L'Empire Ishtar
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 Asgeir - L'Homme Arbre

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AuteurMessage
Asgeir
♦ Travailleur ♦

Asgeir

♦ Sexe : Masculin
♦ Influence : 193
♦ Messages : 151
♦ Âge du perso' : 46
♦ Fiche : Un homme fait de sève et d'écorce.
♦ Protecteur : Une planche de bois.
♦ Date d'inscription : 30/01/2011
♦ Age : 32

Asgeir - L'Homme Arbre  Vide
MessageSujet: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyDim 30 Jan - 23:06

Votre Carnet d'Identité

    Nom de Famille :u l’as oublié au fond de ta mémoire, ou as-tu peur de t’en souvenir ?[/i]
    Prénom(s) : Asgeir, tu ne sais plus qui te l’as donné, mais tu as lutté pour le garder.
    Surnom : Tu es Le Menuisier, rien d’autre, personne ne trouve d’intérêt à t’appeler autrement. Même si certains habitants t’appellent « l’Homme-Arbre » à ta manière, tu décores le folklore d’Ishtar.
    Âge : Tu as certainement quarante-cinq ans, ou quarante-six ans, toi-même tu ne sais plus et tu ne cherches plus à savoir.
    Titre de noblesse :Ah ah ah ! Quelle bonne blague !
    [b]Province :
    Steefal.
    Faction et classe : Travailleur : Menuisier.
    C'est un atelier d'apparence minable, que tu oses appeler « l'Atelier du Bois » et tu penses depuis un moment à lui changer de nom, tu ne sais pas pourquoi, mais tu trouves que ça n'attire pas trop la clientèle.
    Orientation Sexuelle : Toi-même, tu ne sais plus. A une époque, tu as été attiré par une femme, maintenant, tu ne te sens pas dégoûté par les femmes ni par les hommes, ça t‘indiffères et tu n’es plus intéressé par le sexe.
Pouvoirs :
- Lieu du travail :
C'est un atelier qui ne semble pas payer de mine, vu de l'extérieur et rare sont les personnes qui arrivent à réellement remarquer sa présence. L'enseigne est simple, désuète et salie par le temps, il faut se concentrer pour essayer de remarquer la présence d'un petit bonhomme tenant un marteau et tapant sur une planche de bois, tout ça sur un fond de couleurs criardes qui ont terni. Les lettres ont presque disparu et les potentiels clients ont du mal à lire « L'Atelier du Bois », même en plissant les yeux ; mal éclairé, l'atelier est mal placé et c'est tout juste si on parvient à distinguer les meubles, les portes et autres objets qu'Asgeir construit.

D'ailleurs, celui-ci pour éviter d'avoir à déplacer des meubles trop lourds, possède une arrière-boutique où est entreposé son matériel, mais il construit la plupart du temps ces œuvres dans l'atelier. Des copeaux de bois traînent partout, parfois ses instruments lorsque l'homme se montre peu enclin au rangement. Il fait peu le ménage et même s'il vit au-dessus de son atelier, celui-ci semble être laissé à l'abandon depuis plusieurs années. Il faut pourtant aller à l'intérieur pour découvrir la beauté de quelque chose de brut ; Asgeir est doué et son talent semble suffire à le nourrir.


- Statut social stable : non seulement respecté, mais aussi relativement aisé, vous n'avez pas peur pour votre avenir, ni pour celui de vos enfants. A priori.



Vos opinions

Tu fais partie de la masse, tu n'as rien à penser, c'est que tu te dis tous les jours et c'est ce que tu aimerais faire. Pourtant et malheureusement pour toi, tu es un homme qui pense Asgeir, malheureusement pour toi, tu ne peux pas t'empêcher de penser. Et à quoi tu penses ? Tu ne penses pas à ce que tu vas faire de tes journées, puisque depuis quelques années, c'est toujours les mêmes choses que tu fais : tu travailles le bois, l'aime et le façonne pour le rendre beau, tu livres tes œuvres et tu rentres chez toi, te nourrissant de simples gruaux grossiers et tu travailles jusqu'à ce que le sommeil t'emporte. Et pendant ce temps, à quoi tu penses ? Tu observes autour de toi, les gens, la vie et tu songes à toutes ces classes qui dirigent Ishtar. Il y a d'abord l'Église, en laquelle tu as cru pendant longtemps jusqu'à être sa victime et crouler en prison, pourtant tu es un homme croyant et malgré toi, tu ne peux pas t'empêcher d'être pieux.

L'Ombre est une force occulte, le véritable Équilibre et tu persistes à penser que sans elle, tu ne serais qu'un fantôme errant, même si tu n'es pas loin de ça. Tu as la Foi et sans ça, qu'est-ce que tu aurais fait ? Tu te serais jeté d'un toit, tu aurais tenté de te pendre et plein d'autres choses que tu n'oses pas t'avouer.

Et les autres Factions ? Tu considères les Scientifiques égaux aux Prêtres, les uns comme les autres, ce ne sont que des fous qui songent que la vie d'autrui est un jeu, un jouet qu'ils s'amusent à briser et détruire entre leurs mains pâles pour le simple plaisir de tuer. Pauvre de toi, tu es incapable de trouver un sens au progrès, c'est quelque chose qui te fait peur, mais sans ça... tu ne pourrais pas travailler le bois, tu ne serais pas ce que tu es à présent. Tu ne pourrais pas t'amuser avec le bois.

Qu'est-ce que tu penses des Hybrides ? Une fois, tu as vu une petite fille aux cheveux d'or, on aurait dit un chaton à forme humaine, ça t'as émeus et ça t'as fait peur. Pauvres créatures, jouets de la science, tu n'aimerais pas te retrouver à leur place, et tu penses que mourir est le sort le plus respectable qui pourrait leur arriver, même si tu penses qu'en avoir un ne serait pas une mauvaise chose, ça te serait même utile.

Les Esclaves t'inspirent de la compassion, cette même compassion que tu as pour les Aristocrates : tu les hais et tu les plains. Ils jouent avec leur argent, alors que certains meurent de faim, et tu travailles avec eux, tu vends tes œuvres à une bande de gamins capricieux. Tu les envies, tu compatis et tu les méprises... mais rien ne vaudra ta haine pour les terroristes.

Tu ne penses rien des Philosophes, mais les terrorises ! Ce sont ta bête noire, tu les hais et tu les méprises au point où tu ne dois que ta survie à eux, c'est parce que tu les hais d'une haine si noire que tu restes en vie. Tu voudrais les voir mourir comme des rats, les tuer si possible de tes propres mains, pourtant tu ne fais rien. Pourquoi ? Parce que tu es passif, mon pauvre Asgeir et que tu ne sais pas comment les retrouver. Tu ne crois pas une seule seconde à leurs idées, tu veux les voir disparaître ! Tu es rongé par la haine que tu leur voues, ils ne valent pas mieux que les Inquisiteurs à tes yeux.



Description : Qui êtes-vous et à quoi ressemblez-vous ?

Physique :
Physique : [min. 200 mots]

Tu serais presque banal et sans intérêt si tu n'étais pas aussi grand, tu passes ton temps à te faire remarquer à cause de ta grande taille, tu n'es même pas un homme, tu es un géant. Une armoire à glace au bois pourrie qui surpasse d'une tête tous les autres habitants, te rends-tu compte de la gêne que tu occasionnes ? Un homme aussi grand, c'est ridicule ! Crois-tu que c'est normal de faire deux mètres et dix centimètres ? Tu n'es pas humain, serais-tu un de ces Hybrides ?

Tes épaules sont larges et brisées, tu n'as pas l'intelligence de te tenir droit correctement, et tu inspires de la peur avec ton imposante stature digne d'un primate. Tu es bien trop impressionnant pour que les femmes puissent te trouver attirant, tu inspires de la crainte et tu rassures, Asgeir tu es un paradoxe en toi-même. Tes mains ne seront jamais aussi belles que celles de ces artistes de rues, carrés et grands, elles sont pourtant détruites et pleine de marques, ce sont celles d'un travailleur avant celle d'un homme et crois-tu qu'une femme accepterait que tu la touches avec tes mains de menuisiers ? Abîmées et pleines de cicatrices à cause de ton travail, elles n'auront aucune jalousie à inspirer.

Comme le reste de ton corps, tu n'es qu'une masse dure et pleine de cicatrices, des marques d'un passé que tu passes ton temps à fuir dans l'alcool. Asgeir, ton corps est brisé et pourtant ça t'indiffère, tu ne lui importes pas le moindre soin. Qu'est-ce qui t'est arrivé pour avoir autant de marques sur ta poitrine ? On dirait que tu cherches à battre un record de cicatrices, mal fermé, certaines sont infectées et tu n'y apportes pas la moindre attention. Tu en as même une sur le front, en forme de croix, un autre mauvais souvenir.

Tu es un arbre Asgeir, un vieil arbre abandonné, seul, sans sa forêt autour dont l'écorce tombe petit à petit, et dont le bois est incisé depuis l'intérieur. Une carapace, un véritable Saule pleureur qui a perdu de sa superbe. Ton visage est émacié, blafard et qui te donne l'air d'un croque-mort, tes joues sont creuses et ton nez cassé est fin, long et sans véritable intérêt ; tes yeux dont la lueur est éteinte sont sombres, comme ta chevelure brune, grasse et qui te tombe sur ta face fatiguée, démontre que tu ne prends pas soin de toi. Quelques fourches blanchissent, tu n'es plus un fringant jeune homme, Asgeir. Ta bouche n'est qu'un trait mince sans expression, et que dire de tes vêtements ?

Parfois il t'arrive de porter un long manteau blanc, souvent tu portes des vêtements sombres qui ne mettront jamais en valeur la laideur de ta taille imposante, tu ressembles à immense squelette épais malgré lui. La seule chose que tu as de beau, c'est un petit bracelet de femme que tu portes à ton poignet gauche, un bracelet en argent où quelques inscriptions sont gravés dessus, c'est toute ta vie ce bracelet, c'est tout ton amour perdu que tu gardes prés de toi.

Et que dire de ta démarche ? On dirait celle d'une gigantesque araignée blessée, tes deux longues jambes n'ont pas le moindre charme parce que tu es handicapé, Asgeir accepte cette vérité ; tu ne pourras jamais courir, tu peux juste marcher d'un pas clopinant, parce que tu n'es rien d'autre qu'un boiteux. Ce handicap te pourrit la vie et tu sais que tu pourras à peine te défendre si on t'attaque. Parfois, tu regrettes, souvent tu t'en moques, plus rien n'a de sens pour toi.


Personnalité : [min. 200 mots]

Qui es-tu Asgeir ? Personne ne cherche à le savoir, et toi-même, tu as un peu oublié. Tu es un grand arbre mort dont la seule occupation est son atelier, tu es ce grand Saule pleureur brisé à l'intérieur, dont la sève s'est refroidie pour toujours. Tes feuilles tombent lentement, les unes après les autres, et seul, tu les fixes d'un regard mort. À Ishtar, tu es le Menuisier prés du port qui passe son temps dans son atelier, dans l'obscurité à communiquer avec une matière froide et douce. Certains vont même jusqu'à t'appeler « L'Home-Arbre » puisque tu es grand et fort, silencieux et que ton existence semble être vieille depuis plusieurs millénaires, tu as vécu tant de choses dans ta misérable petite vie que chaque évènement s'est gravé en toi comme le couteau dans l'écorce. Ta vie s'est sculptée sur ton corps, dans ta chair et comme le bois, tu es quelque chose d'impénétrable, et de pourtant fragile.

Tu sembles incapable d'être touché par quoi que ce soit, tu n'es qu'une grande masse brute qui ne ressent plus rien. Car qu'est-ce que tu es au fond, Asgeir ? Tu es la parfaite image de ce que tu parais : un homme comme tant d'autres, un ancien prisonnier brisé par des années d'enfermement, incapable de ressentir quelque chose d'autre que ton chagrin perpétuel. Tu as perdu le goût, tu ne prends plus plaisir à rien et tu passes ton temps à travailler, cherchant à fuir ces esprits qui te hantent. Souvent, tu as l'impression de voir des fantômes ; tu es revenu vivre à Ishtar, car ton atelier est tout ce qui te reste, et que tu n'oses pas t'avouer qu'il faut bien faire quelque chose avant de mourir.

N'est-ce pas ce que tu attends, au fond ? Asgeir ? Mourir et oublier à jamais cette peine qui te fend le cœur ? Tu n'es que souffrance et désespoir, tu te raccroches à cet endroit minable, vestige de ton bonheur et de ta famille. Tu ne parles jamais, ou rarement, il en faut beaucoup pour te faire parler, et avoir autre chose que des « hum » dit avec une voix rauque et ténébreuse.

Tu restes tout le temps enfoncer dans tes pensées, la tête rentrée dans tes larges épaule, tu ne sembles pas faire attention à ce qui t'entoure. Tu vis dans tes souvenirs et tu parais refuser d'en ressortir, tu le peux puisque tu mènes la même vie depuis des années ; les jours passent, et ne font que se ressembler. Tu ne ressembles presque plus à un homme, tu n'es qu'une marionnette animée par les mêmes gestes répétitifs, tu ne penses plus à ce que tu fais. Tu agis voilà tout, en attendant que la Mort vienne te chercher un jour ou l'autre.

Pourtant, il suffit que quelque chose arrive pour te perturber, les clients passent et tu as l'habitude, mais un évènement inaccoutumé et tu perds pied quelques instants. Tu ne sauras pas comment réagir, et tu te retrouveras désarçonné, tu bafouilleras quelques mots en te grattant la tête et tu essayeras de t'adapter. C'est pour ça que tu détestes tout ce qui est imprévisible, tu es trop automatique pour pouvoir faire face à l'imprévu. Tu ne cherches pas à ce qui se passe quelque chose pourtant, tu te contentes de vivre sans rien demander, sans qu'on te dérange.

Le bois... c'est tout ce qu'il te reste, et c'est toute ta vie. Tu ne te rappelles pas avoir eu d'autres désirs que de le façonner, tu aimes ces moments solitaires où tu communiques avec le bois, ce matériel si extraordinaire, au point que tu as fini par y ressembler. C'est grâce à cette passion que tu parviens à rester en vie, c'est grâce à ça que ton existence te paraît moins lourde ; c'est ta fuite, ton monde et tu ne tiens à rien d'autre. Le bois te permet d'oublier toute ton amertume et parfois, il parvient même à te faire oublier de penser. Concentrer sur tes oeuvres, tu fabriques, tu crées à ta guise et tous reconnaisse que tu as un talent incroyable. Pour toi, ça ne l'est pas tant que ça puisque tu es né dans les copeaux de bois, tu as grandis avec l'odeur du chêne et appris le métier depuis ta naissance. Pourtant, depuis la prison, c'est tout ce qui te reste. Asgeir, tu n'es pas qu'un homme détruit par le chagrin, tu es aussi rongé par la haine.

Plus rien ne peut te toucher... ou presque. Cette haine que tu gardes enracinée dans ton cœur, c'est une haine latente que tu ne pourras jamais extraire de toi. Tu hais les terroristes plus que tout au monde, ils ont tué l'amour de ta vie, ils t'ont mis en prison... ils t'ont arraché ce bonheur auquel tu tenais tant. Cette haine t'a longtemps fait vomir, au point où tes nuits n'étaient qu'une succession de cauchemars, tu revivais sans cesse cette même scène, refusant de croire qu'elle n'était que la vérité. La pure vérité aussi limpide que de l'eau claire.

Pourtant, malgré ce monstre qui te ronge, tu ne fais rien contre eux, tu ne fais rien pour leur nuire. À quoi bon ? C'est ce que tu te dis souvent, tu ne peux rien faire. Tu n'es qu'un boiteux qui peine déjà à marcher, ta force est certes grande, mais tu commences à vieillir et tu souffres du dos. Tu ne peux rien faire contre eux, tu attends juste patiemment de les voir s'écrouler. Asgeir, tu n'es qu'un homme passif, incapable d'agir, tout juste capable de souffrir en silence. Et attendre... attendre... comme tu l'as toujours fait, depuis ce jour dément que tu honnis de toute ton âme. La culpabilité finira par t'avoir, elle aussi.


Dernière édition par Asgeir le Ven 20 Jan - 0:39, édité 2 fois
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyDim 30 Jan - 23:07

Récit d'une vie

Tu étais jeune à cette époque, Asgeir, t'en souviens-tu ? Tu es né à Steefal, une petite province que tu as aimée pour la beauté de sa nature, et pour l'amour de ta vie que tu as connus là-bas. Tu vivais dans un petit village, fils aîné du Menuisier Halvard, tu avais trois petites sœurs dont tu aimais prendre soin, autant que le bois. L’année de tes treize ans, ta mère avait un jour quitté ton père pour un marchand plus riche que lui, et même si elle t'avait proposé de venir avec elle, tu avais refusé avec sincérité : ton père t'avait transmis son amour pour le bois, tu ne voyais pas passer tes journées sans sa compagnie. Quelque part, tu étais déjà heureux à cette époque. Grand garçon dépassant déjà Halvard, tu te démarquais par ton corps robuste et ton caractère calme, dévoué à tes sœurs et à ton futur travaille. Tu avais déjà les cheveux longs à cette époque, tu n'étais pas un jeune homme d'une grande beauté, mais ta stature imposante imposait le respect et un sentiment de protection. Du moins, c'était ce que te répétaient souvent tes sœurs, et tu avais fini par les croire ; tu songeais que c'était ainsi que tu devrais être, un homme devant se servir de sa force pour protéger ceux qu'il aimait, que ce soit ton père ou tes sœurs, et surtout Iseult. Quel âge avais-tu quand tu as compris que tu étais amoureux d'elle ?

Un soir, tu rentrais chez toi, une énorme planche de bois que tu parvenais à transporter d'une seule main, tu ne faisais pas encore tes deux-mètres, mais ta croissance était bien trop rapide pour que ton corps parvienne à le supporter. Être l'apprenti de ton père te demandait beaucoup d'énergie, mais tant mieux, tu aimais te dépenser ; ce soir-là, tu te sentais un peu las, les mains pleines d'échardes, tu songeais aux plans que tu avais dessinés pour une petite porte que la plus jeune de tes sœurs t'avait demandé. Tu marchais tranquillement en direction de ta petite maison, d'un pas lent et fatigué, observant de ton regard sombre le soleil se coucher. C'est lorsque tu t'arrêtais quelques secondes pour te reposer que ta vue devint noire, sursautant devant ces mains plaqués contre tes paupières, tu avais un peu paniqué et tu avais sentis ton cœur s'arrêter quand une petite voix fluette te lança :

« — Devine qui sait ?
— Je ne sais pas... la dame aux chats ?
— Asgeir !
— Je plaisantais Iseult... »

Et tu t'es retournée vers une jeune fille qui devait t'arriver a niveau de la poitrine, elle fit glisser ses longs doigts fins sur tes bras et alla les croiser derrière son dos. Mutine, elle sautilla et pencha la tête vers la planche de bois que tu avais posée, sa chevelure rousse et bouclée glissa sur sa poitrine qu'un peu malgré toi, que tu essayais d'imaginer sous le corset qu'elle portait. Elle fit une moue boudeuse et tournoya sur elle-même, sa robe dévoila ses fines jambes que tu aurais aimé tant effleurer, et retomba. Ses yeux verts te regardaient tout en étant impénétrables, Iseult ajouta alors :

« — Dis... dis Asgeir ! Laisse tomber ça, et viens avec moi retrouver Tristan, son père a apporté nouveau jeu de cartes !
— Désolée je dois finir ça. »

Tristan... combien de fois ton poil s'était hérissé de jalousie en percevant ce prénom ? Tu ne l'aimais pas, tu trouvais qu'il était toujours bien trop proche d'Iseult et que égoïste comme tu étais, tu la voulais pour toi seul. Iseult fronça les sourcils et poussa un soupir qui te fendit le cœur, tu ne savais pas encore très bien pourquoi, mais il lui suffisait de se montrer un peu triste pour que ton monde se disloque d'un claquement de doigts. Tu baissais alors les yeux sur tes pieds, laissant le silence s'installer, parler n'avait jamais été ta tasse de thé. Iseult pourtant ne te quémandait jamais de grands discours, cette jeune fille paraissait te comprendre en un simple battement de cils ; elle s'approcha sans le moindre son de toi, elle se leva sur la pointe des pieds et furtivement, elle t'embrassa sur la joue. Tu avais rougi aussitôt comme un imbécile, comme un gamin, mais tu sentais ton cœur battre bien trop fort dans ta poitrine, tu... tu ne savais pas comment réagir et comme un petit esprit de la forêt, Iseult disparut dans la lumière du crépuscule. Tu avais seize ans, et tu étais fou amoureux d'elle, pauvre idiot.

Tu ne te souviens plus très bien comment vous vous êtes rapproché, tes sœurs avaient deviné depuis longtemps tes sentiments pour Iseult, et comme tu étais un bon grand frère, elles avaient essayé de te pousser vers elle et à vaincre ta timidité.
Tu ne sais plus comment Iseult s'était retrouvé dans tes bras, comment ses lèvres se sont posés sur les tiennes, mais tu te souviendras pour toujours de la chaleur de son corps contre le tien, et tu avais aimé ça, la tenir contre toi. C’était peu à peu que vous vous êtes rapprochez, effleurez, apprivoisez et aimez. Ton premier amour d'adolescent était devenu l'amour de ta vie, et lorsque tu avais atteint tes vingt ans et elle ses vingt-et-un ans, vous aviez décidé de partir de votre petit village de Steefal pour vous installer à Ishtar.

C'était le vœu d'Iseult, elle songeait avec candeur que la Capitale pourrait vous apporter la richesse, le bonheur, tout ce que vous ne possédez pas. Vous étiez d'un village pauvre d'une province pas vraiment très riche, mais d'une grande beauté. Avec quelques affaires et l'argent que vos parents avaient économisé pour vous, vous aviez choisi de le garder et le mettre de côté, au lieu de l'utiliser pour un possible mariage ; les vœux d'Iseult étaient les tiens, son bonheur faisait le tien, tu te moquais de ce qu'il pourrait vous arriver de grave, tant que ton amour restait près de toi. Ta grande main déjà abîmée par le travail ne quittait jamais la sienne, comme si tu craignais de la perdre si tu la lâchais, comme si elle n’était qu’une illusion.

Alors sur le chemin qui menait à Ishtar, tu ne cherchas pas une seule seconde à desserrer tes doigts, même si pouvais les briser d'une pression trop forte. Chaque fois que tu posais ton regard sur Iseult, tu voyais vos différences et de ça aussi, tu en étais amoureux : Iseult était toute petite, et toi tu étais un géant, elle avait les cheveux et les yeux clairs, elle parlait tout le temps de tout et de rien d'une voix gaie, toi, tu n'ouvrais jamais la bouche. Tu l'écoutais, même si parfois le sujet de vos conversations t'échappait, tu aimais sa voix, comme tu aimais la petite bouche rouge qui remuait, et ce visage expressif. Elle compensait ton caractère timide par sa personnalité extravertie, et tu ne comptes plus les fois où vous vous êtes arrêté pour discuter avec d'autres voyageurs, tu découvrais le monde, elle aussi.

Les nuits vous dormiez à la belle étoile, Iseult dans tes bras se serrait contre toi, tu sentais à chaque fois sa poitrine s'écraser doucement contre ton torse, et ses cheveux bouclés caresser ton cou, alors qu'elle dormait paisiblement, bien contre l'homme de sa vie. Tu la contemplais souvent dormir, son beau visage baigné dans la lumière de la lune, tu n'arrivais pas à croire à ce que tu vivais. Depuis des années..., tu étais fol amoureux d'une jeune femme dont le seul désir était de porter ton enfant.

Et vous êtes finalement arrivé dans le ventre d'Ishtar, cette immense ville aussi dangereuse qu'attirante, vous étiez si jeune à l'époque et il y avait tant de choses que vous ne connaissiez pas encore. Vous aviez utilisé toutes vos économies pour acheter un petit atelier, situé vers le port, il ne payait pas de mine, mais tu étais persuadé que l'amour d'Iseult et ta passion pour le bois parviendraient à vous tirer de la pauvreté, celle-ci était d'ailleurs une ombre menaçante et ce fut ta seconde compagne, mais bien après.
Ce fut Iseult qui peignit l'enseigne de l'Atelier du Bois, un nom simple que vous aviez eu beaucoup de mal à trouver, pas très original cependant, ça vous suffisait. Avec goût et une joie presque enfantine, Iseult avait décoré votre chambre située au-dessus de l'atelier, principalement du rouge qu'elle choisissait avec passion. Perfectionniste et minutieuse, elle respectait au chiffre prés toutes vos dépenses et avec raison, même si tu aurais aimé avoir un bois de meilleure qualité lorsque tes premiers clients arrivèrent. En un an, ta femme avait fait la propagande partout où elle passait, et les petites rues d'Ishtar parlaient de vous, certains enviaient votre couple, d'autres venaient voir cette fameuse boutique. Parfois, ils ne la trouvaient pas extraordinaire et partaient sans demander leur reste, tu t'en moquais, tu avais Iseult à tes côtés.

Un jour où elle se trouvait à l'étage, s'occupant des comptes et du ménage, tu faisais résonner un bruit sourd dans tout l'atelier, tapant vigoureusement avec un marteau sur un clou peu enclin à t'obéir. Habile de tes mains, tu ne t'étais jamais blessé, mais ce jour-là tu avais bien failli ; une femme venait d'entrer dans ton atelier, et son élégance t'avait déconcentré. Plus jeune que toi, c'était une superbe brune à la chevelure raide et à la robe de pompadour bleu, dont le prix devait valoir votre logement. Elle avait haussé un sourcil interrogateur devant ton air pataud, tu ne t'étais pas attendu à ce qu'une noble vienne chez vous ! Comme mue par un quelconque instinct féminin, Iseult t'avais rejoint et avait posé ses petits yeux verts sur la jeune femme, celle-ci s'était avancé vers le cadre de miroir que tu étais en train de travailler, orné de fleurs de lys et de symboles, elle t'avait ordonné :

« — Je veux que vous me l'apportez dans une semaine. »

Et c'est ainsi que tu fis la connaissance de la Comtesse Hortense de Jeudeuvot, et elle s'en était allée sans un mot de plus. Sans voix, tu avais échangé un regard avec Iseult puis sans rien ajouter, tu avais repris ton travail et tapais de toutes tes forces sur le bois, en espérant tirer de ta passion le meilleur de toi-même. A la veille de livrer ton œuvre, celle dont tu étais le plus fier, tu finissais les détails en ponçant le bois, percevant les pas de ton amour se diriger vers toi. C'était lentement que tu avais terminé et que tu t'étais retourné vers elle, Iseult se jeta dans tes bras sans attendre et se blottit contre toi ; fronçant les sourcils, tu l'avais prise dans tes bras pour l'enlacer doucement, respirant son odeur et aimant sa chaleur. La tête contre ton épaule, écoutant les battements réguliers de ton cœur, Iseult avait susurré :

« — Je suis enceinte, Asgeir. »

Etonné, tu avais baissé légèrement la tête, tandis que ton cœur s'amusait à faire des courses de chevaux, à cet instant, tu étais le plus heureux des hommes.

Le lendemain, lorsque tu livras le cadre chez la Comtesse, tu souriais comme un imbécile, un imbécile heureux dont le bonheur ne peut être souillé. Toi, l'armoire à glace, tu souriais sans comprendre que ton expression te rendait drôle. Iseult allait bientôt mettre au monde ton enfant, rien ne pouvait vous faire de mal, rien. Tu connaissais le bonheur, le véritable goût du bonheur et tu savourais chaque instant, extasié. Tu posas le cadre, toujours aussi niais, et sans t'apercevoir que la Comtesse s'était rapprochée de toi, ses doigts glissaient sur ton échine pour venir saisir une mèche de tes cheveux bruns. Tu n'avais même pas remarqué sa présence, indifférent à ses charmes, éternellement amoureux d'Iseult. Et bientôt père. Elle soupira, lassée et alla s'asseoir sur un fauteuil ; son éventail en plume à la main, elle battait l'air et découvrait sa gorge appétissante, ou du moins, tu l'aurais pu trouver attirante si Iseult n'était pas tout ton univers. Elle te demanda d'une voix légèrement aigrie :

« — Et pourquoi vous souriez ?
— Je vais être père.
— Hum... »

La Comtesse leva les yeux au ciel en poussant un autre soupir, exaspéré par ta niaiserie. Et quelques mois plus tard, Iseult te donna une petite fille.

Dans les cris et les larmes, dans la douleur de mettre un être au monde, l'amour de ta vie t'attrapait le bras et t'enfonçait les ongles dans ta peau. Paniqué et hagard, tu l'observais souffrir sans être capable de faire quelque chose, ton cœur battait à vive allure et tu n'arrivais plus à bouger. Alors tu étais restais prés d'elle, à la voir souffrir de mettre la vie, à la voir si repoussante dans la souffrance et les larmes, et pourtant toujours aussi belle à tes yeux. Elle te prit même par tes vêtements en t'interdisant de la toucher de nouveau, tu ne sus pas comment réagir. Le médecin hurlait toujours le même « poussez ! » comme si c'était la seule chose à faire, et pour la première fois de ta vie, tu vis la Vie venir au monde.

Un petit être plein de sang, sanglotant et frêle fut retiré des entrailles de ta femme, le médecin coupa le cordon ombilical et tu eus la soudaine envie de vomir. La vie n'était pas que beauté, tu venais de comprendre qu'elle pouvait inspirer de la nausée, pourtant ! Comme tu te mis à aimer de ce même amour inconditionnel cette petite fille pleine de sang ! Et comme tu eus soudain l'envie de la protéger de tout ! Personne ne lui fera du mal, c'était ce que tu te jurais lorsque tu parvins à calmer ton haut-le-cœur. Ta femme tenait ta petite fille contre elle, lui effleurait le nez avec son index et lui parlait déjà, tu t'étais alors rapproché de ta famille et angoissé, tu avais pris la main de ta femme. Lorsque tu croisas le regard de ta fille, tu souris malgré toi, un peu timide devant cet être frêle. Un peu faible devant le fruit de votre amour, tu ne savais pas quoi faire, alors tu t'étais bêtement présenté, ta petite fille avait pleuré et tu avais versé toi-même une larme, devant ton Iseult et ta petite Eldrid.

Et tes premiers temps en tant que père avaient été pénibles, comme tous les pères ; tu avais aimé ta fille dès un premier regard, mais par l'Ombre ! Tu te serais bien passé de toutes ces nuits où, ta tête posée contre la poitrine d'Iseult, tu te laissais guider par sa respiration calme aux pays des rêves, lorsqu'un sanglot brisait ton songe. Comme tu ne voulais pas fatiguer ta femme, tu te levais péniblement vers le berceau, et tu prenais Eldrid dans tes bras. Combien de temps t'avait-il fallu pour comprendre ce petit bout de vos entrailles, aux joues roses et aux cheveux bouclés et roux ? Combien de temps t'avait-il fallu pour traduire chacun de ses pleurs ? Savoir quand elle avait juste besoin de ta présence, ou lorsqu'elle avait besoin d'être nourrie ?

Tu ne t'en souviens plus, comme le reste, pourtant ça t'avait semblé atrocement long, alors que plus tard, cette rapidité de compréhension t'avait étonné. Ce paradoxe t'animait et même si souvent, tu aurais préféré rester contre ta femme, tu aimais tenir ta petite fille contre ton large torse, discuter avec elle comme si elle était déjà capable de comprendre le monde. Ses grands yeux sombres qu'elle tenait de toi te fixaient, sa petite bouche s'ouvrait pour prononcer des mots qui n'existaient pas encore, tu adorais ça, comme tu l'adorais. Tu étais un homme comblé de bonheur, Asgeir et tu aurais donné toute ta vie pour que ce bonheur ne se brise pas, que s'était-il passé pour que tu sombres dans cet endroit froid et ténébreux ? Qu'as-tu fait de si terrible pour briser tout ce bonheur ?

Un jour... encore et toujours... un jour en particulier, sans doute le plus particulier de toute ton existence. Ce jour-là, tu conduisais ta femme et ta petite fille à la Cathédrale d'Ishtar pour une fête religieuse, vous vous aviez eu le temps de vous installer, et la nouvelle de cette naissance avait réjouis vos familles. Pourtant, tu avais appris la veille de cette journée terrible que ton père était mort, ta sœur cadette l'avait retrouvé raide sous une planche de bois, trop lourde et qui avait fini par s'écraser sur lui. Tu étais triste ce jour-là, mais tu essayais de garder le sourire, malgré tout, tu tenais la main d'Eldrid dans la tienne. Elle avait appris à marcher, c'était aussi son premier anniversaire ; un jour où pourtant, votre bonheur allait être souillé par le sang. Qu'est-ce qui s'était passé, déjà ? Asgeir, tu dois garder ce souvenir au plus profond de toi-même, le graver dans ta chair en profondeur, et essayer de ne plus pleurer. Les larmes ne vont pas aux géants, n'oublies pas ça.

Tu emmenais Iseult et Eldrid à cette fameuse fête religieuse, mélancolique, sentant le regard de ta femme sur toi. Tu ne parlais jamais et tu ne lui dévoilais jamais ce que tu ressentais, Iseult était ton opposée et même dans tes yeux sombres, elle était capable de lire tout l'accablement de cette nouvelle-là. Elle devinait avec aisance ton désir de retourner à Steefal quelque temps pour aider tes sœurs, et elle comprenait. Contre toi, elle avait tenu à ce que tu portasses un haut-de-forme et de beaux vêtements qu'elle avait choisis avec soin, faisant une petite entorse aux règles qu'elle s'était fixées. Tu étais son homme après tout, et elle voulait montrer aux autres à quel point tu pouvais être élégant, et que ta taille immense pouvait avoir du charme. Vous aviez vingt-trois ans et vingt-quatre ans à cette époque, vous étiez jeunes et vous aviez la vie devant vous, ainsi que la mort.

Tu t'étais lentement éloigné de ta femme et de ta petite fille qui apprenait tout juste à marcher, un instant, quelques secondes. Comme les autres citoyens d'Ishtar, tu avais senti ce changement dans l'air et tu avais vu un carreau transpercer le cou d'un grand aristocrate, en plein milieu de la foule. Tu avais voulu te rapprocher pour observer ce qui s'était passé, et une pluie de carreaux s'était abattue sur la foule. La première pensée qui avait traversé ton esprit, c'était de protéger ta famille, mais un jeune homme avait attiré ton attention.

Un peu plus jeune que toi et bien plus faible, il agonisait et personne ne l'avait remarqué. C'était la panique partout, l'odeur du sang et de la mort te piquait le nez, quelques innocents étaient blessés, beaucoup allaient perdre la vie, tu ne savais pas ce qui se passait autour de toi. Tu étais un homme généreux Asgeir, beaucoup trop généreux, et tu avais voulus venir en aide à ce gamin, qui souffrait et perdait son sang. Il tenait son ventre et pleurait de douleur, tu ne l'avais pas supporté et sans savoir ce qu'il avait pu faire, tu t'étais élancé à sa rencontre, luttant contre une foule en délire qui elle, hurlait et courrait dans tous les sens, fuyant l'attentat perpétré par une bande de révolutionnaires inconscients. Le jeune homme ne bougeait plus, il s'était simplement contenté de lever les yeux vers toi quand tu posas un genou à terre, et observas la blessure.

« — Ne vous inquiétez pas... je vais vous aider. »

Il ne te répondit pas, ses lèvres perdaient leurs couleurs et il tremblait déjà de froid ; tu lui arrachas presque des mains une arbalète qu'il refusait de te donner, tu la plaças sous ton aisselle et examinas une plaie profonde et qui ne cessait de saigner, elle ne semblait pas avoir été faîte avec une arme. Tu avais froncé sur les sourcils, étonnés, mais tu n'avais pas cherché à comprendre, tu avais juste voulu l'aider. Rien que ça. Ce n'était qu'un gamin, pas encore un homme ! Il avait la vie devant lui, comme tu avais le bonheur à porter de main, sombre idiot, n'avais-tu pas compris que la générosité était un défaut ?

Sans réfléchir, tu avais essayé d'arrêter l'hémorragie, tu avais déchiré un morceau de ta cape et serrer la blessure pour ralentir le sang, tu te moquais qu'il tache tes mains et tes vêtements, rien n'avait d'importance, tu mettais tout en œuvre pour sauver une vie. Tu ne faisais même plus attention aux Inquisiteurs, ceux dont l'Église se gardait bien de dévoiler l'existence, et tu ne prêtais pas le moindre regard à dame âgée qui vous fixait depuis le début. Tu ne cherchais plus à comprendre toute cette folie, tu devais le sauver. Il gémissait faiblement, respirait à peine et le temps s'écoulait vite, une multitude de grains de sable qui glissait entre tes doigts sans que tu puisses les retenir.

« — Mon cœur... où es-tu ? MON AMOUR ! »

Tu avais sursauté en percevant la voix d'Iseult, craintive et presque hystérique, était-elle en danger ? Oubliant le jeune homme que tu t'efforçais depuis plusieurs minutes d'aider, tu t'étais relevé, Iseult et Eldrid étaient en danger, le reste ne comptait plus ! Tu pris sans réfléchir l'arbalète et la gardas, puis tu courras dans la foule hurlante, telle une bête enragée, sauvage et angoissée, tu avais foncé vers la Cathédrale, là où tu les avais laissés. Les deux femmes de ta vie que tu aimais plus que tout au monde. Tu n'avais même pas fait attention à ton protégé qui lui, était parvenu à disparaître dans la foule sans demander son reste.

Et là, tu avais cru que ton cœur s'était arrêté de battre en voyant ta femme ; ta petite Eldrid se tenait prés d'elle, ses grands yeux innocents fixaient le visage de sa mère, celle-ci ne bougeait plus. Sur le moment, tu refusas de croire ce qui s'était passé et tu t'étais rapproché lentement d'elle, tu avais pris son corps contre toi, surpris par la froideur de celui-ci. Eldrid posa sa toute petite main sur ton bras, tandis que tu sentais la vie quitter ta femme. Du sang coulait sur sa poitrine, sa gorge puait l'odeur du fer, et tu mis quelques secondes pour remarquer une coupure sur son cou, qui avait fait ça ? Murmurant, faible et sans défense, tu avais oublié ta petite fille et tu avais supplié Iseult :

« — Mon amour... je t'en prie, non ! Ne meurt pas mon cœur ! Reste avec moi... Iseult ! »

C'était trop tard, elle était déjà morte. Pour sauver la vie d'un inconnu, tu avais sacrifié celle de ta femme. Un instant d'égarement, un prix incroyablement lourd à payer.
Tu tremblais comme un animal blessé, et tu poussas un hurlement rauque devant cette douleur qui te comprimait le cœur, serrant de toutes tes forces le cadavre de ta femme, comme si tu voulais briser ce qu'il restait d'elle. Eldrid se mit bientôt à sangloter, et toi, tu étais incapable de calmer tes propres larmes qui brûlaient tes joues, pourquoi ? Qu'avais-tu fait pour que l'Ombre te punisse de ta bonté ? Tu ne comprenais pas, tu refusais de comprendre, rien d'autre n'avait d'importance. Personnes ne faisaient attention à ton malheur, tout le monde était pris dans ses tentatives désespérés de survivre, et toi tu hurlais, hurlait jusqu'à te casser la voix.

Qui ? Qui était le monstre qui lui avait fait ça ? Contrairement à celui que tu avais sauvé, la blessure avait été faîte avec une lame, l'arbalète tomba prés de toi, ton monde s'écroulait et te brisais. Tu mourrais et pleurais, tu connaissais ce sentiment de solitude qui t'écrasait la poitrine, tu n'arrivais plus à respirer, tu aurais tout donné pour retourner en arrière. Tu t'en voulus et tu te haïs, tu aurais dû la protéger ! C'était l'amour de ta vie, et... elle était morte à cause de toi ! Tu devenais fou, ta raison était en train de se fissurer sous le poids du chagrin, la réalité te persécutait et vint te donner un autre couteau dans le dos. Tu maudis l'Église à voix haute, dans un hurlement enragé, tu ne savais pas ce qui te prenait et tu ne savais pas encore ce que cette erreur allait te coûter. Dans la foule, une vieille dame hurla à un Inquisiteur :

« — Regardez cet homme ! Il a une arbalète, c'est forcément un terroriste ! »

Tu n'avais même pas relevé la tête, trop prit dans ton chagrin, tu n'entendais plus rien.
Il n'y avait que le silence autour de toi, ta faible respiration et la tiédeur du corps d'Iseult contre le tien. Tu respirais fort, tremblant, tu suais comme un cheval après un galop énorme, c'était la présence d'un homme qui te fit rouvrir les yeux. À son bras, accroché comme une damnée, une femme âgée te pointait du doigt ; le regard fou, frémissante, son maquillage coulait sur sa figure ridée, et elle n'avait de cesse de murmurer :

« — Il... il était avec un terroriste... c'est lui qui a tué cette femme ! »

Tu relevas la tête vers elle, choqué par ses paroles, comment ne pas l'être ?
Là encore, il y avait l'incompréhension. Ta première réaction fut de prendre ta petite Eldrid dans tes bras, et la serrer contre toi. Pourtant, tu n'avais même pas eu le temps d'effleurer sa main, tu avais juste vu ses larmes couler sur ses joues, et sentis quelqu'un te tirer en arrière. Le cadavre d'Iseult glissa de tes bras, et tu le vis devenir de plus en plus petit avec horreur, des hommes vêtus de noirs t'arrachaient à ta petite fille et à ta femme. La vieille dame hurlait à qui voulait l'entendre que tu étais un terroriste, tandis que tu la voyais prendre Eldrid dans ses bras, la peur et ton chagrin au ventre, tu tentas vainement de te débattre de toutes tes forces. Tu sentis juste ton sang glisser sur ton flanc, et tout devint noir.

Ce fut le début d'une longue descente dans les ténèbres les plus froides et les plus noires.

Tu n'arrivais pas à croire ce qui était en train de t'arriver, ta femme avait été tuée par des terroristes et maintenant, la société te considérait comme l'un d'entre eux, et surtout comme un criminel qui était le meurtrier de l'amour de sa vie. Tout ça pour quoi ? Toi-même, tu ne trouvais plus les raisons ; une vieille dame avait fait de toi un criminel, agissant sous le coup de la panique, et tu avais plongé dans le désespoir. Tu étais mort à présent, quelque chose en toit s'était éteint en même temps que la vie d'Iseult, ton dernier espoir s'était dérobé : tu avais ton Eldrid, ta fille née de votre union, et on te l'avait enlevé.

Un criminel n'avait pas le droit d'aimer son enfant, et de l'avoir à ses côtés ; on t'avait juste dit que la famille d'Iseult allait l'élever, tu ne pouvais que supplier l'Ombre qu'elle soit heureuse. C'était tout, tu n'espérais même pas la revoir un jour, tu venais d'être privé de ton droit le plus important : être père. Plus rien n'avait d'importance. Rongé par le chagrin, tu ne pouvais que crier ton innocence encore et encore, mais Ishtar était un Empire grandiose, puissant et cruel : pas de procès, rien. On n'avait pas cherché à vérifier ta sincérité, on n'avait même pas écouté tes rugissements déments, ressemblant à ceux d'une bête blessée qui agonise, on t'avait foutu en prison comme ça, parce qu'on te considérait comme l'une de ces graines dissidentes qui pourrissaient Ishtar. Toi qui avais toujours été croyant, tu avais été trahi par l'Église. Voilà où ta générosité naturelle t'avait conduit, Asgeir ; la prison, la torture, l'humiliation, l'agonie.

Les premiers temps avaient été les plus terribles, tu n'arrivais pas encore à accepter la mort d'Iseult et tu hurlais ton innocence. Tu l'aimais encore et encore et à la folie ! Pourquoi tout le monde croyait que tu étais son meurtrier ? Pourquoi personne ne prenait ta défense ? Il t'avait fallu de nombreuses années pour comprendre : l'attentat avait créé la folie, et il fallait un bouc émissaire à la société pour regagner un semblant de raison. Tu avais été désigné comme bouc émissaire, et la véritable victime, ce n'était ni ces nobles tués, ni ces passants terrifiés, ça avait été toi.

On t'avait jeté dans une cellule puant l'urine et le sang, le cadavre d'un autre détenu gîtait dans un coin, une ombre noire que tu ne parvenait guère à distinguer. Il faisait bien trop noir, tes yeux ne voyaient rien, ils refusaient de voir. Mais tu sentais cette odeur pourrie, tu sentais ce parfum de la mort, l'homme qui t'avait jeté comme un vulgaire tas de détritus, t'avais craché sur ta face détruite. Jamais tu n'avais vu son visage, jamais tu n'avais pu voir l'expression méprisante qu'il prenait à chaque fois qu'il posait son regard sur toi. Tu étais mort et pourtant, cet inconnu t'avait ramené à la vie ; par quel moyen déjà ? Ah oui... le moyen le plus sournois et le plus terriblement humain que le monde avait : la torture.

Tu avais pu deviner que tu ne pourrais pas te contenter de crever comme un chien galeux dans cette cellule, tombant comme le cadavre dans ce petit coin, mais tu n'avais pas pensé que ça allait ramener une sensation bien vivace : la douleur.

Il ne songea jamais à débarrasser le corps, bien trop obsédé parce qu'il voulait te faire. Pourtant, tu aurais pu te défendre ? Asgeir, tu étais un homme de plus de deux mètres, fort et robuste, pourquoi n'avais-tu pas décidé de le blesser ? Lui aussi ? Le salopard qui te haïssait, car tu étais un ennemi de l'Empire, à présent.

Tout d'abord, il y avait eu les coups, simplement battus au départ, tu n'avais pas pensé qu'un homme si frêle puisse avoir autant de force. Il te prenait par les cheveux, te rouaient de coups de pieds et de coup de poing jusqu'à se casser les os, il t'avait fait cracher quelques dents, il t'avait fait goûter à ton propre sang. Étranglé, battu, il cherchait à te défigurer par tous les moyens qu'il trouvait, et il paraissait avoir une imagination sans limites pour satisfaire sa haine. Alors il avait commencé à te sortir de ta cellule, menottée et ayant le plaisir malsain de t'arracher les cheveux, il t'amenait comme on tire sur la laisse d'un chien dans d'autres endroits que même dans tes pires cauchemars, tu n'aurais pas imaginé. Pourtant, il était plein de bonne foi et désirait simplement t'entendre dire une vérité qui n'existait pas. Longtemps... longtemps tu avais crié ton innocence, même sous les coups de fouet qui t’ont donnés toutes ces cicatrices, même lorsqu'il te brûlait la chair, tu criais ton innocence... jusqu'au moment où il te complimenta.

« — Tu sais... j'admire les hommes comme toi, malgré la souffrance, tu sais garder la tête haute et ton orgueil. Ils sont rares ceux qui font preuve de courage, tu es un homme d'exception. »

Désarçonné, tu relevas la tête vers lui et fixas la silhouette en face de toi, tu ne pus le regarder trop longtemps. La bougie qu'il avait posée près de toi te brûlait les yeux, au point où tu en pleurais. Pour la première fois en trois ans, tu croisas ses yeux pleins de haines et de mépris, ces deux pierres émeraude si belles et si cruelles, deux flammes vertes affamées qui te terrifièrent. Tu vis ces traits jeunes et impérieux, un homme plus jeune que toi et pourtant, tu te sentais incapables de te rebeller contre lui. Il te sourit chaleureusement, au point où l'espace d'un instant, tu avalas les mensonges qu'il venait de prononcer.

Le jeune homme te demanda presque poliment de te relever et alors que le monde perdait son sens, il te frappa dans le dos. Aussitôt, il t'attrapa par les cheveux et te fit plonger la tête dans de l'eau brûlante. Ton cri fut étouffé, mais ton corps tremblant, contorsionné et qui faiblissait de seconde en seconde, montrait toute la douleur. Il t'arracha à l'eau, tu ne vis pas ton visage plein de cloque et rouge, tu inspiras à peine de l'air qu'il te fit replonger la tête dans l'eau. Et ça à plusieurs reprises, lorsqu'il te mettait la tête hors de l'eau, tu l'entendais chanter une petite comptine, s'amusant de tes gémissements étouffés. Finalement, il te projeta contre le sol et te donna un coup de pied dans ta cage thoracique. Tu crachas du sang et bête blessée devant la cruauté de l'Homme, tu tombas à terre, pleurant et gémissant. Il te fit rouler sur le dos avec son pied, et toujours aussi posé, il te dit :

« — Vraiment courageux... tu es un homme exemplaire, tu es le père d'une petite fille, n'est-ce pas ? À ton avis... que penserait-elle si elle te voyait ? Si elle comprenait que son père n'est que le meurtrier de sa mère, et qu'un criminel ? »

Tu avalas ta salive de travers, puis tu ne pus pas retenir ton haut-le-cœur. Tu vomis presque sur toi, n'osant plus lever tes yeux sur cet homme et quelle importance ? Tu ne voyais plus rien, alors il écrasa ton crâne contre le mur sale et rapprocha son visage du tien. Tu ne voyais pas ces prunelles émeraude, tu ne sentais que toute cette haine qu'il te vouait pour une raison qui n'existait pas ; il te cracha à la figure, et d'une voix grave, il te cria :

« — Avoue ton crime ! Sale merde de terroriste ! »

Tu n'en pouvais simplement plus, il t'avait ramené à la vie par la douleur, et il venait de tuer à nouveau par la douleur. Tu restas quelques secondes interdit, haletant, faible et sans défense face à ce gamin, tu fermas les yeux et d'une voix gémissante, tu avouas ce crime qui n'était pas le sien.

« — Je... c'est moi qui l'ai tué.
— Enfin ! »

Quelle importance ? Tu étais mort, désormais.

Victorieux, il te ramena dans ta cellule et t'y jeta violemment. Toujours aussi faible, tu réagissais à peine à ce qu'il te faisait, tu restais assis contre le mur, les yeux fixés sur ton pied enchaîné. Malgré ce que tu venais d'avouer, tu ne réagissais plus, tu étais totalement brisé. Ton sang et ton urine te donnaient même plus la nausée, tu n'étais qu'une coquille vide avec laquelle il s'était amusé, et dont il s'était lassé à présent. Tes os saillaient sous ta peau, comme cherchant à la perforer, ton pied ressemblait à celui d'un squelette, tu pouvais le voir plus ou moins distinctement. Il y avait une petite lucarne tout en haut, la lumière de la lune te permettait de voir ce pied maigre, enchaîné ; sans réfléchir, mue par le désir de t'enfuir de cet endroit horrible, tu essayas longuement de retirer ton pied.

Pitoyablement, tu tirais sur la chaîne pour essayer de te libérer, ta peau frottait contre le métal et bientôt, tu te mis à saigner, qu'importe, tu voulais t'enfuir, tu n'en pouvais plus. Tu contorsionnas ton pied dans toutes les positions, cherchant à le faire passer, croyant qu'il te suffisait de ça pour être à nouveau un homme libre. Finalement, tu avais compris que ça ne servait à rien, alors tu essayas autre chose : de toutes tes forces, tu tiras sur la chaîné pour la casser, pour la sortir du mur, tu étais ridicule Asgeir de lutter pour une liberté que tu n'auras jamais. Tu passas la nuit entière à faire des tentatives pour pouvoir à nouveau te relever, être considéré comme un homme et non plus comme un chien. Ta peau s'était déchiquetée, la douleur n'avait plus trop d'effet sur toi, tu ne comprenais pas que tu ne pourrais pas te relever. Tu ne fis même pas attention lorsque la porte de ta cellule s'ouvrit, tu ne vis même pas la lumière du jour envahir toute la pièce, tu étais de dos à ce jeune homme qui aimait te haïr. Il resta quelques instants interdit devant tes tentatives lamentable, puis il te hurla :

« — Qu'est-ce que tu fous ? »

Tournant à peine la tête en sa direction, tu étouffas un gémissement lorsqu'il te fracassa ton propre repas sur le dos. Il saisit ta gorge et avec son poignard, il manqua de te couper l'oreille, tu n'avais plus peur, tu ne ressentais plus rien. Énervé, il te frappa et s'en alla en claquant la porte, enragé. Tu te laissas tomber dans la crasse, épuisé, beaucoup trop épuisé pour gémir de douleur. Il revint quelques minutes plus tard, une énorme pierre dans ses mains, il t'ordonna de te lever, et péniblement, tu obéissais. Tu ne cherchais même plus à comprendre, appuyé contre le mur, tu le fixas se rapprocher et te fourrer la pierre dans tes mains. Malgré ta force, tu faillis la laisser tomber par terre, il te cracha :

« — Si tu veux briser cette chaîne, il faut te servir de ça ! Vas-y ! »

Tu haussas les épaules, alors qu'il croisait les bras, te fixant avec impatience. Qu'est-ce qu'il te voulait maintenant ? Il voulait t'aider à t'enfuir ? Tu fis un pas en avant, visant la chaîne en croyant bêtement qu'elle pourrait se briser sous le poids de la pierre. Devant sa rage d'attendre, tu levas faiblement la pierre et te brisas sous son poids ; elle t'échappa des mains, comme la vie de ta femme qui s'était envolée de tes bras, et elle tomba sur ton pied droit.

Tu poussas un hurlement de douleur qui te brisas la voix, tu t'écroulas par terre, incapable de bouger, paralysé par la souffrance de ton pied écrasé sous cette pierre. Tu sentais des picotements dans tout ton corps, tu pleuras, tu respiras fort et lui, il sourit.

Incapable de la dégager, tu lui lanças plusieurs regards suppliants, agissants exactement comme il l'avait prévu. Il te frappa devant ta bêtise, il dégagea la pierre et tu pus voir ton pied broyé, cette fois-ci tes os avaient pu traverser ta peau, tu vomis sur toi, encore.

« — Quel con ! »

Agacé, l'homme te prit par ton habit pour te forcer à te lever. Tu retombas aussitôt, tu n'avais plus la moindre force dans tes jambes, tu te sentais incapable d'être debout comme un homme se doit de l'être. Il appela alors à l'aide, et tu ne te souviens plus de ce qui s'était passé ensuite.

Combien de temps s'était-il déroulé après ça ? Tu ne savais pas lorsque les années passaient, tu te sentais vieillir, seulement vieillir et rien d'autre. Un jour comme tous ces jours particulier qui avaient rythmé ta vie, cet homme qui te haïssait pour rien déposa ton repas, et s'en alla, tu ne le revis plus jamais. Tu ne te posais pas de question à ce sujet, il avait dû simplement t'oublier, comme il avait oublié de reprendre ton repas.

Désormais boiteux, tu te traînas jusqu'au petit plateau de bois, mordant dans le pain rassie, buvant la soupe de gruaux sans la moindre saveur, ou si peut-être il y en avait eut une, mais tu ne sentais plus la différence. Tu mangeas simplement, répondant à ta faim comme un père répond aux cris de son enfant, tu avalas presque tout rond les morceaux du pain que tes dents abîmées parvenaient à couper. Véritable bête affamée, tu te satisfis de ce repas merdique, la faim... c'était la seule chose que tu pouvais ressentir.

Tu trouvas alors un petit couteau à la lame rouillé sur le plateau de bois, personne n'était revenu te le reprendre. Répondant à une pulsion que tu avais oublié, tu posas à côté de toi le bol de ta soupe terminée depuis trois jours. Longuement, tu observais ce petit couteau, la lame rougie et sale était éclairée par la lumière de la lune. Tu cassas le plateau de bois sur ton genou osseux, tu frémis lorsque tu te touchas ces petits morceaux de bois brisés, et tout doucement, tu te mis à sculpter de petites statuettes avec le petit couteau rouillé. À nouveau, quelque chose naissait de tes mains abîmés et brisés, ta passion, elle, renaissait et presque oublié par tes agresseurs, tu fis en trois jours un petit cheval de bois que tu posas sur le bol retourné. Ensuite, tu sculptas un homme grand et altier, noble et beau que tu plaças à côté du petit cheval de bois, son cavalier. Ainsi, tu occupas tes journées et tes nuits à façonner de petites figurines aussi fragiles que belles, tu étais toujours mort, mais une petite partie de toi luttait pour renaître.

Angoissé à l'idée de ne plus avoir de bois, tu essayais d'en économiser le plus possible, écoutant les pas dans les couloirs de la prison, tu avais un peu oublié où tu étais, et ce fut lorsque la porte de la cellule s'ouvrit que tu t'en rappelas. À ta surprise, ce n'était plus le jeune homme qui était là, mais un simple gardien qui te fixa un moment. Finalement, il jeta plusieurs regards derrière lui, et s'enferma avec toi dans ta cellule, il prit ton petit cheval de bois et l'observa sous tous les angles, impressionné par ton travail. D'une voix presque timide, il te demanda :

« — Est-ce que je peux le prendre pour mon fils ? »

Tu approuvas sans dire un mot, tandis qu'il examinait chaque pièce née de tes mains. Il passa une main sur sa barbe, des rides se formèrent sur son front et il se releva soudain, prenant le petit cheval de bois et s'en alla sans un mot. Il revint plus tard avec des morceaux de bois qu'il avait trouvé un peu partout, il te les donna et te demanda si tu pouvais créer d'autres petites figurines de bois. Absent, tu acquiesças et c'est ainsi que pendant des années, tu passais le plus clair de ton temps à construire avec ce matériau que tu aimais tant pour cet inconnu, amoureux de ton travail et qui t'avait pris en sympathie. Lorsqu'il n'y avait personne, il vous arrivait même de discuter de tout et de rien, il te parlait souvent de ton fils, quelquefois tu lui parlais de ta petite Eldrid.

Après toutes ces années de souffrance, tu avais enfin trouvé quelqu'un qui te croyait un peu, ton art agissait comme un sortilège sur lui, ça te fit un peu de bien. Pour éviter qu'on ne trouve tes œuvres, tu les cachais sous le cadavre de cet inconnu, toujours présent, et tu attendais la nuit pour continuer ton travail, et discuter avec ce gardien. Une nuit pourtant, tout changea à nouveau.

Tu entendis ton gardien pousser un cri de douleur, hurlant après un homme qui sans la moindre délicatesse, ouvrit la porte de ta cellule, alors que tu créais un arbre. Tu ne sursautas pas, trop prit dans ce que tu faisais, tu sentis juste le regard de cet Inquisiteur-là sur toi. Il te donna un coup de poing dans la mâchoire, et aussitôt, tu cherchas à cacher l'arbre dans tes vêtements, mais il fut rapide et te l'arrachas. C'est là que tu croisas ses yeux ensanglantés, ces deux prunelles rubis et inexpressives ; l'albinos finit par jeter ton œuvre à la figure, elle tomba par terre, et lorsque tu voulus la reprendre, il écrasa ton pied.

Un croassement rauque t'arrachas un frisson, l'homme avait un corbeau sur son épaule. Un oiseau borgne qui te fixait de la même expression que l'albinos qui se tenait devant toi, le gardien était juste devant la porte, pétrifié de peur. L'albinos devait avoir vingt ans, voir moins, un jeune adulte qui avait tout d'un homme cruel et perverti par la vie. Il te donna l'angoisse et la crainte, ce corbeau qui ne cessait de croasser te rendait fou.

« — Moi... j'arriverai à te faire parler. »

C'est là que tu remarquas la présence d'un prêtre prés de la porte, tu lui lanças un regard désespéré quand soudain, l'albinos ramassa l'arbre en bois et te tournas le dos. Tu fixais ses larges épaules, ses cheveux blancs et le plumage noir de son oiseau, sans un mot, il sortit lentement de ta cellule, ton arbre pris dans une main aux deux doigts d'argents. Il prit une allumette que lui avait tendue le prêtre, et l'approcha de ton arbre en bois. Un petit morceau de ton âme qu'il chercha à brûler, il cracha dessus et rapprocha l'allumette.

Pris d'une peur incontrôlée, enragé, tu te relevas et en boitant, tu te précipitas sur le jeune homme et te jetas de tout ton maigre poids sur lui. Horrifié parce qu'il s'apprêtait à faire, tu tentas de l'étrangler, mais quelque chose t'en empêcha. Tu sentis l'air se déchirer et ton front se mis à saigner, tu chancelas en arrière, tandis que le jeune homme dégaina une épée qu'il n'hésita pas à enfoncer dans ton flanc, tu tombas finalement en arrière. Replié sur toi-même, tes deux mains plaquées sur ton front, tu sentais deux traces encore chaudes. Il poussa un grognement de rage, et il fallut plusieurs personnes pour l'arrêter et l'empêcher de te tuer dans d'abominables souffrances. Tu avais seulement voulu qu'il ne souille pas ta petite statue de l'arbre, rien d'autre.

Quelques jours plus tard, le gardien rouvrit la porte de ta cellule, il refusa de croiser ton regard et s'approcha doucement de toi. Tu te relevas sur tes coudes et tu l'observas quelques minutes, il venait te rapporter ta statuette, son visage exprimait une grande compassion, il te demanda alors :

« — Je peux te faire sortir d'ici, en échange, je veux toutes tes statues en bois, et un peu d'argent. »

Tu déglutis face à sa proposition, mais tu acceptas. Tu n'avais plus rien à perdre, tu voulais juste t'enfuir de cet endroit horrible ; l'espoir renaissait, tu voulais retrouver ta fille. Tu lui montras toutes les statues cachées sous le squelette, il les pris et les fourra dans un petit sac de toile, il t'aida à te relever. Il t'expliqua rapidement que la prison était presque vide, un nouvel attentat avait déclenché la folie, et l'appétit des monstres que tu avais croisé. C'était le moment où jamais de regagner ta liberté, tu étais motivé par le désir de retrouver ta fille, et en boîtant, tu suivis cet homme dans des couloirs sombres et froids, craignant à chaque instant de recroiser l'albinos. Persuadé que personne ne pouvait survivre face à un tel monstre, tu le haïssais.

Vous aviez pris ce qu'il te sembla être un passage secret, et le gardien te conduis dans les égouts, le seul endroit sans le moindre risque. Il posa sa main sur ton épaule, et tu lui dis que dans une petite rue prés du port, se trouvait ton atelier. Sous une planche de bois, il se trouvait quelques objets de valeurs, il approuva et te laissa avec quelques recommandations. Tu marchas dans les égouts, sentant à peine l'odeur d'excrément, tu t'y étais habitué et ça ne te faisait plus rien. En boîtant, peut-être pendant des jours et des heures, tu t'enfuis de cet endroit horrible, désireux de retrouver Eldrid, de la prendre dans tes bras et de voir comment elle avait grandi. Était-elle aussi jolie que sa mère ? Était-elle aussi souriante ? Ton cœur battait à la chamade, et c'est avec l'espoir que tu retrouvas la lumière du jour, cette lumière qui brûla ta rétine et te fis pleurer. La prison loin derrière toi, tu ne lui accordas aucun regard et tu te contentas de marcher devant toi en boitant, laissant ces quinze années de souffrance derrière toi.

Tu étais alors rentré dans ton atelier, abandonné depuis quinze ans, mis à l'épreuve du temps. Tu avais posé ton pied nu sur le plancher sale, et d'un pas clopinant, tu t'étais avancé dans l'arrière-boutique pour trouver une planche de bois, tu l'avais tâté et soulevé. Le gardien avait juste pris quelques pièces d'or, et t'avais laissé le reste. C'était là qu'Iseult avait eu l'idée de cacher les objets valeurs, peut-être poussés par un instinct purement féminin. Tu avais alors retrouvé un petit bracelet en argent, plein de poussière qui lui appartenait. Tes doigts tremblaient et quand tu finis par mettre le bracelet à ton poignet, tu éclatas en sanglot.

Tu revendis quelques objets pour t'acheter de nouveaux vêtements, cachant avec tes cheveux la cicatrice sur ton front aux yeux des plus curieux. Avec presque rien sur toi, tu parties à Steefal à pied. Boiteux, tu te servis d'une branche trouver dans une forêt pour marcher, tu avais mal à chaque pas que tu faisais, mais ton désir de revoir ta fille et de vivre avec elle te poussait à avancer. Chaque jour, tu te demandais comment elle était devenue, était-ce une belle jeune fille ? Avait-elle quelques garçons qui lui faisaient la cour ? Tu avais hâte de retrouver sa chaleur, de la prendre dans tes bras et d'oublier tous les malheurs qui t'avaient détruit, tu croyais que tu allais renaître et refonder ta famille. Ainsi, tu aurais pu oublier la mort de ta femme, songeant qu'au final, c'était un peu toi qui l'avais tué. Ta haine et ton chagrin allaient-ils disparaître dès que tu entendrais Eldrid t'appeler « Papa ! » et te raconter comment elle avait grandi, toutes ces joies et ces peines... ta fille, tu voulais tellement la revoir !

L'excitation te faisait oublier la douleur et la fatigue, enfin ! Ton cœur battait dans ta poitrine, tu respirais l'air, tu sentais la liberté à l'intérieur de tout ton être, c'était quelque chose d'incroyable ! Pour la première fois de ta vie, tu contemplais le monde avec l'œil d'un enfant joyeux et curieux. Marchant seul, brisé, mais prêt à te reconstruire. Tu mis plusieurs mois pour te rendre à Steefal, et tu fus touché par sa nature toujours aussi belle, rien ne semblait avoir changé. Tu te sentais vivant.

Personne ne te reconnut après toutes ces années d'absence, tu ne pensas même pas à aller voir tes sœurs, ta priorité était de retrouver Eldrid. Tu connaissais par cœur ce chemin que tu avais tant de fois traversé pour retrouver Iseult, son souvenir te hantait, mais tu étais persuadé que tu pourrais retrouver un semblant de bonheur. Ce fut lorsque le soleil pointa le bout de ses rayons que tu arrivas devant la masure, où ta femme était née. Une impression de nostalgie t'envahit et tu restas planté devant la porte durant plusieurs minutes, puis en poussant un soupir, tu frappas et une dame vint t'ouvrir. Elle fronça les sourcils, sa chevelure rousse attachée en queue de cheval te donna des frissons. Tu te raclas la gorge à plusieurs reprises, tu avais presque oublié comment on parlait, et tu finis par déclarer d'une voix rauque :

« — Je... c'est moi... je voulais voir Eldrid. »
— Toi ? Qu'est-ce que...
— Je peux entrer ? »

C'était la mère d'Iseult et le regard haineux qu'elle te fit, te noua l‘estomac. Malgré tout, elle te laissa entrer dans sa maison, ses yeux s'assombrissaient à la vue de ton corps détruit ; par politesse, elle te proposa à boire et tu acceptas toute cette hypocrisie, toute cette futilité. Elle te servit un repas chaud, le premier que tu n'avais pas mangé depuis quinze ans. Tu tremblais et tu attendais de la revoir, Eldrid, ta petite fille adorée. La vieille femme s'assit en face de toi, tu mangeas sous son regard haineux et quand le silence te parut trop long, tu lâchas :

« — Je... je suis venu pour la prendre avec moi.
— Au nom de l'Ombre, tu te moques du monde ! »

Tu tiquas d'abord, à ton tour tu fronças les sourcils, et poussé par tu ne savais quelle pulsion, tu lui expliquas tes quinze années de tourment. Tu avais besoin de confier ce qui s'était passé, ta rencontre avec l'albinos, les tortures, et ton chagrin. Ton désir de revoir ta fille et de la prendre dans tes bras, toute ta peine et ton désespoir avait enfin des mots. Elle se leva lentement et alla ouvrir la porte, méprisante, elle te lança :

« — Non... tu ne la reverras plus jamais. Elle ne sait même pas que tu existes, elle ne sait rien de toi. »

Tu crus mourir une seconde fois.

« — Laissez-moi la voir au moins une fois, par pitié !
— Il est hors de question qu'Euphrasie sache que son père est un criminel ! Sors de là, sale chien, meurtrier !
— Je n'ai rien fait, j'étais innocent ! »

Tu allais dire autre chose, mais tu t'arrêtas ; qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Euphrasie ? C'était quoi ce nom ? Tu te levas d'un bon et tu pris la vieille femme par le cou, comme pour la frapper, hystérique, tu eus du mal à trouver tes mots et à les articuler :

« — Vous l'avez appelé comment ? Son nom est Eldrid !
— Lâche-moi sale gueux !
— Eldrid... elle s'appelle Eldrid !
— Sors de cette maison, et ne reviens jamais ! »

Tu finis par la lâcher, malgré ton désir de lui faire mal et de la faire taire, elle te frappa et tu réagis à peine. Tu entendais des pas et pris de peur, tu sortis de la maison en laissant cette vieille sorcière derrière toi. Ta colère t'avait fait perdre la tête, et tu avais besoin de te calmer. Tu allas finalement chez toi, et fut surpris de trouver la maison de ton enfance vide. Tu appris plus tard que tes sœurs avaient quitté Steefal honteuses de t'avoir pour frère, tu restas assis devant chez toi durant plusieurs jours. Tes souvenirs te revenaient et tu n'en pouvais plus, plusieurs fois tu voulus mourir, plusieurs fois tu ne trouvas pas le courage de le faire.

Qu'est-ce qu'il te restait à faire ? Retourner à Ishtar ? Et après ? Tu étais un ancien détenu, un fuyard, jamais tu ne pourrais retrouver quelque chose. Comme un fantôme, tu ne bougeais plus, tu attendais la mort comme tu avais attendu la venue au monde d'Eldrid. Finalement, tu te levas et décidas de quitter ton village, plus personne ne t'attendait, nulle part. Tu n'avais qu'à errer et attendre que la mort vienne te chercher. C'est sur le chemin du départ que tu la rencontras.

Tu pleurais, toi le géant, tu pleurais. Et c'est à ce moment-là que tu croisas une jeune adolescente de seize ans, grande pour une fille et mince. Elle possédait une magnifique chevelure rousse qui tombait en cascade de boucle jusqu'à sa taille fine, habillée de bleu et portant un panier en osier, elle ouvrit sa petite bouche rouge en te voyant. Tu ne l'avais pas encore remarqué, et elle t'examina de longues minutes, ses mains pâles et fines allèrent finalement prendre une pomme aussi rouge que ses lèvres, et c'est lorsqu'elle te tendit le fruit que tu relevas la tête. Elle cilla et te souris chaleureusement, et d'une voix claire, elle te parla :

« — Tenez ce n'est pas grand-chose. »

Tu restas interdit en voyant Iseult en face de toi, elle te fourra la pomme dans tes grosses mains carrées.

« — Vous êtes l'ami de Grand-Mère, c'est ça ? Vous savez... souriez, tant que le soleil brille, il y a de l'espoir. »

Et tu souris, un peu, paraissant niais et maladroit. L'adolescente rit et te quitta sans une autre parole. Tu séchas rapidement tes larmes, la laissant partir, incapable de lui dire qui tu étais. Tu avais honte d'être toi-même.

« — Je vous en prie... soyez heureuse ! »

Ce fut tout ce que tu fus capable de lui dire, elle te fit un signe de la main, et plus jamais tu ne revus ta fille.

Alors tu parcourras le monde durant plusieurs années, et un beau jour, tu rentras à Ishtar. Tant pis si on te retrouvait, tu avais envie de retourner dans ton atelier et t'occuper de tout ce qu'il te restait : le bois et tes souvenirs. Tu avais amassé un peu d'argent, travaillé ici et là et il te restait encore quelques objets de valeurs à vendre.

Cherchant à occuper ton esprit, il te fallut plusieurs mois pour rendre l'endroit un minimum respectable. Bientôt, tu attiras les gens qui t'avaient oublié, on ne te reconnut pas. Pour Ishtar, tu étais le « menuisier » et les enfants ne tardèrent pas à t'appeler « l'Homme-Arbre » à cause de ta taille et de ta stature, tu t'en moquais. Rien n'importait d'autre que le bois, ta fuite de tes souvenirs et tes fantômes. Un soir, tu allais fermer ton atelier, presque mort de fatigue, mais une femme fit son entrée.

Noble et vêtue du plus beau des tissus, tu reconnus une de ces robes que tu avais vues par hasard dans la boutique d'une petite couturière. Elle passa une main pleine de diamants dans sa chevelure brune, elle soupira et tu allas lui demander de partir, quand elle te prit de court :

«— Je veux un nouveau cadre pour mon miroir.
— Comment ? »

Elle ne répondit pas tout de suite et s'approcha de tes outils, les effleura du bout des doigts et pencha la tête sur le côté pour observer ton travail. Elle soupira à nouveau, et te donna les instructions de ce qu'elle désirait avoir, elle te nota son adresse sur un morceau de papier et s'en alla comme elle était venue, silencieuses et arrogantes. Tu examinas longuement le morceau de papier. Tu n'avais simplement pas reconnu Hortense de Jeudevot après toutes ces années.
Par la suite, elle te commanda d'autres meubles, avec ce même ton impérieux refusant la moindre imperfection. À chaque fois que tu venais les installer chez elle, tu sentais ses yeux sur ton dos, tu la sentais derrière et toi et un jour, elle glissa ses mains sur ton torse musclé et plein de cicatrice. Tu ne frémis pas, tu ne ressentis aucun plaisir à sentir sa poitrine opulente s'écraser sur ton dos.

Tu avais compris ce que tu voulais : c'était une femme du monde en train de prendre de l'âge, et elle cherchait un amant. Elle fit durer ce petit jeu plusieurs mois, jusqu'à l'instant où elle t'entraîna dans son bureau et posa ses lèvres contre les siennes. Cette fois-ci, tu sentis un frémissement courir dans toute ton échine, une illusion prit forme dans ton esprit. Ce n'était plus la Comtesse que tu avais face de toi, mais Iseult.

Soudain, tu l'attrapas et la porta pour la mettre sur son bureau en chêne, elle chercha à envahir tes lèvres et caressa sa langue contre la tienne. Tes caresses se firent maladroites, tu ne savais plus comment on touchait une femme, comment on lui faisait plaisir, et comment on devait lui faire l'amour. Votre liaison dura un an, et un beau jour elle te quitta sans larme, sans rien pour s'en aller vivre à Khorafa avec son mari et ses enfants. Sans doute avait-elle trouvé un autre amant, plus jeune, ça te laissas de marbre.

Et maintenant ? Qu'est-ce que tu es Asgeir ? Tu es le Menuisier d'Ishtar, rien d'autre. Ta vie a été longue et pénible, tu ne sais plus ce que tu dois faire pour être heureux. Souvent, tu vas te saouler au Cochon Pendu, voilà comment tu dépenses ton argent. L’ivresse t’aide à oublier, et peut-être qu’elle te tueras. Tu as quarante-six ans.



Mais vous êtes qui, en fait ? ._.


    Comment avez-vous découvert le Forum ?

    - Il y avait un jour de pluie, quelque part dans ma tête, et j’me suis dis : « et si je créais un autre personnages ! »
    Avez-vous des conseils ou des remarques le concernant ?
    - Tout est très bien et longue vie au Forum !
    Votre Disponibilité (en moyenne) :
    - Je mange, je dors, je joues, je travaille, je vis sur ce forum.







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MessageSujet: Re: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyLun 31 Jan - 10:27

Wooow... Bon, j'ai pas su te valider hier... 9982 mots rien que l'Histoire... Bon, j'admire...

Sachant que Tu es plus qu'immergé dans le Contexte (et que Tu as déjà parlé du personnage avec Ezh').


Tu viens de rejoindre le panthéon des fanatiques d'Ishtar qui ont trois personnages \o/ (vous êtes deux en ce moment).


Validééééééééééé !

(vraiment GG pour le roman XD)
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MessageSujet: Re: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyLun 31 Jan - 10:42

Yes Merci ! * sautille et caline *
Hééé oui, ça faisait un moment qu'il était dans ma tête celui-là ^^
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MessageSujet: Re: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyLun 31 Jan - 10:44

Ton atelier est dans les Rues ^^
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MessageSujet: Re: Asgeir - L'Homme Arbre    Asgeir - L'Homme Arbre  EmptyLun 31 Jan - 10:48

Merci Asgeir - L'Homme Arbre  61357
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