L'Empire Ishtar
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 Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]

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Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] Vide
MessageSujet: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyLun 31 Jan - 20:22

    « Un coup d’aiguille en dessous, un fil au dessus, et voilà que le dentelle est cousue au beau tissu. »

    Etait-ce un petit moment de solitude ? Non, juste un quotidien devenu trop habituel. Mais, qui cela dérangeait qu’il parle et qu’il chante à ses poupées ? Non, en fait, les poupées adoraient ça ! Il le savait, ça se voyait sur le visage qu’il dessinait et qu’il créait. Il les faisait d’abord pour lui, peu importe qu’elles plaisent ou non. Lui, il était amoureux de chacune d’elle. Comme elles étaient belles, dans leurs robes à froufrous, leurs robes de princesse. Ah la la, comme il les aimait ! C’était à chaque fois une source de malheur qui l’envahissait lorsqu’il vendait une poupée. Il les créait toute avec tellement d’amour, d’application, que la séparation était à chaque fois un coup de poignard en plein cœur. Il ne savait pas ce qu’elles allaient devenir. Finiraient-elles dans une maison de poupée, buvant le thé avec un nounours et un petit chat en peluche dans une chambre rose de fille de bonne famille. Ou alors, dans une famille, citoyen moyen, dans la saleté. Juste une petite fille, l’aimant comme le plus précieux des bijoux de sa maman. Deux situations très différentes mais toutes deux source d’angoisse constante à chaque fois qu’une poupée de ses poupées se faisait « kidnapper ». Et, il savait, que toutes ses poupées, un jour ou l’autre finiront à la poubelle. Ou au mieux, dans le grenier, sous la poussière. Quelle horreur ! A chaque fois que cette pensée lui effleurait l’esprit, il était à deux doigts de la dépression, de la mélancolie, de la colère. Mais quoi qu’il en soit, même lui devait gagner sa vie pour se nourrir.

    « Un peu de rouge à ses lèvres, un peu de rose à ses joues, voilà que la poupée est encore plus jolie qu’une vraie. »

    Il se leva, poussa la chaise où il était assis, pris la poupée avec délicatesse et monta lentement les escaliers qui menait au magasin. Une fois en haut, il commença à fredonner. Toujours la même chanson qu’il avait sans cesse en tête. Là, il regarda autour de lui. Il y avait quelque chose qui n’allait pas. Quelque chose en manque, ou quelque chose qui n’était pas à sa place. Néanmoins, il ne savait pas ce que c’était et cela le frustra bien assez pour commencer à chanter à voix haute avec sa douce et frêle voix. Les paroles étaient toujours les mêmes. Des paroles qu’il avait lui-même adapter et qu’il chantait en fonction d’avec quoi ses poupées étaient crées. Quelle soit en fer et en acier, en bois et en paille, en cire et en or, peu importe, elles avaient toute une petite chanson dédiées à elles.

    Mais, là n’était pas le sujet principal. En effet, quelque chose ne va pas dans ce magasin de quelques mètres carrés remplis de poupées. La poupée au rouge à lèvres encore frais était dans les mains de Drocell et y resta pendant quelques minutes.

    Pardi ! Malheur, non d’une poupée, quelle abomination ! Cette poupée qu’il tenait entre ses mains abîmées par les aiguilles, elle n’avait nulle part où s’asseoir. Nulle part où attendre que quelqu’un vienne la chercher, nulle part où être. Il y avait tellement de poupée dans ce magasin, qu’il n’y avait plus une seule place pour ne poser ne serait-ce qu’une seule minuscule poupée. Que faire. Drocell ne savait que créer des poupées, parler, écrire, lire, compter et aimer plus que toutes ses poupées. Le reste était quelque chose de complètement inconnu pour notre homme aux allures de marionnettistes. Il ne voyait pas d’autres solutions que d’essayer de lui faire une place, quelque part. Mais, une place, ce n’est rien pour toutes les autres poupées que Drocell avait l’intention de créer. Il ne pourrait pas attendre que d’autres poupées se vendent pour faire de la place. Non, il lui fallait un autre espace où déposer des poupées. Heureusement, il restait un mur. Un mur jusque là restait vierge car trop près de sa poupée blonde et toute sale. Cette poupée, seule dans une cadre en verre suspendu – très surement suspendu par une cinquantaine de clou -, il avait quand-même peur de la faire tomber par inadvertance s’il mettait des poupées trop près d’elle. Mais, s’il ne fait pas un autre endroit où mettre ses jolies fillettes aux joues roses, il sera condamné à des jours d’ennuis et de mélancolie. Car ne pas créer de poupée le rend vraiment très triste. Quoi qu’il en soit, il déposa doucement la poupée sur le comptoir et sortit des journaux. Il regarda aux petites annonces, rien. Puis, feuilletant, il vu quelque chose qui lui attira l’œil, quelque chose qui était exactement ce dont il avait besoin ! Un menuisier, très près d’ici. A quelques pâtés de maison. Très bien, Drocell ira. Il prit un mettre à couture, et essaya de prendre au centimètre près les mesure du mur en bois. Il essaya de caser les dimensions dans sa tête, ce qui allait à l’encontre de la mélodie qui n’arrêtait pas de tourner en boucle dans son esprit. Une fois cela fait, il prit son chapeau, le mit sur sa tête, jeta un dernier regard sur la pièce après avoir fait attention d’éteindre toute les bougies. Il ferma la porte à clef, retourna la petite pancarte ouvert / fermé, sur fermé, bien entendu.

    Il se souvenait de l’adresse du menuisier et s’avança doucement, comme un pantin vers l’atelier. Cela faisait quelques jours qu’il n’était pas sortit de son échoppe. La dernière fois, c’était car il lui manquait du tissu et qu’il fallait qu’il se procure quelques trucs à manger. Sinon, il ne préférais pas sortir du magasin et s’éloignait trop longtemps de ses chères poupées. Elles étaient trop importantes pour lui, elle lui manquait trop à chaque fois qu’il s’éloignait d’elle. Ça lui faisait comme un brisement de cœur quand il les quittait.

    Quoi qu’il en soit, il arriva. Enfin, il s’arrêta net. Regarda la vitrine, hésita quelques secondes et poussa finalement la porte pour rentrer. Une petite clochette retentissait pour avertir de la présence de Drocell. Il ferma la porte derrière lui, se tenait droit comme un « I » et regardait tout autour de lui. Tout était en bois, tout. En même temps, cette remarque et un peu bête, Drocell est chez un menuisier. Quoi qu’il en soit, tout ça brûlerait à une vitesse incroyable. Ce qui, à cette pensée, donna un léger frisson à Drocell.
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Asgeir
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Asgeir

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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyLun 31 Jan - 21:09

Là dans un atelier où le bois était le maître des lieux, laissé à l'abandon de la poussière qui dévorante, enveloppait chaque coin et recoin se tenait une grande silhouette. Des cheveux gras et bruns tombaient sur un visage émacié, cachant une cicatrice en forme de croix, alors que de grandes mains carrées et fatiguées recouvrirent un épais manteau blanc sur de larges épaules, minables et pourtant immenses, on aurait dit un fantôme trop attaché à cet endroit pour le quitter. Les passants dont la seule activité se résumait à passer devant la vitrine s'arrêtaient parfois, observant cette masse brute et déformée, beaucoup la trouvaient dégoûtante et s'écartaient sans demander leur reste, parfois quelques intéressés notaient le nom de l'atelier, puis fronçaient les sourcils en essayant de distinguer la silhouette.

Cette silhouette, c'était la tienne, Asgeir. Qui d'autre ? Tu étais la seule âme plus ou moins en vie de cet atelier, tu étais l'Homme-Arbre qui sortait rarement de chez lui, le Menuisier dont personne ne connaissait le véritable nom, l'ancien détenu dont on ne savait rien. Vigoureusement, tu taillais le bois d'une main habile qui n'a jamais connu l'erreur, tu étais talentueux et fort, incroyablement grand et lamentable. Tu te baissas pour pouvoir souffler sur le cadre d'une fenêtre qu'un homme t'avait commandée, tu lanças un regard au plan, puis tu haussas les épaules. Tu passas divers produits pour que le bois ressorte et soit encore plus beau, puis tu portas le cadre dans l'arrière-boutique et le rangeas avec les oeuvres que tu devras livrer le lendemain, tu semblais fatigué.

Lorsque tu revins dans la pièce principale, tu lanças un regard aux autres travaux que tu devais terminer, un meuble assez lourd t'attendait dans un coin, quelques planches traînaient dans un autre. Tu soupiras et sentant la faim arriver, tu montas en clopinant jusqu'à l'étage, t'arrêtant souvent pour reposer ta jambe raide. Tu dus t'appuyer contre le mur et soufflas quelques secondes, tu te dirigeas alors vers une petite cuisine où tu avais laissé quelques fruits pourrir, négligemment, c'est là que tu te rendis compte que tu n'avais plus rien pour te nourrir. Tu refusas de tourner la tête vers le lit, dans laquelle tu n'arrivais plus à dormir, ça te rappelait bien trop de chose et ça te faisait trop mal.

Néanmoins, tu fouillas dans un placard pour trouver quelques pièces d'or, tu comptas puis tu les fourras dans ta poche. Soupirant à nouveau, c'est faiblement que tu descendis les escaliers, sentant la douleur à chaque mouvement ; tu déglutis, et passas devant une petite poupée de porcelaine, assise sur un fauteuil à bascule que tu avais autrefois construit. Elle avait une chevelure rousse et bouclée qui encadrait son visage blanc, deux grands yeux verts et petite robe rouge en dentelles, ses souliers étaient décorés avec de petits noeuds blancs ; pleine de poussière, l'expression douce qu'elle avait affichée ne ressortait plus, la poussière assombrissait ses traits et lui donnait un air malsain. Elle avait appartenu à ta petite fille. Tu ne la regardais pas, mais tu sentais ses deux prunelles dans ton dos, incisives et effrayantes, tu refusais de te retourner. Ta fille n'avait même pas eu l'occasion de la tenir dans ses bras, tu finis par sortir en soupirant lourdement.

Dehors, c'était l'hiver et tu n'aimais pas trop l'hiver, il était plus difficile pour toi de marcher, tu oublias d'indiquer que ta boutique était fermée. Lentement, tu te rendis vers le port puisque ta boutique n'y était pas loin, tu n’achetas quelques aliments bon marché, ni bons, ni mauvais ou plutôt tu n'aurais pas su le dire : la prison t'avait fait perdre ce sens-là. Tu achetas une baguette de pain, remercias le marchand d'un simple « hum », pendant que quelques enfants te fixaient et murmuraient : « c'est l'Homme-Arbre ! » en te pointant du doigt. Tu donnas d'une main faible et lasse les quelques pièces d'or, puis tu ne partis sans un mot, silencieux et malheureux, tu étais un Saule pleureur capable de marcher en clopinant, rien d'autre. Le chemin te parut affreusement long, tu détestais l'hiver, ça te fatiguait trop vite, ça endolorissait ton pied brisé. À plusieurs reprises tu dus t'arrêter pour te reposer, frémissant, tu remarquas alors que tu avais oublié de fermer ton manteau. En dessous, tu ne portais que quelques bandages, coutume de ta province natale comme « sous-vêtement », tu mordis ta lèvre et tu finis par la fermer lentement.

C'est en boitant comme un chien galeux et blessé que tu rentras chez toi, pourtant tu t'arrêtas à quelques pas d'un jeune homme qui rentra dans ton atelier. Un client ? Tu fronças les sourcils et avant de le rejoindre, tu cherchas où tu avais déjà vu ces vêtements extravagants et cette chevelure rousse. Peut-être qu'il t'était déjà arrivé de passer devant l'artisan aux habits flamboyant, tu haussas les épaules et à ton tour, tu entras dans ton atelier. Sans un mot, tu déposas ton repas sur une planche de bois qui te servait de table. Tu sortis du pain et du fromage que tu déposas sur une assiette poussiéreuse qui traînait là, tu observas le costume du jeune homme... comment s'appelait-il déjà ? Tu secouas la tête gardant une certaine distance avec lui, tu lâchas un simple :


— Hum...

Puis te rappelant que c'était un client, et que pour faire des affaires, il fallait parler tu regardas quelques secondes le plafond un peu pourri par le temps. Après un instant de réflexions, tu retournas toute ton attention sur le jeune homme, puis tu lui demandas de ta voix rauque, semblant provenir d'une grotte :

— Que puis-je faire pour vous ?

Le minimum... tu te contentais toujours du minimum lorsque tu arrivais à articuler plus de deux mots à la suite.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyLun 31 Jan - 22:15

    Il tourna la tête. Comme un pantin, sa tête se tournait doucement mais sans s’arrêter. Son corps, ne bougeait pas, juste la tête tournait assez pour apercevoir le grand homme. Finalement, la tête ne pouvant allait plus loin, il tourna aussi le corps. D’une foulée, sans bruit. Drocell se demanda si c’était un monstre, ou si l’homme avait était maudit. Il bascula la tête, un geste très peu original. Comme une poupée, dont les écrous se seraient desserrés d’un seul coup. Ses yeux étaient grands ouverts, observant avec attention l’homme. L’homme devait vivre seul, comme Drocell. Il le voyait à son regard. Celui de l’homme aussi était un peu vide et sans expression. Mais, son père lui avait dit de ne jamais juger par l’apparence d’un être humain. On peut différencier une poupée méchante et vile par rapport à une poupée gentille et attentionnée rien qu’en regardant son visage. Mais, on ne pouvait pas se fier aux humains de la même façon. Ce que Drocell avait toujours trouvé bizarre. Si on peut le faire sur les poupées, pourquoi pas sur les humains ? Ils étaient formés pareils, leur visage était assez ressemblant. Les poupées étaient basées sur l’humain. Alors, pourquoi un visage humain serait plus trompeur que celui d’une poupée ? En cet homme, il voyait de la douleur, et du chagrin. Comme on pouvait le voir sur certaines poupées, des modèles très difficiles à vendre. Le chagrin, est un sentiment tellement désagréable, que personne n’en veut. Même des poupées avec un visage d’ange mais affichant une mine apeurée, personne n’en voulait. Pourtant, toutes les poupées sont belles, à leurs manières, peut-être, mais elles sont toutes magnifiques. Pour lui, triste ou heureuse, c’était toutes les mêmes. Elles avaient toutes un visage similaire à celui d’un humain. Un humain triste, ou joyeux.

    Baliverne, les poupées sont des copies de l’humain, alors, les humains sont pareils que les poupées.

    Il hésita à répondre, puis, se tourna et montra de nouveau son dos au menuisier. Il partit vers une planche de bois plutôt claire, ressemblante assez à la couleur de son magasin qu’il avait aperçu un peu plus tôt. Il retourna le regard vers l’homme. Il le dévisagea, cligna des yeux.

    « Que pouvez-vous faire pour moi ? Et bien, je cherche du bois. C’est ce que vous vendez. Alors je suis là. »

    Une réponse qui était pour le moins… Etrange et peut-être même mélangé à un peu de toupet et une pointe d’arrogance. Mais mis à part le fait que de tout façon, Drocell était étrange, il regarda un peu partout dans la pièce. De là où il était placé, il aperçu sur une chaise une poupée. Une poupée assise, la tête penchée, n’attendant que quelqu’un pour réparer sa robe déchirée. Elle était placée dans l’obscurité, en retraie par rapport au reste du magasin. Drocell la fixa pendant quelques secondes, il voulait voir son visage. Mais, il serait fort impoli de demander à la voir. Les règles de politesse sont importantes, et il faut les respecter. C’est ce que répété tout de le temps son père. Surtout devant les clients, disait-il. Mais lui, le géant n’était pas un client. Alors, avait-il le droit ?

    Mais, il n’était pas là pour ça. Il devait choisir une planche de bois, qui ferait guise d’étagère. Peut-être même plusieurs planches. En fait, le maximum qui rentrerait pour pouvoir poser le maximum de poupées. Il retourna le visage vers le menuisier et fit quelques pas en sa direction.

    « Je ne connais rien à tout ça. »

    Il montra du doigt la bois qui l’intéressé et reprit la parole, avec sa douce voix, telle celle d’un petit garçon fragile.

    « Ce bois. Il ressemble bien au bois de mon atelier. Mais, il me parait un peu clair. N’avez-vous pas une gamme légèrement plus foncé ? »

    Il continua à marcher vers l’homme, ses mains dans son dos. Il s’arrêta, net. Il mit son doigt près de sa bouche et fit mine de réfléchir.

    « C’est pour y mettre des poupées. Donc, il n’y a pas besoin qu’elles soit très solides. Je vois bien des planches, déposées avec délicatesse sur mon mur. Et j’aimerais que les planches soit le maximum ressemblantes à celle utilisaient pour l’atelier. Vous savez, pour que ça soit plus joli. »

    Il regarda l’homme, droit dans les yeux, sans broncher. Il restait toujours aussi insipide et vide. Il recommença à marcher un peu partout dans l’atelier. Regardant un peu tout, ne sachant pas trop quoi chercher. Puis, il revu un bout de la poupée. Une nouvelle fois, il pencha la tête sur le côté, machinalement et assez rapidement. Fit mine de rien et avança vers elle. La réconforter, lui susurrer des mots doux pour quelle ne se sente plus seule. Il fut assez près d’elle, et l’observa. Il aperçu le symbole sous l’une des petites chaussures. La gauche, précisément. Le même que celui qu’il avait juste en dessous de l’oeil. Il se retourna, encore une fois vers l’homme et le regarda

    « Cette poupée est un très vieux modèle. Tellement vieux que je ne devais même pas être encore naît. Je suis curieux de savoir quel était les moyens à l’époque, pour créer une poupée avec un regard si… »

    Il regarda vers le plafond quelques instants et dévisagea de nouveau l’homme sans aucune pudeur.

    « Hmmm… Profond ? »

    Il n’osa pas la prendre. Il la regardait, juste. La prendre serait de trop, se serait mal est il se ferait trop mal voir. Déjà, qu’il avait peut-être fait une bêtise. Comment l’homme allait-il le prendre ? Peut-être ne tenait-il pas à ce que quelqu’un ne voit cette poupée. Cette si jolie poupée. Drocell n’avait envie que d’une seule chose : la réparer et faire de cette poupée plus belle qu’elle n’a jamais été. Comme l’avait fait son père pour sa poupée blonde. Sauf que là, c’était un modèle plus ancien que sa poupée blonde. Un modèle aux cheveux roux, créées avec des moyens que Drocell ignorait peut-être. Peu importe, si il en avait le droit, cette poupée serait vite plus belle qu’autrefois. Plus belle encore qu’au tout début, lorsqu’elle fut déballer et sortit de sa boîte.

    En tout cas, c’était une œuvre d’Edward. Déjà, la finition des traits et des dentelles étaient tellement bien faites que Drocell n’aurait pas eu du mal à reconnaître le travail de son père. Mais, cette devinette ne dura pas longtemps grâce au symbole. L’espèce de fleur de Lys, symbole de Cainz Doll’s. Il repartit, pour quelques pas seulement vers l’homme.

    « Par contre, lorsque nous aurons choisi le bois, j’aimerais, s’il vous plait que vous l’installiez chez moi. Je n’ai vraiment aucune expérience en la matière, et je ne veux surtout pas risquer de me couper un doigt par maladresse. »

    Maintenant qu’il avait du remarquer qu’il s’intéressé à la poupée, voudra-t-il que Drocell y touche ? Drocell serait alors un homme heureux de pouvoir réconforter une si jolie poupée.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyLun 31 Jan - 23:10

Oui bien sûr du bois, c'était ce que tu vendais à un détail prés : tu vendais des objets faits en bois. Tu ne tiquas pas au ton du jeune homme, bien trop insensible à tout ça désormais, tu ne faisais plus attention à la voix des gens, à leurs expressions et à leurs comportements, tout ce langage dans leurs corps ne voulait plus rien dire pour toi. Si bien que tu ne faisais plus différence lorsque l'on te parlait mal, lorsque l'on tenait à être gentil avec toi, tu n'étais qu'un fantôme incapable de décrypter les vivants. Tu ramenas ton manteau sur tes épaules, tes yeux sombres ne quittaient pas le jeune homme qui après t'avoir longuement tourné le dos, se retourna vers toi.

Tu remarquas alors le petit lys sous son oeil, tu n'y avais guère fait attention au début, trop occupés par tes petites pensées misérables qui te fouettaient inlassablement. Tu approuvas d'un simple signe de tête, puis passas une main dans ton dos énorme pour te gratter, faisant abstraction à la cicatrice sous tes doigts, enfin tu jetas un regard à ton repas. C'était inconvenant de manger devant un client, presque malheureux, tu t'éloignas de ton assiette crasseuse et du pain accompagné de fromage. Tu posas finalement ta main sur ton ventre couvert de cicatrices, marchant douloureusement vers le mur pour venir t'adosser, tu avais de plus en plus de mal à tenir debout. Tes yeux fixaient le jeune homme, tu n'arrivais toujours pas à remettre son identité sur sa tête pâle et qui te paraissait encore puérile, votre écart d'âge était bien trop grand pour qu'il parvienne un peu adulte. Il te désigna une planche contre un autre mur, tu enregistras sa demande dans un coin de ta tête sans pour autant te décoller du mur, tu ne répondis pas non plus tout de suite, attendant quelques précisions.

Ce n'était pas tout de choisir la couleur, le bois n'était pas un matériau à choisir à la légère. Tu étais convaincu qu'il avait une âme, et que lorsqu'un meuble se retrouvait chez quelqu'un, il fallait que le bois s'accorde avec sa personnalité, un peu comme les vêtements. L'artisan aborde le sujet, pour des poupées il te dit, mais il se trompe — ce que tu ne lui dis pas encore —, les poupées possédaient bons nombres d'accessoires et elles pesaient leurs poids, tu le voyais bien passer son temps entouré de poupées, des centaines de poupées posées sur des étagères. Le bois devait être solide malgré tout pour supporter leurs poids, et vu comment ces créatures pouvaient attirer la poussière... et là... c'est la que tu le vis s'approcher doucement, intéressé, fasciné, curieux vers la petite poupée de porcelaine que tu avais un jour achetée pour ta fille. Tu n'osas pas poser tes yeux sur la poupée de porcelaine, craignant de croiser ces grands yeux verts qui te rappelaient bien trop ta femme, tu examinais plutôt le dos du jeune homme.


— Je n'en sais rien, fis-tu comme réponse à sa question.

Quelque chose dans ton ventre se noua, tu n'avais pas envie qu'il la touche, l'idée qu'il puisse effleurer les vêtements de ce présent que tu n'avais jamais pu lui faire t'effrayait. C'était comme si quelqu'un de vivant pouvait te jeter tout tes souvenirs avec violence à la gueule. Et il te parla de cette poupée, tu avais envie de te décoller du mur et de l'arracher à son regard, et la ranger quelque part. Sous la planche où tu cachais tous tes objets de valeurs, une habitude qu'Iseult t'avait donné et à laquelle tu ne pouvais pas t'arracher. Pourtant, même si tu te décollas du mur, tu ne bougeas pas de ta place. Ta grande silhouette robuste et maigre au centre de ton atelier, tu fixais le vendeur de poupées avec une sombre intensité. Tu avais simplement peur de toucher la poupée de porcelaine, tu avais peur de sentir tes doigts brûler au contact de la porcelaine. Comme une bête effrayée, tu étais prêt à bondir sur ce jeune homme sans une autre forme de procès, mais tu t'étais arrêté au bon moment, après tout... ce n'était qu'une déformation professionnelle comme une autre, comme la tienne par exemple.

— Entendu... mais est-ce que je peux avoir plus de détails ? Est-ce que votre boutique est en chêne, par exemple ?

Tu lèves ta grande main en direction du jeune homme pour lui faire signe d'attendre, sans oser regarder ta poupée de porcelaine, tu ne pouvais pas te sortir de la tête le lys sous l'oeil du jeune excentrique. Asgeir... étais-tu capable de te rappeler ce symbole ? Ou refusais-tu à cause de ta lâcheté trop grande de t'en souvenir ? Toujours est-il que tu clopinais lorsque tu allas dans l'arrière-boutique, misérablement, lamentablement, homme à jamais blessé pour sa connerie. Anxieux à l'idée qu'il puisse toucher la petite poupée de porcelaine, tu cherchas rapidement dans ton atelier quelques petits carrés de bois de différentes couleurs, se rapprochant de celle que l'artisan t'avait montrée. Tu déplaças un meuble sur le côté, puis tu revins en boitant dans ton atelier, mordant ta lèvre à cause de la douleur, c'était de plus en plus pénible. Peut-être devrais-tu te faire une canne ? Songeant à ça, tu tendis les petits carrés de bois, dont un plutôt roux au jeune homme. Ils étaient tous faits du même bois, mais les produits utilisés pour les entretenir n'étaient pas les mêmes, une couche de peinture suffisait à transformer aussi bien le bois, qu'une poupée. D'ailleurs sans réellement t'en rendre compte, tu te rapprochas de la poupée de porcelaine qui jamais, n'avait été tenu dans les bras d'une enfant. Comme pour la protéger du jeune homme, comme si par instinct, tu avais deviné qu'il désirait la toucher, la cajoler, la réparer... mais toi tu ne voulais pas. C'était un des nombreux vestiges de tes souvenirs, quelqu'un de vivant n'avait pas le droit de le toucher, de le souiller avec ses doigts pleins de vie.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMar 1 Fév - 18:03

    Non, rien. Il n’avait pas le droit de toucher la poupée. Il ne pouvait rien faire pour elle. Ni la cajoler, ni lui recoudre sa robe, rien. Il ne pouvait que la regarder. La regarder crier, crier et pleurer comme il n’avait jamais entendu une poupée pleurer. Pauvre d’elle, si seulement il pouvait… Ne serait-ce que la toucher pour la rassurer. Mais, il devait se mettre en tête que cette poupée appartenait à quelqu’un d’autre, qu’il ne pouvait pas se permettre de rendre plus heureuse cette poupée. Ça le rendait triste, mais cela ne s’écrivait pas sur son visage. Son beau visage, toujours sans expression, vide, fade. En quelque sorte, le visage de Drocell était triste et ne donnait absolument aucun espoir. Mais, surtout, il ne sortait de sa tête rien qui pouvait se dessiner et ce voir sur son visage. Tout était droit, symétrique. Mais peu importe, que ça s’écrive ou non sur son visage, il le sentait dans sa tête. Il l’entendait appeler au secours, demander de l’aide. La poupée l’appelait de toute sa petite voix. Soit il avait une imagination débordante, soit, il était juste fou. Une folie qui l’entrainait à entendre des voix de poupée, à leur donner une âme, un cœur, des sentiments. Tout ça, toutes ces choses humaines que Drocell n’a plus. Une âme, un cœur, des sentiments. Tout ça, chez Drocell, les aurait-il donnés à ses poupées ? Etait-il devenu un pantin programmé pour créer des poupées, un pantin sans âme, sans cœur, sans sentiment. Juste, un pantin de bois, fait et contrôler par des poupées de porcelaine.

    Il regarda l’homme. L’homme, qui devait savoir des choses sur la poupée. Drocell était inquiet. Elle vivait dans un endroit peu favorable pour une poupée, et avec comme compagnie rien qu’un homme grognon et qui ferait peur à toute petite fille. Cette petite poupée, aux cheveux aussi roux que ceux de Drocell. Ça lui faisait mal. De la voir, mélancolique, attendant qu’une petite fille vienne, après toutes ses années d’attente, enfin jouer avec elle.

    Néanmoins, Drocell ne savait pas pourquoi cette poupée était là. Partout où il aille, les poupées étaient présentes. Il en était assez heureux, mais, voir toutes ses poupées généralement seules et abandonnées lui zappé le morale et il oubliait le pourquoi du comment il était sortit de son atelier. Cette fois, il avait encore oublié pendant quelques instants. Le temps de peut-être réfléchir à un moyen de sauver la poupée ? Surement. Mais quoi qu’il en soit, le géant demanda à Drocell en quoi était faite son échoppe. Il le regarda, et prit un petit temps de réflexion…

    « Du chêne ? C’est possible. Ou peut-être du pin ? Ou alors, autre chose ? Drocell ne sait pas. Me l’avait-on dit ? Drocell ne sait plus. Je sais juste que j’avais choisi le bois le moins inflammable. Du moins, on m’avait dit que le bois utilisé était celui qui avait le moins de risque de brûler. Pour moi, tous les bois sont pareils et brûlent de la même façon. Mais d’après ce qu’ils disaient, celui utilisait brûlait moins que les autres. Surement moins vite ? Peut-être voyez-vous de quoi je parle. Vous, qui travaillez avec toute sorte de bois. »

    Il regarda les petits carrés de bois. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus parlé aussi longuement à un être humain. Il parlait, certes, beaucoup avec ses poupées, mais, sa vie sociale était plus moindre qu’un gros caillou au milieu d’un désert.

    Il désigna un petit carré. Il le montra du doigt, leva la tête vers l’homme.

    « Celui-là. »

    Son visage, encore sans expression, faisait de grands yeux à l’homme. Vraiment, comment un tel homme pouvait s’intéresser et avoir une poupée ? C’était incompréhensible. Et, vu sa taille, il ne devait pas avoir de famille. Mais Drocell, ne sais-tu pas encore qu’il ne faut point juger ses semblables ? C’est mot pour mot ce que dirait son père. Un homme bon, sans aucun préjuger pour personne. Drocell non plus ne devrait pas en avoir. Il serait mieux s’il n’en avait pas.

    Bref, il ne fallait pas que Drocell reste trop longtemps ici. Ces poupées l’attendent. Mais elle… Sa vie, son existence, il ne voulait plus qu’elle soit futile. Pauvre petite chose, pauvre petite poupée, pauvre petit être. Il se retourna, une nouvelle fois, vers la poupée. La regarda, quelques secondes. Fit un, deux pas vers elle. Qu’est-ce qu’il attendait pour la toucher, la prendre et s’en aller en courant ? Dommage que Drocell ne sait plus courir. Et voler est mal ! Maintenant, il devait partir. Partir avec son bois, pour y mettre de nouvelles poupées. Après tout, c’était pourquoi il était venu ici. Visiter ce grand menuisier. Mais si, Drocell partait, qu’arrivera-t-il à la poupée ? Resterait-elle encore longtemps sur cette chaise, sa robe déchirée ? Zut, Drocell ne savait plus quoi faire. Il essayait de se retenir, de ne pas la prendre avec lui. Mais c’était une envie tellement forte. Comment pourrait-il partir de cet atelier en laissant derrière-lui cette poupée si innocente entre les mains de cet homme dont il ne savait rien.

    Il regarda l’homme. Il fallait qu’il surenchérisse, qu’il parle, 0necore de la poupée. Peut-être allait-il paraître collant, agaçant, mais tant pis. Au pire, il se fera jeter du magasin.

    « Drocell ne sait pas quoi penser de votre poupée. Il est certain qu’elle vient du même endroit que moi. Mais, elle me parait bien plus âgée. »

    Il stoppa.

    « Je vous embête, n’est-ce pas ? »

    C’était une question futile. Bien-sûr que toutes ses interrogations devait embêter l’homme. Pourquoi un client s’intéresserait à une si petite poupée, devait-il se dire. Après tout, il ne devait pas connaître Drocell et ne devait jamais l’avoir vu. Tout comme Drocell n’avait jamais vu le menuisier et n’était jamais venu dans cet atelier. Il regarda au loin, l’assiette de fromage et de pain, et prit son chapeau et fit une petite courbette en direction de l’homme, puis redressa seulement la tête pour lui parler, yeux dans les yeux.

    « Je me déçois. D’une part, j’arrive dans votre magasin à une heure peu propice, puis, vous demande un bois dont je ne connais aucune autre information que sa couleur. D’autre part, je vous fais attendre pour manger votre repas, et, je n’arrête pas de vous questionner sur cette poupée. Je suis quelqu’un de très collant, embêtant, et j’arrive toujours dans les moments les moins appropriés. Mais, avant de vous laisser, permettez-moi d’être encore une fois impoli et trop curieux. »

    Il se redressa entièrement d’un geste. Revint vers la poupée et fit basculer légèrement la chaise.

    « Monsieur le menuisier. Permettez-moi d’être curieux et de m’introduire dans votre intimité. Dîtes-moi en plus sur cette poupée. Pourquoi est-elle là, où l’avez-vous acheté, quand, et pourquoi vous la gardez ici ? Dans ce milieu, très peu convenable pour une vraie princesse. »
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMar 1 Fév - 22:48

Et il continuait de regarder cette petite poupée de porcelaine, ça te donnait des frissons dans tout corps. Tu ouvris à plusieurs reprises ta bouche pour lui cracher le venin de ta colère, mais à plusieurs reprises tu t'étais arrêté, incapable de trouver tes mots. Qu'est-ce que tu pouvais bien lui dire ? Comme d'habitude Asgeir, tu ne trouvais rien, ton cerveau était vide et passif, tu restais planté dans ton coin, fixant le jeune homme avec une certaine animosité. Tu étais un paradoxe en toi-même, toi l'Homme-Arbre dont personne ne connaissait le véritable nom. Tu voulais bondir sur lui pour qu'il n'effleure pas ta poupée, tu voulais le saisir à la gorge comme tu avais essayé de le faire avec l'Inquisiteur autrefois, mais tu ne faisais pas le moindre mouvement.

Qu'attendais-tu ? Tu étais bien plus grand, plus robuste, mais plus vieux aussi. Tu n'avais rien à craindre lui, tu n'avais qu'à lui saisir le bras et peut-être sans vouloir le lui déboiter l'épaule — tu ne te rendais pas compte de ta force —, le foutre dehors comme ton envie te le dictait, mais tu ne bougeais. Asgeir... qu'est-ce que tu attendais ? Tu attendais qu'il te prenne cette poupée ? Ce souvenir que tu aimais tant, et que tu haïssais ? Tu sentais chaque seconde s'écouler, glisser dans ton dos et te pousser dans ce gouffre immense du chagrin, tu n'étais qu'un lâche ! Au nom de l'Ombre, Asgeir... il était là... si proche de la petite poupée de porcelaine, prêt à l'arracher devant tes yeux sombres et cernés, prêt à s'enfuir avec elle ? Non ? Tout de même pas ! S'il faisait ça... qu'est-ce que tu aurais fait Asgeir ? Tu aurais simplement sombré dans ton chagrin ? Comme tu aimais le faire ? Ou aurais-tu été capable de le tuer ? Après tout, tu aurais pu l'assommer avec la chaise neuve construite en peuplier, posé près du jeune homme. Et aurais-tu caché le cadavre ? Sous ton plancher ? Ou aurais-tu attendu la nuit pour l'abandonner à la mer ? Ou bien le découper et le répartir dans tout Ishtar ?


Il finit par te poser une question sur le bois, oui le bois, toujours le bois. Quoi d'autre ? Tu n'étais que le Menuisier, toi l'Homme-Arbre. Et ça te suffisait amplement. Tu hausses les sourcils et déposas le petit carré de bois qu'il avait choisi sur la table, ou plutôt l'énorme planche qui te servait de table. Tu posas des feuilles, une règle et un crayon que tu avais laissé plus loin, et tu t'assis sur le banc, posant ton bras dessus, tu retournas toute ton attention sur le jeune homme. Notant tout ce qu'il te disait sur un coin d'une feuille à moitié déchiré, approuvant d'un simple signe de tête, parfois il t'arrivait de le quitter des yeux pour les poser sur le mur en face de toi. Le feu... il t'était arrivé de le détester des fois, le feu, les flammes, la destruction. C'était ce qui pouvait détruire le bois, son ennemi le plus terrifiant, car en une seconde, il pouvait dévorer les plus solides des structures, même s'il n'y avait pas de miracle contre lui. Un bois qui avait peu de chance de se laisser consumer rapidement, et dans ces couleurs... tu ne faisais pas de miracle non plus, c'était aux gens de prendre soin des oeuvres que tu leur confiais. Tant pis si ces dernières étaient détruites, une fois que tu les avais abandonnés aux autres, tu ne t'en préoccupais plus. Si on te demandait de l'entretien, tu y allais, mais tu ne cherchais pas plus. Auparavant, le temps où tu avais une famille, tu aurais pris plaisir à revoir une table par exemple, construite et finis pour une autre famille, ça t'aurais réchauffé le coeur. Désormais, ça n'a plus la moindre importance, continueras-tu à vivre ainsi Asgeir ? Seul, homme sinistre dans son atelier et qui passe ses journées à murmurer et à caresser le bois ?

— Vous avez les mesures ?

Machinalement, tu commenças à dessiner les plans de l'étagère, imaginant la petite boutique du jeune homme. Craignant cette fois-ci de reposer tes yeux sur lui, et de le voir à nouveau fasciné par ta petite poupée de porcelaine. Tes doigts tremblaient sur le crayon, tandis que ton pied tapait nerveusement par terre, tu mordis ta lèvre inférieure et luttais pour calmer toute ta haine et ta colère. La voix du jeune homme résonna à nouveau, cette poupée ! Pourquoi ne lui sortait-elle pas de la tête ? Si ça continuait, tu allais lui ouvrir le crâne et lui sortir cette idée ! Tu avais envie de lui hurler dessus et de le faire sortir, par la force s'il le fallait. Tu grinças des dents et tournas vivement la tête vers lui, la curiosité, sa curiosité et son envie d'en savoir plus sur elle. Les questions venaient et tu restais presque impassible, seule ta main tremblait sur ce pauvre crayon.

Tu finis par le casser entre tes doigts, tu le serras de toutes tes forces et tu lanças un regard noir au jeune homme. Que dire ? Que dire ? Tu ne savais jamais quoi dire, les mots ne venaient jamais dans ta bouche, et ne se bousculaient jamais. Ils restaient en permanence écrasés dans ta gorge, mourant avant même de naître. Tu avais la gorge sèche et la respiration lourde ; une vraie princesse, il te disait. Il ne savait pas que les véritables princesses étaient ta femme et ta petite fille que tu avais perdue à tout jamais. Tu comprenais peu à peu ce jeune homme, ce n'était pas les humains qui l'intéressaient, mais ces petites créatures de porcelaines, faîtes pour les enfants. Tu étais un peu pareil, quelque part ; mis à part le bois, plus rien ne t'intéressait. Tu restais amorphe et vide. Tu poussas un soupir, puis tournas la tête vers ton assiette et encore, tu soupiras, fatigué par la vie.


— C'est un souvenir.

Comme les autres, un souvenir comme les autres dont tu ne parvenais pas à te séparer. Asgeir, tu étais un fantôme.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMer 2 Fév - 11:45

    Ça y est. Drocell avait mit l’homme en colère. Tellement en colère qu’il en cassa son crayon entre ses doigts, d'un seul geste. Drocell fut étonné de cette réaction et fit un pas en arrière. Il frissonna. Tout son corps se mit à trembler. Que lui arrivait-il ? Il posa sa main sur le premier truc qui lui vint, restait droit, très droit et respirait doucement. Il eut peur, peur de mourir. Une seule frappe de la part de l’homme dans la tête de Drocell et tout aurait été finie. Mais que serait devenu les poupées ? En fait, ce n’est pas vraiment la mort qui lui faisait peur, c’est de ne vraiment pas savoir se que deviendrait ses poupées, sans personne. Ni lui, ni Edward, ni personne.

    Il reprit ses esprits, jeta un dernier coup d’œil à la poupée et se rapprocha du géant. Doucement, sans geste brusque. L’homme était peut-être agressif parce qu’il n’avait pas mangé ? Drocell ne savait pas, et ne savait pas quoi faire. Le mieux pour Drocell aurait été qu’il s’enfuit. Qu’il s’enfuit loin de ce menuisier et qu’il ne le revoit jamais. Drocell avait été trop obnubilé, trop curieux, trop, trop et trop. Mais, cet idiot de Drocell ne pouvait se résoudre à partir. Il n’était plus question de la poupée. Même si… Là, Drocell fut intrigué par la réaction du menuisier. Un souvenir, disait-il. Drocell prit une chaise en bois, et osa s’asseoir, en face du menuisier. Il n’avait pas été invité à s’asseoir à la table du propriétaire. Cela mériterait qu’il se fasse jeter dehors, à coups de pied. Mais, Drocell, ne pensait même pas à provoquer, il ne pensait pas que c’était mal de s’asseoir sans aucune permission. Sans gêne, il le regarda, croisa les jambes, une jambe sur l’autre. Il posa ses mains sur son genou, se tenait bien droit et regardait l’homme sans montrer le moindre sentiment de peur, même si Drocell ne savait pas vraiment ce qu’il faisait là, assis devant l’homme qui ne désirait qu’une chose, ne plus voir Drocell. Peu importe. Têtu, Drocell l’était. Il l’était même énormément. Comme lorsqu’il n’arrivait pas à faire une couture, il la refaisait, jusqu’à que celle-ci soit magnifique. En plus d’être têtu, il ne baissait jamais les bras, et en fait, ce qu’il veut, il l’a. Et là, ce qu’il voulait, c’était carrément de savoir pourquoi l’homme avait cette poupée.

    L’assiette était plus près de lui que de l’homme. Il continuait de le fixer avec ses grands yeux bleus. Il cligna des yeux, une fois, pas plus.

    « Notez bien. »

    Il lui communiqua les mesures du mur, combien il souhaiterait d’étagère et tout le reste des renseignements que l’homme pourrait avoir besoin pour remplir la commande du pantin. Il continuait de la fixer sans broncher, juste énumérant les chiffres à la suite, sans grande intervalle entre. Une fois terminé, il aurait du se lever, s’en aller et attendre que l’homme vienne lui mettre ses étagères. Au lieu de ça, il restait là, le dévisager comme un idiot. Mais, non, Drocell n’était pas, n’est pas et ne sera jamais, idiot. S’il était là et qu’il y restait, c’était qu’il avait une bonne raison. Quoi qu’il en soit, une fois que tout était noté et que Drocell n’avait plus rien à faire ici, il serait temps d’en savoir plus. Cette fois, il devait le coincer, le forcer à répondre à des questions simples. L’attendrir peut-être ? Non. Quoi que… Mais cette poupée, pourquoi Drocell voulait en savoir autant sur elle ? Peu importe…

    « Un souvenir. Certes. Drocell aussi, a beaucoup de souvenir avec les poupées. Non, en fait, les poupées sont la vie de Drocell. Sans, Drocell n’est plus. Sans toutes ses poupées, je suis futile, inutile, un bon à rien. »

    Il le regarda. C’est sûr, l’homme s’en fichait ! Mais pourquoi lui racontait-il ça ? Pourquoi, d’un coup, se mettait-il à raconter sa vie à un inconnu ? C’est débile. Mais qu’attend-il vraiment de l’homme ?

    « Bien. Je suis déjà sûr que vous avez acheté cette poupée à Cainz Doll’s. Mais, pas dans l’échoppe installée à quelques pas d’ici. Non ! L’ancien Cainz Doll’s, désormais, un tas de cendre. Il est certain que c’est là-bas que vous avez acheté cette poupée. Mais, cela doit faire des années maintenant que vous en êtes en sa possession, se qui explique son état ainsi que son corps, ses membres et tout le reste installé avec une, « technologie » bien vieille. Oui, les choses évoluent même pour les poupées. »

    Il regarda une nouvelle fois l’assiette dont l’homme devait avoir follement envi. Puis, de nouveau l’homme.

    « Je veux juste en savoir plus… Ce dont vous vous rappelez lorsque vous l’avez acheté. Le vendeur, comment était-il, qu’avez-vous t’il dit ? Tout ce genre de petits détails. »

    Mais, vraiment, pourquoi Drocell voulait savoir tout ses renseignements si petits. Avait-il était ensorcelé par la poupée ? Ou, était-il simplement juste intéressé par ce que qu’avait pu faire comme vente son père ? Mais, ce qui était sûr, c’est que tout cela était très, très inconvenable et gênant. Mais pas pour Drocell, sa curiosité maladive pour les poupées de son père, il l’aimait. La curiosité permet de s’enrichir d’un tas de savoir. Un savoir, peut-être inutile, mais un savoir reste un savoir et une information, important soit-elle, reste quelque chose à savoir.

    Il tendit le bras vers l’assiette, et tout en la déplaçant vers l’homme, Drocell parlait en même temps de sa douce et apaisante voix.

    « Mangez. Vous devez être affamé avec tout le boulot que vous faites. Et, pourquoi ne pas partager des choses, autour d’une assiette de pain et de fromage ? N’ayez aucune pudeur devant Drocell, je suis juste amoureux des poupées. A côté, le reste me semble futile. »

    Il lâcha l’assiette qu’il avait faite glisser juste devant la tête de l’homme. Il se redressa, très droit, les mains posées, toujours sur son genou. Puis, il se força de sourire. Un sourire narquois. Comme si Drocell était presque fier de lui. Alors que finalement, il ses paroles avaient certainement mises l’homme dans une grande colère.
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMer 2 Fév - 18:45

Tu regardas le jeune homme prendre place non loin de toi, par habitude, tu te reculas légèrement. Tu posas la moitié du crayon cassé et inutilisable et gardas l'autre dans ta grande main, tu fixais à présent cette feuille blanche où tu avais fait quelques ratures. Tu avais envie de protéger ce petit souvenir du regard indiscret de Drocell, et de surtout de lui interdire de s'approcher d'elle ; elle n'était pas à lui, elle n'était pas à toit, elle était à ta petite fille qui ne la serrera jamais dans ses bras blancs. Asgeir, pourquoi songeais-tu à toutes ces choses ? Pourquoi étais-tu sans cesse frappé par les horreurs qui ont mené ta vie ? Pourquoi t'étais-tu emporté contre ce jeune homme ? Tu grinças des dents devant sa volonté à vouloir rester là, et te parler de cette poupée de porcelaine, ce n'était qu'un jouet rien d'autre. Un jouet, un cadeau, une poupée, un jouet... RIEN D'AUTRE ! Alors pourquoi ? Pourquoi ça obsédait tellement ce gamin ? Qu'est-ce qu'il trouvait de particulier à cette poupée, vieille de vingt-trois ans ? Elle était plus âgée que lui, moins belle certainement que les modèles qu'il confectionnait, pourquoi ce garçon tenait-il à savoir toutes ces choses ? Ça ne changerait pourtant rien à la situation. Tu resterais ce grand homme qui murmure au bois, qui prend plaisir a le toucher et le travailler, s'accrochant à sa passion, un damné que l'Église avait condamné. Un faux terroriste, un innocent détenu, un pauvre con.

Qu'est-ce que tu devais faire Asgeir ? Râler contre l'impolitesse du jeune homme et le jeter dehors en le prenant par le col ? Tu te laissais envahir cet endroit, sans intervenir, sans chercher à lutter contre lui. Tu te contentais d'être, c'était une bonne chose, Asgeir, vraiment. La prochaine tu attendras qu'il te prenne cette poupée pour casser l'autre partie de ton crayon ? Le travail avant tout. Tu approuvas, alors qu'il te dictait les mesures, le nombre d'étagères et le reste, ta main gribouillait le tout, sans faire d'effort pour soigner la présentation. Tu te foutais que les clients te prennent pour quelqu'un de brouillon, tu te contentais d'écrire, rien d'autre, rien de moins, tu t'en foutais du reste. Et puis le jeune homme reprit la parole, un véritable moulin à parole face à un grand arbre sec, la situation avait quelque chose de grotesque, comme toi, comme son amour inconditionnel pour ses poupées. Quelque part, tu ressentais de la compassion pour lui, il ne connaissait pas l'amour d'une femme, l'étreinte d'une amante et la joie d'avoir quelqu'un à ses côtés : d'autre part, tu l'enviais de ne pas avoir connu tout ça, il n'avait pas encore à souffrir de ces choses-là. Tu soupiras encore... ah... cette boutique avait disparu ?

Tu n'avais jamais cherché à savoir si cet homme était encore en vie, tu n'en avais même jamais eu l'idée. C'était triste pour ce pauvre garçon, mais tu n'arrivais pas à ressentir encore de la peine, tu ressentis juste de l'accablement, rien d'autre. Pas de compassion non plus, après tout, c'était à cause de ta compassion que tu étais devenu que tu étais. Tu mordis ta langue, des questions encore et toujours, n'avait-il que ça à la bouche ? La poupée ! Tu respiras lourdement et tu laissas le silence revenir, tu n'avais pas envie de lui répondre, mais tu compris peut-être ce qu'il y avait chez Drocell. Cet homme qui t'avait vendu cette petite créature avait dû être important pour ce jeune homme assez particulier. Que cherchait-il ? Des réponses sur ce cadeau jamais offert ? Ou bien des réponses sur ce vendeur ? Cet homme qui avait un jour compté pour lui ? Asgeir... étais-tu en train de comprendre ce jeune homme ? Tu secouas la tête, tu n'avais peut-être pas ces réponses qu'il désirait. Tu n'en savais rien. En fait, tu ne voulais pas parler. Tu te levas et coupa ton morceau de pain en deux, tu le donnas au jeune homme et sans un mot de plus, tu clopinas en mordant dans le fromage pour revenir dans ton arrière-boutique.

Tu avais besoin de retrouver quelques instants ta solitude, même si tu craignais que le jeune homme touche à ta poupée en ton absence. Tu soupiras et essayas de calmer l'angoisse qui te tenait le ventre, tu passas une main dans ton dos pour gratter une cicatrice qui datait, et qui pourtant te démangeait atrocement. Tu mordis ta lèvre inférieure et avanças dans la pièce sombre, tu cherchas des yeux rapidement une étagère que tu avais confectionnée, il y avait deux ans pour un client qui n'était jamais venu la chercher. Tu te rappelas que dernièrement, tu avais compris pourquoi : lui aussi était mort. Tu avais cette impression oppressante et terrible que tous ceux qui t'entouraient mourraient, comme si tu portais malheur. Ce jeune homme allait peut-être faire une mauvaise rencontre, et perdre la vie après que tu lui aurais vendu ses étagères. Qui savait ce qu'il pouvait lui arriver ? Après tout, la vie n'était qu'une succession d'évènements, parfois beaux, souvent sinistres. Tu passas une main sur ton front et touchas cette curieuse cicatrice en forme de croix, tu haussas les épaules et te dirigeas dans un coin reculé, tu trouvas ce que tu étais venu cherché et dans un mouvement, tu soulevas l'étagère. Tu revins en boîtant dans ton atelier et déposas sans la moindre délicatesse l'étagère, plutôt bien travaillée, le bois était encore du chêne, un bois solide que tu appréciais pour cette qualité. Tu passas ta main sur l'une des planches, la teinte avait jauni avec le teint, mais ce n'était pas si mal. Peut-être que ça allait le faire partir, tu l'espérais. Tu chassais tes fantômes.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyJeu 3 Fév - 19:36

    Le silence demeurait dans la pièce. Alors que Drocell croyait qu’il aurait pu avoir plus d’information, l’homme ne disait rien et restait silencieux. Tout comme Drocell, qui lui avait une bonne raison de ne rien dire : il attendait une réponse. Une petite réponse. Juste, une minuscule réponse. Histoire d’en savoir plus sur le boulot de son père. Histoire d’en savoir juste d’avantage sur cette jolie poupée. Il était déçu, très déçu que l’homme ne veuille rien lui dire. Tu n’as donc plus rien à faire ici, cher Drocell. Il aurait fallu que le pantin s’en aille et attende sagement dans son atelier ses étagères.

    L’homme se leva et donna un morceau de pain à Drocell. Il s’en emparait puis le regarda pendant quelques secondes. Pourquoi lui avait-il donné ce morceau de pain ? Pourquoi avoir fait ce geste quelque peu attentionné, alors que depuis le départ, Drocell et d’une très grande impolitesse. Il ne savait pas, c’est pour ça qu’il n’osa pas prendre une bouchée. Il eut une illumination de bon sens, il ne devait pas manger dans ce pain. C’était peu être un présent offert à Drocell, mais il ne le méritait pas. Il le reposa donc sur la table et baissa la tête d’un mouvement. Il regarda ses mains cachées par des gants blancs. Ils cachaient toutes les cicatrices et les petits trous que s’infligeait Drocell lorsqu’il créait des poupées. Pourtant, cela ne lui avait jamais fait mal. Il avait toujours supporté les piqures, pour ses poupées, car sa douleur n’était rien à côté de ses poupées. Les poupées, qui jamais n’auraient de vraie vie, qui jamais ne connaîtront la véritable douleur qui fait que l’on sait, qu’on est vivant.

    Mais maintenant, à ce moment-même, que devait-il faire ? Franchement, il n’en avait absolument aucune idée. Partir sans rien dire, laissant cette poupée rousse sur sa chaise, triste et seule, ou la prendre avec lui. Mais, la situation qui lui paraissait la plus approprié serait d’aller s’excuser. Mais ? Comment fait-on ? Les excuses, ce n’est vraiment pas un truc facile. Et puis, il sait, que même s’il s’excuse, la poupée reviendra le sujet de conversation numéro un après qu’il se soit excusé. Il ne tiendrait pas deux minutes, en face de l’homme sans essayer d’en savoir plus. Il se connaissait, connaissait ses réactions, et savait que cela se passerait de cette manière. Quoi qu’il en soit, Drocell c’était mis dans une position très désagréable et qui lui en donnait presque des frissons. Il avait assez honte de ses paroles. Entre nous, il faut bien avouer que l’obsession de Drocell pour les poupées devenait maladive. Comme si il ne voyait que ça dans le monde, comme si ces petites filles modèles étaient la seule chose importante pour lui dans le monde. En fait, ça doit même être ça. Son amour pour ses petites filles de plastique était si fort qu’il en oubliait tout le reste lorsqu’il était confronté à une poupée. Elles seules étaient importantes. Rien d’autre. Si une situation grave se produisait, il préfèrerait sauver une poupée que dix êtres humains. Il pourrait même sacrifier sa vie pour des poupées. Obnubilé, obsédé, amoureux. Ces poupées avaient un effet tellement ensorcelant sur Drocell. Pour elles, il ferait n’importe quoi. N’importe quoi, vous dis-je. Même provoquer une grande colère sur un grand homme ? Ce n’est pas cela qui le ferait reculer.

    L’homme revint vers Drocell. Drocell releva la tête. Il n’avait pas touché au pain, il avait refusé d’y toucher, de peur d’y être mal vu. Il aperçu une planche de bois, l’étagère très certainement. Drocell se leva, droit, décidé. Mais une fois levé. Oui, maintenant, que dire ? Et lui le géant, qu’allait-il dire ? Drocell voulait savoir des choses, qui devaient paraître futile au géant. Peut-être pas autant que ça ? Les poupées ne sont juste que des poupées pour les autres humain normalement. Pourquoi lui, cachait la vérité à Drocell ? Pourquoi il ne lui disait pas ce que voulait entendre Drocell ? Pourquoi ?! Son père avait vendu cette poupée, son père l’avait créé… Il avait le droit d’en savoir plus. En fait… Il voulait peut-être savoir quelle impression son père donnait de lui à la vue des autres. Il n’avait jamais vu son père autrement que la réincarnation de la bonté et de la gentillesse. Commet ça c’était passé, pourquoi cette poupée. Et ce qu’il voulait pas dessus tout, c’était serré pour la dernière fois cette poupée, création de son père.

    Drocell était quand-même heureux qu’il des poupées de son père soit encore comme ça, dans la nature. Il était fier d’être le fils d’Edward Cainz. Il était fier d’avoir tout appris de lui, il l’admirait, Edward était comme un dieu pour lui. Le dieu des poupées, régnant sur elles, guettant à ce qu’il ne leur arrive rien.

    Il le regardait, toujours aussi droit, toujours sans expression et le visage toujours aussi fade, sans vie, sans regard, sans rien. Presque inerte, comme une poupée.

    Donc, que pouvait-il bien dire ? S’il continuait, il allait finir par radoter. Il regarda la planche. Elle était presque parfaite. Presque parfaite… Il n’osait pas baisser les yeux trop longtemps pour la regarder. D’angoisse. L’angoisse de ne pas savoir le regard de l’homme. S’il allait changer son regard pour de l’exaspération, de la colère, de l’énervement. Déjà qu’il ne savait pas ce que pensait l’homme de lui.

    « C’est parfait. »

    Il prit son chapeau, le mit contre son torse et regardait l’homme.

    « Si ça ne vous dérange pas, je préfère vous payer lorsque vous aurez posé les étagères. Non pas que je ne vous fasse pas confiance. Drocell est bien trop naïf pour craindre de se faire avoir. »

    Il continuait de le regarder puis recula. Il se pencha, fit une grande courbette en serrant son chapeau contre lui.

    « Je suis désolé de vous avoir ainsi importuné. A tel point, que vous avez dû avoir pitié de moi pour m’offrir ce morceau de pain. »

    Il se releva, remit son chapeau.

    « J’espère juste… Ne pas partir comme je suis venu. »
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyJeu 3 Fév - 21:15

Asgeir, tu ne pensais pas un seul instant que ton comportement était inconvenant, une mauvaise chose irrespectueuse, ce jeune homme était un client, et tu le foutais à la porte à cause de sa trop grande curiosité. Pourtant, tu avais connaissance de tes gestes, et tu t'en foutais. Tu voulais qu'il parte, rester seul, travailler ton bois comme si cette foutue poupée n'avait jamais existé, comme si elle ne s'était jamais tenue sur cette chaise. Tu ne comprenais pas l'intérêt de Drocell pour cette chose pourrie par le temps, tu regardais le jeune homme sans la moindre expression, tu en étais presque dénué. Ton regard était juste plus sombre, plus froid, plus mort aussi. Tu attendais simplement une réaction de la part de Drocell, ce garçon était tellement imprévisible que tu n'arrivais à rien, et tu détestais lorsque quelque chose te perturbait. Ca te déboussolais, te faisais perdre pied et tu ne savais pas comment réagir. Drocell ne cessait de te surprendre, seulement, tu étais rassuré de voir la petite poupée rousse là où elle était. Toujours à la même place depuis vingt-trois ans, sans que personne ne soit venu la toucher, la frôler ou la prendre dans ses bras. Tu touchas machinalement le bracelet en argent, ce bracelet trop petit pour toi, mais que tu aimais frôler lorsque tu te sentais en danger. Tu remarquas le morceau de pain qui était posé sur la table, finalement Drocell ne l'avait pas touché, ta générosité et tes gestes étaient difficiles à interpréter.

Cette fameuse générosité ! Ah... parfois tu aurais adoré la détruire entre tes grandes mains, la réduire en morceaux et l'enterrer près d'un cadavre encore frais, l'oublier et oublier ces souvenirs qui te pourrissaient le coeur ! C'était à cause de ta générosité que ton amour était morte, sombre imbécile ! Sombre crétin, pourquoi fallait-il que tu eus cette qualité si terrible dans le coeur ? Aujourd'hui encore, elle était là, imprimée dans ton cerveau à jamais. Tu te baissais, pensif, éternellement pensif, et examinas les détails de cette étagère, tu vérifias sa solidité en donnant de petits coups de poing dessus, tes phalanges couraient sur le bois en créant un petit rythme, entre deux soupirs, tu tendis l'oreille pour t'assurer que le bois n'avait pas été dévoré par les mites. Tu te relevas et approuvas le jeune homme lorsqu'il te dit que ce modèle était parfait, bien, tu le laissas et notas quelques informations sur le papier. Machinalement, écoutant malgré tout le jeune homme, tu pris ta règle et commenças à tracer les premiers plans des étagères. Ton écriture était toute petite, en patte de mouche et presque impossible à lire, seul toi, tu parvenais à te comprendre, heureusement sinon tu ne pourrais pas t'en sortir. Tu hochas la tête, tous les clients te réclamaient ça, comme s'ils pouvaient lire sur ton visage que tu étais un criminel, et qu'il ne fallait pas faire confiance au criminel. En ce qui concernait Drocell, il semblait que c'était un prétexte pour te parler de la petite poupée de porcelaine, en savoir plus. Tu fronças les sourcils et tournas la tête en sa direction :

— C'est à dire ?

Tu ne compris pas sa phrase et où il voulait en venir. Tu observas comme depuis le début le garçon, cherchant à comprendre le sens de sa phrase. Ce jeune homme était réellement étrange, il paraissait ne pas vivre dans le monde que toi, en fait celui-ci semblait s'arrêter à ses poupées qu'il chérissait tant. Amoureux d'elle comme tu avais été amoureux de ta femme, tantôt il te parlait de lui à la troisième personne, soit il parlait normalement. Un être qui ne vivait pas dans ta réalité, avec du recul, tu comprenais mieux pourquoi il était en décalage. Tu mordis tes lèvres et haussas les épaules, du moment qu'il ne touchait pas à cette poupée de porcelaine, tu t'en moquais, ce n'était pas tes affaires. Le monde aussi ne te concernait plus, rien ne te concernait véritablement de toute façon ; hormis tes souvenirs, et cette créature en faisait partie. Tu soupiras et en boitant, tu te relevas pour te diriger dehors. Tu avais entendu des voix de gamin et soudain, une pierre éclata une vitre de ton atelier. La pierre atterrit sur la table et roula, tu la regardas plusieurs secondes, voir une minute tout entière en percevant les rires des enfants. Tu pris la pierre dans ta grande main et en boitant, tu sortis de la boutique, agacé plutôt qu'énervé et tu fixas une petite tête blonde prendre la fuite. Dehors, sentant la froideur de l'hiver mordre ta peau, tu soupiras et fermas les yeux. Tu posas la pierre sur la planche de bois qui te servait de table, tu retournas t'asseoir pour examiner ta vitre brisée. Puis au bout d'un moment, tu te souvins qu'il fallait au moins enlever les éclats, te relevant, tu n'accordas plus de regards à Drocell et alla cherchas un drap qui traînait là.

De ton habituel pas clopinant, tu allas ramasser les éclats de verre, ouvrant le drap et observant chaque morceau brisé avec intérêt. C'était dangereux et la prison avait développé en toi quelque chose que tu n'aurais pas soupçonné. Mis à part ta jambe malade, tu ne ressentais plus la douleur physique ; par exemple, tu aurais pu t'enfoncer l'éclat dans ton bras, dans une veine précisément, et voir ton sang couler encore et encore sans te sentir atteint par ça. Ta peau était comme de l'écorce, dur et fragile par moment ; tu finis de ramasser les éclats et les déposas sur une autre chaise, en construction que tu devrais finir dans trois jours. Tu fixas alors Drocell en attendant sa réponse. Ne sachant pas trop quoi dire non plus, parler, ça n'avait jamais été ton fort et tu ne savais pas comment te comporter avec les autres, surtout avec ce jeune homme-là. Qu'est-ce que tu devais faire pour qu'il comprenne que tu ne voulais pas de question au sujet de la poupée ?
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMer 9 Fév - 14:11

    Mon pauvre petit Drocell, tu ne te fais même pas comprendre. C'est-à-dire ? C'est-à-dire ? Drocell regarda l’homme lorsqu’il prononça cette phrase : « c'est-à-dire ». Drocell ne c’était pas fait comprendre. Non. Il réfléchissait à sa phrase. En effet, c’était peut-être un lapsus assez gênant que Drocell ne voulait pas faire. L’homme avait pu croire que Drocell, en disant, « je ne partirai pas sans rien » voulait dire qu’il partirait avec la poupée. Mais, il avait abandonné cette idée depuis maintenant déjà quelques minutes. Car, il avait vu dans les yeux de l’homme, que cette poupée lui tenait à cœur. Même s’il ne comprenait pas encore tellement comment un homme si rustique pouvait aimer et était attaché à une si jolie poupée. Quoi qu’il en soit, l’homme se leva. Dans le même mouvement, une pierre éclata la vitre. Drocell regarda sur la table, la pierre, roula. Puis, elle s’arrêta nette. Drocell ne la quittait pas des yeux et entendait les cris d’enfants. L’homme la prit, et partit vers le porte d’entrée. Allait-il la lançait sur le gamin qui avait fait ça ? Non, il le laissa filer.

    La pierre, il la remise sur le table que Drocell n’avait toujours pas lâché des yeux. Il savait ce qu’il se passait, il écoutait avec attention tous les moindres mouvements de l’air et des pas de l’homme. Cette pierre, elle avait sorti Drocell d’une impasse. Elle n’aurait pas pu mieux tomber. Car, il ne savait plus quoi dire, quoi faire pour cette poupée. Il avait honte, mais, il pensait abandonner cette affaire. Mais que voulait-il faire ? Il aurait, juste voulu en savoir un peu plus. Mais, savoir quoi ? Ce qu’il voulait, était des informations si petites… Son père, il voulait savoir comment il travailler. Encore, une dernière fois… Il n’avait plus à l’atelier de poupées de son père, elles avaient toute étaient vendues. Rien qu’une dernière fois, serrer une de ses créations, comme si il le serrait à lui. Comme si c’était la fille de son père, sa sœur, et non une poupée de cire. Mais, vraiment, ça se voyait que le géant n’avait pas du tout envie de parler de cette poupée. De la prêtait à Drocell, pour qu’il la câline, la coiffe, l’habille. C’était évident, et Drocell le savait. Mais alors, pourquoi était-il encore là ? Pourquoi ce pantin, qui ressemblait de plus en plus à une poupée dans ses gestes et son physique au fil des années, restait là ? Pourquoi devait-il continuer à questionner l’homme pour en savoir plus ? Mais savoir quoi de plus à la fin ?! Drocell est vraiment un homme très complexe.

    Drocell, ce pantin amoureux de poupée, parlant quelques fois à la troisième personne de lui-même, quelque fois normalement. Ce pantin sans expression, sans joie, sans tristesse, sans sentiment, comme si tout ce qu’il avait d’humain il l’avait cédé à ses poupées. Il se leva. Il se retourna et vit l’homme ramasser les petits bouts de verre. Pourquoi ces gamins avaient-ils fait cela ? Vraiment, les enfants de pauvres sont tous des moins que rien qui ne s’intéresse qu’à jouer et à faire des bêtises. Drocell, était certes un enfant de pauvre, mais bizarrement, jamais il ne c’était intéressé aux jeux de garçon. Les lancers de pierre, comme là, embêter les filles… Peut-être parce que Drocell n’était jamais allé à l’école. Mais en tout cas, ces jeux des autres enfants, qu’il observait depuis sa petite maison, il les trouvait un peu bête, sot. Oui, même enfant, Drocell était un enfant triste. Tous les petits garçons aiment jouer. Lui, il ne faisait que câliner sa poupée blonde et compter les cailloux par terre. Voilà une vie d’enfant bien ennuyante, mais, il préférait ça. Et, il ne regrette pas de ne jamais être à l’école. Car, sinon, tout aurait été différent. Il ne se serait pas attaché à sa poupée, l’école lui aurait plus vite trouvé un orphelinat, et il n’aurait sûrement pas rencontré son père. Quand il pensait à ça, il remerciait sa pauvre mère. Sa pauvre mère qu’il aimait quand-même un peu malgré tout, grâce à ça. Son père biologique aussi, on ne parle pas souvent de lui, mais il l’adore. Sans lui, sa poupée blonde, il ne l’aurait jamais eu s’il avait vécu avec son véritable père et sa mère. Mais… Ce qu’il s’était toujours demandé, c’est pourquoi une poupée à un petit garçon ? Mais, peu importe.

    Drocell continuait de regarder l’homme. Il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Peut-être devrait-il l’aider… Mais, cette idée ne lui plaisait pas trop, il ne voulait pas risquer de se blesser d’avantage les mains. Il restait donc silencieux, observant avec attention. L’homme déposa les éclats sur une chaise et il commença à fixer Drocell. Il se rendit à ce moment compte, que c’était une situation très gênante. Et surtout, que lui, Drocell, il faisait souvent ça à ses clients. Il les fixait, longtemps, sans bouger, jusqu’à que l’un d’eux comment à parler. Il se rendait donc compte de combien c’était désagréable. Mais, avec cet air si indifférent qu’il avait toujours, cette sensation d’être fixé, ne le dérangeait pas plus que ça. L’homme devait attendre une réponse. Mais laquelle devait donner Drocell ? Il ne savait pas trop… Même pas du tout. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il fallait qu’il dise quelque chose. S’excuser certainement.

    Il regardait tout aussi fixement l’homme. Il était tenté de commencer à faire une deuxième courbette, mais, est-ce que c’était vraiment nécessaire ?

    « Qu’est-ce que Drocell doit dire ? Je ne veux pas vous voler votre poupée. Je suppose que vous tenez à elle. »

    Il s’arrêta. Il inclina légèrement la tête vers la droite.

    « D’ailleurs, tenez-vous à elle ? »
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptySam 12 Fév - 19:16

Parfois, il t'arrivait de mépriser l'insouciance et la joie des enfants, tu grognais quelques paroles que seule ta personne comprenait. Ce n'était qu'une suite de mots sans grands sens, sans signification particulière, souvent, tu te demandais comment tu faisais pour parler. La prison n'avait pas été qu'un endroit plein de douleur, c'était tout aussi un lieu silencieux. Bien sûr, cri et autres étaient la musique démente de cet endroit, mais ce que tu entendais par « silencieux », c'était le fait que durant tout ce séjour, tu n'avais que rarement ouvert la bouche pour autre chose que des hurlements de douleurs. Rarement pour formuler des phrases, si bien que tu avais cru que tu ne pourrais plus parler, tu n'étais déjà pas bien bavard, Asgeir. Comme maintenant, le nombre de paroles que tu avais émises pouvait se compter sur tes doigts, Drocell te dérangeait et le jeune homme paraissait en prendre doucement conscience. Il te demanda enfin si tu tenais à cette poupée, il ne récolta comme réponse qu'un soupir, énièmes témoins de ta capacité à débiter de longs discours sans grands intérêts. Tu parlais peu, Asgeir, lorsque tes lèvres bougeaient, c'était soit à cause des douleurs, ou soit lorsque tu songeais que ce que tu avais à dire était intéressant. Tu fixais toujours le jeune homme, toujours aussi expressif, fronçant les sourcils, tu ne voyais pas sa gêne sur son visage de poupée, mais tu la sentais. Toi aussi, tu détestais ça lorsqu'on te fixait longuement, sans dire mot, enfin même lorsqu'on te parlait. Ca te rappelait sans cesse cette société qui t'avais mis en cellule sans faire du jugement, pourquoi ? Pour ta générosité Asgeir, celle-ci avait été ton cercueil. Ishtar t'avait appris que seuls les égoïstes et les immoraux étaient capables de tirer leurs épingles du jeu, mais tu n'étais pas comme ça, malheureusement pour toi. Plus tu regardais Drocell, plus tu voyais dans son regard cet homme qui t'avait vendu cette poupée de porcelaine.

Tu t'en souvenais encore très bien, une marque dans tout ton être qui ne pourra jamais s'effacer ; tu oublias la pierre, tu oublias la question du jeune homme, tu oublias même ton atelier. Ce que tu voyais ? Tu ne voyais plus les planches de bois, cette vitre brisée et ce jeune homme, l'oeil fixé dans sa rétine, tu contemplais un monde qui avait jadis existé. Dans les reflets de sa prunelle, les teintes d'un soleil d'été brillaient intensément, tu pouvais même sentir sa chaleur mordre ta peau rude. Lentement, les teintes de cette prunelle prirent forme et tu revoyais cette grande silhouette, plus grande que les autres entrer dans un magasin après avoir longuement hésité. C'était un jeune homme de vingt-trois ans, brun et vêtu comme à la mode ; un haut-de-forme, des vêtements noirs et élégants, à cette époque toi et ta femme tentaient d'imiter non la noblesse — vous ne pouviez pas vous le permettre —, mais la bourgeoisie. Tu n'étais pas accompagné de ton Iseult ce jour-là, ta chère et tendre s'occupait des comptes dans votre atelier, ou reprisait ses robes pour faire des économies. Toi-même tu t'apprêtais à les dépenser, alors que tu les avais gardés pour acheter du nouveau matériel. Dans la boutique, tu avais tourné plusieurs fois sur toi-même, gêné, timide, hagard, tu avais alors posé tes yeux sombres sur une petite poupée rousse. Vêtue d'une robe verte et pleine de rubans, tu avais retrouvé l'image de ta femme sur ce visage pâle et pur, tremblant, tu l'avais alors acheté sans attendre. Cette poupée, elle t'avait rendu impatience, elle avait été soigneusement choisie pour ta petite fille. Une petite fille qui ne connaissait même pas l'existence de son père, elle t'avait croisé sans jamais savoir qui elle avait eu en face d'elle. Tu poussas un autre soupir, et le souvenir s'évanouit aussitôt dans la rétine de Drocell, un simple regard dépourvu de sens qui t'avait ramené dans la réalité. Cette froide et amère réalité, ce pic qui te déchirait le coeur à chaque fois que tes souvenirs t'égaraient ; sans eux, tu n'étais rien.


— Effectivement.

Un mot, une phrase, une voix monotone sans le moindre sentiment dedans ; tu haussas un sourcil, surpris, mordit ta lèvre inférieure et clopinant jusqu'à ta table de travail, tu pris une feuille et pencha la tête sur le côté. Tu fronças tes épais sourcils, oublias à nouveau la vitre brisée sans songer qu'il fallait peut-être la faire réparer pour éviter que le froid de l'hiver ne rentre, mais rustre comme tu étais Asgeir, tu allais sûrement te contenter de mettre une couverture ou quelque chose comme ça ; néanmoins, les enfants... s'ils recommençaient, qu'est-ce que tu ferais ? Il faudrait tout de même aller voir les parents. Tu soupiras et te rasseyant, tu réfléchis quelques minutes, comme si tu avais oublié Drocell, puis soudain tu tournas ta tête vers le jeune homme et d'une voix grave dépourvue de sensualité, tu déclaras :

— Bien... je viendrais vous livrer dans une semaine.

C'était tout ce que tu avais à ajouter, rien de plus, rien de moins, comme toujours, tu te contentais du strict minimum. Parler... pourquoi fallait-il toujours parler ? Un regard en la direction de Drocell, tu ne savais tout simplement plus ce que tu pouvais dire d'autre. Comme toujours, la présence des gens dans ta boutique te dérangeait, surtout de ce jeune homme-là, curieux, encore jeune et qui n'avait peut-être pas encore connu ce que tu avais connu. Un jour, ton manque de paroles allait te coûter cher, qui voudrait d'un menuisier incapable de prononcer plus de dix mots dans une seule phrase ? Personne, du moins, en majorité.

Tu étais ennuyeux, tu étais infirme, tu étais un ancien bagnard, Asgeir, tu étais toi.
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MessageSujet: Re: Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ; Asgeir ]   Qu'est-ce que ça donnerait si Pinnochio cherchait du bois ? [ PV ;  Asgeir ] EmptyMar 15 Fév - 9:28

    Tout ce qu'avait vécu Drocell, tout ce que vivait Drocell était constitué de poupée. De sa plus petite enfance à encore aujourd'hui. La vie de Drocell avait été construite autour de poupée. Il n'a connu que des têtes de poupées toute sa vie, toujours des poupées, des poupées partout ! D'une poupée blonde, il était passé d'une dizaine de nouvelles têtes de poupées par jour. Trop, c'était trop. Sincèrement. Est-ce que ça vous étonne, vous, que les poupées soit aussi importantes de Drocell ? Moi, non. Il n'a connu que ça, il ne connaît que ça et ne connaîtra que ça durant toute sa misérable existence basée sur la création de poupée. Non, ne soyez plus surpris, et rendez-vous juste compte quelques instants ce que serait votre vie si elle n'avait tourné qu'atour d'objet sans âme. Ça paraît peut-être absurde, mais vite, cela serait devenu votre élément. Alors si en plus, ces objets ont des corps humains et qu'il ne leur manque plus qu'une âme pour devenir de vrais humains, imaginez le dégât. Imaginez, un humain céder son âme, son esprit, tout ce qu'il savait pour des objets faits de cire. C'est absurde ! Et, tout ça était bien trop bête. Drocell se demandait vraiment comment il avait pu se mettre dans une telle situation de gêne. Il était sûr que ça ne devait plus se reproduire, que la prochaine fois il fera extraction des moindres petits détails. Après tout, il ne peut pas sauver toutes les poupées ! Non, il ne peut pas... Même s'il le veut, cette fois ce n'est pas assez. Cela lui donnait la migraine, la nausée. L'odeur et le goût amer que renfermait cette poupée. Une odeur qui ensorcelait Drocell et qui obsédait à un point tel Drocell qu'il ne pensait qu'à elle. Lorsqu'il parlait au menuisier, il ne pensait pas ce qu'il disait il ne pensait qu'à la poupée qu'il allait laisser là, sale, seule, démunie de tout amour. Il était d'une certaine manière complètement fou. À force de créer des poupées, il en était devenu une. Sans expression changeante. Il était juste programmer pour créer des poupées, il ne savait faire que ça, il ne voulait faire que ça.
    Et l'homme... Il tenait à elle, il tenait à elle ! Menteur, assassin, sans cœur ! Faux, faux, ce que disait cet homme était faux, juste qu'à la dernière syllabe. Drocell se mit à trembler, il fixait l'homme. Une chaise, près de lui, il avait envie de la prendre et de l'éclater contre le crâne du géant. Fou, de la folie, de la détresse s'emparait chaque secondes un peu plus. Plutôt une anomalie mental au lieu de la folie. Les poupées avaient pris une telle emprise sur lui. Les poupées étaient ce qu'il était. Pourquoi, pourquoi il ne pouvait pas s'occuper de la poupée de son père ?! Pourquoi infliger ça à Drocell ? Un esprit simplet perverti par des choses faites de cire, sans âme et effrayante.

    Ses yeux bleus dévisageaient l'homme, maintenant, il devait partir. Le fait que l'homme dise qu'il livrerait Drocell la semaine prochaine était le point final. Le point final à une discussion sans aucun intérêt entre deux hommes. Deux hommes étranges pour n'importe quel humain normalement constitué. C'était une journée bien trop particulière pour Drocell. Cette poupée, cet homme des plus bizarre, même aux yeux de Drocell. Il ne pouvait pas avoir confiance en lui. Cette poupée qu'avait créé son père, seul Drocell pouvait la comprendre. C'est ce qu'il croyait, il avait tord. Personne ne peut comprendre une poupée. Personne, mais il croyait, il croyait fort, tellement fort. Il croyait tellement qu'elles avaient des âmes, que celle-ci l’appelait pour la sauver. Mais au fond, ce n'est qu'un objet fait peut-être un peu de cire et de bois posé sur une chaise. Il ne pouvait se résoudre à faire confiance en cet homme. Non, non, dès qu'il aurait le dos tourné, l'homme fera du mal à la poupée ! Mais, cette poupée n'est plus à lui ou à son père. Il doit s'en passer.

    Il s'avança doucement vers la porte. Il s'apprêtait enfin à partir, à laisser l'homme seul. Il était temps que le petit pantin fait de cher s'en aille. Qu'il laisse le grand homme travailler, tranquillement. La vitre, cassée, il fallait que l'homme la répare. De plus, Drocell lui avait donné sur le dos une autre commande. Et, par dessus tout, Drocell lui avait fait perdre un temps très précieux. D'ailleurs, pour le jeune homme ce temps qu'il avait perdu était aussi pour lui une sorte de perte de temps. Mais, tout ce qui touchait aux poupées était pour lui tout aussi important que n'importe quoi. Enfin, je commence vraiment à radoter par rapport à l'amour qu'a Drocell pour ses poupées. Mais, je suis vraiment obligé d'accentuer constamment sur ce point, car Drocell n'a dans sa vie que les poupées. Et, je me dois de narrer sa vie. Un tâche qui m'est parfois bien difficile mais pas désagréable, car, après tout, cette vie bizarre qu'il mène, ça donne une petite touche de magie et de fantaisie. Je suis sûr que ça plairait à n'importe qu'elle femme rêvant d'évasion. Mais, restons sérieux, là, franchement, je m’égare.

    Il regarda une dernière fois la poupée et essaya de faire taire ses cris dans sa tête. Des cris qui devaient lui paraître à la fois aigu, frêle et léger. Je pense, à une voix de petite fille mais en un peu plus sinistre. Puis, il jeta un dernier regard à l'homme. Toujours ce regard inexpressif qu'il a l'habitude de porter. Une fois assez près de la porte, il l'ouvrit, baissa la tête, puis, dans une dernier espoir, tourna la tête vers l'homme.

    « Si vous changer d'avis par rapport à la poupée... Je la referai belle, gratuitement. Pour m'excuser, de vous avoir ennuyer. »

    Puis silencieux, Il s'en alla. Ça avait été dur, très dur pour lui de partir. Mais, il avait réussit ! Une sorte de victoire pour le menuisier et une grande défaite pour Drocell et cette pauvre poupée.


HRP: Désolé pour ce RP hyper bizarre....
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