L'Empire Ishtar
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 Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)

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Asgeir
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Asgeir

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MessageSujet: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyMer 2 Fév - 0:00

Silhouette misérable parmi les autres, grandes et efflanqués, tu marchais en clopinant dans le marché, indifférent aux regards que l'on te jetait. Éternellement boiteux, éternellement immense, tu peinais à te déplacer dans la neige. Pourtant, tu avançais toujours, comme un automate, comme une grosse carcasse vide dont la seule fonction était de faire un pas devant l'autre, ainsi de suite. Un exercice difficile, marcher, ça te coûtait d'énormes efforts par jour et tu fus obligé de t'asseoir quelques minutes sur un banc, fatigué. Le dos rond, les mains jointes pendaient entre tes grandes jambes osseuses, tu respirais fort et péniblement. Tes cheveux bruns tombaient sur ta face lasse, tes yeux sombres observaient la vie autour de toi, ton coeur se serra lorsque tu vis une petite fille prendre la main de son père, tu déglutis. Tu fermas les yeux quelques instants, tes souvenirs revinrent sans que tu fasses un effort particulier. Tes fantômes te hantaient, plus vivant que les vivants, ils s'animaient devant toi, réels, tristement réels. Tu te revoyais plus jeune, bien plus jeune... quel âge déjà ? Ah oui... cette époque de ta vie où tu avais eu vingt-deux ans, ou tu avais eu une femme et un enfant. Tu te voyais faire les marchés avec les deux princesses de ta vie, Iseult à ton bras, ta petite Eldrid serrée contre ton large torse.

Tu avais eu les cheveux bruns et bien coiffés, plus longs sans doute, car ta femme t'adorait avec tes cheveux longs. Tu étais vêtue de noir et d'un haut-de-forme, entourant de tes bras ta petite fille qui avec ses grands yeux innocents, semblait comprendre le monde, le découvrir avec amour. Tu te rappelais que trop bien de la chaleur de ce petit corps contre le tient, sentant son coeur battre contre ton torse, alors que ta femme riait de ta timidité. Tu apprenais à connaître ta fille, tu continuais à admirer ta femme, et chaque jour te paraissais recouvert d'un voile doux et soyeux, celui du bonheur, et qui te promettait tant de belles choses. Même l'hiver tu continuais de sourire, à cette époque, toi le géant qui faisait un peu peur, tu souris aux côtés d'Iseult. Parfois même tu riais, un rire un peu rauque certes, mais un rire tout de même, joyeux. Il y avait ces fantômes, ces mêmes fantômes que tu passais ton temps à contempler, tu ne sentais plus rien, tu ne vivais qu'avec tes souvenirs et laissais le froid envahir ton coeur. Qu'est-ce que c'était ton coeur, Asgeir ? Quelque chose d'aride, de sec et qui n'avait plus vu un rayon de soleil depuis vingt-trois ans. La moitié de ta vie avait été belle, l'autre avait été l'aide. Qu'est-ce que tu en pensais de tout, dit Asgeir ? Qu'est-ce que tu en pensais ? Rien, parce que tu n'étais rien. Un homme, un arbre, rien. Rien !


Tu te relevas au bout de quelques minutes, las, lourd et tu te dirigeas vers ton fournisseur. Habituellement, un fournisseur livrait le bois, mais tu n'avais pas assez d'argent pour le payer, ou tu en avais peut-être assez et tu avais oublié les pièces sous le plancher, là où tu cachais les objets de valeurs. Ou bien, tu préférais simplement le dépenser au Cochon Pendu, l'ivresse était ta nouvelle compagne, elle te réchauffait, te réconfortait, elle te faisait oublier, surtout. Tu songeas à t'y rendre dès le soir, t'abandonner et perdre tes moyens, peut-être raconter au premier venu que tu avais fait de la prison, et pleurer dans ses bras comme un enfant qui venait de perdre son chien dans un accident. Tu donnas d'une main lourde les pièces d'or au fournisseur, il te donna une tape amicale dans le dos, il eut un petit sourire triste. Asgeir, tu faisais vraiment de la peine à voir, tu étais misérable et ridicule ! Tu pris des planches de chênes, de tilleul, tu te fis même plaisir et prit du bouleau ; un bois dont tu n'avais pas encore eu l'occasion de travailler, ou rarement. Les planches étaient lourdes et en quelques mots, tu convins avec ton fournisseur de les charger sur ton dos. Il t'aida et tu soulevas le tout sur ton misérable dos qui aurait pu craquer au moindre mouvement, le poids te faisait mal, mais tu tiquas à peine. Une planche sous le bras, tu remercias l'homme d'un signe de tête et t'éloignas lentement de lui, en boitant et sentant ta jambe malade souffrir. Tu soupiras et commenças à haleter, tu ne faisais pas trop attention aux gens, observant le port et les marchands tenter de vendre leurs produits. Le fils de l'un d'entre eux, Franz te reconnus et tiras sur la manche de son père en te pointant du doigt, il s'époumona presque :

— R'garde p'pa ! C'est l'Homm-Arbre !

Le père en question donna un coup de casquette sur la tête de son fils et te fis signe de la main, tu lui répondis d'un simple coup de tête et tu marchas en clopinant, ta planche toujours sous le bras, le reste chargé sur ton dos comme un cheval. Ça ne te faisait rien ce surnom, autrefois ça t'aurait fait rire, désormais, ça t'indiffère. Et puis, le gamin n'était pas loin de la vérité. Une femme te jeta un regard dégoûté, une autre murmura sur ton passage en disant que ton atelier était minable et sale, tu t'en foutais. Les gens parlaient et ce n'étaient qu'une bande d'abeilles bourdonnant dans tes oreilles. Rien de plus. Tu soupiras et tu t'arrêtas quelques secondes, est-ce que tu t'étais acheté de la nourriture ? Avais-tu pensé à ton repas de ce midi ? Tu réfléchis quelques secondes et par précaution, tu allas te rendre à ce marchand-là, le moustachu que tu connaissais depuis des années. Tu te retournas et ne vis pas la personne, et BAM ! Ta planche se mangea quelqu'un, pataud, tu lâchas :

— Pardonnez-moi, vous n'êtes pas rentré dans mon champ de vision.
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Kin Lightheaven
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyMer 2 Fév - 14:35

La journée avait à peine commencé. Kin était arrivé à l’Opérâtre, fatigué et lassé. Les derniers jours avaient été un calvaire pour lui. Il ne comprenait pas pourquoi autant de mauvaises pouvaient lui tomber dessus en si peu de temps. Ce n’était pas possible. Kin n’en pouvait tellement pas que pour la première fois de sa vie, il réfléchissait à des vacances. Enfin, ce qu’il appelait des vacances, c’étaient bien sûr rester chez lui toute la journée pour dormir et s’occuper de la manière dont il souhaitait. Cela faisait tellement longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Bien avant son succès même. Quand il n’était encore qu’un assistant, il pouvait encore se permettre. Depuis, il travaillait matin et après-midi et le soir il rentrait chez lui. Cela ne lui avait jamais posé autant de problèmes. Jamais cela ne l’avait autant fatigué. Mais aujourd’hui, c’en était beaucoup trop. Il décida d’aller voir la gérante de l’Opérâtre afin de lui parler. Il savait qu’avec elle, il trouverait une solution. Elle avait toujours été gentille avec lui. Elle l’avait toujours compris. Alors pourquoi pas aujourd’hui. Il entra dans l’établissement et avant toute chose, il ne se dirigea pas vers les coulisses pour rejoindre les autres acteurs. Il prit tout de suite la direction du bureau de la gérante. Quand il y arriva, la lumière y était éteinte. Il pesta. Elle ne devait pas encore être arrivée. Dommage, il n’avait pas d’autres choix. Il devait attendre ce soir avant de partir pour lui parler. Déçu et dépité, le jeune acteur réfléchissait au meilleur moyen de se sortir de cette impasse. De se débarrasser de tous les malheurs qui lui arrivaient en ce moment.

Il arriva dans les coulisses où tous les autres acteurs étaient déjà présents et se préparaient pour les répétitions. Tenues, maquillages, tout. Ils ne firent même pas attention au nouveau venu. Ils se connaissaient tous et s’ils prêtaient attention à chaque passage d’une personne, ils ne s’en sortiraient plus du tout. Kin marchait en direction d’une petite loge qui lui avait été consacré. Comme il est là depuis quelques années déjà, il avait le droit à un endroit privé pour ranger ses affaires. Des tenues et d’autres choses qu’il n’avait pas envie de tout le temps prendre avec lui. Ramener à la maison le soir et surtout ne pas l’oublier le lendemain matin. Il avait donc mis presque toutes ses affaires dans cet endroit. Petit mais suffisant. Parfois, il s’y enfermait aussi entre les répétitions s’il désirait se retrouver seul. Et c’était probablement ce qu’il avait l’intention de faire aujourd’hui même. Mais pendant sa marche, il croisa le metteur en scène. Celui-ci, dès qu’il le vit, le suivit. Visiblement, il avait quelque chose à lui dire. Alors Kin s’arrêta et se tourna vers lui pour l’écouter.

- Kin, la pièce dans laquelle tu jouais a été annulée. Elle ne sera plus jouée. Nous avons appris cela ce matin. Dès demain nous te proposerons de nouvelles pièces. Pendant ce temps, si tu veux te rendre utile, j’ai un petit travail pour toi.

Etait-ce une bonne nouvelle ? Kin ne montra aucun de ses sentiments. A la fois, il était soulagé. Au moins il ne jouerait plus avec les acteurs qu’ils détestaient et ceux à cause desquels des rumeurs circulaient sur lui. Il en était sûr. Ce Zacharias ne l’aurait jamais pris comme victime s’il n’avait pas joué dans cette pièce. Les nobles ne diraient pas de lui que ses performances actuelles étaient bien piètres. Demain il pourrait choisir une nouvelle pièce. Une pièce grâce à laquelle il pourrait retrouver toute la brillance des premiers jours. Cela le contentait vraiment. La chance lui souriait enfin. Il avait seulement besoin d’attendre le lendemain. Pour l’instant, le metteur en scène lui demanda s’il accepterait de se charger d’aller au marché d’Ishtar pour leur acheter du tissu. Le costumier avait besoin de nouvelles couleurs pour de nouveaux costumes. Comme il n’avait pas envie d’être venu pour rien, Kin acquiesça de la tête. Le metteur en scène lui donna donc un peu d’argent et le laissa partir. Le jeune acteur, une fois dehors, se sentit comme nouveau. Il était presque comme un gamin qui s’impatientait devant une surprise. Bien sûr, seulement à l’intérieur de lui-même. Il inspira l’air et expira. Il avait l’impression qu’une nouvelle vie s’offrait à lui. Et cela, cela lui plaisait énormément. Il se dirigea donc en direction du marché d’Ishtar avec un sourire. Il ne fit même pas attention aux personnes qui le regardaient à chaque fois qu’il passait à côté d’elles. Certaines femmes jacassaient : c’était l’acteur qui en ce moment jouait mal. Cela ne le touchait même plus. Demain tout cela serait terminé. Une nouvelle ère commençait. D’autres femmes murmuraient concernant sa beauté. A chaque fois qu’il l’entendait, Kin s’arrêtait, regardait les dames et levait son chapeau en s’inclinant pour les remercier. Puis, il continuait son chemin.

Il arriva quelques minutes plus tard au marché. Le seul souci, c’était qu’il ignorait où chercher. Le marché était très grand et on y vendait tellement de choses. Il lui était donc impossible de connaître tous les stands. Surtout qu’il ne venait pas ici tous les jours, comme certaines bonnes femmes qui n’avaient rien d’autre à faire de leurs vies. Comme sa mère par exemple. Il se souvenait que sa mère partait au moins deux bonnes heures chaque jour pour aller au marché. Elle revenait les bras chargés avec des sacs bien remplis de nourriture mais pas seulement. Des objets pour décorer la maison, des habits, des bijoux. Vraiment de tout. Bien sûr, ce n’était pas souvent de très bonne qualité car ils n’avaient pas beaucoup d’argent à l’époque. Mais cela leur suffisait. Kin, ainsi perdu dans ses pensées, ne savait pas du tout où il allait. Il marchait parmi les stands. Il voyait. Mais il était dans ses pensées alors rien d’autre n’importait. Puis, comme il ne faisait pas attention, tout d’un coup il sentit un choc. En plein visage. Et la douleur. Le jeune acteur revint à lui tout d’un coup. Ce fut si violent qu’il ne sut pas du tout ce qui lui était arrivé. Il toucha alors l’endroit où il avait reçu le coup : le front. Heureusement que ce n’était pas le nez. Imaginez un nez cassé. Pour un acteur qui devait choisir une pièce le lendemain. Cela aurait été encore une fois un manque de chance. Mais cela lui faisait tout de même et il savait aussi qu’il aurait un bleu voire même une bosse. Pourtant, elle partirait bien plus vite qu’un nez cassé et certainement bien avant la première représentation. Puis peut-être que s’il essayait de changer de visage, il disparaîtrait ? Il en doutait, mais il ferait l’expérience. Pour l’instant, il leva la tête pour la première fois depuis ces quelques secondes, voir le responsable de ce coup. Un homme plutôt grand et qui était chargé de bois et d’une planche. Celui-ci s’excusa et lui dit qu’il ne l’avait pas vu dans son champ de vision. Évidement, cela arrivait, mais quand même.

- Ce n’est pas bien grave je comprends, mais tout de même, vous pourriez faire attention un minimum, vraiment. Vous allez assassiner quelqu’un avec cette planche.

Il n’avait pas voulu être méchant mais il estimait qu’une petite plaisanterie comme celle-ci devait être prise au sérieux. Se balader avec une planche sur l’épaule, cela pouvait causer bien plus de dégâts que ceux déjà fait. Kin risquait de ne pas être la seule personne qui se prendrait la planche …
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyJeu 3 Fév - 0:36

Lorsque tu te retournas Asgeir, tu cherchas quelques secondes la voix qui te parlait, ce fut après une dizaine de secondes que tu posas tes yeux sombres sur le jeune homme. Tu n'eus pas la moindre réaction à ses remarques, tu te contentas de froncer les sourcils et approuvas lentement d'un signe de tête. Tu ne t'excusas pas tout de suite et dévisageas le jeune homme en cherchant à sa voir, où et quand tu avais vu ce visage. Tu songeas assez rapidement que sa tenue n'était pas celle d'un prolétaire, comme toi, comme une grande partie des personnes qui vous entouraient. Un noble ? Il n'en avait pas les manières, non... il avait quelque chose de plus, un original dans une belle tenue, mais ses traits te disaient toujours quelque chose. Tu posas ta grande planche de bois sur le sol en cherchant son visage, une main sous ta mâchoire, tu finis par gratter ton cou en saisissant, ici et là les bribes de tes souvenirs qui te revenaient.

Tu avais oublié de t'excuser pour le moment, tu levas ton visage vers le ciel, penseur et lent, tu croyais simplement que saisir ce souvenir était plus important que des excuses dont pour l'instant, tu n'avais un peu rien à faire. Le plus important était cette mémoire parfois invincible, parfois faillible, souvent absente quand tu avais besoin d'elle. Tu fis quelque pas et dans un grand soupir, tu déposas ton fardeau à côté, sans faire attention aux personnes autour de toi. Ton dos hurlait de douleur et avant de continuer ton chemin, tu devais retrouver ce visage en face du tien. Tu devais savoir pourquoi ce jeune homme te disait quelque chose. Tu fis un pas vers le jeune homme pour le fixer intensément, comme si tu tentais de lire en lui, tu mordis ta lèvre inférieure et passa à nouveau ta grosse main sur ta mâchoire. Enfin, tu finis par faire l'exercice le plus pénible pour toi, même plus difficile que marcher, ouvrir ta bouche pour articuler des mots. Utiliser ta langue pour former des paroles et faire sortir ta grosse voix ténébreuse de ta gorge, tu semblas hésiter lorsque tu voulus parler. Tu attendis quelques secondes, fronças les sourcils et enfin, tu fis ce geste extraordinaire qui était de prendre la parole :


— Je... vous êtes acteur ?

Bien... tu étais parvenu à ne pas trop te montrer hésitant, tu fronças les sourcils. Où avais-tu vu ce jeune homme ? Ne l'avais-tu pas vu il y avait des années à l'Opérâtre ? Lorsque ta femme était encore en vie, pendue à ton bras et marchant contre toi, riant aux éclats en songeant à la pièce que vous veniez de voir ? Sentant ses doigts glisser entre les tient pour te tenir la main de toute sa force ? Tu fermas les yeux quelques seconds, semblants être pris de malaise, ce malaise du passé qui te pourchassait. Oui... tu te revoyais sortir de ce grand et somptueux bâtiment, vous veniez de voir une pièce qui se nommait comment déjà ? Ah oui... « Le Chant de la Lune » une très belle pièce qui racontait une superbe histoire d'amour. Tu te souvenais que l'acteur principal était un jeune homme blond, fort beau et dont les filles piaillaient à chaque fois qu'il lançait un regard langoureux à sa belle. Tu te souvenais avoir ressenti une terrible jalousie à son égard, craignant qu'Iseult le préfère à toi. Pourtant, ton coeur avait bondi dans ta poitrine lorsqu'elle avait levé les yeux au ciel, exaspérée par toutes ces jeunes filles qui croyaient que l'amour se résumait à de belles paroles. Tu te rappelais de chaque réplique de ce bellâtre à la chevelure d'or, tu les avais trouvé vraies et dîtes avec ton si passionné que tu les avais crus aussi réelle que ton amour pour ton Iseult. Elle était encore enceinte à cette époque, et tu attendais ta petite fille comme l'acteur qui s'impatiente de montée sur scène. Tu te souvenais de ces yeux clairs que tu avais croisés, quand à la sortie, ce jeune acteur était venu saluer ses admiratrices, dévorant du regard ta femme qui elle, ne lui en avait accordé aucun. N'était-ce donc pas lui que tu avais en face de toi ? Tu ne te rendais pas compte du changement.

— Vous êtes le comédien du Chant de la Lune, le prince !

Sans comprendre que l'acteur en face de toi ne pouvait pas avoir plus de trente ans, tu étais incapable de comprendre que c'était un autre de tes fantômes qui te hantaient. Tu ne fis aucun rapprochement quant à son âge, ni pourquoi il n'avait pas changé depuis tout ce temps. Tu te baissas un peu plus pour mieux regarder ce visage, comme si tu essayais de prendre dans son regard le souvenir qu'il avait de cette pièce, un souvenir qu'il ne possédait pas. C'est peu à peu que tu compris ton erreur, d'abord tu te souvins que l'acteur en question possédait des yeux sombres, une carrure moins frêle, plus imposante comme ceux qui venaient du Nord, alors que l'homme en face de toi paraissait venir de l'orient. Tu secouas négativement la tête, désolée, furieux contre toi-même pour avoir fait une erreur aussi visible. Comment pourrait-il être aussi jeune, alors qu'à cette époque, il avait été plus vieux que toi ? Tu poussas un soupir, fatigué, et sans un mot, tu lui fis signe de s'écarter pour remonter sur ton dos ton lourd fardeau, tu pris la planche potentiellement meurtrière sous ton bras. Tu grognas contre toi-même et tandis que les passants s'écartaient, tu envoyas un regard triste à l'inconnu pour déclarer finalement avec désolation :

— Désolée... je me suis trompé.

Puis sans autres paroles, sans autres regards, tu recommenças à marcher en boitant, devant toi où il n'y avait plus l'avenir, mais le désert aride de ton coeur sec, seul et mort qui battait presque plus dans ta poitrine.
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Kin Lightheaven
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptySam 5 Fév - 16:52

Kin prit tout d’un coup le temps de s’intéresser davantage à cet homme. Il était très grand comparé à Kin et même comparé à tous les hommes qui se trouvaient dans le marché. D’ailleurs, il sembla à l’acteur n’avoir jamais vu un homme aussi grand, sauf peut-être au cirque mais c’étaient ceux qui marchaient sur des bâtons. Toutefois, ce ne fut pas le physique, pour le moins parsemé de cicatrices, qui attira le regard de l’acteur. Non, au contraire, ce fut la façon dont cet homme se tenait et l’expression de son visage. En effet, il lui parut que l’homme était cambré, que sa colonne verticale s’affaissait sous un poids inimaginable mais invisible sur les épaules. Il devait posséder un lourd passé qui l’handicapait. Il n’y avait rien d’autre qui venait à l’esprit de Kin. Surtout que l’homme avait une expression triste et lassée. Et elle restait sur son visage à n’importe quel moment comme si celle-ci était gravée en lui. Le jeune acteur ne prit pas pitié de cet homme, il ne faisait que l’analyser pour l’instant. En plus, son passé ne l’intéressait pas du tout. Les autres ne l’intéressaient pas du tout. Mais il se trouva gêné et se sentit mal à l’aise quand cet homme commença à l’examiner, à l’analyser d’encore plus près que toutes les autres personnes ne le faisaient en général. Il se souvint alors de sa rencontre avec le médecin Ixart qui avait voulu connaître la vérité sur le don de l’Empereur. Kin soupira intérieurement encore une fois et espéra de tout son cœur que cet homme ne fût pas un ancien médecin qui désirait maintenant savoir la même chose qu’Ixart. Il n’avait pas du tout l’intention ni l’envie de raconter tout cela encore une fois et surtout, en présence d’une telle foule.

Pourtant, le jeune acteur fut bien surprit lorsque celui-ci lui demanda s’il était acteur. Mais bon, beaucoup de personnes le connaissaient. Bien sûr, il était étonné qu’un pauvre citoyen comme celui-ci le connût vraiment. De plus, il paraissait ne pas – ou en tout cas ne plus – s’intéresser au théâtre. Alors Kin se demanda bien quand est-ce cet homme avait pu venir le voir jouer dans une de ses pièces. Après tout, l’acteur avait commencé sur la scène il y avait maintenant un peu moins de dix ans alors l’homme avait très bien pu le voir en début de carrière. Voire même récemment. Mais compte tenu de ce qu’il reflétait, Kin doutait fortement si cet homme réellement était venu à l’Opérâtre ces mois-ci ou même ces années-ci. Cela paraissait vraiment invraisemblable. Mais Kin voulait acquiescer de la tête pour avouer que c’était son métier. Il n’en eut pas le temps que l’homme le surprit à nouveau. Le prince dans « Le Chant de la Lune ». Il devait le confondre avec un autre acteur. Oui, il se disait bien que ce n’était pas possible qu’il le connût, lui. Mais au moins, il connaissait une pièce et il était vrai que Kin voudrait bien tenir le rôle du prince dans cette œuvre, une des plus connues et prestigieuses d’Ishtar probablement. Il estimait cela comme un honneur. Néanmoins, cela faisait très longtemps que les metteurs en scènes avaient fini par cesser les représentations de cette pièce. L’amour aussi romantique n’était plus à la mode chez les nobles et donc la pièce ennuyait. C’était bien dommage. Une idée frappa soudainement Kin. Il pouvait proposer à un des metteurs en scène de tenter à nouveau une représentation de cette pièce. Ce serait une très bonne idée. Mais pour l’instant, il mit cette pensée dans un coin de son esprit et continua à se concentrer sur la situation. Oui, cet homme s’était en effet trompé, comme il l’avouait. Kin n’avait jamais joué le prince dans cette pièce. Et de toute façon, il était encore un peu trop jeune. Voire il n’était même pas encore né à l’époque.

Kin fut tout de même intrigué par cet homme. Il devait malgré tout possédait une certaine culture. De nombreux citoyens se permettaient de temps en temps d’aller à l’Opérâtre. Beaucoup aimaient le théâtre. C’était vraiment tout un art et qui intéressait de nombreuses personnes. Pas seulement les nobles. Le jeune acteur fut d’un coup assez content d’avoir rencontré une personne dont les intérêts – passés probablement – s’étaient tournés ne seraient-ce quelques instants, en cet art. Il souhaitait quelque chose mais il vit l’homme remettre ses planches sur ses épaules puis commencer à s’en aller. Il remarqua par la même occasion que ce dernier boitait. L’acteur pouvait très bien laisser cet homme partir. Surtout qu’il n’avait pas avoir l’air très social. Encore moins que Kin. Il paraissait même être l’homme qui restait toujours dans son coin et qui ne se contentait que de ce qu’il avait. Que tout cela lui suffisait amplement. Des valeurs que le jeune acteur avait perdues depuis le temps. Pourtant, Kin se lança derrière cet homme.

- Ainsi vous connaissez cette belle pièce, commença-t-il. Vous plaît-elle ?

La curiosité soudaine de Kin n’était du simplement à l’envie d’en savoir plus sur les connaissances théâtrales de cet homme. Avait-il été qu’une seule fois à l’Opérâtre et ne connaissait-il rien d’autre ? Ou plutôt appréciait-il d’autres pièces également ? Quand il s’agissait de théâtre et de pièces, donc de son métier, Kin se faisait beaucoup plus bavard et social qu’il ne l’était d’habitude.

- Je me présente, je suis Kin Lightheaven, se présenta-t-il tout de même pour un minimum de politesse. Et je suis, en effet, acteur à l’Opérâtre. Mais je n’ai pas joué dans cette pièce.
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptySam 5 Fév - 23:01

Comment avais-tu pu faire une erreur aussi idiote ? Tu avais bien vu que le jeune homme était bien trop jeune pour jouer dans une pièce, mise en scène il y avait quarante-trois ans de ça ! Trop pris et bien trop attaché à tes souvenirs, tu avais cru que le temps n'atteignait pas les autres. Seulement, c'était comme la mort, quelque chose d'immuable. Tu pensais être le seul à subir les caprices du temps, tu vivais un pied dans ton époque, l'autre boitait dans la réalité. Tu ne savais même pas quel était l'Empereur de cette année-là, il te semblait que c'était un jeune garçon, mais tu ne voulais pas y croire. Le temps passait, et parfois tu te rendais compte de sa lourdeur sur tes épaules, souvent tu trouvais qu'il n'avait pas de sens. Tu ne voyais que ses conséquences. Combien de fois t'étais-tu senti par les bouleversements de cette nouvelle époque ? Il te semblait que l'ancien Empereur était mort, mais de quoi ? Tu ne l'avais pas appris, après tout, tu ne t'en rendais pas compte, mais tu avais passé quinze ans de ta vie dans une prison, l'Empereur était un jeune homme de seize ans. Ça faisait un grand morceau de ta vie, quinze ans ! Elles tétaient trop proche, horriblement trop proches. Sans attendre de réponse de la part du jeune homme blond, tu étais reparti, mais tu fus surpris de percevoir sa voix et tu te retournas vers lui. Tu baissas les yeux sur ses vêtements de luxes, surpris par sa curiosité.

Néanmoins, tu pouvais comprendre ce qui se passait en lui, il aimait le théâtre et sa vie se résumait à l'instant où il jouait devant son public. Tu approuvas à sa question, mémorisant son nom, tu comprenais mieux pourquoi son visage te disait quelque chose ; il t'arrivait de passer devant l'Opérâtre, tu avais dû voir une affiche qui le représentait, après tout, ce jeune acteur avait beaucoup de succès. Bien des rumeurs courraient à son sujet, mais tu ne les écoutais guère, n'en portant aucun intérêt. Que pouvais-tu dire à ton tour ? Les moeurs ne voulaient-elles pas que l'on échange une chaleureuse poignée de main ? Pourtant, tu étais certain que tu risquais de lui briser les doigts en serrant un peu trop fort, et que tes mains abîmées ne méritaient pas de toucher les siennes, un peu comme si c'était une injure. Comme tu ne savais pas si tu devais dire ton nom, mais lequel déjà ? Tu étais pour certain cet Homme-Arbre, un sobriquet ridicule que les enfants affectionnaient cependant, tu étais le Menuisier, simplement le Menuisier. Personne ne te demandait ton nom, et Kin ne l'avait pas fait — ou pas encore —, anxieux, tu fixas longuement l'acteur et tu déclaras de ta grosse voix rauque :

— Enchanté.

Rien de plus. Te rappelant tout de même sa question tu levas la tête vers le ciel pour y réfléchir. Pourquoi avais-tu aimé cette pièce déjà ? Tu l'avais aimé parce que tu avais eu ta femme à côté de toi, tu avais aimé le monde aussi horrible fut-il lorsqu'Iseult avait été vivante, prés de toi. « Le Chant de la Lune » avait été superbe, une pièce qui avait eu son succès il y a un temps, et tu aimais te rappeler les chants, la beauté des décors peints à la main, et l'histoire. Transporté un peu malgré toi par la passion de Kin, tu réfléchis à la meilleure réponse que tu pouvais lui donner. Lorsqu'on te parlait, il te fallait un petit instant pour choisir les mots, parfois même le ton de ta voix. Tu étais vraiment un Saule pleureur, sec, mort et abandonné, Asgeir, quel homme lamentable ! Tu ouvris la bouche dans un premier temps, peu sûr de toi, tu la refermas et fronças les sourcils. Posant à nouveau ton fardeau à côté de toi, tu mordis ta langue par inadvertance, des choses qui arrivent aux personnes qui parlent trop peu. Un jour, tu finiras pas être incapable de rouvrir les lèvres, le froid te les aura gelés pour toujours.

— Oui... Le Chant de la Lune... c'était une très belle.... histoire ? Une belle histoire.

Tu n'étais pas certain de tes mots ni de ta voix, celle-ci avait tendance à ressembler à celle d'un ours malade. Un peu pris par la passion de Kin, tu t'appuyas sur ta planche, levant encore la tête vers le ciel, tu cherchais quoi dire d'autres. Tu ne comprenais plus les échanges entre les humains, tu ne comprenais plus lorsqu'il fallait se taire, ou lorsqu'il fallait parler. Comme là, à cet instant devant Kin, tu aurais peut-être dû laisser le silence s'installer, tu aurais dû peut-être te contenter d'approuver sans rien ajouter, mais un peu rattrapé par tes souvenirs, tu ajoutas :

— À mon époque, c'était aussi un jeune homme blond qui tenait le premier rôle. Avez-vous déjà eu... l'occasion de la jouer ? Le Chant de la Lune, je veux dire.

Oui... bon... ce n'était peut-être pas la peine de préciser le sujet de la discussion, Kin devait avoir compris que tu parlais de cette pièce de théâtre, pas du dernier-né d'une famille de chaton. Tu te sentais un peu bête devant ce jeune homme, alors tu le quittas du regard pour examiner les environs ; tu observais la réaction des gens, la plupart des jeunes femmes le reconnaissaient et murmuraient sur Kin, parfois en rougissant, tu ne saisissais pas trop leur parole, mais tu te doutais que c'était quelques rumeurs mauvaises ou bonnes sur son compte, ou même des compliments pour sa beauté ? En tout cas, votre duo attirait les regards, Kin lui-même ne passait pas inaperçu, c'était une célébrité dans Ishtar ; et toi avec ta taille, tu n'étais pas qu'un vulgaire poteau, tu étais un homme, enfin tu avais été un homme.
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Kin Lightheaven
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyJeu 10 Fév - 20:42

Kin lança un regard autour de lui. Quelques personnes les observaient soit en passant à côté d’eux, soit sans bouger. Un acteur connu avec un homme aussi grand, ce n’était pas vraiment une scène que l’on voyait tous les jours. Toujours et encore des femmes qui murmuraient. Certains hommes se joignaient à leurs murmures. Mais cela ne le préoccupait plus du tout. Il s’était tellement habitué, qu’il laissait les personnes dirent tout ce qu’elles désiraient. Tant que cela ne lui nuisît pas. Quand il avait entendu les rumeurs lancées par Zacharias, il n’avait pas pu s’empêcher de réagir. Il n’avait pas non plus envie que sa carrière d’acteur fût compromise à cause d’un homme aussi idiot que ce dernier. Alors Kin détourna sans regard des autres personnes sans même soupirer ou se vexer, comme de nombreux acteurs encore trop jeunes pour comprendre auraient fait. Il se concentra alors sur cet homme qui mettait quelques temps à lui répondre. D’un coup, le jeune comédien se sentit comme analysé, encore une fois. Mais ce n’était pas une analyse comme celle d’un médecin, comme celle d’Ixart par exemple. Tout de même, il ne dit mot. En effet, il avait posé une question et pour l’instant il attendait tout simplement une réponse. Même si elle tardait à venir. Il ne se permettrait, par la plus grande des politesses, de couper l’homme dans ses réflexions. Car oui, il se rendait bien compte que quelque chose empêchait cet homme de parler normalement. Il semblait avoir besoin de temps à trouver les mots et surtout, les prononcer. Comme si un énorme fardeau s’était perché sur ses épaules et de ce fait, le dérangeait. Mais le respect et la politesse primaient pour l’acteur. Non seulement parce qu’il fréquentait la noblesse mais aussi parce que depuis son enfance, ses parents d’origine aristocrate, lui avaient inculpé ces valeurs-là. Depuis, il les considérait comme les plus importantes et celles qui devaient régir sa vie.

Il écouta alors les réponses brèves de l’homme. Tout d’abord ce dernier ne se présenta pas. Il lui rendit le mot de politesse lorsque l’on rencontrait une autre personne encore inconnue. Mais il ne prononça pas son prénom. Kin l’ignora. Ce n’était pas bien grave. Peut-être le demanderait-il plus tard si la situation le nécessitait. Pour l’instant, ce n’était pas si utile que cela au final. Surtout qu’il devait avoir une très bonne raison probablement pour ne pas souhaiter le lui révéler. Puis, le jeune acteur ne l’obligerait tout de même pas. S’il n’en avait pas envie, que ce soit maintenant ou plus tard, il respectait son choix. Il resterait alors dans l’ignorance. Et parfois, Kin se demandait même s’il faisait toujours bien de se présenter. Parfois, il aurait bien souhaité laisser son interlocuteur dans l’ignorance aussi. Sauf que généralement, cela ne servait pas à grand-chose puisque les personnes le connaissaient déjà. Pendant ses réflexions, l’homme aussi avait réfléchi. Il répondit alors à la question que le jeune comédien lui avait posée en ce qui concernait la pièce. Il appréciait cette histoire qu’il qualifiait même de belle. Même s’il le disait sur ton qui parut lassé, Kin n’y fit pas du tout attention. Le pauvre n’arrivait pas à s’enthousiasmer ni à parler « correctement ». Il ne voulait pas le brusquer puis il comprenait. Il ne fallait pas s’arrêter à de tels détails. Alors quand Kin entendit des commentaires plutôt positifs, surtout venant d’un homme comme celui-ci, il était ravi. Il sourit sur le champ. Avant d’entendre à nouveau l’homme parler. Un acteur blond. Les cheveux de Kin étaient pourtant châtains à la base. Mais bien sûr, il avait très pu les changer pour les répétitions et depuis, avait oublié de les modifier à nouveau. Il ne vérifia pourtant pas la couleur de ses cheveux, estimant cela bien impoli.

- Les modes changent, mon bon monsieur, commença-t-il à répondre. Ainsi, cette pièce ne se joue plus depuis de nombreuses années. Je n’ai donc point joué dedans.

Cela était bien triste car c’était une merveilleuse histoire. Mais Kin ne changeait pas les modes. C’étaient les nobles qui définissaient ce qu’ils aimaient ou pas. Les modes allaient et revenaient selon leurs besoins, leurs goûts et leurs idées. Pour l’instant, les pièces qu’ils demandaient, étaient totalement l’opposées de celle-ci. Ce n’était plus des pièces épiques et romantiques où le chevalier sauvait la princesse en affrontant divers obstacles variés. Désormais, les nobles désiraient rire. Ils appréciaient se moquer. Alors il leur fallait des mises en scène drôles et actives. Frénétiques parfois même. Il était fort vrai que ce n’était que des représentations caricaturales et parodiques de la société actuelle. Il était fort vrai que la vie des nobles était la cible majeure des sujets sur lesquelles on pouvait bien rire et se moquer. Au début, tout le monde pensait que cela ne ferait pas rire du tout et que les nobles feraient des scandales. Mais rien ne s’ensuivit. Ils apprécièrent et les pièces se basant sur leurs bêtises devenaient de plus en plus nombreuses et à la mode. Les acteurs, quant à eux, s’étaient habitués à ce changement. De toute façon, ils n’avaient pas grand-chose à dire. Mais certains en coulisses s’estimaient bien heureux de pouvoir se moquer des nobles et de les faire rire en même temps. Ils trouvaient cela bien paradoxal mais agréable. Dans la vie de tous les jours, ils n’avaient pas non plus cette occasion. Du moins pas en face même des nobles en personnes.

- Aujourd’hui, nous faisons rire. Nous n’offrons plus de romantismes. Nous ne faisons plus rêver le public.

Kin se rendit alors compte qu’il commençait à se prendre dans la conversation. Il parlait et il parlait. Quand il s’agissait de son métier, il pouvait devenir plutôt bavard. Mais il n’avait vraiment aucune idée s’il intéressait l’homme ou non. Peut-être ce dernier n’avait pas du tout l’intention de lui révéler qu’il le dérangeait, par pure gêne. Kin sembla alors tout d’un coup redescendre sur terre. Il regarda l’homme, un brin crédule. Un tout petit silence s’installa entre eux et pendant ce temps, le jeune acteur rougit un tout petit peu, mal à l’aise. Il réussit tout de même à reprendre la parole, mais cette fois-ci non pas pour raconter et discuter sur son métier.

- Veuillez me dire si ma présence vous dérange et que mes paroles ne vous intéresse point.
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptySam 12 Fév - 20:00

Kin t'informa avec une certaine tristesse que le Chant de la Lune ne se jouait plus, tu retins au dernier moment un soupir, c'était bien dommage. Tu aurais bien aimé la revoir au moins une fois, même si tu n'avais plus ton Iseult à tes côtés, et que tu n'aurais vu que les fantômes de ton passé. C'était angoissant toute cette histoire, la réalité et le passé se confondaient souvent, tu oubliais que tu vivais dans le présent et que tes souvenirs, ce n'étaient qu'une suite d'illusions beaucoup trop belles pour avoir un jour existé. Tu observais d'un oeil pensif et perdu les femmes qui lançaient des regards désespérés à Kin, songeant qu'avec un peu de chance, l'Ombre pousserait l'acteur à se tourner vers elles et à leur envoyer un sourire ravageur, cachant bien des invitations. Quelquefois, tu apercevais des hommes le déshabiller d'un regard, ça... c'était quelque chose tu ne comprenais pas ; tu reconnaissais que Kin était un beau jeune homme, et que ses allures de bellâtre étaient séduisantes, mais tu ne comprenais pas le charme qu'il pouvait opérer sur les personnes du même sexe. Après tout, c'était peut-être parce que ta libido était morte lorsque cette Comtesse t'avait quitté, et surtout lorsqu'Iseult était morte dans tes bras.

Tu ne pouvais plus désirer les femmes, la prison avait détruit ça aussi. Pauvre homme, tu étais à plaindre, toi qui étais si lamentable dans ton malheur. Néanmoins, trouvant ces coups d'yeux trop curieux, tu aurais aimé qu'on ne t'accorde aucun regard. Certes, un acteur aussi talentueux en compagnie d'une véritable armoire à glace, tu comprenais que votre duo avait quelque chose de grotesque, mais tout de même ! Tu considérais que vous n'étiez pas une attraction, ou des bêtes de foire. Tu poussas un soupir et posa tes yeux sombres sur un petit garçon qui vous fixait depuis un moment ; sa jolie soeur tenait ferment sa main, elle, elle ne t'avait pas remarqué. Ce qui comptait pour cette adolescente ? L'acteur et nullement l'homme qui paraissait l'accompagner. Elle te rappela ta fille, irrémédiablement. Tu mordis ta lèvre inférieure et reporta toute ton attention sur Kin, un moyen comme un autre pour oublier tous ces regards ; tu avais fait l'erreur de croire que ses cheveux étaient blonds, et non châtains, et tu découvrais ton erreur. Un manque d'attention, un fantôme ressemblant au jeune homme et les tours étaient vite joués. Tu fronças les sourcils, tristement, les moeurs changeaient, Kin avait bien raison, mais tu ne t'en rendais pas compte. Le jeune homme ne paraissait pas aussi sociable que toi, mais tu voyais que dès qu'il s'agissait de sa passion, rien ne comptait. Tu comprenais et à votre manière, vous n'étiez pas si différent ; toi aussi, tu paraissais plus vivant lorsqu'il s'agissait de ton travail. Tu fis non d'un signe de tête à sa question, soupirant, tu passas une main dans tes cheveux sales et gras pour ajouter :

— Non... je ne suis pas les nouvelles modes, c'est tout.

Tu ne savais pas trop si ta phrase pouvait être correctement comprise, mais c'était ce que tu avais pensé. Tu n'avais pas envie que votre entretien ne s'arrête là, bizarrement ; tu avais autrefois aimé le théâtre, Iseult aussi et tu aurais aimé y emmener ta fille. Le rire ? Les nobles aimaient-ils donc qu'on se moque ouvertement d'eux ? Voilà un état d'esprit que tu ne comprenais pas très bien, du moins, tu jugeais le rire comme une arme redoutable et au lieu de lutter contre toutes ces moqueries, les nobles les avalaient la bouche ouverte... mais n'était-ce pas pour faire bonne figure ?

— Le temps change, les attentes de la noblesse aussi, je pense. Dommage.

Là... il fallait te féliciter Asgeir, tu étais parvenu à dire plus de dix mots dans la même phrase ! C'était un évènement, vraiment ! Tu secouas la tête et laissas tes cheveux bruns couvrir tes yeux, tournant la tête vers les admiratrices de Kin, tu reconnus quelques jeunes nobles pour qui tu avais déjà travaillé. L'une d'elles te salua de la main et un peu timidement, tu hochas la tête pour la saluer. Tu fronças les sourcils... le rêve... quel dommage ! Cependant, Ishtar n'était pas la Capitale du rêve et de la douceur, c'était plutôt le berceau des cauchemars sans fin et horribles, où perdre son âme au détour d'une ruelle était la plus facile des choses. Posant tes yeux sur Kin, tu le fixas longuement sans rien dire, comme à ton habitude, tu essayais de songer le jeune homme pour lui arracher une partie de ses souvenirs, et les joindre au tient. Grattant distraitement ta mâchoire carrée, tu lâchas :

— Pourtant... le rêve, c'est important... Et vous ? Est-ce que vous aimeriez jouer ce genre de pièce ? Le Chant de la Lune par exemple ?

Tu avais pu en effet remarqué que Kin semblait attristé de devoir réduire le théâtre au comique, pourtant le théâtre était une belle chose. Une scène capable de représenter la noblesse et tous ces vices, la société telle qu'elle était véritablement, dans ses affres les plus noires. Tu ne voyais plus aucun espoir, mais à cette époque, tu songeais qu'il était bien là et que l'espoir dont parlaient les acteurs du Chant de la Lune existait réellement, ta femme enceinte en avait été la preuve. Cette petite fille... ça avait été ça votre espoir, laisser une trace dans ce monde en ayant construite la plus belle oeuvre qu'il pouvait exister : la Vie. Mettre la Vie était ce qu'il y avait de plus beau, mettre la Mort, c'était ce qu'il y avait de plus horrible. Si jamais tu retrouvais ce jeune homme que tu avais voulu aider ? Qu'est-ce que tu ferais Asgeir ? Essayerais-tu de le tuer pour te venger ? Songerais-tu un seul instant à lui pardonner tout ce qu'il t'avait fait ? Toi-même, tu ne savais pas.
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Kin Lightheaven
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyLun 14 Fév - 18:55

Kin porta un instant son attention sur ce que regardait l’homme avec qui il se trouvait. Il tourna la tête et fixa le même point avec ses yeux. Au début, il n’aperçut rien car il ne savait pas quoi chercher en réalité. Mais très vite, il la vit. C’était tout simplement une fille. Elle tenait son frère par la main. Elle semblait bien intéressée par le jeune comédien. Il lui sourit pour lui faire plaisir. Il se doutait bien que cela allait la faire rougir voire même peut-être partir. Il ne se trompa pas. La jeune fille poussa son frère et l’obligea alors à venir avec elle. Ensuite, il se concentra à nouveau à l’homme. Il lui parut entrevoir un brin de tristesse dans les yeux du pauvre homme. Il ne pouvait pas non plus en être très certain puisque c’était très difficile à lire dans ses yeux. Il était tellement marqué sur le visage ou encore d’autres parties visibles de son corps. Cela notait toutes les rudes épreuves auxquelles il avait du être confrontées. Mais quelles étaient-elles ces épreuves ? En réalité, Kin n’osait pas poser la question bien que celle-ci lui trottât dans l’esprit quelques instants. Tout simplement parce que ce n’était pas son genre de demander de telles choses mais aussi parce qu’il ne connaissait pas du tout l’homme en question. Ainsi, il ne désirait pas poser une question de travers. Il n’avait aucune intention de blesser, vexer ou mettre en colère cet homme. Parce que oui, il ne savait pas du tout comment celui-ci réagirait s’il le faisait. Il ne dit donc rien et un petit silence s’installa entre eux. Si au début pendant ce temps le jeune acteur ignorait comment se comporter, maintenant il ne faisait qu’attendre. L’homme lui répondrait. L’homme lui parlerait. Il suffisait tout simplement, par politesse également, de lui laisser le temps. Ne pas trop le presser.

Kin écouta tout ce qu’il avait à dire. Il s’imaginait bien que cet homme ne suivait pas les modes. Non pas à cause de son apparence physique – à savoir non seulement son physique mais aussi ses vêtements – mais tout simplement parce qu’un instinct tout à fait anodin venait piquer l’acteur. Le fait que cet homme semblait triste, sans expressions ni sentiments visibles et sa tenue étaient également des raisons de croire que ce dernier ne s’intéressait plus au monde extérieur. Du moins très peu. Probablement un peu tout de même mais seulement pour son travail. Puis peu à peu, l’homme lui parlait de plus en plus. Il s’ouvrait. Très peu certes. Mais il lui disait des choses. Des choses qui en cachaient d’autres. Mais Kin se contentait de tout cela car cela lui suffisait pour en connaître bien plus sur cet homme qu’il ne le lui révélait lui-même en réalité. Il sourit pour lui-même en fixant un instant le sol des yeux. Avant de les relever sur l’homme qui lui posa enfin une question. Kin tenta de se contrôler le plus possible pour ne pas écarquiller les yeux. Tout à l’heure, certes il avait également posé une autre question mais cette fois-ci, cela semblait dans un but totalement différent. Du moins, de cette façon Kin ressentie celle-ci. Avant ce n’était probablement seulement pour renvoyer la question de manière polie. Montrer qu’il s’intéressait un minimum. Mais cette-fois, cela lui parut beaucoup plus social, comme s’il cherchait tout simplement à poursuivre la conversation. En savoir plus sur l’acteur. Bien sûr Kin ne s’emballa pas tout de suite, mais cela lui fit très plaisir. Par ailleurs, tout ce qu’il disait ne montrait pas du tout que la présence de l’acteur le dérangeait. Au contraire justement. C’était ainsi que Kin ressentait les choses. Mais l’homme ne fit aucune remarque lorsqu’il le lui avait demandé. Enfin dit, mais sous forme de question implicite. Ensuite il fit attention à ce qu’avait dit son interlocuteur.

- Le Chant de Lune était une très belle œuvre, je l’aimais énormément, dit Kin d’une plutôt rêveuse qui montrait le fait qu’il y réfléchissait et que ses paroles étaient les plus vraies possibles.

Il avait levé la tête au ciel et regardait le ciel tout bleu parsemé de nuages blancs alors qu’il prononçait ses mots. C’était une belle journée pour cette période de l’année. Il inspira profondément et expira longuement. Il baissa alors la tête et s’excusa auprès de l’homme parce qu’il ne l’avait pas regardé dans les yeux en parlant. Or, c’était une mauvaise chose. Bien sûr, il était clair que personne n’observait leur interlocuteur dans les yeux sans cesse. Mais cette fois-ci cela avait été tellement visible, qu’il ressentit le besoin de s’excuser tout simplement. Il souriait toujours et encore. D’un sourire qui ne signifiait pas grand-chose en réalité. Du moins, pas pour lui. Si ce n’était qu’il était content de discuter en ce qui concernait sa carrière. Le théâtre était tout pour lui. Le Chant de la Lune. Oui, il aurait bien joué dans cette pièce. Ou dans toute autre pièce de ce même genre. Il les appréciait énormément tout simplement parce qu’elles avaient une morale, elles contaient une vraie histoire. Elles faisaient rêver et cet homme disait vrai : le rêve était nécessaire de temps en temps. Kin croyait beaucoup moins aux valeurs et à l’impact que possédaient les pièces actuelles. Elles ne parlaient que de la noblesse et des citoyens. Ce n’étaient que des caricatures de la vie de tous les jours. Kin trouvait ceci bien lassant car il le vivait déjà tous les jours et il n’avait pas vraiment envie de le jouer. Mais il ne pouvait pas non plus se permettre de révéler sa pensée alors il faisait avec et enfouissait cette dernière au plus profond de son esprit.

- Si jamais un jour j’en avais la possibilité, je n’hésiterai pas à poser ma candidature.

Kin remarqua alors que cela faisait déjà quelques bonnes minutes que les deux hommes étaient restés au même endroit, sans bouger. Ce n’était pas que cela paraissait étrange ou qu’ils dérangeaient un petit peu les autres passants – d’autant plus que l’homme transportait des planches de bois et prenaient un peu de place tout de même. De plus, les marchands des alentours commençaient à ne plus les quitter des yeux. Ce qui n’était pas pour plaire au jeune acteur. Il les darda du regard afin qu’ils arrêtassent mais cela ne changea pas grand-chose. Il soupira intérieurement avant de se retourner.

- Si vous souhaitez, nous pouvons faire un tour et parler davantage.

Ce n’était pas vraiment une demande qu’il formulait. Il était tout simplement en train de dire à l’homme de le suivre s’il souhaitait parler avec lui. Il n’avait aucune envie de rester dans cet endroit et il devait en plus de cela se rendre à l’endroit où il pouvait acheter des tissus pour de nouveaux costumes. Or il doutait que ce fût ici qu’il pourrait les trouver. Il voulait donc en même temps que parler avec l’homme – s’il acceptait de le suivre – faire sa course pour tout de même ne pas revenir trop tard à l’Opérâtre. Ils avaient besoin de lui et des tissus. Peut-être n’allaient-ils pas les utiliser encore aujourd’hui mais le jeune acteur savait parfaitement qu’ils ne souhaitaient pas non plus les attendre trop longtemps. Il devait donc les trouver, les acheter et ne pas tarder à rentrer. De plus cela lui permettrait de continuer la conversation. Voire même l’homme connaissait le bon stand, ce qui lui faciliterait la tâche la plus difficile, à savoir la recherche de ce stand.
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyJeu 17 Fév - 16:02

Tu approuvas d'un simple signe de tête les paroles du jeune homme, c'était vrai que tout le monde ne cessait de vous regarder, Kin de par son talent et son mérite ne pouvait pas passer inaperçu, et toi avec ta grande taille non plus. Tu étais las de toute façon de toute cette attention qu'on vous portait, sachant très bien que cette fatigue cachait en réalité de la gêne ; même avant que ta vie ne prenne un tournant aussi dramatique, tu n'avais jamais trop aimé qu'on te regarde comme une bête de foire. Surtout lorsque les autres hommes avaient autrefois posé leurs yeux sur ton Iseult, une lueur de jalousie brillant dans leurs rétines, tu avais eu peur de la perdre à chaque fois qu'un bellâtre la voyait. Mais les sourires et la douceur de ta femme t'avaient à chaque fois rappelé qu'elle n'irait pas en voir un autre, ce n'était que toi et seulement et toi qui était le centre de son univers. Un peu comme le théâtre était le centre du monde de Kin, tu avais cru d'abord en l'apercevant ou tout simplement parce que le jeune homme était versé dans l'art du théâtre, que Kin était ce genre de personne à prendre les autres de haut et à marquer leur rang. Non seulement beau, mais aussi charmeur et élégant, tu avais que ce jeune homme était de ceux à te rabaisser à chaque regard, chaque parole.

Tu étais assez surpris tout en comprenant que ce qui animait l'artiste, c'était sa passion pour le théâtre ; tu n'arrêtais pas de vous comparer et de faire le rapprochement entre vos deux passions, tu comprenais ce qu'il pouvait ressentir en entrant sur scène. Toi-même lorsque tu travaillais le bois, lorsque tu le ponçais et mettait toute sorte de produits d'entretien. Tu jetas un petit coup d'oeil à la jeune femme qui était repartie avec son petit frère, toute timide et jolie dans sa candeur, elle vous avait regardé plusieurs fois avant de s'enfoncer dans la foule. Reprenant ton fardeau sur tes épaules, tu te remis à marcher pour accompagner Kin, en boitant douloureusement, ta jambe te faisait toujours autant souffrir l'hiver. Plusieurs fois par jour, tu te demandais s'il ne fallait pas prendre un Objet ou un Hybride pour t'aider, tu te disais alors qu'il fallait économiser et à chaque fois, tu dépensais ton argent dans l'alcool pour oublier tes fantômes. Une fois que vous vous étiez remis à marcher, tu te rendis compte que la parole te manquait. Tu avais toujours envie de parler du Chant de la Lune à Kin, mais rien ne venait dans ton esprit, c'était le vide. Tu cherchais les mots et quand tu croyais les saisir, ceux-ci s'échappaient presque en riant, et tu redevenais aussi silencieux qu'un serpent sous son rocher.

Tu remarquas alors que le jeune homme paraissait chercher quelque chose, était-ce une conquête avec laquelle il comptait passer son temps ? Ou un ami qui s'était lié avec lui grâce au théâtre ? Plus tu regardais Kin, moins tu songeais qu'il pouvait simplement chercher un étalage d'étoffes en tout genre, il te semblait que le jeune homme était trop plein de vie et de gaité pour une chose... aussi normales ? Sans doute avais-tu aussi des préjugés, comme tout le monde te prenait pour un ours acariâtre dont ses journées se résumaient à sortir pour prendre sa pitance, revenir dans son antre pour ne pas en ressortir. Tu soupiras en repensant à la vitre brisée dans ton atelier, tu étais tellement vide et blessé que tu ne pensais pas à attraper ces gamins qui avaient fait le coup pour te venger. Pourtant, tu savais qu'ils risquaient de recommencer, il aurait fallu demander de l'aide à un vitrier, une idée que tu finirais par oublier. Tu vous éloignais de la foule pour retrouver un espace plus calme, comme l'acteur — il te le semblait — t'avait demandé de le faire. Tu t'étais mis dans un coin où vous pourriez parler sans craindre d'être écouté, mais où vous pouviez observer la foule à loisir.


— Je crois que la noblesse s'ennuie du rêve à présent.

Lâchas-tu dans un soupir en allant t'asseoir sur un banc, tandis que quelques hommes déchargeaient un bateau. Tu observas le groupe faire son travail durant quelques secondes avant de tourner la tête vers Kin, tu ajoutas :

— De mon époque... ce n'était pas comme ça, les nobles et les moins riches venaient au théâtre pour rêver, aujourd'hui la noblesse semble prendre du plaisir à voir ses congénères se faire humilier. Au théâtre, comme dans la vraie vie.

Tu n'étais pas de descendance noble et tu ne savais pas si c'était le cas aussi pour Kin, mais tu avais été un petit bourgeois qui avait eu le loisir de remarquer que les nobles passaient leur temps à combler leurs ennuis en se faisant des coups bas. Au théâtre, il ne s'agissait pas tant de voir la pièce, mais plutôt d'observer ses comparses pour connaître les nouvelles rumeurs ; plusieurs fois, tu avais remarqué une belle femme noble avec des lunettes qui au lieu d'admirer l'opéra, fixait un jeune couple qu'elle n'aurait pas soupçonné, puis elle s'était retourné vers son amie pour en discuter à voix basse. La noblesse était elle-même une scène de théâtre où il se passait mille intrigues, les nobles rivalisaient dans le talent de l'hypocrisie et aujourd'hui comme maintenant, ça te dégoûtait, Asgeir. Pour toi les nobles étaient des enfants capricieux qui s'ennuyaient et inventaient des jeux dangereux pour se distraire, ils s'amusaient à détruire la réputation des autres et fixaient leurs comparses tomber avec plaisir. Des enfants ressemblant à des corbeaux prenant plaisir à dévorer le cadavre des leurs, voilà ce qu'était la noblesse à tes yeux, Asgeir.
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyJeu 24 Fév - 15:21

L’homme se mit à marcher suite à ce que Kin lui avait dit. Le jeune acteur pensa alors que ce dernier comprendrait qu’il lui fallait acheter quelque chose dans ce dédale de stands. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’il était venu au marché. D’habitude, il n’y venait jamais. Il n’avait rien à y acheter. Il préférait plus les commerces plutôt que les stands au marché. Quelque part la différence était faible, mais Kin détestait bousculer les habitudes. Pourtant, il ignorait totalement où il pouvait trouver une boutique avec des tissus pour les costumes. Et le metteur en scène lui avait tout simplement demandé d’aller au marché. Peut-être parce qu’il préférait les tissus du marché. Le comédien ne savait pas pourquoi mais il avait quand même suivit les demandes à la lettre. Pourquoi donc se fatiguer à faire autre chose ? La réponse au problème de comment résoudre et bien accomplir sa mission lui avait été offerte sur un plat. Il ne se voyait donc pas contourner cette dernière. Kin suivit alors pendant quelques pas l’homme mais se rendit rapidement compte qu’il le menait plus bas encore dans le port plutôt qu’en direction des stands. Bien sûr, il avait visiblement compris le fait qu’il valait mieux s’éloigner de la foule afin de ne pas attirer le regard des autres. C’était également ce que recherchait le jeune acteur. Mais cela ne changeait en rien le fait qu’il perdait de plus en plus de temps. Il n’avait rien contre l’homme, ne le détestait pas mais ne l’aimait pas non plus. Pourtant, là il lui semblait que si ce dernier ne désirait pas continuer la conversation avec lui en allant chercher les tissus qu’il devait acheter, alors il se verrait obligé de le laisser tout seul. Reprendre le cours de sa vie dans laquelle il lui paraissait n’être qu’un intrus passager. C’était vrai, certes. Mais en fait, s’il pensait à cela c’était simplement parce que d’un côté, cela le mettait un peu mal à l’aise de s’être introduit dans la vie de cet homme aussi facilement, aussi rapidement et de la sorte.

- Veuillez m’excuser mon bon monsieur, mais en réalité j’aurai besoin d’acheter des tissus dans ce marché, annonça-t-il sans même paraître intéressé par les paroles totalement vraies de cet homme concernant la noblesse.

L’homme s’était assis depuis quelques temps. Il avait parlé de la noblesse. Même si Kin l’avait entendu et qu’il était en parfait accord avec les dires de ce dernier, il était à ce moment bien plus préoccupé par l’envie d’acheter ce qu’il devait et repartir chez lui. Ainsi, il laisserait encore la possibilité à l’homme de le suivre si ce dernier le désirait. Ils pourraient reprendre leur conversation concernant le théâtre, la noblesse et tout ce qui s’y rapportait. Mais pour l’instant, il suffisait encore que le jeune acteur sût si l’homme préférait rester assis ici ou revenir chez lui pour vivre tranquillement le cours de sa vie, ou tout simplement s’il accepterait d’accompagner encore un peu Kin en direction des stands. Ils se sépareraient alors une fois la mission de l’acteur accomplie. Car ce dernier n’avait aucune envie de rester plus longtemps dans cet endroit avec beaucoup trop de monde autour de lui. Du monde qui ne faisait attention à lui de part sa beauté mais aussi parce qu’il était l’un des acteurs les plus connus de toute la capitale, si ce n’était pas de l’Empire tout entier. De plus, il était aussi reconnu fameux pour le don qu’il avait depuis sa rencontre avec l’Empereur en personne. Or, que vous trouvez cela un paradoxe ou non, il n’aimait pas du tout attirer autant l’attention sur lui. Il se sentait être comme une bête de foire que l’on regardait sans cesse. Il n’appréciait pas du tout cette sensation. Même s’il s’y était habitué avec les années de carrière en tant qu’acteur, cela ne lui plaisait toujours pas. Encore moins dans des endroits aussi chargés de personnes. Dans la rue, il n’y pouvait rien. Après tout, il n’allait pas non plus s’arrêter de vivre pour si peu. Il évitait donc tout endroit bondé, surtout aux heures où l’affluence était la plus importante.

- Ainsi, je vous propose, si vous le souhaitez assurément, de me suivre jusqu’à l’endroit où je pourrais trouver ce pour quoi je me trouve ici. Sur le chemin nous pourrions même continuer notre petite conversation. Ensuite, nous repartirons tous les deux de notre côté. C’est comme vous le souhaitez, monsieur.

Kin laissait le choix. Et il attendit la réponse ou la réaction de ce dernier pour savoir s’il devait y aller seul ou accompagné. Seul ne le dérangerait pas puisqu’il préférait la solitude en général. Accompagné, étrangement cela ne le dérangerait pas non plus puisqu’il avait trouvé une personne avec laquelle il pouvait parler sur un sujet intéressant, à savoir son métier.

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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyDim 13 Mar - 19:07

[Mille pardons pour ce retard impardonable !]

Tu n'avais pas remarqué que Kin cherchait les étales de tissus, tu t'étais assis sur ce banc pour pouvoir reposer ta jambe malade, sans savoir ce que voulait le jeune homme. Tu étais donc si égoïste, Asgeir ? Tu n'avais jamais été bon pour observer les autres, adolescent, homme, seule Iseult avait compté. Ses désirs avaient été les tiens, ces haines étaient à toi, ses joies, son bonheur, ça avaient été comme si tu les avais toi aussi ressentis ; à force de vouloir la rendre heureuse, tu avais oublié que les autres aussi pouvaient avoir des sentiments, et tu ne savais pas non plus les décrypter. La seule chose que tu étais capable de voir chez les autres, c'était la souffrance ; alors sans un mot, tu approuvas le jeune homme et tu te relevas péniblement en soufflant, le froid recommençait à mordre ta peau. Véritable carcasse vide, tu suivis alors le jeune homme, laissant tes fantômes t'envahir, il te suffisait de fermer les yeux pour revoir l'Opérâthre de ton époque. Des robes colorées et décorées par des fanfreluches dansaient autour de toi, alors que des hauts de formes sortaient de la terre pour les accompagner. Tu fronças les sourcils, revoyant encore et encore le Chant de La Laune, cette histoire d'amour qui à sa manière, te rappelait ta vie. Tu gardais tout ça en toi, sans montrer à Kin cette détresse pourtant visible, songeant que les apparences étaient assez trompeuses. Ce jeune homme était un grand acteur, et pourtant il ne ressemblait pas aux autres, du reste il n'était pas si arrogant et précieux qu'il semblait l'être ; au contraire, dès qu'il s'agissait de sa passion, l'artiste se montrait plus ouvert, moins inaccessible. Quelle était son histoire, à ce jeune homme ? Pourquoi avait-il choisi ce métier ? Curieusement, les questions venaient dans ton esprit, prenaient naissance dans ton crâne, t'intéressais-tu à quelqu'un ? Enfin, fallait-il dire ? Du moins, tu n'avais pas pensé émettre ton choix de suivre Kin, ça te semblait évident.

— Et vous qui êtes acteur, qu'est-ce que vous en pensez ? Je veux dire... de la vraie vie, comme du théâtre ?

Et toi, qu'est-ce que tu en pensais de tout ça ? Est-ce que tu méprisais les aristocrates ? Avant, tu les avais enviés, espérant offrir à ta famille tout ce qu'un Sénateur pouvait donner à son peuple, mais tu avais rapidement appris que l'argent ne faisait pas tout, tout en était utile. Désormais, tu te moquais de leur sort, comme tu te moquais celui des autres. Tu attendais seulement de voir l'Église s'écrouler sur les cadavres des révolutionnaires, ces êtres qui avaient brisé ta misérable vie. Tu voulais les voir crevés, sans avoir le courage d'agir pour leur destruction. Marchant de ton pas boiteux et douloureux, vos silhouettes attiraient toujours autant les regards, deux êtres distinct pour ne pas dire opposé qui pourtant, possédaient sans doute le même attrait pour le théâtre. Et sans le savoir peut-être, Kin t'avait donné l'envie de te rendre à nouveau dans ces lieux pour contempler les comédiens, et juger leur jeu. Un mauvais comédien, c'était celui qui se trouvait incapable d'écouter les autres. Et tu avais envie de voir si Kin possédait cette qualité, comme il semblait en avoir l'air, ou si le théâtre dévorait toute sa vie au point qu'il ne voyait pas le reste. Et tu avais envie de voir le monde, la manière dont celui-ci avait évolué, durant toutes ces années où tu avais croupi en prison. Mais pour ça... il aurait fallu racheter des vêtements, ceux de ta jeunesse pouvaient encore t'aller, mais ils devaient sûrement être dévoré par les mites, détruites par les années. Tu n'avais pas encore eu l'envie d'ouvrir les placards, craignant de faiblir en contemplant les vêtements de ta femme, tués par les insectes, peut-être même par les larves.

Engloutis par la foule, écrasée par le froid et le silence, vous arrivèrent enfin à destination. Devant vous, un grand homme — pas autant que toi, par contre — vendait des étoffes venues d'Al-Haïr, superbes et de bonne qualité, comme il se l'époumonait depuis un quart d'heure. Tu le connaissais de vue, ou plutôt, il t'avait connu père de famille et amoureux, les années étaient passées et il ne te reconnaissait pas. Toi si... c'était chez lui que ta femme avait autrefois acheté du tissu pour confectionner ses robes, ou même les rideaux de votre chambre. Les femmes étaient si habiles lorsqu'il s'agissait de décorer leur foyer, le rendre encore plus chaleureux, plus humain. La tienne bien plus que les autres, le vendeur vous salua et aussitôt en reconnaissant Kin, il appela son fils, un beau jeune homme sans doute admirateur du jeu d'acteur de l'artiste.
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MessageSujet: Re: Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin)   Une Planche pour l'entrée en scène de l'Artiste (pv Kin) EmptyLun 14 Mar - 15:52

Le jeune acteur finit par se diriger vers les étalages. Il ne fut pas tout du surpris que l’homme le suivît. Au contraire, cela lui faisait grandement plaisir. Au moins, non seulement cela lui ferait un peu de compagnie, mais également il attendrait son but plus facilement. Cet homme devait bien connaître un peu le marché. Du moins beaucoup mieux que lui. Certes cela ne lui ressemblait pas du tout d’avoir besoin de compagnie. Mais ce dernier n’était pas comme les autres. Il ne ressemblait pas du tout aux hommes de la noblesse, de la science ou d’autres encore. D’ailleurs il ne lui paraissait pas hautain, superficiel et prétentieux. Pas du tout même. Bien au contraire, il était bien mystérieux, il parlait peu et ne semblait même pas enclin à une certaine conversation. Kin s’imaginait qu’il ne devait pas tous les jours et surtout avec chacun parler de la sorte et surtout, autant. Il s’estimait donc comme l’un des chanceux. De plus que ce dernier lui posa une question et paraissait soudainement vraiment s’intéresser à l’acteur. Etait-ce une preuve de vrai intérêt ? En tout cas, Kin se sentit bien plus heureux. Au moins il n’éveillait pas le refus de parler dans cet homme et surtout, ce dernier ne semblait pas du tout dérangé finalement par sa présence comme l’avait déjà pensé auparavant le comédien. Toutefois, il ne s’attendait pas à un tel sujet. La question l’avait un tout petit peu surpris. Connaître la pensée de quelqu’un sur une telle chose voulait dire tout simplement qu’il cherchait à le connaître, lui, en tant que personne. C’était comme s’il souhaitait approfondir le petit lien qui s’était créé. Le renforcer. Kin sourit et pour la première fois, laissa échappa un petit rire. Il regarda l’homme et ses sentiments pouvaient se lire sur son visage : il était amusé. Visiblement le lien qui était né quelques minutes plus tôt rendait les deux hommes comme ils ne se comportaient presque jamais. En effet, c’était bien rare d’entre-apercevoir les sentiments de Kin. Il les gardait toujours pour lui.

- Ce que je pense de la vie comme du théâtre …, commença-t-il comme s’il réfléchissait à la question avant de lui répondre sincèrement. Vous savez, je suis plutôt solitaire. Je ne me mêle pas très bien aux autres et avec les autres. Je vous avoue que je suis obligée de traîner parfois avec les nobles, notamment ceux qui sont mes mécènes. Mais leurs comportements et leurs manières me répugnent. L’Eglise m’importe peu. Je ne suis pas croyant. Pour résumer, je ne me préoccupe que de moi et de mes propres intérêts.

En effet, il ne faisait pas du tout attention aux autres. Il contentait certes les nobles et faisait tout pour leur plaire. Mais ce n’était pas dans ses goûts. Il n’avait pas trop le choix. C’était pour vivre toujours et encore dans le luxe. Il n’avait pas besoin de plus, il en était bien content. Pourtant, il n’avait pas non plus envie de retourner dans la misère dans laquelle il avait vécue lorsqu’il était enfant ou même qu’un pauvre adolescent nettoyant l’Opérâtre et maquillant les acteurs. Alors qu’il termina son discours, les deux hommes arrivèrent enfin devant le bon étalage. Kin se concentra alors sur les tissus que le marchand exposait alors que ce dernier appela son fils. L’acteur soupira. Encore une fois, quelqu’un le reconnaissait et se faisait un malin plaisir de le présenter à toute sa famille, probablement une personne qui le connaissait et appréciait son jeu. Il souleva la tête et sourit au jeune homme qui apparut. Il n’avait pas vingt ans, cela se voyait. Il désirait dire quelque chose et l’acteur tenta de l’écouter mais ce dernier balbutia beaucoup trop, probablement très surpris de la personne qu’il avait en face de lui. Ce fut alors le père qui prit la parole pour dire à Kin que son fils aimait beaucoup le théâtre et rêvait de devenir un acteur lui aussi. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait une telle chose. Nombreuses étaient les personnes qui souhaitaient devenir acteurs et actrices. Et Kin généralement ne faisait que sourire et évitait ensuite les personnes autant qu’il le pouvait. Mais il lui arrivait tout de même de répondre et notamment à cet instant, il s’en sentait bien obligé.

- Dans ce cas, qu’il vienne passer une audition pour une pièce, peut-être sera-t-il choisi s’il possède un réel talent.

Il ne s’avançait pas plus pour l’instant bien qu’il pût lui dire qu’il le prendrait en charge s’il réussissait. Encore une fois, cela aurait été une première. Mais Kin ne continua pas pour l’instant. Il étudia les tissus et finit par en choisir quelques uns qui étaient assez agréables et qui lui plaisaient. Il acheta également certains que le réalisateur lui avait demandé. Ensuite il se tourna tout simplement vers l’homme qui l’avait accompagné. Le temps était venu tout simplement pour lui de partir et de revenir à l’Opérâtre. La séparation était bien soudaine, certes mais il en était ainsi.

- J’ai été ravi de vous rencontrer, Monsieur dont je ne connais même pas le nom, plaisanta l’acteur. Veuillez m’excuser mais je vais devoir vous quitter désormais. Si vous le souhaitez, passez un de ces jours me rendre visite à l’Opérâtre. Je serai enchanté de vous revoir. Nous pourrions approfondir notre discussion.

Kin inclina une dernière fois la tête pour le saluer, et partit en souriant. Lorsqu’il revint au théâtre, le réalisateur fut bien heureux de le revoir et il le gronda presque de tout le temps qu’il avait mit pour revenir.
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