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Mist Á mon cerveau regretté
♦ Sexe : ♦ Influence : 405 ♦ Messages : 651 ♦ Âge du perso' : 20 ♦ Fiche : Un gros Poney. ♦ Date d'inscription : 03/05/2010 ♦ Age : 32
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| Sujet: Tempus Fugit. [Asgeir.] Sam 2 Juil - 17:36 | |
| Les contrebandiers n'étaient pas méchant avec moi, c'était comme partout, il y en avait des gentils et des méchants. Il suffisait d'éviter ces derniers et de jouir des attentions des premiers, Marius se classant en tête bien sûr au niveau de la bonne compagnie. Et puis quand je dis qu'il y a des contrebandiers méchants... c'est pas tout à fait ça. Aucun ne nous a jamais frappé, moi et les chiens, le pire que j'ai eu c'est de l'indifférence, mais je les regarde entre eux, je m'habitue, y en a qui font la gueule et d'autres moins. Je regarde aussi ce qu'ils font entre eux, y en a qui joue aux cartes. Ça m'a intrigué un moment mais j'ai préféré pas participer, je sais pas comment faire et puis j'ai pas d'argent à miser, et en plus je veux pas qu'ils s'occupent de moi les vrais humains, je préfère rester en boule devant la cheminée avec les chiens, par terre, et m'occuper sainement en mangeant ou en essayant de faire des bonhommes en bois avant de retourner dehors, là où était ma vraie place.
Je marchais donc dans la rue, j'avais quitté les quartiers pourris en traversant le Grand Marché et en y fauchant à l'occasion une pomme, que j'avais toutes les peines du monde à finir à cause de mes dents pourries et de mon absence de langue, qui transformaient le fait de manger quelque en un parcours du combattant où il m'arrivait d'échouer. De fait, je n'étais pas gros. La foule m'évitait soigneusement parce que j'étais sale et j'avais l'air malade. J'avais pris l'habitude de marcher plutôt le long des murs pour éviter le plus de gens possibles, parce que quelques fois les gens, c'est méchant. Il y en a qui se font même une spécialité de tabasser les clodo, parce qu'un clodo ça se défend pas beaucoup et c'est rigolo. Enfin moi j'pense qu'on me toucherait pas même avec des pincettes. Bon, je fais des efforts niveau hygiène, je te jure, mais pour lutter contre les puces et les poux, faudrait nettoyer toute la maison en grand, et ça c'est pas possible. D'ailleurs je me demande si les contrebandiers – pas beaucoup plus porté sur le bain que moi – ne m'avait pas donné quelques parasites que j'avais réussi à éviter jusque là, genre des vers. Moi j'avais ramené les puces, c'était de bonne grâce, mais j'te décrirais pas les symptômes des vers intestinaux, juste que ça fait maigrir, que ça fait mal, et que j'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment. Je connais des chiens qui en sont morts, pour qui le secours du vermifuge arrivait trop tard et ne faisait que rendre plus malade encore. Il faudrait que je mendie pour pouvoir aller chez un herboriste, mais en attendant j'allais rester avec le ventre un peu gonflé et le nez et les yeux qui coulent, ça me va si bien.
Et puis je passais dans une rue familière; enfin toutes les rues pour moi mérite cet adjectif, mais une plus que les autres parce que j'y avais beaucoup de souvenir. Enfin plus précisément, on y trouvait l'atelier du bois, avec Asgeir dedans. Je m'étais promis de retourner le voir, parce que j'étais un peu parti comme un voleur de chez lui et qu'il était gentil. Mais j'me souviens, il voulait que je reste chez lui alors qu'il était pas là, et j'avais envie d'aller aux toilettes et les chiens aussi et déjà que j'avais vomi dans son escalier et squatté dans son lit et... j'avais peur de me faire taper ! Enfin là ça allait faire de nouveau la même chose, mais ma conscience me tiraillait quand même pour que j'aille lui dire bonjour. Et merci. Et que j'aille lui filer des vers sans faire exprès, parce qu'après tout, y a pas de raison qu'il n'y ait que moi qui profite des bonnes nouvelles.
Je poussais la porte – pourquoi voudrais tu que je frappe dessus avant d'entrer ? J'ai jamais compris l'intérêt de la chose – et rentrais timidement, en regardant si par hasard des objets contondants ne volaient pas vers moi. De toute évidence, non. Asgeir était en train de manipuler du bois, je crois qu'il faisait pas grand chose d'autre de sa vie, mis à part donner à manger à des petits clodo – peut être qu'il en voyait d'autre hein, les âmes charitables ça nous attire comme des mouches à merde. Je fis un petit signe de ma main mécanique et j'attendis qu'il reconnaisse qui je suis. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Sam 2 Juil - 19:13 | |
| Tu restas un bon moment allongé sur le lit, sur le dos, tu fixais d'un regard morne le plafond, comme si c'était la chose la plus passionnante que tu n'avais jamais vue. De ton point de vue de menuisier, ça l'était, car quand tu regardais quelque chose fait en bois, tu ne pouvais pas t'empêcher d'analyser, et de chercher le raisonnement de celui ou celle qui avait fait ça. Par exemple, lorsque tu arrivais chez quelqu'un pour faire quelque chose — porte, fenêtre ou autre —, tu étudiais ça et notais sur un papier tout ce que tu voyais, une habitude, comme tant d'autres. De même que tu avais l'habitude de ne pas t'occuper de ta maison, depuis que ta femme était morte, tu ne faisais plus le ménage. À quoi bon ? Tu n'avais plus personne, tu n'avais plus à t'occuper de ces choses ennuyeuses, alors tu pouvais bien laisser la poussière s'accumuler, ça ne changerait rien.
Enfin, tu essayais de fuir un fait qui revenait à chaque fois, lorsque tu posais ton regard sur cet endroit, où tu finirais par mourir. Ce lit par exemple sur lequel tu étais allongé, jamais tu n'ouvrais les draps, si bien que ceux-ci s'effilaient, sales et sans vie, tu n'osais plus dormir dans les draps où autrefois, tu avais échangé ta passion avec ta femme, où tu l'avais prise dans tes bras pour la garder au chaud, contre toi, pour toujours. Il y avait cette petite poupée aussi, en bas et assise sur sa chaise qui avait intéressé le rouquin — pas Iraïd — venu ici. Elle avait aussi les cheveux roux, tombant en miette sur ses épaules de porcelaine, le regard mort comme toi, elle avait la tête penchée sur le côté, et sa jolie robe était devenu qu'un tas de loques. Malgré le regard furieux qu'elle posait sans cesse sur toi, tu ne pouvais pas te résoudre de la toucher, ou de la jeter, elle était la poupée de ta fille après tout. Un cadeau qu'Elrid ne prendrait jamais, et qui sans doute, l'écoeurerait si elle la voyait. La poupée était devenue réellement monstrueuse.
Trêve de chagrin et de plaisanterie, tu te relevas en grimaçant, ton dos brûlait, et ta jambe malade était plus raide que d'habitude, ça devait être le temps. Tu posas une main sur le lit, et fermant les yeux, tu parvins à te mettre sur tes deux jambes, en soufflant, tu avais atrocement mal, aujourd'hui. Tu poussas un soupir, époussetas tes vêtements pleins de poussières, et d'insecte sûrement ; tu te dirigeas vers l'escalier pour le descendre, mais non pas haut, mais bien en bas. Chaque pas te lançait, et te rappelait que boiteux, plus jamais tu ne pourrais courir, même si ta vie en dépendait, même si ça pourrait sauver ta fille pour une raison ou une autre. Ta jambe raide n'était d'autre qu'un point mort que tu devais traîner, comme un boulet, ton corps ressemblait trop à une chose immonde, et ne méritait pas d'être nommé « corps ». Tu posas une main sur la rambarde de ton escalier, et tu entrepris la longue entreprise de descendre chaque marche, sentant à chaque fois tes muscles se tordre de souffrance, c'était tout bonnement insupportable.
Enfin, après moult douleur et pause, tu parvins à poser ton pied sur le sol de bois ; tu posas tes yeux sur la table, et songeas qu'en descendant, tu avais oublié de prendre de la nourriture, tant pis, tu ne mangerais donc pas aujourd'hui.Soupirant, la main pleine d'échardes, tu entras dans l'arrière-boutique, et cherchas des yeux l'arc que tu étais en train de confectionner pour le jeune Kyle. Un soldat de la Garde Impériale qui t'avait fait cette demande, de même qu'Iraïd qui d'ailleurs, avait remercié ta générosité avec sa petite pierre, toujours posé sur la table. Tu ne l'avais pas non plus touché. Tu cherchas les plans, perdu sous un tas de feuilles et d'encre, et quand tu les retrouvas, tu passas tes doigts dans ta chevelure brune et grasse, toujours engluée de sueur et de suie ; enfin, tu te mis au travail, tournant et retournant les plans, avant de prendre un couteau pour tailler un bout de bois.
Tu touchas alors ton flanc, tu avais oublié que tu avais cette blessure, une autre cicatrice s'ajoutant à la liste des autres, mais qui te lançais trop, car trop actuelle. Tu saignais d'ailleurs un peu, et tu songeas que voir un médecin ne serait pas un luxe ; en boîtant, tu te rendis dans l'avant de ton atelier, et ce fut là que tu le vis. « Lui »... ce gamin haut comme trois pommes, sans langue, maigre comme un clou, si bien qu'il nageait dans ses vêtements ; il avait les yeux larmoyants, et ne semblait pas en si bonne santé que ça, enfin son état s'était un amélioré : une chose en fer avait remplacé son bras. C'était Mist.
— Oui ?
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Sam 2 Juil - 21:34 | |
| Asgeir me regardait, je ne vis nulle animosité dans son regard, mais pas spécialement d'affection non plus. Normal. Il devait considérer qu'il avait hébergé un petit con une nuit et il ne devait pas voir pourquoi je revenais. Voire il devait craindre que je redemande ce service. Je fixais aussitôt mes pieds face à ses yeux qui n'exprimaient rien, puis j'ai assez rapidement remonté mon regard en me rappelant que si il me parlait, je ne verrais rien. Je me sentais très bête, je n'avais pas réfléchi à tout ça en venant.
Nan, moi je me rappelais d'un brave gars qui m'avait posé dans son lit pour que j'y dorme et qui m'avait donné à manger. J'espérais qu'il serait content de voir que même si j'étais un bouseux, j'étais capable de gratitude et il me dit juste « oui », tout seul. Je comprends pas, et quand je comprends pas j'accuse pas les autres de mal s'exprimer, mais moi de pas comprendre. Je baisse le nez, je voyais pas nos retrouvailles comme ça. Y avait plus de « bonjour comment ça va » dedans. Je mis ma main dans ma poche et je sentis sous mes doigts un bout de bois péniblement sculpté pendant des heures... je suis trop bête.
Bon, je ne savais pas d'une part que pour cet homme « oui » équivalait en Mistien à un bonjour enthousiaste avec levée de bras et tout, et d'autre part qu'il avait appris que j'étais terroriste. Je ne lui avais pas spécialement caché, mais pour lui comme pour moi, la conversation, c'est pas trop ça. Puis je ne crie pas sur tous les toits aussi, mais je suis pas aussi intelligent que Marius pour apprendre à cacher ce genre de chose de toute façon. Je suis pas très doué dans le social de manière général.
Je sors mon ardoise, et je réfléchis à quoi écrire. Je m'essuie en passant les yeux et le nez sur la manche, puisque j'ignore l'existence des mouchoirs. Puis de toute façon ces manches elles sont trop longues et j'ai du mal à en sortir les mains, alors autant qu'elles servent hein. Saloperies de fringues. Je pose la craie sur l'ardoise, indécis, et je me mordille la lèvre inférieur gercée parce que je suis en train de réfléchir. C'est simple pourtant bordel non ?
« Bonjour. »
Ça commence bien, je griffonne quelque chose mais j'efface aussitôt, c'est pas ce que je voulais écrire. Ma manche se parsème en plus du pus et tout ça de craie blanche. Je reprends.
« Je suis venu pour te remercier de m'avoir donné à manger et puis un lit aussi. »
Je lui tends, et j'ai pas réussi à dire que pour un mec comme moi qui a vécu dans un désert affectif de six ans tout ce que ça représentait pour moi. Même si il m'avait versé un baquet d'eau à la gueule en prélude. Je regardais Mais Dors qui se collait à ma jambe, une sorte d'extension de moi même, pour me redonner courage puis je relevais les yeux vers le visage d'Asgeir, mon regard sur sa bouche, plus précisément. J'attendais un signe d'assentiment, l'acceptation de ma gratitude, n'importe quoi. Ou qu'il me frappe pas. Au pire je fais demi-tour et je m'enfuie en pleurant, mais ça serait triste. Inconsciemment je me recroqueville un peu et je ramène mes mains sur ma poitrine comme le vilain pleutre que je suis, hurlant le message corporel « je suis inoffensif ! Ne me frappez pas ! » C'est que ce gars n'a pas rapetissé depuis ma dernière visite, et ça m'impressionne toujours autant. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Sam 2 Juil - 22:17 | |
| « Oui »... c'était tout ce que tu pouvais sortir, « oui », il ne fallait pas t'en demander plus. Tu « accueillais » toujours les gens avec peu de mots, et Mist n'allait pas changer cette règle ; tu étais toi-même, et comme lui, tu avais toujours eu du mal à communiquer, c'était Iseult qui s'en était toujours chargé. Elle avait été ta voix, tu avais été sa force, mais maintenant qu'elle n'était plus, tu étais un grand arbre sec sur le point de tomber, à l'écorce pourrie, et à la sève puante. Tu ne trouvais pas Mist hideux, son apparence ne t'avait jamais rien inspiré de tel, il était juste un gamin des rues, grêle, handicapée comme toi, et qui avait connu des jours meilleurs. Tu ne savais pas s'il était celui dont le Prêtre noir t'avait parlé, et tu espérais encore que ce soit quelqu'un d'autre, tu fuyais la vérité comme tu fuyais l'Inquisition. Mist n'était qu'un gamin, dont tu avais pris un peu soin, rien de plus, c'était plus confortable pour toi de songer ainsi. Tu restas juste immobile, surpris de le revoir après tout ce temps, que voulait-il ?
Oh... ! Peut-être était-il venu pour du bois ? Peut-être qu'il avait besoin de tes services en tant que menuisier ? L'argent n'était pas un problème, tu en manquais certes, mais tu manquais trop de « vie » pour te soucier de tout ça, l'argent ne te servait qu'à te nourrir. Rien de plus, tu étais loin de ceux et celles qui cherchaient toujours plus, soumis à des caprices inutiles, triviale. Tu examinas Mist et sa coloration, tu l'examinas lui et ce visage malade, tu remarquas que son ventre était un peu gonflé, tu ignorais ce qu'il pouvait avoir, mais ce n'était pas bon ! Ne songeait-il pas à aller voir un médecin ? Eh bien... simplement parce qu'il n'en avait pas l'argent ! Tout comme ta blessure nécessitait des soins, Mist ne devait pas trop prendre sa santé à la légère ; l'avantage avec la misère, c'était qu'on attrapait tout un tas de maladie, mais qu'à force, on était tellement habitué à un corps maltraité qu'une autre infection ne paraissait pas si grave. Il se recroquevilla au bout d'un moment, et tu n'osas pas faire un pas vers lui pour lui demander ce qu'il avait, tu avais fait quelque chose de mal ? On aurait dit un gamin battu qui tentait de persuader son gourou qu'il était innocent, n'avait-il pas quelqu'un d'assez responsable pour veiller sur ce gamin ? Et les parents ? Tu levas la main pour aussitôt la laisser tomber.
D'une main tremblante, et d'un regard empli d'angoisse, il te montra son ardoise. En boîtant et en te tenant contre la table, tu saisis son bien pour lire un simple « bonjour », et tu hochas la tête en réponse. Ce n'était pas à cause de Mist que tu agissais de la sorte, tu avais exactement comme lui une grosse défaillance dans tout ce qui se prêtait à la communication. Tu fronças les sourcils, et afficha une réelle suprise lorsqu'il t'écrit qu'il était revenu pour te remercier, Tu... tu ne sus pas comment réagir, tu regardas le vide, comme si la poussière allait te révéler quelque chose, puis tu l'interrogeas du regard. Te remercier ? Mais... pourquoi ? Tu oublias un peu tout ce qui s'était passé avec le Prêtre, puis tu... tu ne sus pas comment réagir. C'était juste... fou ! Tu avais été très inquiet, lorsqu’il était parti sans rien dire, sans donner de nouvelle, et il revenait aujourd'hui, son ardoise dans la main pour te remercier ? Tu passas une main derrière ton crâne, emmêlant tes doigts dans ta chevelure grasse, tu lâchas :
— Ah... c'est gentil de ta part.
Tu reculas un peu pour contourner la table en boîtant, ta jambe te rappelait à l'ordre, te tirait affreusement, mais ton visage restait figé dans cette surprise. Que dire ? Tu ne savais pas comment ça fonctionna, ces choses-là. Tu ne pouvais pas le prendre dans tes bras — tu risquerais de le tuer —, et lui dire que c'était bien, et que vous alliez être heureux ensembles, et compagnie... ce n'était tout bonnement pas possible. Mist ressemblait à un enfant portant la misère sur ses épaules, et qui tremblait devant toi, parce que tu lui inspirais une peur monstre. Tu n'étais pas violent, malgré tout, tu étais juste immense ; tu ressemblais à une énorme araignée à la cuirasse de métal, se déplaçant sur ses longues jambes avec douleur, écrasée par le temps. Tu te laissas tomber sur ta chaise, les mains sur le bois, tu observas une araignée d'ailleurs, envahir ton plan de travail. Tu passas une main sur ta face lasse, et grattant encore ton crâne, tu reniflas avant de chercher dans ta poche un vieux mouchoir que tu posas sur la table, tu le désignas à Mist pour qu'il puisse se moucher. Tu ne pouvais malheureusement pas lui donner de vêtements. Enfin, tu déchiras ton silence pour déclarer :
— Tu peux t'asseoir, si tu veux.
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
♦ Sexe : ♦ Influence : 405 ♦ Messages : 651 ♦ Âge du perso' : 20 ♦ Fiche : Un gros Poney. ♦ Date d'inscription : 03/05/2010 ♦ Age : 32
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Dim 3 Juil - 11:01 | |
| Le peu de politesse dont j'étais capable venait d'être entièrement déployé, et Asgeir trouvait ça gentil. J'ai re-eu de l'espoir, il ne me frappait toujours pas ! J'attendais le coup, et il ne venait pas. Enfin il fallait rester méfiant, même si il m'avait donné à manger et permis de dormir dans son lit, ma fuite l'avait peut être énervé et il voulait peut être me battre comme du plâtre pour me punir d'être parti comme ça. Il y avait à la limite qu'avec Marius que je ne m'inquiétais pas d'être frappé. Ou avec des cadavres à la limite, ou des gens très blessés – comme Zacharias. La prison m'avait trop bien appris comment on pouvait se faire affreusement mutiler d'un rien, et comme ça pouvait amuser des gens. Il y en a à qui la violence fait plaisir, et j'voulais pas prendre le risque avec des mains de la taille d'une poele.
Asgeir rentra plus dans sa maison, et j'étais obligé de le suivre pour continuer à lire sur ses lèvres dans la pénombre ambiante – les vitres étaient sales. Mais Dors me suivit et s'allongea devant le feu en soupirant d'aise. J'aimerais être aussi serein. Au lieu de ça je veillais à laisser la table entre moi et le menuisier au cas où un coup partirait, pour avoir au moins un obstacle entre moi et la mort. Il avait eu l'air surpris de ce qu'il avait lu sur l'ardoise, et maintenant il me regardait, mais ses yeux n'envoyaient pas spécialement de jugement. Il s'assit devant sa table avec une expression de souffrance sur le visage – c'est vrai qu'il boitait bien bas – et lança un carré de tissus sur la table. Il me le désigna d'un geste de la main, et je regardais d'un air interrogatif en penchant la tête sur le coté en me demandant ce qu'il attendait de moi. Pas un truc horriblement douloureux, apparemment. J'essayais mentalement de relier le carré de tissus et l'usage que je pouvais en faire à m'en donner mal à la tête, puis il me dit de m'assoir, ce que je fis docilement. Je ne m'étais pas assis sur une chaise – y préférant le sol – depuis longtemps et être au dessus du vide comme ça me mettait mal à l'aise. J'avais plutôt l'habitude de m'assoir en tailleur par terre, et je me tortillai stupidement pour essayer de trouver une position confortable avec en plus les démangeaisons qui me torturaient – ouais, les fameux symptômes dont je te parle pas. Mes parents auraient eu honte de moi. Enfin j'ai fini par tiquer que le tissus était un mouchoir et qu'il voulait donc que j'évacue mon nez. Je sais pas si c'est de la politesse, de la compassion ou du dégoût de voir mon nez couler, mais en tous cas je voulais pas le vexer, je m'exécutais. Le mouchoir était bien bien sale après, et je le roulais en boule avant de le poser devant moi, sans savoir si je devais le jeter au feu ou pas. Les mouchoirs en théorie ça se lave, mais j'ai peur que même lavé, si Asgeir réutilise son mouchoir, il attrape à peu près vingt maladies différentes. Je crois que je suis aussi bon à répandre les épidémies qu'un rat.
Je pris mon ardoise, et j'écrivais en me demandant comment j'allais réussir à me gratter discrètement les fesses. En fait, je songeais à investir dans du papier de verre, ou une lime à bois. Voire une hache.
« Je suis parti brusquement la dernière fois parce que » – je réfléchis à comment présenter la chose de façon poétique – « je voulais pas que les chiens salissent tout, ils ont besoin de sortir parfois. » Là je marque une longue pause en regardant en l'air pour réfléchir. Et puis j'me suis jeté à l'eau. « Et j'ai fait ça aussi. J'aime bien, ça me détend. J'ai vu que tu faisais ça chez toi et j'ai trouvé ça joli. »
Je pose le chien que j'ai sculpté sur la table, là comme ça bim, en tendant mon ardoise. En fait ça ressemble plus à une merde en bois qu'à un chien, y a vaguement quatre pattes et une tête, mais l'idée est là. Faut dire que j'ai pas le savoir faire et les outils d'un menuisier, mais ça m'a passionné. J'avais pas de loisir avant, et là j'y ai passé des heures dessus au coin du feu. Au début mes chiens ressemblaient à rien, et le bois que je trouvais dans les poubelles explosait facilement en morceau pour un coup trop fort. Et en plus, suprême humiliation, le chien en bois est tombé sur le coté quand je l'ai posé parce que ses pattes font pas toutes la même taille. Je l'ai remis droit, et il tenait debout comme un tabouret, sur trois pieds. Mais il tenait debout ! J'avais même réussi à faire des petites oreilles pointues en haut, mais elles étaient un peu asymétriques. Il y avait la queue aussi, que j'aurais voulu touffue comme celle d'un renard, mais qui ressemblait finalement à une queue de rat. Et on voyait bien les marques de mon couteau partout sur le bois, et pourtant, mon petit cœur s'était rempli de fierté quand je l'avais fini. J'espère que Asgeir va pas me casser. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Dim 3 Juil - 22:30 | |
| Mist mis un certain temps pour saisir le mouchoir, et se moucher, tu manquais réellement de paroles. Qu'est-ce que ça t'aurait coûté comme effort d'ouvrir la bouche, et de lui dire : « Mouche-toi » ? Qu'est-ce que ça t'aurait fait, hein ? Tu aurais perdu un peu de ta salive, et tu aurais fait un procès à ce pauvre môme pour une bêtise pareille ? Mais... tu ressemblais à un monstre avec ces grandes cicatrices, mais tu n'en étais pas un. Le véritable monstre, ce n'était pas le chagrin qui écrasait tes épaules, ni même la fatigue de ton travail, donnant à tes mains ces déformations disgracieuses qui écoeuraient souvent les femmes ; le véritable monstre, c'était celui qui avait causé tout ça, et chacun avait joué un rôle dans ton malheur. L'Inquisiteur, le Terroriste, la vieille femme qui t'avaient accusé de tout ça sans connaître l'amour aveugle que tu avais porté à Iseult. Alors... un signe de la main, c'était pour toi dire des mots, il ne suffisait pas d'entendre ou de lire sur les lèvres pour comprendre, au contraire. Bien souvent, un petit geste était empli d'un océan de signification, il suffisait de le voir pour le comprendre, c'était ainsi d'ailleurs qu'Iseult lisait en toi.
Elle n'avait jamais demandé ce qui se passait chez toi, elle le comprenait, sûrement grâce à un instinct féminin, ou simplement parce qu'elle avait su se montrer observatrice ; lorsqu'une ride se formait sur ton front, c'était soit parce que tu étais concentré dans ce que tu faisais, ou soit parce que tu étais soucieux, lorsque ton regard bougeait un peu vite, c'était parce que tu étais pris dans un éclair de génie. Alors lorsque Mist refusa de s'asseoir sur la chaise, tu fronças les sourcils, et un pli se forma sur ton front, tu joins les mains et te dévissas un peu la tête pour observer le sourd-muet. Pourquoi ne venait-il pas s'asseoir en face de toi ? Tu lui faisais donc si peur que ça ? Pourtant rien dans ton attitude ne trahit quelque chose de brutal, au contraire même, puisque tu étais toujours aussi... toi... aussi mort. Tu haussas faiblement les épaules, peut-être que Mist n'aimait pas ta table, tout simplement. Tout de même, le gamin se leva et te montra son ardoise que tu peinas à lire, tu ne compris pas très bien, tu avais toujours eu un peu de mal pour lire, mais tu lui envoyas au bout d'un moment, un regard interrogateur. Et un autre éclair de surprise passa à nouveau dans ton regard, tu n'osas pas tout de suite toucher l'oeuvre qu'il venait de créer de ses mains, mais tu ouvris la bouche pour murmurer un vague : « merci ». Tu n'osais pas la prendre de craindre de la briser, si fragile cette statue, si maladroite, si enfantine... tu avais les mains d'une brute, pas d'une douceur.
Elle tomba un peu au bout d'un moment, mais au lieu de noter toutes les imperfections, tu notas simplement... l'envie de faire quelque chose, et tout ça occultait le reste. Certes, elle était loin d'être parfaite, mais c'était pour toi ; un autre cadeau, comme te l'avait fait Iraïd pour te remercier de la restauration de son luth. Un petit cadeau crée des mains maigres de ce gamin qui te regardait, avec ce regard plein de peur, que craignait-il ? Et poussé par quelque chose que tu ne comprenais pas, tu te levas en boîtant et fixant toujours la statue, tu la pris doucement entre tes mains pour venir vers Mist. Tu serras les dents sous la douleur que ta jambe malade te procurait, mais enfin, faisant un signe pour que Mist ne bouge pas, tu allas t'asseoir en face de lui.
La mâchoire crispée de douleur, tu te laissas presque tomber sur le sol, tout en protégeant la statue de Mist sans forcer, tu avais conscience qu'un mauvais geste de ta part, et le gamin la verrait briser en éclat. Tu la posas entre toi et Mist, et que dire hein ? Tu n'étais vraiment pas bon dans toutes ces choses-là, comme quoi, il y avait des choses qui ne changeait jamais. Tu repris la statue pour la mettre au creux de ta paume, et la contempler, elle et ses pattes qui n'avaient pas toute la même taille, elle et ses deux oreilles désordonnées... elle et son imperfection maladroite qui lui donnait tout son charme. Tu reportas ton attention sur Mist, toujours si malade, toujours si triste, et toujours maigre comme un clou, ses parents... où pouvaient-ils bien être ? L'avaient-ils abandonné ? Et enfin, tu ouvris la bouche pour dire un simple :
— Merci.
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Mer 13 Juil - 23:18 | |
| Asgeir regardait ma figurine, il avait eu l'air surpris, puis bizarre, je ne savais pas du tout comment interpréter ça. Il n'était pas content ? Peut être que singer son art le vexait ? Quand il s'est approché de moi, je me suis un peu recroquevillé, dans l'attente du coup, mais il n'est pas venu. Asgeir s'est contenté de s'écrouler à coté de moi – il est tellement grand, ça fait un peu comme voir des plaques tectoniques bouger - et j'ai fait la grimace quand j'ai vu sa pauvre jambe soumise à un tel effort. Il faudrait être aveugle pour ne pas noter qu'il boitait bas, il devait avoir très mal. Donc on avait l'air idiot, assis par terre à coté de la chaise. Il faudrait que je m'excuse de ça aussi. Je devrais tenir une liste, je gaffe tellement ! Il n'y a qu'avec Marius que je n'ai pas peur de me prendre de coup, Marius ne me frapperait pas, jamais, il n'est pas comme ça. Asgeir, je saurais pas me prononcer, c'est triste à dire et ça lui ferait sans doute de la peine, mais sa taille m'intimide beaucoup. Il pourrait m'arracher la tête avec une gifle ! C'est comme sentir un couteau contre sa gorge, mais tout le temps, difficile de se détendre. Je me gratte la poitrine en réfléchissant, c'est idiot ce que je pense quand même, un vrai tombereau de merde.
Asgeir quant à lui me dit merci. En fait il s'est assis en face de moi pour me mettre à mon niveau, tout bêtement, et pas me frapper, puis il me remercie pour ma sculpture moche. Incroyable. Je baisse le nez sur l'objet concerné. Rien à faire, même avec une mauvaise lumière et avec ma fierté qui bouche mes yeux, ça reste moche et mal sculpté. Mais j'ai fait de mon mieux, ça m'a pris du temps, je me suis bien amusé. Ça compte ça aussi, j'en prends conscience. Du coup c'est plutôt moi qui devrait remercier pour avoir eu un bel exemple de loisir sain. J'écris.
« Je suis désolé, j'ai plus l'habitude de m'assoir par terre, ça fait très longtemps que je vis dans la rue. »
Une éternité même, et je suis pas mort. Ça me surprend parfois, les gens qui vivent six ans à la rue, depuis leur enfance, c'est plutôt rare. En général c'est une mauvaise passe, ou l'hiver de trop, mais je vis pas dans les mêmes règles : je suis handicapé. Le travail famille patrie, ça m'est strictement interdit. Qui embaucherait un gars qui ne peut pas entendre ni parler ? C'est bien de trop ! Et puis l'infirmité dégoûte, c'est de la faiblesse. Je te l'ai dit, à Ishtar les ratés comme moi, on les noie. Y a même un coin du fleuve réservé à ça, des fois la nuit il y a de jeunes femmes qui y vont avec des bébés. Donc, dans les clochards, t'as souvent beaucoup d'handicapés, que ce soit physique ou mental. Il y a des parents qui ne sont pas très courageux, mais entretenir quelqu'un qui ne pourvoira jamais à ses besoins tout seul, c'est dur, et les parents, ça meurt aussi. De misère souvent. Parce que la vieillesse non plus ça pardonne pas ! Il faut mieux avoir des enfants aimants dans ce cas là. Asgeir, il a pas l'air d'avoir des enfants aimants, ni rien d'autre. J'ai pas l'habitude de la compassion, j'en ai un peu rien à branler de la vie des autres gens, mais là je suis un peu pris de sentiment quand même. Brutalement, j'aimerais bien être son fils valide qui l'égal dans la sculpture du bois, et qui fait pas des chiens moches.
« Je ne sais pas sculpter du bois du tout, mais ça m'a pris plein de temps, j'ai bien aimé faire ça ! Mais c'est difficile avec la prothèse que je ne maitrise pas encore très bien et juste un couteau, c'est pour ça que c'est très moche. Mais c'est mon plus joli essais, les autres il y a toujours une patte qui casse sans faire exprès. J'essaie de faire Mais Dors ! »
Là je lui tends l'ardoise et lui montre du doigt le chien qui dort devant la cheminée, mon premier véritable ami. Je tape du plat de la main contre ma cuisse, et il vient me lécher le visage. J'aime bien ça, mais pas autant que Marius qui me prend dans ses bras. Ça n'a pas la même saveur, mais je ne sais pas pourquoi. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
♦ Sexe : ♦ Influence : 193 ♦ Messages : 151 ♦ Âge du perso' : 46 ♦ Fiche : Un homme fait de sève et d'écorce. ♦ Protecteur : Une planche de bois. ♦ Date d'inscription : 30/01/2011 ♦ Age : 32
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Jeu 14 Juil - 10:34 | |
| Tu levas ta grande main pour lui « dire » que ce n'était pas grave, tu avais certes très mal, mais la douleur, c'était devenu malheureusement ton habitude, si un jour ta jambe se retrouvait guérie, ça te laisserait quelque chose de bizarre, quelque chose qui mangue. Au moins, lorsque ta jambe malade te tirait, tu avais le sentiment que tu étais encore vivant, malgré toute cette peine que tu trimballais sur tes lourdes épaules. Tu continuas de fixer la petite statue, toute jolie avec ses imperfection, il y avait du coeur là-dedans, et c'était le plus important, certes... d'un oeil critique, tu aurais pu la trouver trop laide, mais il y avait du coeur là-dedans, c'était ceci qui la rendait si belle. Un artiste capable de peindre une magnifique toile sans y mettre son coeur serait une marionnette triste et sans âme, en même temps... il était rare de voir des personnes se donner à l'art sans y mettre son coeur, et ce n'était qu'une question de sensibilité. Alors... tu ne savais tout simplement pas quoi songer, est-ce que la visite du petit te faisait plaisir ?
Par exemple ? Ou est-ce que cette petite statue, taillée dans l'imperfection, mais dont on pouvait sentir sous les coups de couteaux maladroits tout son coeur, te rendait content ? Ou... au moins te donnait un peu de joie ? Tu ne saurais le dire, tu avais tellement l'habitude de te sentir vide, seul, et esseulé que tu ne savais plus ce que c'était, ressentir autre chose que du chagrin et de la souffrance. Quel homme lamentable, hein ? Tu n'étais même pas capable de comprendre ce que tu ressentais, pitoyable ! On devrait te jeter dans de l'eau froide, peut-être que ça te mettrait les idées en place, ton cerveau n'était qu'un chaos sans fin, et souvent, tu avais un temps de réaction très lent. De même par exemple, lorsque Mist te montra son ardoise, il te fallut quelques secondes pour comprendre, et quelques secondes pour commencer à lire ; tu aurais dû avoir cette habitude, pourtant, tu approuvas d'un petit signe de tête, et tu fixas longuement la chienne qui vint près du jeune homme.
Tu fronças d'ailleurs les sourcils, où se trouvait donc le reste de la petite tribune canine ? Dans tes souvenirs certes un peu brumeux, tu avais l'image de ce garçon toujours entouré de chien. Tu ne posas pourtant pas la question.Enfin, tu essayas de te relever, tu t'aidas de la table, et forçant sur ta main, tu soulevas ton énorme corps en grimaçant, ça faisait un mal de chien ! Cependant, après un effort supplémentaire, tu arrivas à te hisser, et retrouver ton monde du haut de ton deux mètres et dix centimètres, pourquoi n'arrêtais-tu jamais de singer Gulliver ? Toussotant à cause de ce trop-plein de poussière, tu boitas jusqu'à un coin de ton atelier, là où divers morceaux de bois mal coupé se trouvaient, tu en pris un morceau, après avoir inspecté chacun d'eux avec minutie.
Tu revins avec le bouleau dans ta grande main, et serrant les dents, tu te laissas à nouveau tombé en face de Mist, tu posas le chien qu'il t'avait offert sur la chaise prés de vous, ainsi tu ne risquais pas de le casser sans t'en rendre compte. Tu lui montras le morceau de bois, puis le couteau que tu avais aussi récupéré, et en essayant de pas trop lui faire peur, tu plantas le couteau dans la chair du bois en frémissant. Tu avais beau aimer ton métier, tu avais toujours cette sensation d'être un infâme type qui prenait plaisir à planter ce couteau dans le bois, et tu pouvais toujours entendre les cris, les cris qui te perforaient les tympans de douleur.
C'était stupide, c'était lamentable, mais c'était toi. En lançant parfois des regards à Mist, tu commenças à tailler le bois, la lame frapper la surface du bouleau, et bientôt, le bois prit forme, et devint un ensemble de formes carrées, une tête, un corps et quatre pattes. Tu essayais de lui faire sa chienne, tu ne savais pas exactement pourquoi, tu songeais simplement que ça pouvait lui faire un peu plaisir d'avoir une statue de son chien. Ou du moins pour lui transmettre un peu de ton savoir, tu ne savais pas trop, tu agissais voilà tout, dans le silence, dans la souffrance, et dans les coups de lame que le bois subissait pour un peu d'art. Tu fixas longuement l'oreille de Mais Dors, puis tu laissas tomber un copeau de bois, comme si tu enlevais de la peau, comme si tu attaquais de la chair vive, et que celle-ci hurlait, te suppliait d'arrêter cette violence. De tes mains, quelque chose était en train de venir au monde. |
| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Mar 19 Juil - 20:46 | |
| Asgeir se leva, par réflexe j'eu un mouvement de recul, comme si il allait me frapper. Mais la vérité me sauta soudain au visage. Je n'avais rien à craindre de cet homme, il était beaucoup plus vieux que moi et sa jambe lui faisait souffrir le martyr. Ça se voyait à la façon dont il prenait mille précautions pour se lever, comme c'était lent et pénible. Si je bondissais et me mettais à courir, il ne me rattraperait sans doute jamais, même avec ses longues jambes. Il avait beau être gigantesque, ça ne lui servirait pas beaucoup face à un pro du sprint comme moi. De plus, la plupart des gens avant de frapper menacent et préviennent, rien que la lueur dans l'œil qui change. Moi je fais jamais ça, je tue sans réfléchir, parce que j'ai jamais eu le choix et que je m'encombre pas de beaucoup de moral. Ça me ne fait pas spécialement bander, il faut le faire, c'est tout. C'est comme les chiens, avant de se battre à mort, ils tournent en rond en montrant les dents et en couchant les oreilles, et au moment où le combat apparaît comme inévitable, ils se jettent l'un sur l'autre. Des préparations de combat. Je n'en avais pas, je tuais, c'est tout. C'était une de mes petites concessions à la folie. Je pense qu'il n'y a que deux désirs qu'on peut avoir après avoir été entre les mains des inquisiteurs : l'envie de se chier dessus et celle de botter des culs à en saigner des orteils. J'alternais entre les deux, voilà tout. Donc je n'ai pas à avoir peur de Asgeir, je le comprends enfin, même si je lui lent à la détente. C'est difficile pour moi à concevoir, parce que le seul qui me tape pas jusque là, c'est Marius. Le reste du monde peut me foutre un coup de pied à tout instant, il faut mieux se méfier plutôt deux fois qu'une. Donc je veux bien me détendre et croire que Asgeir va pas me taper. Jusqu'à ce qu'il me tape. Et à ce moment là je pleurerais d'être si con. C'est toujours comme ça.
Donc je regarde Asgeir s'approcher de moi avec un bout de bois qu'il ne me jette pas à la figure. Ça ferait mal, cela dit, je m'imagine en train de justifier une nouvelle affreuse cicatrice à Marius, qui doit me voir comme une plaie perpétuellement ouverte maintenant. C'est vrai que je dois faire un drôle d'effet quand on me voit pour la première fois, j'ai le visage avec plein de cicatrices partout et même des mèches de cheveux qui repoussent mal à cause des cicatrices sur mon crâne, j'ai des petites lignes blanches sur les lèvres tellement on me les a fendu à cause des coups. On doit avoir l'impression de voir deux grands yeux cernés au milieu d'une mer d'horreur. Asgeir a sans doute plus pitié de moi qu'envie de me frapper, mais le seul en qui j'ai envie d'avoir confiance, c'est Marius. J'ai l'impression de lui faire un cadeau vraiment unique comme ça. Je secoue la tête, mes idées sont vraiment trop bizarres.
Asgeir se met à tailler le bois devant moi. Ça m'émerveille, mais je n'arrive pas à être totalement détendu. Je le regarde avidement pourtant, pour essayer d'apprendre, et puis parce que... c'est beau. Ça me fascine. Même si Asgeir n'est pas très beau, il le devient à l'instant, je sais pas, parce qu'il créer quelque chose, l'image d'Epinal quoi. Le bois entre ses doigts, c'est les mains d'un travailleur qu'il a. J'aimerais bien les toucher, sentir les cals qu'il a, et puis trouver par quelle magie il faisait des si jolies choses, avait des gestes si habiles, c'était peut être écrit dessus. Mon père avait des mains comme ça aussi, avec des poils sur les phalanges et tout. D'ailleurs, quand Asgeir fait une pause à un moment pour considérer sa figurine, je ne résiste pas, je lui prends une main doucement pour la voir de plus près. J'écarte les doigts délicatement pour examiner sa paume. Elle est un peu sale, mais elle colle bien à un gars qui taille du bois. J'veux dire, c'est un bon outil, c'est respectable. Je voulais voir la magie qui lui permettait de faire de si jolies choses avec ses doigts, mais il n'y en avait pas. Juste une main. Elle aurait mérité un bisou, mais je crois pas qu'Asgeir aurait apprécié. Je l'ai retourné pour en voir le dos, si jamais le mystère se cachait dessous, mais j'ai pas trouvé. Je lui ai rendu sa main et j'ai écrit.
« Tu peux continuer à sculpter s'il te plaît ? Je trouve ça magique ! Je peux rester regarder ? S'il te plaît ! Je dérangerais pas du tout ! Désolé t'avoir pris ta main, je voulais voir si elle était magique aussi, mais elle est juste jolie. Elle me fait penser aux mains de mon papa. »
Je lui ai tendu mon ardoise et ensuite j'ai observé plus attentivement ce qu'il sculptait. Ça ressemblait à un animal. Un chien ? Il allait faire un chien aussi ? Peut être Mais Dors ?! J'ai gratouillé derrière les oreilles de l'intéressée, si elle savait la chance qu'elle avait ! |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Ven 22 Juil - 10:35 | |
| Tu haussas un simple sourcil, lorsque Mist prit ta main pour l'examiner, l'autre se baissa avec le couteau pour éviter de le blesser, tu grimaças un peu. Ça faisait longtemps que tu n'avais pas eu un simple contact humain, enfin de la sorte, ou même d'autre sorte, tu vivais un peu dans ton monde, et dans tes souvenirs. Tu l'observas examiner ta main, curieux de voir ce qu'il pouvait y avoir dessous, mis à part des cicatrices dues à la prison, et au travail, il y avait peu de choses, c'était juste une main de travailleur, qui ne connaissait rien d'autre que son travail. Mist y montra pourtant un vif intérêt, comme si te toucher éveillait en lui un souvenir doux, ou simplement de la curiosité un peu enfantine, tu le laissas faire sans broncher, la tourner, et la retourner notamment. Sa main à lui aussi, elle n'était pas en bon état, c'était une main d'un jeune adulte qui n'avait rien connu de bon dans sa vie, même s'il te paraissait moins fatigué ou sale que la première fois que tu l'avais vu.
Quelqu'un avait sans doute pris pitié de lui, et s'en occupait, tant mieux, ce gamin pourrait recevoir un peu de chaleur humaine, ça ne lui ferait pas trop de mal. Tu haussas les épaules en lisant ce qu'il avait marqué sur son ardoise, ta main... avoir quelque chose de magique ? C'était bizarre ça, enfin selon toi. C'était juste... une main... une main qui avait eu la chance de toucher le corps d'une femme, autrefois, une femme qui ne s'était jamais trouvée écoeurée par une telle horreur. Et enfin, Mist te lâcha cette main, et tu repris la petite statue du chien, alors qu'il passa ses doigts derrière l'oreille de Mais Dors. Parfois, tu t'arrêtais effectivement, fixant la chienne du gamin, et tu reprenais toujours dans le silence, les copeaux de bois tombaient tout autour, et ton couteau se plantait encore et encore dans l'écorce, et souvent, tu percevais la voix de cette souffrance te déchirer les tympans avec hargne, tu en frémissais aussi.
C'était terrible d'être conscient de blesser encore, et encore, et encore quelque chose pour construire une autre. Le bois appelait ton aide, et toi, tu venais lui offrir une douleur ; la lame du couteau formait, tuait, et glissait sur le bois, doucement, parfois violèrent, mais venir au monde, devenir quelque chose ne se faisait jamais sans douleur. Tes doigts se resserrent sur le couteau, et tu taillas enfin une première oreille, souvent, tu le faisais vite, parfois tu le faisais plus lentement, tout dépendait de la difficulté qui venait à toi. Ton visage se crispa, lorsque tu tournas la figurine en devenir pour planter dans la face de la chienne de bois un oeil, tu serras les dents, imaginant ce qui se serait passé, si jamais l'Inquistion était venu jusqu'à prendre une lame chauffée à blanc pour te la planter dans l'orbite. Tu avais échappé à ceci, mais pas encore au reste, tu tremblas un peu, et finalement, tu gravas l'oeil dans le bois.
Un oeil rond que tu essayas de travailler un minimum, il était rare lorsque tu mettais de la peinture sur tes sculptures, en fait... tu ne le faisais jamais. Tu n'aimais pas ajouter de la couleur sans doute, tu trouvais que le bois n'en avait pas besoin, il s'exprimait seulement dans toute sa simplicité, et c'était ainsi que tu le trouvais beau. Tu retournas la figurine en devenir entre tes doigts, et tu t'attelas à faire la queue, un peu touffue d'ailleurs, elle semblait essayer de lutter contre sa paralysie pour battre dans les airs, la chienne en bois paraissait contente, sans doute moins paisible que celle prés du vagabond. Tu passas ton doigt sur l'échine du chien, et tu plantas ensuite ton couteau vers le bas pour faire apparaître au bout d'un moment une patte, puis une autre, encore une, et enfin une dernière.
La première était relevée, comme si le chien essayait d'imiter la marche des hommes. Tu te crispas un peu, puis tu rapprochas la lame de ton visage avec la sculpture, encore plusieurs coups de couteau, encore des froncements de sourcils, et la chienne termina de prendre naissance entre tes doigts. Tu glissas encore le bout de ton doigt sur le dos de la bête en bois, tu l'observas encore, et donnant un dernier coup de couteau, tu fronças les sourcils, et haussant les épaules, tu la trouvas assez ressemblante avec l'originale qui ne paraissait pas prendre la moindre considération pour la sculpture d'elle-même. Et enfin, tu las posas devant Mist pour dire de ta grosse voix grave :
— Voilà, c'est pour toi.
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Lun 25 Juil - 12:15 | |
| Il grimaça en sculptant les yeux du chien, ce qui m'interpela parce que ma hantise c'était de perdre les miens. C'est un peu comme les mecs qui grimacent quand ils voient quelqu'un se faire latter les couilles, moi c'est pour les yeux. Voir un aveugle me déprime pire que de voir un mort. C'est mon seul sens vraiment valide et utile après tout. Je me suis frotté les yeux pour m'assurer machinalement qu'ils étaient toujours là. Bon, les deux sont bien en place et ne font pas mal, c'est parfait.
Asgeir n'avait pas l'air heureux de sculpter – preuve en est de la grimace – je ne comprenais pas pourquoi. Il le fait tout de même non ? Pourquoi il fait la gueule ? Je ferais des choses aussi jolies, je serais très heureux à en sourire béatement devant. Je regardais autour, ce qui était exposé en bois, c'était principalement de grandes choses, comme des portes et des fenêtres, mais il y avait aussi quelques jouets pour enfant, comme des princesses, des chevaux qui sourient – qui préparent un sale coup, donc. Rien ne m'évoquait la souffrance qu'exprimait Asgeir. J'aurais compris si il y avait eu par exemple un objet de torture quelconque. En existe-t-il en bois ? Je ne m'en souviens pas, mais il faut dire que ça ne coupe pas bien, le bois. Enfin même si Émile est du genre boucher, il paraît qu'il y a des mécanismes plus subtil, comme la poire d'angoisse – ça porte bien son nom – ou la verge de fer. Je connais ces choses, parce que forcément entre terroriste ce genre d'info circule et ça reste une menace au dessus de nos têtes. Qui dit que demain je ne serais pas dans une vierge de fer ? Le poids de la mise en scène est importante, je suppose que ce n'est pas plus horrible que de finir brulé vif en place publique, mais avoue que se faire transpercer de toute part ça impression. J'imagine Émile pousser sur la porte pour la fermer, le voir à travers le trou pour les yeux tandis que les pointes me transpercent peu à peu le corps et que je vois la mort et la douleur arriver tandis qu'Emile appuie de plus en plus fort, mais pas trop vite pour me laisser tout goûter... la sueur me coule dans le dos, bouillante, j'ai l'air angoissé cette rêverie a trop le goût du vrai pour que je ne sois pas heurté par elle. Et peut être que Asgeir est allé en prison aussi. Ça serait probable, vu la croix qu'il a sur le front et tout, c'est pas l'œuvre des bonnes sœurs c'est sûr. Je remonte mes genoux contre ma poitrine et les serre entre mes bras. C'est peut être mon destin aussi, d'être blasé comme ça, je suis marqué à vie et je le sais.
Asgeir me donne le chien en disant que c'est pour moi, finalement. Je le prends et le tourne dans tous les sens pour voir tous les détails. On dirait que la sculpture était cachée dans le bois et en est sorti tout naturellement. C'est très joli, je souris. Je la montre à la chienne en lui écrivant que c'est bien plus joli que l'original mais elle se contente de renifler vaguement la sculpture et de reposer sa grosse tête sur ma jambe. Je me rappelle à temps de mes quelques notions de politesse qui sont partis bien loin en arrière.
« Merci beaucoup. »
Puis je retourne à ma contemplation avant de la poser à coté de l'autre chien en bois bien moins joli. C'est une drôle de procédure d'échange, mais ça me convient bien. J'imagine un monde parallèle où je peux être l'apprenti de quelqu'un et apprendre un métier, ne jamais devenir terroriste. Ça me paraît un peu vain et je n'aurais jamais rencontré Marius mais... ça aurait pu être agréable aussi. Puis je pose la question qui me brûle même si elle peut faire mal.
« Vous êtes allé en prison ? Moi j'y suis allé deux fois. »
Peut être qu'il a été terroriste et qu'il voudra nous rejoindre ? Je suis un peu naïf, je sais, je ne me doute pas que dans les prisons impériales il y a autant d'innocents que de coupables. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Mar 26 Juil - 11:00 | |
| Un haussement de sourcil fut ta réaction face aux remerciements que Mist alla écrire sur son ardoise, le gamin te faisait de la peine. Sa maigreur, ses os fins, son visage creusé par la fatigue, frappé partout par la maltraitante, ça te faisait de la peine. Tu remarquais juste qu'il avait des vêtements plus propres que ceux qu'il avait portés, lorsque tu l'avais rencontré pour la première fois. Cependant, ça ne changeait rien au fait que tu voyais un pauvre gosse arrivant sans doute à ton ventre, persécuté par une société qui ne voulait pas de faibles. Tu pouvais comprendre ses douleurs, car tu les avais toi-même vécus, celle de se sentir diminué face à des gens grands et forts, gonflant la poitrine par simple caprice, et croyant que le monde leur appartenait. Tu grattas l'arrière de ton crâne, et remuant encore tes épaules lourdes de souffrances, tu observais ses traits irréguliers qu'on aurait taillés aux coups de couteau. Et tu regardas le chien en bois né de tes mains, tu fronças les sourcils, en imaginant que tu aurais pu faire une chose si terrible sur la face de ce gosse.
Les blessures que Mist se coltinait, ta main aurait pu les faire dans un geste maladroit, et en plus d'être une larve, tu aurais été celui qui aurait pu blesser ce gosse. Tu fronças encore les sourcils, et remuant la tête pour ramener ta chevelure brune sur ton visage, tu fixas longuement sa chienne qui la tête appuyée sur sa jambe, semblait dormir calmement, comme si de rien n'était. Tu te demandas alors ce qu'il faisait, ou s'il y avait quelqu'un pour s'occuper de lui ; il semblait moins malade qu'avant, et moins malheureux aussi. Et il te posa une question qui te figea un moment. Les yeux écarquillé, l'air ahuri, tu fixas Mist sans rien dire, sans trouver quoi dire, tes lèvres remirent, mais aucun son ne s'échappa de ta gorge. Tu restas un moment bête, comme si le temps venait de s'arrêter dans ton monde, et tremblant, soudain nerveux, tu voulus lui dire que nom, mais... c'était impossible de nier une chose qui était inscrite avec tant de véhémences dans ta chair. Sur ton front, on pouvait lire : « Je suis un ancien prisonnier, un chien haï par l'Église. » Et tournant la tête vers la fenêtre brisée, tu espéras voir une silhouette pénétrer ton antre, cependant, personne ne vint te voir. Il y avait juste cette question qui te comprima le corps d'angoisse.
— Je...
Tu haussas ensuite les épaules, à quoi bon mentir à cette pauvre petite chose ? Tu grimaças en te souvenant qu'il avait aussi précisé qu'il y avait été deux fois, alors le Prêtre avait eu raison ? Ou bien ses deux séjours étaient la cause de ses vols ? Après tout, il était petit et agile, dérober un morceau de pain devait être dans ses habitudes. Tu poussas un soupir à fendre l'âme, et passant ta main dans ta chevelure emmêlée, tu fis :
— Oui... j'ai été enfermé durant quinze par l'Inquisition pour avoir soigné un terroriste.
Nouveau soupir, et tu te fermas aussitôt comme une huître. Tu avais dit tout ce qu'il y avait à savoir, et tu n'avais pas envie de t'étaler dessus, tu avais trop parlé, ta gorge était sèche. Tu avais envie de boire pour oublier à quel point ça te brûlait, tu avais envie de partir de cet endroit, et oublier ce gamin qui venait de faire remonter à la surface un souvenir douloureux. Ton corps entier tremblait, appelé par la souffrance, et remuant encore la tête, tu le fixas longuement sans nulle autre expression que celle d'un mort. Ton regard était toujours aussi vide d'expression, comme si on avait éteint la flamme de la vie qui autrefois, l'avait allumé. Et jamais elle ne renaissait de ses cendres, tes yeux restaient ceux d'un fantôme qui vivait avec ses fantômes. Tu ne bougeas pas plus, le dos rond, les mains jointes, tu le regardais, et sentant que la conversation risquait de te prendre comme sujet, tu demandas à ton tour :
— Et toi ? As-tu quelqu'un qui s'occupe de toi ?
Voilà. Lui poser une question qui ne te concernait pas, mais qui le concernait lui, un leurre pour le distraire de toutes tes cicatrices, pas si différentes que les siennes. Et puis, ce n'était qu'une simple supposition, tu te demandais juste comment il avait fait pour se coller ce truc en métal sur son épaule. Ça ressemblait pour toi vaguement à une main, et il s'en servait comme telle. Ca te faisait bizarre, un truc pareil, et tu demandas d'ailleurs si un truc de bois n'aurait été pas mieux, tu n'aimais pas tellement la science. De toute façon, tu n'aimais pas grand-chose.
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Ven 29 Juil - 8:40 | |
| Quinze ans ?! Je hochais gravement la tête, ne sachant pas trop quoi répondre. Je me sens presque petit joueur à coté de ça. Comment peut on survivre quinze ans en prison ? Tu m'étonnes qu'il boite ! Je ne peux même pas me représenter, quinze ans quand t'en as vingt, c'est l'infini. Avant que je pose la question, c'était une simple éventualité qu'il soit allé en prison, je le regarde trembler un peu, mais toujours inexpressif. J'ai l'impression de toucher du bout du doigt un abîme, et si soudain il explosait ? J'imagine la Capitale engloutie sous un genre de... vague, c'est cette image qui me vient en tête quand je vois Asgeir frôler un brusque retour des souvenirs. On dirait qu'il n'a pas beaucoup d'émotion sur sa gamme, mais je suppose qu'il n'a le choix qu'entre la muraille et... la grosse vague. Je n'ai jamais vu la mer, seulement une intérieure quand on a voulu m'emmener je ne sais où en bateau. On est entouré de flotte et de flotte, je trouve ça terrifiant, et les réactions que peut contenir Asgeir aussi. Ça serait grand et potentiellement mortel. On m'a raconté une fois pour les vagues, j'imagine un tas de flotte de la taille d'une maison s'élever vers le ciel et s'écraser sur le sable, les côtes ça doit être l'apocalypse. Je ne veux jamais aller à la plage !
Je regarde Asgeir, méfiant, tous les muscles tendus et prêt à bondir vers la porte. Il semblait mort avec ses yeux, mais son corps tremblait un peu pour contredire cette impression. Il n'étais pas avec moi en tous cas, peut être luttait il contre une brutale remontée des souvenirs. J'avais jamais lutté moi, je vivais avec, quelque fois tellement près que j'avais envie de me frapper la tête contre les murs pour tout arrêter. Ça serait comme avoir quelque chose de très avarié dans l'estomac, l'odeur te remonterait par la bouche, faisant vomir les autres gens et les éloignant de toi, et toi aussi tu peux juste supporter l'odeur sans rien pouvoir faire, en sentant les asticots s'agiter dans ton bide. Une bonne grosse odeur de merde tout autour de toi. Marius non plus ne supportait pas ! Il culpabilisait lui.
Asgeir se reprit et détourna la conversation, à mon plus grand soulagement. Que j'étais con d'avoir posé la question ! Faut il être bête ! Ça se demande pas comme de passer le sel putain ! J'me serais mordu tiens. Il me demandait si il y avait quelqu'un qui s'occupait de moi. Je me suis brièvement regardé – spectacle peu joyeux – pour trouver ce qui lui avait donné l'indice que oui. J'avais de meilleurs vêtements déjà, et je dormais dans un lit, ça pouvait te changer un homme, même avec des vers. Je regardais le chien sculpté d'un air torve en réfléchissant à ce que je pouvais répondre, dans le sens où je ne pouvais pas dire n'importe quoi à propos de Marius. Son nom par exemple.
« Oui. Il est gentil, il me donne à manger et un toit, et puis un bras aussi, mais il y a des choses compliquées qui ne se posaient pas avant. Quand il me regarde il voit les cicatrices, et ça le blesse, et par ricochet ça me blesse aussi. C'est complètement con ! »
Je pousse l'ardoise dans sa direction et j'attends, j'ai remarqué qu'il ne lisait pas très vite, du genre à être perdu sans son index. C'est déjà exceptionnel qu'il connaisse un peu ses lettres, je vais pas pleurer. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
♦ Sexe : ♦ Influence : 193 ♦ Messages : 151 ♦ Âge du perso' : 46 ♦ Fiche : Un homme fait de sève et d'écorce. ♦ Protecteur : Une planche de bois. ♦ Date d'inscription : 30/01/2011 ♦ Age : 32
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Dim 31 Juil - 7:52 | |
| Que te restait-il de la prison ? Peu de choses, voir rien, cet endroit qui n'était que misère humaine, et visage cruel de l'autorité t'avait dépouillé de tout ; on t'avait arraché ta dignité, on t'avait privé du droit d'être père, et tu avais dû faire ton deuil enfermé entre quatre murs, prés de tes propres excréments, et entendant juste les cris de douleurs des autres prisonniers. Un cri qui courait jusqu'à toi pour s'enfoncer dans ta chair, et pénétrer ton coeur avec l'effroi, et une seule question : « Que va-t-il se passer ensuite ? », la prison ne t'avait laissé qu'un grand vide. Tu ne ressemblais plus à rien, Asgeir, ton corps entier était une insulte à la beauté, ton visage était celui d'un monstre de souffrance. Heureusement pour toi, tu n'avais jamais la moindre considération pour ton reflet dans un miroir, mais malheureusement pour toi, tu n'étais pas aveugle, tu t'étais simplement coupé du monde pour ne plus... plus quoi ?
Ressentir des émotions, sans doute, et tu vivais dans tes souvenirs, victime de ta propre faiblesse, tu voyais les fantômes courir sans cesse autour de toi. Lorsque tu posas tes yeux sur la chienne du gamin, tu songeas ce qu'il aurait pu se passer, si jamais ta fille avait grandi, et t'avait demandé un chien. Tu lui en aurais sans doute offert un, évidemment puisque le bonheur de ta fille et de ta femme était le tien, et tu aurais souri en la voyant jouer avec la bête. Et peu à peu, la silhouette de cette jeune femme à la chevelure rousse et au regard sombre que tu avais croisé dans ta province natale, cette belle jeune femme qui derrière son air d'oie blanche cachait un caractère bien trempé, elle t'apparut l'espace d'un instant à la place de Mist. Et le voile de la réalité se déchira un peu plus... tu levas ta main vers le terroriste, sans comprendre que tu étais de nouveau pris dans une hallucination, tu pensas durant un instant que tu voyais ta fille te parler, sans faire attention à l'ardoise.
C'était ridicule, hein ? Toi-même tu étais ridicule, et pourtant, tu approchas ta main et lorsque tes doigts effleurèrent son bras de métal, tu la laissas retomber au sol. Sans la moindre expression sur le visage, tu poussas un léger soupir, que te prenait-il encore ? Pourquoi la mine mutine d'Eldrid avait remplacé ce jeune homme qui tenait plus du sac d'os que de l'être humain ? Tu joins les mains, et tu mis autant de temps que la première fois pour lire ce que le sourd-muet venait d'écrire sur son ardoise, tu levas un sourcil, ressentant un peu d'amertume dans ses paroles, tu réfléchis à son problème comme si c'était le tien. Tu levas la tête vers le plafond, distraitement, tu grattas une cicatrice située dans ton cou, et elle le rendait presque informe, puis au bout d'un moment, tu posas tes yeux sur le jeune homme et tu répondis :
— Hum... c'est parce qu'il t'aime beaucoup, énormément que ça le blesse. Tu préférerais qu'il te regarde avec indifférence ?
Tu ne sus pas si tes derniers mots étaient bons ou nons, tu avais juste eu l'impression d'avoir prononcé ce « avec indifférence » de façon trop cruelle. En même temps, tu exprimais simplement ton point de vue, celui d'un homme de quarante-six ans savant tout juste lire, et qui avait aimé... une femme, sa fille, au point de ne pas avoir eu l'intelligence de les protéger. Le souvenir de ce gamin blessé, poisseux de sang, gémissant te hantait, mais pas parce que tu l'avais sauvé de l'Inquisition : mais surtout parce qu'à cause de ta générosité, tu avais abandonné ta femme, et qu'elle avait été tuée par un autre terroriste. Enfin... que faisais-tu de ta vie, Asgeir ? Mis à part ressasser encore et encore le passé, cherchant dans tes souvenirs le bonheur que tu avais possédé pendant quelques années. On dit que c'est lorsque l'on perd ce qu'on aime qu'on se rend compte à quel point on y était attaché... était-ce seulement vrai pour toi ? Tu savais que ta famille avait été la chose la plus précieuse que tu avais eue au monde ? Le temps passait, et depuis ta sortie de cet endroit, tes journées se ressemblaient toutes, il y avait seulement la Comtesse qui à un moment était venue apporter un peu de vie ici. Et elle t'avait quitté sans que tu ne ressentes le moindre remords, ou regret, coucher avec une femme qu'on n'aimait pas, ça avait été le comble de l'ennui.
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| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Jeu 1 Sep - 20:53 | |
| Asgeir tendit ses doigts vers moi.
Il me regardait avec une expression étrange sur la figure, un genre d'extase peut être ? Ou de l'attendrissement. Ça ne pouvait pas m'être destiné, c'était hors contexte. Je reculai en poussant avec mes pieds, mais butai sur une chaise dans mon dos. Je regardai la main qui s'avançait, s'avançait... Asgeir avait une bien meilleure allonge que moi, avec ses deux mètres et ses mains de la taille de ma tête. Je ne veux pas qu'il me touche ! Y a que Marius qui a le droit ! … et Magdra aussi, même si je suis pas tellement d'accord en général, mais elle ne me laisse pas le choix. Surtout pour me soigner, elle fait exprès de tripoter là où justement ça fait mal ! Pourquoi elle tripote pas à coté hein ? De toute façon, quand les gens ils te touchent, c'est toujours pour te faire mal. Ça a été assez rare qu'un contact avec un de mes contemporains ne se soit pas soldé par un coup. C'est pour ça que j'essaye d'esquiver les doigts tendus. C'est une peur irrationnelle qui me prend, ces doigts sur moi, ça ne peut être que pour me faire du mal. Les hordes hurlantes de la paranoïa défilent sur le champ de ruine qu'est mon esprit et piétinent le peu de raison qu'il y reste. Je campe solidement sur mes pieds pour me reculer le plus possible, malgré l'évidence : je ne peux pas, y a comme un truc solide derrière.
Ce contact est incompréhensible, ma détresse est évidente, et portant il tend la main, pour me toucher pour... je ne sais quelle raison. Et je ne préférais pas regarder son visage, dont l'expression était tout simplement horrible. Tu as connu Asgeir indifférent, Asgeir froid, Asgeir qui s'en fout, que dirais tu de Asgeir la mine pleine d'espoir à l'expression intense ? Et pourquoi en me regardant moi ?! En plus il me regarde pas vraiment dans les yeux, plutôt un peu à coté, et c'est encore plus crispant. Et cette main qui se tend vers moi...
Les doigts effleurent ma prothèse, et la douleur fleurit au contact. J'ai envie de hurler, mais je me contente de hoqueter, faute de cordes vocales. Je n'aurais pas réagi différemment si il m'avait baissé le pantalon pour me tripoter. Je n'ai pas regardé son visage, j'ai regardé sa main, posée près de mon bras comme si c'était normal. J'avais le cœur qui battait la chamade et la respiration rapide, et surtout... j'avais mal à un endroit qui n'existait plus. Ça me brûlait, j'y portais la main, c'était comme si mon bras avait décidé tout seul que Asgeir lui avait fait mal. Je repliais ma prothèse contre ma poitrine, qu'il avait touché, et mon bras – pas la prothèse, mon putain de bras – était en feu. J'avais la mine crispée de qui souffre beaucoup.
Je n'ai donc pas suivi ce que Asgeir m'a dit, mais dès lors que la vague de douleur cessa de m'aveugler, j'ai mis un violent coup de pied vivifié par la douleur dans cette main qui m'avait touché le bras par surprise pour une raison totalement inexplicable. J'ai. Frappé. Quelqu'un.
Ouais voilà, je me suis défendu contre quelque chose, pour une fois. J'y ai mis un coup de pied, tout plein de terreur et de douleur, et même un second pour être sûr que ce qui me faisait peur – qui n'était pas Asgeir, en fait – soit hors d'état de nuire. J'ai commencé à ramper par très très pitoyablement, parce que mon bras gauche me faisait très mal. Imagine d'essayer de sortir de quelque part quand ton bras est en feu. C'est dur hein ? Bah t'as un peu l'idée. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Dim 25 Sep - 10:43 | |
| Ta seule réaction face à la peur de Mist ? Un froncement de sourcil, tu avais perdu toute forme d'expression depuis la mort d'Iseult. Tu ressentis certes la douleur sur ta main, lorsque le gamin te frappa deux fois d'affilées. Tu ne bougeas pas plus, et tu le regardas avec tes sourcils froncés, le visage fatigué, et la lassitude dans tout le corps. Tu le fixas sans rien dire, sans penser non plus, ta réaction se limitait à ce froncement de sourcils surpris, sans plus d'expression. Tu ouvris la bouche comme pour parler et rassurer ce gamin, mais pas le moindre mot ne vint franchir tes lèvres. Bien au contraire, ta voix fut le silence, et ta douleur fut muette. Mist t'avait frappé, tu ne comprenais pas la raison de cet acte, tu vis juste un môme tremblant de peur, souffrant pour une douleur fantôme que tu pouvais à peine envisager.
Tu ne lui reprochas rien, tu ne ressentis ni de la colère ni de la compassion, seulement de l'indifférence. Tu fermas les yeux, et serrant les dents, tu posas ta main sur la chaise prés de toi, tu émis un grognement à peine audible, et crispé, tu te levas avec lenteur et douleur. C'était à chaque fois la même chose, tu n'avais pas pensé aux conséquences de t'asseoir en face de ce gamin, Asgeir... pourquoi n'avais-tu pas songé au mal que tu aurais à te relever, lorsque tu avais fait cette bêtise ? Sombre idiot, ta jambe te lançait, elle te piquait et tu grinças des dents, tant la souffrance venait te l'engourdir. La chaise craqua sous le poids que tu avais jeté sur elle. Elle craqua et l'espace d'une seconde, tu crus qu'elle allait se briser sous toi.
Enfin, comme un géant de pierre, avec la même lenteur, tu parvins à redevenir un homme. Ta haute silhouette cachait la lumière, tu ne la laissais même pas passer derrière toi, toi et tes deux-mètres dix, toi et ta centaine de kilos, toi et ta jambe malade que parfois, tu aurais voulu couper. La douleur était toujours présente, et quand tu redevins le géant, l'Homme-Arbre comme les habitants d'Ishtar t'avait nommé, tu l'oublias. Quinze ans de prison... quinze ans de souffrance, ça finit par devenir une seconde peau, et parfois, tu croyais ne plus la ressentir, la douleur à ta jambe. Elle était là depuis un bon nombre d'années, jamais soignée, jamais guérie, et tu en étais au point où tu ne la sentais parfois plus. Tu oubliais son existence, comme tu oubliais que ta vie de vieux garçon était vide. Sans ta femme, sans ta fille, rien ne servait de vivre. Refaire ta vie ? Coucher avec une femme ? Tu n'y pensais plus. Iseult avait été la seule que tu avais aimée, et malgré la Mort qui vous séparait, tu l'aimais encore, comme au premier jour. C'était pitoyable, c'était niais, et ça n'avait aucun romantisme. L'amour était quelque chose de creux, quand l'autre n'était plus là.
Mist... tu te tournas vers lui, et tu lui offris un autre regard vide, toujours sans vie. Que faire de ce môme qui t'avait offert une petite statue de chien pour te remercier de ton hospitalité ? Ce gamin qui venait de te frapper, comme un chien qu'on aurait maltraité, agissant par la peur, et qui avait attaqué la seule personne au monde qui malgré sa force, ne ferait jamais de mal à quelqu'un. Bon... la blessure que tu avais au ventre était bien là, rappelant que ivre, tu avais attaqué un simplet qui avait voulu écarter les jambes d'une pauvre fille, mais tu n'étais pas violent. Tu ne pensais pas quelque chose comme : « je ne veux pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu'on me fît », ou en songeant que la prison était une grotte de souffrance, gouvernée par des pervers et des sadiques.
C'était tout bonnement pas dans ta nature d'attaquer quelqu'un, même adolescent, tu n'avais jamais songé de faire du mal. Pourtant, parfois, tu avais été jaloux de Tristan, ce beau jeune homme qui lui aussi avait été amoureux d'Iseult. Malgré tout, malgré son argent, malgré son beau visage, ce n'était pas lui qu'elle avait aimé et choisi, c'était toi. Si tu avais été un Garde Impérial, tu aurais été ce genre de soldat qui impose le respect, de par ta taille et de la force qu'on pouvait lire à travers tes muscles, mais ça serait sans le vouloir. Lentement... tu te retournas, et sans regarder Mist, tu boitas jusqu'à l'arrière-boutique, oubliant même que ce gamin était là, tu cherchas d'une main lasse un parchemin et un crayon. Levant le regard vers le plafond, tu écrivis quelque chose, et tout doucement, comme si rien ne s'était passé, tu repris le travail. C'était comme si Mist n'avait pas mis les pieds une seule fois dans ton atelier. |
| | | Mist Á mon cerveau regretté
♦ Sexe : ♦ Influence : 405 ♦ Messages : 651 ♦ Âge du perso' : 20 ♦ Fiche : Un gros Poney. ♦ Date d'inscription : 03/05/2010 ♦ Age : 32
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Dim 25 Sep - 14:50 | |
| Je me faufilai sous la table avec la débauche de ridicule qui me caractérise, tandis que Asgeir se dirigeait à pas pesant vers sa cuisine après s'être relevé au prix de mille douleurs. Je n'étais pas mort, à aucun moment il ne m'avait fait mal, et pourtant je me faufilais en me disant « ouh là là qu'est ce que je vais manger quand il va me mettre la main dessus ! » en boucle. Ce type était fondamentalement gentil, et j'arrivais pas à m'en remettre. Les types gentils, ça n'existait pas chez moi. Même Marius était gentil sous conditions, alors qu'un mec retourne comme un boeuf dans son arrière-boutique alors que je l'avais frappé... impensable. Je me suis donc roulé en boule sur ma douleur sous la table en attendant passivement qu'il me tue à coup de pied. Bah il s'est rien passé, la souffrance s'est calmée et j'avais l'air con. Pour changer.
Je me suis lentement déplié tandis que Mais Dors me léchait vigoureusement le visage, et à plat ventre j'ai regardé minutieusement autour de moi à la recherche du type furieux parti cherché un pied de biche pour me savater la gueule. Que dalle. Je préférais dans le doute rester sous la table, si jamais il revenait. La table offrait une relative protection, avec sa jambe il pourrait pas se pencher bien vite vers moi pour me sortir de là par la peau du coup, j'aurais le temps de... je sais pas, bien voir ma mort arriver, sans doute. Peut être qu'il attend que je sorte pour me frapper... ? En tous cas, c'est sûr, dès que je vais quitter le dessous de la table, les feux de l'enfer vont me tomber dessus. Il faut pas, bouger, surtout paaaas bouger.
Un long temps s'écoula, même ma tremblotte pleine de terreur finit par se calmer parce que c'est fatigant à la fin, et je me contentai de surveiller qu'Asgeir vienne pas me frapper. J'ai failli m'endormir plusieurs fois. Cette attente présageait une punition des plus terribles, en effet, j'avais appris qu'en prison, les moments où on te laissait seul servait à angoisser à propos du moment où les douleurs viendraient à nouveau. Puis pourquoi il me frapperait pas ? Je lui avait donné des coups de pied dans la main ! Quel gland j'étais, il m'avait rien fait du tout ! Mais pourquoi il m'avait touché avec cet air là ? J'aurais jamais l'occasion de lui poser la question... paralysé de trouille, j'en oubliais d'être rationnel. J'avais dix fois le temps de courir à la porte d'entrée avant que Asgeir arrive seulement dans la pièce, si jamais il lui prenait la fantaisie de me tuer.
Je vis des jambes devant moi. C'était pas celles d'Asgeir. En avançant un peu, je vis le visage du type.
- Youhou ? Y a quelqu'un ? J'avais commandé une porte pour aujourd'hui ! C'est monsieur Xy ! De la boulangerie !
Je me recule sous la table. Il faut pas que ce type me voit ! Parce que... euh... j'le connais pas ! Les types que j'connais pas, ils me frappent tout le temps. Ce que je connais aussi d'ailleurs, mais j'peux déjà faire un peu le tri. J'ai mis mes mains sur ma bouche pour pas qu'on entende que je respire, parce qu'il paraît que ça fait du bruit, de respirer. Reculer sous une table en rampant aussi, mais ça j'le sais pas. Dans tous les cas, le mec a pas fait mine de savoir que j'étais là, je vois que ses jambes qui bougent pas. Mais Dors va le voir, évidemment, c'est une pute, elle aime que tout le monde la caresse. Et moi, comme je suis pas une pute et bah je compte bien rester sous la table jusqu'à crever de déshydratation. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Jeu 29 Sep - 8:50 | |
| Et tu n'avais pas la moindre intention de déverser ta colère sur Mist, puisque tu n'étais tout bonnement pas en colère. Tu ressentais juste un grand vice, cet habituel sentiment de vide qui alourdissait chacun de tes pas, tu ne comprenais pas cet enfant et ses réactions. Tu avais entrevoir la peur dans le regard du gamin, rien d'autre, et l'expression farouche de se défendre du mal que tu aurais pu être. Pourtant, Asgeir, tu n'avais rien de mal, tu étais toi, l'abruti. L'imbécile grand homme qui ne connaissait pas la méchanceté, tu étais une perle à Ishtar, une perle d'idiotie, c'était rare ici. Tu étais trop con pour songer à frapper un gamin qui avait eu peur de toi, tu étais trop con pour te baisser avec douleur et saisir ce gamin par les cheveux pour le plaquer contre la table. Chose difficile, car tu étais bien capable de le tuer, même sans le vouloir.
Ta main était capable de briser la nuque d'un boeuf, et tu étais incapable de te baisser, toi, pour le faire sortir de sous la table. Enfin pour ça, il aurait fallu que tu saches qu'il se trouvait sous ta table, tu ne l'avais pas remarqué se faufiler et se cacher, tremblant. Tu haussas les sourcils quand une voix vint faire trembler les murs de ton atelier, et lentement, tu te tournas vers l'homme. Tu reconnus ce visage mat, ces cheveux noirs et ses yeux bridés qui te regardèrent, une lueur craintive dansant dans leur noirceur. Tu approuvas d'un signe de tête, et sans lui dire bonjour, tu lui fis signe d'attendre. Tu passas une main pleine de cicatrices sur ta nuque tout aussi pleine de cicatrices, et boîtant jusqu'au fond de l'arrière-boutique, marchant sur un nid de cafards et de poussières, tu posas tes grandes mains sur la porte que tu lui avais bâtie. Il sembla être occupé par la chienne, et tu compris que Mist devait être toujours dans le coin, tu caressas le bois de tes paumes et en fermant les yeux, tu soulevas la porte. Un exercice qui autrefois ne t'aurait jamais donné autant de douleur, mais contractant simplement tes muscles, tu sentit ton dos hurler de souffrance.
Saleté de dos, et te retournant, tu te rendis vers Xy. L'homme écarquilla les yeux, stupéfaits par tant de force, et ta taille... il n'avait pas dû avoir le souvenir de tes deux-mètres dix. Tu approuvas lourdement quand d'une voix tremblante, il te rappela le prix. Effrayé, il fouilla dans sa poche et laissa tomber sur la table quelques pièces, on aurait dit un avorton à côté de toi. Il alla prendre non sans crainte la porte, mais ses doigts tremblement, son visage las te fit comprendre qu'il n'aurait jamais la force de la transporter chez lui. Et comme ta joueuse devait trouver une occasion de quitter ton atelier, tu dus donc laisser Mist seul dans cet endroit délabré. Tu approuvas d'un signe de tête fatigué, et il alla ouvrir la porte de ton atelier. À ta grande surprise, la chienne n'alla pas le suivre, et elle fila directement sous la table. Tu fronças les sourcils sans te rendre compte que Mist était toujours planqué dessous, et tandis que Xy avançait, tu gardas la porte contre ton dos et tu refermas celle de ton atelier.
Dehors, tout hurlait, dehors, la vie reprenait, et se détachait de ce lieu misérable pour hurler encore et encore. Tu la voyais la vie, courir, vive et fragile devant tes yeux lassés de tout. Tu l'entendais rire, tu la percevais pleurer, et tu l'écoutais languir de sa douce compagne, la Mort. Pourtant la vie, elle souffrait beaucoup, parfois elle était heureuse, mais jamais elle ne restait plate et unie. C'était une explosion de douleur, c'était un néant d'amertume dans laquelle tu avais plongé tes mains. La vie c'était une imbécile joyeuse, une sombre cynique, maudissant tout et n'importe quoi, c'était des affres de souffrance, c'était un abîme de gaité, et c'était une femme instable, hystérique. Tu la contemplais défiler, tu la contemplais à travers ces enfants qui soudain couraient s'arrêtaient. Xy était derrière toi, et attendait sans doute que tu marches le premier, ce que tu ne fis pas. Marcher sur ce chemin sinueux, t'aventurer encore et encore sur une terre pleine d'épine qui irait se planter dans tes pieds, c'était pénible. Ta jambe te suppliait de poser ce fardeau, mais le regard ennuyé de Xy te fit poser un premier pas. Nulle expression sur ton visage, la douleur ne voulait pas venir, c'est ce que tu crus. Alors Asgeir, tu fis un premier, et lentement, tu te mis à marcher. |
| | | Mist Á mon cerveau regretté
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Jeu 29 Sep - 19:10 | |
| Plein de jambes apparurent, elles restèrent là un moment – celle du client semblaient nerveuses – puis une porte est apparue et toutes les jambes ont disparu dehors. Après j'ai attendu ce que j'estimais un délais réglementaire point de vu sécurité personnelle, puis je me suis faufilé hors de ma cachette pathétique. Y avait bien personne. Je me suis précipité vers la porte d'entrée, elle était fermée à clé. Et elle l'est restée tout le temps où j'ai bourriné sur la clanche comme un malade. J'ai donné un petit coup de pied rageur dedans, mais de façon cohérente, la porte du menuisier était solide. J'ai alors songé à la défoncer à coup de prothèse. Puis après j'ai réfléchi.
Asgeir ne m'avait pas fait de mal. Du tout. J'ai pris le petit chien qu'il m'avait sculpté entre les mains. Il était très beau. Ce type ne méritait pas que je défonce sa porte. J'allais l'attendre alors.
J'me suis emmerdé assez rapidement. J'ai bien essayé de jouer avec les deux sculptures de chien à « faire-semblant », mais c'est là que je me suis aperçu que je n'étais plus un enfant, et que ça ne m'amusait pas. J'étais condamné aux activités adultes, mais sans pouvoir les réaliser. C'est dommage, je tenais une chouette histoire pourtant : y a un chien vachement beau, gros pedigree, qui s'occupait d'un petit bâtard tout de traviole qui tient pas debout parce que une de ses jambes de chien elle est plus petite que les autres et ça le rend bancal. Puis même qu'après ils sauvent le monde et font des enfants chiens – c'est les petits copeaux. Mais mis à part le frisson glacé de la solitude, j'ai pas ressenti grand chose en jouant.
Le feu de la cheminée s'éteignait, je savais pas le raviver et je me contentais donc de compter mes doigts de pied, si jamais leur nombre avait changé. Je me faisais bien chier quoi. Mais Dors me collait, ça suffisait à son bonheur. Marius devrait être là, on s'ennuie jamais avec lui, y a toujours des crises d'angoisse à faire, de la culpabilité à avoir... enfin je devrais pas penser à ça, ça me déprime.
J'ai bien songé à sculpter un autre chien pour m'occuper, mais je ne savais pas quels bois étaient utilisables ou non. Je veux dire, si je lui pourrissais du bois rare et cher pour faire de la merde, j'allais manger sévère non ? Alors, pour la première fois de ma vie, j'ai fait... le ménage. Bah c'était bien sale dans sa maison ! Puis je voulais qu'il me pardonne de l'avoir frappé, je voulais lui faire plaisir aussi. Peut être qu'il sera content ? Du coup j'ai balayé son parquet, puis j'ai passé un chiffon mouillé sur ses plans de travail, puis j'ai repassé le balais parce que toute la saleté sur les plans de travail sont tombé par terre. Ça m'a pris un temps considérable, mais la maison avait bien meilleure allure après ça – sauf le sac plein de merde parce que du coup je pouvais pas jeter la saleté dehors.
Asgeir avait quand même la tête du père idéal. Bon, il était trop grand pour être rassurant, mais il était calme et gentil. Des qualités que j'appréciais chez un homme – si il pouvait être plus petit que moi en sus... quoique c'est difficilement réalisable sans tomber dans le nain. Dans le monde des Bisounours, cet homme déciderait de m'adopter parce que je suis mignon et presque un enfant. Et puis on vivrait heureux pour toujours, et il croirait que j'ai quatorze ans. Hélas, être nourri et logé chez Marius m'allait plutôt bien, et mon corps commençait à sortir d'hibernation. C'était pas encore l'explosion et tout, mais j'commençais à avoir les cheveux plus brillants, la peau moins abîmée et quelques poils. Dérangeant. |
| | | Asgeir ♦ Travailleur ♦
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| Sujet: Re: Tempus Fugit. [Asgeir.] Jeu 29 Sep - 22:07 | |
| Ce fut une ou deux heures plus tard que tu reviens dans la misérable caverne qui te servait de chez toi, un endroit plein de poussière. Un lieu de fatigue et de doute, un lieu crasseux dans lequel tu allais et venais, le pas malade, la jambe raide, et tu travaillais sans jamais sentir le poids du temps. Le temps était une chose que tu avais perdue, lorsqu'on t'avait jeté en prison, Asgeir. Il avait filé entre tes doigts, il avait glissé contre ta chair dure et pleine de stigmates d'une vie passée à être heureux, parfois... tu aurais aimé revivre les vingt premières années de ta vie. Certes... tu n'étais pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, et tu avais connu plusieurs fois la faim, travaillant encore et encore pour nourrir tes soeurs, avec ton père. Ton regard se voila quand brusquement, tu te remis à songer à lui, ton père. Cet homme qui comparé à toi ressemblait à un nain, cet homme qui avait vu sa femme partir, et qui seul avait essayé d'élever quatre enfants. C'était lui qui t'avait donné cette bonté, il t'avait enseigné la menuiserie et la générosité : tu faisais deux mètres dix, mais jamais il ne t'avait autorisé à lever la main sur quelqu'un. Tu étais gigantesque et fort ?
Eh bien... tu devais t'en servir pour protéger tes soeurs ! C'était pour cette raison qu'aucun garçon ne voulait les approcher, jamais tu n'avais été quelqu'un de cruel et de méchant, pourtant ta taille ne rassurait personne. Tes mains, tes grandes mains brisées et pleines de cicatrices n'avaient jamais cogné le visage de quelqu'un, même pas celui de tes tortionnaires. La prison t'avait brisé, elle t'avait dérobé la dignité, mais elle t'avait laissé ton bon coeur... tes doits touchèrent la porte, et alors que Mist avait sans doute essayé de la tirer dans son sens, tu l'ouvris en l'amenant vers toi. Elle grinça et un peu de poussière tomba prés de tes pieds, tu avais beau être menuisier, cette porte... tu ne l'avais pas touché depuis quinze années, durant tes quinze ans de prison, elle n'avait jamais reçu de soin. Tu posas enfin un pied dans ton antre, et tu haussas à peine les sourcils, lorsque tu remarquas que quelque chose avait changé. Sur le moment, tu ne sus pas dire quoi exactement, tu avais juste l'impression qu'on avait enlevé la couche de crasse... et quand tu vis tout le bordel prés de Mist, tu crus comprendre ce qui s'était passé. Ce gamin avait tenté de rendre cet endroit plus vivable, et tu le fixas avec incertitude. Le regard troublé, tu l'examinas comme une bête curieuse. Un frisson secoua ton corps, et tu restas immobile devant la porte, légèrement tremblant.
Pourquoi n'avais-tu jamais nettoyé cet endroit ? La réponse était bien simple : tu n'avais pas voulu raviver tes souvenirs. Un endroit aussi plein de poussière, un endroit aussi miteux te faisait oublier qu'il y avait eut une femme ici, une femme qui avait tenu cet atelier. Et Mist sans s'en rendre compte fit l'erreur de secouer le cadavre de ta femme que tu transportais depuis des années sur ton dos. Le bois de la table, ce bois qui avait été là à cette époque, ou encore le plancher, la porte, les fenêtres, les escaliers... tout le bois ici te murmurait des choses affreuses. Une voix que toi seul pouvais entendre, une voix que toi seul pouvais comprendre, une voix douce... et terriblement blessée qui te murmurait : « Asgeir... hum... n'oublis jamais qui a tué ta femme, Asgeir... te souviens-tu quand elle se tenait ici ? Asgeir... Iseult est morte, et c'est de ta faute, ta faute, ta faute, ta faute, ta faute, ta faute, ta faute... » et tu fronças les sourcils. Tu avais mal au coeur, soudain, tu avais l'impression de mourir.— Je... rentre chez toi, murmuras-tu d'une voix cassée. Rentre... ton ami doit s'inquiéter. « Elle est morte par ta faute, elle est morte parce que tu n'as su la protéger ! Sale con, vis donc avec ce deuil, ELLE EST MORTE PAR TA FAUTE ! »
L'hallucination ne se calmait pas, elle était toujours là, violente, présente dans ton âme, comme dans tout le bois. Tu espérais que Mist ne fasse pas d'histoire et quitte cet endroit, tu t'écartas même de la porte pour le laisser le passer. Tu lui fis signe de sortir, sans doute trop brutalement, mais tu avais besoin de te retrouver seul. Tu avais besoin de sentir cette poussière sous tes doigts, tu avais besoin du silence, comme tu avais besoin d'être seul avec tes fantômes ! Tu... tu voulais seulement t'abandonner à ta solitude, et revoir cet endroit dans son état habituel : envahie par la crasse et la misère. Mist te laissa donc, toi et ton chagrin, toi et ta minable petite vie.
« Elle est morte par ta faute ! Ta faute... ta faute... C'est toi qui l'as tué. »
- Spoiler:
[HRP : Bon... bah j'ai plus trop d'idée là, j'commence à être à court XD c'pas fameux, désolée mon grand.]
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