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| Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] | |
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| Sujet: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Jeu 19 Mai - 11:37 | |
| Kaname inspira une grande bouffée d'air frais et se figea un instant dans la fraîcheur de la nuit. La pleine lune éclairait la place comme un petit soleil, son reflet brillant sur chaque surface métallique. La nuit était bien avancée, à en juger par la position de l'astre, et si la journée avait été plutôt chaude, la température avait désormais chuté au point d'arracher un frisson au prêtre, pourtant d'ordinaire impassible et insensible. Ces considérations sur la nuit l'avaient distrait un instant de sa frustration, mais son exaspération avait déjà repris le dessus. De rage, il arracha une mauvaise herbe qui avait fait son bout de chemin entre les pavés, la jeta à terre, et marqua une pause, avant de piétiner la plante avec un sourire mauvais.
* Reprends-toi, Kaname. Sois discret.*
C'était la voix de sa raison, celle qui l'avait souvent guidé et lui avait même parfois sauvé la vie. Paraît-il que certains entendaient la voix de leur conscience, mais la conscience était un concept que Kaname avait bien du mal à saisir. Mais Kaname avait de bonnes raisons de se sentir frustré. Il avait eu des projets bien précis pour la nuit. Il avait enfin réussi à prendre contact avec un informateur fiable. Mieux que ça, un informateur disposant d'informations intéressantes sur la plupart des bandits du coin. Ce qui s'avérait assez rare : les informations « à la mode » étaient celles sur les terroristes ou sur l'inquisition, autant d'histoires dont Kaname se fichait comme de sa première chemise. Quoique, il se souvenait assez bien de sa première chemise, et y repensait avec nostalgie. Mais les évènements, comme à leur habitude, ne se déroulèrent pas comme prévus, ce qui avait le don d'agacer profondément le prêtre. Cela commençait d'abord par une simple course pour le prêtre supérieur ― un message à transmettre à une chapelle voisine ― puis un document à récupérer pour une histoire de succession, puis un erreur dans un avis de décès qui l'oblige à voyager encore jusqu'à l'église suivante … Il avait fini par se retrouver le sac plein de paperasses inutiles, et il avait complètement oublié ce qu'il était censé en faire. Sans oublier toutes ces courbatures … qu'il n'aurait pas eues si seulement les prêtres de cette ville avaient eu un tant soit peu le sens du RANGEMENT. Certaines bibliothèques étaient dans un tel désordre et si mal tenues qu'il avait aperçu de la MOISISSURE sur quelques parchemins. Et à force de cavaler dans toute la ville, il avait fini par perdre son chemin. Kaname vivait depuis déjà plusieurs années à Ishtar, mais s'il connaissait plutôt bien les quartiers dangereux, il avait encore du mal à s'orienter dans les quartiers autres que ceux aux alentours de son église. Mais à force de tourner dans une direction, puis dans l'autre, il avait fini par tomber sur un lieu familier : la place des manèges. Et maintenant qu'il n'avait plus à se soucier de comment rentrer chez lui, toute sa colère ressurgit en un instant. Il n'avait pas pu se rendre à ce maudit rendez-vous avec son informateur, et il devrait encore attendre pour obtenir les informations qu'il souhaitait. Et encore ! A condition que son informateur accepte de le revoir ! Comment lui faire avaler que Kaname avait eu un imprévu et cacher le fait qu'il soit un prêtre ? S'il arrivait d'abord à le retrouver ! Pas besoin d'être un génie pour comprendre que quand un informateur ne voit pas son client arriver, il prend vite ses jambes à son cou … Des fois que le client se soit fait épingler par la Garde impériale, ou pire ! l'Inquisition. Non, décidément, Kaname avait raté une belle, trop belle occasion.
C'était donc dans un état d'esprit particulièrement mauvais qu'il avait débouché sur la fameuse place aux manèges. La vue de ces étranges machines le troubla un instant. A cette heure tardive, la musique s'était arrêtée et plus personne ne traînait ici, pas même un enfant curieux ou un vagabond hagard, mais la place continuait d'être éclairée et la lune elle-même permettait de distinguer presque comme en plein jour. Kaname s'approcha des manèges, non sans avoir jeté auparavant un coup d'oeil pour savoir s'il était seul. Il caressa doucement un des chevaux artificiels. Quelles étranges machines, très étranges décidément. Comment fonctionnaient-elles ? Avec l'aide d'esclaves, ça, il le savait. Cela le fit frissonner une seconde fois. Non pas qu'il éprouvait la moindre compassion envers eux ― Kaname n'avait jamais ressenti la moindre compassion envers qui que ce soit ― mais il savait qu'il aurait pu être à leur place. Si sa vie avait pris un autre chemin, s'il s'était fait arrêter et emprisonner … Il se sentait un peu mal à l'aise ici, comme avec les élévateurs. Mais différence non négligeable, les élévateurs étaient utiles, eux. Ils permettaient d'accomplir certains trajets sans effort et en gagnant du temps. Alors que les manèges … ça ne servait qu'à s'amuser. Et cela n'amusait que les enfants d'ailleurs. Strictement inutile donc. En plus, il avait entendu dire que plusieurs gamins avaient disparu dans le coin. Autrement dit, ça ne servait à rien, à part appâter des gamins. Paraît-il que l'inventeur de ce machin ridicule avait reçu un prix ou quelque chose dans le genre. Une récompense pour un tas de ferraille inutile ? Drôle d'idée. A moins que l'inventeur ne soit aussi celui qui enlève les enfants, auquel cas, cela ferait sens. Mais pourquoi donner une récompense alors ? Corruption ? Ou alors ils travaillent ensemble ? Kaname se perdait en extrapolations douteuses. Et au fond, il en avait vraiment rien à foutre. Ces machines ne valaient rien à ces yeux, elles étaient bonnes à jeter. D'ailleurs, le prêtre pouvait bien s'en charger lui-même … Il visa, arma sa jambe et donna un violent coup de pied. Le vacarme métallique qui s'ensuivit le surprit tellement qu'il fit un bond en arrière. Oh, bien sûr, la douleur au pied, il s'y attendait un peu, même s'il n'avait pensé que le cheval pouvait être aussi … dur. Par contre, le bruit … C'était comme si quelque chose à l'intérieur était en train de tomber en morceaux. Et pour couronner le tout, Kaname s'était mal réceptionné en sautant. Le prêtre se massait le pied quand le cheval se mit à trembler dangereusement. Kaname se figea. Qu'allait-il se passer ? Est-ce que ça allait exploser ? Si oui, il avait plutôt intérêt à débarrasser le plancher en vitesse. Mais non, le cheval se contenta d'osciller de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'il s'effondre sur le manège. Le bruit de verre brisé lui annonça que quelque chose d'autre s'était cassé, tandis qu'un sabot roula jusqu'à lui.
- Mais quelle camelote !
L'ampleur du désastre ne le frappa qu'après avoir eu cette pensée : en plus d'être inutile, ce machin était super fragile. Youpi. Et si quelqu'un avait vu ça, il était dans un sacré merdier. Bon, maintenant, on prend la fuite ? |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Jeu 19 Mai - 13:50 | |
| - Camelote ?
Elle était là, debout devant lui, petit bout de femme fin et fragile, comme si elle l'avait toujours été. Elle avait dût approcher à pas de loup, ou peut-être était-elle déjà là... allez savoir. Elle portait une robe blanche longue et légère sur laquelle les rayons de lune créaient des reflets brillants, ses longs cheveux tout aussi laiteux que sa peau en cadraient son visage fin et enfantin éclaboussé par la lune et ses yeux gris accentuaient plus encore l'aspect fantomatique de la jeune fille. Elle le regarda quelques secondes sans rien dire, un étrange sourire aux lèvres et une expression douce et malsaine à la fois dans les yeux.
- La camelote ? Une came avec de la lotte ? Une lotte qui nage et nage dans le ciel accompagnée d'un vers luisant estropié qui regarde le soleil se coucher aux premières lueurs du jour, un oiseau qui nage sous les remous et un bateau qui flotte à travers le temps.
Elle le quitta du regard le temps de poser ses yeux sur la partie détruite du manège puis, semblant avoir déjà oublié la présence du prêtre, elle poussa un soupir fatigué et se mit à le réparer. Comme par magie, deux esclaves sortirent du manège pour l'aider sans prononcer le moindre mot, comme s'ils savaient exactement quoi faire et comment. Après tout, ils travaillaient pour Adelheid depuis longtemps et rien dans sa façon de faire n'avait changer depuis qu'elle était arrivée dans la Capitale Impériale : elle faisait ce qu'elle voulait comme elle le voulait et s'ils voulaient l'aider, il leur fallait étudier ses plans parce qu'elle ne leur donnait jamais d'indications. Elle se contentait de faire ses plans et de leur en donner un exemplaire quand elle avait terminé. Là ils devaient se procurer le matériel qu'elle demandait (elle mettait toujours sa liste avec les plans), les rapporter dans l'atelier et l'assister dans sa tâche. De plus, le travail mis à part, elle était probablement la meilleure maitresse dont pouvait rêver un esclave : elle ne leur disait jamais rien, les ignorait quand elle n'avait pas besoin d'eux, et se fichait éperdument de ce qu'ils faisaient de leur temps libre... en fait, même s'ils ne venaient pas travailler cela ne semblait pas la toucher... mais étrangement, ils n'arrivaient pas à se résoudre à partir.
Adelheid se redressa, recula et contempla le cheval qui semblait être redevenu exactement comme avant. Cela s'était passé si vite que c'était comme si elle venait de faire la chose la plus facile du monde. Satisfaite, elle fit un vague geste de la main à l'attention des deux esclaves qui disparurent à nouveau dans le manège... quelques bruits se firent entendre, révélant qu'ils continuaient de réparer par en dessous, mais la jeune fille n'y fit pas attention, elle s'était à nouveau tournée vers le prêtre.
- Le sens de la colère puise son énergie dans la nuit et la peur, les soeurs qui s'aiment et se haïssent dans un ensemble harmonieux et violent. Un objet inanimé incarne souvent la colère de celui qui passe et frappe sans hésiter. L'inanimé se ranime, mais le vivant se casse...
Elle lui sourit doucement.
- Tu veux que je soigne ton pied ? |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Ven 20 Mai - 10:20 | |
| Son cœur s'affolait déjà, mais il fit un deuxième bond dans sa poitrine quand il entendit un petit et bien trop proche « Camelote ? ». Kaname n'avait pas entendu la jeune fille arriver ; depuis quand était-elle là ? Elle était vraiment étrange, toute habillée de blanc, même ses cheveux étaient blancs. Et ces yeux gris … Il n'aimait pas ces yeux. Elle avait l'air d'avoir quoi … quinze ans ? En fait, il lui en aurait même donné moins. Elle ressemblait presque à un enfant. Et ce sourire qu'elle avait sur les lèvres, un sourire un peu étrange et malsain, ça ne le rassurait pas. Mais bon sang, qu'est-ce qu'elle foutait là, cette gamine ? Ça n'avait aucun sens !
- La camelote ? Une came avec de la lotte ? Une lotte qui nage et nage dans le ciel accompagnée d'un vers luisant estropié qui regarde le soleil se coucher aux premières lueurs du jour, un oiseau qui nage sous les remous et un bateau qui flotte à travers le temps.
Ce qu'elle disait non plus n'avait aucun sens. Elle parlait comme une enfant.
*Et si c'était un fantôme ?* L'idée lui était venue d'un coup. Il n'avait jamais vraiment cru aux fantômes, mais là d'où il venait, on racontait beaucoup d'histoires. On parlait des fois de ces enfants qu'on avait assassinés et qui revenaient sous forme d'esprit pour venir hanter les vivants et se venger. Mais Kaname n'en avait jamais vu … enfin, jusqu'à aujourd'hui. C'est vrai que toute blanche dans la nuit, sous la lune … C'était peut-être un de ces enfants disparus. Revenue se venger des vivants. Si c'était un être hostile, il fallait fuir. On peut fuir un fantôme ? Pas d'après les histoires qu'il connaissait. L'affronter alors ? Et comment on affronte un fantôme ? Les lames ne leur faisaient ni chaud ni froid. Mais l'ombre … L'ombre, elle, pouvait sans doute en venir à bout. Kaname se prépara à invoquer quelques filaments d'ombres tandis qu'un schéma d'attaque s'échafaudait dans sa tête. Mais la fille se désintéressa déjà de lui. Chose encore plus étrange, elle se mit à réparer le manège. Chose encore encore plus étrange, deux types surgirent de nulle part pour venir l'aider. Tout à leur tâche, ils ignoraient complètement le prêtre, ce qui sommte toute, l'arrageait plutôt bien. Il commençait à reculer pas à pas … C'était là l'occasion idéale pour prendre la poudre d'escampette. Les réparations allaient étonnament vite. C'est comme si chacun savait exactement ce qu'ils devaient faire, de quels matériaux et quels outils il y avait besoin … Kaname se figea. Mais qu'il était stupide ! Des fantômes, ça ? Bien sûr que non, les fantômes n'existaient que dans l'imagination des vieilles dames gâteuses et des gamins idiots. Et des faux prêtres sous pression. De toute évidence, la fille était une esclave. Un objet ou un hybride … Ça expliquerait son apparence étrange. Elle devait être la propriété de l'inventeur et propriétaire des manèges. Elle surveillait les manèges et les réparait en cas de problème. Ça expliquait aussi ce qu'elle faisait debout à cette heure de la nuit et pourquoi elle savait réparer ces machines. Les … modifications qu'elle avait subies avaient dû lui déranger le cerveau. Et ses deux amis … C'étaient d'autres esclaves, des subordonnés qui faisaient le travail pénible. Ces explications le soulageaient. Dans sa tête, l'histoire se reconstituait peit à petit. Après tout, si on y réfléchissait … Peut-être que cette fille faisait vraiment partie des enfants disparus. Un scientifique un peu timbre ― non, ça, c'était un pléonasme ― l'avait sans doute repérée alors qu'elle admirait les manèges. * Pas de chance, gamine. Fallait pas traîner toute seule. * La fille en avait déjà terminé, et les autres esclaves disparaissaient, même si un bruit métallique persistant indiquait qu'ils n'étaient pas très loin. On ne voyait pas les réparations sans se concentrer attentivement … Mais Kaname ne pouvait pas détacher son regard du sabot du cheval : il apercevait clairement la fêlure, cicatrice éternelle de son coup de colère. La fille le regardait d'un drôle d'air.
- Le sens de la colère puise son énergie dans la nuit et la peur, les soeurs qui s'aiment et se haïssent dans un ensemble harmonieux et violent. Un objet inanimé incarne souvent la colère de celui qui passe et frappe sans hésiter. L'inanimé se ranime, mais le vivant se casse...
Kaname n'avait pas tout compris dans sa tirade, mais il pensait avoir saisi l'essentiel. Dans le doute, il n'osa pas répondre.
- Tu veux que je soigne ton pied ?
Ah, ça, c'était plus clair. Et il savait comment répondre.
- Mon pied va très bien, merci. Ne t'occupe pas de ça.
Bon, c'était un mensonge. Son pied lui faisait mal, et il sentait qu'un peu de sang coulait dans sa botte. Mais il n'avait pas du tout envie qu'une esclave le tripote.
- De toute façon, un peu de glace et un bandage feront largement l'affaire.
Il s'approcha du manège. Tout semblait comme avant mais … était-ce vraiment solide ? Certainement pas plus qu'avant.
- Alors comme ça, tu t'occupes de ces machines ?
Kaname toqua contre le cheval, et un son creux retentit. Mouais.
- Tu sais pas ce que ça veut dire « camelote » ? Ça veut dire que cette machine ne vaut rien. Non seulement ça ne sert à rien, mais en plus ça se casse au moindre petit choc. C'est une gorsse perte de temps, d'énergie et d'argent. Pas la peine de le réparer. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Ven 20 Mai - 14:50 | |
| La jeune fille avait acquiescé doucement quand il lui avait demandé si elle s'occupait des manèges. Après tout, c'était on ne peut plus vrai... mais quand il commença à dénigrer ses manèges, son expression changea du tout au tout. Elle regarda un instant la lune comme si elle échangeait un regard avec une vieille amie, puis posa sur son interlocuteur un regard glacial, accentué par la couleur de ses yeux et la lumière blafarde que les rayons lunaires posaient sur elle en dégoulinant entre les nuages nocturnes.
- Ils s'imposent, grossissent, montent et descendent, puis surgissent. Ils me tiennent en otage, m'emprisonnant dans un étau de métal chaud et grandissant, coulant dans mes veines comme dans mon esprit, surfant sur les âmes comme des enfants apeurés qui cherchent leur mère, mais personne ne les entend, personne à par moi, c'est à moi qu'ils parlent, ils me chantent leurs plans et je les dessine. Ils opposent leurs désirs que je mêle dans une danse invisible et immobile. Ils ne demandent qu'à naitre, je les aide à le faire.
Elle soupira doucement.
- Ne critique pas ce que tu ne connais pas, sinon tu prendras quelque chose que tu ne désire pas.
Elle se rapprocha de lui avec un sourire de plus en plus étrange, une aura malsaine semblait se dégager de cette jeune fille aux allures de fillette, comme un secret interdit.
- La douleur d'une souffrance est un chant magnifique. J'ai rencontré un merveilleux chef d'orchestre qui relie ces deux sœurs comme des amantes enlacées, toi tu n'es que le spectateur déplorable de ce beau spectacle. Tu rampe sous les lueurs ombragées de la vie sans te demander si le reste y est aussi ! Comprendre est compliqué autant que c'est facile !
Les deux esclaves sortirent à nouveau du manège, coupant la jeune fille dans ce qu'elle disait, et lui tendirent une grappe de raisin avant de disparaitre à nouveau. Une nouvelle expression naquit sur le visage d'Adelheid : un air de petite fille ravie à qui l'on vient d'offrir une sucrerie particulièrement rare et prisée. Juste avant de disparaitre, l'un des deux hommes avait adressé à l'interlocuteur de sa maitresse un regard presque désolé, comme s'il lui conseillait de cesser de s'aventurer sur une voie dangereuse...
- Ouah ! J'adore le raisin !
Elle se mit à grignoter quelques grains de raisin avec un grand sourire puis leva à nouveau les yeux vers le visiteur nocturne, mais son regard avait changé, elle n'était plus ni froide ni coupante, elle lui adressait cette fois un regard adorable de petite fille qui veut jouer.
- Tu en veux ? J'en ai encore tout plein tu sais !
Éclatant de rire, elle lui prit le poignet dans sa petite main pâle et fine et l'entraina à l'écart du manège, vers une autre de ses créations. Elle le poussa doucement à l'intérieur d'une grosse bulle de verre et de fer et lui indiqua une sorte de siège à l’intérieur, s'installant sur celui d'en face dans la même bulle. Elle siffla un coup, et trois esclaves différents sortirent de ce nouveau manège pour commencer à le faire fonctionner.
- La nuit bouge, je vais te montrer... |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Ven 20 Mai - 22:37 | |
| - Ils s'imposent, grossissent, montent et descendent, puis surgissent. Ils me tiennent en otage, m'emprisonnant dans un étau de métal chaud et grandissant, coulant dans mes veines comme dans mon esprit, surfant sur les âmes comme des enfants apeurés qui cherchent leur mère, mais personne ne les entend, personne à par moi, c'est à moi qu'ils parlent, ils me chantent leurs plans et je les dessine. Ils opposent leurs désirs que je mêle dans une danse invisible et immobile. Ils ne demandent qu'à naitre, je les aide à le faire.
Bon, son hypothèse se confirmait : elle s'occupait effectivement de ces machines. A la manière dont elle en parlait, on avait l'impression qu'elle seule les avait conçus et fabriqués. Une nouvelle hypothèse se dressait dans l'esprit de Kaname : peut-être qu'elle les avait réellement conçus et fabriqués, et son propriétaire avait dû s'en attirer tout le mérite. En fait, le prêtre n'avait aucune idée de l'inventeur officiel des manèges. Il devait sûrement être très célèbre. Mais Kaname s'intéressait tellement peu à ces choses-là … Pas étonnant qu'il ne le connaisse pas.
- Ne critique pas ce que tu ne connais pas, sinon tu prendras quelque chose que tu ne désire pas.
C'est qu'elle se mettait en colère, la gamine ! Est-ce que, quand elle parlait d'une « chose qu'il ne désirait pas », elle voulait parler d'une gifle ? Elle pouvait toujours tenter le coup, mais Kaname avait de bons réflexes. Et le pouvoir des ombres ! Dans un corps à corps, ses chances de survie étaient probablement … négatives. Bien sûr, les deux mastodontes faisaient pencher la balance en sa faveur, mais ils étaient suffisamment loin pour qu'il ait le temps de la tuer … ou de l'assomer. Enfin … il n'en avait pas vraiment l'intention. Après tout, cette fille était une esclave. Ces histoires de manèges avaient l'air de lui plaire : c'était probablement son seul passe-temps, peut-être même sa seule raison de vivre. C'était … pathétique. Mais ça montrait quelque n'était pas dangereuse.
- La douleur d'une souffrance est un chant magnifique. J'ai rencontré un merveilleux chef d'orchestre qui relie ces deux sœurs comme des amantes enlacées, toi tu n'es que le spectateur déplorable de ce beau spectacle. Tu rampe sous les lueurs ombragées de la vie sans te demander si le reste y est aussi ! Comprendre est compliqué autant que c'est facile !
- J'ai saisi le message. Tu n'aimes pas qu'on dénigre tes manèges, c'est noté.
Elle n'allait quand même lui donner une bonne raison de revenir sur sa décision de ne pas l'attaquer ? Parce que ce soir, il ne se sentait pas d'humeur très diplomatique. Les surprises s'accumulaient, cette nuit-là. Les deux esclaves de tout à l'heure avaient reparu, avec du raisin en prime. Cela suffit à faire changer d'humeur la jeune fille ― ou petite fille ? Mais quel âge avait-elle en réalité ? ― et c'est tout juste si elle arrivait à se retenir de bondir sur place. Elle lui en proposa même, et Kaname réalisa qu'il avait très envie de manger quelque chose. En fait, il n'avait pas mangé de raisins depuis des années : on en avait rarement à la chapelle, et au monastère, tout le monde lui donnait des pommes. Apparemment, Kaname Hazel était un grand amateur de pommes. Mais l'actuel Kaname était pour l'éclectisme. Il prit une pleine poignée et avala trois grains d'un coup. Les autres suivirent rapidement le même trajet. Du raisin, ça ne nourrissait pas vraiment son homme, mais le simple fait de manger suffisait à rassurer son estomac. Sans doute d'ici quelques dizaines de minute, il aurait à nouveau faim, mais pour l'instant, c'était assez. Il s'apprêtait à en reprendre quand la gamine le saisit par le poignet pour l'entraîner quelque part. Il en lâcha ses grains de raisin, et ne put réprimer une grimace de douleur. Son pied lui faisait plus mal que prévu et il aurait bien aimé le ménager. Vers où l'entraînait-elle ? Une espèce de cabine bizarre avec des sièges. Kaname s'assit docilement : il avait bien d'enlever sa botte pour essuyer le sang de ses orteils. Ce qu'il avait l'intention de faire, dès que la gamine l'aurait laissé seule une seconde. Evidemment, ça ne semblait pas faire partie de ses plans : elle s'assit juste devant lui.
- La nuit bouge, je vais te montrer...
Quoi ? Ça voulait dire quoi, ça ? Une violente secousse fit trembler la cabine, et le prêtre faillit tomber à terre. Un coup d'oeil sur la porte confirma ses craintes : elle était fermée.
- Qu'est-ce qui se passe ? C'est quoi, cet endroit ? Dans quoi tu m'embarques, là ?
Un instant plus tard et quelques autres secousses plus tard, il s'aperçut que la cabine n'était pas fixée au sol. Elle s'élèvait lentement au dessus du sol ! Kaname commença à paniquer. Qu'est-ce que ça signifiait, bon sang ? Où est-ce qu'ils allaient, là ? Avec un soupçon d'horreur, il remarqua qu'il arrivait même à voir sous ses pieds. Et le sol s'éloignait de plus en plus.
- Non … Non … Ramène-moi au sol …
Il avait une espèce de vertige. Il avait déjà pris les élévateurs, mais là c'était très différent. Il voyait tout autour, comme si ce truc avait été construit pour voir la ville. Est-ce que c'était fait pour la Garde ? Pour qu'ils puissent patrouiller et surveiller la ville ? Kaname avait quand même finit par se calmer un peu.
- C'est pour quoi faire, cette machine ? C'est toi qui as fait ça ?
C'était vraiment une fille bizarre. Comment avait-elle construit ça ? Comment une idée pareille lui était-elle venue ? Pourquoi son propriétaire l'avait-il laissée faire ? Il hésitait à lui demander son nom. S'il le faisait, il allait créer un lien entre eux deux, et pour être honnête, il n'était pas très à l'aise avec cette fille. En plus, elle l'avait vu en colère, et si elle se mettait à raconter ça … Enfin, encore fallait-il qu'on parvienne à la comprendre. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Ven 20 Mai - 23:13 | |
| Adelheid regardait son visiteur nocturne d'un air amusé, comme si elle s'attendait à ce genre de réaction de sa part. Elle s'installa bien confortablement dans son siège en grignotant son raisin, bailla même une fois, et se contenta de le laisser parler tout seul un moment, histoire qu'il découvre lui même ce à quoi servait ce qu'elle avait fait. Une fois qu'ils furent tout en haut du manège et qu'ils surplombèrent ainsi toute la capitale impériale, elle rouvrit la porte et se pencha dangereusement à l'extérieur en criant.
- ÇA SUFFIT !
Quelques petites secondes plus tard la nacelle s'arrêta d'un seul coup et resta là, tout en haut, à se balancer doucement sur elle même. On voyait les toits, les lumières, quelques rares passants dans une grande rue éclairée etc... Visiblement satisfaite, Adelheid retourna s'assoir en laissant la porte grande ouverte. Si elle avait été toute seule, elle serait probablement montée s'installer en tailleur au sommet de la nacelle... mais elle doutait que, pour sa première fois, le grognon affamé et briseur de chevaux ne soit réellement enchanté de s'entendre demander s'il voulait y aller. Mais tant pis. Oubliant à nouveau brusquement sa présence, elle se perdit dans ses pensées tout en contemplant la lune et se mit à parler toute seule, d'une voix douce, presque comme si elle murmurait quelque chose à l'oreille de quelqu'un.
- Elle est là, elle est toujours là. Elle tourne autour de nous en nous montrant son meilleur profil, puis l'autre, et le premier à nouveau. Lequel est le plus beau ? Peu importe, elle brille et puis s'éteint, elle vole et puis elle plonge. La douceur de sa lumière est pareille à celle d'un enfant qui s'éloigne et revient, comme une mère qui l'observe, attendrie, puis le récupère. Elle vole au dessus de nous, mais même si je fais quelque chose d'encore plus haut, jamais elle ne changera de taille. Aussi petite ici qu'en bas, aussi grosse dans la rue que sur les toits. Elle danse avec son frère, il brille plus fort, il lui fait mal, elle ne peut pas rester trop près... c'est pour ça qu'ils s'alternent, chacun son tout, tu danse le jour, je danse la nuit. Je danse la nuit, tu danse le jour...
Elle plongea son regard dans celui de son interlocuteur et sourit d'un air énigmatique.
- C'est comme une fleur qui décide d'aller s'envoler au milieu des poissons invisibles, ceux qui nagent dans les étoiles...
Elle éclata d'un rire cristallin et caressa doucement le verre de la nacelle, comme on caresse les cheveux d'un enfant.
- Oui, c'est moi qui ai fait ça... mais cela ne sert à rien de particulier. J'aime juste regarder la ville d'en haut. C'est joli non ? C'est moins beau la journée... est ce que c'est important ? Je veux dire, est ce qu'il faut vraiment que quelque chose ou quelqu'un servent réellement à quelque chose pour qu'on lui accorde la vie ? Si c'est le cas je suis absolument persuadée que beaucoup d'hommes et de femmes n'auraient jamais mérité de naitre...
Elle se perdit à nouveau dans la contemplation du paysage nocturne.
- J'aime ces lumières et ces ombres, j'aime cette ville... je peux faire ce que je veux quand je le souhaite et de la manière qui me convient. On me donne même les moyens de le faire.
Une moue boudeuse se peignit sur ses lèvres.
- Mais on m'oblige à faire acte de présence dans des soirées ridicules menées par les personnes les plus aisées de cette cité. Si seulement les gens les moins dans le besoin avaient autant de richesse dans la tête que dans les poches je suis certaine que tout irait beaucoup mieux par ici. Mais ça ne me concerne pas, je m'en fiche, les gens peuvent bien se manger entre eux cela ne me fait ni chaud ni froid... comme ce verre, il n'est ni chaud, ni froid. Il vibre sous mes doigts et son chant emplit mes oreilles...
Elle tapota la vitre affectueusement.
- Le chant du métal est bien plus fort cependant, il crie, il hurle son besoin de vivre, il demande à tous et à toutes de lui donner la vie... mais personne ne fait rien.
Levant les yeux vers Kaname, elle lui jeta un regard triste, comme si elle était au bord des larmes.
- Pourquoi n'écoutent-ils pas le métal qui leur parle en silence ? |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Sam 21 Mai - 23:20 | |
| Kaname ne pouvait détacher son regard du sol, sol qui s'éloignait dangereusement et beaucoup trop rapidement à son goût. La fille restait muette, sans se départir de son sourire qui commençait à agaer ― effrayer ? ― Kaname. La cerise sur le gâteau était encore à venir : arrivé au point le plus haut de sa trajectoire, le manège s'arrêta. Ou plus précisément, la jeune fille avait demandé à ses esclaves de stopper le manège. Il avait le curieux sentiment qu'elle avait très envie de grimper tout là haut pour jouer. Est-ce que son propriétaire l'a laisssé vraiment faire tout ça ? Fort heureusement, elle se contenta de regarder par la fenêtre. Le prêtre se demandait bien comment elle faisait ; lui n'aimait pas vraiment la hauteur. Ps tellement un problème de vertige, plutôt un problème de « est-ce que ce truc est suffisamment solide pour ne pas casser ? ». Il avait plus ou moins le même problème avec les élévateurs. Sauf que les élévateurs ne s'élevaient que de plusieurs mètres, une chute est donc gérable et rarement mortelle. Par contre, ce manège s'élevait légèrement trop haut : au moindre accident, c'était la mort assurée. Maigre consolation : ce serait une mort rapide. Regarder sous ses pieds lui donnait la nausée. Regarder par la fenêtre n'était pas mieux. Il fixait donc la jeune fille, en espérant qu'elle se décide rapidement à regagner le plancher des vaches. Pour l'instant, elle semblait surtout occupée à déclamer un poème sur la Lune et le Soleil. Ou peut-être une de ses impros dont elle avait le secret. Il sera peut-être bon qu'un jour ou l'autre, quelqu'un lui apprenne à s'exprimer de manière intelligible. Ça faciliterait la conversation, mine de rien. Elle se tourna vers lui, et Kaname comprit qu'elle avait enfin l'intention de répondre à ses questions.
- Oui, c'est moi qui ai fait ça... mais cela ne sert à rien de particulier. J'aime juste regarder la ville d'en haut. C'est joli non ? C'est moins beau la journée... est ce que c'est important ? Je veux dire, est ce qu'il faut vraiment que quelque chose ou quelqu'un servent réellement à quelque chose pour qu'on lui accorde la vie ? Si c'est le cas je suis absolument persuadée que beaucoup d'hommes et de femmes n'auraient jamais mérité de naitre... - Nous sommes bien d'accord sur ce point. Ça nous fait quelque chose en commun. Qui l'eût cru ?
Qui eût cru aussi qu'elle était capable d'aligner plus de trois mots pour en faire une phrase ― mieux, plusieurs phrases successives ! ― cohérente. Par contre, ses arguments n'étaient pas très solides. Un truc joli, mais inutile, n'avait pas plus de valeur aux yeux de Kaname qu'une déjection animale. Cela incluait les êtres humains aussi. Beaucoup d'hommes et de femmes ne méritaient pas de naître … C'est-à-dire tous ceux qui se situaient entre lui et ses objectifs. Il se chargeait personnellement d'en éliminer certains quand il le pouvait. Restait à savoir si la fillette entrait dans cette catégorie. Dans tous les cas, ça paraissait pas être une bonne idée de la tuer MAINTENANT. Mieux valait attendre qu'elle ait fait signe à ses deux toutous de les faire redescendre. Et quand ils seront en bas … il n'avait pas non plus très envie de se frotter aux deux toutous en question. S'en prendre à cette fille, c'était plus d'ennuis qu'autre chose.
- J'aime ces lumières et ces ombres, j'aime cette ville... je peux faire ce que je veux quand je le souhaite et de la manière qui me convient. On me donne même les moyens de le faire.
Kaname ne releva pas. Il avait déjà compris que son propriétaire lui avait laissé assez de lest pour qu'elle puisse faire plus ou moins ce qu'elle voulait. Son maître devait être un sacré excentrique.
- Mais on m'oblige à faire acte de présence dans des soirées ridicules menées par les personnes les plus aisées de cette cité. Si seulement les gens les moins dans le besoin avaient autant de richesse dans la tête que dans les poches je suis certaine que tout irait beaucoup mieux par ici. Mais ça ne me concerne pas, je m'en fiche, les gens peuvent bien se manger entre eux cela ne me fait ni chaud ni froid... comme ce verre, il n'est ni chaud, ni froid. Il vibre sous mes doigts et son chant emplit mes oreilles... - Si les gens riches les moins nécessiteux étaient aussi ceux qui réfléchissaient le plus, alors là, ce serait vraiment la pagaille. Les gens riches sont rarement les plus bienveillants. Laissons-les être stupides et s'entre-dévorer. Tant qu'ils font ça, ils fichent la paix aux autres.
Et s'ils pouvaient ficher la paix à Kaname en particulier, ce serait l'idéal.
- Le chant du métal est bien plus fort cependant, il crie, il hurle son besoin de vivre, il demande à tous et à toutes de lui donner la vie... mais personne ne fait rien. Pourquoi n'écoutent-ils pas le métal qui leur parle en silence ?
Elle avait l'air vraiment émue, en plus. Elle devait vraiment y tenir, à ces machines. Forcément, elle n'avait pas apprécié qu'il dise du mal de son manège.
- Ils ne parlent sans doute pas la langue du métal. Elle est assez compliquée pour les non-initiés.
Et pour cause … Une partie de son cerveau s'éveilla brutalement. Qu'est-ce qu'elle avait dit déjà ? « On m'oblige à faire acte de présence dans des soirées ridicules menées par les personnes les plus aisées de cette cité. » On invitait les esclaves à ce genre de soirées ? Kaname n'en avait aucune idée, mais il trouvait ça étrange. La manière dont elle en parlait … On sentait qu'elle connaissait bien tout cela.
- Hé, dis-moi … Qu'est-ce que tu fais à ces soirées ? Tu y vas souvent ?
Surtout, ne pas regarder en bas ou par la fenêtre. Tant qu'il s'abstenait de faire ça, il pourrait garder son calme. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Dim 22 Mai - 14:28 | |
| - Le moins souvent possible... je déteste être le centre d'attention de ces nobles idiots pour qui la seule chose véritablement importante est de montrer aux autres membres de leur classe sociale à quel point ils sont plus riches et plus influents qu'eux. Je n'y vais que quand on me promet une somme d'argent largement suffisante pour me permettre de mener à bien plusieurs projets de grande envergure même si je n'ai pas encore commencé à y penser.
Elle éclata de rire.
- En fait je suis comme une pute, sauf que c'est ma présence que je vends, et non mon corps. Je ne vends pas mes inventions, elle n'appartiennent à personne d'autres qu'elles mêmes, pas même à moi. Je m'en occupe, c'est tout, elle me permettent de les inventer et de leur donner la vie... à elle de la mener comme il leur plait. On vient parfois me demander de créer quelque chose de particulier, je le fais si c'est intéressant, mais je ne le fais pas payer. L'argent est une douce malédiction qui ne sert à faire fleurir mes envies et mes rêves ainsi que ceux du métal qui chante en moi dans le silence... il ne me sert à rien d'autre, je n'ai pas besoin d'en réclamer à ceux qui ont besoin de quelque chose de précis, seuls ceux qui déversent leur richesse par les fenêtres comme si ça n'était rien méritent qu'on leur en arrache le plus possible.
A ce moment là, elle remarqua l'un de ses esclaves qui escaladait le manège sur lequel ils se trouvaient. Elle observa la grâce et la souplesse avec laquelle il passait d'une poutre métallique à l'autre avec une force et une facilité due à son habitude de le faire plusieurs fois par jour depuis longtemps. Arrivé juste en dessous de la nacelle, il tendit le bras et Adelheid se pencha dangereusement en dehors de la nacelle pour attraper ce qu'il était visiblement lui donner.
- Vous n'avez rien mangé de la journée... si vous ne mangez rien, demain vous ne pourrez rien fabriquer Maitresse...
Il parlait du même ton sévère qu'un parent utiliserait avec son enfant, mais son expression était neutre. Il n'ajouta rien et redescendit aussi facilement qu'il était monté pendant qu'Adelheid lui faisait au-revoir d'un signe de la main. Elle se réinstalla confortablement et ouvrir le sac de toile solide qu'elle avait récupéré. A l'intérieur il y avait du raisin (beaucoup de raisin... la jeune fille devait adorer cela), du pain, des tranches de rôtis encore chaudes, quelques bonbons à la menthe et des morceaux de carotte à croquer. Elle posa le tout entre eux et se mit à ronger une carotte d'un air pensif. Ses esclaves avaient toujours été aux petits soins avec elle et elle ne s'en était jamais vraiment préoccupée... Après tout ils faisaient ce qu'ils voulaient... mais depuis quelques mois ils se faisaient plus insistants, la forçant à manger tous les jours, pour qu'elle dorme plus que d'habitude et pour qu'elle en fasse le moins possible... il faudrait peut-être qu'elle songe à leur en faire la remarque un jour ou l'autre...
Elle leva soudain les yeux vers Kaname et lui montra la nourriture.
- Sers toi... je mangerais pas tout ça et s'il en reste ils vont m'en donner encore plus... |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Dim 22 Mai - 22:57 | |
| Kaname écoutait attentivement les réponses de la jeune fille. Il se sentait extrêmement mal à l'aise. D'abord parce qu'il venait de compremdre l'énorme boulette qu'il avait fait : la jeune fille était loin d'être une esclave. C'était apparemment une jeune prodige ― construire ce genre de machine alors qu'on avait … treize ans ? Elle lui paraissait encore un peu plus jeune à chaque fois qu'il la regardait ― que les nobles se plaisaient à financer. Elle se payait même le luxe de dédaigner l'argent. Pas vraiment le genre d'attitude qui lui plaisait. On peut se payer le luxe de dédaigner l'argent quand on en avait. Si elle en avait trop … lui savait quoi en faire. Les premières années de sa vie lui avaient appris à ne rien gaspiller et à tout économiser. Cela permettait au prêtre de se faire une petite idée du personnage. C'était sans doute une jeune fille, d'origine aisée ― peut-être pas noble : la manière dont elle en parlait signifiait clairement qu'elle n'avait pas le sentiment de faire partie de cette classe, ou peut-être avait-elle été exclue ? ― et elle avait dû révéler son talent assez jeune. Suffisamment en tout cas pour qu'on lui laisse faire ce qu'elle veut, ce qui explique son attitude assez désinvolte. Elle était passionnée et presque maladivement obsédée par ce qu'elle construisait, il avait eu l'occasion de le remarquer. Et elle avait la mentalité et la maturité d'une morveuse de douze ans. Ces manies d'apparaître tout à coup, d'imposer sa volonté aux autres, même son côté rêveuse … Kaname avait du mal avec les enfants. Il n'en avait jamais vraiment été un et n'avait pas la patience nécessaire pour les gérer. Déjà au monastère, il faisait plus mature que les gamins de son âge, et il se tenait à l'écart des autres. Il n'aimait pas jouer ou faire des bêtises ou tous les trucs que font les enfants en général. Les enfants n'étaient que des boulets.
Des bruits en provenance de l'extérieur lui firent tendre la tête. Il s'était maintenant plus ou moins habitué à la hauteur, mais de voir un esclave grimper comme ça sur les poutres … A celui-là, ils avaient dû lui enlever l'option « instinct de survie ».
- Tu devrais nous ramener à terre maintenant. Ça éviterait au moins à tes esclaves de manquer de se tuer pour venir te dire bonjour tout là-haut.
L'esclave en question lui avait apporté de la nourriture. Il avait l'air de prendre soin de sa maîtresse. Kaname se demanda tout à coup s'il agissait pour le compte d'un autre. La jeune fille n'avait pas vraiment l'air du genre à se soucier d'elle-même. Peut-être qu'un parent ou un de ses mécènes avait insisté pour lui envoyer cet esclave. Il y avait un sacré paquet de nourriture là-dedans. Un peu de tout en plus : encore du raisin mais aussi des légumes, du pain, de la viande … Il avait même cru reconnaître quelques boules ressemblant à des bonbons … mais il ne mangeait jamais de bonbons.
- Sers toi... je mangerais pas tout ça et s'il en reste ils vont m'en donner encore plus...
Pas la peine d'insister, Kaname ne refusait jamais de la nourriture gratuite. Surtout quand il avait faim. Il s'empara d'un morceau de pain et de viande qu'il engloutit rapidement. Elle-même semblait avoir peu d'appétit. Etrange pour une fille qui n'avait rien avalé de la journée. Bon, grosse comme elle l'était, elle devait pas avoir besoin de beaucoup de calories pour tourner.
- Si tu n'en veux pas, donne-le moi. Je le rapporterai à l'église.
Même à l'église, même les jours de fêtes, il avait rarement l'occasion de manger un repas aussi copieux : la nourriture quotidienne était plutôt frugale. On recevait peu d'argent, et on comptait beaucoup sur les dons. Lesquels étaient rarement exceptionnels : on vivait dans une petite église dans un quartier pas très aisé. Mais ce n'est pas pour autant qu'il avait la moindre intention de partager son « butin ». Il allait cacher tout ça et le manger au plus vite. Il n'avait pas très envie de s'expliquer sur son origine.
- Tu sais, on ne devrait pas discuter comme ça. On n'appartient pas vraiment au même monde.
C'était plus une allusion aux milieux sociaux dans lesquels ils évoluaient qu'aux métiers qu'ils exerçaient. Il n'avait pas l'habitude de fréquenter les riches ou les nobles ; il évitait de le faire d'ailleurs. Ça n'apportait rien de bon. Enfin, rien de bon pour lui, rien qui soit susceptible de l'intéresser.
- En plus, tu auras sans doute remarqué que je suis prêtre. Je ne pense pas que l'Église trouve tes inventions très pieuses … et je ne veux pas d'ennuis avec mes supérieurs.
Il essayait subtilement de la convaincre de revenir sur le plancher des vaches. La hauteur, c'est bien, mais le sol, c'est mieux. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Mar 24 Mai - 13:58 | |
| - Non, je n'avais pas remarqué... mais qu'est ce que ça change ?
Comme beaucoup ont déjà pu le constater, comprendre la façon dont fonctionne l'esprit d'Adelheid Horn n'est pas chose aisée, loin de là. Elle avait une vision très particulière de la place de l'Église dans la société... ou peut-être tout simplement une absence de vision, et ne s'était jamais sentie menacée par ses représentants. Elle ne voyait pas ce qu'elle faisait de mal, et avait d'ailleurs très probablement sa propre version du bien et du mal. Elle voyait les prêtres et autres membres de l'Église comme des personnes plus ou moins étranges avec une mentalité un peu comme "enfermée dans une cage".
Elle lui adressa un regard amusé tout en grignotant le côté d'une tranche de rôtis, la tenant entre ses doigts fins. Elle prit un morceau de pain et une bonne partie du raisin, puis poussa le reste du sac contenant encore les légumes, pas mal de viande et de pain, et le reste du raisin, vers lui.
- Prends ça, fais-en ce que tu veux... je n'aurais jamais assez faim pour tout manger. Mais à une seule condition, s'ils te demandent s'il y a des restes, tu dis que non, et que j'ai bien mangé. Sinon je vais encore avoir droit à une leçon de morale, et j'ai horreur de ça... ça dure longtemps, les mêmes choses se répètent inlassablement et, au final, je fais quand même ce qui me chante alors c'est une belle perte de temps.
Elle prit une bouchée de main et reprit.
- Discuter avec quelqu'un qui ne fait pas partie du même "monde" que soi est quelque chose de mal ? Je n'ai pourtant l'impression de n'enfreindre aucune loi, aucun décret... je ne les connais pas tous et je n'en ai d'ailleurs pas grand chose à faire, mais je doute que tu te fasse engueuler juste pour avoir parlé avec la Maitresse des Manèges. Si jamais ça arrive quand même, raconte leur ce qui s'est passé : tu t'es fait mal et j'en ai profité pour t'entrainer sournoisement dans une de mes machines démoniaque créée dans le but de détourner les habitants de cette ville de l'Ombre et de l'Empereur...
C'était bien entendu de l'ironie, elle n'avait jamais de réelle raison de créer quoi que se soit, et rares étaient les choses qui avaient un vrai but. Ces manèges était un jour apparus dans son esprit et elle leur avait donné vie. Mais même si elle était en dehors de la société et qu'elle ne s'intéressait ni à la politique ni à l'Église, elle avait des oreilles pour écouter et, malgré son apparence de petite fille, elle était probablement bien plus mature qu'une jeune fille de son âge tirée de la noblesse.
Elle détourna la tête le temps de regarder encore un peu le paysage puis lui sourit.
- L'altitude impressionne souvent ceux qui ne la connaissent pas. C'est plus une attirance violente qu'une peur irraisonnée d'ailleurs. La plupart de ceux qui souffrent du vertige sont en réalité des gens attirés par le vide qui ont peur de se laisser emporter par leurs envies et, finalement, de se laisser tomber... Mes esclaves sont habitués à monter jusqu'ici, ils le font tous les jours plusieurs fois. Je viens aussi de temps en temps par l'intérieur du manège... mais si tu tiens à descendre je n'ai qu'à faire un signe...
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Mar 24 Mai - 22:49 | |
| Kaname acceptait avec reconnaissance ― même s'il le dissimulait de son mieux ― ce que lui offrait la jeune fille, à savoir les restes du repas. Il enfourna la sac de victuailles dans son propre sac, en espérant que cela suffirait à dissimuler l'odeur. De toute façon, ces esclaves n'avaient pas très l'air malin, comme beaucoup d'esclaves d'ailleurs. Kaname hochait la tête pour signifier son acceptation de la requête de la jeune fille. Pas par gentillesse, mais parce que ça l'arrangeait dans le fond : si on avait dit la vérité, les esclaves l'auraient regardé de travers. Et il aurait eu la très désagréable impression qu'on lui aurait fait la charité. Il n'aimait pas DU TOUT qu'on envisage ne serait-ce qu'un instant de lui faire charité. Par contre, cette jeune fille était stupide de gaspiller la nourriture. On n'a pas tous la chance de pouvoir manger quand on le souhaite. Se priver d'un repas, voire de plusieurs … Voilà une chose que ne ferait jamais Kaname. Il ne savait que trop bien que du jour au lendemain, on peut se trouver privé de tout et dans la merde jusqu'au cou. Et dans ces moments-là, mieux valait avoir quelque chose dans le ventre. Dans tous les sens du terme.
- Discuter avec quelqu'un qui ne fait pas partie du même "monde" que soi est quelque chose de mal ? Je n'ai pourtant l'impression de n'enfreindre aucune loi, aucun décret... je ne les connais pas tous et je n'en ai d'ailleurs pas grand chose à faire, mais je doute que tu te fasse engueuler juste pour avoir parlé avec la Maitresse des Manèges. Si jamais ça arrive quand même, raconte leur ce qui s'est passé : tu t'es fait mal et j'en ai profité pour t'entrainer sournoisement dans une de mes machines démoniaque créée dans le but de détourner les habitants de cette ville de l'Ombre et de l'Empereur...
Cette fois-ci, il ne chercha même pas à réprimer son sourire. En quelques minutes, elle avait changé de comportement. Non seulement, elle parlait normalement, tout du moins d'une manière compréhensible par le commun des mortels dont il faisait partie, mais elle se mettait même à employer des mots comme « engueuler ». Mais un terme intéressant était apparu au détour de la conversation. Elle se faisait appeler la Maîtresse des Manèges. Nom qui ne lui évoquait pas grand-chose, même s'il avait déjà entendu auparavant. Dans son quartier, peu de gens fréquentaient la place aux manèges … C'était plutôt un endroit pour les riches. La Maîtresse des manèges, ça ressemblait plutôt à un nom d'esprit frappeur qui hanterait la place. Mais ça lui permettrait de faire des recherches un peu plus tard, histoire de savoir qui était cette fille. Mieux vaut tard que jamais.
Jeune fille qui s'était mise à regarder par la fenêtre à nouveau. Elle ne pouvait pas arrêter ?! Ça le stressait, bon sang ! C'était le vide en dessous !
- L'altitude impressionne souvent ceux qui ne la connaissent pas. C'est plus une attirance violente qu'une peur irraisonnée d'ailleurs. La plupart de ceux qui souffrent du vertige sont en réalité des gens attirés par le vide qui ont peur de se laisser emporter par leurs envies et, finalement, de se laisser tomber... Mes esclaves sont habitués à monter jusqu'ici, ils le font tous les jours plusieurs fois. Je viens aussi de temps en temps par l'intérieur du manège... mais si tu tiens à descendre je n'ai qu'à faire un signe...
Hum … Ben lui, il avait pas l'habitude. Cette attraction du vide … était mortelle. Pourquoi appelait-elle ça une peur irraisonnée ? Tente donc de sauter, si tu trouves ça si fascinant. Tu vas voir que l'atterrissage, tu le sentiras passer. Ou pas : t'auras peut-être droit à une mort rapide si tu tombes correctement.
- Hé bien … il suffit d'une fois pour mourir. Attends donc un jour où tu auras le pied un peu chancelant. Enfin, personnellement, si ça ne te dérange pas, je préfèrerais qu'on rejoigne le sol. Ça me rassure de savoir que si je tombe, ça ne sera que d'un petit mètre.
Mais les mots de la jeune fille lui revenaient en tête. Il n'avait pas réagi tout de suite, mais plus il y repensait, plus il ressentait le besoin de lui répondre …
- Tu as raison quand tu dis n'enfreindre aucun décret … mais les lois ne sont pas toutes écrites. Je peux avoir d'autres sortes d'ennuis … Surtout si je leur raconte que je me suis fait kidnapper par une fillette.
Parce que dans le fond, c'est un peu ce qui s'était passé. Il n'avait pas opposé de résistance trop vigoureuse ― en même temps, il n'allait pas assassiner une petite fille sans bonne raison ― mais il était quand même piégé dans une fichue cabine d'un engin plutôt louche.
- Je ne tiens pas vraiment à devenir le centre de l'attention. Dans mon quartier, ça jase beaucoup trop. Même si je n'enfreins aucune loi officielle, on trouvera bizarre que je taille le bout de gras avec une scientifique alors que la position officielle de l'Église est l'hostilité envers la science … Je te trouve un peu idéaliste, ga …
… mine. En l'occurrence, ça n'était peut-être plus très adaptée. Enfin … ses théories et ses belles idées mourront sans doute d'elles-même dès qu'elle aura pris quelques années et un peu de plomb dans la cervelle. Si tant est que sa cervelle soit encore lucide et logique pour cela. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Mer 1 Juin - 12:23 | |
| La jeune fille haussa les épaules, comme si ce qu'il lui disait lui passait des lieues et des lieues au dessus de la tête. Elle grignota encore quelques grains de raisin et se redressa pour aller se pencher par la petite porte de la nacelle. Se tenant d'une main et laissant l'une de ses jambes pendre dans le vide, elle se pencha plus que dangereusement dans le vide et fit signe à l'un de ses esclaves de relancer le manège. Celui-ci s'exécuta rapidement, et après quelques petits accoues, la grande roue se remit à tourner, les faisant lentement redescendre. Adelheid se réinstalla tranquillement, comme si de rien était, et détailla un moment son interlocuteur, comme si elle le sondait.
- L'avis des autres, ce dont tu te préoccupe tant, c'est quelque chose qui n'a pas de sens réel pour moi. Ce que les autres peuvent bien penser m'est complètement égal... tu devrais en faire autant, à trop te soucier de ce qu'ils pensent, tu vas finir par leur ressembler un peu trop et tu terminera ta vie à errer de réception idiote en réception idiote, passant ta vie à essayer de te faire bien voir et d'être respectable à leurs yeux... comme un noble crétin papillonnant de duc en duchesse en espérant obtenir leur approbation quand au style de vie que tu mène...
Elle soupira légèrement, un sourire un peu triste aux lèvres.
- Une existence bien terne et vide de sens si tu veux mon avis...
Elle se laissa aller contre son dossier et regarda défiler lentement le paysage derrière le verre qui les entourait.
- Une longue marche sur l'eau de la lune qui déverse ses rayons en plein soleil un jour de pluie, le vent qui s'envole et tourbillonne dans ses propres courants, l'existence de l'ombre prouvée par la lumière et celle de la lumière révélée par l'obscurité. La fillette qui s'envole, priant pour sa vie qui, depuis toujours, ne lui appartient pas plus que la couleur sombre mais luisante de ses cheveux, ceux qu'elle laisse pousser en espérant devenir belle pour pouvoir épouser un riche héritier. Une fleur qui s'ouvre et se referme ensuite, étalant sa couleur sur une toile verte qui devient noire la nuit, solitaire et esseulée au milieu de sa plaine, semblant malgré tout essayer de s'imposer. Elle est rouge et brillante, mais elle veut briller davantage alors que chacun de ses efforts de fait que la ternir. Mais comment s'en rendrait-elle compte ? Toutes les autres fleurs sont tellement brillantes... ça n'est qu'une apparence, à l'intérieur, elles sont si ternes et flétries que personne ne pourrait les reconnaitre...
La jeune maitresse des manège porta sa main à son ventre et le massa distraitement, semblant perdue dans ses pensées, comme tournée vers des souvenirs ne lui appartenant pas, penchée au chevet de cette fleur malade qui voulait tant briller.
- Pourquoi veut tu tellement rester dans le rang ? Une fleur brille tellement plus quand elle ne peut faire ternir son éclat par les autres...
Un accoue plus puissant que les autres leur indiqua que la nacelle était arrivée à destination et qu'elle s'était arrêtée. Deux esclaves, encore d'autres, attendait leur maitresse, munis d'un manteau et d'une boisson chaude. Elle leur adressa un sourire et leur fit un signe de la main. |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Mer 1 Juin - 22:02 | |
| En voyant la petite fille se pencher en dehors de la nacelle et susceptible de faire une chute mortelle, Kaname se demanda un instant s'il devait lui venir en aide. Si elle tombait, comment allait-il redescendre ? Mais non, elle se redressa et se rassit en un seul morceau dans la nacelle. Son regard avait un je-ne-sais-quoi de … transperçant. Essayait-elle de lire son âme ? Bon courage alors. Parce que Kaname avait passé de nombreuses années à faire en sorte d'être insondable.
- L'avis des autres, ce dont tu te préoccupe tant, c'est quelque chose qui n'a pas de sens réel pour moi. Ce que les autres peuvent bien penser m'est complètement égal... tu devrais en faire autant, à trop te soucier de ce qu'ils pensent, tu vas finir par leur ressembler un peu trop et tu terminera ta vie à errer de réception idiote en réception idiote, passant ta vie à essayer de te faire bien voir et d'être respectable à leurs yeux... comme un noble crétin papillonnant de duc en duchesse en espérant obtenir leur approbation quand au style de vie que tu mène...
Des … réceptions idiotes ? Ils n'étaient définitivement pas sur la même longueur d'onde. Qu'est-ce qu'il aurait fait dans une réception ? Pourquoi aurait-il été invité d'ailleurs ? Et qu'est-ce qui lui faisait croire ― à tort d'ailleurs ― qu'il fréquentait les nobles ? Non, décidément, ce n'était pas son genre. C'est comme si elle parlait de quelqu'un d'autre. Est-ce qu'elle parlait déelle ? Elle était un peu folle, ça correspondait bien à son profil. C'était quoi le terme ? Il n'y connaissait rien, mais paraît-il que certains médecins s'intéressaient aux maladies touchant l'esprit. Et comme pour le convaincre un peu plus, elle se lança dans une tirade concernant la lune, ou des fleurs, ou une fille qui cherchait un mari, ou quelque chose comme ça. Elle parlait de conformisme, lui semblait-il. Difficile à dire. Surtout quand on ne fait que semblant d'écouter. De toute façon, il avait toujours détesté la poésie et tout ce qui s'y rapproche. Il ne raccrocha qu'au moment où elle prononça ces mots :
- Pourquoi veut tu tellement rester dans le rang ? Une fleur brille tellement plus quand elle ne peut faire ternir son éclat par les autres...
La secousse qui suivit l'empêcha de répondre tout de suite. Il ne mit pas plus d'un dixième de seconde à comprendre ce que cela signifiait : terra firma, enfin ! L'expression n'était peut-être pas la plus appropriée, mais peu lui importait pour le moment. Tout ce qu'il avait en tête, c'était qu'il avait le plancher des vaches sous les pieds. Deux esclaves attendaient tranquillement leur jeune maîtresse ― quel âge avait-elle en fait ? Bon sang, elle ressemblait vraiment à une gamine ― avec de quoi se réchauffer. C'était bien les esclaves … Dommage que ce plaisir-là lui soit interdit. Un prêtre avec des esclaves, ce serait mal vu dans le quartier. Et puis, ça impliquait une certaine somme d'argent … Argent que Kaname économisait durement pour pouvoir payer ses informateurs et sa future église. Il attendit que les esclaves s'éloignent. Il n'aimait pas être espionné, surtout par ces … choses … ces esclaves … ces êtres modifiés contre nature. Un frisson lui parcourut l'échine.
- Tu veux vraiment savoir pourquoi je veux rester dans le rang ? C'est pas bien compliqué à comprendre … Je dirais juste que ça évite les ennuis. Sortir du lot, c'est être une cible facile. Mieux vaut prévenir les coups plutôt que de panser ses blessures.
Proverbe très courant à Gells. Proverbe qu'on intégrait rapidement, ainsi que toutes les autres méthodes permettant de survivre un peu plus longtemps et un peu plus efficacement. Une idée lui vint en tête. Il se tourna vers la fille.
- Je crois que dans le fond … Je suis un peu comme une luciole, plus que comme une fleur. C'est dans l'ombre que je m'illumine.
Si quelqu'un l'avait entendu … Lui, faire une comparaison aussi mièvre ? Restait plus qu'à espérer qu'elle n'allait pas répéter ça. Mais bon … la comparaison était plutôt éloquente. Elle plairait sans doute à son interlocutrice. Cela faisait bien comme petite phrase de clôture. Kaname espérait bien pouvoir enfin s'en aller … Il s'apprêtait même à prendre congé quand son pied se rappela soudain à lui. Très précisément au moment où il allait faire un pas en avant. L'instant d'après, il se retrouvait allongé à terre, avec une très grande blessure à son ego. Son pied avait visiblement un peu enflé. Ah oui, il avait complètement oublié ce petit détail. Avec le recul, il aurait dû accepter la proposition de tout à l'heure, quand elle lui avait demandé s'il avait besoin de soins.
Il s'assit et ôta sa botte, non sans mal. Son pied n'avait pas l'air très gravement endommagé, juste un peu grognon à cause de sa chute de tout à l'heure. Quelques soins et premiers secours, une bonne nuit de repos et un ou deux jours au calme, sans trop forcer, ça devrait suffire pour qu'il soit à nouveau prêt à gambader dans les champs.
- Hum … Tu te souviens quand je t'ai dit qu'il me suffirait d'un peu de glace et de quelques bandages pour mon pied ? Tu n'aurais pas ça en réserve par hasard ?
Adieu à tout jamais, dignité et honneur. |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Jeu 2 Juin - 2:56 | |
| Le soigner ? Après tout pourquoi pas... la jeune fille claqua dans ses mains et deux esclaves apparurent des tréfonds des rouages de la Grande Roue pour le saisir par les aisselles, le soulever et le transporter jusqu'à l'atelier de la jeune maitresse des manèges. Ils le déposèrent en position assise sur un établis et disparurent par une porte dans ce qui semblait être un second atelier. En pénétrant dans la pièce, la jeune femme souffla sur une grosse boule blanche qui devint brusquement assez lumineuse pour éclairer toute la pièce d'une lueur tamisée et agréable... jusqu'à ce qu'elle souffle sur une seconde boule qui, produisant une lueur similaire, ajouta sa lumière à celle de la première et illumina tout l'atelier comme en plein jour et en plein soleil. Satisfaite du résultat, elle laissa Kaname là ou il était et, sans faire attention à lui, laissa tomber son manteau par terre et s'étira avant de siroter tranquillement le chocolat chaud qu'on lui avait remit. Les vêtements amples qu'elle portait ne laissaient pas vraiment voir ses formes, mais son ventre arrondit par une grossesse de plusieurs mois se voyait néanmoins... mais elle ne semblait pas pour autant y faire attention, ni même s'en rendre réellement compte. Elle s'empara d'un plan qui trainait sur un monticule particulièrement énorme de choses et d'autres entassées pèle-mêle les unes sur les autres et se mit à l'étudier attentivement... Visiblement, elle n'avait fait qu'une brève petite pause et son travail la rappelait à l'ordre.
- Le métal silencieux qui écoute la lumière et boit les paroles innocente d'un muet passant sous le pont vigoureux d'une girafe aux cornes d'or sautille de branche en branche pour se décaler un petit peu. Il sombre dans les abysses clairvoyantes de la douceur chaleureuse d'une mort certaine et inattendue, se faufilant par dessus et en dessous, gagnant les côtés et les hauteurs tout en bas de la pente inclinée qui survit difficilement, changeant ses habitudes pour une pomme d'amour achetée au marché des fleurs d'automne qui s’entrelacent les unes avec les autres, pianotant sur le dessus et le dessous d'un livre éteint et périmé qui coagule lentement au dessus du soleil...
Avalant une nouvelle gorgée de chocolat chaud, elle fixa un moment quelques clous aux formes étranges... puis plongea dans le tas de ferraille, y disparaissant totalement. Des bruits se firent entendre, comme si elle rampait à l'intérieur, et essayait d'enfoncer un clou dans quelque chose... puis cela resta silencieux pendant un bon moment... ce fut d'ailleurs pile l'instant que choisit l'un des esclaves pour revenir avec de la glace, un pot d'onguent et quelques bandages. Sans même demander son avis à Kaname, il lui saisit le pied, le fit bouger dans tous les sens sans douceur pour savoir ou était exactement situés les points douloureux, puis il appliquât l'onguent tout en massant doucement la cheville et le pied du prêtre. Une fois cela fait, il lui banda généreusement le pied, la cheville et le mollet de telle sorte que l'articulation ne pouvait plus bouger d'un centimètre. Les bandages étaient faits d'une étrange matière imperméable mais qui laissait tout de même respirer la peau du blessé. Il entoura ensuite le tout dans une sorte de sac de la forme de sa jambe, sac qui contenait une certaine quantité de glace. Une fois cela fait, il fixa le sac de glace de façon à ce qu'il ne puisse être retiré que par la main de l'homme et tendit à Kaname un papier sur lequel il avait rédigé brièvement des indications quand aux soins à apporter à sa cheville blessée. Il se redressa, marcha tranquillement vers le tas de... trucs... dans lequel avait disparu sa maitresse, plongea la main à l'intérieur... et la fit ressortir en la tenant par le pied. Il la déposa en douceur près d'un établis et repartit par la porte par laquelle il était entré. La jeune fille pas déstabilisée pour un sous, déposa ses trouvailles sur ledit établis et sourit à Kaname.
- Soigné ? C'est bien, tu vas pouvoir retourner faire tout ce qu'on te demande de faire ! |
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Jeu 2 Juin - 20:31 | |
| Kaname sursauta quand les deux esclaves le soulevèrent. Il n'appréciait pas du tout ― mais alors pas du tout ― cette situation. D'une part, il venait tout juste de retrouver sa chère terra firma et il aurait bien aimé y rester encore un peu. D'autre part, le contact avec ces deux atrocités, ces deux aberrations qu'étaient ces esclaves le répugnait au plus haut point. Son premier réflexe fut d'ailleurs un mouvement de recul, ce qui ne fit ni chaud ni froid aux esclaves en question, et son deuxième réflexe fut de se tenir à carreau. Le fait que les deux esclaves soient capables de lui arracher la tête avec les dents si leur maîtresse leur en donnait l'ordre y fut pour beaucoup. Il ne demeurait pas moins qu'il détestait la situation dans laquelle il se trouvait. Il était impuissant et se faisait balloter comme un sac de farine sur l'épaule d'un boulanger. Cela lui donnait des envies de meurtres, au sens premier de l'expression. Mais s'il tuait la maîtresse des manèges et ses séides, ça risquerait de ne pas passer inaperçu. Son attention se trouva fort heureusement bientôt distraite : les boules bizarres que la gamine ― il ne connaissait toujours pas son nom mais « gamine », ça convenait très bien : après tout, cela avait été son nom à lui durant toute son enfance ― avait allumées l'intriguaient. Comment cela fonctionnait ? En quoi c'était fait ? Ces trucs-là avaient l'air bien pratique. C'était silencieux, facile à allumer, discret (si tant est qu'il y ait un moyen de régler la luminosité, parce que le changement brutal de lumière fit presque pleurer Kaname), ça ne laissait pas de trace … Enfin, pour ce dernier point, il n'était pas sûr, mais ça devait certainement en laisser moins qu'une lampe à huile avec les taches d'huile sur le sol, et moins qu'une torche qui laissait des petits bouts de tissu calciné … Il se voyait bien en train de fouiller un bureau la nuit avec ça, ou bien emprunter un passage sombre et s'éclairer grâce à la boule ... Le prêtre avait bien envie d'en voler une, mais ça non plus, ça ne passerait pas inaperçu. Peut-être pas tout de suite ― Gamine était repartie dans un de ses monologues, la tête dans ses papiers ― mais il aurait parié qu'elle ne recevait pas énormément de visites. Si elle s'apercevait qu'une bouboule manquait, ce serait pas difficile de deviner était le coupable. Gamine disparut soudain de son champ de vision. Elle était partie aller chercher ou fabriquer quelque chose, et Kaname comprit qu'elle allait en avoir pour un bout de temps : peut-être même qu'elle allait oublier sa présence. *C'est ma chance, faut que j'en profite.* Il se leva … et retomba sur ses fesses une seconde après. Ce fichu esclave était réapparu et lui avait saisi le pied.
- Lâche-moi, espèce de …
Le reste fut étouffé dans un geignement de douleur. Visiblement, l'esclave avait entrepris de le soigner avec tout l'équipement de secours. Purée, mais qu'est-ce qu'elle comprenait quand il disait : « J'ai besoin de glace et de bandage. » ?! Tout ce qu'il voulait, c'était juste une bout de tissu et trois glaçons, merde ! Ce truc était serré si fort que Kaname sentait qu'il ne pourrait le retirer sans un bon couteau. Ou une ombre. Fallait bien m'être à profit toutes ces années d'études de la manipulation des ombres. Bon, l'autre monstruosité avait décidé d'aller rejoindre sa maîtresse. Kaname sentit qu'il n'avait que très peu de temps pour tout fouiller, il allait devoir se dépêcher. Un coup d'oeil à la table et au fouillis qui y régnait lui comprendre que ça risquait pourtant de prendre un certain temps … Son regard se posa sur une pile de parchemins et de papiers sur lesquels étaient dessinés des plans. D'un main, il écarta les objets autour pour voir de quoi il retournait : cela semblait être les plans du manège principal, celui duquel il avait cassé le sabot du cheval. Il entendit l'esclave et Gamine revenir ― ou plutôt s'extirper progressivement du tas de ferraille. Il fourra prestement les plans dans son sac et reprit sa place initiale. Il n'y avait probablement rien d'intéressant dans ses plans, mais s'il y avait quelque chose à savoir, il le découvrirait. Peut-être même quelque chose en rapport avec les disparitions d'enfants. Ou bien un passage secret, dans le meilleur des cas. Et sinon … Il pourrait toujours les revendre ou les échanger contre d'autres informations. Il y aura bien un terroriste ou deux qui s'y intéressera … C'est un bon endroit pour poser une bombe. Gamine n'avait pas l'air du tout gênée par la situation. Au contraire, elle avait l'air plutôt heureuse.
- Soigné ? C'est bien, tu vas pouvoir retourner faire tout ce qu'on te demande de faire ! - Je fais ce que je veux. Il se trouve que ce que je veux faire, c'est faire ce qu'on me demande de faire.
Le « et je t'emmerde. » resta bloqué quelque part entre ses dents et son larynx. Kaname pouvait faire de grosses bêtises quand il était de mauvaise humeur, mais il avait toujours un talent certain pour intérioriser toutes les insultes qui lui venaient en tête. Kaname remarqua enfin les rondeurs de Gamine. Le premier mot qui lui vint à l'esprit était « viol ». Un pédophile avait eu les dents un peu longues … et la décharge trop rapide. Bon, peu probable avec les gardes du corps de la jeune fille … L'engrossement devait quand même être douteux pour qu'elle se cache au fond de son atelier comme ça …
- Sans vouloir te vexer, j'ai pas vraiment l'impression que tu sois très heureuse dans ton trou … Et tu ne te soucies pas plus des autres que ceux que tu critiques.
Ensuite, juste un petit détail à régler … Il se releva un peu brusquement de sa chaise, et se remit sur pied. Bien sûr, la douleur le fit chuter, et il s'arrangea plus ou moins pour entraîner la table dans sa chute. Tout ce qui était dessus voltigea à travers la pièce. Kaname se confondit aussitôt en excuse tout en ramassant les affaires tombées au sol, en commençant par celles que Gamine venait d'apporter.
- Oh mince, je suis vraiment désolé … Attends, je vais t'arranger ça. Pas la peine d'appeler tes esclaves, je vais m'en occuper, ne t'en fais pas.
Au passage, il s'arrangea pour mélanger les parchemins. Après ça, même une louve n'y retrouvera pas ces petits … Et il voyait mal une fille enceinte jusqu'aux oreilles s'occuper de ça. Quant aux esclaves … il les avait assez vus pour aujourd'hui.
- Bon … Mieux vaut sans doute que je m'en aille avant de détruire toute la place et de perdre ce qui me reste de ma dignité … S'il en reste. Merci pour la nourriture et les soins.
[Je te laisse conclure … à moins que tu n'aies une super idée de rebondissement. =)] |
| | | Adelheid Horn ʘ Ingénieur ʘ
♦ Sexe : ♦ Influence : 373 ♦ Messages : 135 ♦ Âge du perso' : 17 ♦ Fiche : Mécaniquement humanisée ♦ Date d'inscription : 03/09/2010 ♦ Age : 37
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Ven 3 Juin - 20:16 | |
| - Heureuse ?
La jeune fille le regarda un moment comme si elle était prise dans une intense réflexion. Parce que c'est vrai après tout, le bonheur, qu'est ce que c'est ? Quand est-ce qu'on peut se qualifié d'heureux ou de malheureux ? Elle avait tout ce qu'elle voulait à l’exception d'une seule : le Maestro... mais il lui en restait un morceau, elle pouvait construire tout ce que lui soufflaient ses rêves, aller ou bon lui semblait, dire ce qu'elle voulait, tuer qui elle voulait, elle était financer par un bon groupe d'idiots qu'elle fascinait... tout allait pour le mieux en fin de compte...
- Si, je pense l'être... c'est relatif, bien sûr, mais je pense que si j'étais un peu plus heureuse que ça, je risquerais de me faire mal non ?
Elle le regarda ensuite essayer de ramasser lamentablement ce qu'il avait fait tomber : des plans surtout. Elle contemplait la scène d'un air amusé, le laissant tout mélanger à sa guise. Après tout, elle s'en fichait, elle était capable de reconnaitre n'importe lequel de ses plans en moins d'une demi seconde tellement elle les connaissait par coeur. Ils étaient nés dans son esprit, étaient passés dans son coeur et avait finit par s'exprimer à travers sa plume, ses mains et sa langue. Sa cheville semblait encore le faire souffrir mais, habituée à se faire soigner par l'esclave qui s'était occupé du prêtre, elle était bien placée pour savoir qu'il serait rapidement remis s'il suivait à la lettre ses instructions. Elle ignorait ou cet objet avait bien pu apprendre toutes ces bases en médecine, et elle s'en fichait d'ailleurs, mais c'était bien pratique... il n'arrivait pas un seul jour sans qu'elle se coupe ou se blesse bêtement et la présence de cet esclave était une véritable bénédiction.
- Le mélange de papiers intensément aimés fait pleuvoir sur un monde une douce mélodie. La senteur du crissement rassurant d'un parchemin oublié montre une lune décorative qui s'élance dans la nuit, repoussant le jour de ses pâles larmes étincelantes... la douceur métallique saugrenue d'une amie vivante mais mourante qui s'installe sur une plage rocailleuse sous la pluie n'égale en rien le sacrifice abusif d'une fleur étalée au soleil qui se gonfle d'orgueil et chante son amour pour les choses de la vie...
Elle s'accroupit devant lui et lui adressa un sourire amusé.
- Ne t'en fais pas, je rangerais... de toute façon c'est toujours plus ou moins le bordel par ici, mais on s'en fiche non ? De toute façon je m'y retrouve et c'est ça l'important... si tu as besoin de faire construire quelque chose ou que tu as des questions sur autre chose n'hésite pas à revenir, je fais tout gratuitement... payer pour donner naissance à une chose qui n'existe pas encore se serait trop stupide, et je n'ai pas besoin d'argent, on m'en donne déjà beaucoup trop pour que je sache réellement quoi en faire.
Elle se redressa et l'accompagna jusqu'à la porte.
- Tout ce que tu casse peut-être réparé, il en va de même pour ta dignité puisque tu y tiens tant. C'est probablement l'une des choses les plus faciles à réparer d'ailleurs. Mais ça n'est pas moi qu'il faut venir voir pour ça, je ne sais pas faire. J'imagine que tu dois le faire tout seul... en fait je ne me suis jamais posé la question. Ma dignité a assez peu d'importance à mes yeux... en tout cas nettement moins que ce que je peux faire d'autre.
Au moment ou il allait passer la porte elle lui adressa un nouveau sourire doux.
- Quand tu auras terminé avec mon plan... ramène-le moi d'accord ? Je ne m'en sers plus, mais j'aime les avoir toujours avec moi... d'autant qu'ils seraient illisibles pour quelqu'un d'autre, mais tu peux toujours essayer de le comprendre !
[Soit tu pars du principe que j'ai conclu, soit tu clôture ça toi même mais non, j'ai pas d'idées supplémentaires XD en tout cas c'était fort agréable comme RP, merci ! ] |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] Sam 4 Juin - 20:12 | |
| [Juste une petit post parce que ça m'ennuyait de terminer comme ça ... Mais sache que tout le plaisir est pour mois ! =)]
La jeune fille ne semblait pas plus dérangée que ça par le bazar qu'avait mis Kaname, même si par ailleurs, elle avait l'air TRES dérangée. Ce jeu de mots stupide resta fort heureusement coincé dans la tête de Kaname, et il fit de son mieux pour effacer le sourire idiot qui venait se coller sur ses lèvres. Lui-même finit par laisser tomber ses histoires de rangement, d'une part parce que Gamine lui avait demandé, d'autre part parce qu'il semblait aboslument impossible de ramasser tout ce qui était tombé et de le ranger : ce n'était déjà pas très organisé avant, mais là, il était même incapable de dire ce qui était par terre avant sa chute et ce qu'il devait remettre sur le bureau. Plus amusante était sa proposition de construire quelque chose. Il se demandait si c'était vraiment sérieux ― mais dans la bouche de Gamine, tout devenait sérieux et fou à la fois ― et s'il allait l'accepter … Peut-être un jour aurait-il besoin de ses services. Construire une machine pour transporter quelque chose, ça pourrait être utile. Qui sait ? Aussi se contenta-t-il de sourire et de hocher la tête sans rien promettre. Il aurait tout le temps d'y repenser. Mais il était temps pour le prêtre de quitter les lieux. Il n'avait non plus l'intention de crécher ici ce soir … Il laissa Gamine dire quelques mots à propos de sa dignité … Kaname se souciait souvent assez peu de sa fierté, mais quand même, il n'aimait pas se faire humilier ou se montrer en position de faiblesse … Du moins, tant qu'il ne l'avait pas prévu. Mais sa conscience étant parfaitement adaptable à ses ambitions, il ne se faisait pas trop de mourons. Et puis … s'il s'avérait que cette gamine était vraiment dangereuse … Il existe mille et une manière de tuer quelqu'un discrètement.
Il s'apprêtait à la saluer et lui dire au revoir, mais ce fut elle qui prit les devants.
- Quand tu auras terminé avec mon plan... ramène-le moi d'accord ? Je ne m'en sers plus, mais j'aime les avoir toujours avec moi... d'autant qu'ils seraient illisibles pour quelqu'un d'autre, mais tu peux toujours essayer de le comprendre !
Encore un de ses instants où l'on n'ose ni bouger ni respirer, un moment où l'esprit se bloque, empêchant toute réflexion. Il avait déjà montré à plusieurs reprises qu'il n'était pas toujours doué pour jouer les cambrioleurs, mais cette fois-ci, il était sûr de ne pas avoir été vu ni entendu. Il était rigoureusement IMPOSSIBLE que Gamine l'ait remarqué en train de dissimuler le parchemin. Soit cette fillette avait des dons surnaturels ― tout du moins, encore plus surnaturels que pouvaient l'être la manipulation des ombres pour les prêtres ou les talents de mentalistes des nobles, soit … Elle connaissait par cœur chacun des objets sur son bureau ? Difficile à imaginer, mais les deux hypothèses étaient assez peu cohérentes. Kaname s'efforça de rester calme et de sourire.
- J'essaierai d'y penser.
En guise d'au revoir, on a trouvé mieux, mais là, il avait autre chose en tête. Dès que la porte fut refermée derrière lui, il avança jusqu'à se trouver hors de vue de l'atelier ou de qui que ce soit d'autre, puis il sortit le parchemin volé. Les plans semblaient effectivement très complexes, et les gribouillages et pattes de mouche qui tenaient lieu d'indications relevaient de l'indéchiffrable. Bon sang, personne ne lui avait appris à écrire, à cette fille ?! Pourtant, il ne doutait pas qu'il arriverait à en tirer quelque chose. Ou bien quelqu'un d'autre y arrivera : un ingénieur ou un type des bas-fonds … Pour l'instant, il allait en faire une copie ― ça, c'était une de ses spécialités ― pour en avoir au moins un double. Allait-il rendre l'original à sa propriétaire ? Il verrait plus tard. Maintenant, il était l'heure de rentrer à l'église. A vrai dire, Kaname tombait de fatigue après cette soirée étrange, et rester à traîner dans les rues ne lui apporterait que des ennuis. Espérons simplement que demain soit une journée plus ordinaire. |
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| Sujet: Re: Un petit tour sur les chevaux de bois [Adel] | |
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