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 Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]

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Marius De l'Ombrage

Marius De l'Ombrage

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MessageSujet: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyDim 29 Jan - 17:25

— Léonard ? Léonard ? Merde... !

Marius ne percevait même pas la voix qui l'appelait, il la reconnaissait à peine. Ce qu'il savait ? C'était qu'il était mal, vraiment très mal. Assis, le coude posé sur la table, il tenait sa tête trop lourde en respirant faiblement. Ses épaules se soulevaient se baissaient top lentement, tandis qu'il avait la sensation que son cerveau explosait, et que chaque neurone était sur le point de disparaître sous les coups d'un marteau embrasé, il avait une nouvelle nausée, mais que vomir ? Son ventre n'avait rien, puisqu'il ne mangeait plus. Depuis un mois, le terroriste n'avait pas pris le moindre repas, et il en payait aujourd'hui les conséquences. Marcou posa une main dans son dos, et la retira bien vite, le contrebandier resta interdit un moment, puis il l'appela de nouveau, le jeune homme bougea et finalement, il essaya de se relever. Il tremblait, pas de nervosité pour une fois, mais bien de fatigue, il était faible. Ses ongles griffèrent le bois-pourri de la table, puis il tenta de faire quelques pas, le regard vide, les joues creuses, on aurait pu le prendre pour un véritable cadavre doué de parole, mais sa voix n'était qu'un gémissement plaintif et rauque. Se tenant à la table, observant Marcoh sans le voir, il balbutia quelque chose comme :

— Ce n'est rien, j'ai besoin de me... reposer.
— P'tain, Magdra ! On a un problème.

Un bruit sourd confirma les paroles du contrebandier. Marius s'était écroulé sur le plancher, et ce pour ne pas changer. Bien évidemment, on agit en conséquence, et son brusque malaise bouscula la masure, on savait tous que Marius n'était pas en état de mener de grandes opérations, et que sa vie ne tenait plus à grand-chose. Cependant, que faire face à un gamin qui avait abandonné derrière lui tout espoir ? Et qui se contentait de crever de faim, là, parmi eux qui jamais ne lui avaient refusé de la nourriture ? Le jeune homme fut transporté dans sa chambre, avec précaution et voir de la douceur, Magdra s'était retenue de le frapper, cette fois-ci. Elle coinça sa kiseru entre ses dents, enfumant la pièce, inspectant l'espèce de loque qui servait de bras droit à Alvaro, elle posa une main lasse sur son front, et jura. Mariu remua à peine, il entendait du mouvement autour de lui, des sons, mais son esprit ne parvenait pas à ne rien prendre en compte, hormis la douleur dans son crâne, et qui se diffusait dans tout son corps. Il gesticula vaguement, quand elle arracha presque les boutons de sa vieille chemise, ou encore quand elle lui colla sur le front une compresse d'eau froide. Toutefois, il tressaillait en sentant les gouttes couler sur ses tempes, l'une d'elles se glissa même dans son cou, mais la douleur reprit rapidement le dessus. La grande rousse gronda quelque chose, et chassa les autres de la chambre, prétextant qu'il fallait surtout un peu de calme pour l'imbécile suicidaire allongé dans le lit. Mouillant ses lèvres, elle passa une main dans les cheveux du terroriste, pas stressé, ni avec douceur, elle retenait simplement le dépit et la colère que la vue d'un Marius malade lui imposait. Poussant un soupir, Magdra finit par éteindre sa pipe, et elle essaya de déterminer ce qu'il avait.

— Tu m'étonnes que tu as autant de fièvre, murmura-t-elle en préparant une mixture à base de plante. Rien manger pendant un mois, ton corps ne suis plus, Léonard ? T'es sacrément con.

Marius ne protesta pas contre ces mots, de toute façon, il était bien incapable de faire quoi que ce soit. Les yeux fermés, il se contentait de souffrir, plus ou moins en silence, sentant son corps devenir de plus en plus lourd. Ses membres n'étaient plus faits d'os, mais de plomb, son cerveau ? Le jeune homme avait la sensation qu'il était en train de fondre dans son crâne, et sa poitrine était écrasée par un poids incroyable, celui de sa propre faiblesse. Qu'était devenu son monde ? Pas même des rêves, juste une immense fatigue qui le tuait, petit à petit, il ne supportait pas cet état, mais il n'arrivait plus à penser correctement. Magdra le fixa en silence, considérant la silhouette dans le lit, sa maigreur terrible qui laissait apparaître les os, à croire que la peau n'était qu'un film trop mince et qu'au moindre mouvement, elle allait se déchirer et exhiber les organes du corps. Marius ne ressemblait plus à un homme, il ressemblait à un pantin mort, qui ne savait plus comment danser, et qui se contentait de refuser de vivre. Elle passa une grande partie de la journée, et des deux jours qui suivirent à essayer de le faire manger, mais il ne parvenait pas à avaler quoi que ce soit. Dès qu'on lui mettait sous le nez l'odeur de la nourriture, Marius toussait, et de ses lèvres une substance blanchâtre s'expulsait, Magdra renonça. En silence, alors qu'il parut plus ou moins à s'endormir, la grande rousse quitta la chambre, inquiète comme furieuse. Marius tourna la tête vers la gauche, face au mur, là où autrefois, il avait eu une présence prés de lui, sa main caressa faiblement la trace d'un corps, et il poussa un petit grognement trop faible pour qu'on puisse l'entendre. S'il était sur le point de crever, il espérait que ce soit moins loin que ça. Il ne voulait plus de cette absence, comme il ne voulait plus voir ce morceau de craie et cette ardoise, posé sur la table de nuit.
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Alysse Teiden
₳ Terroriste ₳

Alysse Teiden

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyDim 29 Jan - 23:44

Il était revenu... elle le savait, elle l'avait vu une minute quand elle était rentrée... il était en piteux état, c'était le moins qu'on puisse dire. Mais cette garce de Magdra lui avait formellement interdit l'accès de la chambre de Marius en prétextant quelque chose de stupide... mais elle avait surprit une conversation entre la rousse plantureuse et Alvaro, et elle avait comprit qu'ils avaient peur que le voir ainsi lui donne envie de venger Marius en faisant quelque chose de stupide... d'autant qu'elle n'était pas encore totalement remise de sa "discussion" avec l'inquisiteur... dans tous les cas, Alysse avait prit son mal en patience, elle était restée dans sa chambre à préparer des drogues et des poisons dont elle seule avait le secret, ainsi qu'à revoir tous les détails de cette fameuse "vengeance" dont parlait Magdra... en retard la vielle, Alysse y pensait depuis le jour même de la mort de Mist, et pas uniquement pour Marius. Même si elle le connaissait encore assez peu, elle avait apprit à apprécier le jeune Mist, et sa mort l'avait profondément touchée... mais l'heure était grave, Marius était probablement en train de mourir vu la tronche que tirait la rouquine quand elle sortait de sa chambre... Uriel attendrait... elle le buterait dans quelques jours, tant pis.

La jeune résistante se mit à guetter les allées et venues de Magdra... quand elle fut certaine que cette dernière était partie pour un moment, elle se glissa dans la chambre de Marius le plus silencieusement possible, referma la porte derrière elle avant de la verrouillée. En plus de cela, elle installa un petit dispositif de sa confection : une petite pochette de poison dans la serrure, si quelqu'un essayait de forcer la porte, la petite poche exploserait silencieusement, et un gaz volatile se répandrais dans le couloir, endormant instantanément, et ce pour plusieurs heures, quiconque le respirerait... parfait... une fois que cela fut fait, elle se tourna vers le lit et... reçu un gros choc. Marius était dans un état pitoyable... il était réellement mourant et n'en avait probablement plus pour longtemps du tout. Ravalant ses larmes, elle s'allongea sur le lit à côté de celui qu'elle considérait depuis longtemps comme une sorte de grand frère, et comme son seul et unique lien avec son passé, et le regarda, notant la façon dont il respirait, ses gémissement, la manière dont ses yeux papillonnaient... tout.

Se mordant la lèvre, la jeune fille autorisa quelques larmes à glisser le long de ses joues pendant qu'elle caressait tendrement celle de Marius, avec toute la douceur et la délicatesse d'une mère, d'une amante où d'une soeur aimante... parce que c'était ça, même si elle n'en savait rien parce que ces mots n'avaient aucune signification pour elle mais... elle aimait Marius. Elle l'avait aimé dés leur première rencontre, et son souvenir était resté... dés son arrivée à Semini, dés qu'elle l'avait reconnu, ce sentiment était revenu en elle. Alysse aimait Marius, et pas qu'un peu. Elle l'aimait comme une petite soeur aime son grand frère, d'un amour simple et véritable, profond et sans failles... elle aurait fait n'importe quoi pour aider cet homme qui avait déjà tant fait pour elle.

Elle se pencha doucement au dessus de lui et l'embrassa sur le front, notant au passage qu'il était brûlant de fièvre, puis se recula juste assez pour pouvoir s'assoir en tailleur tout contre lui et lui murmurer quelques mots, espérant qu'il était encore assez lucide pour les entendre.


- Marius... je suis désolée pour tout ce que je vais te faire subir, je sais que tu préfèrerais probablement que je te laisse mourir comme ça, facilement et doucement... mais je ne peux pas. Je suis peut-être égoïste, mais je refuse de te laisser nous quitter... pas maintenant, pas comme ça... personne ne veut ça, Mist n'aurait jamais toléré que tu te laisse crever d'une façon aussi pathétique simplement parce qu'il... parce qu'il...

Ses larmes recommencèrent à couler silencieusement, traçant des sillons humides sur ses joues.

- Bref... je suis désolée. Je vais devoir t'obliger à aller mieux, et je vais devoir me dépêcher, sinon tu vas mourir entre mes bras.

Elle lui adressa un sourire doux à travers ses larmes.

- Et quand tu iras mieux, je te mettrais la gifle la plus monumentale que tu n'aura jamais reçue... promis... Oh... au fait... j'suis désolée mais tu vas souffrir. Je dois te donner un traitement de choc, sinon ça ne servira à rien, mais ça fait mal, très mal...


Elle se mit à sortir diverses petites bourses de cuir du sac qui ne la quittait pratiquement jamais, puis les ouvrit et commença sans plus tarder. Elle prit une petite poudre entre ses doigts et la souffla doucement au nez de Marius pour qu'il la respire. Cette poudre avait pour but de le réveiller brutalement... un homme qui se laisse sombrer dans l'inconscience ne peut pas être sauvé de cette manière. Avant que cela ne commence à faire effet, elle plaça une petite feuille dans sa bouche ainsi que quelques gouttes d'eau. La feuille se désagrégea rapidement et il put l'avaler sans même s'en rendre compte. Les toxines présentes dans la feuille allaient engourdir son corps tout en laissant son esprit parfaitement éveillé... au bout de quelques instants, il ne pourrait pratiquement plus bouger. Ça passerait assez vite, mais elle avait besoin de ces minutes d'immobilité totale pour le forcer à prendre d'autres drogues... le traitement commençait...
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Marius De l'Ombrage

Marius De l'Ombrage

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 0:44

Une présence le fit légèrement remuer, Marius plissa les yeux, touchant faiblement le corps qui se tenait contre lui. À sa grande déception, ses doigts rencontrèrent un bras fait de chair et de sang, pas un bras en fer, froid et dur, comme celui de Mist. Une voix pénétra son crâne, doux, inquiète et qui vibrait d'affection, une voix qu'il ne reconnut pas tout de suite cependant. Trop pris dans la fièvre et la douleur, il réagit à peine aux paroles, incapables d'en comprendre le sens. Il tourna la tête sur le côté, remuant les lèvres, il ne dit rien pourtant, juste un amas de gémissement confus qui aurait été des paroles, s'il avait eu la force de former des mots. Il ne voulait de personne, en fait, Marius ne savait plus ce qu'il voulait présentement, mourir ? Sans doute, c'était cette même idée qui grondait dans son crâne : crever. Et Alysse qu'il parvenait maintenant à reconnaître, semblait le comprendre, alors pourquoi ne désirait-elle pas non plus le laisser là ? La fièvre aurait sans doute raison de lui, si une pensée cohérente avait pu naître dans l'amas de souffrance qui frappait, frappait, encore et encore, tout son être. Mouillant ses lèvres, il leva la main, cherchant à être tranquille dans sa mort, mais la jeune fille ne paraissait pas être sur le point de partir.

Fermant les yeux, le jeune homme ne sut pas si finalement, il appréciait cette présence-là, ou si elle faisait grandir ses tourments. Alysse était douce, et elle lui tenait chaud, ses mains sur son front, il les aimait. Néanmoins, ça lui rappelait plus brutalement encore que Mist était mort, et tous les regrets que cette disparition avait occasionnés. Il se refusait à regarder l'ardoise et la craie, qu'il avait abandonnée là, ou même de s'occuper convenablement de ses chiens. Il remua encore un peu, trop las pour parler, et pour lui ordonner de l'achever. Elle s'excusait, et bougeait aussi un peu, un frisson courra dans son dos, brutal. En sueur, la chemise ouverte, il poussa un soupir, dégageant une odeur qui n'avait rien... rien de quoi ? Rien de « vivant », l'odeur de Marius était une odeur de malade, celle du renfermé, sans l'arôme d'un médicament, un parfum fiévreux et mélangé à celui de la transpiration. Et parvenant à tourner la tête vers elle, il remarqua les larmes de la jeune fille, et qu'en penser ? Rien. Marius constata seulement ses larmes, incapable de comprendre qu'il lui donnait autant de peine, incapable de s'en désoler, et de s'en excuser. Le jeune homme effleura les joues de son amie, de celle qu'il considérait comme une soeur. Sa main retomba sur le matelas, et il murmura d'une voix faible, lourde, la poitrine compressée par le poids du souvenir de Lokhund Krishna :


— Lai... laisse-moi... je...

Marius avala péniblement sa salive, agacé de ne pas pouvoir parler correctement. Ce qui l'énervait ? Ou créait un sentiment autre que celui de la peine ? C'était de ne pas être capable de bouger, et de rester comme un tas de fumier entre ces draps sales et plein de sueur. Il avait eu l'habitude de toujours donner à Alysse une image rassurante, celle d'un homme impassible, que rien ne pouvait ébranler, pas même la faim. Et là ? Quelle image de lui-même donnait-il à Alysse ? Son honneur d'homme en prenait un sacré coup, c'était ça qui l'énervait le plus. Sa dignité était grignotée par sa propre faiblesse, et Marius ne supportait pas l'idée d'être faible une seule seconde, en tout cas devant quelqu'un. Soucieux d'offrir une figure tranquille que rien ne pouvait rendre expressive, il se retrouvait brusquement entre les bras de son amie, il essaya vainement de hausser les épaules.

Il chercha à se rouler en boule pour ne pas sentir le regard plein de larmes d'Alysse, honteux de son état, honteux d'être bouleversé par une chose si banale. La mort de Mist, ça n'aurait pas du tant le chambouler, il aurait du s'y préparer, et ? Et il aurait connu un chagrin, certes d'une autre nature, si Alysse avait disparu aussi. Il ne voulait perdre personne, et on lui enlevait tout. Marius se laissa donc faire, pauvre petite poupée de chiffon entre les mains d'une adolescente qui devait à présent le mépriser, et il avala sans faire de remarque, ou même protester l'espèce de feuille qu'elle lui fit avaler. Un autre frisson parcoura son corps, et complètement lourd, Marius ne fit plus le moindre mouvement. La tête tournée sur le côté, légèrement penchée vers son épaule relevée, il prit une position bizarre. Il cligna plusieurs fois des yeux, incertain, l'esprit étrangement plus réveillé, mais toujours aussi faible physiquement. Sur le moment, il espéra simplement qu'elle avait compris l'ordre qu'il n'était pas parvenu à formuler, et qu'elle venait effectivement de commencer à mettre une fin à ses douleurs.

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Alysse Teiden
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Alysse Teiden

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 1:40

"Laisse moi"... comme si elle allait le laisser crever comme une merde. C'était impossible, il n'avait pas le droit. Jamais Mist n'aurait accepté une telle chose, ni elle même, ni qui que se soit d'autre. Uriel allait payer pour ce qu'il avait fait à Mist et pour ce que Marius avait enduré à cause de lui depuis tout ce temps, et spécialement ces dernières semaines. Il allait payer, elle allait s'arranger pour le regarder ramper dans son propre sang et supplier pour sa vie de la manière la plus pitoyable possible... il allait souffrir, encore et encore, pendant des heures, des jours, des semaines et des mois sans le moindre répit... Alysse n'avait jamais détesté qui que se soit à ce point, la seule pensée de cet homme lui donnait la nausée et de violentes douleurs à l'arrière de la nuque et dans les tempes... mais se serait pour plus tard. D'abord, il fallait qu'elle sauve Marius, peu importait les moyens, peu importait la douleur atroce qu'il allait ressentir, peu importait son souhait véritable. Il vivrait.

- Maintenant que tu es plus réveillé laisse moi t'expliquer ce que je fais calmement.

Tout en parlant, elle lui arracha ce qui restait de sa chemise détrempée de sueur et lui retira le reste de ses vêtements jusqu'à ce qu'il soit nu comme au premier jour (sauf s'il était né avec des vêtements... mais ce genre de choses arrive tout de même vachement rarement...).


- Je vais profiter du fait que tu ne puisse plus bouger pour t'administrer divers remèdes et drogues de ma composition. Je sais que tu vas être furieux, mais tant pis... tu vas vivre Marius, que ça te plaise où non.


Elle lui prit délicatement les bras pour les allonger le long de son torse nu, se débrouillant pour qu'il soit allongé bien à plat dos.


- Et ça va te faire mal, très mal... je ne peux pas te donner de calmants pour le moment sinon tu vas mourir.


Elle se pencha à nouveau vers lui pour l'embrasser sur la joue et lui sourit doucement.


- Tu vas probablement beaucoup m'en vouloir après ça... mais tant pis, même si tu me hais je ne peux simplement pas te laisser crever... Mist n'aurait jamais voulu une chose pareil Marius... jamais. Il serait affreusement triste s'il le savait...

L'évocation du jeune homme mort fit à nouveau couler des larmes silencieuses sur les joues d'Alysse qui ne chercha pas à les cacher. Elle était trop fatiguée pour ça et avait encore beaucoup à faire.


- C'est parti...


Attrapant une petite boite d'onguent, elle s'en servit pour masser l'intégralité du corps de Marius sans oublier la moindre petite parcelle de peau. Il était devenu si léger que le manipuler était aussi facile que cela l'aurait été avec un enfant. Elle le força ensuite à avaler un liquide au goût abominable qui devait certainement lui brûler la langue et la gorge, ainsi qu'à respirer une poudre très fine et d'un blanc laiteux.

- Quand l'onguent va faire effet, c'est à dire dans quelques secondes, tu vas avoir chaud, très chaud. Il sert à revitaliser tes muscles. Dans quelques minutes, le produit va atteindre tes organes internes et tu vas avoir l'impression de brûler de l'intérieur, où je fondre, je l'ai jamais utilisé sur moi et les avis de ceux sur qui je m'en suis servit divergent. Après ça, la potion que tu as bu va terminer le travail de l'onguent... je préfère te prévenir tout de suite, la seule personne avec qui j'ai eu besoin d'en arriver là n'a pas pu s'empêcher de hurler de douleur pendant quelques minutes... ça fait très mal. La poudre que tu viens de respirer va t'obliger à rester conscient, à subir tout ça sans t'effondrer et sans que ton coeur ne te lâche, elle va aussi t'empêcher de vomir et va accentuer les effets de la feuille que tu as manger, tu vas être complètement paralysé à l’exception de ton visage. Tu pourras parler et regarder, mâcher, respirer et avaler... mais c'est tout.

Elle essayait de se montrer froide et professionnelle, mais sa voix tremblait... elle détestait l'idée de faire aussi mal à Marius... mais elle n'avait pas le choix. D'autant que ce mauvais moment ne faisait que commencer...
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Marius De l'Ombrage

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 3:32

Que... ? Marius haussa les sourcils de surprise, et aussi d'effroi, l'idée même de devenir une poupée entre les mains d'Alysse l'effrayait. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait déjà plus prise sur son corps, le laissant devenir la proie de la fièvre, et que désormais, il devait faire face à son amie. Devenir un objet ? Voilà l'idée qui traversa son esprit, et qui lui fit hérisser le poil, il ne voulait pas être une chose avec laquelle la jeune fille pourrait « jouer ». Car dans l'esprit du terroriste, elle ne pouvait pas faire ça pour son bien, c'était le mettre au stade de... il n'avait pas de mot pour exprimer cette idée. « Mist n'aurait pas voulu une telle chose ? » C'était bien facile de dire ça ! Impossible à savoir. Marius avait connu le sourd-muet mieux que personne, et il pouvait aisément deviner qu'il aurait préféré qu'il meure, lui aussi. Comment souhaiter une telle chose ? Parce que Mist avait été un être humain, et son égoïsme aurait pu le pousser jusqu'à cette envie. Loin d'ignorer tout l'amour que Lokhund lui vouait, il avait tenté de l'ignorer, croyant que ça serait plus naturel ou « normal », et il se retrouvait à vivre comme une loque, subissant l'absence de son ami. Et Alysse prenait sa propre vie en main, comme si son avis ne comptait plus.

Être incapable de ne rien pouvoir faire, voilà ce qui le rendait malade, il soubresauta et ferma les yeux, pensant que ça passerait mieux ainsi. Déjà qu'il se retrouvait complètement nu devant elle, situation qui le rendait amer, parce qu'il n'avait pas été le maître de cette action. Marius lui lança un regard noir, un de ses rares regards sombres qu'il avait parfois, et qui lui interdisait tout. On lui avait arraché Lokhund Krishna, et désormais, c'était sa dignité qu'on lui enlevait ? Voilà de quoi le rendre furieux. Il ne lutta pas, tout simplement parce qu'il n'en avait pas la force, et il se contenta de braquer sur Alysse des yeux enflammés par la colère, sentiment qui s'était trop éteint, et dont le Comte Oliver avait déjà ranimé les braises. Marius avala sa salive, et poussa un soupir, reprenant trop conscience pour supporter tout ça. L'envie de vomir remonta, bien évidemment, comme à l'accoutrer, quand elle l'obligea à boire une substance atroce, un mélange de saveur terrible qui enflamma sa gorge, au point où il crut que ses poumons étaient en train de se liquéfier dans sa poitrine. De même, Marius éternua en sentant l'espèce de poudre blanche, il ne voulait pas ! Il ne voulait pas être une chose qu'on manipulait ! Bordel, pourquoi personne ne le laissait crever ? Il n'écouta pas trop ce que lui dit Alysse, occupé à sentir chaque cellule de son corps devenir une braise, qui plus tard rejoindrait l'océan de flamme qui se propageait dans tout son être.

C'était loin d'être agréable, ses entrailles hurlaient, et devenaient un brasier douloureux, plusieurs frissons coururent sur son dos, il trembla au bout d'un moment, et fusilla Alysse du regard. S'il avait pu bouger, Marius se serait lever, l'aurait mis hors de son chemin pour sauter dans une mer d'eau glaciale, la sueur le collait de partout. Ses mèches de cheveux gris se plaquèrent contre son front, pendant que les draps devenaient noirs de transpirations, et de crasse, ça faisait un moment qu'il ne s'était pas « soigné ». Sa poitrine commença à se soulever, son coeur battait frénétiquement, et sa respiration se faisait plus saccadé, plusieurs injures fusèrent dans son crâne, sans être prononcé. Il ne pouvait pas encore parler, sa voix n'étant utilisée que pour quelques faibles gémissements, Marius commença à haïr Alysse. Bon sang ! Elle pouvait pleurer, ce n'était pas ça qui mettrait fin à ses souffrances ! Elle pouvait verser autant de larmes qu'elle voudrait, jamais il ne la remercierait pour ça... Merde ! Pourquoi personne ne le laissait crever ? Pourquoi voulait-on qu'il vive ? Il n'avait plus rien à faire ici !

On avait besoin de lui ? Et alors ? Lui, il n'avait plus besoin de personne, la mort seule pourrait comprendre ce qu'il ressentait, et il désirait qu'elle le prenne ! Mettre une fin à ce chagrin, mettre une fin à l'horreur qui hantait ses nuits, mettre une fin à ce calvaire. À cet instant, Marius poussa un cri qui aurait voulu être une insulte, les yeux fous, fixés sur la jeune fille, il la couvrit d'un voile d'insultes, tremblant et brûlant. Uriel d'Arken fut mis de côté, Alysse seule subsistait dans son crâne, et il la maudit, pauvre dément, il maudit l'une des rares personnes qui lui voulaient du bien. La haine qu'il avait ressentie pour le Haut-Prêtre s'éteignit, car toute sa rage se focalisait sur Alysse.
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Alysse Teiden
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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 4:29

Ce regard noir... elle détestait le voir. Elle avait l'impression qu'il la tuait de l'intérieur, comme s'il la transperçait pour ressortir de l'autre côté de son coeur en emportant son âme avec lui... c'était juste horrible... elle détestait le voir... tout comme elle détestait ce qu'elle était en train de faire. Trahir ainsi la confiance que Marius avait placé en elle était une torture pire encore que toutes celles qu'elle avait subis quand elle était en prison en compagnie de l'inquisiteur... et pourtant, elle en avait bien bavé. Elle avait même souhaité mourir pour que ça s'arrête enfin, pour pouvoir cesser de ressentir les abominables souffrances qu'il lui imposait... et c'était sans doutes ce que devait ressentir Marius à ce moment précis. C'était ça, rien de plus, et rien de moins. Elle le torturait, elle lui faisait subir ce qu'elle même avait tant détesté. Prise d'une douloureuse hésitation, elle failli d'arrêter et offrir à celui qu'elle aimait tant ce qu'il voulait : une mort rapide et indolore. Elle prit une petite bourse dans son sac, l'ouvrit, regarda Marius qui criait et gémissait sans pouvoir bouger... et la referma. Non. Tant pis s'il la haïssait définitivement, tant pis si elle se retrouvait à nouveau seule pour toujours, tant pis... tant pis... il devait vivre. Elle soutint le regard qu'il lui lançait et lui caressa la joue.

- Je suis désolée... je suis obligée Marius. Déteste moi tant que tu veux, tu pourras déverser toute la haine qui te ronge sur moi quand tout ça sera terminé. Tu pourras même me tuer si tu veux, je m'en fiche. Mais tu dois vivre... c'est ta mission maintenant. Je ne peux pas te donner d'ordres, je devrais d'ailleurs obéir aux tiens sans discuter... mais là non. Je ne peux pas. C'est impossible, c'est tout.

Elle se pencha et attrapa un bac d'eau qu'elle avait laissé près du lit, un bac d'eau glacée. Elle s'empara d'un linge absorbant qu'elle y plongea, et entreprit de nettoyer et de rafraichir le corps malmené de Marius. Elle passa partout, tenant à ce que la fraicheur du morceau de tissus apaise un peu le feu qui brulait en lui. Elle en profita pour le laver entièrement... il faudrait recommencer l'opération plusieurs fois parce qu'il allait encore beaucoup transpirer, mais étant donné qu'il n'avait pas dû prendre de bain depuis un bon moment, l'eau devenait rapidement opaque. Elle lui fit respirer une nouvelle poudre et se leva.


- Ce que tu viens de respirer va te donner quelques minutes de répit le temps que j'aille chercher un peu d'eau propre. Tu restera quand même immobile, mais la douleur devrait s'estomper rapidement...


Elle sortit de la chambre, prenant bien soin de rester silencieuse, et de ne croiser personne, et alla changer son eau. Elle hésita, puis s'empara d'un second bac qu'elle remplit à son tour, puis retourna dans la chambre de Marius en grimaçant à cause des horribles élancements que le fait de porter quelque chose de lourd faisait naitre dans ses membres et son dos malmenés quelques semaines plus tôt. Mais tant pis... sa douleur n'était rien par rapport aux souffrances physiques et morales qu'elle imposait à Marius. Elle pénétra à nouveau dans la pièce en silence, réinstalla son petit dispositif dans la serrure et revint vers lui. Elle déposa les bacs par terre avec un soulagement presque palpable et fit bouger Marius pour pouvoir changer les draps. Autant ne pas le rendre encore plus mal à l'aise que nécessaire... Elle s'installa à nouveau sur le lit, prit un autre onguent et lui en recouvrit à nouveau le corps avant de lui faire avaler deux nouveaux breuvages immondes... mais glacés cette fois.

- cette fois tu auras froid, très trop, tellement froid que ça va te brûler, comme si tu te frottait l'intérieur du corps avec de la glace pilée. Ça va rendre à ton corps et à tes organes leurs fonctions originelles, ainsi que rétablir les envies qui vont avec. Quant ça finira par s'estomper, tu vas avoir faim, affreusement faim, et tu seras probablement épuisé.

Elle lui fit respirer quelque chose.

- Ceci va te tenir éveillé...
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Marius De l'Ombrage

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 11:48

Obligée ? Elle était obligée ? Mais elle se foutait de lui ? La colère dans son coeur gronda davantage, il plissa les yeux, et la toisa avec sa faiblesse. S'il avait pu bouger, il se serait levé, et l'aurait certainement attaché, au moins par mesquine vengeance, Marius ne supportait pas cet état. Il ne supportait plus Alysse, il ne supportait plus rien ! Pourquoi fallait-il qu'on vienne lui arracher son honneur ? Pourquoi fallait-il qu'on en rajoute une couche en lui infligeant cette humiliation ? Ses lèvres tremblèrent, ses oreilles n'écoutaient plus la jeune fille, car un son diffus et terrible frappait dans son crâne, il se crispa et grimaça de douleur. Mordant sa lèvre jusqu'à la faire saigner, ses prunelles bougèrent très rapidement, comme s'il tentait de capter toutes les informations qu'il était susceptible de voir, alors que son corps lui donnait l'horrible sensation de mourir. Il essaya de fermer son poing, pensant ainsi que ce serait plus supportable ainsi, mais ses doigts bougèrent légèrement, sans se montrer capables de faire autre chose que tressaillir. Par l'Ombre, Marius haïssait cette situation ! Il en regrettait presque de s'être laissé crever de faim, pas tant à cause du calvaire dont il était la victime, mais bien à cause de son orgueil qui s'en prenait trop dans la gueule.

Un autre frisson secoua ses membres, puis d'autre, et ainsi vint la sensation de froid dont avait parlé Alysse, Marius se raidit, serrant les dents pour s'empêcher de hurler. Il émit alors un simple grognement animal, mélangé de colère et de souffrance, tandis que son corps hurlait, encore et encore, il n'était qu'un amas de chair qu'on aurait saigné, et qu'on était en train de malmener dans de la neige. C'était bien simple : c'était comme si on avait mis à nu chacun de ses nerfs pour les raper lentement et violemment sous de la glace tranchante, il serra les dents, et bientôt... Marius sentit ses yeux lui brûler. Un cri de rage fut écrasé dans sa gorge, alors que contre lui, contre sa volonté même, des larmes amères glissaient sur ses joues. Il ferma les yeux, pensant ainsi les retenir de tomber, pensant qu'il pourrait sauver le peu de dignité qui lui restait. Il déglutit, et pourtant, pourtant ! Elles étaient là, revenues, elles qui l'avaient quitté lors de son enfance. Quoique Marius ne se rappelait plus d'avoir un jour pleuré, on le lui avait interdit ça, toute forme de faiblesse lui avait été interdite à cette époque. Et là, que faisait-il ? Rien. Il était faible, il détestait ça. Un autre cri de rage fut étouffé, et faisant face au monstre de douleur qui le bouffait, il devait aussi lutter contre un autre adversaire plus humiliant, un sanglot. Quand il rouvrit les yeux, les larmes avaient disparu, avalés par son orgueil, pulvérisé par son orgueil enragé, il ne regarda pas Alysse, il ne voulait plus la regarder.

Et maintenant ? C'était son ventre qui grognait, plus sa voix, mais son ventre. D'autres frissons parcoururent son corps, alors que son ventre, grognait, impérieux. Il tourna la tête plusieurs fois sur les côtés, oubliant le froid pour se concentrer sur son ventre qui lui donnait la sensation de se serrer, c'était ça la faim ? Cette impression de vide grandissant ? Ou c'était son estomac qui comme d'habitude, le brûlait ? Qu'importe de toute façon, Marius ne faisait plus la différence entre l'acide qui rongeait cet organe-là, et la faim, il avait fini par lier les deux. Désormais, il les confondait, et ce qu'il prenait pour un trop coutumier terrible spasme, ce n’était rien d'autre que la faim qui se réveillait brusquement. Et comme à chaque fois, fiévreux, il eut l'envie de vomir. Il eut plusieurs soubresauts, mais s'il parvint à expulser quelque chose, c'était un peu de bave, rien de plus. Il cru griffer le drap, ou quelque chose, luttant contre cette image de lui-même qu'il se mit à haïr.

À cet instant, le jeune homme haïssait tout, Alysse, Alvaro, ou encore Magdra. Il haïssait même la fenêtre briser face à lui, il lui en voulait de ne pas avoir été assez tranchante pour le tuer. Il détestait tout, de l'être le plus mauvais d'Ishtar à l'insecte le plus inoffensif qu'il soit, et il se mit à honnir brutalement, la personne qui avait autrefois compté pour lui. Soudainement, la douleur se transforma en une hargne noire qui participa à ses envies de vomir, elle était apparue au-delà du supplice dont il était victime, et Marius eut brusquement en abomination Lokhund Krishna. Son esprit ne voyait pas la connerie de ce sentiment, trop occupé à maudire ces sensations pénibles, mais son coeur tempêta dans son torse : « Lokhund Krishna, tu me dégoûtes, je t'exècre d'être mort ». Pourquoi Marius se trempait dans l'humiliation ? C'était à cause de Mist. Mist qui avait fait une belle connerie : celle de mourir.
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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 12:54

Et c'était maintenant que ça commençait vraiment... après plusieurs heures à alterner les deux traitements, Alysse fit ingurgiter à Marius un bouillon de légumes, non sans lui avoir donné à nouveau un produit pour l'empêcher de vomir. Elle fit ensuite en sorte que sa digestion soit accélérée et que son estomac tienne le coup, puis elle lui vit avaler un bouillon de viande. Elle recommença, encore et encore pendant des heures et des heures, alternant les deux premiers traitements, la toilette de Marius et la nourriture, augmentant progressivement les doses et la douleur, ne se concentrant que sur lui et lui uniquement, ne se donnant même pas la peine de prendre le temps de manger, de boire où de se reposer, elle n'en avait pas le temps. Une seule erreur, un seul temps de battement... et tout ça n'aurait servit à rien, Marius serait mort.

Au bout de deux jours, elle réussi à lui faire avaler de la nourriture solide sans que son corps ne la rejette, sans même avoir besoin de lui donner quoi que se soit pour l'empêcher de vomir. Soulagée, elle lui laissa une où deux heures de repos durant lesquelles elle fit le ménage dans sa chambre sans vraiment déplacer les objets divers qui s'y trouvaient. Elle s'arrangea pour réparer la fenêtre avec des planches et une plaque de verre qu'elle avait volé quelque part, elle déplaça Marius le temps de changer son matelas et ses draps, passa le balais puis la serpillère après avoir fait la poussière, rendit aux oreillers leur volume... bref, une vraie petite fée du logis, mais avec des mouvements raides et des grimaces de douleur. Décidément, ce foutu inquisiteur n'y était pas allé de main morte. Pendant tout ce temps, elle ne parla pas à Marius. Elle fit mine de ne pas voir ses larmes, de ne pas entendre ses gémissements et ses cris qui lui déchiraient le coeur, essayant de lui laisser une sorte d'intimité relative.

Les deux heures passées, la chambre rafraichie et le visage de Marius reprenant doucement des couleurs naturelles, elle le réinstalla confortablement, toujours nu comme un ver, et lui sourit aussi bien qu'elle put.


- Maintenant tu vas dormir... longtemps. Deux où trois jours. Tu n'as plus besoin de rester réveillé maintenant, tu n'as plus besoin de souffrir. Quand tu te réveillera, tu pourra me haïr autant que tu le souhaiteras. Bonne nuit Marius...

Elle l'embrassa sur le front et lui fit boire une boisson au goût délicat de fleurs et de fruits... qui le fit s'endormir profondément en quelques minutes à peine. Une fois qu'elle fut bien certaine que rien ni personne ne pourrait le réveiller avant qu'il ne le fasse naturellement, elle s'attela à la tâche la plus difficile qu'elle n'ai eut à faire pour sauver quelqu'un.

Pendant deux jours, elle ne s'arrêta pas une seule seconde. Elle lui fit avaler des potions, respirer des poudres, elle lui passa divers onguents préparés à l'avance spécialement pour cette occasion depuis déjà plusieurs jours. Elle lui fit avaler de la nourriture broyée au préalable, diverses feuilles connues d'elle seule et venant d'une région où elles ne pouvaient pousser que là et ainsi de suite pendant ces deux jours là...

Quand ce fut terminé, Marius commençait doucement à montrer des signes de réveil. Elle inscrivit sur un papier des instructions à l'attention de Magdra, lui expliquant qu'il fallait que Marius mange et se repose normalement pendant son absence, qu'il devait éviter de sortir et qu'elle devait le surveiller avec précautions étant donné qu'il aurait probablement toujours envie de mourir, même si ça allait être moins puissant comme désir etc...

Toujours assise sur le lit à côté de Marius, lit qu'elle avait encore refait pour qu'il se réveille dans des draps propres une fois qu'elle l'eut rhabillé avec des vêtements neufs qu'elle avait volé quelques temps auparavant et se prépara à partir. Elle voulait aller tuer Uriel avant que Marius ne soit suffisamment réveillé pour le savoir mais... mais... ces cinq jours sans manger ni dormir, sans faire attention à son corps endoloris et malmené, sans se soucier de ses propres sentiments pourtant violents l'avaient énormément affaiblie.

Alysse grimaça... et s'effondra sur le lit à côté de Marius, inconsciente.
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Marius De l'Ombrage

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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 13:31

Qu'est-ce qui le réveilla ? La haine, toujours la haine. Il y avait dans son corps les traces de cette souffrance, et une autre qu'il déterminait encore comme du chagrin. Les yeux posés sur le plafond, il poussa un soupir, la gorge sèche, il ne savait plus ce qu'il s'était passé. La seule chose qui lui restait, c'était la rage, la rage d'avoir été faible, et d'être devenu une poupée de chiffon entre les mains d'Alysse. Marius avait mal à l'estomac, ce dernier ne cessait jamais de le tirailler, brûlant dans son ventre, comme si sa haine le bouffait de l'intérieur. Combien de temps était-il resté dans cet état pitoyable ? Au final, le jeune homme ne voulait pas le savoir, son orgueil en avait trop souffert. Il passa une main sur son visage, une main froide sur son front moite, et il fut satisfait de constater qu'il était de nouveau capable de bouger. Par l'Ombre, son corps paraissait de nouveau enclin à lui obéir, il émergeait lentement, essayant de retrouver quelques souvenirs de ces derniers jours. Il savait juste que malgré le sommeil, il était épuisé, aussi bien physiquement que mentalement, mais « ça allait mieux », quoi ? Le jeune homme ne le savait pas. Il se redressa légèrement, inspectant les vêtements qu'on lui avait mis, partagé entre la honte et la colère, il avait envie de frapper le mur de rage. Il tourna la tête, cherchant son poignard pour se réconforter, il en avait besoin comme pour se prouver qu'il contrôlait encore quelque chose, et qu'il pourrait éventuellement mettre fin à ses jours.

Cependant, son regard rencontra une touffe de cheveux, et Marius s'aperçut — enfin — de la présence qui s'était tenue contre lui, sa main toucha là où Mist s'était tenu autrefois, et il remarqua par ailleurs qu'on avait aussi changé les draps. Mouillant ses lèvres, il se demanda avec fureur qui avait osé faire ça, lui qui avait refusé depuis un mois qu'on déplace quoique ce soit ici, comme s'il désirait vivre toujours avec le souvenir du mort, il se rendait compte qu'on avait fait le ménage. Marius se laissa tomber en poussant un soupir, et il jeta un regard froid à Alysse qui paraissait endormie, il lui en voulait. On pouvait être certain de ça, il lui en voulait d'avoir tenté de le sauver, et de l'avoir humilié en lui faisant subir tout ça, personne n'avait écouté son choix. Un manque de considération qui le rendait malade, un égoïsme qui le rendait totalement aveugle à tout, lui faisant oublier qu'Alysse avait été motivée par son attachement. Il poussa un soupir, il avait été faible, son corps avait lâché, et pour rien au monde il ne subirait cette terrible expérience deux fois. Il toucha son ventre, le dos appuyé contre le mur, à moitié avachi sur l'oreille qu'Alysse avait gonflé, et qui déjà se pliait sous le maigre poids du jeune homme. Il fixait la fenêtre, absent, les joues creuses, il tremblait un peu de froid.

Sans doute parce que les couvertures avaient glissé sur son corps, et que l'hiver venait frapper à la porte. Son corps allait mieux, mais pas lui, Lokhund Krishna laissait son coeur explosé de chagrin, rien ne pourrait changer ça. Pas même l'alcool, pas même la drogue, rien ne pourrait lui donner goût à la vie. Il l'avait perdu de toute façon, ou il ne l'avait jamais eu, Marius ne savait plus. La jeune fille semblait dormir, épuisée par tout ce qu'elle venait de faire, Marius la méprisa, trop en colère encore et empoisonné par la peine pour la remercier, trop fier aussi. Et pourtant ! Aucun des deux n'avait été ménagé, il ne se rendait même pas compte de ça. Mouillant ses lèvres, il leva une main devant ses yeux, inspectant la maigreur de ses doigts. Il n'avait plus sur lui cette odeur de malade, mais sa peau restait aussi fine, ce n'était pas aussi vite qu'il reprendrait des forces, il n'était pas comme Raseriknulla et n'avait ni sa force ni sa masse. Il soupira encore, contemplant ses os qui menaçaient toujours de percer sa peau, et dire qu'un an auparavant, il avait lutté contre la faim. Un an auparavant, il aurait tué pour manger, et là, il s'était laissé mourir de faim. Que penser de lui ? Plus jamais il ne donnerait un spectacle aussi misérable de sa personne, il ne le supporterait plus une seconde fois. Père et Mère lui avaient appris à garder la tête haute, qu'importe la situation, et lui ? Il avait fait de sa peine un spectacle, il ne recommencerait plus.

Désormais, sa souffrance, Marius allait la garder pour lui, au moins par honneur. Il se mit à réfléchir, le regard troublé par l'épuisement, s'il s'était nourri, jamais il n'aurait eu à supporter tout ça. Lui-même s'était donné une épreuve sans s'en rendre compte, et il avait évidemment blessé Alysse dans la foulée, il en prendrait conscience plus tard. Son ventre émit un grognement significatif qu'il ne pourrait plus ignorer, plus maintenant. Cesser d'être faible, voilà ce qu'il allait faire, et regardant Alysse, toujours mêlé de colère et de honte, il prit l'une des couvertures pour recouvrir le corps de son amie. Regardant autour de lui, Marius remarqua alors un bol de soupe qu'on avait laissé là, ignorant même qu'il avait mangé ou plutôt qu'on lui avait fait manger, il poussa un dernier soupir. Se soulevant sur un coude, prenant mille précautions pour ne pas réveiller Alysse, il parvint à attraper après plusieurs essais maladroits le bol de soupe. Le jeune homme en respira l'odeur, grimaçant, son ventre criait famine et grondait de douleur, et pourtant il prit la cuillère. Après quelques hésitations, les doigts tremblants refermés sur la cuillère, Marius goûta le bouillon. Il l'avala péniblement, partagé entre la faim et l'écoeurement, il en prit une seconde bouchée. Et peu à peu, le jeune homme avala, déglutissant souvent, il se remit à manger.
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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 17:18

Alysse s'était effondrée comme une souche... et elle était restée ainsi, immobile, pendant des heures et des heures. Rien n'aurait pu la réveiller... Elle n'entendit pas Marius se lever ni manger, elle ne l'entendit pas plus se recoucher un peu plus tard et se rendormir quelques temps... elle n'entendit pas non plus Magdra qui pénétra dans la pièce et pesta un long moment contre cette "sale petite garce piégeuse de portes qui se permet de désobéir aux ordres et de n'en faire qu'à sa tête à qui elle allait faire sa fête quand elle émergerait enfin"... mais la plantureuse rouquine jeta un regard à Marius, trouva qu'il avait l'air d'aller nettement mieux "ce petit con", et elle décida de les laisser dormir tranquillement. Il serait toujours temps de les engueuler plus tard.

Alyssé était perdue dans un rêve étrange qu'elle faisait régulièrement depuis son réveil après l'accident qui avait causé son amnésie. Elle se voyait dans une pièce toute en bois, avec un grand lit défait, une table, et des traces de sang partout. Par terre, sur les murs, sur les draps du lit, sur ses mains à elle, ainsi que des éclaboussures. Il y avait des entrailles et des morceaux de restes humains un peu partout, gisant sur le sol comme s'ils avaient été jetés là au hasard... ici un bras, ici une tête, ici une touffe de cheveux etc... et là, sur une latte du parquet, un oeil. Un oeil vert et terne alors qu'il aurait dû être vif et brillant... pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée, mais elle savait comment il aurait dû être. l'oeil la regardait fixement, sans la voir, mais elle ne pouvait pas en détacher ses yeux... il la fascinait et la rendait affreusement triste en même temps. Brusquement, un jeune homme apparu devant elle. Il avait les cheveux bruns, plutôt longs, un corps bien fait et... pas de visage. L'un de ses yeux était masqué par ses cheveux, et l'autre n'était qu'une orbite vide. Le reste de son visage était beaucoup trop flou pour être reconnu. Il s'avança vers elle, la prit dans ses bras et la serra contre lui quelques secondes... puis se mit à la serrer plus fort, beaucoup plus fort... beaucoup trop fort, la jeune fille sentait ses os craquer de mécontentement... il ne finit par la lâcher que quand elle poussa un gémissement de souffrance, le souffle presque coupé par la pression de ses bras et de son torse contre le sien. Il se recula, laissant s'écrouler à genoux dans une marre de sang, puis parla enfin. Il lui disait qu'il lui avait fait confiance, qu'elle avait promit, qu'elle l'avait trahi et qu'il la maudissait à tout jamais. Sa voix lui faisait peur, c'était comme si elle se faisait transpercer à nouveau par les lames de l'inquisiteur... le jeune homme finit par s'accroupir en face d'elle et prit son visage entre ses mains pour l'embrasser longuement, avec une douceur inouïe. Il se recula à nouveau et commença à disparaitre dans une brume sombre en murmurant quelques mots "Tu dois te souvenir Alysse, souviens toi de moi, souviens toi de toi... souviens toi de nous..."... puis uns autre personne apparu dans la pièce. Un prêtre visiblement. Une lame était plantée dans sa nuque et ressortait par sa gorge, il avait un sourire machiavélique et riait à orge déployée, éructant du sang sur Alysse et sur le sol. Il se jeta sur elle en hurlant, la plaqua rudement contre un mur et commença à l'étrangler en vomissant des paroles incompréhensibles...

La jeune fille se réveilla en sursaut, poussant un cri d'horreur. Elle tomba du lit, se prit les pieds dans la couverture que Marius avait placé sur elle, et finit par aller se réfugier dans un coin de la pièce en se demandant où elle pouvait bien se trouver. Haletante, elle cherchait à retrouver un rythme de respiration normal tout en massant sa gorge sur laquelle il lui semblait encore sentir les mains glacées du prêtre de son rêve. Alysse poussa un petit gémissement et enfouit son visage dans ses genoux... elle avait mal partout, se sentait aussi épuisée que si elle venait de courir pendant des kilomètres et des kilomètres, et les tremblement qui l'agitaient toute entière n'étaient pas tous dus à la température ambiante...
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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 18:54

Recroquevillé sur lui-même, Marius avait mis du temps à réagir face au hurlement de peur qui lui perça les tympans. Il ouvrit un oeil, puis un autre, hésitant à voir ce qu'il se passait, trop égocentrique et épuisé pour penser à autre chose que lui-même. Cependant, comme il ne sentait plus de présence, il se retourna et chercha des yeux la jeune fille aux cheveux violets qui s'était effondrée prés de lui. Il ne rencontra que les ombres des meubles, ainsi que le froid, le vent parvenait à passer et la masure était rarement chauffée. Mordant sa lèvre, il se releva sur ses coudes, perdue, il secoua la tête et se serait recouché s'il n'avait pas vu la silhouette prostrée dans un coin. Marius ne bougea pas tout de suite, interloqué par Alysse qu'il n'avait jamais vue de la sorte, il avait vaguement connaissance de ses cauchemars, et il avait en réalité peu l'occasion de se retrouver seul avec elle. Mist avait pris beaucoup de son temps, son bien-être l'avait obsédé, au point où le jeune homme s'était souvent oublié, laissant son ventre crier famine pour nourrir son ami sourd et muet. Il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun ne sortit, sa voix était écrasée dans sa gorge, et il tremblait encore. Eh bien, ils étaient dans un piètre état tous les deux !

Alysse avait rentré sa tête entre ses genoux, et paraissait être devenue la proie de quelque chose contre laquelle Marius ne pouvait pas lutter, il aurait voulu dire des mots réconfortants, mais rien ne lui vint. Il se contenta de l'observer, toujours furieux contre elle, il ne lui demanda pas ce qu'elle avait, il le savait déjà de toute façon. Il garda le silence, ses pensées encore troubles, il ne détacha pas les yeux de la jeune fille qui blessée comme lui l'était, essayait de lutter contre ses propres démons. Il passa une main blanche dans sa chevelure, songeant à tout ce qu'elle avait traversé, et qu'elle traverserait. Ce que Marius désirait, là maintenant ? C'était lui offrir une existence paisible, loin des combats, loin de la politique, où elle pourrait chanter et danser sans se soucier du lendemain. En examinant Alysse, Marius goûta à un regret qu'il avait toujours refusé de manger. Malheureusement, ce dernier infiltra sa bouche et emplit tout son être d'une amertume noire, le remord rongeait les os de sa volonté, il coupait les nerfs de ses rêves, et griffait la poitrine de son utopie.

Pourquoi se battait-il ? Jamais il n'aurait perdu Mist, s'il n'avait pas dévié de la voie que ses parents lui avaient tracée. La vision d'une Alysse joyeuse, ayant conservé ses souvenirs, et vivant dans la joie lui fit atrocement mal, pourquoi s'étaient-ils battus ? Pourquoi avaient-ils voulu le changement ? Pourquoi s'était-il pris pour l'enfant de la Révolution ? Marius poussa un soupir, que faire ? S'excuser ? Mais que dire ? Sa voix était absente, morte dans sa gorge. Des excuses ? Il ne voulait pas les énoncer, elle l'avait blessé, il avait failli la détruire d'un simple regard. L'Inquisiteur qui lui avait fait ça ? Le jeune homme ne pouvait pas lui en vouloir, il n'en avait plus la force. La bouche ouverte, la lèvre tremblante, il se détourna d'elle et alla prendre une couverture qu'il jeta à ses pieds. Le plancher grinçait sous ses pieds, le vent murmurait dehors, et le froid pénétrait sa peau, ça faisait un moment qu'il n'avait plus eu l'impression d'être vivant. Baissant les yeux sur un insecte qui courait prés de son pied, Marius murmura :


— Si je te demandais de m'achever, tu le ferais ?

Sa voix n'était pas réellement une voix, mais un amas de son rude, on aurait dit le chuchotement sinistre d'un mort. Ses mots étaient durs, cruels, et il n'en avait pas conscience, trop occupé par cette question. Il regarda ses mains tremblantes, ses mains qui autrefois avaient brandi une arbalète sur son frère aîné. Marius poussa un soupir, levant la tête vers le plafond, il secoua la tête. Si Alysse lui répondait « non », il savait vers qui se tourner. Raseriknulla, cette masse informe de muscle, ce monstre de foire qu'il avait trouvé dans la rue, lui le tuerait, si Marius lui en donnait l'ordre. L'Objet était une arme redoutable, et Marius comptait un jour ou l'autre l'utiliser pour mettre fin à ses jours. Il plissa les yeux, et passant ses mains sur son visage, il acheva sur un ton tranchant comme une lame :

— Qu'importe... va te reposer, et n'interfère plus. Contente-toi de m'obéir.

Des paroles rudes, un regard sombre qui ne reflétait même pas de la reconnaissance, juste de la colère qu'il essayait de maintenir dans le silence. Et après cet acte odieux, Marius quitta la chambre. Les jambes tremblantes, peinant toujours à supporter son maigre poids, il se colla contre le mur. La tête levée vers le plafond, il resta dans le noir, les yeux fermés, il songea que la vie était une putain qui ne valait rien.
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MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 21:06

Les fantômes de son cauchemars commençaient à s'effacer lentement, ils retournaient dans sa mémoire, à la même place que les autres fois, là où elle ne pouvait pas aller les chercher. Elle se souvenait toujours de ce cauchemars là mais n'arrivait pas à le comprendre. Elle avait pourtant essayé de nombreuses fois... le seul "reste" de son rêve était le visage flou à l'oeil vide et aux cheveux brun du jeune qui disait vouloir la maudire et qui souhaitait qu'elle se souvienne de lui, d'eux... pourquoi ? Qui était ce garçon ? Que lui voulait-elle ? L'avait-elle connu dans sa "vie d'avant" ? Ce rêve, aussi désagréable soit-il, lui donnait toujours envie d'aller au bord d'une falaise donnant sur un lac au moment du couché du soleil, une image sortie de son imagination probablement... où un vague écho de ses souvenirs perdus... Poussant un soupir, la jeune fille commença lentement à se détendre...

"— Si je te demandais de m'achever, tu le ferais ?"

Alysse leva les yeux vers Marius. Il était debout contre le mur, avait le visage tourné vers le plafond et semblait perdu dans ses pensées, absorbé par l'obscurité présente derrière ses paupières.

"— Qu'importe... va te reposer, et n'interfère plus. Contente-toi de m'obéir."

Mais sa question tourna un bon moment dans la tête de la jeune fille. Elle garda longtemps le silence, laissant les minutes s'égrainer lentement, fixant le sol d'un air concentré. Si Marius devait un jour mourir pour des raisons différentes de cette fois là... est-ce qu'elle l'achèverait ? Elle ce qu'elle lui donnerait vraiment ce qu'il souhaite ? Serait-elle capable de le tuer de ses propres mains pour mettre fin à ses souffrances ? Elle réfléchit longuement, pesant le pour et le contre, évaluant ses capacités et sa volonté... finalement, après un très long moment de silence, elle releva les yeux vers Marius, le regarda un moment et murmura doucement :


- Oui... je le ferais.

Elle se redressa, ébouriffa ses cheveux violets en passant sa main entre eux et bougea les bras et les jambes pour les dégourdir avant de faire pareil avec son dos et sa nuque. Elle se sentait toute courbaturée. Elle poussa un petit sourire dépité, se disant qu'elle ne pouvait plus compter sur son corps comme avant puis laissa son regard s'égarer par la fenêtre. Il faisait presque nuit, le soleil disparaissait lentement derrière les toits en aspergeant la ville d'une lueur rouge orangée du plus bel effet, c'était magnifique et... et... Alysse sursauta et fouilla dans son sac pour y prendre une feuille. Elle la parcouru un instant en se mordant la lèvre inférieure et chuchota un juron bien senti. Elle se dit qu'elle avait dû dormir pratiquement toute une journée... elle était en retard sur son planning. Une pensée fugitive traversa son esprit : serait-elle capable de mener à bien la mission qu'elle s'était donnée ? Son corps le lui permettrait-il ? Sa fatigue était-elle si forte ? Elle balaya tout cela rapidement... c'était maintenant qu'elle devait le faire, une telle occasion ne se produisait que rarement et elle n'avait pas la patience d'attendre encore plusieurs jours, semaines ou mois.


- Je... je sais que te dire que je suis désolée ne servira à rien... pas plus que de t'expliquer pourquoi j'ai fais ça. J'ai trahis ta confiance et même si, sur le principe, je ne pourrais jamais me le pardonner... je ne regrette rien. Si c'était à refaire je referais exactement la même chose... je m'y prendrais juste plus tôt pour que tu en souffres moins.


Elle récupéra ses affaires à la va-vite et fourra son papier dans son sac sans y penser... si bien qu'il finit par terre non loin du lit plutôt qu'auprès de ses bourses de poison et autres affaires.


- Je vais te laisser te remettre, j'ai laissé des instructions à Magdra te concernant... suis les s'il te plais, elle s'est beaucoup inquiétée pour toi. Par contre, sache que contrairement à toi, je crois qu'elle avait décidé de te laisser mourir étant donné qu'il était évident que c'était ce que tu voulais... j'imagine qu'elle voulait respecter tes dernières volontés. Elle m'avait interdit de venir te voir, alors ne la blâme pas pour ce que j'ai fais.

Évitant soigneusement de le regarder en face, elle se détourna et alla ouvrir la porte. Elle hésita un moment, mais se dit qu'elle ne pouvait pas partir comme ça, si elle échouait, et même si elle réussissait probablement, elle ne le reverrait sans doutes jamais et allait mourir dans la nuit.

- Déteste moi autant que tu le voudras... au revoir Marius, merci pour tout.


Et elle s'en alla, se dirigeant vers sa chambre pour y récupérer rapidement les affaires qui lui manquaient avant de se mettre en route, prenant bien soin de ne surtout pas croiser Magdra qui se douterait probablement tout de suite de ses intentions...
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Marius De l'Ombrage

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Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] Vide
MessageSujet: Re: Le Poison empoisonné [Pv : Alysse]   Le Poison empoisonné [Pv : Alysse] EmptyLun 30 Jan - 22:41

« Oui... je le ferais... » Marius haussa les sourcils de surprise, il ne s'était pas attendu à cette réponse. Il tourna la tête vers elle, le regard mort de fatigue, il poussa un soupir et secoua la tête. Mordant ses lèvres, puis il croisa les bras, ses bras maigres qu'il ne reconnaissait plus. Il avait la sensation désagréable de s'être réveillé d'un mauvais rêve, comme si la mort de Lokhund Krishna formait une autre réalité, et qu'Alysse venait de brusquement de la détruire. Marius lui lança un regard résigné et fatigué, il l'écouta d'une oreille, gardant en esprit la moitié des choses. La jeune fille lui présenta ses excuses, mais le terroriste n'en voulait pas, il désirait se laisser tomber sur le matelas et oublier ces journées d'épouvantes.

Alors d'un geste de la main, il encouragea Alysse à partir, la solitude l'attirait et s'enfermer dans son malheur paraissait la seule chose qui le distrayait, ou plutôt l'unique qu'il pouvait faire. Il frotta ses yeux, las, et jeta un regard à son amie, la laissant le quitter sans plus de sentiment, incapable de voir à quel point il l'avait blessé, là où il avait eu le plus besoin de lui. Malheureusement, Marius avait perdu son côté compréhensif, devenant froid et misérable dans son chagrin. Il l'observa le quitter, et poussant un soupir, le jeune homme tomba sur le lit. Il se replia rapidement sur lui-même, la tête entre les bras, les genoux contre sa poitrine. Son corps le tiraillait toujours, et sur ce lit, il ne pouvait plus supporter l'absence de Lokhund. Il caressa les draps propres, qui avaient été changés, et qui sentaient bon, loin de l'odeur de sueur qui s'était incrustée depuis plusieurs mois.

C'était comme si on venait de lui arracher le dernier souvenir de Mist, et qu'on l'avait remplacé par le froid et le blanc, Marius étouffa un cri de douleur et mordit jusqu'au sang sa langue. Il eut un frisson, puis ses ongles se plantèrent dans le matelas, il le griffa brutalement, et se retrouva seul face à son chagrin. Ce monstre, le chagrin, cette arme redoutable qu'avait usé d'Arken contre lui, l'avait achevé avec une cruauté terrible, au point où Marius n'était plus que l'ombre de lui-même. Une ombre fade, bouffée par la peine, et qui se lamentait sur son sort, incapable de relever la tête, et foutre son poing dans la gueule de son deuil. Le jeune homme se releva et envoya son poing dans le mur, pourquoi ? Pourquoi maintenant que son corps retrouvait un semblant de force, devait-il faire face à toute cette souffrance ? N'avait-il pas espéré mettre une fin à tout ça ? Il roula sur le côté, tendu, et se rappelant à quel point cette nuit avait été horrible. Cette nuit ? Il ne savait plus, le temps avait perdu de son sens. Fou, furieux contre Alysse, enragé contre lui-même, Marius fouilla dans ses affaires, prêt à tout pour mettre fin à ses souffrances. Mourir ? C'était trop long, et il ne voulait plus se montrer faible.

Mais comment expulser ses douleurs ? Marius retrouva près de la bassine d'eau son poignard, et sous son lit l'arbalète. Prenant son poignard, Marius s'assit au bord du lit et l'examina un long moment, son oeil caressant le tranchant de la lame, tandis que ses doigts glissaient sur le manche. Lentement, d'une main tremblante, il défit les boutons de sa chemise, assez en tout cas pour retrouver les cicatrices sur son ventre. Il ouvrit la bouche, et effleura son flanc, il eut un frisson et sur l'instant, il cru sentir une blessure terrible. Il sursauta et poussa un soupir, les coudes sur son genou, il fourra son visage dans ses mains et émit un autre grognement. Sa poitrine était compressée dans des chaînes d'épines, son coeur était percé d'aiguilles, comme si elles se plantaient dans les nerfs pour le faire souffrir encore et encore, ses doigts glissèrent dans sa chevelure qu'il tira. Une autre crise débutait, comme d'habitude, et Marius ne pouvait plus contenir ce calvaire. Brusquement, il se redressa et reprit son poignard, il mordit sa lèvre et levant sa manche, il donna un premier coup de lame dans le bras. La blessure s'ouvrit sur l'instant, le sang tomba sur son pantalon en une fine trace rouge, Marius haussa les sourcils. La lame glissa sur sa peau, et tournant le poignet, il déchira le dos de sa main, la douleur le fit grimacer, mais il recommença.

La lame se planta cette fois-ci vers son coude, Marius serra les dents, et par une illusion terrible, il crut que sa souffrance venait de s'amenuiser et tombait, en même temps que les quelques gouttes de son sang. Un frémissement le secoua, il poussa un soupir, mélangé entre le dégoût et la fascination pour cet acte pousser par son désespoir. S'il finissait par se vider de son sang, est-ce que sa douleur aurait une fin ? Le jeune homme ferma le poing, la lame toucha son pouce, et des marques apparurent sur sa peau. Il essuya sa main et son bras les draps propres, et se leva pour se laver le visage. Il posa le poignard sur la table de chevet, et manqua de faire un bond quand on pénétra dans la chambre, il cacha de suite son poignard, comme pris en flagrant délit, et plissa les yeux sur le visage affolé du contrebandier.


— Léonard... merde, on a trouvé ça !

Marius fronça les sourcils, et se tenant à la table de chevet, il parcourra rapidement le petit papier que Marcoh fourra dans ses mains. Son expression changea de tout au tout, et il cracha un « merde » en froissant la feuille. Alysse avait décidé de mettre fin à la vie d'Uriel d'Arken, et ce qu'il lisait n’était rien d'autre que son plan.
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