L'Empire Ishtar
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 Contes et légendes [Uriel]

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Franziscka Halbrum
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Franziscka Halbrum

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MessageSujet: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyLun 3 Jan - 18:50

La bibliothèque était bien le sanctuaire de la connaissance. Il y avait tant d’ouvrages et de parchemins, traitant chacun d’un sujet particuliers avec détails et soins. N’importe quels clercs admireraient ces hommes qui ont eu la patiente de retranscrire des années d’études et les partager ainsi avec autrui. Pour Franziscka c’était autre chose. Elle aimait lire et découvrir les différents textes, les étudier dans le calme lorsqu’elle ne s’entraînait pas pour la manipulation des ombres, mais en aucun cas elle ne ressentait une admiration particulière pour les auteurs.
D’ailleurs cette fonction de bibliothécaire collait parfaitement à son caractère, en effet personne ne venait l’embêter pour une ou deux bagatelles et elle n’était pas obligée de suivre une conversation du début à la fin. Elle était dans son monde ici, plongée dans les multitudes de livres, paisible et loin de la réalité et des cauchemars.

Ce soir encore elle n’arrivait pas à dormir ou plutôt elle ne désirait pas rejoindre sa chambre. Qu’allait-elle trouver si ce n’est un simple lit et des murs froids et gris ? Qu’allait-elle faire à part remuer sans cesse la même pensée ? Elle préférait donc rester plus longtemps dans ce lieu au lieu de suivre la file de moutons, c’est-à-dire les autres prêtres ou scientifiques cachés, pour aller s’amuser. A part l’ennuie, elle ne ressentirait rien d’autre dans ces endroits considérés comme « amusant ».

Nonchalamment elle s’empara d’un des livres qui trônait sur bureau qui lui a été assigné. Aujourd’hui il y avait eu de nouvelles acquisitions et elle avait insisté pour les répertorier elle-même. Un travail assez lourd et peu intéressant pour beaucoup mais Franz aimait bien cette besogne, au moins elle s’occupait et surtout elle pouvait prendre connaissance des ouvrages intéressants à lire impérativement lorsqu’elle veillait tard dans la nuit, comme ce soir.
Le livre en main, elle jeta un coup d’œil au titre imprimé sur une couverture verdâtre. L’impression n’était pas de qualité et il y avait très peu de page. A vue de nez une centaine. Apparemment c’était un recueil de contes et légendes de Frickwitch et illustré en plus. La brune le feuilleta rapidement, peu désireuse de le lire. Tout d’abord elle n’était pas friande de conte de grande mère à dormir debout, elle avait vingt ans et avait passé l’âge à croire au méchant loup ou au fantôme qui se cache sous le lit. Enfin, Frickwitch ne l’intéressait plus, elle ne voulait même plus y retourner si rien ne l’y obligeait.
Finalement elle s’arrêta, sa respiration s’accéléra. Avait-elle mal vue ? La lumière ambiante était-elle la cause de cette image qu’elle crue voir ? Lentement, en retenant son souffle, elle retourna les pages en sens inverse et retrouva enfin l’image qui était la cause de ce début de stress. Loin d’être rassuré, ses yeux s’agrandirent encore plus et ses doigts se crispèrent nerveusement.

Son histoire était devenue un conte ! Deux corps pendus par les pieds avaient été grossièrement dessiné et en face se tenait une petite fille. Elle n’en croyait pas ses yeux, elle ne voulut pas croire qu’on avait fait de ce meurtre un conte pour enfant. La morale était encore plus frustrante : Petits enfants, ne quittez pas vos chaumières sans l’accord des parents autrement la sorcière de Frickwitch attirera le malheur sur vous.

- Impossible… c’est une blague…

Sa voix tremblait et ses yeux s’illuminaient d’une étrange lueur. Si elle pouvait pleurer, elle aurait sûrement pleuré mais elle n’y arrivait pas. A nouveau ces images remontèrent à la surface, tout ca à cause de cette maudite page. Elle se leva d’un coup, déchira proprement la page et se dirigea près de la cheminée. Elle allait la brûler, la faire disparaître. On n’avait pas le droit d’utiliser ainsi son malheur. Personne n'avait le droit de le connaître sans son accord et le raconter à n'importe qui. La prêtresse allait mettre fin à son tourment dans l’un des rares lieux où elle avait un semblant de paix.

Soudain une main se posa sur son poignet. Enervée qu’on puisse la gêner dans un tel acte de libération, elle se retourna et toisa l’inconnu d’un regard froid et effrayant. Mais très vite sa colère laissa place à la surprise.

- Ex…Excellence .

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Uriel D'Arken
Mort(e) tragiquement

Uriel D'Arken

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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyMar 4 Jan - 10:29

Si le Haut Prêtre souffrait d'insomnie à son tour, ce n'était pas à cause de son passé. Certes, il faisait lui-aussi partie des orphelins dont l'Église prit soin à sa façon. Mais il fut orphelin sur demande. Claquant la porte du manoir familial, Uriel dirigea ses pas vers le monastère pour y faire une carrière brillante. On le négligeait, à défaut de le détester franchement pour certains, mais il regardait ça comme une bonne blague. Du haut de ses trente deux ans (bientôt trente trois), il avait survécu à toute sa famille, à l'exception d'une sœur, dont il ne voulait rien savoir et vice-versa. Lui, à qui on prédisait la mort d'un instant à l'autre, était devenu fort. Dans l'esprit, vu que son corps, pâle et fragile, ne lui permettait pas de faire tout ce qu'il désirait.

Donc non... Si le Régent impérial ne dormait pas ou ne regagnait pas son palais et son délicieux esclave, c'était bien parce qu'il avait du travail. Et que dormir l'empêchait de façon évidente de travailler. Du coup, il sautait des heures entières de sommeil ce qui n'améliorait pas sa santé. Mais entre la gestion de l'Empire, ses entrainement, l'éducation du Prince Héritier et, en plus, l'attentat au Sénat... Uriel D'Arken était un homme plus qu'occupé. Encore une demi-année et tout cela allait s'arrêter, ou ralentir au moins... Les décisions appartiendraient à son protégé et il pourrait retourner à son Église bien-aimée. D'ailleurs, en se promenant, une chandelle à la main, entre les rayons interminables et tortueux, il constata qu'il lui faudra remplir son devoir de Haut-Prêtre encore ce soir.

Il connaissait vaguement une des multiples bibliothécaires, véritable orpheline pour sa part. S'il ne revenait pas sur son nom ni son prénom, il s'agissait sans nul doute d'une jeune prêtresse, sortie depuis peu de temps du noviciat. De vagues rumeurs couraient quant à sa stabilité mentale ou son penchant pour des substances étourdissantes. Voilà une chose qui n'était pas un crime, ni une hérésie en soi, mais cela nuisait à la concentration et donc à l'Art des prêtres qu'était la manipulation des ombres... Cependant, il lui arrivait souvent de fuir vers le travail, du coup, personne n'avait à s'en plaindre.

Celle-ci, il la voyait de loin, mais cela ne l'empêcha pas de voir ce qu'elle comptait faire. Abimer un livre, source de sagesse et de connaissance, parfois de divertissement intellectuel, était un crime. Aux yeux bleus d'Uriel, sinon aux yeux de la loi. La Bibliothèque, comme tous les lieux sous la tutelle de l'Église, était un lieu rêvé pour la manipulation. Son voyage ombreux le porta silencieusement aux côtés de sa jeune subalterne et sa petite main blanche se posa sur le poignet de la prêtresse. Il pouvait toujours rêver de la retenir de force. Même face à une femme, il était certain de perdre une épreuve de force. Il comptait plutôt sur son autorité. Et ce fut réussi, elle le reconnut et se calma d'un coup. Mais il savait trop bien qu'il ne servait à rien de la laisser là ou de lui faire la morale. Aucun autre prêtre de haut rang ne jugea son cas digne d'intérêt. Pourtant comment l'aider, sinon en lui parlant ?


"Bonsoir, mon enfant... Je pense que Tu te rendras compte de ton erreur par toi-même, il te suffira d'y penser..."

Il déposa sa chandelle sur le rebord de la cheminée et alla s'asseoir sur la chaise, prévue pour les gens voulant s'entretenir avec la bibliothécaire, laissant cette dernière occuper la sienne. Sans être grave, ni cherchant de l'hérétique à manger pour ce soir, mais bien voulant aider une des ses sœurs dans la foi, Uriel lui adressa de nouveau la parole :

"J'espère que c'est la première fois qu'une telle chose arrive. Et comme j'ose supposer que cette page ne contenait aucune hérésie, je pense que Tu aurais peut-être besoin de parler ? Je me trompe, mon enfant ?"

Ou comment obliger quelqu'un à parler. Dira-t-elle qu'il se trompe ? Probablement non. De plus, elle en a sans doute besoin...
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Franziscka Halbrum
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyMer 5 Jan - 18:19

C’était le Haut-prêtre … malheureusement. Elle ne le haïssait pas, au contraire elle le respectait beaucoup. Il assumait son poste de Haut Prêtre aussi bien que celui de Régent, en aucun cas il ne délaissait un devoir important pour une autre si facilement. Franziscka ne pouvait qu’être impressionnée en entendant les rumeurs ou encore les informations à ce sujet. Elle lui obéirait docilement et sans poser de questions mais ce soir, si on lui avait donné le choix, elle n'aurait pas voulu le rencontrer.
Elle venait de déchirer une page d’un livre et était sur le point de la brûler de surcroît. N’était-ce pas un crime aux yeux des prêtres, même pour la jeune femme c’en était une priori … sauf pour celle-ci. Cette histoire n’aurait pas dû être écrite noir sur blanc sur une feuille pour ensuite être publié à un large public. Son histoire n’aurait pas dû remonter à la surface ainsi, sans son autorisation. Son seul désir était de faire la faire disparaître et n’éprouver aucune gêne ni peur de détruire une page d’un conte, elle avait droit de donner son avis et elle était clairement contre pour que d’autres lisent ces tas d’atrocités. Par contre qu'en est-il pour le haut prêtre?
Même si son seul désir était de jeter cette page dans la cheminée, afin qu’elle ne soit plus que cendre, elle ne pouvait rien faire. Uriel D’Arken était là et il ne semblait pas ravi de son attitude. Quelle honte pour la brune! Elle empêchait ses mains de se crisper pour qu’elles ne froissent pas cette maudite feuille, cela ne serait pas bien vu par cet homme sûrement.
Elle le vit s’asseoir. C’était le signe qu’une conversation allait avoir lieu. Elle se retint de soupirer car la communication ou encore écouter ou participer à une conversation activement n’était pas son fort, elle était même incapable pour s’exprimer correctement. Combien de personnes avaient-elles blessées inconsciemment par deux ou trois mots seulement ? La prêtresse se pinçait les lèvres, elle aurait dû être plus attentive au bruit. En fait elle n’avait rien entendu du tout. Une seconde fois, elle retint un soupire, cette arrivée silencieux pouvait s’expliquer par le voyage ombreux. Elle sortait à peine de son apprentissage auprès d’un mentor par conséquent elle n’avait pas une maîtrise poussée des ombres mais cela ne l’empêchait pas de connaître les différents niveaux.
A contre cœur, elle s’assit en face de cet homme et s’encourageait mentalement à rester concentrée sur chacun des propos et d’y répondre du mieux qu’elle pouvait. Elle se tenait droite, prêt à subir la morale à venir. En effet généralement on lui récitait les bienfaits de la lecture comme si elle était l’ignorante par excellence ou on lui répétait les règles ou encore le devoir des prêtres qu’elle connaissait déjà. A part être agacée, elle n’en tirait rien d’autre et préférait plutôt penser à autre chose, s’évader dans les diverses provinces ou se remémorer quelques histoires vraies époustouflantes. Cependant Franz allait changer ses habitudes et tentera, du mieux qu’elle le pouvait, d’être attentive.

La question arriva... la question piège qui lui donnait du fil à retordre. Il lui demandait si elle avait besoin de parler, s’il se trompait. Que devait-elle répondre ? Mentir et essayer d’être agréable en disant oui ? Il était impossible pour elle de se confier, même si la personne qui lui demandait était Uriel.
La page sur ses genoux, elle réfléchissait à sa réponse. Finalement elle inspira profondément et s’éclaircit la voix avec un petit toussotement.

- Avec tous les respects que je vous dois … euh … je dirais que vous vous trompez.


Il était hors de question de raconter à tout le monde son passé. La pitié ou tout autre sentiment similaire ne l’intéressaient pas. Un effort aurait été la bienvenue mais si elle avait répondu « j’ai besoin de parler, vous avez raison », alors elle aurait dû continuer, parler encore et encore, développer et surtout remuer certains souvenirs. C’était déjà assez pénible de courir après les indices à travers tout Ishtar, un peu de repos de temps en temps ne lui faisait pas de mal et actuellement son corps et son esprit ne demandaient que ça.

- Sinon je vous assure que c’est la première que cela arrive car… Je m’excuse.

Elle s'interrompit. Incapable de trouver la suite ou encore de construire une phrase correcte et compréhensible. Il valait mieux arrêter au lieu de s'embrouiller comme une idiote.

Maintenant qu’allait-elle dire ? Qu’allait-il dire ? Pour sa part, elle opta pour le silence, attendant la réaction du blond, soutenant son regard sans sourciller.
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Uriel D'Arken
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Uriel D'Arken

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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyMer 5 Jan - 19:05

La crispation, un regard et une posture dignes d'une servante de l'Ombre. Froide, malgré sa nervosité, une maitrise correcte de ses sentiments. Uriel hocha légèrement la tête, en signe d'approbation. Il appréciait ce genre de comportements, c'était plaisant de la voir se débattre avec son passé. Sa réponse, négative, fut plus divertissante encore. Voilà quelqu'un qui portait une enclume sur le cœur, mais niais tout en bloc. Pourquoi pas, après tout, la soirée du Haut Prêtre allait en être que plus courte. Il sourit, toujours sans malice.

"Je vois... Je n'insisterai pas. Mais saches que tes supérieurs sont là pour te servir de guides et d'appui. A ton âge, et avec ton expérience, on ne peut faire face à tout toute seule... Enfin, soit."

Il se tut. Après tout, rien ne l'empêchait de se lever et de partir. Il avait fait plus que d'autres feraient à sa place, sans penser qu'il fit plus qu'il ne le devait. Mais, même s'il partait du principe que l'Église dans son ensemble lui appartient personnellement, il trouvait qu'il fallait prendre soin de ses sujets. En particuliers ceux qui avaient dédié leur vie à son service et à celui de la Foi. Comme elle, certains n'avaient que l'Ombre, l'Empire et l'Église. De grands alliés, de puissants protecteurs, mais finalement très peu de chaleur personnelle s'en dégageait. Alors celui qui incarnait les trois, le temps que la véritable incarnation soit en âge de régner, devait prendre soin de ses serviteurs. Et anéantir ceux qui refusaient de l'être, mais ceci est une autre histoire...

Malgré cela, il laissa planer le silence et resta immobile. Seuls ses yeux parcouraient la femme en face de lui. Elle était belle, cela ne faisait aucun doute. Sombre, pâle aux yeux verts... Ses origines nobles étaient apparentes, bien que sans grande importance. L'Église préférait les gens talentueux aux gens riches ou né l'une ou l'autre famille. Le talent pour la communion avec les ombres et la soumission au dogmes, établis par des fous meurtriers et fanatiques, passaient avant tout. La glorieuse organisation était née dans la guerre et la nécessité d'unifier et de soumettre les contrées les plus diverses. Et elle avait encore, après trois millénaires, du mal à se défaire de ses traditions.

Le Haut Prêtre finit par se lever. Laissant sa chandelle sur le bureau, il contourna ce vieux meuble et se plaça derrière Franziscka. Ses petites mains blanches se posèrent lentement sur la nuque de la prêtresse, après avoir dégagé ses cheveux. Douces au possible (le genre de douceur qu'on obtient à partir de dix générations de gens qui ne font rien de physique eux-mêmes), elles glissèrent sur les côtés, en direction des épaules. Une idée nouvelle venait de germer dans l'esprit du Régent, il y a quelques instants. Il la trouva judicieuse, alors il lui fallut la mettre à exécution. Ses pourraient être celles d'une demoiselles, petites, douces et faibles, mais il avait une expérience assez poussée du plaisir physique. Ainsi donc, il se mit à masser les épaules et la nuque de la demoiselle.

En même temps, Uriel se pencha (c'était pas dur, même assise elle était presque à la bonne hauteur) et lui souffla quelques mots à l'oreille. Son souffle chaud caressa la peau, bien délicate aussi, de la jeune femme. Après tout, la thérapie par le plaisir physique était un moyen de guérir (ou de calmer) les maux les plus divers, pourquoi pas les siens ? Dans ce domaine, Uriel était un des meilleurs guérisseurs de la Capitale...


"Je propose que Tu te détendes un peu... Et que Tu penses à quelque chose d'agréable... D'accord ?"

Si ici aussi elle répond par la négative, alors il faudra vraiment commencer à s'en méfier, de cette fille.
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Franziscka Halbrum
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyJeu 6 Jan - 21:46

    Uriel n’insistait pas plus et conclut avec un sourire que les supérieurs hiérarchiques étaient là pour l’aider et l’écouter. Tout ceci elle le savait déjà et il fallait avouer qu’allégeait sa souffrance un peu ne lui ferait pas de mal mais c’était impossible… pour l’instant en tout cas. Qui sait peut-être qu’avec le temps, elle pourra se mêler à nouveau aux autres insouciamment comme dans son enfance et rigoler aux bonnes blagues.

    - Je me souviendrais de ce conseil.

    Ces réponses étaient toujours aussi brèves et sans suite possible. En effet comment continuer la conversation avec une phrase aussi courte, si peu ouverte. Elle ne faisait qu’approuver ce qui était déjà dit, elle ne développait rien et ne tentait même pas d’attaquer un autre sujet. De plus cet homme était le Haut Prêtre et aussi le Régent de l’Empire, alors il valait mieux raccourcir cette conversation, évité qu’il se penche sur un cas aussi inutile que Franziscka. En effet son bonheur n’apportera à rien à l’Empire, en tout cas pas grand-chose. Elle n’était rien d’autre qu’une fourmi dans cette immense fourmilière, qui obéissait, un pion parmi tant d’autre. Cette image ne la gênait pas tant qu’elle servait à quelque chose de temps en temps.
    Le silence s’installa et elle s’attendit à le voir partir mais il restait assis, il l’observait et la détaillait. Placide elle conservait la même attitude et patientait encore afin qu’il quitte la bibliothèque… et elle pourra brûler cette page. Impossible de l’oublier tant qu’elle ne serait pas détruite.

    Enfin il quitta sa chaise par contre au lieu de se diriger vers la porte, il se dirigeait vers elle. De son regard elle le suivit mais le perdit rapidement de vue quand il se plaça derrière son dos. Elle s’apprêta à se lever, le suivre jusqu’à la sortie, cependant elle ne fit rien. Deux mains, presque des mains de demoiselles tellement elles étaient fines et douce, dégagèrent ses cheveux sur les côtés et se posèrent sur sa nuque. Il commença à la masser allant de la nuque sur les épaules peu larges de la prêtresse et inversement. Quant à elle, toujours aucune réaction. Il fallait avouer que cela faisait un bien fou, surtout pour les personnes constamment crispées ou épuisées comme elle. On aurait dit un médecin dénouant chaque nœud de cette zone afin de soulager le corps.

    Il se penchait vers elle et lui murmura à l’oreille de se détendre, toujours avec ce tutoiement. A force elle se demandait s’il voulait qu’elle l’utilise, ce qui était peine perdue. C’était une habitude d’employer le vouvoiement pour un supérieur et le tutoiement était exclu.

    Elle déglutit avec peine sa salive. Il était la énième personne à lui demander de se détendre, usant de ses techniques…dans ce cas c’était le massage. Certes elle se sentait bien mais ce n’était pas deux petites mains qui allaient soigner ses blessures, c’était à peine un baume et encore. Comment refuser maintenant ? Elle avait déjà répondu négativement tout à l’heure, si elle s’entêtait à répéter la même chose, il risquait d’être énervé.

    - Je vais essayer.

    Ce n’était ni un non, ni un oui. Franz laissa cet homme choisir la réponse de lui-même, lui laissant deux possibilités bien opposés. Il prendra ce qui lui arrangerait. De cette manière elle éviterait d’avoir sur le dos une personne aussi importante que lui, déjà qu’elle avait du mal à se gérer, alors il était hors-de-question qu’elle s’encombre d’autres problèmes et s’attire les soupçons d’autrui.

    - J’ai oublié de vous demander ce qui vous amène ici. Est-ce un livre ?


    Comme toujours, sa voix était emprunte de professionnalisme et ne quittait pas cette froideur. Avec cette histoire de page ou encore de massage, elle avait complètement oublié de demander la raison de sa venue. Il n’était quand même pas venu exprès pour elle sachant en plus que c’est la première fois qu’elle le voyait de si près et lui parler en tête en tête.
    Au fond elle espérait qu’il abandonnerait cette séance grâce à cette demande, anodine en apparence, car s’il attendait quelque chose, s’il espérait la « guérir », il risquait d’être déçu.
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Uriel D'Arken
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptySam 8 Jan - 11:19

Elle était véritablement de glace... Pour quelqu'un qui souffrait et aimait oublier sa souffrance dans la drogue, Franziscka Halbrum était peu encline à profiter des plaisirs charnels pour se droguer. Voulait-elle plus ? Ou alors préférait-elle profiter de la première occasion pour s'enfuir et se morfondre dans sa tristesse et dans ses blessures ? Le Haut Prêtre n'avait pas de véritable compassion. Juste le sens du devoir et une libido bien développée. Bossue, borgne et vieille, elle ne pourrait pas espérer un massage de sa part. En bonne santé mentale, elle ne se ferait pas approcher de cette façon-là non plus. Il serait tout de suite plus entreprenant. Mais instable du point de vue émotionnel, elle pouvait avoir des réactions inhabituelles, il fallait rester prudent pour ne pas gâcher ses chances de réussite.

Le manque de stabilité induisait toujours un déséquilibre. Uriel D'Arken le savait, même s'il ne se rendait pas compte de sa propre folie. Sérieux, courtois, bien éduqué, il était malgré tout un fanatique avide de sang des infidèles et un radical conservateur au niveau de sa vision de la politique. Une vision qu'il aimait imposer autour de lui. Mais si lui savait gérer son instabilité (elle se gérait toute seule, sans son intervention consciente), il doutait de la possibilité que la jeune prêtresse sache faire de même. N'avait-elle vraiment aucune ambition personnelle ? Aucun plaisir dans cette vie ? Si c'était effectivement le cas, elle n'était pas une personne intéressante... A moins qu'il y a la possibilité de la pervert... de la convaincre, dans des délais raisonnables...

Méditant tout cela, Uriel continua à la masser. Les bouts de ses doigts s'aventuraient aux frontières de la poitrine, alors que ses paumes massaient les épaules, il caressait la délicieuse peau aristocratique de cette femme taillée dans de la pierre froide. Le Régent parviendrait-il à la réchauffer ? Ne fut-ce que le temps d'une petite heure de plaisirs, ici même à la Bibliothèque, vide en cette belle soirée... Une question pour laquelle on n'aura pas de réponse dans l'immédiat. Mais le petit blond avait envie de la connaitre et un peu de temps devant lui. Pas trop, pas assez pour pouvoir passer sa nuit avec elle (hélas, elle apprécierait sans doute plus) mais quand même assez pour s'amuser.

Elle finit par poser une question qui venait à l'encontre de l'ambiance qu'il désirait installer. La tâche n'allait pas être facile... Mais peu de choses étaient impossibles. S'arrêtant dans son massage, mais gardant ses mains sur le demoiselle, et jouant avec ses cheveux dont le parfum agréable montait jusqu'à lui, Uriel répondit :


"Je passais par ici pour me rendre dans la réserve... Mais cela peut attendre... Essaye encore de te détendre... J'ai une drogue à te proposer, bien meilleure que ce que Tu aies pu savourer jusqu'à présent."

Il ne manquait pas à sa réputation et n'avait donc sans doute pas besoin d'ajouter plus. Sans oublier que les paroles ne pouvaient décrire certaines choses. Surtout le baiser qui suivit. D'une main, il guida le visage de la belle, approchant le sien. Délicat, doux, du bout des lèvres, le baiser fut sucré et franc. Rien de violent, juste de la passion... La douce et chaude langue du Haut Prêtre ne fit son entrée dans la danse qu'après quelques instants... Si cela ne marchait pas... Il pouvait toujours aller chercher du plaisir ailleurs et la laisser dans sa solitude. Mais en avait-elle envie ? Était-elle dépourvue de désir à ce point-là ?
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyDim 9 Jan - 17:00

Il s’arrêta de la masser et ses doigts n’effleuraient plus le haut de sa poitrine mais ses mains restaient toujours sur son épaule. Cette proximité ne la gênait pas, tant qu’il ne se montrait pas brusque ou maladroit, elle resterait calme. En effet seuls les actes brusques ou inquiétants la gênaient et l’obligeaient souvent à agir étrangement autrement elle était assez maître d’elle-même… pour l’instant en tout cas.

Comme si l’inactivité déplaisait à Uriel, il commença à jouer avec une des ses mèches de cheveux assez longues et interminables. Lorsque l’on prenait une mèche, n’importe laquelle, il était assez difficile d’arriver au bout sans faire de grands gestes ce qui n’était pas étonnant, après tout sa chevelure lui allait jusqu’au bas du dos.

Le Haut Prêtre resta assez vague sur la raison de sa venue, prétendant qu’il avait voulu rejoindre la réserve, et lui proposa autre chose : Une drogue. Voilà un mot fort intéressant pour Franziscka. Maintenant elle n’avait plus besoin de se forcer à être attentive parce qu’elle était réellement intéressée. Malgré cet intérêt soudain, son visage ne se déridait pas pour autant. Seuls ses yeux laissaient paraître un soupçon de curiosité, mais cette lueur pourrait tout aussi être confondue à celle des flammes de la cheminée.
Soudainement elle comprit le sous-entendu de cet homme lorsqu’il approcha son visage du sien. Ainsi quand il avait parlé de drogue, ce n’était rien d’autre que les plaisirs non ? Leurs lèvres finirent par être scellées, la main d’Uriel perdue dans ses cheveux bruns et brillants. Que pouvait-elle dire si ce n’est qu’il ne démentait pas sa réputation de Dom Juan. Sa langue réalisait une belle danse et en aucun cas le prêtre ne s’était montré précipité ou incompétent. Instinctivement, elle accepta ce baiser et l’approfondissait également mettant à son tour une de ses mains sur sa nuque.
Franziscka pouvait être un mur de glace mais rien ne l’empêchait de vouloir avoir quelques contacts physiques de temps en temps, tant que les sentiments ou encore ses souvenirs ne s’y mêlaient pas. D’ailleurs comme il l’avait dit, ce genre de chose était une drogue à sa façon, inoffensive et qui ne raccourcirait pas la vie comme ces autres drogues sur le marché.
Doucement elle l’obligeait à reculer, brisant ainsi leurs étreintes, en appuyant délicatement sur son torse.

- J’avoue que c’est une drogue exquise mais je risque de vous décevoir à cause de ma maladresse. Il y a bien longtemps que je n’y ai plus gouté.

Un an ? Plus ? Moins ? Elle ne comptait plus le nombre de mois où elle était dans un célibat’ parfait et chaste. Contrairement au Régent qui avait une réputation de « collectionneur », elle était moins intéressée et ne se contentait que du minimum lorsque le marché ne pouvait plus lui procurer une drogue sur une durée assez longue. Il fallait qu’elle dorme après tout et jamais seule si aucun produit hallucinogène ne lui donnait pas la sensation d’être entourée. De plus arpenter les rues plusieurs nuits de suite sans rien faire se révélaient vite lassant.
Sa réponse à ce baiser était encore à double tranchant ou pas. Elle ne disait pas oui ni non ouvertement, encore une fois elle laissa Uriel d’interpréter comme il le désire. Soit il pensait qu’elle refusait courtoisement, soit il pensait qu’elle n’était pas contre pour plus. Pour sa part, tout cela lui était indifférent. Elle agirait selon ses envies le moment venu.

Elle se releva, s’éloigna légèrement d’Uriel pour mettre la page déchirée dans les Contes et Légendes de Frickwitch. Tant que le prêtre était là, elle ne pourra pas la brûler et tant qu’elle la gardait dans sa main, elle aurait du mal à garder son calme. Sans se dépêcher, elle referma le livre et le remit sur une des piles trônant sur son bureau.
Franziscka savait pertinemment qu’elle détruisait à chaque fois l’ambiance qu’il tentait d’installer mais c’était dans sa nature. Elle se laissait difficilement approcher et même si on arrivait à l’approcher, elle n’offrait qu’une coquille vide qui n’obéissait qu’à ses désirs d’évasion. Quant à ses sentiments, depuis longtemps ils étaient scellés quelques parts, un lieu inaccessible même pour elle.
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Uriel D'Arken
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyDim 16 Jan - 19:38

Elle embrassait avec fermeté et application, avec cette sensualité propre aux femmes disposant de pouvoir, que ce dernier soit politique ou magique. Il s'imagina qu'Azhran Nocturnae devrait embrasser de cette manière-là. C'était plaisant, mais le baiser prit fin. Uriel se laissa repousser, avec politesse. La demoiselle s'éloigna à nouveau de lui, au sens propre cette fois. Elle alla ranger la page manquante dans son ouvrage. La curiosité du Haut Prêtre s'en retrouva piquée. Qu'y avait-il donc dans ce malheureux livre pour qu'elle le vive aussi fort ? L'homme n'en avait aucune idée, mais cela l'intéressait. Heureusement, pour le moment il avait mieux à faire que d'en commencer la lecture.

Ses yeux de glace suivaient les mouvements souples et gracieux de la jeune prêtresse. En fait... Pas si jeune que cela. Majeure depuis trois ans, elle semblait peu ambitieuse. Mais, après tout et fort heureusement, tout le monde ne voulait pas faire carrière comme Uriel D'Arken. Même si on trouvait déjà à l'âge de vingt ans des prêtres autorisés à célébrer des événements religieux, elle ne devait pas forcément en faire partie. Et ses problèmes sentimentaux ou son passé difficile, ne lui rendaient sans doute pas les choses plus faciles. Mais allait devoir se ressaisir. Si coucher avec le plus haut dignitaire de l'Église n'était pas nécessaire pour progresser dans l'Art de la Manipulation et dans la hiérarchie, il était bon d'être maître de soi-même et en harmonie avec le monde. Et ce n'était pas son cas, à elle. Franziscka pouvait faire ce qu'elle voulait de sa santé, mais sa vie appartenait à l'Ombre et à l'organisation qui représentait et vénérait l'énergie créatrice sur cette terre.


"Je vois... Sachez que si le désir vous prend de vous entrainer, il se pourrait fortement que je sois là pour participer à votre entrainement."

Avec joie et une certaine malice il avait accueilli les paroles de la belle. Au final, son travail n'allait pas se faire tout seul et elle ne semblait pas plus motivée pour passer sa nuit avec lui que cela. Ainsi donc, il fit mine d'abandonner le sujet. Il contourna la chaise, où il venait d'embrasser langoureusement son interlocutrice. Sa petite main blanche se posa sur le livre au contenu si délicat et il le prit, se dirigeant vers le labyrinthe d'étagères.

"Bonne soirée, mon enfant !"

Il ne se tourna pas vers elle, mais on pouvait aisément deviner son sourire. Il s'amusait de ce qu'il faisait. Allait-elle le suive ? L'obliger, d'une manière ou d'une autre de lui restituer l'ouvrage ? Le supplier ou le menacer ? Demander poliment ? Perdre le contrôle d'elle-même ou encore ne rien faire du tout ? Tant de questions auxquelles il aimerait bien avoir la réponse. En attendant, il s'éloignait, sans se presser, après avoir pris congé et serrant modérément (oui, il n'a pas la force pour serrer fort) ces quelques dizaines de feuilles dans sa petite main.
Si elle le suivait, elle parviendrait peut-être à récupérer cet objet qui semblait tant la préoccuper. Sinon... Le Haut Prêtre allait se cultiver avec et garder son savoir pour lui, comme toujours. Il ne le partagerait qu'à un moment profitable, peut-être jamais. Au fond, quand aurait-il besoin d'une information compromettante ou simplement blessante sur quelqu'un qui, de toute façon, devait bien lui obéir ?


Sorry pour le retard...
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Franziscka Halbrum
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyJeu 20 Jan - 18:22

Le Haut Prêtre semblait abandonner l’idée de passer la nuit avec la bibliothécaire ce qui ne lui fit ni chaud ni froid et ses doutes se confirmèrent quand il se proposait si gentiment pour être son partenaire lors d’un entraînement « spécial ». Elle respectait cet homme et c’était tout, d’ailleurs le respect était très simple à définir c’est-à-dire que cette personne avait notre estime mais ne provoquait pas forcément une envie démangeant de partager la même couche une seule nuit au moins. Il finit par bouger avec cette expression disant qu’il allait partir. Docilement elle s’inclina légèrement en signe de salut et attendit qu’il disparaisse de vue par les moyens des ombres ou par les moyens traditionnels soit les pieds. Sauf qu’il mit la main sur ces contes et légendes de Frickwitch. Elle espérait qu’il reposerait, désintéressé par de telles absurdités mais il ne le fit pas. Au contraire il l’emmena avec lui.
Alarmée, elle décidé de le suivre, masquant son agitation merveilleusement. En effet à force de garder ce visage impassible, manque d’émotion concret, elle ne peinait pas pour garder son sang-froid. A force c’était sa façon d’être, d’agir et de penser.

- Mon prêtre, vous ne pouvez pas prendre ce livre si aisément. Je ne l’ai pas encore enregistré et quel que soit votre rang… il n’est pas bon de priver la population, surtout les enfants, de ces histoires à dormir debout.

Elle se mordit les lèvres devant sa gourde. Il était mauvais, généralement, de traiter ou de sous-entendre qu’un homme à l’âge adulte était encore un enfant naïve et stupide. Franziscka savait pertinemment qu’il était loin d’être sans cervelle autrement comment aurait-il pu atteindre une telle place dans la hiérarchie ? Elle espérait seulement qu’il n’était pas extrêmement susceptible autrement il lui serait impossible de récupérer son bien, car oui ce livre contenait son histoire par conséquent c’était le sien et à personne d’autre.

- Je veux dire qu’un homme tel que vous n’a sûrement pas de temps à consacrer à des légendes urbaines basées sur de fausses rumeurs. Donnez-le-moi s’il vous plait.

La porte était là, juste en face, et il suffisait de tendre le bras pour abaisser la poignée dorée. Elle inspira profondément, déglutit difficilement sa salive et se mit devant la porte. La prêtresse ne croyait pas ce qu’elle faisait. N’était-elle pas en train de barrer le chemin de son supérieur hiérarchique ? C’était malpoli…et déplacé non, d’étendre ainsi les bras devant la porte ? Elle les abaissa pour les mettre derrière son dos, sur la poignée, comme pour l’empêcher de quitter cet endroit si facilement. Une initiative bien stupide, elle le savait car cet homme était clairement plus puissante qu’elle. Que se soit la maîtrise des ombres ou la position occupée dans la hiérarchie de la société.

- J’insiste. C’est mon travail et je veux le mener à bien jusqu’au bout.

L’excuse indémodable du travail, l’incontestable excuse qu’une personne respectueuse ne pouvait pas ignorer. Elle retenait sa respiration, attendant avec anxiété l’attitude qu’Uriel allait adopter. S’il s’énervait ou l’embêtait encore plus, qu’était-elle sensée faire ? Perdre son calme n’était pas évident pour elle, sauf si du sang traînait ici et là, alors il n’y avait pas de risque qu’elle commette une erreur impardonnable ou vexe Uriel.
Enfin elle se détacha de quelque millimètre de la porte en bois et tendit sa main, paume ouverte, pour réceptionner cet ouvrage. S’il y avait assez de lumière on pouvait clairement voir briller une rage étrange au fond de ses prunelles. Ses yeux restaient le seul miroir de son être torturé par le souvenir de la mort de ses parents.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyVen 21 Jan - 11:38

Allait-elle le laisser partir ? Uriel crut que oui, l'ombre d'un instant. En effet, elle s'inclina, comme cela était de mise lorsque le Haut Prêtre décidait de priver un lieu de son excellente présence. Mais elle le suivit, dès qu'elle constata qu'il emportait son précieux ouvrage avec lui. Cela l'intriguait de plus en plus. Que pouvaient donc bien contenir ces quelques pages de mauvaise facture pour qu'une prêtresse du bas de l'échelle, et surtout connue pour son calme, voire son détachement de la réalité, puisse s'opposer à lui ? Il n'y avait que très peu de chances pour qu'il abandonne. Il sentait la nervosité de son interlocutrice. S'arrêtant, quelque peu malgré lui, devant la porte, il l'écouta.

Enfants ? Légendes ? Oui... Voilà. Ils allaient continuer à jouer. Tant qu'à mentir, il fallait continuer.


"Ho, mais ce n'est guère pour moi. Mais sa Majesté le Prince Héritier aura sans doute envie de lire ces histoires. Il est encore jeune et aime ce genre d'histoires..."

Elle insistait, continuant à lui barrer la route. Adorable. Uriel sentait que la soirée n'était pas finie. Ils allaient bien s'amuser. Lui, au moins. Mais l'Église n'était elle pas sa propriété privée ? Tout ce qui en faisait partie était soit son bien personnel, soit son jouet, son pion. Alors, dans son arrogance que les gens du genre d'Émile Paole finiraient bien un jour par lui faire payer, le Haut Prêtre désirait savoir à tout prix. A moins bien entendu, qu'elle trouve un moyen de le dissuader de faire la lecture, seul ou en compagnie d'Ezhekiel. En attendant une réaction plus posée, l'homme trouva une nouvelle idée pour taquiner sa subalterne.

"En tant que ministre du Prince Ezhekiel, je confisque cet ouvrage au profit de la couronne. La Bibliothèque pour récupérer son bien, sur ordre de l'Empereur, une fois qu'il aura l'âge de régner. Laisse-moi passer, maintenant."

Ce n'était pas tellement un ordre. Certes, Uriel utilisa l'impératif, mais il serait bien déçu qu'elle abandonne maintenant. Cela ne s'annonçait pas en tout cas. Il y avait quelque chose dans son regard. La "détermination" serait sans doute le meilleur terme... Franz était prête à... A quoi en fait ? A se battre ? Non, elle n'était pas stupide. Mais sans doute prête à s'humilier ou à lui donner son corps. Étrange qu'un livre ait pu avoir autant de pouvoir sur elle. Mais comment donc en profiter ? S'il voulait, il pouvait lui donner n'importe quel ordre, déjà avant... S'il avait insisté, elle aurait probablement couché avec lui.

Le Régent avait tenté de séduire la prêtresse. En vain, apparemment. Elle n'affichait aucun sentiment fort à son égard, ne serait-ce que du désir. Il s'était efforcé à plusieurs reprises de lui faire plaisir et son esprit égocentrique refusait ce genre d'échecs. Maintenant, c'était le tour de la belle demoiselle de se démener pour lui. Qu'elle soit créative et il lui rendrait ce livre. Pas besoin de pleurer ou de tomber à genoux. Ca, il pouvait l'avoir facilement... Mais qu'elle fasse preuve d'originalité ou de ruse au moins...


"Ton travail est fini, mon enfant... Tu peux t'occuper des autres livres. A moins que celui-ci n'ait une signification particulière pour Toi..."
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptySam 22 Jan - 1:18

La tâche se révélait ardue et surtout grotesque. Pourquoi utilisait-il tant de formalités pour un livre bon marché d’aucune importance que se soit économique, politique ou sociale ? Apparemment il avait trouvé un nouveau où elle n’était rien d’autre qu’un jouet qu’il allait taquiner comme bon lui semblait, sûrement parce que son orgueil avait dû en prendre un coup face au peu de désir qu’elle avait manifesté tout à l’heure. Ce n’était pas de sa faute non plus, sa nature n’était pas encline à une passion. C’était déjà un miracle qu’elle puisse éprouver encore une ou deux sentiments forts comme la colère ou la tristesse.

Il lui ordonnait presque de laisser la voie libre. Bien entendue elle fit la sourde oreille et ne s’écarta pas. Ce qu’il pensait ou ce qu’il prévoyait en cas de non obéissance l’importait peu pour l’instant et réfléchissait sur la manière de récupérer son livre. Devait-elle user de ses atouts féminins et s’offrir à lui cette nuit ? Cette idée lui déplaisait fortement. Tout à l’heure elle aurait pu s’il avait insisté parce qu’elle aurait pu ressentir la même envie. Cette fois-ci était différente. Cela voudrait dire qu’elle se livrerait pour récupérer un livre, c’est-à-dire se vendre comme une courtisane. Quel acte dégradant ! Il fallait qu’elle trouve autre chose de plus correct si c’était possible.

Il lui demandait si le livre avait une signification particulière. Elle se pinça les lèvres discrètement. Il ne manquerait plus qu’il repose mille et une questions sur son « traumatisme » et en trouve la cause à cause de ces papiers reliés. A part lors de ses recherches, elle préférait garder sous silence son passé et ne plus faire référence afin de ne pas pourrir son existence plus qu’elle ne l’était déjà.

- Ce livre n’a aucune signification, je désirais seulement finir mon travail correctement mais si vous le confisquez… alors je n’ai plus rien à faire avec.

Un excellent mensonge dit avec une excellente constance. Elle ne comptait pas abandonner, ce n’était qu’un prélude. Dorénavant elle devait faire en sorte qu’il se désintéresse de cette paperasse et ne le montre pas à n’importe qui, encore moins à l’Empereur. Il ne manquerait plus que son histoire lui plaise et se promène sur la bouche de tous les nobles à qui il aurait pu raconter. Elle ne pouvait pas laisser un tel scénario se produire. Ainsi elle n’éprouvait qu’une légère culpabilité à mentir à cet homme. Elle tentait de réconforter ce sentiment en se justifiant plus ou moins mentalement.

Finalement elle s’approcha d’Uriel et posa sa main sur le coude de celui-ci pour l’obliger, délicatement, à se tourner dos contre la porte. Franz avait une idée simplette certes, mais au moins elle gagnera du temps pour en trouver une autre plus élaborées…si elle pouvait endormir l’attention du blond bien évidemment.

- Par contre si le Prince est friand d’histoires, je peux vous proposer de meilleurs ouvrages… en plus de celui-ci. Suivez-moi s’il vous plaît.

Même s’il n’y avait pas d’ordre dans sa phrase, elle força gentiment Uriel à la suivre entre les différentes étagères de la bibliothèque. Comme elle enregistrait tous les livres, elle savait plus ou moins tous les ouvrages et leurs emplacements. Avec de la chance, un des livres intéressera suffisamment le Haut Prêtre pour qu’il abandonne celui qu’il tenait dans la main.
Elle passa en revue tous les contes et légendes urbaines des différentes provinces composant le monde d’Ishtar et se dirigeait, suivi du prêtre, vers les étagères en question.

- Tout d’abord je vous proposerais l’histoire épique de ce valeureux combattant d’Hellwig. Beaucoup de jeunes hommes ont adorés cet homme mort pour l’empire et l’Empereur de cette époque… enfin vous connaissez sûrement les événements.

Elle se sentait idiote de lui réciter les aventures des héros qui ont marqué Ishtar, il devait quand même avoir eu vent non ? Si ce n’était pas le cas, tant pis alors, il le découvrira s’il le désire. Sans attendre une quelconque réponse, elle tendit l’ouvrage du héros à Uriel pour qu’il le prenne. Elle risquait de prendre plusieurs autres ouvrages donc elle devait avoir les mains libres.
Pendant un bon quart d’heure elle le promenait dans cet endroit, allant de gauche à droite, de droite à gauche, de bout en bout… une véritable course. De plus elle était tellement absorbée par sa recherche qu’elle en oublia son but premier et avançait impitoyablement, avec la même cadence, en mettant livre sur livre au prêtre… qu’elle ne s’en rappela qu’après une dizaine de minutes.

- Etes-vous fatigué ? Désirez-vous vous reposer ?


Son intention n’était pas de le fatiguer ni de le tuer parce qu’il était à bout de souffle. Il ne manquerait plus qu’elle se retrouve avec un corps entre les mains ou encore s’attirer les foudres de son supérieur qui oserait pensé qu’elle lui veut du mal alors qu’en fait elle s’était trop prise dans son monde. Bien entendu elle aurait pu le préciser et s’excuser ou encore faire entendre à son interlocuteur qu’elle était réellement désolé et embarassé mais ce n’était pas le cas. Sa voix était aussi plate qu’au départ au grand dam de beaucoup de personnes.
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MessageSujet: Re: Contes et légendes [Uriel]   Contes et légendes [Uriel] EmptyMer 2 Fév - 13:02

La prêtresse ne lâchait pas le morceau. Il semblerait qu'elle soit prête à lutter jusqu'au bout pour ces misérables pages. Cela amusa Uriel, d'autant plus qu'elle avait vu juste : il ne prenait en aucun cas le livre pour Ezhekiel. Le jeune Prince Héritier ne se passionnait guère pour les contes pour enfants. Il aimait entendre (encore et encore) les récits du passé, des innombrables combats, menés par ses ancêtres et leurs illustres généraux. Il connaissait par cœur les campagnes et leur déroulement, du moins celui décrit par les livres et ses percepteurs. Le Haut Prêtre, vouant lui-même un culte à l'art de la guerre magique, lui enseigna tout ce qu'il pouvait au sujet de la formation des premiers régiments de magiciens noirs, les sorciers de guerre des premiers jours de l'Empire. Ainsi, et grâce à ses informations parfaitement véridiques, le futur souverain ne pouvait ignorer le lien étroit entre l'Église et son propre pouvoir.

Il la suivit, histoire de vérifier ce qu'elle avait donc à proposer. Et il ne fut pas déçu : les meilleurs ouvrages de la Bibliothèque. Historiques, certes, mais accessibles, au contenu global, pas trop détaillé... Idéal pour un enfant, même de l'âge si proche de la maturité officielle. Il admira surtout la stratégie. Celle de jouer sur le seul point faible manifeste d'Uriel : son endurance. Entrainé par des hormones, souvent aussi un peu d'alcool, il pouvait réaliser des prouesses sur le plan sexuel. Mais marcher rapidement, en portant de plus en plus de livres (pourtant pas énormes) était fatiguant. Et il n'y avait pas de concentration, ni méditation avant. Il avait était pris de court. Lors de ses entrainements, il pouvait rester immobile pendant une heure, avant de réaliser le moindre mouvement. Là, il avait derrière lui une journée de pouvoir : chargée, fatiguant et ne laissant aucun temps de repos véritable.


"Oui... Ca plaira... surement... à Sa Majesté..."

Le Haut Prêtre finit par déposer la pile d'ouvrages sur une table de lecture. Au même moment, une goutte de sueur descendit de son front et atterrit sur le dernier livre. Il l'effaça rapidement, presque en colère. Appuyé sur le meuble de ses deux mains, et donc un peu vouté, le Régent lança un regard assez désagréable à la prêtresse, avant de finalement sourire. Elle l'avait eue. Il fallait le reconnaitre, elle avait réussi à le fatiguer. Pas question de faire la cour la tout de suite, ou même de lui disputer le droit à son livre. Qu'elle le garde. Et continue de vivre avec la conscience que son supérieur l'attend au tournant pour lui jouer un tour similaire, un de ces quatre. Lui lançant le livre, objet de leur petit litige, il ajouta, mi-content, mi-en colère :

"Tiens. Garde-le. Fais livrer les autres au Palais impérial. Et, surtout, n'oublies pas que je suis quelqu'un de curieux..."

Calmant sa respiration, reprenant doucement le contrôle de son petit cœur, Uriel se redressa. Il la regarda encore, lança un dernier coup d'œil au livre et se jura de préparer sa petite vengeance personnelle. Rien de bien méchant, mais il se dit que se défouler un peu ne lui ferait aucun tort. Plus tard. Maintenant, il avait besoin de repos. Après cette petite pause, le Haut Prêtre disparut, voyageant à travers les ombres, jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Quelques minutes de marche plus tard, il fut rentré chez lui. Après la consultation des dernières missives parvenues jusqu'à sa demeure, il alla se coucher. Son corps en avait vraiment besoin...
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