L'Empire Ishtar
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 Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]

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Aristide Torchia
₳ Philosophe ₳

Aristide Torchia

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Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] Vide
MessageSujet: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyMer 1 Fév - 22:48

A force de lettres, visites, discours, supplications, humiliations et coups-bas, Aristide Torchia est parvenu à obtenir une petite partie d'une des salles d'exposition du Palais des Arts. Il y avait d'autres sculpteurs, bien sûr, mais le philosophe-chevalier parlait le plus, le plus fort et avec le plus de conviction. Son arrogance sans limites ne pouvait reculer que devant son envie de trouver un noble quelconque, prêt à payer une fortune pour que l'artiste puisse s'acheter des matières premières, créer pour lui et vivre comme il l'entendait.

Parmi une dizaine de ses oeuvres présentes, deux pièces maîtresses de l'exposition : une stature grandeur nature de l'Impératrice Joanna Ière et le torse en argile étonné de Nathaniel Lazarey, l'apprenti d'Aristide. L'une était éclatante dans sa splendeur, froide et puissante à la fois, l'autre rendait à merveille la stupéfaction, le sculpteur était parvenu à y figer un sentiment, le rendre tangible et l'immortaliser dans quelque chose de durable. Gesticulant, occupant de la place, attirant l'attention, Aristide passait du temps avec chaque visiteur ayant l'air assez riche pour le soutenir. Si les autres artistes présents le regardaient avec mépris, il fallait reconnaître qu'il avait du talent. Et c'était aussi un excellent vendeur. Que dire ? Que faire ? Il n'était pas né à Fintasy pour rien non plus.

- Comme vous pouvez le constater, mes seigneurs, nos saints Empereurs peuvent acquérir l'immortalité ! On se souviendra non seulement de leurs exploits et de leur gloire, mais également de leur visage. Joanna Walhgren, première du nom, gauchement peinte à deux reprises, a eu droit à la justice concernant sa beauté dans cette oeuvre. J'ai eu l'occasion de contempler les deux tableaux, ainsi que de lire les écrits d'époque parlant de son physique resplendissant. Ce que vous voyez là n'est pas du marbre ! C'est l'Impératrice elle-même, mes dames et messieurs. Dites-vous que chacun de vous pourrait laisser une pareille empreinte dans l'histoire ! Car les peintures ne rendront jamais avec précision votre apparence. On ne peut faire le tour d'un tableau, ni le regarder sous différents angles... Aucun dessin plat ne rendra toute la sensualité d'une personne, là, où la statue, bien plus résistante, sera parfaite...

Il respira. Les quelques nobles flânant dans le Palais des Arts l'écoutaient. De toute façon, son flot de paroles, dignes du plus doué des marchands, étouffait tout autre bruit dans la pièce. Il était difficile de ne pas l'entendre. Alors autant écouter. Le bref silence fit circuler les visiteurs. Mais le sculpteur fit deux pas, se plaça à côté de sa dernière oeuvre et recommença à parler attirant l'attention des personnes fascinées par le travail réalisé sur le thème "Nathaniel a l'air con". Lui, on l'aurait vraiment cru vivant, si seulement son corps ne s'arrêtait pas à la ceinture. Sans parler du fait qu'il faisait un petit demi-mètre et était en argile.

- Mais la sculpture est capable de prodiges encore plus surprenants que la simple immortalisation d'un visage. Grâce à cet art, de loin le plus intéressant et le plus utile, je fus capable d'immobiliser un sentiment. Approchez ! Voyez vous-mêmes. N'a-t-il donc point l'air surpris ? Il l'est... Pourtant, vous en conviendrez, c'est là une expression qui ne reste pas longtemps sur un visage. Ce jeune homme le l'afficha que pendant quelques instants. Néanmoins, un sculpteur expérimenté peut recréer cette éphémère vérité pour la figer à jamais pour le plaisir de vos yeux. Imaginez donc ! Collectionner les expressions ! Avoir des sentiments sur son étagère... S'en servir pour décorer votre salon...

Rêvez donc ! Venez tous avec votre or ! Etalez vos richesses et Aristide Torchia vous servira de son mieux. Vous aurez Nathaniel dans toutes les position et la dynastie des Walhgren au complet dans votre maison. Tous n'est qu'une question d'or... Vraiment, rien d'autre ne compte. Ah... N'oubliez point de glisser un compliment à l'artiste. Son ego aime ça.
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Mézièle Hellwig
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Mézièle Hellwig

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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 4:34

Des tas de bourgeois, de nobles, de «gens de la haute» comme le disait sa défunte mère.

Une bronchette de vieilles femmes aigries, vénales, insatisfaites toujours et de vieux impuissants, bornés et pervers à leurs heures. Enfin c'est ce que pensait Mézièle sans jamais oser le dire, les convenances l'enfermant dans une jolie cage de flateries utile que pour garder intact l'honneur de la famille. Et dans cette petite foule, Mézièle, la jeunesse, la beauté indiscutable, cette perle avec l'éclat aventurier au fond des yeux. Elle se tenait un peu plus en retrait sans être trop loin pour rater le discours de l'artiste présentant ses oeuvres. À vrai dire, son regard curieux est plus fixé sur l'artiste que sur la pièce présentée. Elle songe, l'imagine à l'oeuvre, tente de se faire une idée de ce qu'on peut ressentir...

«...Ce que vous voyez là n'est pas du marbre ! C'est l'Impératrice elle-même, mes dames et messieurs.»

L'Impératrice elle-même? Avait-il seulement pu la toucher? Admirer sa beauté de près pour enfin pouvoir étreindre le marbre et lui donner corps, lui donner vie?

La jeune femme secoua la tête brièvement, dans quelles pensées se lançait-elle ainsi?! Pour la peine, pour se donner bonne conscience, elle porta toute son attention sur cette statue, cette femme figée. De ses prunelles ambrées, elle détailla visage, cou, buste. Elle étudiait le grain de peau donné par le marbre, le coup de burin ou de gouge dans la pierre donnant relief à ce corps.

«Aucun dessin plat ne rendra toute la sensualité d'une personne, là, où la statue, bien plus résistante, sera parfaite...»

On avait souvent fait son portrait à Hellwig et, effectivement, elle les trouvait plutôt fadasse et sans vie. Mais cet artiste là ventait-il seulement son art pour mettre la main à la bourse ou avait-il vraiment cette passion brûlante pour ce qu'il accomplissait?

Lorsque les gens s'écartèrent pour discutailler, Mézielle s'approcha de l'Impératrice de marbre scrutant un peu mieux ce visage, ce regard avec une envie tout juste réprimée de toucher. Les doigts levé, à porté de l'oeuvre... mais rapidement il attira une fois de plus son attention. Il prenait beaucoup de place cet artiste, savait se faire entendre savait capter l'attention et la conserver jusqu'à ce que le message passe, jusqu'à ce que son message s'insinue dans les volontés.

«Imaginez donc ! Collectionner les expressions ! Avoir des sentiments sur son étagère... S'en servir pour décorer votre salon...»

Elle sentait bien l'astuce de vente et pourtant elle y croyait... en partie du moins.

Messieurs, dames s'éloignèrent en discutant de l'oeuvre tandis que Mézièle restait là, devant le buste de ce jeune homme, tout près, très près.

Plantée là, dans sa longue robe de voilages violets, corseté serrée, une femme-enfant penchée sur l'image figé d'un jeune homme à peine plus âgé qu'elle. Oui, une noble jeune femme en fleur penchée sur la représentation de ce qui la hantait: l'avenir, celui avec un homme digne de ce nom qu'elle devrait combler - mais comment?! - et qui rendrait grâce à la tradition familiale. Et encore cette envie de toucher propre aux enfants. Les doigts levés, tendus vers ce visage...
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Aristide Torchia
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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 7:05

Si Aristide se servait, ou du moins savait se servir, de tous les outils possibles et imaginables propres aux sculpteurs, ses mains nues intervenaient toujours dans ses oeuvres. Corrigeant les imperfections, lissant la peau des statues, caressant la pierre et l'argile pour que ces blocs informes donnent naissances à des statues dignes de ce nom. La forme initiale de Nathaniel lui fut donnée uniquement par les doigts de l'artiste et fut uniquement achevée avec d'autres outils. Pour l'impératrice, taillée dans le marbre, il a fallu faire appel à des outils plus puissants que ses mains. Enlever de grands morceaux de pierre, autour de la tête notamment, posait toujours problème à Aristide et l'épuisait énormément. Il espérait vraiment que l'aura de la Capitale comme il l'appelait, allait l'aider à perfectionner l'art de la Terre...

En attendant, il avait son travail déjà réalisé à vendre. A vrai dire, Aristide vendrait n'importe quoi et n'importe qui pour se hisser vers le haut. Le peu qu'il avait n'allait certainement pas satisfaire ni son ego, ni ses ambitions. De derrière ses lunettes, qui contribuaient à lui donner un air des plus arrogants, il observait les visiteurs. Alors qu'ils circulaient à un rythme plutôt régulier et ne se précipitaient pas pour s'engager trop rapidement dans quoi que ce soit, une demoiselle était là depuis un peu plus longtemps que la moyenne. Vêtue nettement mieux que les enfants avaient l'habitude de l'être, elle s'attardait sur les plus belles oeuvres qu'Aristide venait de décrire... Enfin... Quand on parle d'enfants... L'artiste avait du mal à estimer l'âge de la fille. Il ne s'y intéressait que très peu. Elle avait certainement de l'or à elle et le nom de ses parents pour la protéger. C'était amplement suffisamment. Ce qui était certain, c'était la noblesse éclatante qui s'en dégageait et attirait l'intéressé de la pièce. Rien que l'or, la fille elle-même n'avait aucune importance. Puis... Même s'il était disposé à le faire, le sculpteur jugeait qu'il était mauvais de coucher avec les clients trop jeunes : les parents de petites filles nobles étaient souvent rancuniers. Et combien même... Qui s'intéresserait-il aux filles, franchement ?

Le chevalier Torchia s'approcha et s'inclina.

- Sous le ciel et sous le soleil, je vous salue, mademoiselle. Je suis ravi de constater que vous vous intéressez à l'Art et savez manifestement reconnaître ce qui est vraiment beau. Si je puis vous aider d'une quelconque façon, n'hésitez pas un instant à me demander tout ce que vous désirez.

Oui, il a su contenir son flot de paroles. Lorsqu'il s'agissait de l'or, Aristide la fermait avec beaucoup de succès. Et puisqu'il ignorait qui était exactement le fille ici présente, il valait mieux ne rien dire, plutôt que d'en dire trop. Après tout, on se faisait assassiner pour moins que manquer de respect à une demoiselle de bonne famille.

Mézièle contemplait Nathaniel. Il était vrai qu'il était fort réussi. Certes, son expression ne le présentait pas sous son air le plus intelligent, mais il avait un charme certain, ce petit. La beauté spécifique de son petit corps était bien présente également. Aristide sculptait de belles femmes, des femmes puissantes, voluptueuses, dangereuses, fatales,... Mais ses hommes étaient toujours plus réussis : il y mettait son propre désir pour le genre masculin. Et son apprenti lui plaisait indéniablement. Surtout que sa tête était particulièrement mignonne lorsqu'il était désorienté. Pris au dépourvu, le jeune homme présentait particulièrement bien. Et son nouveau maître a figé cette expression avec brio.

Allez... Faisons un autre geste commercial.

- Vous pouvez le toucher, si vous le désirez, mademoiselle. C'est là un autre plaisir que procure la sculpture. Lorsque vous touchez une toile, elle a la même texture que les autres. Vos doigts délicats pourraient pratiquement vous permettre de découvrir une statue, sans que vos yeux n'aient besoin de regarder. Faites plaisir à vos sens...

Elle se rendait quand même compte que c'était délicat, n'est-ce pas ?
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Mézièle Hellwig
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Mézièle Hellwig

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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 18:22

Mézièle sursauta lorsqu'il prit parole, rabaissant aussitôt sa main, s'empourprant d'avoir osé vouloir toucher l'oeuvre; ça ne se faisait pas! Souriant timidement, elle fit quelques pas pour admirer la sculpture du jeune homme sous un autre angle laissant aller son regard de la sculpture à l'artiste et inversement.

«Si je puis vous aider d'une quelconque façon, n'hésitez pas un instant à me demander tout ce que vous désirez.»

Vraiment? Elle hésitait, scrutant plus attentivement le buste. Et quand elle allait se décider à poser ses question il rechéri avec son geste commercial.

Toucher? Elle pouvait vraiment toucher?
Son regard porté sur lui s'assurait d'une réponse positive; après tout elle en mourait d'envie. Un dernier regard pour la certitude et elle effleura la joue du jeune homme d'argile. Cette expression de surprise, cette lueur presque tangible dans les yeux. Qu'est-ce qui l'avait mis dans un tel état? Elle pinça les lèvres et osa, retirant ses doigts de peur d'écorcher l'argile avec ses ongles ou brouiller la perfection émannant de cette pièce.

- Ce jeune homme a vu quoi pour avoir un tel regard, cette expression? Que s'est-il passé...?

Elle ne lâchait pas la sculpture des yeux comme si plus elle la regardait, plus elle y voyait la profondeur. Peut-être à force ce jeune homme se mettrait-il à bouger, comme de son vivant? Toute occupée qu'elle était, Mézièle ne se rendait pas compte qu'elle triturait le pendentif émeraude posé sur le galbe de sa poitrine, égarant ses doigts de temps à autre; mauvaise manie que sa nourice lui reprochait sans cesse.

Citation :
«Tu n'es plus une enfant, Mézièle! 19 ans c'est l'âge de raison, l'âge où tu dois comprendre que ce que voient les gens fait de toi ce que tu es; une dame! Tu es une Dame, Mézièle m'entends-tu?! Chacun de tes gestes compte, rien n'est à laisse au hasard.»

Et à chaque fois la jeune femme soupirait et se maudissait de n'être pas née dans une autre famille où on l'aurait laissé être ce qu'elle était, où on ne lui aurait jamais reproché son tempérament volage, espiègle et innocent d'enfant.

- On dirait qu'il a été prit en flagrant délie... Ou peut-être a-t-il prit la pose ainsi pour vous? Pour être l'expression hors du commun sur les tablettes d'un grand salon?

Mézièle sourit en coin, rammenant ses prunelles ambrées sur l'Artiste qu'elle espérait bien avoir piqué au vif avec sa réplique. Évidement, elle laissait entendre qu'elle avait bien compris son stratagème commercial si les autres bourgeois eux avaient passé droit.
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Aristide Torchia
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Aristide Torchia

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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 19:26

Manifestement, Aristide avait de la chance. Il se félicitait intérieurement d'avoir invité le jeune homme chez lui et d'en avoir fait son modèle et son apprenti. Maintenant qu'il avait son si beau visage sous la main et pouvait le reproduire à souhait, cela pouvait être la voie ouverte vers la fortune. Sans parler de cette demoiselle qui fixait Nathaniel comme si elle s'attendait à ce qu'il parle et se présente à son tour. L'artiste ne pouvait s'empêcher de sourire. Parfait, parfait... Elle l'achèterait peut-être ? Ou alors elle lui commanderait une autre expression de Nathaniel ? Aristide s'imaginait déjà mille et une poses et expressions. Et, soyons honnêtes, elles ne convenaient pas toutes à une demoiselle de bonne famille.

Elle était tellement fascinée que le sculpteur put noter une tournure de phrase peu correcte dans sa bouche. La fille avait de la chance que son précepteur n'était pas présent. "Qu'a vu cet homme ?" était nettement plus convenable et digne de quelqu'un de si bien habillé. Cela était néanmoins la preuve qu'elle était vraiment prise par l'oeuvre et c'était là tout ce qu'il comptait. Elle voulait d'ailleurs connaître les conditions dans lesquelles la statuette fut réalisée. Elle pouvait toujours courir pour le détail, mais Aristide n'afficha qu'un sourire poli et répondit à la question, toujours légèrement incliné, dans une pose propre aux gens qui n'ont pas peur de se baisser pour s'attirer les bonnes grâces de ceux qui sont plus haut qu'eux.

- Je côtoie le modèle assez souvent, mademoiselle. Il s'agit de mon apprenti. Son talent est limité, hélas, mais comme vous pouvez le constater, son physique joue énormément en sa faveur dans cet art, où le bon choix du modèle joue beaucoup dans la réalisation d'une oeuvre digne de ce nom...

Il continua à dévisager la demoiselle. Il ne l'avait jamais vue auparavant au Palais des Arts... N'était-elle pas de la Capitale ? Venait-elle uniquement pour quelques temps ? Ou simplement cela faisait peu de temps qu'elle sortait du cocon familial toute seule ? Espérons juste qu'elle a autant d'argent qu'elle en a l'air et qu'elle compte rester à la Cité Impériale. Enchantée par l'argile façonné par les mains habiles du philosophe, Mézièle ne perdait pas son intelligence... Mais elle sous-estimait l'ego d'Aristide qui déformait toutes les paroles et le rendait insensible à l'ironie. Non content de ne parler que de lui et de son travail, l'artiste prenait les remarques cyniques au pied de la lettre, n'y voyant que des compliments que le monde entier lui devait. Juste parce qu'il était là, on devrait l'applaudir et le remercier. Ce n'était pas le cas, mais il comptait bien ramener de l'ordre dans la société d'Ishtar un jour ou l'autre : on allait le saluer et l'acclamer comme il se devait.

- Ma foi, je n'ai fait que le dessiner au cours d'une conversation, ensuite j'ai reporté le croquis dans l'argile... Il n'a pas fait exprès de poser pour moi et son buste ici présent est n'est d'un afflux soudain d'inspiration qui arrive sans prévenir et qui caractérise les plus grands esprits. Le voyant tous les jours comme je le fais, je suis à même de le reproduire dans d'autres situations et en usant d'autres matières. Si le visage vous convient, comme cela semble être le cas, aucune possibilité n'est à exclure...

"Allez ! Allez ! ... Reconnaissez que vous aimez le moue de ce petit con et dites-moi d'en faire d'autres exemplaires..." semblait dire notre grand artiste. Ou en tout cas c'est ce qu'on pouvait lire dans ses yeux, car le reste de son corps demeurait immobile dans une pose, socialement parlant, soumise. Si d'autres vies existent, Aristide a bien pu être un majordome, toujours plié en deux, en présence de son maître.
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Mézièle Hellwig
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Mézièle Hellwig

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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 20:29

Si l'Artiste avait d'abord capté l'attention de la jeune femme, cette fois c'est bel et bien cet apprenti gravé dans le marbre qui l'avait toute entière. Certes sa contemplation la faisait se confondre dans la langue mais l'emportait aussi ailleurs. Dans un atelier imaginaire, cet atelier-là où Aristide Torchia avait croqué son apparenti sur le vif, cet atelier ou tout commençait et tout prenait fin sous ses mains. Il y avait bien de quoi faire enfler l'ego: donner naissance à quelque chose de pratiquement plus vrai que nature et ce à partir de rien; donner naissance ou tout détruire. C'était donc cela être artiste: s'élever au niveau de l'Ombre, être la main de l'Ombre? Alors les prêtres et les artistes avaient beaucoup en commun... sinon que les premiers se devaient de garder toute humilité.

Et comme si la curiosité de l'Artiste se devait d'être assouvie, Mézièle se présenta plus ou moins.

- Une pièce du genre pourrait être superbe dans le grand salon de mon frère; lui aussi sait apprécier l'art. Peut-être même serait-il possible de lui offrir une statue à sa hauteur de Sénateur. Le Sénateur Ulrich, mon frère, mérite ce qu'il y a de mieux. Et je crois que vous avez ce petit quelque chose qui lui plairait, cette touche perfectionniste qui l'anime lui aussi.

La jeune femme s'interrompit un instant, songeuse, tournant lentement autour de l'ouvre figée. Puis d'un coup elle tourna la tête vers Aristide.

- Sauriez-vous le croquer sur le vif, sans qu'il n'en sache rien? J'aimerais que la surprise soit entière.

Reportant les yeux sur l'argile travaillé, sur ce visage éberlué, elle fit courir l'oeil de ses doigts contre les lèvres du modèle ainsi figé, humectant les siennes. Elle allait peut-être paraître dure en affaires, mais elle tenait à une condition:

- Mais avant tout je veux vous voir travailler. Je veux vous voir à l'oeuvre dans votre atelier ou ailleurs et avec ce jeune homme. Après satisfaction vous pourrez croquer mon frère, lui donner vie dans l'argile ou le marbre et offrir votre doigté à ma bonne volonté.

Que de phrases à double tranchant dont elle n'était même pas consciente. Et d'un coup elle avait bien de l'assurance cette petite! C'est fou ce que pouvait faire la fortune familliale sur la posture ou l'imposture de quelqu'un; avec quelques pièces - des tas de pièces -, on pouvait faire s'incliner le monde à ses pieds... ou presque. Mais cette fois Mézièle savait qu'elle piochait dans le bon panier: artiste à l'ego surdimentionné, amoureux de l'or et du prestige, que demande de plus? Le talent. Mais ça il l'avait heureusement, sinon jamais la jeune femme n'aurait osé monter de tels plans pour le bonheur de son frère.

Tournant encore autour de l'oeuvre, Mézièle laissa courir ses doigts comme jamais elle ne l'aurait osé avec un homme. Étrange proximité avec le jeune homme d'argile. Proximité qui vaudrait son pesant d'or dans la bourse de l'Artiste.

Ils étaient seul à présent, l'audace de la jeune femme avait peut-être découragé la vieille mégère qui c'était elle aussi pâmée devant le buste de l'apprenti? Le calme planait et laissait à Mézièle tout le loisir de communier avec l'argile durci et faire bonne affaire avec son «créateur».
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Aristide Torchia
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Aristide Torchia

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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyJeu 2 Fév - 22:06

- M'en voilà ravi que votre fr...

Le son mourut dans la gorge de l'arrogant à lunettes. Sénateur ? Ulrich ? Ils n'étaient que dix-neuf, connaître leurs noms ne relevait pas d'un défi insurmontable. Surtout pour quelqu'un qui passait son temps à chercher un protecteur. Là, il ne pouvait tomber mieux, en vérité, je vous le dis. La soeur du Sénateur qu'on citait parmi les hommes les plus puissants de la Capitale ! L'amant le plus sérieux du Haut Prêtre en personne, d'après les rumeurs. Et certainement la fille d'un gouverneur dans le top trois des plus puissants... Cette demoiselle pouvait obtenir tout ce qu'elle voulait, il lui suffisait de claquer des doigts, voire faire de beaux yeux à son frère. Aucun doute qu'elle pourrait prétendre au titre de l'Impératrice et courtiser l'Empereur lui-même !

Bref, une cliente à satisfaire et certainement pas quelqu'un qu'on pouvait contrarier. Car son frère ne connaissait pas grand-chose en matière de pitié et cela semblait être une qualité propre à la famille, d'après les livres d'histoire. Au Hellwig, ils n'avaient pas des masses d'humour. D'un autre côté, la protection d'une pareille personne pouvait être une aubaine éternelle pour un artiste. Bah ! Ils avaient de quoi entretenir une armée d'artistes, sans que cela ne se note dans leur budget. Aristide voulait sa part du gâteau et il était prêt à se traîner au sol, aux pieds de la petite marquise et nettoyer ses chaussures avec sa langue. La dignité devait toujours céder sa place à l'argent et au succès, voilà toute la philosophie de ce grand magicien de la Terre... Rapidement, il récupéra sa vivacité d'esprit et sauta sur l'occasion.

- Mais bien sûr, très certainement... Une statue du célèbre Sénateur Hellwig... Oui... Bien sûr... Il faudrait que quelque chose d'autre occupe son attention... Je pourrais réaliser cela sans problème lors d'une réception ou d'un autre évènement quelconque. Pour que je puisse observer ses mouvements en détail... Je n'ai pas encore eu l'honneur d'être présenté, n'étant arrivé que depuis peu à la Capitale.

Oui, sinon, il est clair que le Sénat au complet se précipiterait pour rendre visite au grand Aristide Torchia et le saluer avec un tonnerre d'applaudissements. La jeune marquise exigeait de le voir travailler... Doutait-elle de son talent ? Certes, il était difficile de croire qu'un homme puisse être aussi doué, il fallait le voir pour le croire. Pas de soucis, Aristide allait lui faire la démonstration qu'elle souhaitait. Mais pas chez lui de préférence. Le capharnaüm dans lequel il vivait était... Pour le moins peu présentable, bien que favorable à la créativité de l'artiste.

- Si je puis me permettre, je ferais le déplacement pour vous montrer mon Art en détail... Il vous suffit de me fixer le jour et l'heure.

Aristide, qui s'était redressé de surprise, s'inclina encore une fois. Comme Nathaniel et lui se lièrent très vite, lui était en train de faire la même chose avec la demoiselle. Sauf que là... Le Nom de Mézièle Hellwig était une garantie de succès largement suffisante. Alors que dites-moi qui a donc entendu parler de Nathaniel Lazarey ? Personne voilà tout. Mais le monde allait s'en souvenir comme étant l'apprenti d'Aristide Torchia, le plus grand sculpteur de tous les temps.

- Et faites-moi part de vos autres souhaits, concernant cette démonstration, si vous en avez, bien entendu.
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Mézièle Hellwig
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MessageSujet: Re: Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig]   Un esprit ouvert est comme une forteresse dont les portes sont ouvertes et non-gardées... [PV Demoiselle Hellwig] EmptyVen 3 Fév - 18:02

Son frère était donc à la hauteur de sa famille, de sa réputation puisque l'artiste semblait le connaître. Mézièle sourit doucement lorsqu'il évoqua le nom de celui-ci, elle n'était pas peu fière de ce frère qui avait su en si peu de temps se hisser plus haut que son père ne l'aurait espéré. Mais connaissait-elle ne serait ce que le quart de ce qu'était réellement son adoré frère, de quoi il était prêt? Ce frère si parfait, cet amour de frère, ce confident.

Il devrait être occupé pour être croqué sur le vif? Bien sûr.

- Un soirée. Oui, une grande soirée où il sera si occupé qu'il ne verra rien venir!

Elle hocha la tête en souriant tout grand, enchantée par l'idée même de sa première soirée à Ishtar. Soirée où elle s'assurerait que son frère soit croqué sous son meilleur jour et où elle prendrait pied - et non «son pied», elle n'oserait y penser - dans cette nouvelle société, rencontrerait tout ce qu'il faut de gens pour s'assurer un bon départ.

Oh? Pas dans son atelier à lui? Avait-il honte? Probablement qu'un atelier n'est pas nécessairement l'endroit rêvé pour une dame de son rang mais elle aurait bien voulu faire l'immersion complète. Tant pis.

- Vous louerez alors un grand atelier bien éclairé, bien situé.


Elle tira sa petite bourse brodée, nouée a sa taille, se camoufflant presque dans cette robe de belle facture qu'elle portait. Doucement elle s'approcha de l'artiste, lui prit la main de la petite sienne et posa ladite bourse au creu de cette main faisant tinter les pièces, de quoi vivre de longs mois avec tout ceci.

- Dans deux jours.

Son assurance était innébranlable cette fois, elle se surprenait elle-même, jamais elle n'avait prit telles décisions à Hellwig, là-bas elle n'était que «la fille de...», la fille du Prince certes mais «la fille de...» quand même. Et voilà qu'à Ishtar elle devenait quelqu'un, Mézièle Hellwig, mais pour l'Artiste ce serait mademoiselle, ou Marquise tout au plus.

- ... Dans deux jours laissez un petit mot à l'accueil ici et je vous rejoindrai à cet atelier. Négociez serré le prix qu'en demandera le propriétaire, je peux vous faire confiance là-dessus, n'est-ce pas? Ce qu'il restera ira directement pour vous... une avance, diront-nous.

Elle aussi savait être commerciale. Son regard posé sur lui était plus femme que son allure générale n'en laissait parraître et apparrement, elle avait cette force de caractère qu'on attribuait aux Hellwig, une force encore juvénile mais bien omniprésente.

- Dans deux jours vous serez là, avec ce jeune homme


Elle pointe gentiment la statue d'argile.

- ... et vous me prouverez que mon choix est le bon... Mon frère est la chose la plus précieuse qui me soit et il se doit d'être représenté à son meilleur par LE meilleur.

Elle insistait bien sur chaque point et n'en attendait pas moins d'Aristide. La jeune femme se fichait bien des regard qu'on pouvait poser à cet étrange marché, elle savait ce qu'elle voulait et, oui, elle avait les moyens de l'obtenir. Son frère aurait une statue et elle, elle aurait le plaisir de voir de ses propres yeux le jeune homme d'argile, elle pourrait lui donner consistance autre que celle de la terre.
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Aristide Torchia
₳ Philosophe ₳

Aristide Torchia

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S'il n'était pas en un lieu si respectable, Aristide effectuerait une danse de la victoire. Son idée convenait à la demoiselle, bien sûr. Le sculpteur n'allait pas non plus aller assister aux débats du Sénat pour observer Ulrich. Bien que, d'après ce qu'on en disait, ce serait une belle matière à réaliser une oeuvre splendide... Bref. Il allait être convié auprès des gens à même de côtoyer les Hellwig ! Fantastique. S'il comptait bien croquer le Sénateur de son mieux, il allait pouvoir en profiter pour tisser d'autres liens et se montrer à un public respectable.

- Bien sûr, mademoiselle la marquise, j'observerai votre frère jusqu'à ce que j'ai de quoi l'immortaliser... Si je puis me permettre une suggestion : pensez à la matière et à la taille de la représentation que vous désirez avoir de lui... Un buste ou une statue de taille réelle conviendraient sans doute le mieux pour un si grand homme...

Oui, après tout, y avait-il un seul duc, prince ou Empereur qui n'ai jamais eu de buste sculpté ? C'était l'emblème-même du prestige. D'un autre côté... Une grande statue, correctement exposée, dans un espace suffisant, donnait très bien et pouvait être des plus impressionnantes. La demoiselle devait prendre cette décision, mais cela n'urgeait pas.

Aristide se retrouva avec une bourse bien remplie et lourde en main. De l'or à ne pas en douter. A la masse seule, il comptait déjà que c'était largement plus que ce qu'il fallait pour louer un espace digne de ce nom pour recevoir sa cliente. Il allait pouvoir renflouer sa caisse personnelle. Loin d'être vide, elle avait besoin d'un peu d'argent frais quand même. Tout se déroulait vite et bien. Nathaniel lui portait chance, même présent uniquement via sa représentation en argile.

- Merci, mademoiselle. Votre générosité n'a d'égale que votre beauté. Vous seriez une muse des plus inspirantes... - Il y avait plus vrai. Aristide préférait sculpter des femmes avec plus de poitrine, mais Mézièle était loin d'être désagréable. Même pour un stricte homosexuel qu'il était. - Vous pouvez considérer que c'est fait, je me mets à votre service aussi longtemps que vous aurez besoin de moi et ne ferai rien qui pourrait vous décevoir.

Voilà, c'était dit. La jeune marquise avait une première personne dans sa cour personnelle. Son artiste, son philosophe à elle. Une entrée dans la vie adulte comme une autre. Son titre et son nom impliquaient qu'elle n'allait pas avoir de soucis dans ce monde, autres que de suivre la mode et être éclatante en société. Promouvoir un artiste de talent était une excellente manoeuvre dans ce sens. Et elle aimait son frère... Oui, pourquoi pas. Fils unique, Aristide ne pouvait pas comprendre. Faisant disparaître l'argent, comme si celui-ci pouvait lui être repris, il s'inclina encore une fois.

- Je ferai selon vos souhaits. Je ne peux qu'envier votre frère d'avoir une soeur si aimante... Et vous féliciter pour votre choix. Vous ne serez pas déçue. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser... Je me dois d'aller exécuter votre volonté.

Après une dernière référence, Torchia s'en alla, souriant d'une oreille à l'autre. Il ajusta ses lunettes sur son nez dans le couloir et courra littéralement à l'extérieur, à la recherche d'un fiacre qui le conduisit en ville. Il devait se renseigner, dépenser un peu de cet argent, pour en gagner beaucoup plus par la suite. Il avait enfin quelqu'un de puissant derrière lui. Et pas n'importe qui. Parfait, parfait...
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