L'Empire Ishtar
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 Consuetudo altera natura est

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Consuetudo altera natura est Vide
MessageSujet: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyDim 29 Mai - 20:54

Déambulant dans les rues de la ville, Lizbell ne pensait qu'au bain chaud qu'elle prendrait une fois de retour dans son logement. Le travail d'aujourd'hui avait été... décevant. Un détenu s'était mordu la langue pour se suicider, on l'avait arrêté à temps pour l'empêcher d'atteindre son but mais pas de se blesser. Salement. Lizbell siffla entre ses dents. Malgré les soins du médecin, il était mort de septicémie en l'espace de deux semaines. Et cela, sans donner la moindre information ni le moindre nom. En même temps, sa langue avait eu le temps de tripler de volume, faisant de l'articulation un exercice de haut vol. La lui couper n'arrangea pas vraiment les choses.

Lizbell sortit un étui argenté de sa poche intérieur et l'ouvrit. Il lui restait trois cigarettes. Elle en prit une et l'enfila sur son fume-cigarette en corne ciselé puis rangea l'étui. Une allumette craqua sur la piste soufrée de sa petite boîte. Portant le tube évasé à ses lèvres et l'allumette à l'extrémité de sa cigarette, elle inspira par à coups afin d'enflammer le mélange de tabac. Puis elle secoua l'allumette pour l'éteindre, dégageant une fumée âcre aux relents de soufre, la cassa en deux et la jeta machinalement dans le caniveau. La jeune femme expira une fumée opaque s'échappant en volutes de son nez et de sa bouche. Des arômes de clous de girofle et de cannelle persistèrent dans son sillage.

Le second détenu dont elle s'était occupé n'avait pas franchement été plus coopératif. Cette pleurnicharde n'avait pu lui donner une réponse satisfaisante, la jeter dans le quartier d'isolement des détraqués sexuels avait réussi à la briser psychologiquement. Un peu trop même. Désormais, elle restait prostrée dans une position soumise, le regard fixe, les lèvres murmurant des paroles sans queue ni tête. Lizbell siffla à nouveau. Depuis dix ans qu'elle était inquisitrice, les prisonniers étaient devenus mollassons. Aucune résistance à la torture de quelque nature que ce soit. Tous à crier à l'aide, à la supplier de montrer de la pitié.

Oh, elle devait reconnaître que le détenu qu'elle avait exécuté aujourd'hui avait montré un semblant de courage. Pour cela, elle lui avait évité de souffrir. Trop longtemps. La main sur la garde de sa rapière, Lizbell se rappelait l'expression de cet homme qu'on aurait pu qualifier de "vieux" dans quelques années s'il avait vécu jusque là. Il était résigné à mourir, mais il voulait quand même tenter de garder un semblant de dignité. Après des semaines de questionnement, il l'avait regardé droit dans les yeux, même si cela lui en avait coûté. Il l'avait presque défié. Elle lui avait souri avec douceur, ce qui le surprit, avant de lui planter deux piques dans les orbites. Le tuant sur le coup.

Je vais bientôt me retrouver désœuvrée si cela continue ainsi, se dit-elle.

Sa réserve de tabac allait bientôt s'épuiser. Elle s'arrêta un instant en pleine rue, elle expira une nouvelle bouffée de fumée. Des passants se retournèrent, d'autres la dévisagèrent. Elle ne leur prêta aucune intention. D'après l'heure indiquée sur sa montre à gousset ainsi que la position du soleil dans le ciel, elle aurait deux heures, peut-être trois avant la tombée de la nuit. Elle continua sa marche et tourna à un carrefour pour arriver au Grand Marché. Haut-lieu de commerce et de rencontres. Elle connaissait un marchand d'épices qui lui fournirait les éléments du tabac qu'elle préparait elle-même.

Un jeune garçon la bouscula.

#'Désolée, M'dame !# fit-il avant de se relever et de se remettre à courir.

Lizbell tapota sa cigarette pour en faire tomber la cendre. Elle sortit une dague, la jeta en l'air, l'attrapa par la pointe et la lança. Un hurlement de douleur et des cris paniqués de la foule qui s'ouvrit lui fit savoir qu'elle avait atteint son but. Elle souffla à nouveau de la fumée et rejoignit le jeune garçon. Il devait avoir à peine treize ans. Il était tombé à plat ventre, frappé par sa dague plantée dans son omoplate. Il tenait sa bourse dans sa main. Elle posa son talon sur sa tempe tandis qu'il gémissait de douleur.

-Ce n'est pas ton jour, mon petit. Je suis contrariée par ma journée de dur labeur et je venais faire des emplettes pour me détendre. Étant donné que tu es jeune, tu es censé avoir la vie devant toi. Mais... (elle sortit sa rapière) Il semblerait que je devais devoir l'abréger prématurément.


Dernière édition par Lizbell Kardick le Lun 30 Mai - 14:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyLun 30 Mai - 8:41

    Les forêts de Frickwitch manquaient fortement à Kyle, les odeurs des sous-bois au petit matin, la fraicheur de la brume, les bruits familiers des feuilles bougeant dans les hautes branches au gré du vent… Ce n’était pas le lieu le plus accueillant qui soit mais c’était chez lui et cet endroit lui manquait. Sauf que maintenant, il ne pourrait plus penser à ses chères forêts sans sentir à nouveau l’odeur insoutenable de la chair brûlé et des explosifs. C’était en partie à cause de ça qu’il avait changé de vie, qu’il était venu à la capitale impériale.

    Tout était tellement différent ici, il y avait beaucoup de monde, c’en était parfois presque étouffant, il y avait des gens de toutes les provinces, plein de cultures qui s’emmêlait, un monde riche… riche mais dangereux et il en avait bien conscience. Il s’était proposé dans la garde, on n’aurait été bien bête de refuser un archer de son talent. Cependant, Kyle restait un chasseur de Frickwitch, il devait acquérir de nouveaux réflexes, un humain ne pensait pas et n’agissait pas comme un animal, il y avait des similitudes mais ca s’arrêtait là. Il devait aussi en apprendre plus sur la structure de la grande cité, les quartiers, l’architecture, les raccourcies, tout ce genre de chose. Heureusement, il avait un bon sens de l’orientation, ce qui aidait pas mal.

    Nouvelle recrue, il patrouillait principalement avec une petite unité de garde, quant on ne le mettait pas en sentinelle à quelques points clé de la ville. C’était une vie différente, moins libre mais elle allait lui convenir à force. Les autres soldats l’appréciait, du moins tous étaient suffisamment convaincu du talent de l’archer pour qu’il couvre leurs arrières. La patrouille du jour, une petite promenade dans le grand marché d’Ishtar. Kyle se promit d’y revenir quant il aurait du temps libre et sa prochaine solde. Des produits de tout l’empire circulait ici et certains pour des prix horriblement abordable. Du moins du point de vue d’un Frickwitchien, habitant d’un comté où les marchands ne venaient pas beaucoup et où un quelconque produit étranger était un article de luxe.

    Cependant, c’était une zone à risque concernant les voleurs, c’était facile pour eux de se perdre dans la masse. On lui avait expliqué qu’avec la régence du haut-prêtre, le duc-commandant, leur cher en somme, avait été quelque peu évincé et que la garde n’avait pu faire son travail correctement depuis des années. Cependant, l’empereur avait repris le pouvoir et la garde reprenait du service actif, il était de faire comprendre à tout ceux qui s’en était donné à cœur joie que la fête était terminé.

    Ils ne marchaient pas depuis bien longtemps que déjà ils entendirent un cri dans la foule. La petite troupe s’approcha et le spectacle se fit voir, une femme tenait un gamin en respect. Le petit avait une bourse à la main, sans doute un voleur des rues, un enfant désœuvré qui avait eu le tord de s’attaquer à la mauvaise personne. Il avait une dague dans le dos, elle lui tenait le visage au sol de son pied et le menaçait de son épée. Kyle vit tout de suite à son regard qu’elle ne s’en tiendrait pas là. Il y avait une certaine froideur sur son visage, c’est alors qu’il se rappela ce que lui avait dit un oncle une fois, les animaux et les prédateur ne se livrent jamais à de la violence gratuite, il y avait toujours une raison, le seul « animal » capable d’être vraiment cruel, c’était l’homme, ou dans le cas présent, la femme. Le vol était certes un crime et le petit devait être puni mais il ne méritait certainement pas de se faire torturé et exécuté de cette manière.

    Kyle agit d’instinct. Il empenna une flèche, bandit son arc, visa et tira. Le trait frappa l’épée fine de la jeune femme à un niveau proche de la garde, ce n’était pas suffisant pour lui fa ire lâcher son arme mais assez pour la surprendre et lui faire relâcher la pression. Un second trait vola et se planta dans le sol, en ayant d’abord accroché le bas de son pantalon pour la forcer à enlever son pied de sur la tête du gamin. Les autres gardes se mirent en arc de cercle autour d’elle, la tenant en joue de leurs armes et ce fut le sergent de l’unité qui prit la parole.

    Ce garçon vous a peut-être volé mais c’est à la garde de l’arrêter et à un magistrat de décider de son sort. Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous embarquer aussi.

    Pendant qu’il parlait, deux gardes prirent le garçon avec eux, enlevèrent la dague planté dans son omoplates et lui firent les premiers soins avant de l’emmener avec eux. Durant toute l’opération, Kyle garda la jeune femme en joue. Il ne tenait la corde avec les deux doigts du haut, les deux autres tenaient une seconde flèche prête à être armée et décochée vieux réflexe de chasseur. La situation était tendue, le calme apparent lui permit de regarder un petit peu mieux la femme en question. Il n’y avait pas à dire elle était très belle, jeune, un corps bien fait, des cheveux lisses mais un regard d’une froideur qui ne laissait planer aucun doute, elle était du genre beauté fatale, rose blanche aux épines d’un poison sans doute mortel et douloureux. Kyle faisait un concours avec elle dans ce cas, son visage restait aussi fermé et froid que le sien. Si toute cette froideur pouvait se manifester physiquement, il se serait mis à neiger sur le marché. La situation allait-elle se calmer ou non ? Kyle avait déjà tué des hommes, des bandits entre autre, il savait où viser pour tuer un humain facilement, d’autant plus qu’elle ne semblait pas porter d’armure…
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyLun 30 Mai - 14:24

Lizbell planta la pointe de son épée dans la petite bourse et l'envoya en l'air avant de l'attraper au vol. Tandis qu'elle la rangeait dans son manteau avec mille précautions cette fois, elle n'entendit qu'au dernier moment le sifflement d'une flèche. Son cœur bondit. Elle n'avait guère prêté attention aux alentours, une erreur de débutant. Elle pesta intérieurement Cela lui apprendrait à accorder trop d'importance à la vermine. Mais la flèche heurta sa rapière. Pas assez pour la faire lâcher mais suffisamment pour la déséquilibrer, puis un autre sifflement entraînant la jambe de son pantalon qui se tenait en appui sur la tête du gamin. Cela lui fit perdre sa cigarette à moitié consumée. Elle en conçut de la contrariété. Elle soupira.

Tandis qu'elle sortait à nouveau son étui pour y prélever son avant-dernière cigarette, la suite de l'archer qui était intervenu l'encercla, laissant tout de même la préséance à leur chef qui la tenait en joue. Une nouvelle cigarette craqua et elle inspira lentement en portant à ses lèvres l'embout évasé de son fume-cigarette qu'elle tenait entre l'index et le majeur. D'un geste négligent, elle cassa l'entrave de sa jambe. Constatant le trou déchiqueté, elle se fit la réflexion qu'elle devrait également penser à aller voir le tailleur. En fin de compte, elle aurait dû rentrer directement chez elle.

Elle expira des serpents de fumée dansant et ondulant dans la lumière tamisée du jour ployant devant la nuit qui avançait. L'air environnant embaumait le clou de girofle et la cannelle tout en piquant légèrement les muqueuses sensibles du nez et de la gorge. Exécutant avec une rigueur cérémonieuse la dégustation de sa cigarette, elle dévisagea l'archer. Il avait l'allure sèche de celui qui a grandi trop vite. Malgré son air mal dégrossi, il y avait quelque chose d'harmonieux dans la bataille sans nom de ces cheveux blonds coupés en mèches irrégulières. Ses yeux verts lui adressaient un regard au mieux glacial. Elle sourit légèrement lorsqu'il la "menaça" de l'arrêter. D'un tapotement appliqué, elle fit tomber la cendre. Il serait intéressant de voir, si l'Ombre les menait jusque là, comment il se comporterait dans l'intimité d'une alcôve.

Puis elle se tourna vers le sergent qui l'avait interpelé de manière cavalière. La première envie qui lui venait était de l'énucléer pour lui apprendre à regarder les belles choses avec plus de courtoisie. Mais pour l'heure, elle se contenterait de lui rappeler sa place.

-L'impolitesse et l'absence de votre présentation seraient une bonne raison à elles seules. Permettez-moi de vous apprendre qui je suis. Je réponds au nom de Lizbell Kardick, Inquisitrice au service de l'Ombre. Et la bonne raison pour laquelle vous ne m' "embarquerez" pas, comme vous dîtes, est que je n'ai de compte à rendre qu'au Haut-Prêtre. Et absolument pas à de jeunes chiots fraîchement engagés.

Depuis le couronnement du nouvel empereur, la garde impériale reprenait du service. Mais il ne fallait pas compter sur son ancien prestige pour asseoir son pouvoir, ni même être respectée. Les nouveaux membres devraient montrer ce qu'ils valent réellement.

Et on dirait que j'en fais les frais... Ah la politique ! se dit-elle en expirant un nouveau nuage de fumerolles opalescentes.
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyLun 30 Mai - 18:01

    Tout en la tenant en joue de son arc, Kyle ne la quitta pas un instant des yeux, l’observant faire. Ses deux flèches l’avaient prise par surprise. La première car elle n’avait pas fait attention à son environnement et la seconde car elle était sous la surprise de la première. Cependant, elle ne cria pas de rage ou s’énerva, au contraire, elle était d’un calme désarmant, sauf que Kyle restait tout de même sur ses gardes. Le principal souci de la jeune femme semblait venir de sa cigarette qu’elle avait faite tomber sur le coup, d’ailleurs la première chose qu’elle fit fut de s’en allumer une autre, ce ne fut qu’après qu’elle pensa à se dégager la jambe de la flèche qui l’entravait. Alors soit elle était parfaitement idiote, ce qui semblait loin d’être le cas, soit elle avait parfaitement confiance en elle-même. Mais à la voir agir avec son arme, on sentait qu’elle n’était pas la première mercenaire venue, une unité de la garde impériale ne semblait pas l’intéresser ou l’intimider plus que ca. Pendant toute la tirade du sergent, la jeune femme sembla se focaliser sur Kyle, ce qui était difficile de l’ignorer vu que lui-même ne la lâchait pas du regard. Mais étrangement, elle ne sembla nourrir de rancœur envers lui, à moins qu’elle ne le dissimule bien. Pour sa part, le jeune homme ne baissa pas sa garde, peut-être était-ce le calme avant la tempête…

    La jeune femme se présenta donc comme étant une inquisitrice, c’était bien la première fois que Kyle en rencontrait une, les seuls conseils qu’on lui avait donné étaient de se méfier et de ne pas leur faire confiance. Ils n’avaient pas bonne réputation et certains étaient emprunt d’une grande cruauté. Et en voyant ce qu’elle était sans doute prête à faire à ce pauvre gamin, il était tenté de le croire. Le sergent ne sembla pas gêné outre mesure par les menaces à peine dissimulés de la jeune femme.

    Et les inquisiteurs de l’ombre n’ont-ils donc pas mieux à faire que de pourchasser des petits pickpockets des rues ? Quant au haut-prêtre, il demeure au service de l’empereur comme nous tous, ca ne vous donne aucun droit d’usurper notre travail. Arrêter votre voleur est une chose, vous substituer à la justice impériale en est une autre.

    Cependant, le sergent n’avait nul envie ou besoin de s’embêter à faire la guerre avec une inquisitrice, surtout en plein public, elle lui avait donné son nom, il en référerait à ses supérieurs qui prendraient les décisions à prendre.

    En attendant, nous en restons là pour aujourd’hui. Nous rentrons soldats.

    Le voleur avait déjà été emmené loin, les autres gardes baissèrent leurs armes et Kyle fut le dernier à le faire, baissant son arc et détendant la corde lentement, comme s’il s’attendait à un éventuel coup fourré, il devait être prudent dans cette grande ville. Finalement, tout s’arrêta là et le jeune homme s’apprêta à partir avec les autres gardes. Mais son chef vint lui poser la main sur l’épaule et lui parla doucement.

    Le service est terminé pour aujourd’hui Kyle, puisque tu es encore nouveau en ville, profites-en pour te familiariser un peu avec le marché, crois-moi tu auras souvent à revenir.

    Bien sergent, merci du conseil.

    La petite troupe disparut et le jeune homme resta seul. Il fit jouer un petit peu les flèches qu’il n’avait pas décoché entre ses doigts et les rangea dans son carquois avant de fixer son arc à une attache derrière ses hanches. Bon… qu’allait-il faire maintenant ?
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMar 31 Mai - 1:04

Lizbell semblait plus absorbée par la dégustation de sa cigarette que par le sermon du soldat. Bien sûr que le Haut-Prêtre servait l'empereur, comme tout le monde. Mais à travers lui, c'était l'Ombre que nous servions. Rien d'autre. Ni plus, ni moins. Peut-on simplement considérer quelqu'un comme son égal quand on sert la même personne in fine ? Par l'Ombre, non. quant à usurper le travail des autres... elle sourit. S'ils le faisaient correctement, elle n'aurait pas eu à s'en charger elle-même. Lorsque le sergent prit congé, elle le salua en portant la main à son cœur en inclinant légèrement la tête.

-Je vous prie de m'excuser d'avoir outrepassé mes droits. Il ne fait nul doute que je n'apprécierai pas si vous me rendiez la pareille, dit-elle modestement, sans ironie.

Les gardes baissèrent leur arme et s'en allèrent en suivant leur chef. Lizbell se moqua intérieurement. "Nous en resterons là pour aujourd'hui." Il n'avait aucune idée de l'inéluctabilité de ces mots. L'inquisitrice jeta un coup d'œil à sa montre. Une demi-heure. Elle venait de perdre pas moins d'une demi-heure en babillages et salamalecs inutiles. Elle laissa échapper un soupir. Pourquoi les gens étaient-ils si contrariant ? Bien sûr que non, elle ne l'aurait pas tué. Elle l'aurait juste délesté d'une main. Un juste châtiment pour un voleur. Et puis cet archer. Elle siffla entre ses dents, signe d'agacement. Désirant vérifier quelque chose, elle sortit sa rapière et l'examina.

Par l'Ombre ! A deux pouce de la garde, sur la lame, une éraflure venait entacher le métal à la ligne parfaite. Ses sourcils clairs se froncèrent de mécontentement. Lizbell prenait un soin presque maniaque de ses biens. La moindre saleté, la moindre imperfection l'irritait. Cela contrariait l'harmonie qu'elle s'efforçait de créer. Elle pesta à voix basse. Cet archer... Un rayon de soleil l'éblouissait, son regard en chercha naturellement l'origine. La flèche qui l'entravait réfléchissait la lumière. Elle la retira du sol, l'examina, la fit passer entre ses doigts pour en apprécier l'équilibre. A quelques mètres sur sa gauche se trouvait celle qui avait rayé le métal originellement lisse de son épée. Elle ramassa la coupable.

Il était préférable de ne pas les laisser traîner. Des gens pourraient se blesser avec, ce serait dommage. Et elle n'y serait pour rien. Oui, vraiment dommage. Qu'allait-elle en faire maintenant ? Elle n'avait jamais eu l'usage d'un arc. L'épée et la dague lui suffisaient amplement. D'ailleurs, elle alla ramasser cette dernière. Elle était encore tachée du sang du voleur. Elle sortit un mouchoir et en essuya la lame. Le pire ennemi de l'acier est le sang qui l'oxyde plus que n 'importe quoi d'autre. Lorsqu'elle rengaina, elle se décida à reprendre ses emplettes là où elle en était tout à l'heure.

Sur son chemin, elle tomba sur le l'archer qui lui tournait le dos. Les soldats s'éloignaient dans la foule, le laissant un peu sur la touche. Elle hocha négligemment les épaules et s'adressa au marchand devant lequel l'archer et elle-même se croisait.

-Aaaaah ! Madame ! Quelle joie de vous revoir ! Je vous prépare la même chose que d'habitude ?
-Bonsoir Aran. Je vous en prie, faîtes donc.


Le marchand s'en alla dans sa remise. La jeune femme inspira une dernière fois avant d'écraser sa cigarette et de ranger son accessoire. Elle s'adressa alors à l'archer en lui tapotant l'épaule avec la penne de ses flèches. Au moment où il se retournerait, il verrait l'inquisitrice remonter ses lunettes sur l'arête de son nez et lui tendre ses deux flèches.

-Je crois que ceci vous appartient.
-Voilà !


Le marchand revint avec un sac dans lequel il disposa des sachets en papiers tous griffonnés de signe indiquant la nature du contenant et le poids : Tabac - 1 kg, Clous de girofle - 300 gr, Cannelle - 270 gr. Lizbell lui paya la somme habituelle, et s'empara de ses désormais biens.
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMar 31 Mai - 8:35

    Malgré ses dires, il était évident que la jeune femme se fichait pas mal des soldats et de ce qu’ils lui disaient. Personne n’en serait dupe, pas même un nouveau venu comme Kyle. Mais bon, cette joute verbale était avant tout destinée à faire en sorte que chacun y sauve sa fierté dans cette histoire. Visiblement, on avait eu raison de le prévenir, quand la garde et les inquisiteurs se croisent, ca s’engueule toujours. Tous sont trop fiers pour laisser la place à l’autre et parfois, seul la peur des maître respectif, à savoir l’Empereur et la Haut-prêtre suffisait à éviter que ca ne parte au conflit physique. Dommage qu’ils ne soient pas capable de collaborer un peu plus. Dans le cas de Kyle, il venait de Frickwitch, il avait vu ce que pouvait faire les fanatiques de la brume et cette jeune femme ne renvoyait pas à une idée plus douce de la religion, voilà pourquoi il ne lui ferait pas spécialement confiance pour sa part.

    Tout en resta donc là, le petit voleur serait donc amené devant un magistrat qui statuerait sur son sort sans avoir besoin d’en venir à des actions inutiles et les soldats se retirèrent. Le sergent laissa sa soirée à Kyle pour qu’il ait le temps de se familiariser avec les lieux. Le jeune homme constata que les gens reprirent vite possession des lieux, le spectacle était terminé et il fallait croire que ce genre de choses arrivait couramment. Il aurait bien voulu récupérer ses flèches mais il les avait déjà perdus de vue, sans doute ramassé par un curieux. Il perdit également la jeune femme de vue, dans la foule, il ne put donc pas la voir ramasser ses flèches et pester devant les dégâts sur sa lame.

    Le jeune homme décida d’en rester là et se dirigea vers les étals pour regarder un petit peu ce qu’il y avait au marché. Il était surpris devant la diversité des produits, il y en avait vraiment de tout l’empire, de tout et n’importe quoi. A voir la disposition des lieux et la foule, il ne s’étonnait pas de constater que c’était l’un des coins favoris des voleurs des rues. Le chef avait raison, il reviendrait sans doute souvent par ici. Il s’arrêta ensuite devant l’étal d’un marchand d’épice et d’herbes exotiques, les senteurs étaient étranges mais intéressantes, nouvelles par rapport à celles qui lui était familière dans ses forêts d’où il était originaire. Quant il vit le marchand parler à quelqu’un, il jeta un rapide coup d’œil et vit la jeune femme avec qui il avait eu cet « échange » de regard. Le bon sens aurait voulu qu’il se méfie mais il ne sentait pas d’agressivité de sa part ou alors elle savait fort bien la dissimuler. Pendant que le marchand allait chercher la commande de sa cliente, cette dernière tapota sur l’épaule du jeune homme avec quelque chose. Il avait décidé de la laisser tranquille, histoire que l’incident en reste là mais puisque c’était elle qui réclamait son attention. Il se tourna vers elle et vit qu’elle lui tendait ses deux flèches qu’il avait tirées.

    Je vous remercie.

    Il prit les flèches de ses mains et pendant qu’elle réglait ses achats, il examina les flèches pour en apprécier l’usure. Le corps et les plumes étaient en bon état. Il examina les pointes, il pouvait faire la différence entre les deux, il avait utilisé deux pointes différentes. Celle avec laquelle il lui avait cloué la jambe au sol était une pointe simple, elle n’avait pas souffert d’être plantée dans le sol. La première avait une pointe un peu plus lourde et plus épaisse, un pointe de chasse au gros gibier, ce qui s’était révélé plus utile pour déstabiliser son arme. Sans doute le contact violent avec le métal l’avait fragilisé, il faudra qu’il vérifie. Il avait obtenue en entrant dans la garde de gérer lui-même son armement mais cela lui demander plus d’entretien qu’à un autre. Enfin, c’était son choix. Il les rangea dans son carquois, derrière une séparation indiquant que les flèches avaient été utilisées et devaient être inspecté.

    Ensuite et bien… gros vide. Kyle parlait peu avec ceux qu’il ne connaissait pas et il ne savait pas comment aborder la jeune femme, surtout après cet incident, d’autant plus que même si c’était le sergent qui avait mené la danse de leur côté, c’était lui qui l’avait attaqué de son arc. En résumé, il ne savait pas que faire pour sa part, est-ce que la jeune femme allait en rester là ou non ? Mystère…
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMer 8 Juin - 0:13

Il devait lui rester un fond de préparation de son tabac. Depuis qu'elle était arrivée à Ishtar, elle avait pris l'habitude de composer elle-même le mélange d'épices et de ces feuilles séchées brunâtre si familière. Elle émiettait consciencieusement les feuilles en fines lamelles, puis elle concassait les rouleaux d'écorce de cannelle et les petits clous de girofle afin d'obtenir un mélange granuleux qu'elle incorporait au tabac dans des pots de grès. Elle attendait ensuite un mois que le mélange s’homogénéise pour créer la fragrance si particulière qui se mélangeait à sa propre odeur corporelle. Les feuilles étaient moins parfumées ces derniers temps, certainement à cause d'un manque de précipitations sur les cultures, comme le lui expliqua le marchand. Néanmoins, elle l'avait quand même pris. Étrangement, un goût légèrement âcre, un peu fort s'en était dégagé. Elle l'avait beaucoup apprécié. Lizbell en avait mis de côté, pour les grandes occasions.

Ses longs cheveux, roses dans la lumière du soleil couchant, se répandaient en mèches souples et indisciplinées sur ses épaules couvertes de son long manteau noir. Elle était tout en contraste, douceur et dureté, froide et chaleureuse, d'apparence tout du moins. Rendre ses flèches à l'archer n'était pas vraiment un acte généreux, plutôt de la courtoisie. Et pourtant, elle s'était aussitôt désintéressé de ce jeune chiot qui semblait débarquer de sa province. Les commissures de ses lèvres s'arquèrent légèrement, cela lui rappelait sa propre arrivée à Ishtar. Celle qu'on nommerait alors la Femme Pâle n'était pas encore inquisitrice qu'elle venait déjà d'exécuter deux vermines rampantes.

Le ciel rose foncé vira au violet puis au bleu nuit. Et tout à coup des étoiles vinrent parer le manteau de nuit dont s'était drapé la voûte céleste. Ah la poésie.... Lui manquait-il du papier ? Non, il lui en restait, mais au cas où, elle irait en racheter demain. Par précaution. D'une main, elle se massa la nuque. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pris de sérieux repos ? Trois semaines peut-être ? Oh, elle ne savait plus. Le travail, le travail, toujours le travail... Cela devenait une obsession à la fin. Un peu de divertissement et de détente seraient les bienvenus. Elle soupira, son regard se porta sur sa droite. L'archer est toujours là, planté comme un piquet, semblant attendre une réaction de sa part pour pouvoir y réagir. Haussant un sourcil, elle le détailla des pieds à la tête sans même se soucier d'être discrète.

Elle se passa un doigt sur le menton, en signe de réflexion. Puis, elle prit ses lunettes, les essuya et les replaça sur son nez :

-Dîtes-moi, Archer, la galanterie voudrait que vous vous présentiez à votre débitrice...

Nulle malice dans cette phrase anodine. Juste de la curiosité, et l'envie d'associer un nom à ce visage innocent. Cependant, Lizbell ne faisait rien sans qu'il y ait un but quelconque derrière. Qu'il soit personnel, ou non. Le fait qu'il soit jeune, relativement innocent et de la garde impériale ne faisait qu'attiser son envie de partir en chasse. Mais sans arc, ni flèches.
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMer 8 Juin - 9:02

    Le jeune chasseur paraissait bien perdu dans cette grande cité qu’était la capitale du monde impérial. Un chiot débarqué de sa campagne, enfin façon de parler, le chiot pouvait cacher un loup prêt à mordre sauvagement. Il avait déjà expérimenté des choses dures dans la vie, les chasses sauvages dans les profondes forêts, les meutes de loups enragées, les bandits de grands chemins, des fanatiques dangereux et même un terroriste fou furieux. Il avait survécu à la dernière rencontre pour en parler et avait même réussi à blesser son ennemi, suffisamment pour lui laisser une maque indélébile qui lui permettrait un jour ou l’autre de lui mettre la main dessus. Kyle avait très certainement un visage très innocent de nouveau venu aux yeux d’un habitant plus ancien de la ville. Pourtant l’innocence était tombé depuis longtemps, il restait un froid puissant, la force d’un homme qui n’avait pas peur de tuer si nécessité. La seule différence venait sans doute du fait qu’il ne s’était pas laissé entrainé dans une folie meurtrière, la violence, oui, mais seulement en cas de nécessité. Il n’avait pas besoin d’imposer sa force aux autres, il connaissait ses propres limites.

    Pendant que la jeune femme finissait ses courses, Kyle inspecta ses flèches directement sur place, elle était en bon état général mais il aurait à les contrôler tout de même, on ne savait jamais… Il allait aussi devoir sérieusement se mettre à chercher quelqu’un s’y connaissant en bois, les flèches, mêmes réparés, ca s’use et il lui faudrait bientôt de nouveaux tubes pour en refaire les corps. Par contre, ca, il était certain qu’il ne le trouverait pas sur le marché. Alors en attendant, il regardait ce que le marchand proposait, des épices diverses et variées qu’il n’arrivait pas à identifier. La jeune femme, elle, savait exactement ce qu’elle cherchait. Elle était habituée à cette ville, dommage, en d’autres circonstances, elle aurait sans doute plus l’aider à s’y orienter un peu et lui faire découvrir pas mal de choses. Mais Kyle ne s’attendait à rien d’elle, pas après leur rencontre désastreuses, tirer sur quelqu’un n’est pas vu en général comme le meilleur moyen de se faire apprécier lors d’une première rencontre.

    Cependant, il sentit qu’elle le regardait assez intensément, de la tête aux pieds. Kyle s’en fichait, elle pouvait le détailler tant qu’elle le voulait. Il n’avait rien à cacher après tout. Puis c’est alors qu’elle reprit la parole et lui demanda de se présenter, se disant sa débitrice, tout ca pour deux flèches…

    Kyle… Kyle Lightarrow… Archer de la garde impérial mais ca, je suppose que vous vous en doutiez déjà…

    Pas de vraies méchanceté dans ses propos, juste une taquinerie, derrière son visage froid, il pouvait faire preuve d’un minimum d’esprit tout de même. Bien sûr, il était loin de se douter de ce que la jeune femme avait en tête le concernant. Après tout, il ne pouvait pas concevoir qu’avec les circonstances de leur première rencontre, elle puisse le regarder de cette manière. Il ne jugea pas utile de lui demander le sien, elle l’avait donné au sergent, Lizbell Kardick, ca ne lui disait rien mais en même temps il ne connaissait pas grand monde. Elle s’était présenté comme inquisitrice, ce qu’il croyait volontiers vu ses performances à l’arme. Et c’était justement à cause de ca qu’il ne la croyait pas un instant capable d’avoir de telles pensées à son sujet. Si la jeune femme voulait vraiment se mettre « en chasse » avec lui, elle allait devoir prendre les devants. Non pas que Kyle soit complètement… innocent, il avait tout de même eu quelques aventures de jeunesse, bien de rien significatif, assez pour ne pas mourir idiot en somme mais vu qu’il n’avait jamais rencontré quelqu’un ayant une mentalité similaire à celle de l’inquisitrice… Finalement, elle avait peut-être raison, il n’était qu’un chiot fraichement débarqué dans la capitale sur certains points…
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptySam 11 Juin - 1:31

Kyle Lightarrow, c'était ainsi que se nommait l'archer. Elle apprécia sa tentative d'humour. Au moins un qui savait ne pas tout prendre au sérieux.

-Bien que vous connaissez déjà mon nom, la courtoisie exige une présentation en bonne et due forme. Mon nom est Lizbell Phelelei Celebrin Kardick, et je sers l'Ombre en tant qu’inquisitrice.

Qu'y avait-il de particulier à ajouter ?

-Vous êtes intrigant, jeune homme. Qu'est-ce qui vous a amené à Ishtar et à entrer dans la garde impériale, mis à part l'envie de sortir de votre campagne ?

La température ambiante avait significativement baissé pour la forcer à boutonner son manteau et enrouler son écharpe rouge autour de son cou. Toujours prendre son temps, établir un lien aussi petit soit-il afin de peu à peu mettre l'autre devant l'évidence de leur propre existence. Lizbell remarqua qu'un de ses cils entachait le velouté de sa peau. Sans se préoccuper de la notion pourtant implicite d'espace vital, elle s'approcha de son visage jusqu'à pouvoir sentir son souffle tiède. D'une main gantée, elle retira délicatement l'importun. Pincé entre son pouce et son index, elle observa la coupable excroissance ciliaire d'un air accusateur. Elle entrouvrit la pince formée par ses doigts et souffla, le faisant ainsi disparaître comme par enchantement.

Puis elle reporta son attention sur Kyle. Elle sourit alors d'une manière qui laissait peu de place à l'interprétation. Kyle l'intéressait pour ce qu'il était, un jeune homme dans la force de l'âge en possession de tous ses moyens. Ce point de vue n'incluait nullement son origine, son rang social, ni sa richesse matérielle et encore moins sa profession. Les humains restaient des animaux, des êtres de chair et de sang cherchant frénétiquement à vivre pleinement chaque seconde qu'on leur accorde. Mortels ils étaient, et mortels ils demeuraient. Personne ne pouvait y changer quoi que ce soit, et Lizbell n'avait pas la prétention de le faire. Quand on tombe dans les tourbillonnantes d'un torrent, beaucoup font l'erreur de vouloir aller à contre-courant. Pourtant, c'est en se laissant porter par ce même courant en restant à l'affût du moindre support auquel s’accrocher.

Dans un lit, dépourvus des parements que sont les vêtements, tels que nous sommes à la naissance, il n'y a pas de place au jugement, seul l'abandon et l'agonie de l'étreinte de deux corps empressés révélait ce que nous étions réellement : des êtres de chair et de sang aspirant à atteindre l'élévation de notre esprit, pour finalement rejoindre l'Ombre. N'avait-elle point décidé, que de toute manière, l'heure était à la détente. N'est-ce pas ?

-Je vous mets mal à l'aise, peut-être ?

Elle se délectait presque de sa gêne. Amener ses contemporains hors de leur zone de confort afin de révéler ce qu'ils sont, de les mettre à nus, sans rien pour les dissimuler de son regard scrutateur. Oh, ce n'était pas pour rien qu'elle était inquisitrice et qu'elle excellait dans sa profession. Mais il fallait bien avouer que son comportement et ses mœurs n'étaient pas vus d'un très bon œil par ses confrères, mais comme elle ne faisait rien de mal -a priori-, cela ne regardait qu'elle après tout. Elle et parfois, un de ses confrères.
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptySam 11 Juin - 11:01

    La jeune femme décida tout de même de faire les présentations en bonne et du forme et se présenta à lui de son nom complet, un nom à rallonge, sans doute aucun doute d’origine noble. Y’avait bien qu’eux pour adorer avoir des noms aussi longs. Les petits hommes du peuple comme Kyle, savaient pleinement se satisfaire du nom de leur famille et du prénom choisi à leur naissance.

    Enchantée Lady Kardick.

    Malgré la situation quelque peu singulière, il n’oubliait pas tout de même les bonnes manières de bases, ce n’était pas parce qu’on est issue d’une simple famille de chasseur qu’on est forcément un rustre, son père en avait fait un chasseur mais sa mère avait tenu à avoir des enfants qui savaient se tenir et qui étaient un minimum éduqués. Elle lui demanda ensuite pourquoi il était dans la garde impériale. Il réfléchit un court instant, finalement ca n’avait rien d’un secret et qui sait si cette inquisitrice ne pourrait pas lui donner des pistes par la suite.

    Trois fois rien, je cherche juste à retrouver le terroriste qui a tué toute ma famille, histoire de lui loger une flèche dans le buffet. Et si je peux transformer en passoir quelques uns de ses copains au passage, ca me convient. Ca en plus d’avoir le privilège de servir notre empereur. Et vous madame, qu’est-ce qui vous amené à servie l’ombre ? Hormis le plaisir de découper des voleurs de bas niveau.

    Cynique et quelque peu incisif mais avec une femme de caractère comme cette inquisitrice, il fallait en montrer autant pour ne pas se laisser démonter ; on l’avait bien couvent mis en garde contre les inquisiteurs et il était vrai que cette femme ne réagissait pas comme tout le monde. D’ailleurs elle s’approcha de lui, il n’esquiva pas de mouvement de recul, elle ne semblait pas lui vouloir de mal mais il se méfiait tout de même. Non elle vint simplement lui enlever un cil qui avait l’air de lui déplaire. Drôle de personnage cette femme. D’ailleurs elle lui faisait un petit sourire charmeur, et ca, c’était bien plus déstabilisant que tout le reste. Il lui tire dessus et ce n’est pas limite si elle lui fait du charme ? Maso la demoiselle ? Les inquisiteurs sont-ils donc vraiment tous des originaux comme ça ? Il fallait dire que le peu d’aventure qu’avait connu le jeune archer auparavant, c’était avec des demoiselles douces et gentilles, pas avec des femmes de cette trempe. Ou alors c’était un de ces faux sourires qui masquait une énorme envie de tuer. On disait que le sourire est une arme dangereuse chez une femme, à voir ce que Lizbell lui réservait avec le sien. Puis elle reprit la parole et lui demanda de but en blanc si elle le mettait mal à l’aise.

    Non pas vraiment. Je suis tout simplement intrigué. D’habitude, les gens sur qui je tire ont plutôt tendance à me répondre par des insultes voir à tenter de me tuer. Vous êtes la première à réagir de la sorte, ce qui n’est pas banal vous en conviendrez.

    Quel intérêt de jouer la comédie avec elle ? Aucun, alors il lui disait ce qu’il ressentait tel quel. La situation avait vraiment prit une drôle de tournure et quelque chose disait à l’archer que ce n’était pas prêt de s’arrêter en si bon chemin. Décidément, la capitale réservait vraiment de drôles de surprises…
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyLun 20 Juin - 22:18

Lizbell sourit. Voilà bien longtemps qu'elle ne se définissait plus par son rang social et ses origines. Elle était inquisitrice, ni plus, ni moins. Par ailleurs, entrer au service de l'Ombre impliquait de toute manière d'abandonner tout cela. Un peu à la manière de liens qui nous empêchent d'évoluer comme on le souhaite. Il était intéressant de voir quelqu'un lui donner du "Lady Kardick" après toutes ces années. Kyle venait, pour ainsi dire, de définir à chacun son rang social. Elle souriait toujours.

Il répondit de manière bien originale à sa question. Ses motivations ne seraient motivés que par une vengeance personnelle ? Son sourire fondit pour devenir courbe de réflexion. Des terroristes ? Meurtrier de sa famille ? Voilà qui méritait réflexion. Il souligna néanmoins qu'il servait également l'empereur pour le plaisir. Elle eut un rictus. Notamment quand il demanda de manière cynique ses propres raisons de servir l'Ombre. Elle montra des dents. Décidément, ce jeune chiot l'amusait.

-La liberté d'agir comme bon me semble, sans aucun doute, fit-elle après réflexion. Qui peut se targuer d'être aussi libre que moi ? Tuer ? Sauver ? Punir ? Récompenser ? Je suis seule juge jusqu'à ce qu'on me dise le contraire. Je sers l'Ombre pour préserver l'unité du monde. Je suis impitoyable, mais je ne fais pas de favoritisme. Beaucoup de mes collègues m'ont dit qu'à l'heure actuelle, je pourrais être mariée et mère, peut-être deux fois, si je l'avais voulu. Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai rien à transmettre à une descendance. En tout cas, rien qui ne soit correct pour des enfants. Donc, je vis, tout simplement.

Il était, en tout cas semblait, intrigué, voire désarçonné par son comportement, son attitude un peu enjôleuse. Elle pouvait aisément comprendre à son expression qu'il n'avait jamais rencontré de femme comme elle. Le contraire l'aurait étonnée. Vraiment étonné. Cela la ravit, elle en jubilait intérieurement. Il était indubitablement plus jeune qu'elle, peut-être que de quelques années, mais en terme d'expérience, l'écart devenait beaucoup plus conséquent. Ce devait être ça qui retenait chez lui. Ces relents de parfum d'innocence qui persistait malgré une attitude qui laissait entendre qu'il connaissait la couleur du sang.

Il répondit de manière tout à fait honnête sincère lorsqu'elle lui demanda si elle le mettait mal à l'aise. Et, en effet, il était intrigué. Lizbell l'écouta exprimer sa curiosité à son égard. Elle se frotta un œil où une poussière menaçait de l'irriter. D'une pichenette, elle renvoya l'intruse avant de répondre à son interlocuteur.

-Vous insulter alors que vous étiez dans votre bon droit aurait été une preuve de faiblesse et d'hypocrisie. Je m'en suis pris à ce chenapan, et j'en ai payé le prix. Vous avez agi en votre âme et conscience, comme ce qui vous semblait le plus juste. Et, pour être tout à fait honnête, vous m'avez évité d'avoir à faire pénitence pour avoir pris sa vie. Le plus important à retenir, c'est que vous avez visé mon épée et la jambe de mon pantalon alors que vous auriez pu me tuer si vous l'aviez voulu. Et je respecte cela.


Et bien sûr, sa fierté occulta volontairement le fait qu'elle a été prise sur le fait sans pouvoir vraiment réagir. Ceci dit, cela n'aurait pas changé grand-chose. Lizbell est bien trop raffinée pour insulter quelqu'un gratuitement. Cela n'avait rien de constructif. Le priver d'une main l'aurait été bien plus.

-Je n'irai cependant pas par quatre chemins. Vous m'intriguez... beaucoup. Si jamais l'envie vous prend, je reviens au marché le même jour chaque semaine à la même heure. Comme aujourd'hui. Nous pourrons alors badiner... en privée.

L'invitation était à peine voilée, mais assez explicite pour qu'il n'y ait pas d'erreur possible. Qu'il accepte ou refuse, cela dépendait de lui. Après tout, elle ne le demandait pas en mariage. Et il y en aurait d'autres qui accepteraient. Malgré tout, elle apprécierait beaucoup qu'il badine un peu avec elle dans un futur plus ou moins proche.
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMar 21 Juin - 10:11

    Kyle n’avait jamais été en présence d’inquisiteurs auparavant, il connaissait donc mal leur ordre, leurs façons de faire ou la manière de s’adresser à eux. En revanche, il avait connue un petit peu la noblesse, il savait comment s’y prendre avec eux. Mais contrairement à ce qu’il pensait au début, la conversation avec elle était d’une incroyable fraicheur, en fait, ils étaient spontanés l’un envers l’autre. De son côté, Kyle n’avait aucune honte à avouer les motifs qui l’avaient conduits à la capitale et puis qui sait ? Cette jeune femme pourrait peut-être devenir une source d’information à l’avenir… Bien sûr, de son côté, il lui demanda en retour ce qui avait amené la jeune femme à servir l’ombre et elle lui répondit, elle aussi avec une certaine franchise. Décidément, elle savait se montrer désarmante.

    Est-ce simplement pour votre liberté d’action ? Vous êtes tout de même une fervente croyante si vous faites ce travail…

    Il faut dire qu’on lui avait toujours dépeint les inquisiteurs comme des fanatiques religieux, souvent chaotique et adeptes de la violence. Il avait cru ca d’elle aussi mais elle se révélait plus complexe que ca. Plus fascinante aussi. Et en même temps, elle avait l’air de prendre conscience que ce qu’elle faisait était parfois extrême, comme son discours concernant la famille ou une éventuelle descendance. Mais bon, de ce point de vue là, elle était encore jeune, elle pourrait bien changer d’avis dans quelques années… Ils passèrent ensuite à la raison de la surprise de Kyle, elle lui reconnaissait son bon droit et avouait même le respecter pour ne pas avoir tenté de la tuer directement, agrémentant encore sa surprise et sa curiosité pour elle.

    Tuer, c’est ce qui reste quant les autres options ont échoué. Prendre une vie, ca ne se fait que pour une bonne raison.

    Déjà en temps que chasseur autrefois, il ne tuait pas les animaux pour rien, pour le plaisir comme le faisait certains nobles. Il tuait par utilités, pour nourrir sa famille.

    Il est facile pour un archer de tuer quelqu’un, même une flèche mal placée peut-être mortel plus ou moins vite. Un vrai archer sait comment piéger et neutraliser sans blesser plus que nécessaire.

    Exercice difficile qu’il s’entrainait chaque jour à maîtriser un peu plus, même lui n’était pas à l’abri d’un tir raté. Et puis, prendre quelqu’un vivant, c’est l’occasion de lui soutirer des renseignements utiles pour la suite. Continuant sur sa lancée, la jeune femme lui avoua qu’il l’intriguait et qu’elle souhaitait le revoir, lui donnant quasiment rendez-vous pour la semaine suivante.

    Pourquoi pas, si je suis de repos comme actuellement, ca pourrait être intéressant, je ne connais pas encore beaucoup de monde dans cette ville.

    Et puis, elle l’intriguait lui aussi, bien sûr, lui ne pensait pas qu’elle avait des idées plus osées en tête, pensant simplement qu’elle voulait avoir une conversation plus détendues. Mais bon, peu importait, elle l’intéressait et puis en dehors du boulot, quel mal y avait-il à se faire quelques connaissances ? Dire qu’ils avaient commencés avec une situation qui aurait du faire d’eux des ennemis…
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MessageSujet: Re: Consuetudo altera natura est   Consuetudo altera natura est EmptyMar 28 Juin - 23:10

Lizbell sortit sa dernière cigarette et l'enfonça dans le tube en corne qu'elle porta à ses lèvres avant d'en allumer l'extrémité en aspirant l'air. Elle inspira lentement et expira une fumée opaque dans la nuit tombante. Qu'il était mignon. Il était vraiment une personne comme on en croise rarement. Trop conscient de la noirceur du monde par certains côtés, et très naïf par d'autres.

-Fervente croyante, en effet.

Ni plus, ni moins, qu'y avait-il de plus à ajouter de toute manière. Sa profession parlait pour elle-même. Elle ne faisait que confirmer ses suppositions. Quand bien même, ce n'était pas tout à fait exact. Mais cela... il n'était pas utile de le préciser. Après tout, elle avait beau avoir de l'intérêt pour lui, elle ne lui faisait pas confiance pour autant. Elle le connaissait à peine, il venait tout juste de se rencontrer et dans des circonstances -vous ne me contredirez pas- très inhabituelles.

Elle l'approuva d'un hochement de tête lorsqu'il commenta l'option qu'était de tuer. Ceci dit, il ne suffisait pas d'une bonne raison pour tuer, mais de se croire dans son bon droit. C'était la subtile nuance que bien peu de personnes comprenaient et admettaient. Un homme de pouvoir pour le conserver faisant abattre ses adversaires ne faisait que prévenir une révolte. Sans juger, ni approuver, cela se comprenait. Il était... touchant. Un archer qui décide de tuer ou de blesser. En ce sens, il n'était pas si différent d'elle. Mais il ne savait pas encore qu'il y avait plus d'une manière de "tuer". Au sens propre comme au figuré.

Elle inspira à nouveau et souffla des volutes aux parfums de cannelle et de clous de girofle. Torturer quelqu'un était un art raffiné, lui faire endurer la douleur en augmentant peu à peu le seuil de tolérance jusqu'à les rendre fous, leur faire perdre tout notion de confort, de plaisir. Détruire leur ego, réduire à néant leur dignité, jusqu'à en faire des coquilles vides après leur avoir extirpé la moindre information utile. Et parfois même, juste le faire en guise d'exemple.

Lizbell se fit la réflexion qu'il n'était pas le genre de personne qui apprécierait son travail. Même ses collègues se montraient frileux. Après tout, elle n'était pas obligée de leur en faire part, si ? Elle-même trouvait que la garde royale faisait une belle bande de paons tout juste bons à parader. Mais elle devait reconnaître qu'ils étaient... opiniâtres et droits. Mais un peu de souplesse est toujours utile.

Elle sourit en découvrant les dents lorsqu'il répondit de manière favorable à son invitation. Elle se retint de rire, elle avait presque honte -presque- de penser aux types de conversation qu'ils pourraient avoir alors qu'il n'y voyait qu'une "amicale" proposition de faire plus ample connaissance. Elle fit tomber la cendre et le fixa attentivement. Décidément, il était hors du commun ce jeune homme, son cadet de seulement quelques années selon ses estimations. A Ishtar, il apprendrait bien vite ce qu'il faut pour survivre.

Son sourire disparut pour redevenir ce masque d'Inquisitrice qu'elle arborait lorsqu'elle réfléchissait à un problème. Un jour ou l'autre, il serait "cassé", voire brisé. Elle en était presque peinée. A l'instant, Lizbell se figurait être quelqu'un qui piétine les autres et qui découvre au détour d'un chemin, une fleur ayant miraculeusement échappé au massacre. D'une certaine manière, elle voulait protéger ce qui était resté vierge de toute souillure alors qu'elle-même ne se considérait pas comme quelqu'un de pur. Loin de là.

Cette sensation étrange la laissant perplexe. Elle passa son index le long de la mâchoire du jeune homme, redessinant ses angles. Puis, elle regarda à nouveau ses yeux. Il était d'une nature sauvage mais raffinée. Étrange contraste. Elle ignorait ce que leur prochaine rencontre donnerait, sans même penser à ses ambitions.

-Je vous souhaite donc la bonne nuit, Kyle. Et à bientôt.

Elle lui sourit légèrement et le salua d'un signe de tête et s'enfonça dans la nuit pour rentrer chez elle. Elle ne craignait pas l'obscurité, elle marchait au milieu des Ombres et c'était son royaume.
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