| Sujet: La croix rouge... rouge de quoi ? Jeu 25 Nov - 22:30 | |
| Heinrich était devant le plus grands des hôpitaux de la ville. Les bâtiments se dressaient sur plusieurs étages, bijoux de l'architecture nouvelle : les concepteurs avait mélangé la pierre et les nouveaux métaux avec une harmonie certaine. Malheureusement, cette façade ne rendait pas les patients confiants. Cet immeuble était comme un tueur en série : parfaitement présentable de l'extérieur, dégoulinant d'horreur à l'intérieur. Contrairement à un tueur en série, cet hôpital ne cachait pas tant ses crimes. En effet, un bruissement constant s'échappait des fenêtres. On sentait le pas pressé des infirmières et le déplacement des médecins. Mais surtout des râles de douleurs et d'agonie, de gangrène et de tétanos vous vrillaient l'âme et les tripes.
Mais ce qui vous retournait définitivement, ce qui faisait fuir les plus vaillants des âmes généreuses venir soulager la souffrance de ces êtres, ce qui faisait reculer les plus aimantes des familles venue visiter un malade était l'odeur. Celle-ci vous attrapait dès l'élévateur qui vous menait au quartier des avancées et ne cessait plus de grandir. Elle vous envahissait jusqu'à vous submerger. Au pied des murs, vous commenciez à vous y noyer. Il tombait des étages, un air putride aux relents de miasmes et de putréfaction des cadavres. Cela puait la mort, la maladie et la misère.
Heinrich, plus habitué aux parfums sirupeux embaumant les demeures de ses clients, n'osait pas faire un pas de plus. Il devait aller rencontrer un mourant dans le temple de l'agonie. Il n'en avait pas vraiment envie. Dans ses mains, une sueur marquante lui faisait glisser son matériel de la main. Il le rattrapait, le tenait par dessus, pestant sur le poids de sa valise et sur sa couardise. Un frisson lui parcourrait l'échine tandis que sa bouche s'étirait dans un dégoût palpable, le nez pincé sous l'odeur. Il avala sa salive et avança à petit pas peu pressés.
Il lui fallu bien demander où se trouvait son client. Quelle idée de vouloir se faire peindre sur son lit de mort ! Il ferait payer le double à ses descendants. On l'amena finalement dans un dortoir de lits alignés sagement contre les murs, baignant dans la lumière. Cet air de sérénité ne donnait à l'ensemble qu'un goût plus étrange plus désagréable encore. Au moins, un endroit sombre aurait rendu ce lieu plus réel à l'image qu'on s'en faisait de l'extérieur. Peut-être était-ce parce qu'il devait être dans un aile réservées aux riches ? Les toux et les râles qui interrompaient le silence en étaient presque à soulager l'artiste. Celui-ci s'installa au chevet du malade, prêt à dessiner le corps décharné jusqu'à ce qu'il le regarde attentivement sans bouger pendant plusieurs secondes. Ses yeux se plissaient sous la fixité de son regard, il s'interdisait de cligner des yeux de peur de manquer le signe qu'il recherchait.
Mais au bout de quelques instants, il ne savait vraiment plus trop. Il se leva du tabouret où il s'était installé et regarda autour de lui. Personne d'autres que des malades. Il sortit sans lâcher son matériel et se dirigea comme un robot vers la porte qui menait au couloir. Il agrippa la première personne venue par la manche. Sa voix était un peu cassée :
"Dites, vous pouvez venir voir ? Je ... Je crois qu'il est mort." |
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