus pauvre que le marbre par exemple, mais tu lui rendais justice dans tes oeuvres. Tu fis une petite croix en bas de la feuille, tu effleuras ta blessure au flanc du bout de tes doigts, en peinant à te rappeler du pourquoi du comment tu avais pu te la faire. Tu savais juste que comme d'habitude, tu étais allé te noyer d'alcool au Cochon Pendu, c'était ennuyeux ça, mais tu ne pouvais pas t'empêcher d'aller boire de temps à autre, lorsque ta bourse te le permettait.

Tu passas une main lasse sur ta face hideuse, et posant un regard morne sur la gosse, tu fis un effort, tu parlas sans qu'on te pose de question ! Ah ! Asgeir ! Que cela était extraordinaire ! Vraiment, le lendemain, tu les Inquisiteurs viendraient chez toi danser des claquettes pour fêter cet incroyable évènement ?


— Votre nom ?

Oui parce que tout de même... il ne fallait pas t'en demander plus.
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Yue Wu Zang
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyMer 3 Aoû - 9:59

Avait-il bien compris ces explications ? Yue était sceptique. Au moins, il les avait notées consciencieusement ; elle était d'ailleurs étonnée que cet homme sache lire et écrire. Mais bon, sans doute tous les commerçants savaient-ils au moins cela … Peut-être devait-elle répéter les explications ou au moins les points importants ? Enfin, à la réflexion, elle était allée au plus simple, alors s'il ne comprenait pas …
Détail étrange, il rajouta une croix à la fin de la feuille. Yue ne pouvait lire son écriture de là où elle était ― et même de près, elle aurait sans doute eu du mal, elle était bien plus habituée aux lettres claires, rondes et calligraphiées qu'écrivaient les aristocrates ! ― mais elle l'avait vu distinctement tracer les deux barres croisées qui formaient ce signe. La curiosité la piqua soudain. Est-ce que cela signifiait qu'il s'agissait d'une commande prioritaire ? D'un objet auquel il devrait faire particulièrement attention ? Peut-être simplement que le commanditaire est une personne de la haute aristocratie et que cette commande revêtait donc une importance tout particulière. Etait-ce impoli de demander ? Mais enfin, pourquoi s'en soucier ! Cet homme n'était qu'un commerçant, et encore … Seulement, au même moment où elle ouvrit la bouche, il se tourna vers elle et lui parla.

- Votre nom ?

La simple vue du visage de l'homme en face à face suffit à la faire taire. De face, il était encore plus effrayant … Yue parvint à peu près contrôler son corps, mais un spasme de sa main trahit néanmoins sa nervosité. Hua, toujours cachée derrière elle, ne bougeait pas d'un pouce. Tant mieux, parce que si la domestique avait dû se mettre à hurler ou pleurer bruyamment, ça aurait été trop pour les nerfs, déjà bien mis à l'épreuve, de la princesse, et là, elle ne répondait plus de rien.
Au bout de quelques secondes de silence, Yue se rappela qu'on lui avait posé une question. Une question très étrange d'ailleurs, on ne lui avait jamais posée avant. Les gens à qui elle parlait savaient tous qui elle était, c'était d'ailleurs parce qu'ils savaient qui elle était qu'ils lui parlaient. Et quand bien même, la nouvelle de son arrivée à Ishtar avait fait le tour de la capitale … Son physique, ses vêtements, ses bijoux, son attitude … Tout indiquait qu'elle était une aristocrate du Wu Zang. Des jeunes filles nobles du Wu Zang, il n'y en avait pas tant que ça, encore moins des qui s'habillaient selon les us et coutumes de sa province natale. A partir de là, il devait bien être capable de deviner qui elle était, non ? Ce type devait être sacrément en décalage avec son temps s'il n'était pas capable de répondre lui-même à cette question.

- Yue Wu Zang.

Sobre, mais efficace. Avec ça, il devait maintenant être capable de deviner qui elle était. D'ailleurs, elle avait failli ajouter « Princesse du Wu Zang », tant elle était habituée à le noter à la fin de chacune de ses lettres, mais elle s'était retenue juste à temps.

- J'ai également autre chose à commander. D'abord, les bols pour aller avec le goban, deux récipients d'environ cette taille-là. Elle fit un cercle avec ses mains pour indiquer à l'artisan la taille approximative de l'objet.Mais aussi un autre goban. Quelque chose de plus … petit et informel. Juste un plateau de jeu, aisé à transporter : une planche de bois avec une grille, quelques centimètres d'épaisseur, pas plus.

Petit à petit, elle retrouvait son assurance. Jusqu'à présent, l'homme s'était montré calme et relativement inoffensif. Tant qu'il ne l'approchait pas de trop près, qu'il faisait des mouvements lents et ne la regardait pas, Yue arrivait plus ou moins à s'accommoder de sa présence.

- Si vous le souhaitez, vous pouvez décorer ces objets-là. Enfin, sauf sur le dessus du plateau, il faut que l'on puisse distinguer correctement la grille de jeu. Mais sur le dessous ou sur les bols, tant que cela ne nuit pas à l'équilibre, c'est possible.
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyMer 3 Aoû - 19:34

Tu notas tout simplement que la gamine portait le même nom de famille que sa province, amusant, n'est-ce pas ? En réalité, tu ne remarquas même pas qu'elle était une princesse, ou une chose dans ce genre là, c'était un détail dont tu te foutais assez. Empereur, roi, reine, manant, chien galeux... du moment qu'ils te donnaient une consigne, quelque chose qui avait un quelconque rapport avec le bois, tu t'en foutais. La gamine aurait pu arriver en loques, ou avec sa robe pleine de broderie, tu t'en moquais, tu n'aurais même rien remarqué. Les gens... ce n'était pour toi que des silhouettes, pâles silhouettes d'un monde que tu peinais à comprendre, c'était juste des fantômes qui ne sortaient pas de ton esprit, et qui avaient tout le même visage, le même corps... et ils prenaient réellement vie dans ton monde lorsqu'ils foulaient cet atelier, sale, envahi par la poussière, et respirant le chagrin. C'était à se demander si tu n'étais pas mort, Asgeir, et on pouvait dire que c'était le cas.

Tu étais quoi au juste ? Un grand homme qui de par sa simple présence foutait la trouille à deux gamines ? Certes, il y en avait une qui semblait plus assurée que l'autre, plus digne sans doute, ou du moins qui avait assez de force pour ne pas gémir, comme le faisait « son amie ». Eh bien ! Que pouvais-tu dire à ça ? Ça passait juste sous ton nez, sans que tu ne le remarques, les gens pouvaient bien cracher à tes pieds que tu n'y ferais pas attention. Enfin... il faudrait déjà arriver à rentrer dans ton champ de vision, ce qui était déjà plus délicat, vu ta taille, et ton incapacité à vouloir te relier au monde extérieur. Tu fronças les sourcils, pourquoi cette croix ? Eh bien... il n'y avait pas vraiment de raison, c'était juste une croix, rien d'autre qu'une croix, et rien de plus. Tu avais dû la tracer pour une raison ou pour une autre, et tu avais tout simplement oublié.

Parfois... ça t'arrivait d'agir comme ça, sans comprendre la raison de tes gestes, et même si tu bougeais avec une certaine lenteur, toujours soumis à la douleur, tu pouvais te montrer vif... enfin... il fallait tout de même un miracle à ça. Tu levas ta main après avoir posé le crayon sur la table, tu penchas la tête sur le côté, lorsqu'elle passa sur ta nuque, tu avais plein de noeuds, et tu avais mal au dos, et tu te sentais faiblir. Tu commenças à avoir froid aussi, alors que la chaleur de l'été enveloppait ton atelier. Tu donnas un coup de main sur la table pour enlever une trace de poussière, et tu te remis à noter ce qu’Yue te disait, elle parlait machinalement, comme si elle ne prenait pas plus de considération pour l'être humain qu'elle avait en face d'elle. Tu n'avais même pas fait attention d'ailleurs à la peur que tu avais pu lui donner, il était évident pourtant que tu ne lui ferais pas de mal ; tu ne pouvais pas courir, par exemple, ta jambe malade hurlait déjà lorsque tu faisais le moindre mouvement, elle se déchirait, et elle te suppliait parfois de ne plus bouger, comme le bois... lorsque tu devais enfoncer un clou dans sa chair.

Tu poussas un soupir, et tu hochas la tête, deux gobans donc... drôle d'objets, c'était amusant. Si elle avait un rang bien supérieur au tient, tu trouvas ça étrange qu'elle cherche à que ce soi toi qui fasse cette chose, après tout... n'avait-elle pas assez d'argent pour en commander directement de son pays natal ? Parfois... la logique des gens t'échappait un peu, ils agissaient de façon bizarre, biscornue, et tu ne savais quoi faire exactement avec eux, lorsqu'ils se montraient si... tu ne savais pas en fait. Tu haussas les épaules, et chassas de ta tête toutes ces petites réflexions inutiles. Tu barras un mot pour mieux le réécrire sur le côté, tu ajoutas la mesure qu'elle imita, même si tu avais préféré quelque chose de plus exact... enfin... ce n'était pas bien grave, après tout, tu ne faisais que satisfaire ta clientèle, et tu avais déjà travaillé avec une personne plus difficile. Les gens oubliaient souvent que ton métier se faisait à base de mesure ; tu levas la tête vers le plafond, fronçant les sourcils, tu notas dans un coin qu'il faudrait sans doute vérifier si depuis le temps, l'humidité n'était pas trop entrée dans le bois.

Le vent passa dans ta chevelure brune et sale, et tapotant le crayon sur la table, tu le posas, et fixant la gamine — pas celle qui semblait vouloir aller aux toilettes —, tu fis d'une voix encore plus rauque :

— Dans une semaine et demie, ce sera fait... voulez-vous... que ce soit... livré ?

Et parfois aussi, tu parlais avec lenteur, les mots peinant à sortir de ta gorge.
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyJeu 4 Aoû - 10:10

Yue frissonna. Une brise froide avait soufflé dans la pièce, preuve qu'il devait y avoir un autre trou quelque part dans ces murs. Bon sang, cette boutique avait besoin d'urgence d'une rénovation complète, c'était à peine si elle tenait debout ! Enfin, rien qu'un bon nettoyage, cela suffirait déjà à redonner un semblant d'allure … Et il n'y avait pas que la boutique qui avait besoin d'un bon nettoyage, à en juger par la couche de crasse présente dans les cheveux du propriétaire.
Pourquoi les clients continuaient-ils à venir dans un coin aussi sale et pauvret ? Avait-il donc si peu de clients pour qu'il ne puisse pas même se payer … un savon ? Etait-il aussi bon que ce qu'on lui avait promis ? A priori, les objets exposés n'étaient pas vilains …

— Dans une semaine et demie, ce sera fait... voulez-vous... que ce soit... livré ?

Une semaine et demie ? Le délai n'était pas extraordinaire, mais Yue détestait attendre. Elle devait donc faire face à un choix difficile : se faire livrer et avoir ainsi un espoir d'avoir sa commande plus rapidement mais devoir supporter la présence de cet homme crasseux dans sa demeure, ou bien venir remettre les pieds dans cette immonde boutique dans une dizaine de jours. Hum … Revenir ici était une idée absolument dégoûtante. Mais l'idée que cet homme puisse entrer dans sa demeure et souiller le sol, ça n'était pas vraiment plus réjouissant.

- A la réflexion, je crois que le mieux est encore que je repasse d'ici une dizaine de jours. Maintenant que je sais comment trouver la boutique, ce sera plus simple.

En avaient-ils fini ? Yue se repassa mentalement dans sa tête tous les détails qu'elle avait abordés : la taille du goban, les décorations, les bols … Il avait tout noté. Un dernier détail à régler sans doute : le matériau.

- Je vous confiance pour l'achat du bois. Un bois précieux, bien sûr. J'ai prévu une avance pour que vous puissiez en acheter suffisamment. Si cela ne suffit pas, signalez-le lorsque vous me remettrez la commande, je paierais la différence. S'il en reste, vous n'avez qu'à garder la monnaie, ça n'a aucune importance.

Elle posa sur la table une bourse pleine d'or. A vrai dire, elle avait plutôt prévu large, mais cela cachait surtout son ignorance des prix ― de sa vie, s'il y a bien une chose dont elle ne s'était jamais souciée, c'était du prix ― et de la manière dont on pouvait bien construire des objets en bois. Elle imaginait vaguement que c'était comme les vêtements : il fallait toujours commander le triple ou le quadruple de tissu nécessaire à cause des retouches ou des maladresses des couturiers. Qu'il achète le quintuple du nécessaire s'il le fallait, mais Yue voulait un goban parfait, et elle le voulait vite, peu lui importait la somme à dépenser pour l'obtenir.

L'affaire était donc réglée. La princesse fit signe Hua de sortir ― qui ne se le fit pas dire deux fois ― et tourna les talons. Elle s'arrêta cependant juste avant de franchir le seuil et se retourna vers le géant pour l'examiner une dernière fois.

- S'il reste de l'argent sur l'avance … Vous devriez l'utiliser pour voir quelqu'un capable de vous soigner.

Elle ne prononça pas le mot « médecin », vu que pour la plupart d'entre eux, les patients finissaient dans un état pire que celui de départ, mais il existait des guérisseurs à peu près compétents un peu partout, même à Ishtar.

- Ou au moins, lavez-vous correctement, ça évitera les infections. Et ça atténuera sans doute l'odeur ...
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptySam 6 Aoû - 16:30

Ah ! La gamine te laissa plus d'argent que nécessaire, surprenant, ça. D'habitude, les nobles prenaient un grand soin dans toutes leurs dépenses, les pauvres aussi. Chaque pièce comptait de la plus importante à la plus insignifiante, plusieurs fois il t'était arrivé de devoir rendre le surplus qu'on t'avait donné. Un tel comportement te faisait-il quelque chose ? Pas vraiment. Le fait qu'elle te conseilla de te faire soigner ou de te laver ? Pas plus. Tu te contentas de hausser les épaules, et de lâcher un « humpf » entre trois gribouillis, oui tu avais un don pour te montrer expressif. Tu ne notas même pas son sarcasme, tu puais ? Sans doute. Avais-tu de quoi te laver ? Oui... et... non. On avait plus de chance de choper quelque chose de grave ici que dans la prison de l'Église, et même si tu avais de l'eau ou de quoi te laver, tu ne pensais pas a le faire. Tu n'accordais plus d'attention à tous les détails qui autrefois avait rythmé ta vie.

Te souviens-tu Asgeir ? Adolescent, malgré ta taille, malgré ton corps déjà déformé par le travail, et ta gueule abîmée par tant de fadeur, tu avais pris soin dans tes vêtements rien que... pour plaire à Iseult, comme si cette femme avait été sujette à toutes les futilités ! Lorsque vous aviez vécu ici, ta femme t'avait juste demandé de prendre soin de tes tenues et de tout le reste, question commerciale, pas plus. Tu n'avais plus le seul amour de ta vie auprès de toi ? Eh bien... à quoi bon ? Tu fis un simple signe de main pour leur dire au revoir, et tu retombas dans le même état... qui n'avait pas plus changé lorsqu'elles étaient arrivées ici. Tu posas ton énorme main abîmée sur le bois, tu pris encore des notes, et tout redevint comme avant : ton atelier fut de nouveau vide, avec juste l'énorme fantôme que tu étais en train de passer parfois un peu partout.

Et une semaine et demie plus tard, comme avant, comme une semaine et demie avant, tu te levas en boitant de ton lit. Tu n'avais pas utilisé l'argent pour te soigner, tu avais encore le même bandage contre ton flanc, un peu plus rouge, comme si la blessure refusait de se refermer, et s'entêtait à devenir un trou béant dans ta chair meurtrie. Et comme tantôt, comme d'habitude, tu te rendis en grimaçant de douleur jusqu'à la bassine d'eau, et tu plongeas tes mains dans l'eau sale pour mouiller ton visage et ta nuque. Tu frottas ta tête dans une veille serviette, et la jetant au loin, tu descendis prendre ton petit-déjeuner qui n'était rien d'autre qu'un morceau de pain et de fromage. Ce jour-là, comme il faisait plutôt chaud, tu laissas ton grand manteau en haut, et tu allas en bas torse nu. Tu laissas ta jambe malade tomber la première sur le vieux plancher, et de nouveau, comme à l'accoutumée, elle cria de douleur. À croire que te prendre un coup de couteau ne te faisait rien, ce n'était pas ça le plus terrible, c'était bien ta jambe malade que parfois, tu pensais devoir arraché pour plus de commodité. Mais comment faire par la suite ? Hein ?

Tu fourras un morceau de pain dans ta bouche, songeant que c'était sans doute aujourd'hui que viendraient la gamine riche et sa suivante ici. Faire quelque chose ? Et pourquoi donc ? Tu avais jadis envié la noblesse pour leur richesse, à présent, il n'y avait qu'indifférence, et rien de plus. Tu passas une main dans tes cheveux sales et gras, et coupant une grande planche de bois, tu penchas la tête, et soudain un bruit dehors alerta ton attention. Tu fronças les sourcils, et lançant un regard par la fenêtre, tu ne vis rien d'autre qu'un gamin qui te fit aussitôt penser à Mist. Le gosse devait t'arriver à la taille, et sa chevelure tombait à ses épaules, brunes et broussailleuses, il faisait face à trois gardes Impériaux qui lui crachèrent dessus avec mépris. Tu haussas les épaules en songeant que quelqu'un devrait intervenir, mais personne ne vint, évidemment. La planche tomba sur le sol, et le gamin se prit un coup de poing, tu vis son petit corps voler dans les airs, pendant que les Gardes venaient de sortir leur épée. Le gosse était dans la merde, et tu poussas un soupir agacé. Lentement, tu arrêtas tes gestes, et tu te tournas en boitant jusqu'à la porte que tu ouvris avec nonchalance, tu te rendis jusqu'à eux, et posant ton regard sur un Garde tu haussas un sourcil devant le mépris qu'il te cracha presque à la figure. Plus loin, le gamin lançait à tout le monde des regards suppliants.
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyDim 7 Aoû - 12:59

- Tout va bien, Princesse ?
- Tout va parfaitement bien, occupez-vous de vos affaires.

Le garde du corps comprit parfaitement le message. Il était évidemment que la princesse remuait quelque chose dans sa tête, mais elle était de mauvaise humeur alors mieux valait ne pas la déranger. Une leçon qu'il avait apprise en regardant les autres, heureusement. Ainsi que celle qui disait qu'il valait mieux ne pas lui parler à moins que cela ne soit nécessaire parce que ça permettait d'éviter d'essuyer les coups de sang de la jeune fille …
Yue, dans sa voiture, devenait de plus en plus nerveuse. Onze jours s'étaient écoulés depuis qu'elle s'était rendue avec Hua dans la boutique de ce menuisier, et elle était désormais en chemin pour aller récupérer sa commande … mais sans Hua, cette fois-ci. A la place, pour l'accompagner, elle avait choisi deux gardes parmi ceux engagés par son père pour l'escorter jusqu'à Ishtar, deux hommes bien entraînés et plein de sang-froid qui sauraient la protéger efficacement. Non qu'elle craignait Asgeir ― elle avait plus ou moins compris qu'il ne lui ferait pas de mal ― mais elle avait réalisé son imprudence : princesse et prétendante au trône elle était, et à ce titre, nombreux étaient ceux qui ne lui souhaitaient pas que du bien. Avoir une escorte lors de ses déplacements, en particulier les déplacements vers les bas-quartiers (c'est-à-dire, tous les quartiers n'étant pas exclusivement composés de boutiques de luxe et de résidences de nobles ou de riches bourgeois) s'imposait comme une évidence.

- Nous sommes arrivés, Princesse. La voiture ne peut pas aller plus loin, il faudra faire le reste du chemin à pied.

Yue grimaça. La perspective de marcher dans ces rues répugnantes, qui parfois n'étaient même pas pavées, ne la mettait pas en joie. Mais ce qui la mettait vraiment de mauvaise humeur, c'était de savoir à quoi allait ressembler son goban. Ses souvenirs de l'homme étaient plutôt flous à cause des … hum … émotions qu'elle avait ressenties à sa vue, mais elle se souvenait de ses mains, d'énormes mains qui lui avaient paru plutôt malhabiles … Et le temps lui manquait désormais, impossible d'en commander un autre avant sa prochaine rencontre avec un joueur, prévu pour la fin de la semaine. Ah, bon sang ! C'était à s'arracher les cheveux.
Un signe de la main de son garde du corps la fit s'arrêter. Quelque chose n'allait pas. Les deux gardes s'étaient organisés de telle manière que l'un d'entre eux restait toujours aux côtés de la princesse tandis que le second marchait quelques pas en avant, et c'était le second qui avait levé le bras.

- Attendez une seconde. Il y a du grabuge.

Le premier garde du corps porta machinalement la main à son arme. Yue fronça les sourcils, d'un air mécontent. Décidément, aujourd'hui n'était pas un bon jour …

- Il y a des gardes impériaux, trois. Il y en a un qui tient un gamin, et les deux autres sont aux prises avec un type bâti comme une armoire. Ça ne se bagarre pas encore, mais …

D'abord, l'information laissa Yue de marbre : s'il y avait une bagarre qui ne l'impliquait pas, hé bien … ça ne la concernait pas. Puis, elle réalisa que l'homme bâti comme une armoire devait probablement être Asgeir, l'homme à qui elle avait passé commande.
Sans réfléchir, elle s'élança dans la rue, suivie de près par les gardes du corps, surpris par la réaction de la jeune fille.

- Non, arrêtez, ne lui faites pas de mal !

*Je n'ai pas encore reçu ma commande !*

Mais cette pensée resta coincée dans sa tête, alors que les évènements qui suivirent s'enchaînèrent à toute vitesse. Les gardes impériaux firent de grands yeux ronds en voyant arriver la princesse, crurent dans un premier temps qu'elle parlait du garçon et ne comprirent pas ce qu'elle voulait à un pouilleux des quartiers pauvres. Il y eut un geste brusque, sans que personne ne sache vraiment qui l'avait fait, et ce fut le drame.
Yue sentit quelque chose de froid et humide toucher sa joue et asperger sa robe ; de surprise, elle arrêta net sa course. Elle toucha cette drôle de substance et l'examina une seconde avant de découvrir l'horrible vérité.
Les deux gardes du corps comprirent instantanément ce qui s'était passé et les conséquences que cela allait avoir. Ils échangèrent un regard qui dura une fraction de seconde, mais où ils expriment leur inquiétude : pouvaient-ils s'en prendre impunément à des gardes impériaux ? Bah, de toute façon, c'était à la princesse ― et surtout à son père ― qu'ils obéissaient, et en cas de souci, c'était sur eux que retomberait le blâme. Et nul doute que la princesse préférerait l'immolation plutôt que de laisser impuni ceux qui avaient taché de boue son visage et sa robe.
Et une seconde plus tard, son cri retentit.

- Démolissez-les !!!
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyLun 8 Aoû - 8:25

Que faisais-tu ici devant un gamin qui ne t'arrivait même pas à la taille ? Toi-même tu oubliais un peu, tu te rappelais juste d'être sorti, alerté par le bruit. Sans doute sur le moment, tu avais cru qu'il s'agissait de Mist, et que comme tu ne voulais pas qu'il lui arrive malheur, tu étais venu là comme pour le protéger. C'était quoi ça ? Un genre de solidarité entre handicapés ? Pas vraiment, ton côté paternel, nous pourrons dire, car tu restais avant tout un homme qui avait autrefois eu une famille. Tu levas les sourcils, lorsque les Gardes s'avancèrent d'un pas hésitant vers toi. Tu ne comprenais pas l'expression de peur qui se peignit sur leurs figures, tu avais parfois tendance à oublier que ta taille était la source de nombreuses peurs. Ils n'osaient pas réellement t'attaquer, au contraire, leur mépris masquait la peur que tu leur inspirais. Toi qui ne pouvais même pas courir à cause de ta jambe malade, cette jambe... que parfois, tu aurais voulu amputer, au moins pour soulager la douleur.

Donc... question qui avais tout de même son importance, et que tu avais un peu oubliée malgré toi, c'était : et ensuite ? Après tout, tu venais par ta simple présence de bloquer les Gardes dans leurs agissements, et ces derniers malgré leur colère ne faisaient que se taire. Normal... qui viendrait attaquer un homme mesurant deux mètres dix, avec les épaules larges, un corps aussi musclé que criblé de cicatrices ? Et qui paraissait capable de briser n'importe quel crâne d'une simple pichenette ? Tu fis un pas, et un Garde raffermit sa prise sur son épée, tandis que ses compagnons reculaient ; en fait... tu n'avais pas d'intention belliqueuse, tu voulais juste un peu de calme pour travailler. Et à ce moment-là, une voix aiguë retentit jusqu'à tes oreilles, tu serras les dents, et tu tournas lentement la tête en direction de la gamine qui accompagné de chiens se dressait entre toi et les Gardes.

Tu fronças les sourcils... ce visage te disait vaguement quelque chose... tu haussas les épaules en reconnaissant la gosse venue chez toi pour un Goban, bah ! Au moins... elle ne perdait pas de temps, tu allas lui dire que sa commande était prête, mais... quelque chose t'arrêta. Une trace de boue prit comme trône la joue pâle de la gosse, et tu haussas à peine un sourcil, lorsqu'elle ordonna à ses sbires de démolir les Gardes. Donc en gros, la gamine était en train de se mettre dans la merde. Tu te contentas de rouler un peu tes épaules, et toujours torse nu, tu laissas la gamine régler ses comptes avec ces pauvres gardes. Tes clients faisaient ce qu'ils voulaient, ça ne te concernait pas. Tu poussas un soupir las, et sans un mot, tu t'éloignas des gardes et de la gosse, tu fis juste signe au gamin d'en profiter pour prendre la fuite. Il ne mit guère de temps pour suivre ton conseil, et il fila à travers les ruelles. Ta générosité t'avait déjà fait perdre ta famille, et voilà qu'elle revenait toujours au galop, c'était elle qui un jour irait te tuer, pauvre con.

Tu passas ta grande main criblée de cicatrice sur ton visage et ta huque, et retenant un bâillement, tu ouvris la porte de ton atelier que tu laissas tout de même ouvert, au cas où la gamine se rendait compte qu'elle devait prendre sa commande. Tu allas tout de même dans ton arrière-boutique pour poser les deux gobans recouverts d'un drap sur la grande planche de bois qui te servait de table. Tu pris ensuite une feuille, et avec indifférence pour le monde extérieur, tu lis ce que tu devais faire. Ah... oui... on voulait une nouvelle porte dans un style purement occidental, ça te changeait des objets plus exotiques. Tu passas ton pouce sur ta lèvre, et prenant un marteau, tu commenças à enfoncer des clous, comme des pieux dans la chair dure du bois.

Comme à chaque fois que tu te retrouvais à blesser ton ami, tu grimaçais, imaginant la douleur que tu aurais... si jamais l'Inquisition avait trouvé ça drôle de t'enfoncer un clou dans le bras, juste là où les veines étaient les plus apparentes. Ou encore dans tes doigts ? Tes mains étaient ce qu'il te restait de plus précieux. Grandes, carrées, pleines de cicatrices, dures comme de la pierre, rêches et avec des cales, elles n'avaient pas le moindre charme... si on ne faisait pas attention au bracelet qui toujours pendait à ton poignet, un bracelet de femme que jamais tu n'enlevais. Tu fermas un oeil, et le marteau enfonça le clou prés de ton index, mais il ne toucha pas ton doigt, le bracelet cliqueta seulement. Ce n'était pas parce que tu ressemblais à un ours que tu n'étais pas habile de tes mains... tes mains... c'était un peu comme l'Ombre des Prêtres, si on te les enlevait... tu n'étais déjà pas grand-chose, mais tu le serais encore moins si elles n'étaient plus là pour te permettre de travailler.
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Yue Wu Zang
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyMer 10 Aoû - 14:00

Délicatement, Yue tira de sa poche un petit mouchoir de soie et s'en servit pour essuyer la boue sur son visage et sur sa robe. Si son visage redevint rapidement aussi propre et joli qu'à l'accoutumée, la tâche s'avérait plus compliquée pour sa robe : un tissu aussi fragile ne pouvait qu'être souillé à jamais pour l'immonde substance qui l'avait aspergé … Certes, elle avait pris ses précautions et n'avait pas sorti ses plus magnifiques vêtements pour aller faire un tour dans ces quartiers pouilleux, mais tout de même ! Une robe était une robe ! On n'avait pas idée de salir les habits des autres comme ça …
Un gamin passa à côté d'elle en courant. Qui était-il ? Aucune idée, elle le remarqua à peine, et elle l'avait déjà oublié. De toute façon, elle avait beaucoup de mal à se rappeler des gens du bas-peuple : ils se ressemblaient tous et ils portaient tous les mêmes vêtements. Comment voulez-vous les distinguer ?! Lasse et ennuyée, Yue laissa tomber à terre son mouchoir, désormais sale et inutilisable, et jeta un coup d'oeil à ses gardes du corps.

Pas de doute, ils maîtrisaient la situation, et la princesse n'en attendait pas moins d'eux. Elle les trouvait même un peu longuets … Mais même pour deux gardes entraînés, le surnombre, ne serait-ce que d'une seule personne, ça gênait. Bon, ils avaient bénéficié de l'effet de surprise, ce qu'ils leur avaient permis dans un premier temps de désarmer rapidement leurs adversaires ― les lances des Gardes les désavantageaient sérieusement à courte portée, même si elles s'avéraient redoutables à moyenne portée ― et entreprirent ensuite de mettre hors d'état de nuire un premier homme. Ce ne fut pas forcément facile ― les gardes impériaux n'étaient pas des adversaires complètement impotents ― mais pour deux hommes rompus aux articles martiaux, trois gardes qui n'avaient pour seule expérience du combat au corps à corps les bagarres de taverne, l'affaire fut tout de même assez vite réglée.

C'était toujours trop long pour Yue, aussi pénétra-t-elle dans la boutique sans attendre ses accompagnants. Premier détail qui la frappa … rien n'avait changé. C'était toujours aussi sale et poussiéreux qu'avant. Il faisait quoi de l'argent qu'il gagnait, ce type ?! D'ailleurs, il n'était pas non plus allé se soigner : elle se rappelait bien qu'il avait toujours son bandage autour de la taille et qu'il continuait à boiter. Sans savoir vraiment pourquoi, Yue se sentait … vexée. Vexée qu'il n'ait pas utilisé son argent pour faire ce qu'elle lui avait recommandé …
Et sa commande, alors ? Est-ce qu'il avait bien fait ce qu'elle lui avait demandé ? Elle ne voyait nulle part son goban. En revanche, au fond de la boutique, une petite porte était restée ouverte : Asgeir était certainement passé par là. D'un pas décidé et assuré, la jeune fille entra dans l'arrière-boutique avec la ferme intention de réclamer – à cri s'il le fallait, et l'Ombre savait que crier était une des choses pour lesquelles elle était particulièrement douée ― son dû.

L'arrière-boutique constituait apparemment l'atelier de l'artisan, à en juger par les outils et tous les objets en cours de fabrication. Asgeir lui-même s'était remis au travail, et Yue s'agaça : comment osait-il l'ignorer et se mettre à travailler alors qu'elle était encore là et qu'il ne lui avait pas donné sa commande ?! Avisant soudainement la table au centre de la pièce ― enfin, une vague planche de bois posée sur des tréteaux, mais c'était sans doute à ça que ressemblaient les tables chez les gens du bas-peuple, elle s'approcha et examina plus attentivement ce qui était posé dessus. Ça avait à peu près la forme d'un goban avec un aute objet (probablement le goban transportable qu'elle avait ajouté à sa commande), mais c'était recouvert par un tissu si sale et si … si … « pauvre » que Yue n'osait pas le toucher de peur de se brûler les doigts ou d'attraper une maladie de la peau. Un détail cependant ne lui échappa pas :

- Et les gobelets ? Ils ne sont pas ici. Vous ne les avez pas faits ?
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyLun 15 Aoû - 9:34

Une voix essaya de te sortir de tes sombres pensées, et tu mis un moment avant de renouer avec la réalité, tu haussas les épaules, et lentement, tu te retournas vers la gamine. Tu approuvas, et en poussant un soupir douloureux, tu te rendis en boitant dans ton arrière-boutique. Tu posas tes yeux sur une petite étagère dans laquelle toute sorte d'objets traînaient dans la poussière, tu ne pensais jamais à faire le ménage. La saleté, la crasse et la misère de cet endroit rebutaient les plus précieux, mais tu t'en fichais. Iseult n'était plus là, Eldrid ne savait même pas qui tu étais, à quoi bon ? Cet atelier baigné par la lassitude était la parfaite image de ton âme ; quelque chose de sale, et de mort, se laissant envahir par tout et n'importe quoi sans broncher. Tu étais mort le jour où ta femme s'était éteinte dans tes bras.

Tu ramenas toujours dans cette lenteur particulière les gobelets que tu posas sur la table, ce n'était pas la lenteur d'un esprit calme et serein, mais plutôt celle de la douleur. Personne ne pouvait imaginer la souffrance que tu te traînais avec cette jambe malade, si bien que chaque mouvement t'arrachait une grimace et que tu prenais mille précautions pour ne pas souffrir plus. Tu enlevas le drap sur les deux gobans, et tu dévoilas d'abord au regard de la gosse le premier, le plus imposant. Tu avais respecté comme à ton habitude au millimètre prés les mesures qu'elle t'avait données, il n'y avait pas la moindre décoration sur les grilles ou sur tout ce qui pouvait gêner le jeu.

Il y avait juste sur les bords, et sur les flancs du goban, mais dans un style purement asiatique, rien d'occidentale. Tu jetas le drap dans un coin, et lui désignas d'une main faible le second, plus petit que le premier, tout aussi sobre sans doute. Il y avait moins de décorations, et d'ornement, tu avais plus pensé à la pratique de la chose qu'à sa beauté. Le bois était lisse sur le deux, et brillait à la lueur des rares rayons qui pour une raison inconnue parvenaient à pénétrer dans ton atelier. Ce n'était pas parce que tu ressemblais à un gros ours sans le moindre charme, et que tes mains étaient celles d'un travailleur, sale, abîmé et plein de cicatrices que tu ne pouvais pas t'en servir, au contraire. Tu ressemblais à un gros arbre épais et mort ? Tu n'avais rien de fin et de subtil ? Le bois exprimait pourtant entre tes doigts quelque chose qui sur ces deux gobans n'avait rien de brutal, ta personnalité d'ours mort ne se reflétait pas sur deux objets. Ils rappelaient sans doute plus le caractère impérial de la gamine qui t'avait demandé de faire ça, quelque chose d'arrogant et de noble en même temps.

C'était comme si tu étais capable de retransmettre l'âme de ton client sur ce que tu faisais, c'était comme si une infime partie de toi reprenait vie dans les choses que tu construisais de tes mains. Tu passas une main dans ta chevelure sale et grasse, et tu t'éloignas en silence pour laisser la petite inspecter ce que tu venais de faire, tu revins à ta planche de bois, et observant celle-ci, tu la coupas en deux avec ton genou. Tu étais une force brute, une force de la nature qui pouvait broyer le métal d'une simple pression, pourtant jamais Asgeir tu n’avait utilisé ta force pour blesser quelqu'un. Une ou deux fois sans doute, mais ce n'était pas pour toi. C'était toujours pour aider quelqu'un, souvent des jeunes filles qui te rappelaient ta fille, rien que pour un fantôme qui n'avait rien à faire de toi. Tu grattas ton front, haussant les épaules, tu n'attendis pas qu'elle te fasse une remarque pour reprendre ton travail, c'était toujours la même chose avec toi. Tu n’étais rien d'autre qu'un automate, et la gamine était simplement apparus l'espace d'une seconde dans la toile d'araignée qui te retenait dans ton monde. Et elle disparaîtrait avec les autres, comme tous les autres, rien n'allait changeait.

Ishtar pouvait bien s'écrouler, tu ne t'en rendrais même pas compte. Tu ne savais même pas que l'Empire était gouverné par un gamin, tu vivais encore à l'époque de Geralth XIII, au point que tu ne savais même pas que ce dernier était mort. Tu repris donc ton travail, comme si de rien n'était, comme si la gosse n'était plus là, ou qu'elle n'existait même pas. Le monde continuait à tourner, et toi tu continuais à travailler, voilà ce qu'était ta vie, Asgeir. Un jour, tu auras la chance de mourir, et tout se terminera bien pour toi.
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Yue Wu Zang
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyLun 15 Aoû - 13:03

Alors, ces gobelets, pour aujourd'hui ou pour demain ? Il était lent, cet homme … Il devait être stupide ou simple d'esprit pour réagir aussi peu à ce qu'on lui disait. Et puis, le bruit qu'il faisait avec sa jambe, en marchant, c'était désagréable. Le simple fait de le voir boiter agaçait encore plus Yue, tout simplement parce qu'elle était de mauvaise humeur. Et le voilà qui revenait, toujours en claudiquant et en avançant aussi vite qu'une limace ! Heureusement, cette fois-ci, il avait pensé à amener ces fichus gobelets. Comme quoi, il ne fallait pas perdre espoir, on allait finir par y arriver !
La princesse se pencha un peu pour examiner sa commande. Difficile de bien distinguer le produit dans l'obscurité qui régnait dans cette maudite arrière-boutique. Il n'avait pas de besoin de lumière pour travailler, ce géant aux mille cicatrices ? Ou bien la nyctalopie lui avait été conférée à la naissance pour compenser ses faiblesses cognitives ? En tout cas, il devait disposer de facultés que n'avait pas Yue pour travailler dans cet environnement mal propre : même un rat n'aurait pas survécu plus d'une semaine dans ce lieu malsain.

C'est le moment que choisirent les deux gardes du corps pour venir rejoindre leur protégée. Ils avaient des bleus un peu partout, et l'un d'entre eux saignait au coin de la lèvre, tandis que l'autre se massait une épaule douloureuse, mais aucun n'était blessé sérieusement, et dans quelques jours, il n'y paraîtrait plus rien. Dans l'ensemble, ils étaient assez contents de l'issue de la bagarre, et ils revenaient tranquillement faire leur rapport.

- C'est fini, Princesse, l'affaire est réglée. Ils …
- Oui, oui, très bien, mais je m'en fiche un peu là, coupa Yue, absorbée par son examen minutieux des goban, ne me dérangez pas.

Le garde du corps serra les dents, tandis que son collègue leva les yeux au ciel en soupirant. Après tout, c'était elle qui leur avait demandé de corriger ces types, non ? Si elle l'avait laissé finir, il aurait pu lui dire que le premier des gardes avait pris ces jambes à son cou dès qu'il avait pu ― celui-là allait recevoir les « amitiés » de ses compagnons ― qu'un deuxième était tombé dans les pommes à cause d'un coup de pied bien placé, et que le troisième leur avait demandé d'arrêter, avait ramassé son ami évanoui et s'en était allé ailleurs. A vrai dire, les gardes du corps n'avaient pas trop insisté une fois que la princesse était partie, juste ce qu'il fallait pour la calmer. Leur rôle, c'était pas vraiment de mettre des baffes, plutôt d'empêcher qu'on en donne. Alors quand le type avait dit « Ça suffit ! », ils étaient plutôt contents, et il l'avaient laissé prendre le large tranquille.
Bah, la princesse ne le saurait pas. Ce qu'elle ne savait pas ne pouvait lui faire de mal, n'est-ce pas ? Et ça éviterait qu'elle se mette encore en pétard. Elle était sur les nerfs aujourd'hui …

Yue déplaça avec difficulté le goban, juste assez pour le mettre dans un rayon de lumière qui avait vaillamment réussi à s'introduire dans la pièce. Le bois semblait lisse ; elle passa son doigt sur les contours pour vérifier, ainsi qu'à l'intérieur des bols. Oui, c'était lisse, même si on pouvait sentir par endroits la trace de l'outil. Les flancs du plus grand goban avaient quelques décorations dans un style que l'on pouvait apparenter à quelque chose d'exotique. Forcément, Yue ne s'était pas forcément attendue à ça, mais bizarrement, elle trouvait que cela donnait à l'objet un petit côté … ishtarien.
Elle examina surtout le bois, pour s'assurer qu'il n'y avait aucune fissure qui puisse nuire à la solidité de l'objet ou aucun ver qui aurait décidé d'y élire domicile. On ne sait jamais, cette boutique était tellement sale. Hé bien, apparemment, tout était en ordre. Elle se racla bruyamment la gorge pour attirer son attention.

- Bien, c'est parfait. Globalement, ce que vous avez fait est satisfaisant.

Elle aurait préféré s'arracher la langue plutôt que d'avouer qu'il avait fait un excellent travail. Par ailleurs, la simple apparence de l'artisan et de sa boutique donnait à Yue l'impression que le produit était … souillé en quelque sorte. Qu'il était moins bon, simplement parce que l'homme qui l'avait confectionné était laid, du moins selon les goûts de la princesse. Enfin … Il ne devait pas être nombreux à le trouver beau, celui-ci.
Elle fit signe à l'un des deux gardes de prendre le paquet, et il emballa le tout dans le même drap qui avait servi à les recouvrir quelques secondes plus tôt. Yue, quant à elle, déposa sur la table le paiement du travail fourni : l'équivalent du double de l'avance qu'elle avait déjà fournie précédemment. Là encore, elle n'était pas très sûre de ce que ça valait, mais c'était certainement suffisant.

- Voilà votre paiement. Est-ce assez ? Si oui, je suppose que nous en avons fini. A moins que vous n'ayez oublié quelque chose ?
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyLun 15 Aoû - 17:55

La gamine afficha une mine renfrognée que ne te surprit pas plus que ça, elle avait un peu tout de la fille de riche un peu trop capricieuse qui ne connaissait pas la valeur du travail. Enfin, tu n'étais pas non plus la pour la juger, mais pour lui donner ce qu'elle avait voulu de toi, tu avais donc remarqué que c'était à contrecoeur qu'elle se retrouvait satisfaite de ce que tu avais fait, ça lui plaisait ? Tant mieux. Ça ne lui plaisait pas ? Tant pis, tu ne faisais plus attention à ce genre de détail de toute façon. En tout cas, elle te donna l'argent qu'elle te devait, même si la première moitié avait suffi, tu haussas les épaules sans lui répondre tout de suite. Tes sourcils froncés, ton regard fixé sur tes mains en train de tailler du bois, tu ne faisais déjà plus attention à la jeune femme.

Tu haussas encore les épaules, oubliant la « Princesse » qui avait plané deux secondes avant dans l'air, tu étais lent, mais tu avais bonne mémoire... tu oubliais juste parfois qu'on s'adressait à toi. C'était bizarre maintenant d'être considéré comme quelqu'un, même si c'était d'un point de vue aussi méprisant que celui de la gamine. Tu étais juste l'immense menuisier, tu étais juste cet homme qui s'enfonçait toujours plus profondément dans ses souvenirs, car c'était un peu ce qu'il te restait. En prison, tu avais été simplement considéré comme un objet qu'on pouvait toucher, et dans lequel on s'amusait à planter toute sorte d'objets. Tu poussas un soupir, et arrêtant de tailler le bois, tu te retournas vers les deux hommes qui dans l'ombre de leur maîtresse semblaient réjouis pour une quelconque raison. Tu les fixas un moment, les sourcils froncés, avant de retourner vers la gamine, tu fis simplement :

— Oui, le compte est bon.

Tu aurais pu lui demander si elle voulait que tu amènes sa commande jusqu'à chez elle, mais curieusement, tu pensais que les gardes étaient un peu là pour ça aussi. Tu avais remarqué la lueur écoeurée qui ne cessait de danser dans ses sombres iris, dés qu'elle t'avait vus. Pour une raison ou une autre, tu dégoûtais cette gamine, tu ne comprenais pas encore exactement en quoi. Tu étais juste... un homme, et elle n’était à tes yeux rien d'autre qu'une gamine. Tu poussas un soupir, et comme si cette petite n'était jamais venue ici, tu repris tes gestes, comme si rien ne changeait. Et pourquoi ça changerait ? Tu n'étais pas quelqu'un de très réactif, car même devant les hurlements que tu semblais être le seul à entendre, tu te contentais de grimacer. Eh ! Était-ce de ta faute sur ce morceau de bois entre tes grandes mains souffrait ? Était-ce de ta faute si on t'avait demandé de tailler un personnage de bois pour un enfant ?

Tu fis juste un signe de la main pour indiquer à la gamine que tu n'avais rien de plus à dire, ou à faire. Tu posas le couteau prés de toi, et en boitant, tu te rendis encore jusqu'à ton arrière-boutique. Tu posas ton oeil sur la table qui dans un coin attendait son acheteur. Sans le moindre effort, tu la soulevas, toi l'immense brute de la nature. Tu la ramenas et tu la posas sur celle qui te servait un peu de tout. Tu pros au passage un morceau de pain rassis qui traînait là, et mordant dedans, tu inspectas ton travail d'un oeil critique. C'était bon, une jolie table dans tout ce qu'il y avait de plus simple. Tu la posas sur le sol, et gardant ton même rythme que d'habitude, tu allas dans un coin de ton atelier pour retrouver le duo de chaise qui allait avec. La table n'était pas très grande, ronde, elle possédait des pieds collés les uns sur les autres, et sur lesquels on pouvait voir la courbe d'une aile.

C'était pour une enfant, un oiseau gravé dans la chair du bois. Tu passas ta main sur le dos de la table, puis voyant que la chaise tenait bien, tu pris un pot de peinture, et d'un geste absent, tu commenças à la colorer d'un rouge sombre. Une table pour enfant, une chaise pour enfant, ça réclamaient évidemment de la couleur. Et tu commenças tout doucement à faire du bois une chose rouge sombre, et prenant un autre pinceau, tu le trempas dans du vert, et ce dernier vint caresser les traits d'un oiseau. Une perruche sur la table, une autre sur le dossier de la chaise. Tu lui donnas quelques plumes de couleurs vives, et alors que ta main allait et venait, ton esprit lui partait vers le méandre de tes souvenirs.
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MessageSujet: Re: Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir)   Et les objets exotiques, vous faites aussi ? (Asgeir) EmptyMar 16 Aoû - 11:12

Les deux gardes se sentirent soudain mal à l'aise, lorsque le géant les fixa. Celui qui portait les gobans ― putain qu'ils étaient lourds, ces machins-là ! ― eut un petit frisson et l'autre porta instinctivement la main à son arme. Ils comprenaient pourquoi leur maîtresse avait tenu à se faire accompagner : ce type n'était peut-être pas dangereux, mais il foutait la trouille. Par contre … si dans une bagarre, il réagissait aussi vite que dans la vie quotidienne, il se ferait découper en morceaux avant d'avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Est-ce qu'il réfléchissait à la question de la Princesse ? Il mettait du temps à trouver la réponse …

— Oui, le compte est bon.

La Princesse se contenta de ça et tourna les talons. Elle ne demanda pas quel était le prix, de toute façon, elle s'en fichait bien, et même si l'artisan lui avait menti en lui faisant payer cinq ou dix fois la valeur du produit, elle n'en avait cure. Quand on avait autant d'argent qu'elle, ce genre de petit achat ne faisait pas vraiment la différence.
Les gardes, eux, auraient été curieux de savoir combien coûtaient des trucs pareils. Surtout celui qui transportait les gobans : ses muscles tiraient un peu après la bagarre et il avait un peu peur de faire tomber les achats de la Princesse. Et il savait qu'elle n'hésiterait pas à lui faire rembourser tout ça … et il savait aussi qu'il y avait de grandes chances pour que sa paie d'une année entière ne suffise pas. Elle avait tellement l'habitude de s'acheter des objets hors de prix … Des trucs dont le prix avait plus de zéros alignés qu'il n'en verrait jamais de toute sa vie. Et ça ne lui manquait pas, d'ailleurs.

Avant de quitter la boutique, Yue jeta un dernier coup d'oeil au menuisier. Dans son arrière boutique, il travaillait sur des petits meubles, des meubles d'enfant apparemment, puisqu'il les peignait de couleurs vives. Elle trouvait ça un peu de mauvais goût, la personne qui avait commandé ça devait n'avoir aucun sens de l'esthétique … Mais le meuble avait l'air bien réalisé, cela dit. Quelque part, cela agaçait Yue, de voir qu'une personne aussi laide faisait des meubles et des objets aussi perfectionnés. Dans sa province natale, on associait souvent un joli visage à une personne de talent et à une personnalité généreuse. Cet homme en était l'exact contraire. Avec un petit « humpf » de dépit, elle quitta la boutique pour emboîter le pas à ces gardes du corps.

Le cocher avait profité de l'absence de la Princesse et des gardes pour piquer un petit roupillon. Il avait garé tranquillement la voiture dans un coin pour ne gêner la circulation et avait fourni de quoi manger aux deux belles juments de trait de l'attelage, et après … Et après, il n'avait plus qu'à attendre. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour visiter le monde des rêves ?
Ce fut un des gardes du corps qui le réveilla en criant son nom. Il sursauta sur sa banquette, se redressa et vit arriver les deux hommes avec la Princesse un peu en arrière. La première chose qu'il remarqua, c'est qu'elle n'avait pas l'air de meilleure humeur qu'à l'arrivée : il avait pourtant espéré qu'elle se dériderait un peu en recevant sa commande, d'habitude ça la rendait plutôt joyeuse … Ensuite, il aperçut la tache de boue sur sa robe ― ah, d'accord, c'était à cause de ça alors ― et l'allure des deux gardiens. Oh, ça sentait pas bon, ça, il avait dû se passer quelque chose.

Yue grimpa tout de suite dans le carrosse, tandis que le gardien aux mains libres montait par l'autre portière. Le cocher vint aider celui qui portait le paquetage à fixer et caler la commande de la Princesse pour ne pas qu'elle bouge durant le voyage.

- Ben dis donc, y a eu du grabuge ou quoi ?
- Un peu
, répondit l'autre en grimpant sur la banquette aux côtés du cocher, mais y en a toujours quand la petite princesse est de mauvaise humeur. Allez, dépêche-toi de faire bouger ces deux canassons ! Plus vite on sera rentrés, plus vite on l'aura plus sur les bras. J'ai pas envie de rester avec elle quand elle fait gueule, moi.
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