Voilà une "institution" vieille comme le monde. Ou au moins aussi vieille que l'Empire. Déjà du temps, où Ishtar n'était qu'un minuscule royaume, les seigneurs locaux avaient à leurs ordres une petite troupe d'hommes d'armes. Comme tout seigneur qui se respecte. De quelques gardes protégeant le donjon seigneurial, les Walhgren sont assez rapidement passés à une troupe bien organisée, bien que modeste à ses débuts.

L'Armée, car c'est ainsi qu'on appela la Garde durant de longs siècles, s'agrandissait avec l'Empire naissant. Ce terme plus large englobait toutes les ressources militaires des Walhgren. Des troupes des vassaux, fraichement soumis, les sorciers noirs (et futurs prêtres) et leurs forces privées, originaires de la contrée d'Ishtar. Pendant les siècles de guerres, de conquêtes, de négociations et de paix précaire, l'Armée restait au grand complet au service des souverains du glorieux Empire.

De nos jours, tous les quartiers disposent d'une ou plusieurs casernes, se partageant la surveillance de la Capitale. Une caserne est sous le commandement d'un Capitaine, lui-même soutenu par ses lieutenants. La Caserne Centrale est une sorte de Palais de Justice, avec prison, bureau et les infrastructures d'entrainement des soldats.


Mais, vous le savez très bien, il n'y a plus d'ennemi considérable à combattre. Ainsi, chaque seigneur garde ses hommes près de lui pour qu'ils prélèvent ses impôts, maintiennent l'ordre et se plient à ses désirs. En cas d'ordre impérial, tout seigneur d'Ishtar devra se rassembler avec ses forces sous la bannière de son Gouverneur, mais cela n'a que peu de chances de se produire. Pas d'état ennemi, pas de guerre, pas besoin d'armée.

Cela dit, la Garde impériale, soldats, hommes et femmes, au service du saint Empereur sont toujours là. Ishtar, la Province Centrale, est une seule ville gigantesque, à quelques petites domaines extérieurs près. Avec sa population (et la densité de celle-ci) il n'est pas évident d'y maintenir l'ordre. Il faut donc des effectifs importants. Les registres de la province font état d'environ cent milles soldats et du nombre adéquat d'officiers et magistrats. Cela sans compter les prêtres et les inquisiteurs, soutenant le maintien de l'ordre. Leur nombre à eux n'est connu que des autorités de l'Église.

A ce propos... Les années de Régence ne furent pas tendres avec la Garde impériale. L'ex-Régent, Uriel D'Arken, avait court-circuité la hiérarchie pour commander personnellement aux forces de l'ordre et s'en servait comme chaire à canons, confiant aux inquisiteurs une autorité similaire à celle des officiers. Sans parler de l'impunité la plus totale pour les bestialités commises par le bras armé de l'Église. Tout ceci est désormais fini. Uriel n'a plus d'autorité sur rien d'autre que la Foi et son Église. La personne écartée du pouvoir revient à sa place. Nous parlons bien entendu du Duc-Commandant, chef de l'état-major impérial, autorité suprême en matière de Justice (sauf pour la noblesse de laquelle s'occupe aussi l'Empereur, souverain de tous) et ministre important à la Cour.

C'est lui le chef militaire de l'Empire, mais aussi fidèle sujet de l'Empereur, favorable en toute chose à un état fort et centralisé. Même si les magiciens sont un vrai soutien aux patrouilles de la Garde, les relations entre les autorités des deux factions sont délicates.

N'oublions pas que l'Empire n'a rien d'une société égalitaire. La Justice n'est pas la même pour tous. On ne s'attaque pas aux nobles, sans en référer au Duc-Commandant qui à son tour peut soumettre l'affaire à l'Empereur lui-même, souverain de tout aristocrate. Sans cette procédure, vous risquez de tomber. De même l'Église préfère résoudre ses problèmes elle-même, en interne. "S'attaquer" à des ecclésiastiques est un bon passe-temps pour la Garde, mais c'est aussi une activité risquée. Oubliez tout de suite les crimes hérétiques. L'Église seule s'y intéresse et a l'autorité pour pourchasser les philosophes.