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| [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] | |
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| Sujet: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 15:00 | |
| La soirée tant attendue était arrivée, pour nos concitoyens d'Ishtar mais aussi pour un certain Lion de Talaar. Un homme d'une trempe inégalée.. mais rejeté, par la douce mais non moins dangereuse renarde Hinode Chihiro. Il attendait qu'on lui transmettre le signe d'entrer. Si Hinode Kaito savait que même sans ticket, un Sénateur ne serait en aucun cas refusé à pareille fête, jamais il ne le lui aurait remis pareille invitation. Les traditions voulaient que l'on suive certaines règles.. mais personne, Personne ne défiait un Sénateur surtout lorsqu'il était agé, expérimenté et .. séduisant. Toujours est-il que Gabriel Noctis de Silantis s'était prêté au jeu de l'ainé des Hinode, et n'avait pas fini de surprendre pour ce soir. En effet, il prévoyait mille et un plans que rien ni personne ne saurait tous contrecarrer. Après tout, il était tacticien, traqueur et s'était informé sur certaines personnalités de la soirée. Comme tout bon chasseur, il ne faisait aucune exception des principes de Gabriel. Lorsqu'il pénétra le domaine, accompagné d'une femme à l'air absente, il fut accueilli par les cordes du shamisen, surenchérit par une poignée de notes agréables et apaisantes. Dans son avancée languide, il effleura le monde sans se faire voir. A son bras pendait une noble très âgée qui avait été délaissée par son bien regrettable compagnon. Dans un élan de galanterie, Gabriel s'était porté volontaire pour devenir son partenaire du soir. Inutile de dire que l'attirance commune était … à son apogée négative. Le regard malin de l'Oméga embrassait le visage de l'hypocrisie : un tableau de fourbes aux allures de paon bien dressés, ou quelque chose comme cela. Il aimait nager au beau milieu d'une marre de faux semblants comme il imposait l'illusion à ses adversaires.. c'était un homme qu'on ne pouvait plus tromper. Il reconnut là le nom de quelques familles sans en savoir davantage. Plus intéressé par retrouver les traces de son cher oiseau d'infortune, il se pavanait comme eux tout en exécrant l'humanité. Ce n'était pas parce qu'il aimait s'amuser parmi eux qu'il les portait dans son coeur. La vieille dame prit congé lorsqu'elle fut près d'un buffet, faisant appel à son appétit insatiable d'apéritifs en tout genre. Lui.. ? Il se rangea dans un coin, adossé au chambranle d'une entrée. Et non loin de lui venait de surgir la famille Hinode, un amas de noir monde en orbite elliptique autour d'elle. Gabriel conservait son calme, non loin d'eux.. en retrait. Le regard fermé, il attendait le moment propice pour s'approprier de nouveau du coeur de Chihiro. L'inclinaison de son visage, dirigé vers le bas, laissait à penser qu'il dormait, mais pour un observateur accompli, ce n'était pas difficile de percevoir dans ses traits un air pensif et attentif. Puis. La bataille prit sa forme la plus insidieuse qui soit. Suite à une pluie de reproches plus ou moins déplacées que personne ne tendait à taire, d'autres alimentaient le feu par quelques représailles bien senties, laissant la jeune femme aux prises des vautours. L'Omega soupira, perplexe. Vêtu d'un kimono blanc, surenchéri d'un beau manteau aux attaches régulières, il se mit à sourire. Un sourire narquois qui respirait un retour en force de représailles néfastes. De quel droit souillaient-ils sa dignité, même implicitement. Sa dextre toucha sa jumelle de main, dégageant les bandes carmines et soyeuses d'un ruban significatif. Il se redressa de tout son long et se planta au milieu de la voie, derrière la petite foule. Celle-ci s'écarta alors, petit à petit.. comme s'ils avaient pressenti une présence dans leur dos. Mais plus encore, le temps semblait s'arrêter. La musique laissait place au silence. La main en possession du ruban rouge fut levée en hauteur et relâcha avec douceur ce qui avait semblé pour lui comme pour Chihiro leur lien d'amour.. Et la bande virevolta dans l'air en direction de la jeune femme, qui croisa enfin le regard améthyste d'un être qu'elle ne pensait pas voir en ces lieux. L'objet délicat trouva alors place dans les frêles mains de sa bien-aimée. Cet instant de pureté où rien ne semblait déranger l'apparition fantomatique de Gabriel était nourrie par leur échange muet, où leurs prunelles se mélangeaient pour sceller un mystère très puissant et incompris des gens alentours. Qui ne crut comprendre qu'il s'agissait en réalité.. d'une illusion, d'un rêve... Probablement de ce que rêvait de voir Chihiro. Gabriel était toujours adossé, les répliques fusèrent dans tous les sens mais.. il avait capté Chihiro .. Le ruban se trouvait bel et bien dans les mains larges de l'homme. Au final, il conserva sa nonchalance coutumière, bras croisés, avant de trouver le moyen de s'immiscer dans la discussion : - Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un criminel recherché par l'Empire d'Ishtar puisqu'il fait parti membre intègre de celui-ci. Après.. allez savoir s'il l'a violentée ou non, je sais qu'elle a pris son pied.Et l'assemblée se tut. Évidemment les visages se tournèrent dans un même élan vers la voix grave qui s'était élevée et semblait en savoir assez sur ces pions ridicules. Le poing de Gabriel se serra, geste anodin qui permit de canaliser sa propre colère. Après avoir capté toute l'attention des vilains vautours, il reprit naturellement.. sans daigner se présenter : - Monsieur Soji, auriez-vous l'amabilité d'appuyer cette vérité.. Mais vous portez bien une culotte à petits pois.. ? C''est la mode chez les gentleman ou.. l'indignation commença à faire son effet. L'homme que Hinode Chihiro a côtoyé dans son lit est plus séduisant que tous les hommes réunis ici, et, si je puis me permettre.. je crois même que Mme Hameur peut le confirmer.Sans piper mot, la concernée sentit subitement le poids de mille regard la percer de tout part, éveillant ainsi la curiosité des commères. Mais Gabriel n'en avait pas fini avec ça. - ..Je-je ne vois pas de quoi vous parlez, se défendit la jeune âgée de 36 ans, blonde, cherchant tant bien que mal à trouver des similitudes entre celui de l'inconnu et ceux des divers visages masculins de son passé. Alors l'homme qui venait de troubler le royaume des médisances, se rapprocha d'elle dans une démarche calme et assurée. La rougeur que prirent ses joues confirma finalement ses propos indécents : - Vous n'aviez pas partagé ce charmant secret avec votre mari ? Il est vrai que l'adultère est un crime. Mais une nécessité dans ce bas monde.Gabriel n'était ni un coureur de jupon, ni un séducteur. Cette aventure entre eux n'avait d'ailleurs jamais eu lieu entre eux. Il bluffait simplement tout le monde. ..Flâner près des groupes de mégères avait son lot de surprises et de révélations insolites ! Connaître le petit secret de telle ou telle personne, savoir son nom. Il suffisait désormais plus que d'un soupçon de charme pour que la jeune femme ne puisse émettre d'avis sur la question. Peut-être avait-elle réellement couché avec lui.. dans une hallucination ? Le sourire narquois qu'il dessina suffit à satisfaire son entourage. Il se rapprocha d'autant plus de la seule fleur incorruptible avant de glisser un bras autour de sa taille. Sans plus un regard, il se retourna pour faire front aux nobliaux. Et c'est alors que les chuchotis emplirent la salle. « Qui est-ce ? … » se penchait un jeune homme blond aux boucles dorées et aux lunettes rondes. Son interlocuteur, bien plus âgé, le fusilla presque du regard « Tu ne sais pas qui c'est ?! Bon dieu, il faut tout apprendre aux jeunes ! Il s'agit du Sénateur de Talaar, censé être à des lieux d'ici. C'est à ne plus rien comprendre ! » « Un Sénateur.. ? Quoi de plus normal. Mais.. mais alors.. ce serait lui le père ? » Après un haussement d'épaule en guise de réponse, le plus jeune chuchota à l'oreille de son autre voisin pour répandre la nouvelle. Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'on sut qui il était. - Le prochain qui prend la parole pour humilier celle qui porte mon enfant en subira les conséquences, et des lourdes. … Je suis l'Oméga, le Lion de Talaar, et Sénateur de surcroit, Gabriel Noctis de Silantis. Et sachez que le pouvoir est à ma portée. Non à la vôtre.. Si vous voulez connaître les détails de nos nuits passionnées, je vous écoute. Je me ferai une joie de tout vous raconter, acheva-t-il sa présentation tout en sourire. Inutile de dire qu'il mentait sur certains points.. et que le pouvoir, il ne le possédait pas encore. |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 15:01 | |
| Loin de tout, perdue dans un tourbillon de méchanceté, de moqueries et de cruauté... Elle perdait peu à peu pied et luttait pour conserver le peu de dignité qu’il lui restait... Car si elle la perdait, il ne ferait aucun doute qu’elle s’effondrerait au milieu des vils vautours, n’attendant que sa chute pour se mettre à table... et avoir enfin le ‘coup de théâtre’ qu’ils désiraient. Les ragots alimenteraient alors non seulement la noblesse d’Ishtar et de Talaar, mais aussi le peuple... Celui-ci détestant en majorité la haute bourgeoisie, il ne ferait aucun doute que ces rumeurs signeraient la définitive chute de la famille Hinode. Cette simple pensée faisait vaciller la jeune femme, craignant plus que tout – ou presque - de déshonorer son entourage... alors qu’elle avait tant fait pour eux... Elle était devenue aristocrate, le préservant ainsi de la honte et de la pauvreté, elle avait combattu pour eux, servit l'Empire, la Cour... elle avait assisté à leurs longues réunions tardives... Qui aurait pu croire que c’est tout ce dévouement qui l’avait conduit jusqu’ici... ? Qu’à la fin d’un de ses rassemblements, elle se serait retourné, imprudente mais méfiante, et que ses prunelles couleur cerise croiserait le regard moqueur et amusé de l’Omega... celui qui causerait non seulement sa perte mais aussi son bonheur. Emportée dans un tourbillon d’émotions plus violentes les unes que les autres, l’amour avait finit par naître dans son cœur endurci par les épreuves qu’elle avait enduré... et s’y était ancré pour toujours. Même après la séparation qu’elle leur avait imposée à tout deux, même après l’avoir brutalement éloigné d’elle, même si la tristesse et le ressentiment brûlaient encore tout doucement dans son âme... Même maintenant, une seule présence aurait pu lui apporter réconfort et protection... Soudainement, elle entendit un bruissement sur le côté... comme si les gens s’écartaient de chaque côté, et que leurs costumes, robes et kimonos glissaient sur le sol tout doucement... Les musiciens commencèrent à effectuer un diminuendo... la mélodie s’atténua tout doucement et bientôt, le seul bruit que l’on entendait dans la salle, était le souffle de deux êtres... Le temps semblait s’être arrêté, le cœur de la jeune femme battait à toute allure. Enfin, au milieu de l’allée qu’elle et sa famille avait emprunté il y a peu... elle le vit. Son regard croisa le sien, une nouvelle fois... Et une nouvelle fois, elle se retrouva captivée par ces deux iris couleur lilas, incapable de bouger et de s’en détacher, comme si souvent... Un éclat rouge passa devant ses yeux... Un papillon écarlate se posa alors entre les mains de la jeune femme sans qu’elle ne sache comment... Il se coucha, glissant entre des doigts fins et délicats, tremblant légèrement... puis, le bel insecte reprit sa forme première... Et Chihiro sentit son cœur se fendre légèrement... Ce n’était qu’une ébréchure, mais lorsqu’elle reconnut le ruban rouge qui les avait réunis lors de leur seconde nuit... Il semblait bien que l’amour renaissait doucement – ou plutôt, sortait timidement de sa cachette – et qu’il commençait activement son ouvrage... Bientôt, il se débrouillerait pour que sa victime retombe dans ses filets de soie, et ce, pour toujours... Puis, alors qu’elle ouvrait la bouche pour appeler son amant, croyant son vœu secret réalisé, soulagée et éperdue de reconnaissance dans un premier temps, que sa jambe amorçait un pas vers lui... la musique reprit, le cercle des vicieux invités se referma, les rires moqueurs et les plaisanteries de mauvais goût reprirent. La jeune femme cligna des yeux, croyant devenir folle.... ses doux sentiments s’estompaient peu à peu... Et, lorsqu’une voix grave et puissante résonna dans la salle, reconnaissable entre mille, elle sut que ce qu’elle avait vu n’était qu’une illusion... mais orchestrée par un être de chair et de sang... Gabriel... l’unique être ayant le pouvoir de la sauver comme il avait celui de... la perdre. Mais Chihiro refusait de croire à une telle perfidie de sa part... même lorsqu’il prononça ses premières phrases, quelque peu déplacées et qui lui aurait valu un regard très noir de la concernée dans d’autres circonstances, le ruban de soie qu’il tenait dans sa paume droite, l’empêcha de se méfier... Et pourtant... il aurait eut tant de raisons pour se venger d’elle... Les paroles qu’il laissa échapper eurent au moins le mérite de faire silence aux côtés de la jeune femme, et pour cela, déjà, elle lui aurait été reconnaissante. Elle haïssait le bruit. Un frisson passa dans son dos lorsqu’elle vit que celui qu’elle dévorait des yeux serrait le poing, et elle se détourna soudainement de lui, fuyant son regard... Qui sait ce qu’il avait l’intention de faire finalement... Elle ne voulait voir la haine qui lui était vraisemblablement destinée dans ces yeux améthyste et ses muscles se crispèrent alors que la peur s’insinuait encore plus profondément en elle. L’enfant avait presque envie de se boucher les oreilles pour ne pas entendre les reproches à demi voilées qu’il lui adresserait sûrement... comme les autres... Pourquoi... était-elle aussi faible... ? Mais... son erreur fut bien vite comprise... Elle ne tourna plus le regard vers lui durant tout le temps que dura l’Humiliation... mais tous les pores de sa peau, tous ses sens, ses pensées même étaient tournés vers lui... Son visage restait à peu près impassible, mais l'Ombre seule sait à quel point la tempête des ressentis grondaient à l’intérieur de l’ancienne commandante. Entre rires et larmes devant le comportement condescendant, moqueur et inoubliable de son amant, entre amour et haine devant celui-ci, elle hésitait quant au comportement à adopter. Pour l’instant Gabriel occupait les charognards mais... que ferait-elle ensuite... ? Hinode Kaito Non loin de là, un autre personnage ne perdait pas une miette de la scène. Satisfait au possible, il se retenait de ricaner sadiquement devant la raclée que Silantis donnait à ces nobles de pacotille, imbus d’eux-mêmes, cruels et pathétiques. Certes, il n’apprécia pas beaucoup les remarques concernant les ébats des deux tourtereaux – comme il avait déprécié celle de l’après midi de la veille - mais il dut bien avouer que le Sénateur avait le chic pour tourner une situation délicate à son avantage... En fait, il avait eu raison de l’inviter.... ça donnait un peu de piment à la fête. Et il protégeait Chihiro en plus... d’une pierre... trois coups puisqu’il espérait bien que l’Omega saurait reconquérir la jeune femme avant la fin de cette soirée... Il sourit discrètement, se retourna vers ses interlocuteurs auxquels il jeta un regard un peu méprisant avant de reprendre la discussion... *** Lorsque l’identité du père fut connue, la seule réaction de Kaito face aux innombrables questions que lui posaient les invités fut un sourire goguenard et mystérieux... suivi d’une simple phrase : « Vous l’avez entendu : si vous voulez savoir quelque chose... allez lui demander vous-même. »Hinode Chihiro Les questions se bousculaient encore dans l’esprit de la jeune femme, lorsqu’elle vit, du coin de l’œil, Gabriel s’approcher d’elle. Elle le supplia du regard de la laisser... qu’il lui laisse encore un peu de temps pour prendre sa décision... mettre en place un mécanisme de défense, n’importe quoi qui lui permettrait de... rejeter cet amour déraisonnable qui s’acharnait à réapparaître quand bon lui semblait, à chaque apparition de l’Omega... Elle avait toujours peur... Peur de se remettre à aimer... alors qu’elle aimait déjà à la folie pure... Peur de se laisser soumettre et protéger alors qu’elle était maintenant à sa merci... Peur d’être aimée tout simplement... peur de tout ce que cela pourrait engendrer : la jalousie, la douleur d’une perte, le banal du quotidien qui ferait que leur lien s’effilocherait peu à peu... Tant de chose qu’elle voulait fuir en implorant son sauveur et bourreau de ne pas s’approcher d’elle... Mais a-t-on déjà vu un lion fuir devant une proie qui n’attend au fond d’elle-même, sans se l’avouer, qu’à être dévorée ? Le bras musclé finit par prendre par la taille et la moitié de son corps vint doucement s’appuyer contre celui de Gabriel. Le kimono rouge qu’elle portait vint bruisser doucement contre le tissu immaculé de l’autre, puis, lentement la chaleur passa à travers le textile, et elle eut l’impression de frémir en même temps que lui, ayant l’illusion de sa peau caressant la sienne. Tous ses sens étaient éveillés, exacerbés par un contact qu’elle semblait avoir oublié. L’odeur douce et chaude de l’Omega la mis en confiance, le bras autour de sa taille la réconforta, sa simple présence la rassurait... Mais elle ne fit rien... elle ne bougea pas... Incapable de s’approcher de lui pour le remercier et de lui faire comprendre qu’elle... l’aimait toujours ? Alors qu’elle-même refusait d’y croire, par lâcheté ? Cependant, elle ne le repoussa pas, de peur de perdre une confiance qu’elle venait tout juste de reprendre... Elle inspira longuement, tentant de calmer les battements de son cœur qui faisaient bourdonner ses oreilles... Des frissons la parcoururent lorsque le Sénateur se présenta enfin et elle se retint pour ne pas se coller un peu plus contre lui... comme elle le faisait étant enfant, se cachant derrière le dos de son frère ou de son père pour échapper aux regards curieux des invités lors des réceptions que l’on donnait autrefois à Talaar... Mais elle s’en empêcha... alors que son cœur lui hurlait de le faire, de montrer à tous combien ils s’aimaient... Les chuchotements se multipliaient, la rumeur s’amplifiait, mais la jeune femme ne disait rien. Toujours rien... Lentement, le cercle se défit, les invités se reformèrent en petits groupes, désertant le couple improbable, en chuchotant et leur lançant des regards en coin. Apparemment, Silantis avait eu l’effet escompté : personne n’osait plus les approcher et préférait se rabattre sur les autres membres de la famille qui se retrouvèrent assaillis par les curieux. Finalement, voyant les charognards s’éloigner, elle se dégagea lentement de l’étreinte dans laquelle elle avait été emprisonnée, cessant doucement de trembler et de frissonner. De nouvelles rumeurs passèrent entre les rangs des invités, mais ténue, discrète ; elle se contenta de leur lancer un regard froid et coupant qui fit détourner la tête à plus d’un. Toujours silencieuse, elle s’éloigna, sans se presser... une invitation à la suivre. La jeune femme se dirigea, sous le regard indiscret de la multitude, vers le balcon, déserté. Elle voulait parler à son amant, seule... pas la peine de témoins en plus. Chihiro marchait, la tête légèrement baissée, évitant les regards de tous, cherchant à reprendre ses esprits, bridant soigneusement ses sentiments, les empêchant de prendre trop d’ampleur. Ses cheveux bruns, relâchés sur son dos, soustrayait sa nuque gracile au regard de l’Omega mais elle avait l’impression d’être traversée de part en part... Les regards inquiets de sa famille la suivirent mais elle se contenta d’un simple signe de tête adressé à son arrière grand-père qui lui répondit de la même manière et qui se détourna, dissimulant avec peine le sourire sur ses lèvres... Avec un peu de chance, pensait-il, cette soirée serait celle de la réconciliation et du pardon... Enfin, ils parvinrent à l’extérieur... Il faisait un peu froid, en plein mois de février ce n’était pas rare... La jeune femme frissonna et resserra les pans du haori noir qu’elle portait, se retenant de ne pas frotter ses mains l’une contre l’autre pour les réchauffer. Enfin, elle daigna retourner son regard vers Gabriel. Elle eut un coup au cœur en le voyant de nouveau... même la semi obscurité n’arrivait pas diminuer l’impression de puissance et de beauté conjuguées qu’il dégageait. L’héritière déglutit péniblement, se contentant de le regarder pour l’instant... Non, non et non... elle refusait de retomber sous sa coupe, elle refusait de le mettre une fois de plus en danger, elle ne voulait plus jamais souffrir en étant séparée de lui. Elle voulut donc rejouer la même scène qu’il y a deux semaines... ce qui fut une grave erreur... Elle ne pouvait même plus mentir maintenant, et s’y acharnait bêtement, sans réussir à paraître convaincante. Ses lèvres rouges s’entrouvrirent pour laisser échapper une voix que l’appréhension rendait un peu plus aigüe. « Tu... comment oses-tu te présenter... ici ? Tu es complètement fou !? Je croyais t’avoir dit... non, t’avoir fait comprendre que je ne voulais plus te voir ! Je pensais que tu avais compris ! Et tu oses... tu te permets de te présenter ici, t’imposer et te... pavaner ! Comme si tu en avais le droit !! »Elle criait désormais... elle aurait dû s’arrêter là et partir... avant de se perdre toute seule, sans qu’il n’ait presque rien à faire. Car les phrases suivantes étaient prononcées avec un tel désespoir, une telle tristesse... elles manquaient tellement de conviction – même Chihiro s’en rendait compte et elle criait pour simuler une colère qui n’avait pas lieu d’être – que personne ne pouvait s’y laisser prendre... L’amour avait déjà triomphé mais la pauvre enfant s’obstinait à le refuser, à admettre ce qui était à la fois sa défaite et sa victoire... « Tu crois peut-être m’avoir aidé mais c’est faux ! Que croyais-tu en te rendant ici ?! Tu es le pire d’entre eux ! Je ne t’ai... je te déteste ! Je te déteste !! Va-t’en d’ici ! »Sa voix tremblait, vacillait et même si les mots étaient cruels, c’était elle qui semblait blessée et pathétique en cet instant. Des tremblements fébriles agitaient tous ses membres et elle avait du mal à ne pas s’effondrer... Elle était si différente qu’il y a quinze jours... on ne pouvait lire en elle qu’un espèce de désespoir... ce n’était qu’un acte désespéré pour rejeter l’inéluctable. Un simple geste, quelques simples mots suffiraient à la libérer de son carcan d'orgueil et de peur. |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 15:10 | |
| Le silence apparut un long moment, où des chuchotis prirent place petit à petit dans la pièce. Une ambiance lugubre venait de s'installer en même temps qu'un certain homme. L'Oméga Sénateur. L'Oméga.. la fin de tout. La début de la fin, une boucle définitivement fermée. Au lieu d'amener les représailles, d'entamer ou d'engendrer de nouveaux combats, il y mettait fin, promptement et simplement, sans se demander pourquoi il jouait si bien et à merveille le rôle de l'Oméga. Sénateur ? Parce qu'il était à la tête d'un monde pour le représenter et qu'à lui tout seul, il était capable de tous les gouverner.. mais ce n'était pas là l'intention de cet homme de pouvoir et au pouvoir, apte à fermer d'un tour de main le bec de ces vautours affamés d'anecdotes et de ragots croustillants. D'un seul bras, puissant et ferme, il retenait contre lui une petite oiselle non pas innocente et naïve, mais tout à son étonnement, perdue dans ses méditations. Et il sentait l'appuie de son regard carmin sur lui, mis à nu par .. ce simple toucher visuel. Elle ne l'avait pas encore remercié, et n'avait d'ailleurs prononcé de mots, s'enlisant ainsi dans un mutisme qui devint plus ou moins maladif. Oh non, pas pour les commères et nobles qui s'étaient détachés pour se regrouper plus loin, dans l'optique certaine de converser sur l'intrusion inopinée – ou indésirable – d'un Sénateur arrogant, futur père de famille qui plus est. Mais Chihiro et Gabriel ne parvinrent pas à former un mot, muant ainsi la jeune femme dans un souple mouvement à se mouvoir tout en lâchant son ancien amant. Il lui emboita le pas sans aucune gêne, comme dans un commun accord, destinant ainsi ses pas à la même enseigne que ceux de Chihiro. Il ne manqua pas de lancer un regard au Grand père qui s'était d'ores et déjà retourné. Mais la naissance éphémère de ce sourire entendu le rendit mi figue mi raisin. Complice avec ce vieil homme acariâtre et ascétique, il n'en demeurait pas moins un homme à qui il ne donnerait jamais sa confiance. Probablement parce que tous les deux tenaient trop à Chihiro et que leurs idées allèrent bien souvent en contrastant. Raison pour laquelle l'autre soir Gabriel était tombé sur les roses en voyant un Hinode Kaito le mener droit vers le chemin menant à sa petite fille. Ses yeux s'étrécirent un clair instant, comme soupçonneux d'y trouver là quelques réponses à ses réflexions moribondes mais rien ne vint, sinon la brise légère d'un extérieur vers lequel il était happé. Quand ils parvinrent au balcon, leurs yeux se croisèrent un court instant, ne se privant en aucune manière de profiter de la beauté singulière et cotonneuse de Chihiro. Son teint de peau était semblable au velours, un épiderme à la douceur de crème, couronné par des cheveux d'un noir d'ébène scintillant sous les faibles rayons de la lune. Elle semblait d'ailleurs prendre tout doucement son apogée, soufflant avec un léger balancement sa fraicheur sur les êtres qui s'aventuraient en dehors du Manoir de Tchi. Les deux orbes brillants se voilèrent de paupières, l'un baissant le chef dans un geste de retrait, l'une..préférant mettre fin à son embrassade visuelle qui rehaussait l'orgueil et l'ego insoutenable de Gabriel, dont le charme incontestable arrachait fort souvent des sourires timides aux jeunes filles.. ou des couleurs aux petites réservées. Ou encore un coup d'éventail agité frénétiquement d'une courtisane dans l'optique de répondre à ce gage physique face auquel personne ne résistait. Il était d'autant plus inaccessible lorsqu'il fumait, accaparé par sa cigarette et les dires de Raziel, son fidèle camarade de rixe, son frère de coeur. Au final, il n'avait pas à repenser à ce qu'il représentait, sauf s'il voulait plonger, se déconcentrer et perdre finalement la bataille contre son jeune amour. Les mots fusèrent, quittant cette cage sanglante qu'était le cœur de la renarde, des mots qui n'avaient plus de sens quand il était là, près d'elle.. et surtout, pour elle. Partir, pas de droit, revenir.. n'avait-elle donc pas compris que leur amour perdu n'avait pas de prix ? Et qu'elle avait besoin de lui? Si celle-ci avait tenté tant bien que mal à imposer cette rupture, lui allait tout faire pour lui ouvrir les yeux sur ses réels sentiments. Bien-sûr qu'il l'avait abandonné, et lâchement même.. mais de là à tourner une page sur une autre encore trop fraiche et loin d'être finie.. relevait de l'idiotie. Voilà.. aux yeux du Sénateur, Chihiro était à ce jour idiote. Une belle idiote, une jolie idiote, avec un mental préparé pour le combat, la traque et la tactique mais pas pour les situations tel que l'amour. Tu étais mon idiote à moi. Mon.. à moi. La jeune femme qu'il regardait non sans hauteur, gardait jalousement la parole pour elle, et en parfait et galant gentleman qu'il était, laissa son interlocutrice s'exprimer véhémentement, prenant bon gré mal gré ce qu'elle avait à lui dire pour des propos sans valeur. Elle s'était discréditée dès lors où son grand Père s'était rapproché de lui, ce jour là, pour le convier à cette soirée. Dès lors où elle n'arrivait pas à le regarder droit dans les yeux pour soutenir cette vérité à laquelle elle tendait à croire plus que tout. Gabriel, de son côté, hésitait avec peine à ne pas sombrer de nouveau dans ses faiblesses, comme celle de pleurer silencieusement sous le flots de l'amertume de Chihiro. Aussi digne et fier que le Lion de Talaar, il demeurait inébranlable, impavide et imperturbable, pour le seul profit de leur amour et non d'une risible séparation qu'il acceptait de moins en moins. Il se remémora brièvement les paroles acérées qu'elle lui avait portée quelques secondes avant, dont l'unique objectif avait été de le blesser, de le chasser, de l'anéantir peut-être. Mais.. l'indifférence était pire que la haine. Elle lui démontrait maladroitement combien elle ne lui était pas indifférente et combien elle souffrait de sa présence. Ce n'était certes pas ce dont il avait rêvé en venant ici, mais il préférait mille fois quelques paroles bien mordantes qu'un regard insensible où ne trône qu'une neutralité déconcertante. L'amour ainsi que la haine régnaient dans leur coeur et le désir, n'était pas non plus sans effet. Il la dépassait d'une tête mais ne se sentirait grand que lorsqu'elle lui sourirait de nouveau, pour le seul bonheur de l'homme. - Si je m'attendais à ce genre de remerciement.. se moqua-t-il, l'air faussement peiné alors que son regard se pimenta d'une faible lueur de malice. Son corps se mut de manière à se retrouver face à elle, déclinant à peine du chef pour mieux plonger son regard améthyste dans celui rougeoyant de sa compagne. Un sourire, fin, léger, s'épanouit sur ses lèvres retroussées et ses mains se posèrent avec délicatesse sur les deux épaules menues de son oiselle. Dans une position telle que celle-ci, il l'emprisonnait avec beaucoup d'élégance et peu d'oppression. Mais il n'était jamais certain de l'effet qu'avaient ses gestes et ses paroles depuis qu'elle l'avait quitté. Probablement qu'en partant avec son coeur, elle était partie avec sa confiance aussi. Peu importait du moment qu'elle entende ce qu'il avait à dire.. dont les prochains propos furent murmurés sur un ton grave, doux et un brin mélodieux : - Le monde entier désormais saura que nous sommes liés par notre enfant. Dis moi.. il pencha de la tête, un signe qui ne présageait rien de bon chez Gabriel, .. tu comptais garder l'enfant rien que pour toi ? En m'évinçant... ma petite sotte ? Aussi impitoyable que mortifié, l'on pouvait dissocier de très loin les deux êtres, et s'apercevoir que, décidément, ils ne jouaient pas dans la même cour. Après tout, il était capable du pire comme du meilleur, et elle, avait déjà épuisé son stock de vilenies. Si tant est qu'elle en soit capable, il se souvint que deux semaines plutôt, il avait reçu un coup de poignard dans le coeur sans vraiment réagir et n'avait par ailleurs su rien y faire. Elle avait mené la danse avec brio, et avait même réussi à le planter là, en proie à l'affliction sur une plaine ensoleillée. Dès lors, il avait imaginé impossible de vivre sans elle mais avait tenté par tous les moyens de l'oublier. De nouvelles rencontres.. de nouveaux complots, de nouveaux meurtres, de nouvelles missions, de nouveaux flirts.. les femmes ne manquaient pas de sauter dans les bras chaleureux d'un tel homme, Chihiro elle-même en avait conscience. Mais dieu seul sait que rien n'avait joué en sa faveur, obsédé plutôt par des retrouvailles sensuelles et amoureuses avec celle qui portait son enfant. La seule femme.. Qu'il aimait, dans ce monde. Ses larges mains recouvrirent un peu plus les épaules de la jeune femme pendant un certain moment sans qu'une moindre parole ne quitte ses lèvres à peine entrouvertes. Le passé.. les souvenirs, les reminiscences, ressurgirent subitement en lui et dans sa déconcentration, il en venait à laisser glisser ses mains sur elle avant de finir sur sa taille fine. - Tu es si belle.Et tu finiras par admettre que tu es à moi. Il aurait aimé ne pas avoir à parler, à ne pas lui répondre, et à poser une main sage sur son petit minous pour ensevelir ses mémoires loin dans un tombeau .. pour qu'elle oublie tout.. sauf son amour pour lui. Seulement, la vérité était que la douleur flottait encore autour d'eux, et qu'elle devait probablement attendre quelque chose de lui sans qu'il ne sache réellement quoi. Alors.. il tenta quelque chose. De simple.. basique mais de terriblement efficace. Il ne se permettrait pas de perdre, une fois encore. Il était le Lion de Talaar et rien ni personne n'aurait dû le faire chanceler comme elle y était arrivée, il y a deux semaines de cela. Son bras droit l'enlaça soudainement à la taille avec fermeté, geste qui permit de plaquer leur deux corps l'un contre l'autre. Et sans lui laisser le temps de répliquer, il écrasa, ô cruellement, ses lèvres sur les plus douces de Chihiro. Un baiser forcé, secret, un baiser sucré, salé. Un baiser qui eut le mérite, à lui seul, de donner le vertige à un homme pourtant inébranlable. Et sans comprendre comment, son coeur s'était remis en marche et à frapper frénétiquement sa cage thoracique. |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 15:31 | |
| Pourquoi était-elle...ici... Comment avait-elle pu échouer jusqu’à cette terrasse de marbre, éclairée par une lune pâle. Comment elle, Hinode Chihiro, était-elle parvenue jusqu’à cet endroit, lieu de sa lente déchéance.... ? Comment... ? Pourquoi... ? Voilà les deux questions qui revenaient les plus souvent dans son esprit torturé, mis à l’épreuve de cruelle façon, par un homme dont le but restait vague... Et cet homme, devant elle, ne disait toujours rien, semblant insensible face au flot de fiels et de méchancetés qu’elle avait déversé sur lui un peu plus tôt... Cette indifférence ne fit que redoubler la rage et la colère de Chihiro... mais aussi son désespoir, son impuissance et sa faiblesse... Pourquoi ne partait-il pas ? Comment pouvait-il être aussi... hautain ? Car elle voyait bien que l’Omega, loin d’être décontenancé par cet accueil peu chaleureux il est vrai, la regardait de haut, inébranlable... Il l’écrasait presque de son regard indigo, impitoyable... Elle se sentait cernée, telle une petite proie inexpérimentée, désarmée, dépouillée des mots et de sa liberté d’action. Elle tremblait même, essayant de soutenir les deux prunelles d’un violet pur et vif qui coupait le souffle, mais, inévitablement, son regard fuyait le sien... Elle était incapable de l’observer sans éprouver un sentiment profond de remord et... de peur... Car, elle le savait, si elle s’oubliait dans ces yeux-là, jamais plus elle ne pourrait s’en détacher... Lorsque ses premiers mots moqueurs résonnèrent dans un silence qui devenait lourd, elle frissonna, effrayée d’un seul coup, perdant peu à peu de vue le sentiment de rancœur et surtout les raisons de sa colère...
Sans qu’il ait besoin d’afficher ouvertement sa peine, le regret s’infiltrait lentement dans le cœur de la jeune femme... N’avait-elle pas été trop dure... ? Le rejeter de façon aussi violente était-elle une bonne solution ? Alors qu’il venait de la sauver d’une humiliation complète et publique... ? Lui devait-elle un semblant de reconnaissance ? Etait-ce elle ou...l’aimait-elle encore ? A peine cette pensée lui effleura-t-elle l’esprit, qu’elle la rejeta, aussi loin qu’elle le put. Encore une fois, elle se retrouvait victime d’un conflit intérieur, un conflit que se menaient les deux parties séparées de son cœur... L’une pleine d’une rage inutile, meurtrière, animée par un sentiment de douleur et de vengeance envers l’homme qui avait osé l’abandonner sans lui dire un mot... il l’avait fait souffrir, par son absence, pendant tout un equinoxe... Une souffrance continuelle... L’autre parti, empli de reconnaissance, de tendresse, et de bien d’autres beaux et louables sentiments encore, animée par l’Amour et l’adoration... et Gabriel lui-même, sauraient-ils lui faire oublier cette terrible épreuve... ? En tout cas, pour le moment, le Prince des Illusions préférait l’attaque à la défense... et sans doute avait-il raison... Il ne lui laissait aucun répit, empêchant la jeune femme de trouver d’autres reproches – plus ou moins valables – qu’elle pourrait lui faire pour justifier ce rejet et cette haine...
A peine avait-il terminé sa petite phrase ironique, d’un ton qui fit naître un frisson dans le dos de sa petite adversaire, qu’il s’approcha lentement d’elle. Elle, qui recula d’un pas, effrayée, avant d’être gentiment happée par les épaules... Le contact des mains calleuses et chaudes de l’Omega se faisait même sentir sous le tissu, et elle surprit à rougir... D’un côté, elle voulait qu’il enlève ces mains traîtresses d’ici, mais de l’autre, elle désirait... que ces dernières glissent délicatement sur son corps, en une douce caresse, puis qu’elles l’attirent contre leur maître, et... Elle chassa toute cette attirance et ce rêve irréalisable, mais ne se dégagea pas non plus... Elle restait totalement immobile. Les deux petites phrases qui quittèrent les lèvres de son ancien amant la déstabilisèrent, elle se sentit doucement vaciller... Avait-elle vraiment eu l’intention d’écarter leur enfant de son père ? Cette affreuse idée, qu’elle aurait qualifié de méprisable, était-ce vraiment elle qui l’avait eu ? *Non... non, ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas ma faute ! Je n’ai jamais voulu...* Les pensées s’enchaînaient, s’emmêlaient... Et la proximité de leurs deux visages, le son de cette voix grave et douce qui la faisait vibrer, n’arrangeaient rien... Il était en train d’essayer de... d’insinuer le doute quant aux véritables raisons de cette nouvelle colère, de ces nouveaux mots, cruels... sots. Et il y parvenait particulièrement bien...
Et pourtant, le sentiment de vengeance s’indignait devant de telles paroles : comment osait-il ?! Il l’avait abandonné et osait la traiter de ‘sotte’ ! C’est bien là qu’on voit toute la bêtise de la haine et de la rancœur ; elles n’avaient retenu que le dernier mot de Silantis... Aussi, devant le manque d’argument de ces deux idiotes, l’Amour remporta une seconde manche... Chihiro était en train de culpabiliser, au lieu de s’insurger et de protester contre ces phrases à demi menaçantes... Elle baissa lentement des yeux, sentant la rougeur de ses joues s’accentuer... Son cœur souffrait à nouveau, mais cela était bel et bien nécessaire, s’il voulait réellement récupérer la petite renarde, Gabriel devait faire des concessions... Puisque, pendant un court instant du moins, la jeune femme crut avoir perdu l’amour qu’on semblait lui porter... Elle en éprouva un désespoir bref mais intense, et se sentait déjà choir sur le sol... Mais, cependant, après ces dures paroles, il eut le bon geste... Il raffermit sa prise sur elle... peut-être un petit geste rassurant ou affectueux, la jeune femme n’en savait trop rien... Elle gardait ses yeux rouges baissés... ses lèvres se serraient doucement et elle tentait en vain de contenir la déferlante des sentiments qui l’envahissaient à chaque mot, ou chaque geste de l’être haï mais aimé... Elle sentit les mains brûlantes de ce dernier glisser le long de ses bras, puis, sur ses côtés... pour finir au niveau de ses hanches... Elle frémit, laissa échapper un petit souffle précipité de surprise... voulant déjà échapper à cette douce étreinte qui risquait de la perdre... Et...
Sa dernière phrase finit par l’achever... « Tu es... belle. » Ces trois mots....ils signifiaient énormément pour elle... Ce n’était pas un simple compliment, une simple flatterie destinée à récupérer un cœur égaré... C’était une multitude de souvenirs tous plus agréables les uns que les autres. C’était la phrase qui, pour elle, équivalait à une déclaration d’amour il y a quelques temps... Et c’était la seule fois, où l’admiration d’un homme à l’égard de sa beauté tiède, douce et pâle avait su la toucher... Troublée, elle releva ses deux prunelles rouges sang vers celles, tout aussi brillantes que les siennes de son amour... En même temps qu’elle commit cette douce petite erreur, le bras dur et puissant du lion brun passa autour de sa taille... Elle se retrouva plaquée durement et fermement contre lui, bien plus proche qu’il y a... plus de millions de jours. Elle ouvrit la bouche pour protester contre ce geste, contre les sensations de plaisir et de désir confondu qui l’envahissaient peu à peu... Et ses lèvres furent rejointes par d’autre, plus dures mais toute aussi douces de Gabriel. Elle poussa un léger cri étouffé, infiniment surprise, trop choquée pour réagir... C’était... comme la première fois... La première fois où il l’avait attiré à lui pour l’embrasser avec emportement, cette nuit où leur désir mutuel les avait menés bien au-delà des cieux... Presque comme cette première fois... Car cette fois-ci, ils étaient bien plus touchés, bien plus vulnérables et plus sensibles à ce contact...
Au début, elle chercha à se débattre, à se soustraire à cette étreinte forcée, au goût amer de l’amertume et de la douleur, que cherchait à remplacer le goût doux, sucré, mielleux de l’amour et de la tendresse... Elle gémit, posa ses mains sur son torse pour qu’il la lâche, pour qu’il se sépare d’elle... Ses lèvres voulurent s’éloigner des autres, plus avides. Peine perdue. Et, pis encore, plus le temps passait, plus elle perdait de sa volonté... plus elle se laissait aller au doux abandon qu’il lui procurait par ce baiser. Elle finit par arrêter de gigoter, au bout de quelques dizaines de secondes, épuisée et complètement vidée par une résistance inutile. Seule sa bouche cherchait à échapper à sa consœur, et encore... c’était presque sans envie, sans efforts notables. Elle poussa un long gémissement de bête blessée, sentant tout son ressentiment disparaître, noyé sous une vague de tendresse qui détruisait les murailles infranchissables qui barraient jusqu’ici la route de Gabriel, l’empêchant de reprendre la petite perle sacrée qu’il lui appartenait... A savoir, le cœur de Chihiro. Il l’effleura inconsciemment de nouveau... Le petit bijou, abîmé, tout tremblant, se rétracta... La jeune femme sentit la douleur l’envahir de nouveau. Elle savait ce qu’il allait faire... elle savait qu’elle allait perdre cette toute petite perle nacrée encore une fois, que ce serait lui qui pourrait le contrôler à sa guise, comme il le souhaiterait... Elle le savait... elle se mit à l’implorer, perdant toute sa fierté et sa superbe, désespérée devant son impuissance, devant une déchéance qu’elle attendait et craignait depuis bien longtemps et qu’elle retardait en s’emplissant de haine et de rancune...
« A...arrête... Je t’en prie, arrête ça... »
Ce fut tout ce qu’elle put prononcer, haletante et brûlant à petit feu de l’intérieur... Il ne l’épargnerait pas... Il était trop intelligent pour laisser passer une occasion pareille de la récupérer. Cette certitude qu’elle avait finit par la faire chuter...
« Arrête.... »
Elle se sentit vaciller, puis lentement, tomber entre les bras de l’Omega... Ses lèvres avides, en manque, se plaquèrent de plus belle contre d’autres... Sa langue se décida enfin à venir glisser, s’enrouler contre celle de Gabriel, tandis que de longs soupirs quittaient la bouche rose et sucrée. Ses bras fins passèrent sur ses épaules, pour que ses deux paumes brûlantes se posent sur les deux joues lisses et sans ride de son amant. L’une de ses mains poussa même l’audace à glisser dans les longs cheveux bruns, ondulés, tièdes de celui-ci. C’était doux... Ses doigts délicats se glissèrent tendrement entre les mèches brunes, tandis que le baiser devenait de plus en plus lascif, passionné... amoureux. Chihiro prononça doucement le nom de son prince, plusieurs fois, tendre et douce... enfin. Quant à leurs deux corps, ils restaient plaqués l’un contre l’autre, cherchant une osmose parfaite... sans pouvoir l’atteindre... Sans doute que s’ils avaient été ailleurs, ils auraient un peu plus cherché à l’obtenir, malgré le ventre rond de la future maman... Mais, faute de moyens, ils continuaient de s’embrasser, plus tendrement que jamais... Pendant les longues minutes que dura leur baiser, aucune pensées noires ne vinrent troubler leurs âmes.
Si seulement toutes les bonnes choses n’avaient jamais de fin... Si seulement, ils avaient pu rester ainsi, pour l’éternité...Mais... « toutes les bonnes choses ont une fin » comme l’a dit un certain sadique qui trouvait malin d’énoncer des vérités aussi cruelles... Ils finirent par se séparer – et Chihiro aurait été bien en peine de savoir lequel des deux avaient interrompus leur moment de félicité – mais restèrent à quelques centimètres l’un de l’autre. La jeune femme frémissait, un peu rouge, refusant de regarder son bourreau en face... Elle ferma les yeux... et ne peut que remarquer l’absence de son cœur dans sa poitrine... Au sens figuré bien entendu... Son pouls était même particulièrement rapide... Mais le petit joyau, le véritable Cœur, abrité autrefois par des murs de pierres dures et insensibles, se trouvait désormais entre les mains de Gabriel... L’affolement la gagna alors, elle comprit rapidement ce qu’il venait de se passer lorsqu’elle se rendit compte qu’elle mourrait d’envie de recommencer à l’embrasser... qu’elle était de nouveau prête à faire tout pour lui... qu’elle avait perdu tout orgueil et fierté et qu’elle se serait jeté à ses pieds s’il avait demandé des excuses... Bref, qu’elle était de nouveau à la merci de l’Amour et de ses caprices... Tout cela à cause d’une simple phrase, et d’un seul baiser.
« Non... »
Elle recula, effrayée, sentant ses jambes se dérober sous elle. Et, d’un seul coup, sans prévenir, elle le dépassa sur le côté... et s’enfuit vers le salon, le plus vite possible, les joues rouges, une main plaquée sur sa bouche encore chaude et humide... Elle fuyait... elle fuyait, sans pouvoir s’échapper complètement, laissant son cœur battant à tout rompre derrière elle. Elle s’enfuyait, en proie à une sourde, subite peur, comme si elle ne connaissait plus l’Amour et ses dangers. Et, au fond d’elle-même, elle savait très bien que cela ne servirait à rien... Gabriel avait déjà gagné... |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 16:25 | |
| Elle avait cedé, au bout d'un long et interminable refus, par une étreinte chassée, par une fuite physique, avant de tolérer puis d'apprécier la chaleur de son corps, le magnétisme sensuel qu'imposait un certain Omega. Un homme fou d'amour qui n'avait jamais su exprimer ses véritables sentiments pour son très précieux joyaux. Un jour, peut-être, aurait-il le courage de lui réveler la nature véridique de ses sentiments mais, il était là, devant elle, et son seul souhait venait de se réaliser quand elle répondit avec ardeur à son baiser volé. Car, en effet, si Gabriel silantis avait accepté cette invitation fortuite et à la fois forcée, ce n'était pas pour alimenter les médisances que tout un chacun du monde aristocrate se complaisait tant à propager dans les foules, mais bel et bien pour retrouver entre ses mains un petit coeur battant qu'il avait espéré tenir, au moins une dernière fois. Et.. la jeune femme le lui avait remis non sans hésitation, mais avec délicatesse, cédant dans le vertige et le tumulte de ses émotions qu'il avait provoqué par la force de son amour inconditionnel. Ils s'aimaient, c'était une évidence aux yeux même du plus idiot des bourgeois, ou d'un aveugle sénil. Seulement, la nature de leur relation s'étant effritée, et les faits et actes du Sénateur audacieux, arrogant et marginal avait causé un certain nombre de dégats au sein même de leur histoire d'amour à laquelle il ne pouvait décemment mettre un terme, comme Chihiro s'était plue pourtant à le faire. Les lèvres toutes douces et roses de son petit oiseau avaient été données avec réticence au début pour finir nimbées dans une ferveur qui redonnait du baume au coeur de l'homme. Il en profita bien evidemment, etreignant plus possessivement le petit corps qu'il tenait entre ses bras.
En proie à l'effervescence du moment, il en venait à oublier l'entourage vivant des convives et le brouhaha environnant, oubliant ses plus douloureuses reminiscences ainsi que la récente barrière qu'avait placé d'elle-même la jeune femme pour se protéger de lui, et surtout, des griffes du chagrin. Si, bien-sûr, ce dernier avait parfaitement su qu'en feignant la mort il engendrerait de la souffrance chez certain de ses proches comme il était question de Mirranda, de Chihiro ou même d'Emma, d'Ashura, jamais l'idée que Chihiro le renie lors de son retour le lui avait traversé l'esprit, probablement fort et confiant à dessein dans ses amibitions singulièrement orchestrées. Avait-il donc pensé que leur subite séparation serait eternelle ? Un moment, assurément, il y avait cru. Jusqu'à se rendre compte qu'en folatrant avec d'autres demoiselles, plus rien n'avait d'importance excepté cette jeune Princesse héritière aussi aveuglement qu'eperduement amoureuse d'un richissime Sénateur en mal de solitude. Et pour cause... Avant elle.. qu'avait-il eu.. ? De bien rares conquêtes aux passions tièdes et fugaces...d'innombrables moments de complots et de fortunes au travers de ses missions dangereuses et vicieuses.. Une quête dont il s'était investi lors de sa rencontre avec la très jeune Mirranda Scarlet dont il avait fait d'elle son élève, son amante, son successeur. Du cynisme à foison durant ses interminables periples, lors de ses quelques soirées mondaines ou pendant son travail.. Des instants éphémères de complicité avec son seul et fidèle compagnon, Jaggerjack, récemment décédé au combat pour le salut d'une jeune femme hypocrite.
L'homme n'avait donc pas senti que l'amour pointeraint innocemment le bout de son nez un beau jour d'été sous la nuit vernale et n'avait d'ailleurs pas cherché à comprendre le besoin irrepressible de protéger son petit parangon de vertu qui dissimulait quelques faiblesses qu'il qualifiait d'irresistibles.. d'attirants. Bref, il l'aimait. Et elle.. L'aimait-elle ? Lorsqu'il laissa le voile de ses yeux se relever, il put à loisir se pâmer devant la beauté et la finesse des traits de Chihiro, du teint de porcelaine faisant contraste avec le pourpre de ses yeux, de ses lèvres.. une femme à lui donner le vertige, une enfant à lui fendre l'âme. Mais la lueur intensément émotive qui flottait dans les prunelles chatoyantes de son ancienne compagne ne le dupa pas, bien au contraire. Il y vit là la réponse à sa question qu'il s'était posée jusque là. Il avait réveillé en elle en un rien de temps et le désir, et l'amour qu'elle entretenait généreusement pour lui, mais qu'elle couvait désormais depuis des journées, par deception. Il voulut lui porter une caresse à la joue mais elle mit fin à leur baiser d'une langeur desarmante avant de plonger son regard grenat dans ses amethystes, rompant ainsi le charme de leur courte fusion. Puis, un declin du chef de sa part l'intrigua plus que nécessaire, geste lui faisant aisément comprendre combien elle devait se sentir.. decontenancée. Peut-être bien perdue, qu'en savait-il.. C'était bien la première fois qu'il s'inquiétait autant des etats d'ame d'une personne. Depuis le temps qu'il ne pensait qu'à ses ambitions ou à lui-même, il en était venu à négliger les sentiments d'autrui, de ses conquêtes ou de ses collègues, n'ayant eu que pour seul but de vivre pour sa finalité.. en la mémoire d'Alix. Mais force était d'admettre que son coeur l'avait lui-même emprisonné dans l'étau de la confusion, de l'inquiétude et de l'amour. S'il avait pu, il se serait moqué de lui-même tant il était étrange de le considérer comme un être humain émotif. Lui.. le je m'en foutiste par excellence. Alors quoi.. était-elle dépourvue de mirettes pour se rendre compte combien il était rarrissime voire exceptionnel, extraordinaire "même !" de voir l'Omega épris d'elle.. pourquoi ne le voyait-elle pas. Qu'est-ce qui clochait ? Son regard doux, intense et lascif ne lui était pas assez receptif ? Ses mains se resserrent un peu plus autour de ses bras qu'il tenait tandis qu'elle proféra un "non" qui empoigna par la puissance du refus son coeur dans un carcan de souffrance. Cependant il ne fit montre d'aucun changement expressif, adoptant plutôt un masque d'une insolente neutralité qui était de loin préférable à la colère ou à l'indignation. Bien-sûr l'indifférence était la meilleure cape pour dissimuler ses propres émotions mais il ne voulait en aucun cas s'enerver face au rejet de Chihiro, ce dont il était habitué à cotoyer en général pour avoir su persuader la jeune femme de coucher avec lui leur première fois en ne faisant preuve.. Que de sévérité et de témérité.
Le visage de son oiselle se changea bien rapidement en un masque de peur où la lueur dansante de la tristesse reposait dans son regard rubescent. Cela ne fit que renforcer la frustration constante de l'homme qui allait rétorquer de se ressaisir quand soudain, elle décida de lui echapper des mains en profitant d'un moment d'égarement de la part de Gabriel. Il fut sur l'instant indécis et penaud, se retournant quand il la suivait du regard avant que seul un mur ne lui soit receptif. Il amorça un début de marche en sa direction avant de la voir se frayer un chemin parmi les invités avant de définitivement disparaitre de son champs de vision. Dans un même mouvement, une bonne partie des têtes se retournèrent vers lui en un seul homme comme pour l'incriminer de ce tout nouveau scandale. Mais, il aurait fallu être stupide et naïf pour croire que le Marquis culpabiliserait sous le poids d'autres regards dont il n'avait que faire. Et bien plus encore, puisqu'un sucuidaire se rapprocha de lui en proclamant d'une voix forte et sur un ton de condescendance :
- Je ne sais pas ce que vous avez cherché à commettre mais comment avez vous osé ?! Le haussement de sourcil dont Gabriel le gratifia fit rougir de honte l'inconnu : - Comment j'ai osé quoi.. ? Et De quoi je me mêle d'abord? Une personne dans l'assemblée accusa ces simples dires par un "oh" de protestation alors que l'aristrocrate, puisqu'il semblait s'agir de cela, persevera dans sa manoeuvre : - Vous êtes peut-être Sénateur mais un bel incapable pour prendre soin des dames !
Cette simple remarque lui valut de recevoir une claque retentissante sur la joue. Un bon coup de poing aurait été des plus appréciables pour l'Omega qui s'était pourtant retenu de puiser dans la violence un semblant de répartie sans quoi il aurait alimenté un peu plus les journeaux éléctroniques du lendemain que tout un chacun se serait plu à lire tout en renchérissant le sujet de conversation favori des commères. A contrario, il venait de remettre à sa place l'impétueux qui avait porté sa main à sa joue tout en conservant la bouche ouverte en forme de O comme s'il venait de voir pour sa première fois un fantôme. Et ce ne fut point terminé : - Qui l'a protégé des terroristes ? Certainement pas vous. Qui a fait la guerre à l'instigateur du terrorisme pendant que vous vous cachiez sous les jupes de votre mère ? Qui est ce crétin du village qui vient se mêler de ce qu'il ne le regarde pas ? Et qui va éduquer l'enfant qu'elle porte ? - Je.. je vous dem-demande pardon ? L'assistance se détourna en un rien de temps, cherchant tant bien que mal à débuter un nouveau sujet de discussion, digérant bon gré mal gré la raclée qu'un seul homme venait de leur administrer. Comme Gabriel perdait patience, et bien qu'apte à contourner dans une arrogante dignité cet energumène sans valeur, il voulut lui coller la raclée de sa vie en réponse à ses nombreux ressentis qu'il avait refoulé depuis ses dernières années déjà, raison pour laquelle il attrapa le col papillon du jeune homme avant de dessiner sur ses lèvres un sourire aussi souriant qu'effrayant : - Tu veux peut-être que je repète, pour voir ? - Silantis ! ...
C'était la voix d'un certain vieux sénil dont la présence n'était pas plus tolérée que celle d'un tout autre ici se trouvant parmi l'assistance. Et pourtant, le Marquis lâcha le pauvre bourgeois avant de le dépasser pour retrouver l'arrière Grand Père de Chihiro, les deux hommes prenant le large en passant par la porte d'entrée. De là, Gabriel était prêt à partir.. car en effet, il comptait s'éloigner de la société comme il en avait toujours été question. Seulement, il semblait qu'Hinode Kaito souhaita lui glisser quelques mots, faisant ainsi appel à la patience du Lion.. qui se prêta aux convenances, une fois n'était pas coutume. |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 17:15 | |
| Hinode Kaito Réflexions... Cela faisait maintenant quelques temps que Chihiro avait quitté la pièce, en compagnie d’un invité, certes gênant, mais dont la présence avait été impérativement requise. Et le vieil homme restait presque immobile, au centre de la petite foule qui s’était formée tout autour de lui et qui se battait presque pour lui adresser un mot, le questionner, quémander une faveur... ou, de manière plus générale, pour l’importuner. Le doyen avait bien mieux à faire que de se soucier de cette basse-cour de prétentieux arrogants, avides et sournois qui s’enorgueillissaient d’avoir été convié à une des très rares réceptions que l’éternelle famille organisait en ces temps troublés. Il regardait d’un œil noir et froid tous ces aristocrates, sans vraiment les voir, comme s’ils eussent été un petit nuage de moucheron derrière une vitre. Et pendant que certains s’impatientaient et cherchaient à faire sortir le chef de clan de son quasi-mutisme, les questions se bousculaient dans quant à ce qu’il pouvait bien se passer quelques dizaines de mètre de là, sur le balcon où les deux silhouettes n’étaient mêmes plus visibles. Il s’inquiétait, toujours en silence, sans esquisser un seul geste alors qu’il se contenait de ne pas écarter violemment tous ces parasites pour pouvoir réfléchir à son aise quant au devenir de son arrière petite-fille - et bientôt de son arrière arrière petit... fils ou fille. Si toutes ses prévisions étaient justes, ou si plus des trois quarts étaient accomplies pendant la soirée, alors il considérerait son but comme atteint... Le destin devrait s’avérer presque radieux... Chihiro pourrait prendre la direction du Dojo dès que l’enfant pourrait se passer un petit peu de sa mère, ce dernier recevrait une éducation digne des Shinnō - ancien nom pour désigner le prince héritier. Et cette fois il veillerait à ce que cette éducation soit complète, et bien moins négligée que celle qu’avait reçu Chihiro. Non pas que la jeune femme soit illettrée... loin de là. Elle avait pu étudier correctement, plus ou moins bien, jusqu’à ses dix ou douze ans. Ensuite, le doyen avait relégué la question de l’initiation de ses deux descendantes au second plan, préoccupé de prime par les affaires d’argent et les conflits interfamiliaux, provoqués en grande partie par le décès des derniers héritiers Hinode et la disparition d’un autre de ses arrière petit-fils qu’il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer...Il faillit pousser un triste soupir mais préféra réorienter son esprit vers un sujet plus réjouissant. Le criminel inconnu, qui lui avait laissé ces cicatrices sur son coup, avait beau avoir disparu, il redoutait l’esprit un peu trop téméraire et emporté de la future maman qui, si un autre fou furieux faisait surface, risquait de se déchaîner... Il était bien sûr hors de question qu’elle se remette à combattre des criminels, ou qu’elle se mêle encore des sales affaires des Eclairés et des Terroristes... Il ne la laisserait pas faire et demanderait l’aide de Silantis s’il le fallait... Tiens, tiens... Silantis d’ailleurs. Il avait des projets pour lui aussi, que cela lui plaise ou non. Et il avait un moyen presque infaillible pour qu’il consente... même s’il se doutait que ça ne serait pas très facile de le convaincre, surtout si l’Omega utilisait Chihiro pour échapper à ce que lui préparait le grand-père... Mais c’était primordial, l’honneur de la famille était en jeu,.. et puis même, c’était une question de coutume... d’éthique. Même Gabriel devrait comprendre... que le mariage était une fatalité s’il souhaitait rester avec la jeune femme. Point Final. Il voudrait bien discuter la question du nom que porterait l’enfant – Hinode, Silantis, Hinode-Silantis ou bien Silantis-Hinode – mais il serait intraitable et harceleur sur le sujet du mariage. Tant pis s’il passait pour un vieux grognon irascible aux valeurs dépassées. Un sourire moqueur, un peu sadique lui vint aux lèvres lorsqu’il imagina la tête du bonhomme lorsqu’il lui apprendrait ça... Cela compenserait le fait que ses titres de noblesses ne soit pas aussi impressionnants que celui de sa future épouse...titres cachés du moins. Enfin, pour le vieillard centenaire, personne ne pouvait l’égaler en noblesse... Il eut une bouffée de fierté à l’égard de la jeune femme et se frottait les mains d’avance, s’apprêtant déjà à la voir revenir, le sourire enfin revenu aux lèvres, au bras de Gabriel... qui daignerait peut-être prendre un air un peu moins arrogant devant lui pour une fois ! Il était en train de partir dans un petit rêve personnel, où Silantis s’inclinait devant lui et reconnaissait sa suprématie, lorsqu’un petit ‘oh !’ se répercutant dans toute la salle se fit entendre et... Le vieil homme faillit pousser un juron qui aurait fait rougir un charretier lorsqu’il vit, au milieu des curieux avides de commérages et de coups de théâtre, Chihiro, sa longue et épaisse chevelure brune courant derrière elle, s’enfuir en toute hâte de l’endroit. Inutile de se demander... qui l’avait fait fuir. Ses petits projets disparurent un moment et il fut désemparé un bref instant devant cette réaction imprévue... Il tourna lentement son sombre regard vers Silantis qui se tenait, l’air hésitant et mal assuré. *Bon sang mais c’est pas vrai ! Quel imbécile celui là ! Parlez-moi en après, des espoirs de la nouvelle génération !* C’était à croire que Silantis avait perdu autant d’années de maturité qu’il en avait perdu physiquement ! Il était repassé au stade « adolescent timide avec les filles et qui ne sait pas comment en garder correctement une » ou quoi !? Sans compter le fait que cette fille était folle amoureuse de lui, amoureuse à en dépérir lentement et douloureusement ! Il n’avait qu’à dire quelques mots pour qu’elle tombe dans ses bras ! Dix mots, maximum ! Hé bien non, Monsieur Silantis avait réussi à faire fuir sa dulcinée et pis encore, il n’était même pas capable de courir après elle ! C’est fou ça, une jeune femme de dix-huit ans, enceinte de surcroît, ça ne court pas si vite !! *Espèce d’empoté ! Et on se demande pourquoi les Politiciens ne méritent pas mon respects...* grogna intérieurement Kaito, fou furieux contre le grand brun benêt. Bref, il serait trop long de raconter toutes les imprécations silencieuses qui passèrent dans l’esprit du grand-père... De toute façon, il fut bientôt attiré par un autre incident qui eut le don de lui échauffer encore plus sérieusement la bile. Allons bon, maintenant il piquait une crise de régression ! Après le stade ‘ado’ on passait au stade ‘enfant bagarreur et susceptible’ ! Bien, bien, bien, on s’améliore... Agacé, voir même bien plus, l’aïeul se décida enfin à intervenir. Il écarta d’un simple geste les moucherons autour de lui, profitant du charisme dont il profitait grâce à son pouvoir et lança d’une voix ferme et forte : « Silantis ! » Le silence se fit bien vite dans la salle, et les regards se posèrent sur un seul point fixe. Un point qui arborait un visage anguleux, sévère, une peau burinée et où la vieillesse avait tracé quelques rares rides. Kaito passa entre ses invités, la démarche assurée, royale, ignorant les yeux curieux et les chuchotements qu’il déclenchait à son passage. Il était bien trop habitué pour les faire taire d’un coup d’œil noir. L’Omega le suivit – et de toute façon il avait intérêt – mais il ne dit rien de plus, attendant qu’ils aient tous les deux quittés cette horde de vautours aux oreilles un peu trop fines... Ils parvinrent enfin au dehors. L’air frais fit du bien au vieil homme qui avait repris quelque peu son sang-froid depuis tout à l’heure... Il inspira longuement, laissant passer un silence. Evidemment, Chihiro devait déjà être loin et il ne serait pas étonné si elle n’était déjà pas rentrée... Le manoir n’était qu’à cinq cent mètres de là après tout... Il y avait intérêt à ce que les gardes aient pris la peine de l’escorter sinon ils allaient avoir affaire à lui... Enfin, pour le moment, il avait d’autre... chat à fouetter. Un gros chat noir... avec plein de poils, condescendant et très encombrant. Il se mit à parler, sans poser une seule prunelle sur lui, d’une voix calme où il s’efforçait de brider sa frustration et sa colère. « Vous n’êtes vraiment pas doué hein... ? Franchement, même un adolescent pourrait émouvoir une femme enceinte et la faire fondre en trois phrases... et ça lui serait d’autant plus facile si la jeune femme en question est désespérément amoureuse de lui. » Il fit une pause, sentant la colère monter en lui et l’impuissance qu’il avait ressentit pendant ces cinq longs derniers mois exacerbait son humeur noire. Il se retourna, plantant son regard gris cendré dans celui, plus vif, de l’Omega. Il était presque aussi grand que lui et si le brun essayait de le frapper ou de le prendre de haut, il risquait de devoir lui-même avoir recours à la force... Mais pour l’instant, c’était bel et bien le poids des mots qu’il souhaitait utiliser pour ‘booster’ Silantis et se débrouiller pour réaliser les projets qui leur assurerait à tous un avenir... pas trop sombre : « Votre échec porte à croire que vous ne tenez vraiment pas à elle en fin de compte... C’est bien mal soigner ses blessures que de la faire fuir ainsi... Bon sang, cela vous arrive-t-il d’être un tant soit peu sensible et de faire preuve d’un peu de délicatesse !? Le fait qu’elle ait souffert pendant plus de cinq mois et qu’elle vous rejette à votre retour ne vous a rien appris !? Vous voulez qu’elle souffre encore un peu plus !? Non ? Alors dans ce cas montrez-le et rejoignez-la pour la réconforter et si vous l’aimez vraiment, j’ose espérer que les bons mots ne vous fuiront pas une nouvelle fois ! Puis, il se détourna et commença à faire mine de rentrer dans le manoir. Il donnait une autre chance à ce gringalet... la dernière... « Récupérez-la ! Et le plus tôt sera le mieux, compris !? Ma patience a des limites ! » ~~~
L’une des premières différences entre l’homme et l’animal, est la suivante : l’homme est celui qui ment le mieux. Il ment aux autres, il se ment et se perd dans les mensonges et les illusions qu’il a lui-même érigés. Ainsi, se perd l’âme des plus grands et des plus insensibles, égarés dans le dédale des certitudes qu’ils ont forgées, et qui s’effondrent autour d’eux...
Tout s’effilochait autour d’elle... Pas littéralement parlant, les rues sombres d’Islantis, qu’elle traversait, seule, en courant, au pas de course, ne faisaient aucune mine de s’écrouler. Ce n’était qu’une impression... l’horrible impression de ne plus pouvoir contrôler ce qui devient incontrôlable lorsqu’il est à ce point ébranlé...
L’Âme, l’Essence, le Fluide... cette entité où sont réunis tous les ressentis humains, tout cela se liquéfie, glisse entre les doigts plus ou moins habiles de la raison lorsqu’un sentiment irraisonné mais implacable, se glisse dans un cœur jusqu’ici presque tranquille et apaisé. Les principes, les vérités auxquelles on croit, tout ceci disparait au profit d’une seule motivation... Aimer et être aimé. Il y a plusieurs cas de figure dans ce genre de situation... Lorsque l’on accepte facilement ce nouveau ressenti qui se mêle de tout, lorsqu’il est réciproque, la plupart du temps, le cœur reste tranquille, à peine inquiété par les tourments inimaginables de l’Amour véritable. Un petit Paradis, hélas, pour la plupart du temps, éphémère. Et, contrairement à ce que l’on peut croire, ce n’est pas le fait de ne rien recevoir en retour de tendres sentiments, que l’on pourrait assimiler à l’Enfer...
Mais plutôt ce que subissait de plein fouet la jeune femme brune qui zigzaguait entre les rares passants...fuyant la vérité et sa cruauté... redoutant l’Amour et ses chaînes de soie qu’elle traînait déjà à ses pieds... |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Lun 25 Avr - 17:25 | |
| Qu'il se mut vers lui était une chose. Qu'il en vienne à jouer les pitres autoritaires avec le Marquis de Silantis en était une autre. Par bien des cotés, Kaito ressemblait à son Mentor. En effet, si ce dernier se différenciait de par ses accès d'ires et de ses piques inlassables, il respirait un respect difficilement négligeable et un magnétisme doux se dégageait de lui. Cependant...Jamais gabriel ne saurait accorder une once de respect pour l'arrière Grand Père de Chihiro, et s'il était contraint de le faire, c'était pour les précieuses prunelles de sa compagne, qui en ce moment même, devait ramasser les miettes de son coeur à la cuillère. Rien que l'idée de l'imaginer panser son pauvre muscle fragile le mit à mal, raison pour laquelle il n'était pas aussi fier et orgueilleux lorsqu'il se retrouva devant le Doyen. Ce n'était pas pour autant qu'il se laisserait marcher sur les pieds. Supporter les insultes de ce qui allait lui servir de .. grand père ne l'amusait pas plus que ça, bien au contraire. Gabriel finirait par retourner ses remarques fielleuses contre son ainé, n'en déplaise. Un mauvais rictus etira les lèvres de l'Oméga, enlisé dans sa léthargie transitoire. Ses poings se serrèrent un moment avant qu'il ne finisse par decliner du chef pour regarder avec un intéret non feint.. le par terre. C'est alors qu'il glissa nonchalamment une main dans son manteau lourd de valeur pour tatonner la petite pochette ornant sa chemise. Et en dedans se trouvait son paquet de cigarette...son précieux vice dont le poids de sa contenance ne s'était pas effiloché avec le temps. Les mots de Kaito finirent toutefois par avoir un impact dérangeant sur lui. Il dut poser un pas derrière son talon pour reculer d'un petit mètre avant d'esquisser un sourire ouvert.. et railleur. Faible défense. Ce fut là qu'il planta sa clope, au coin de sa bouche. Avec le temps, il avait quand même appris à ne pas rompre la parole d'un sénil petit vieillard, et dans de telles circonstances, il n'était pas tout à fait gagnant ou dans une position confortable. Il jouissait bien sur de son eternel piedestal, que l'on nommait "arrogance" "fatuité" ou encore "insolence", mais il avait bien conscience qu'en ayant ébranlé Chihiro, il la fragilisait d'autant plus. Quelque part, ce n'était pas fait sans innocence puisqu'il refusait qu'elle s'engonce dans sa conviction toute récente que celle de se séparer de lui.
Que pouvait-il donc répondre à des enchainements de discours.. ? Kaito ne lui laissait pas réellement le temps de se défendre, si défense il avait besoin de brandir pour fermer le clapet de cet homme. Lorsqu'il aspira une bouffée de cigarette, il en oublia son animosité, piquée à vif par la réaction somme toute fragile de Chihiro. Elle comptait tellement à ses yeux qu'il en devenait beaucoup moins insensible avec autrui, et ça l'agaçait prodigieusement. Pourvu qu'il retrouve son indifférence d'antan, ainsi que son légendaire je-m'en-foutisme. Enfin, Kaito mit fin à l'humiliante retrouvailles, affirmant ainsi un lien de reconnaissance que Gabriel devait ressentir à l'égard de son Ainé. L'Ombre savait pourtant qu'il faisait une très grave erreur en pensant ainsi. La clope coincée entre ses lèvres, il joua avec pendant qu'il fut pris d'un fugace ricanement, suivi de près d'une réplique plus ou moins audacieuse. Mais non pas intéressante :
- Je ne suis pas à votre botte, Kaito, vous devriez savoir que je n'ai aucun compte à vous rendre, s'amusa à dire son futur gendre en ébauchant un sourire maigre, faible, mais bel et bien provocateur. Et un regard aussi condescendant qu'incisif.
Ce n'était pas parce qu'il avait accédé à sa requête en evitant tout simplement des actes qu'il aurait de toute facon regrettés, sur un aristocrate aux allures de gringalet, que le Grand Père pouvait se permettre de jouer et les entremetteurs, et les moralisateurs. Il avait dû fumer la moquette pour croire qu'il écouterait un traitre mot de sa longue tirade. Il savait tout ça.. il savait qu'elle était fragile, qu'il y était allé un peu fort, et que l'amour qu'elle lui portait était probablement aussi enchanteur que destructeur. Sur ce point, il salua le vieillard d'un bref signe de tête, plein de suffisance, de sarcasme, tandis qu'il rebroussa chemin sur le sentier menant plus bas vers une place où l'attendait le coche. Il ne mit pas longtemps à monter les marches avant de prendre son confort dans le petit habitacle ambulant. Gabriel pouvait se permettre de profiter des joies les plus avancées du monde d'Ishtar au détriment même des conséquences sur le tiers-monde. Il s'en foutait comme de l'ère du crétacé au final. Il ne combattait pas pour le salut du prolétariat, manifestement, mais bien pour le devenir de la planète, plus accaparé par l'état précaire de Mère Nature, succombant face aux affres et frasques humaines devenues, avec le temps, nuisibles.
Sur le chemin du retour, le silence fut de courte durée.. déjà une mélopée envahissait l'intérieur de la voiture que notre cher cocher sifflotait, et par la même, l'esprit de Gabriel. Plongé dans ses souvenirs, ses meilleurs, il se revoyait couché dans le lit de coquelicots à la note particulièrement saturée, ressentant les caresses que la jeune femme lui ofrrait dans une douceur inégalée. Bien que son coeur se serra, il omit très bientôt ces images édéniques pour se recentrer sur la suite des évènements. En fin observateur, il n'avait pas perdu de vue l'enfant qui prenait de plus en plus de place dans le ventre de sa chère génitrice. Et du cher géniteur, une angoisse croissante apparaissait. Il fallait se rendre à l'évidence qu'il n'abandonnerait pas l'enfant, même sous la colère de toute la famille Hinode. Il prendrait ses droits, pour les connaître par coeur... et le fait est que quelques mois plus tôt, en ayant frôlé la mort de justesse, il s'était rendu compte que la Mère Onihi avait bien cherché à lui donner une seconde chance, ce dont il se servirait pour pallier à sa solitude d'antant. Les dernières cendres de sa cigarette finirent par s'émietter dans l'air, retrouvant sa belle Villa surplombant l'Océan. C'est alors qu'en sortant de sa diligence, il ressentit un immense vide dans l'absence foudroyante de son ancien familier. Jaggerjack.. Une bouffée de chagrin emplit son coeur, suivi de très près par l'amertume d'avoir senti glisser entre ses mains son oiselle si chère à ses yeux. Il semblerait que Gabriel détruisait tout ce qui touche.
Un sourire amer étira ses lèvres sensuelles, puis un pas suivi d'un autre amorça son entrée dans le monde intérieur de son Manoir. Il se rendit subitement compte.. Qu'il ne lui avait jamais dit "je t'aime". Comment était-il passés à coté d'une pareille déclaration.. ? |
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| Sujet: Re: [Flashback] Serpentez, Douloureuses Passions [Chihiro] Mar 26 Avr - 4:42 | |
| Doucement, le Soleil qui illuminait le quartier du Tchï, réputé pour sa beauté colorée et odorante, commença à décliner. Les rayons s’envolaient un à un vers l’obscurité, quittant les pierres devenant ternes des bâtisses, et étouffant lentement le parfum lourd et capiteux qui émanait des nombreux jardins des résidences. La chaleur douce et discrète de ce mois de mars disparut pour laisser place à la fraîcheur humide des premières nuits de printemps, et les constellations commencèrent à esquisser leurs pas de danse. Puis, un croissant de lune blanche, aux reflets d’argent, fit son apparition au-dessus d’Ishtar, baignant de sa lumière pâle les délicieux paysages que la province abritait. Il n’était pas rare, à cette période de l’année, de voir les aristocrates déambuler dans leurs jardins privés, s’enorgueillissant de cette beauté qu’il jugeait comme leur création... Alors que celle-ci leur est gracieusement offerte par Mère Nature, aidée par leurs jardiniers, de ces ‘esclaves’ qu’ils regardent de haut. Cependant, il y a une aristocrate qui ne regarde plus rien ni personne de haut depuis quelques temps, et encore moins ceux qui ont encore la gentillesse et la générosité d’entretenir un endroit qui lui est moins désagréable que les autres... Cet endroit, se trouvant derrière le petit manoir des Hinode n’est autre que l’emplacement des sources chaudes. Discrètes, silencieuses et astucieusement dissimulées par les bambous et les hautes herbes qui les entourent, c’est un endroit de détente et de calme pour tous. La chaleur, l’humidité, les douces odeurs des cerisiers proches, tout cela plonge dans la torpeur et l’oubli celui ou celle qui se glisse dans l’eau tiède. Celle qui s’y glisse en cet instant n’y cherche que l’oubli, et rien d’autre ne pourra calmer les inlassables tourments qui l’agitent... Chihiro ferma les yeux lorsque l’eau brûlante vint lécher le haut de ses bras blancs et fragiles. Un soupir las quitta ses lèvres fraîches, tandis que la vapeur lourde et chargée de parfums caressait ses joues, presque émaciées, marquées par les larmes. Son corps, que la douleur faisait trembler et ses épaules, que la souffrance abaissait, rien de tout cela ne parvint à disparaître et elle manqua de verser des larmes de rage et de désespoir impuissant. Le fait de ne pouvoir se détendre correctement ne l’aurait autant touché d’habitude... Mais depuis deux semaines, depuis cette soirée bouleversante, un seul de ses écarts invoquait des pleurs de sa part. Chihiro finit par sortir de l'eau, les membres engourdis mais tremblants, les yeux dans le vague. Sa peau avait beau être encore recouverte d'une fine pellicule d'eau chaude, elle ne mit pas longtemps à claquer des dents et frissonner. Ce froid qui l'envahissait, glissa à nouveau l'idée - ou le souvenir - d'une douce étreinte dans son esprit. Une énième fois, elle dut ravaler ses larmes et se dépêcha d'attraper la serviette et le yukata blanc et violet qui se trouvaient à quelques mètres. Trop tard. Alors qu'elle finissait d'essuyer ses avants-bras, après avoir enfilé avec empressement son habit, elle vit une goutte se déposer sur la serviette, puis une seconde. L'aristocrate essuya rageusement ces pleurs, ces traitres qui coulaient silencieusement sur son visage. Ils se succédaient, de plus en plus rapides, de plus en plus nombreux. L'air se fit manquer dans les poumons de leur victime, ses tremblements se changèrent en sanglots... et vaincue par une simple pensée, un seul souvenir, une illusion cruelle, la jeune femme s'accroupit silencieusement, le front posé sur ses genoux, le dos rond, recroquevillée sur elle-même, alors que ses mains accrochaient furieusement le coton de ses vêtements, et que le chagrin lui arrachait à nouveau un torrent de larmes. Elle resta un long moment dans cette position, elle continua de pleurer longuement, ne pouvant s'empêcher de faire succéder de cruelles pensées dans son esprit épuisé par une résistance continuelle, par un besoin et un manque persistant. Elle ne disait presque plus rien depuis deux semaines, mais elle gémissait souvent dans ces moments-là, et ces gémissements étaient toujours les mêmes... C'était une douloureuse supplication, mais aussi une litanie... Et le seul nom que Chihiro utilisait pour implorer, était celui de son bourreau disparu... Dans ces moments-là, abrutie par la souffrance, elle murmurait inutilement ce nom, comme si cela suffirait à ce qu'il apparaisse devant elle et mette fin à ses doutes et à son malheur... Le doux nom de l'être inexplicablement aimé et adoré... Ce nom parfois prononcé d'une voix entrecoupée et étranglée, était à lui seul l'explication entière de sa peine... « Ga...briel... »Cela faisait quatorze jours qu'elle s'était enfuie de la fête qui célébrait le dix-neuvième anniversaire de Motoko. Elle avait couru longtemps, tentant d'échapper à l'Amour et à ses tourments, prenant les rues les plus sombres et les plus étroites - comme si les sentiments avaient besoin de place ou de lumière pour la rattraper. Elle avait couru longtemps, puis était enfin arrivée au manoir Hinode. La grande porte s'était ouverte devant elle, et, sans ralentir, sans tourner le regarder vers les domestiques, surpris de la voir rentrer si tôt, elle s'était précipitée vers sa chambre pour ensuite se jeter sur son lit, sous sa couette, pensant être à l'abri... Quelle grossière erreur... Très vite, les souvenirs se s'étaient nichés confortablement dans son esprit, et avec eux, écloraient une à une les peurs, les doutes, les questions sans réponse. Elle s'était remise à fuir, cloîtrée dans la résidence. Mal lui en pris, car plus elle tentait d'oublier, plus le souvenir de Gabriel étendait son empire... Lorsque son fantôme recommençait à hanter son esprit, elle retenait ses pleurs du mieux qu’elle le pouvait, avalait plusieurs sa salive, comme si celle-ci pouvait faire fondre l’énorme boule coincée dans sa gorge. En vain. Elle se mettait à avoir du mal à respirer, elle suffoquait presque en essayant de retenir l’eau salée qui faisait briller ses yeux rouges. Elle restait ainsi, figée, immobile, tendue comme un arc. Et, lentement, ses forces l’abandonnaient... Toute sa résistance était réduite à néant... Le désespoir, le doute, la souffrance l’envahissaient à nouveau, et avec elles, les larmes. Elles coulaient sur sa peau douce et nacrée, puis sur son menton, ou tombait sur ses mains avant de l’atteindre. Et lorsqu'elle tentait de les assécher, tant bien que mal, alors qu'elle essayait de calmer ses sanglots silencieux, une nouvelle idée, morbide, désespérante, traversait son esprit et elle ne pouvait s'empêcher de se remettre à pleurer, et à sangloter de plus belle. Elle faisait en sorte que ces crises, bien plus que fréquentes, et imprévisibles de surcroît, ne se déroulent pas sous les yeux de son arrière grand père, ou pire de, ses cousins. Mais sa constante et triste humeur, son silence, et ses yeux cernés parlaient pour elle et personne n'était dupe dans cette vieille famille. Et pourtant, personne ne savait que faire. Mari et Motoko, effrayées par l'état déplorable de leur cousine, n'osaient rien lui dire, de peur de la blesser et de la voir s'effondrer devant elles. Même Hayate semblait avoir compris qu'une seule personne pouvait faire en sorte qu'elle retrouve son calme, et que ce n'était pas lui... à sa grande déception. Quant à Kaito... lui, il savait mieux que quiconque pourquoi son arrière petite fille était à ce point déprimée. Mais, il ne la comprenait plus assez bien pour l'aider et la réconforter. Alors, lui aussi attendait. Il attendait celui qu'il jugeait comme la cause de tous ces malheurs. Il guetttait son apparition, la rage au coeur, plein de ressentiment à l'égard de ce lâche et imbécile. Lui aussi se sentait terriblement mal et inquiet, bien qu'il ne le montrât pas. Et il se morfondait en voyant la jeune femme s'amaigrir de jours en jours ; il craignait qu'elle n'accocuche sans qu'il se soit présenté, qu'elle en meure de désespoir. Il envoya des hommes chercher celui qu'ils attendaient, mais il semblait introuvable. Et plus les jours passaient, plus le vieil homme se demandait s'il avait fait le bon choix en introduisant de nouveau l'Omega auprès de Chihiro. Pour l'instant, le seul résultat qu'il obtenait était ces pleurs intarissables de la part de cette dernière, et une absence gênante de la part du Némésis. Et même s'il le haïssait désormais, même lui espérait son retour... au moins pour ne pas perdre un nouvel être cher. C'était cette absence qui faisait souffrir Chihiro. Mais aussi les doutes récurrents qui la torturaient depuis cette fameuse soirée. Il y a quelques semaines, trois tout au plus, elle aurait affirmé avec une conviction relative qu'elle n'aimait plus Gabriel, et que lui... ne se préoccupait pas d'elle. Il y a sept mois, avant la disparition momentanée de ce dernier, elle aurait juré, sur tout ce qu'elle avait de plus cher, son amour pour lui, et elle commençait à croire que ces doux sentiments étaient réciproques. Et...maintenant ? Maintenant, elle n'était sûre que d'une seule chose... Elle était toujours et encore éperdument amoureuse du sénateur, et cela même s'il était parti, la laissant seule pendant quatre longs mois. Elle l'aimait sans comprendre, sans même chercher à comprendre. Mais ce n'était plus l'amour doux ou tranquille, passionné, qui la berçait autrefois lorsqu'elle se retrouvait dans ses bras. C'était l'amour qui faisait mal, celui qui mettait le cœur à l'envers et le livrait à la peur... Ce n'était plus la peur de voir l'être cher souffrir qui prédominait, mais celle de souffrir soi-même... Celle de comprendre, de réaliser ou tout simplement de penser que l'on est le seul ou la seule à éprouver autant de douleur, car l'autre ne se soucie pas de l'Amour et n'en est pas la victime... Cette passion ressemblait à celle de leurs débuts, mais, maintenant que le temps avait passé, qu'ils avaient vécus tant de choses ensembles, elle était encore plus forte... et la douleur bien plus grande, la peur encore plus présente. Et lorsque cette peur la prenait, les questions et les doutes s'enchaînaient... Si ces sentiments ne sont pas réciproques, à quoi cela lui servait-il de les entretenir...? Pourquoi espérer ? Pourquoi se demander les raisons de la présence de Gabriel à la réception, et celle qui l'avait poussé à l'embrasser ? Que voulait-il d'elle ? Etaut-ce juste pour l'enfant qu'il était revenu...? Etait-il fâché contre elle, avait-il finalement abandonné ? L'avait-il oubliée dans d'autre bras que les siens...? Et finalement, c'était toujours la même question qui revenait, inlassable, incontournable... La question que la princesse aurait voulu poser au concerné, les yeux fermement plantés dans les siens, la voix calme... celle qui troublait ses nuits et qui assombrissait ses jours... Celle qui taraude toutes les victimes de ces passions douloureuses... Do you love me...? Est-ce que... tu m'aimes ? La jeune femme finit par se relever, vacillant sur ses jambes. Elle essuya avec difficulté les dernières traces humides sur son visage, inspira un grand coup, comme pour chasser une nouvelle question qui pourrait la faire ressombrer à nouveau. Alors qu'elle renouait machinalement la ceinture qui ceignait ses hanches, sa main se posa sur son ventre. Un soupir quitta le seuil de ses lèvres et elle appuya sa paume tiède sur le dessus, comme pour rassurer ce qui se trouvait niché à l'intérieur d'elle. Cette douce pression était aussi un remerciement... si le petit être n'était pas là, peut-être serait-elle déjà morte de désespoir... Car, l'envie lui prenait quelques fois, de se recroqueviller définitivement pour disparaître, pour ne plus éprouver toute cette douleur... Mais, à chaque fois qu'elle posait les yeux sur le petit bijou qu'elle ne voyait pas mais qu'elle ressentait au fond d'elle-même, immanquablement, l'envie la quittait et une sorte de courage l'emplissait... Encore une fois, le fruit de son amour, l'enfant de Gabriel, la sauvait... Il semblait étrange d'éprouver de la reconnaissance pour un embryon de huit mois, mais c'est bien ce que Chihiro portait déjà son enfant pas encore né... De la reconnaissance et de l'amour... Elle finit par glisser ses pieds dans des sandales de pailles, puis, elle quitta les sources chaudes, passant à travers les bambous... Sa démarche était lourde et pesante, la grâce de ses mouvements avait disparu pour laisser place à des automatismes sans aucun charme. Elle avait la tête baissée, le regard vide. Elle ne percevait qu'à moitié le fumet qui s'échappait de la maison voisine, mais la simple idée de manger, malgré l'heure tardive, lui donnait envie de vomir. La tête lui tourna lorsque une odeur furtive, douce et boisée, lui rappelant celle de son aimé, parvint jusqu'à elle. Elle fit l'effort de continuer à marcher vers la porte coulissante de derrière. Kaito était parti ce soir-là, en compagnie de Motoko, seul Hayate et Mari étaient restés. Quand elle était partie aux sources, ils jouaient aux cartes dans le salon. Elle savait que si elle ne rentrait pas, ils s'inquièteraient et risquaient de poser des questions... et elle ne le supporterait pas. Car la jeune femme s'emmurait dans le silence tant bien que mal, mais il aurait suffit de bien peu pour qu'elle se brise définitivemment. Enfin, elle s'infiltra dans la résidence. Elle fit assez de bruit pour qu'on l'entende rentrer tout en espérant que personne ne viendrait vérifier. Du salon, alors qu'elle montait vers sa chambre, elle entendit vaguement son cousin lui demander si elle allait bien, mais elle ne répondit rien, se contentant de gravir le plus rapidement possible les marches en bois. Le soulagement s'empara d'elle lorsqu'elle referma la porte de son petit domaine. Soulagement de courte durée... La chambre n'était pas trop en désordre pour une fois. Les livres ne traînaient plus sur le sol, le lit était fait, son sabre était posé soigneusement sur une étagère. Ce n'était pas son habitude d'être aussi ordonnée, et tout cela montrait bien que quelque chose clochait chez elle. Soudain, son coeur se serra... Car au beau milieu de cette image fixe et sans vie, un trait de couleur, posé négligemment sur le drap, attirait irrésistiblement son regard. Il était à moitié enroulé sur lui-même, tel un petit serpent, immobile. Et pourtant, il hypnotisait la jeune femme, figée devant sa couche. Lentement, la main de celle-ci se dirigea vers le reptile endormi. Lorsqu'elle l'effleura, le serpent rouge frissonna et Chihiro eut l'impression de sentir ses crocs s'enfoncer dans son cœur. Pourtant, elle le retoucha craintivement de nouveau, essayant d'ignorer la vague de douleur qui l'envahissait à chaque contact, puis le prit dans sa main... La douceur de la soie contre sa peau, elle ne la sentait presque pas... C'était d'autres caresses qui la fascinaient, celles que son amant et elle s'était échangées il y a bien longtemps... Une larme coula le long de sa joue, puis d'autres suivirent. Et, pour une fois, elle les laissa faire. Elle s'allongea sur son lit, les genoux à moitié pliés, puis posa sa tête sur l'oreiller. La main qui tenait le ruban rouge s'ouvrit légèrement près de son visage tourné sur le côté. L'eau coulait sur le tissu du coussin mais elle s'en moquait. Elle respirait calmement, les pleurs ne l'étouffaient pas. Une grande lassitude s'éprit d'elle, la douleur s'estompa peu à peu... Si bien qu'elle s'assoupit, avant même que les larmes ne puissent sécher d'elle-même sur ses joues... le fil écarlate toujours entre ses doigts. |
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