Bon... Et ces fameuses infos ? [PV Morgana]

Je marche lentement dans la rue, Morgana à mes côtés. J'ai l'impression de pouvoir mieux respirer maintenant que nous sommes sorti des bas-fonds. Zach derrière nous, je suis aussi plus serein. Ce type m'énervait plus que de raisons, par sa connerie et son hérésie. Si j'avais été seul je lui aurais planté mon épée dans le ventre. Mais voilà, j'avais besoin d'info et Morgana devait déjà avoir pas mal de soupçons à mon égard... Je tiens à préserver un minimum ma couverture. C'est tout con, mais si l’Église entre en possession d'informations cruciales, mieux vaut que ça ne se sache pas. Hum dans ce cas je ne dois pas être employé par un prêtre... Mettons un noble. Oui un noble ça ira je suppose.

Reste maintenant à choper les informations qu'à Morgana. De préférence sans la torturer...

-Marchons voulez-vous ? Je ne tiens pas à ce que d'indiscrètes oreilles captent ce que nous allons nous dire...

Les rues c'est bien pour discuter tranquille. Les gens ne font pas attention à vous et passent rapidement leurs chemins. Au pire, il captent un fragment d'information. Rien d'exploitable le plus souvent. D'autant que la nuit est bien avancée, les rue sont presque désertes. C'est idéal, même si je n'ai qu'une envie c'est d'en finir.
Bien des inquisiteurs iraient la questionner brutalement. Je me demande si je devrais pas le faire aussi. Je suis encore trop « humain » aux yeux de certains collègues. De là à savoir si c'est une force ou une faiblesse... Vu les événements, je finirais bien un jour ou l'autre par devenir un pseudo-psychopathe. Pour l'instant je suis encore dénué de pouvoirs également. Mais cela viendra bien en son temps, j'en demeure persuadé. Pour l'instant, je vais voir si je peux choper ces putains d'infos par la méthode douce. Si nécessaire j'orienterai la marche vers cette bonne vieille cathédrale et je torturerais cette informatrice comme il se doit.

Je lui jette un coup d'oeil sans m'arrêter, ralentissant juste un peu le pas.
C'est une jolie fille, encore jeune. Le teint pâle des pays froid. Elle doit venir de Gells comme moi, ou de l'autre contrée au nom imprononçable, le Nördlishmachin. J'aime bien la couleur de ses yeux et l'intensité qu'ils ont. Si elle avait fait partie de notre camp, de l’Église, quelque chose me dit qu'elle aurait fait un élément prometteur.

-Je suppose que, comme moi, vous ne travaillez pas gratuitement, hein ? Alors, que valent vos informations ?

De l'argent, je peux en avoir à profusion. Un mercenaire comme je prétend l'être, non. Un mercenaire employé par un noble comme je prétend l'être, peut dépenser une jolie somme. Mettons un maximum de 50 pièces d'or, éventuellement 75 mais faut que l'information en vaille la peine, sinon je vais me faire trucider par les prêtre... Quant à la véracité de l'info, mieux vaut pour elle que ce soit du valable. Sinon, non seulement je la retrouve pour lui faire passer un sale quart d'heure, mais en plus je coule sa réputation et plus personne ne voudra de ses infos. L’Église à le bras long, c'est heureux.

-Alors ?

Morgana regrettait d'avoir laissé Zacharias Flash en arrière. Quelqu'un d'autre allait peut-être le chopper, lui faire cracher des informations puis l'égorger comme un poulet. Quelqu'un d'autre allait faire ça, avant elle. Et puis ce serait trop tard, il n'y aurait plus rien à récupérer. Sauf des petits morceaux d'Informateur. Inutile pour une fille comme Morgana. Elle ne versait pas dans le cannibalisme ni les expériences étranges.

La jeune Sigvard était d'accord avec son mystérieux interlocuteur. C'est ça, marchons dans la rue, comme ça si tu montres le moindre signe d'agressivité, je détale en vitesse ou je hurle pour prévenir le fêtard du coin.

Les rues n'étaient pas aussi animées qu'en journée mais il y avait encore deux ou trois passants. L'Informatrice s'y sentait en sécurité. Les lieux étaient propices à l'imprévu. Pratique pour fuir ou se protéger... C'était aussi le théâtre des attaques surprises, des pickpockets et des psychopathes en puissance.

« Vous supposez juste... » commença Morgana d'une voix lente, s'apprêtant vraisemblablement à continuer sur sa lancée. « Je n'aime pas mentir à mes clients potentiels. Je sais des choses, oui. Mais je n'en suis pas encore au niveau du légendaire Ingell... Donc mes prix ne sont pas bien élevés... Si vous êtes gâté par la fortune évidement. Ce sera une somme dérisoire pour vous... ou votre employeur. »

Morgana aurait aimé prendre une pause pour faire durer le suspense, mais elle ne tenta pas le diable. Son interlocuteur n'avait pas l'air très patient. Tout en continuant de lui exposer ses conditions, elle replaçait correctement son étoffe émeraude sur sa tête. Elle embraya très rapidement sans laisser à Daniel le temps de l'interrompre en cours d'explication:

« A vrai dire ce n'est pas de l'argent dont j'ai le plus besoin. Mais d'informations. J'aime bien faire de l'échange, du troc. Vous avez participé à quelque chose de particulier, vous avez des infos compromettantes sur quelqu'un ? Ça m'intéresse. Si vous n'avez rien ce n'est pas grave. Pour dix pièces d'or j'vous donne le nom d'un lieu incontournable à fréquenter quand on désire croiser les dessous un peu louches de la capitale. Mais peut-être que vous le connaissez déjà. C'est pas le cas de tout le monde. Pour vingt pièces d'or de plus, je vous donne un nom à traquer. Plus une proposition qui pourrait être profitable pour vous comme pour moi. »

En tant que femme il était aisé de se servir de ses charmes pour participer au trafic de l'information. Mais cet avantage se contrebalançait d'un inconvénient de taille: dans la bataille, la femme était toujours sous estimée par rapport à l'homme en terme de puissance de frappe, de force brute. Morgana était persuadée qu'elle pouvait torturer aussi bien, voire peut-être mieux qu'un homme. Mais avant de torturer il fallait appâter la victime. Elle pouvait toujours se servir de son corps... Cependant ce n'était pas la seule solution. Tout comme elle l'avait fait avec Mina, l'Informatrice se préparait à proposer à cet obscur Daniel une petite mission en duo dans les bas fonds, histoire de récolter encore plus d'informations. Le type pourrait la protéger physiquement, et lui pourrait se servir d'elle comme couverture. C'était risqué bien entendu. C'était un parfait inconnu et cela pouvait se retourner contre elle. Tout le monde n'était pas honnête dans la capitale. Au contraire. Morgana était encore novice dans sa spécialité, mais elle gardait tout de même une certaine fierté du travail bien fait. Et ça se voyait sur son visage, dans le ton de sa voix.

La jeune Sigvard n'était pas prête à écarter les cuisses. Se mettre en danger dans une mission avec un type bizarre, ça lui paraissait plus approprié. En attendant la réponse de Daniel, elle marchait sur le rebord de la chaussée pavée sur la pointe des pieds, comme une gamine qui joue à l'équilibriste sur une corde d'acier.

Spoiler:

Je gratte la barbe de quelques jours qui me mange le visage, réfléchissant. J'observe Morgana d'un air curieux tandis qu'elle remet sa capuche en place. Je dois lui faire croire que je réfléchis à ce qu'elle me dit, rester dans le rôle que j'ai créé. Partant du principe que je réfléchis réellement à ce qu'elle me dit, ce n'est pas très difficile mais j'ai tendance à rester statique et à ne pas bouger lorsque je cogite. Un comportement certes pas forcément inhabituel, mais qui met mal à l'aise certaines personnes. En jouant le jeu et faisant quelques mimiques adéquates, je fais en sorte qu'elle se méfie moins de moi, qu'elle baisse sa garde. Ce n'est pas comme si j'allais lui sauter dessus et lui planter ma dague au travers de la gorge, mais je reste prudent à l'outrance.

J'écoute attentivement ce qu'elle a à me dire, regardant la rue. Il faut que j'évite les rues mal famées quand même. L'argent ne l'intéresse pas outre mesure, elle préfère le troc, l'échange d'informations. Néanmoins, pour dix pièces d'or j'ai un lieu (que je connais surement, mais rien n'est sûr) et pour le double j'ai un nom et une proposition susceptible de m'intéresser.
Techniquement parlant, je n'ai aucune infos. Enfin pour être exact, aucune infos que j'ai envie de partager avec elle. Donc, va pour faire sonner la monnaie ! Je prend ma bourse en main quand je me souviens que je dispose de quelque chose qui pourrait l'intéresser. Ou pas, ce n'est quasiment rien comme info, mais ça vaut le coup.

Cela dit, il faut être un tant soit peu malin. Dépenser la somme sans marchander serait facile, mais pas très logique. Un mercenaire à la recherche d'argent négocierait ce qu'il achète, essayant de grappiller un maximum, non ?

-Mettons... Quinze pièces d'or pour le lieu, le nom et votre proposition. J'aurais bien une info, mais franchement je doute qu'elle puisse vous être utile d'une quelconque manière. Une noble proche de l’Église à failli être tuée il y a quelques jours, une semaine environ.

Anastacia Dragomirow aurait pu ne pas en réchapper. Ça, je le sais bien vu que c'est moi qui ai tué son assaillant. D'après ce que je sais il n'était pas connu pour être proche d'un quelconque terroriste particulièrement actif ou recherché. Mais bon, par recoupement avec les informations dont elle dispose peut-être, il se peut que ces évènement soit plus que ce qu'il n'y parait. Il y a peu de chance que ce soit le cas, cela dit.

J'ai vraiment envie de rentrer à la Cathédrale, mais je dois reconnaitre qu'elle a éveillé ma curiosité. Ou alors c'est la fatigue qui me rend d'humeur versatile. J'sais pas...
J'analyse plus ou moins sa façon d'être, de parler, de se déplacer. Il en transparaissait une certaine fierté mais aussi de la naïveté, ou peut-être de l'insouciance. Elle serait une proie facile pour d'autre et, finalement, pas grand chose si ce n'est rien du tout ne m'empêche de la menacer pour lui faire cracher ce qu'elle sait.

Mmmh... Je pourrais en apprendre un peu plus en écoutant sa proposition d'abord. Si ça se trouve c'est une stupidité comme observer quelqu'un ou se rendre dans un lieu qu'il fréquente souvent. En théorie, ça ne devrait pas être la mer à boire.

Mouais...

Comme dit le proverbe, « La théorie c'est ce qui devrait se produire en pratique, mais qui en pratique ne se produit jamais »

Aller, c'est bon j'vais l'accompagner et aviser ensuite, ça me fera quelque chose à faire. En plus, si on croise de l'hérétique en chemin, ce qui va certainement se produire si on va dans un lieu comme le bouge de tout à l'heure, j'pourrais leur apprendre à respecter l'Ombre en les envoyant à sa rencontre.

Morgana ne s'attendait pas à ce que Daniel marchande le prix de ses informations. Il avait l'air nerveux et pressé, elle croyait qu'il allait la payer, prendre les infos et tourner les talons. Il n'en fit rien. Il fallait bien s'y attendre... L'Informatrice était habituée au peuple de sa province... La fierté et la débrouillardise étaient de mise. Il n'y avait pas beaucoup de négociations, personne ne se permettait de trop marchander. Il fallait accepter son sort ou repartir dans un mot.

L'information en apparence anodine pouvait être utile. Dans un premier temps, la jeune femme esquissa une moue de déception. Mais c'était dans sa nature de vouloir tout savoir... La moindre petite chose pouvait peut-être lui servir par la suite.

« Vous êtes dur en affaires vous... » déclara Morgana avec légèreté en récupérant les pièces d'or, le tout accompagné d'un petit rire clair. Elle perdait de l'argent mais ce n'était pas important. Elle avait son salaire de serveuse pour vivre, ça suffisait... Il fallait simplement faire attention aux dépenses.

La jeune femme continua de marcher le long de la chaussée. Elle était un peu plus crispée que tout à l'heure, elle semblait réfléchir. Il fallait tirer parti de la situation au maximum. Mais comment..?

« Avant toute chose, je sous serais très reconnaissante de m'expliquer toute cette histoire en détails... Qui est cette noble, qui l'a attaquée, à quel endroit... Quels étaient les enjeux, ce genre de choses. »

Elle en demandait beaucoup, elle en était consciente. Pour se justifier elle ajouta bien vite sur le ton de l'excuse: « Nous travaillons vraisemblablement du même côté, n'est-ce pas? »

Morgana ralentit le pas pour écouter les propos de Daniel. Elle était attentive et avait cessé de marcher comme une gamine. D'un geste rapide elle avait repoussé ses mèches blond roux derrière ses oreilles, la mine sérieuse. Lorsqu'il eut fini, elle resta songeuse. Est-ce qu'il fallait lui en demander plus? Pouvait-elle se le permettre? Obtenir des informations, c'était capital, mais pas au péril de sa propre vie. La jeune femme décida de laisser tout ceci de côté pour passer directement à sa proposition. Elle reviendrait sans doute plus tard sur la tentative de meurtre de cette noble.

« Ma proposition est optionnelle... » commença-t-elle doucement. Ca lui paraissait évident, la définition du mot proposition était assez claire si on prenait la peine d'ouvrir un dictionnaire de la bibliothèque... Cependant elle savait que tout le monde n'était pas un maître du langage, que les gens se foutaient des subtilités de vocabulaire. Alors elle explicitait clairement les choses pour éviter un quelconque quiproquo.

« Si nous avons le même but, nous pourrions peut-être nous rendre à l'œil du Tigre pour y débusquer un certain Léonard. Un type louche qui semble être mêlé aux activités illégales de la capitale. Mais rien n'est certain. Peut-être que ce ne sera pas notre homme. Mais je suis certaine qu'il doit avoir quelques informations. Ça serait bien de parvenir à en tirer quelque chose pour continuer la piste. Vous savez vous battre. Je sais détourner l'attention ou endormir la vigilance de ces messieurs. Qu'en dites-vous? »

Tiens... Elle à l'air étonnée que je marchande son prix. Aurais-je gaffé ? Apparement non, car elle accepte mon argent, non sans un petit commentaire. Y'a intérêt pour elle à rapidement s'habituer... Ici tout le monde, ou presque marchande. Les informateurs en premier généralement. Et plus d'uns vont se faire une joie de l'entuber bien profond si elle n'y prend pas garde. Enfin ce n'est pas mon problème. Moi j'ai de quoi vivre grâce à l’Église.
Suite à la demande de la demoiselle, je m'arrête et ferme les yeux quelques secondes, le temps de me repasser en accéléré les évènements de la soirée avec Anastacia Dragomirow.

-Oui, nous travaillons du même côté, quoique nos méthodes respectives... Diffèrent quelque peu.

Je tapote la poignée de l'une de mes épées avec un sourire complice avant de reprendre :

-J'vous ai prévenue, c'est peut-être rien . Enfin soit. Il y a quelques jour, j'ai interrogé certaines personnes de la maisonnée de la comtesse Dragomirow. Enfin je ne sais même pas si elle est comtesse. Bref, il y à environ une semaine, l'un de ses serviteurs s'est révélé être au service des terroristes, un adversaire de l’Église. Il a tenté de tuer la comtesse avec son arbalète quand elle se dirigeait vers son bureau. C'est là que ça devient intéressant. Y'a pas eu de témoins, si ce n'est La comtesse elle-même, mais d'après les serviteurs que j'ai interrogé, un genre de soldat est intervenu en sortant d'on ne sait où et à tué le terroriste en moins de trois secondes. On sait juste que la comtesse, pour le remercier, lui à offert à dîner. Selon certains, c'était un autre terroriste, selon d'autre un garde du corps. Mais selon d'autres encore...

Je me rapproche et continue sur le ton de la confidence , parlant à voix basse comme si je craignais que l'on nous entende :

-Selon un ou deux serviteurs qui se sont fait tout petits, c'était un agent de l’Église. Il se trouve que la sœur de la comtesse c'est fait assassinée lors de l'attentat au sénat. Du coup beaucoup pensent que l’Église protège la comtesse Dragomirow. Peut-être même que c'était un Inquisiteur...

Je me recule, marchant à côté d'elle à nouveau. Je suis bien dans mon rôle, parfait.
Je fais mine de réfléchir et balaie l'argument de Morgana d'un geste.

-Optionnel ou pas, vous avez piqué ma curiosité au vif. Alors j'en suis.

L'Oeil du Tigre. Merde, j'en viens moi... Bon en revanche j'ai plus ou moins entendu parler de ce Léonard. Je me gratte le menton. Ça promet d'être assez intéressant, mais il va falloir la jouer fine. Je me vois mal débouler en hurlant les Versets de l'Ombre. Hé hé hé.
Je fais face à Morgana, un sourire en coin affiché sur mon visage.

-Hum... Je viens de passer une partie de la nuit à l'Oeil du Tigre, justement. Si j'avais su j'y serais resté... Enfin bon ce Zacharias Flash m’a posé quelques problèmes, je n'y peux rien.Mais revenons-en à nos moutons. Je ne sais pas si vous avez déjà mis les pieds là-bas, mais c'est un repère de coupe-jarrets de la pire espèce. L'expression « se jeter dans la gueule du loup » c'est un doux euphémisme. Mais bon, je suis toujours partant, y'à un adage de chez moi qui dit « Pas de risque, pas de plaisir » !

En repensant à ce crétin, je serre le poing. Il m’a fait perdre mon temps, pour des conneries. Si je le recroise, que ce soit dans la rue ou dans la prison, j'lui laisse autre chose qu'une côte cassée comme souvenir. Lui couper la langue, ouais ça c'est un bon plan. Cela dit l'idée de me frotter à quelques connards ne me déplait pas. J'ai envie de me défouler. Du coup je sourit sincèrement à Morgana. Le genre de sourire un peu carnassier sur les bords. On va surement en chier des cactus pour en sortir de là en un seul morceau, mais qu'à cela ne tienne... J'en suis presque impatient.

Le plus important ce n'est pas l'argent. Les meilleures informations ne se récoltent pas grâce à de petites sommes d'or. Lorsque l'on est pauvre par nature, il ne faut pas compter sur l'argent pour obtenir les plus belles indiscrétions. C'était la raison principale qui motivait Morgana à ne pas râler sur le prix que Daniel avait fixé. Il avait l'air d'avoir les moyens mais ce n'était pas ce qu'il avait de plus précieux aux yeux de la jeune femme. Ses infos. Ses moyens d'actions.

Morgana sourit. L'information de monsieur Semper était brouillonne et quelque chose clochait dans son discours – si l'agresseur était un terroriste, pourquoi le sauveur en serait un aussi, ça ne tenait pas debout sauf s'il s'agissait d'une bête histoire d'amour et non de politique – mais la jeune Sigvard était à peu près satisfaite. Elle aurait aimé en savoir plus, notamment l'opinion personnelle de ce Daniel sur l'affaire... Il fallait oublier. Attendre un peu. Pousser l'audace trop loin pouvait être risqué.

L'homme semblait de bonne humeur, la proposition de Morgana l'emballait. Il suffisait de voir le sourire accroché sur ses lèvres. Il faisait un peu peur mais il y avait pire. La jeune femme lui rendit son sourire avec timidité.

« Je ne suis jamais entrée à l'œil du Tigre. J'ai déjà trainé aux alentours mais sans plus. Je pense que ça ne va pas être une partie de plaisir... » - mais quand on veut obtenir quelque chose il faut s'en donner les moyens pensa Morgana sans aller jusqu'au bout de ses propos. « Vous souhaitez y aller tout de suite, où cela peut attendre quelques jours pour une préparation éventuelle, une petite surveillance du terrain..? » La jeune Sigvard ne savait que choisir. En décidant d'attendre, elle risquait de perdre le soutien de son associé du jour. Il semblait réjoui et pressé de passer à l'attaque... « C'est comme vous le souhaitez, je n'ai pas de préférence..! »

Menteuse. Bien sûr qu'elle en avait une. Attendre quelques jours pour préparer un semblant de plan rallongerait leur espérance de vie. Mais Morgana était prête à prendre des risques, il s'agissait de ne pas laisser passer cette occasion.

La jeune femme tripota nerveusement son étoffe émeraude en écoutant la réponse de Daniel. Lorsqu'il eut donné son verdict, elle semblait plus déterminée. Il n'y avait pas trente-six solutions, c'était soit accepter, soit détaler. Et qu'apporterait la fuite? Absolument rien. Morgana respira un petit coup et lança un sourire calme à son interlocuteur.

« Juste par curiosité... Qu'espérez-vous obtenir là bas? Vous avez un but ou un besoin en particulier? Votre... employeur exige quelque chose de solide? J'espère que nos efforts porteront leurs fruits. Ce serait bête de mourir comme ça n'est-ce pas? »

L'informatrice ricana en observant le bout de ses chaussures pendant quelques secondes. Non, elle n'avait pas envie de mourir ce soir. Mais elle désirait par dessus tout avancer dans l'accomplissement de ses objectifs. Quelque soient les résultats de cette expédition, Morgana était prête à se mettre en danger pour récolter la moindre bribe d'information. Elle releva la tête, l'air encore plus déterminé qu'auparavant.

Spoiler:

J'approuve Morgana.

-Ouaip... Ça risque de salement dégénérer... J'vous l'ai dit c'est un repaire des pires individus de la société. C'en est presque un monde à part.

Agir tout de suite ou attendre et se préparer ? Je fais les cent pas devant elle, une main sur le menton et l'autre soutenant mon bras. Je passe en revue toute les possibilités. Agir tout de suite, c'est me défouler. Attendre, c'est augmenter nos chances de survie... Je m'arrête et trifouille dans ma bourse pour en sortir une pièce de cuivre.

-Quand je ne sais pas quoi choisir, je m'en remet toujours au hasard. Face, on y va tout de suite. Pile, on se prépare durant quelques jours.

Sans attendre sa réponse, je jette la pièce en l'air d'un mouvement sec du pouce. C'est rare que je fasse ça, mais ce n'est pas la première fois que je m'en remet ainsi à l'Ombre. Bah oui, enfin non, pas le hasard, mais bien l'Ombre. Tu croyais quoi ?

Je rattrape le petit cercle de cuivre, frappé à effigie de l'empereur et ouvre ma main.

Pile.

-Hey bien, il semblerait que nous allons nous préparer durant quelques jours. C'est le mieux. Ça nous évitera peut-être de nous faire massacrer lamentablement ne passant la porte.

Ouais, enfin il yà tout juste dix secondes j'étais partisan pour foncer tête baissée... Pour ma défense, je suis fatigué et sur les nerf. Donc forcément je fais pas super gaffe à ce que prévois.
Je soupire.
J'ai vraiment, mais alors là, vraiment, besoin de repos...
Elle me pose des questions. Je répond sans réfléchir. Le mensonge par omission, c'est presque la vérité, non ?

-Pour tout vous dire je doute que mon employeur actuel soit content des maigres informations dont je dispose. Par chance, il ne m'a donné aucune limite dans le temps...
Quant'à un but... Hey bien j'ai un petit compte à régler avec les terroriste, oui. Il y en a un en particulier que j'aimerais tuer de mes propres mains... Mais hélas je ne sais rien de lui et son visage n'est qu'un vague souvenir dans ma mémoire. J'espère un jour le rencontrer. Par hasard...

Je hausse les épaules. Si on devient plus proches, peut-être que je lui dirais tout. Mais pour l'instant je ne suis pas sûr de savoir si je peux avoir confiance en elle. Et elle doit certainement penser pareil de moi.

-Ouais, ce serait plus que stupide de mourir... Enfin, me concernant, ce ne sera pa sla première fois que je risque ma vie. Vous avez quelque chose qui ressemble de près ou de loin à un plan ? Parce que moi pas et je dois reconnaitre qu'une bonne nuit de sommeil ne me ferait pas de tort...

Je marque une petite pause, puis reprend.

-Nous devrions convenir d'un lieu de rendez-vous. Un lieu ou nous puissions être tranquille pour échafauder notre plan. Bon, soyons réalistes. Je n'ai pas pleine confiance en vous et c'est plus que probablement réciproque... Alors que fait-on ?

Nan mais sérieusement, j'ai pas la moindre idée de quoi faire... Lui révéler que je suis un inquisiteur ? Je le sens pas... Mais si je n'ai pas le choix, c'est une carte à me garder sous le coude.
Elle fera confiance à un homme d’Église, hein ?

L’œil du Tigre, un monde à part comme le disait si bien Daniel Semper. Morgana espérait tout de même pouvoir s'y faire une place. En ressortir vivante, en un seul morceau. La noblesse était aussi un monde à part... La prêtrise était un monde à part. Des petites boîtes fermées qu'on ne pouvait qu'effleurer depuis la surface. L'informatrice se sentait subitement frustrée, elle était prête à foncer dans le tas immédiatement. Pendant ce temps, l'espèce de mercenaire fait les cents pas. La jeune femme hausse légèrement un sourcil, il semblait tellement motivé par la perspective de briser un ou deux cous de malfrats et d'hérétiques! La suggestion de Morgana l'avait sans doute fait réfléchir. Il mesurait un peu plus l'enjeu de cette expédition... L'informatrice regrettait presque d'avoir été raisonnable. Elle sentait le mécontentement monter en elle, et il n'y avait pas énormément de façons de l'évacuer: passer à l'action. Elle en avait marre de stagner. La jeune Sigvard voulait balancer des coups de pieds dans ces foutues boites de classes sociales, exploser tout ce système ancestral pour pouvoir enfin prendre une place qui lui conviendrait. Elle avait des talents et la motivation bon sang!

Lorsque Daniel s'en remit à l'Ombre à l'aide d'une pièce de cuivre, Morgana tenta de retenir le rire hystérique qui lui montait à la gorge. Quelques gloussements étouffés s'échappèrent de ses lèvres. La jeune femme voulait rester sérieuse, elle était droite comme un "i" mais sa fébrilité se lisait comme un livre ouvert. C'était démentiel. Ce type s'était tourné vers le hasard pour décidé de la marche à suivre, c'était complétement fou, absolument tordu! Les iris verdâtres de Morgana brillaient un peu plus.

Soulagement ou déception? La jeune Sigvard ne savait que faire. Tandis que Daniel répondait à sa question, elle sentait la tension redescendre progressivement. C'était trop bête. Elle était prête! Il fallait courir, défoncer la porte de l'établissement mal famé, faire un stip tease sur le comptoir et exiger de voir ce foutu Leonard! Rien de plus simple! C'était un plan imparable non?

Mourir. Morgana ne veut pas mourir. Elle essaie de se remettre dans la tête le taux de dangerosité de l'endroit. Fonces! Survis. Non, fonces! Aaaah... La jeune femme avait besoin de sommeil. Ses pensées étaient de plus en plus désordonnées, la fatigue et la tension accumulées tout au long de la journée n'aidaient pas.

« Un plan..? Un plan... Je crois que c'est simple. Il n'y aurait que deux possibilités... Soit agir en faisant semblant de ne pas se connaître, ça peut être utile pour l'effet de surprise selon la situation... Soit... Se... Mettre en scène? Je sais, ça va peut-être vous paraître bizarre! Mais ce doit être assez courant les couples enivrés dans le quartier. Ou l'officiante et son client... Si vous voyez ce que je veux dire. »

Et maintenant il disait qu'il n'avait pas pleine confiance en elle. Elle lui fit les yeux doux et esquissa un sourire carnassier. C'était trop drôle. Mais Morgana reprit bien vite son sérieux. Elle éclata d'un petit rire clair.

« La fin justifie les moyens... Et je suis quelque peu désespérée ces derniers temps. Ce serait stupide d'avoir une totale confiance en vous. Mais je commence à avoir foi en votre motivation. Un but commun peut rassembler les gens les plus improbables n'est-ce pas? »

L'informatrice fit une petite pause, attentive à la réponse de Daniel.

« Pour l'endroit... Nous pourrions faire des repérages chacun de notre côté pendant quelques jours puis nous retrouver au Parc des Lumières, à la tombée de la nuit, pour regrouper nos informations et nos idées puis ensuite passer à l'action. Qu'en dites-vous? »

Spoiler:

J'entends le gloussement de Morgana pendant que je lance la pièce. Qu'elle pense ce qu'elle veut, je n'en ai cure. Le résultat est tombé et nous allons certainement vivre quelques jours de plus. J'sens déjà l'adrénaline refluer dans mes veines et la fatigue tantôt refoulée revenir au grand galop. Sérieux, ce soir j'pourrais dormir sur un tapis de cactus, y'aurait pas de problèmes !

J'écoute ce qu'elle me répond concernant notre ébauche de plan. Deux possibilités hein. Personnellement je préfère la seconde. Déjà c'est plus sécuritaire pour nous, ensuite, bah... Bah voilà, j'vais pas te faire un dessin non plus, elle es mignonne la demoiselle et si j'dois mourrir dans quelques jours, autant avoir l'occasion d'en profiter un peu. Qui ne ferait pas ça à ma place ?

-La seconde option me semble plus favorable... Tant d'un point de vue efficacité que de chance de survie. Ils se méfieront moins d'un mercenaire en manque de travail et d'une prostituée.

Je croise les bras en la voyant me faire un regard qui en aurait fait craquer quelques uns. Manque de bol pour elle, je suis Inquisiteur et même si je ne suis pas foncièrement insensible aux charmes féminins, je sais faire un minimum abstraction de ce genre de regard. Enfin, moi oui, ma couverture, pas forcément. Je décide de faire comme si je n'avais pas correctement interprété son sourire.
Je décroise les bras avec un sourire qui se veut mi amusé mi perplexe.

-Ça va ça va, ne me faites pas c'est yeux là, voyons.

La fin justifie les moyens. Entièrement exact. Quant à nos buts... Oui, elle doit avoir raison.
Cela dit, je me demande comment elle le prendrait si elle savait qui j'étais vraiment... Il faudra que je voie parmi les autres inquisiteurs si quelqu'un à déjà eu affaire à elle et si oui, ce que je peux en tirer... Testons là un peu.

-Je cherche avant tout à me venger d'un terroriste en particulier, ne l'oubliez pas. Mais ce... Léonard pourrait avoir des informations sur l'homme que je cherche. De fait, ma position est clairement contre les terroristes, ce qui m’a quelque peu rapproché de l’Église. Non que j'aie pleine confiance en nos ecclésiastiques, mais ils sont utiles par moments... Et vous, quelle est votre... position dans tout ceci ?

Assez vite, je rajoute :

-Ne prenez pas mes questions pour un interrogatoire, je suis juste curieux. Si vous préférez garder vos secrets, faites donc. Mais je pense que pour la confiance mutuelle, c'est mieux, non ?

J'écoute sa réponse en souriant doucement. Puis je revient à nos préoccupations premières : préparer le terrain avant de se lancer à l'attaque. Elle à mentionné le Parc des Lumières. Bonne idée le coin est tranquille. Faire chacun ses observations de son côté ? Mmmh, pourquoi pas ? Mettre ensuite en commun nos informations, c'est un bon plan ma foi. Simple mais efficace.

-Bon plan. Trois jours d'observations seront amplement suffisant, il serai tmalheureux que nos potentiels ennemis repèrent notre manège. Rendez-vous dans trois jours au parc des Lumières, à la tombée de la nuit. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai vraiment besoin de dormir.

Je la salue et m'en vais. Je file à travers la nuit, porté par la seule perspective de dormir dans mon lit. Par sécurité tout de même, je fais quelques détours et me cache une dizaine de minutes, au cas où elle me suivrait. Quand je suis sûr de n'avoir personne sur mes traces, je me remets en route et file à la cathédrale. Sur place, je me débarrasse de mon déguisement pour enfiler un pantalon noir, celui que je porte généralement avec ma tenue d'ecclésiaste. Torse nu, je me rafraichis un peu, croisant quelques collègues, puis je me rase avant d'enfin m'installer sur mon lit. Toutefois, avant de dormir, et malgré la fatigue, je me mets en tailleur et fait le vide dans mon esprit (non sans quelques difficultés, faut bien le dire) Jusqu'à arriver à méditer un peu sur les événements de la journée.
Après avoir fait le point, j'effectue quelques exercices de respiration pour me détendre et, par habitude, essaie de manipuler, en quelque sorte, le flux d'ombre faisant partie de moi.

Je sens brusquement une sensation de froid, comme si un vent frais me parcourais la peau. Puis une douleur subite dans mon coccyx me tire de ma méditation. Bordel de merde, j'ai glissé de mon lit comme un con !

Cette fois, je me fout à poil et je me couche pour de bon. Enfin dormir.

Dans la colère due à la douleur, ou alors tout simplement à cause de la fatigue, je ne me suis pas rendu compte que je me suis retrouvé à deux mètres de mon lit. Une distance que je n'aurais pas pu parcourir simplement en glissant...