Le sénat, l’une des plus grandes, anciennes et nobles institutions de l’empire… après l’Eglise de l’ombre bien sûr. C’est dans ce grand bâtiment ancien que se réunissaient les sénateurs, les membres désignés par la noblesse de chaque province pour en représenter les intérêts. Si d’un point de vue strictement technique et officiel, les sénateurs n’étaient censés être que de simples conseillers sans réelle pouvoir, dans la pratique, les empereurs avaient toujours eu intérêt à rester en bon terme avec eux et à les écouter. Et depuis un peu moins d’un an, Hector, avait, sur décision du comte de Frickwitch, soutenu par une bonne partie de la noblesse locale, intégré cette noble institution de politicien magouilleurs qui n’hésitaient pas à tirer dans les jambes où à se planter des poignards dans le dos. A se demander s’il y en avait encore qui se rappelaient pourquoi ils étaient là. Pour le moment, les sénateurs ne traitaient pas encore avec l’empereur, vu que le prince était trop jeune et qu’il ne se mêlait pas de politique ou plutôt qu’on l’incitait à ne pas s’en mêler. A la place, le vrai dirigeant était le Haut-prêtre en sa qualité de régent, ce qui promettait. A l’instant même où il l’avait vu, Hector avait comprit qu’il avait à faire à un homme puissant et influent… et qui ne lâcherait pas le pouvoir aussi facilement, de son point de vue, mieux valait éviter de choisir un camp, c’était des ennuis à venir.

Pour l’instant, Hector devait se concentrer sur la tâche qui l’amenait ici, défendre les intérêts de Frickwitch et aider à son développement. Car d’un point de vue commercial, le comté stagnait, certes le bois et le métal quittait la province pour en garnir les coffres mais si les marchands de Frickwitch faisaient le chemin, les marchands d’autres régions ne le faisaient pas, ce qui faisait que la province stagnait dans son développement commercial et culturel. La faute à la sale réputation qu’elle se trainait à cause de tous les dangers publiques qui pullulaient dans les sombres et brumeuses forêts du comté, et pourtant c’était pas faute d’essayer de s’en débarrasser. La principale et même seule voie d’accès au cœur de la province depuis le centre de l’empire est une route que l’on nomme la voie du pèlerin. Le problème venait du fait qu’elle était la cible de bien des bandits et autres dangers en tout genre, ce qui n’incitaient pas les marchands, cible privilégiés et Ô combien adorées de ce genre d’individus, à tenter le chemin. Depuis quelques temps, plusieurs nobles de Frickwitch avaient dressés pour projet de construire à un point stratégique de la route une forteresse où serait cantonnée une garnison qui se chargerait de la sécurité sur ce seul axe. Les coûts de construction seraient assumés par les nobles locaux et il ne serait pas trop difficile de trouver assez de soldats pour la garnison. Mais depuis les révoltes sanglantes qui eurent lieu il n’y a pas si longtemps, construire une telle édification militaire serait vu comme un effort de militarisation par les autres provinces et le pouvoir centrale. En gros pour monter le projet, il fallait convaincre de son utilité et des bonnes intentions de Frickwitch pour espérer avoir l’accord impérial. Et pour le moment, Hector en était encore à prendre la température pour voir qui serait susceptible de le soutenir dans cette histoire. Cela allait sans doute lui prendre beaucoup de temps avant que d’arriver à obtenir la construction de la forteresse du pèlerin. Alors pour le moment, il jouait le jeu, participant aux séances de débat de ce véritable panier de crabes.

Pourtant, au milieu de toute ces nobles magouilleurs, certains sortaient du lot. Il y avait bien celui d’Hellwig, qui semblait être un guerrier comme lui mais il semblait avoir des idées plus expéditives que notre homme… et dire que lui, on trouvait qu’il exagérait un peu parfois. Sinon, le plus étrange était le sénateur de Gells, un homme qui ne faisait pas l’unanimité vu ses origines ou peut-être était-ce dû à ses cicatrices mais lui aussi ne semblait toujours être à sa place dans le grand fauteuil de bois réservé au sénateur. La séance du jour fut longue et du point de vue d’Hector, quelque peu stérile jusqu’à ce qu’elle soit enfin clôturé par le régent qui se retira, puis ce furent les sénateurs qui se levèrent et quittèrent la salle du conseil. Hector en fit de même et fut rejoint dehors par un de ces assistants, un homme de confiance qui avait bien servi son père avant.

Monseigneur, comment fut la séance ?

Comme d’habitude Elyk, long et ennuyeux, du nouveau ?

Oui, notre cabinet au sénat a finalement été déplacé après les petits… soucis avec nos charmants voisins du Khina Lao, nous sommes un peu plus loin, juste à côté de celui de Gells.

Bon, au moins des gens qui ne s’évanouissent pas dès qu’ils voient un quelconque truc tranchant, c’est déjà ca…

Désirez-vous y aller maintenant seigneur Hector ?

Oui, le plus tôt sera le mieux et avec de la chance, je pourrais faire connaissance avec mon nouveau voisin, qui sait, ce serait peut-être un soutien à prendre…

Suivant son conseiller, le comte de Jadewood se mit en marche dans les couloirs du sénat pour atteindre ce qui serait son nouveau lieu de travail privé au sein de cette grande, noble et ancienne institution…

Hector était bien content que cette séance du sénat soit terminée. Il était fier que le comte de Frickwitch le choisisse pour remplir cette mission délicate et quoi qu’on en dise, il faisait de son mieux pour la remplir au mieux. Seulement, il était clair qu’il ne se sentait pas à sa place au milieu de la bande de crabe, de rapace et de chacals en tout genre. Il était guerrier dans l’âme et en pratique, il aurait préféré aider sa province en vidant les épaisses forêts la composant de toute présence hostile, mais ce qu’il faisait ici était aussi utile et il s’en accommodait. Il se doutait bien que son style n’était pas spécialement bien vu mais les autres allaient bien devoir faire avec car Hector n’allait pas renier sa nature profonde juste pour faire plaisir à quelques individus superficiels. Parfois, la tentation d’enlever un ou deux de ses paons emplumés était tentante, juste histoire de les balancer dans les forêts de Frickwitch et voir s’il allait en mener aussi large une fois là-bas…

Sortant de la séance, il fut rejoint par Elyk, son conseiller/assistant/ chapon, enfin bref son fidèle serviteur quasiment multifonction. Un homme d’une cinquantaine d’année, loyal serviteur du père d’abord puis du fils après. Il le suivait dans ses déplacement entre la capitale impériale, où Hector remplissait son rôle de sénateur, et le comté de Jadewood, dont notre homme était toujours le seigneur tout de même et qu’en tant que tel, il devait souvent s’y rendre pour y remplir son devoir. Et dans tout ca, le loyal Elyk s’occupait de l’intendance de son maître avec une grande efficacité.

Mais revenons-en au sénat. Hector poussa un long soupir de soulagement en sachant que la séance était enfin terminée pour aujourd’hui. Elyk lui annonça qu’ils avaient enfin déménagé, leur nouveau bureau était situé à côté de celui du sénateur de Gells. Les deux hommes avaient tout deux un truc en commun, tout le monde se demandait comment ils avaient bien pu avoir leurs places de sénateurs. Car l’homme prêtait aussi à controverse, un simple serviteur, bombardé sénateur du jour au lendemain. Si on rajoutait par-dessus qu’il n’avait pas un physique facile… Plutôt petit, pour ne pas dire nabot, le visage couvert de cicatrices et de brûlures, on le ratait difficilement au milieu des autres sénateurs, un peu comme lui. Hector se rendit donc à son nouveau cabinet de travail, le déménagement n’avait pas du être difficile, Hector était du genre sobre, il n’avait pas beaucoup de chose ici-même, il ne donc y avoir eu que des papiers à ranger et trier principalement. Il le trouva quasiment identique au précédent et occupé par deux secrétaires. Hector n’avait que trois serviteurs qui l’aidait au sénat, deux secrétaires qui se relayaient et Elyk qui gérait tout ca. Bon, les deux étaient là en même temps cette fois pour aider au rangement. Hector trouva sur son nouveau bureau quelques plis, le courrier adressé à lui pour aujourd’hui. Il y avait quelques lettres de citoyens de Frickwitch vivant à la capitale, une lettre du comte de Frickwitch qu’il reconnaissait au sceau cacheté et dans le tas une erreur de livraison, à savoir deux ou trois lettres adressées au sénateur de Gells. Sans doute celui chargé de faire la livraison avait du être un peu chamboulé par ce déménagement.

L’administration du sénat devrait mieux choisir ses employés, voilà que je me fait livrer le courrier du voisin maintenant.

Donnez Monseigneur, je vais m’assurer qu’elles arrivent à leur propriétaire légitime.

Inutile Elyk, continuez de tout mettre en ordre, je vais le faire moi-même, et puis je ferais connaissance avec mon voisin comme ça.

S’il avait été plus magouilleur, sans doute Hector aurait profité de la maladresse du personnel pour espionner le courrier du sénateur de Gells, mais fort heureusement il n’avait pas ce genre de penchant, mais c’est ainsi, ou on a un code d’honneur ou on en a pas…

Hector fit donc quelques pas qui le menèrent à la porte du cabinet de la délégation de Gells. Hector se rappela que l’occupant des lieux n’était pas connu pour son langage soutenu et qu’il n’avait pas besoin de faire des manières avec lui. Hector toqua à la porte, pas simple politesse mais n’attendit pas qu’on lui ouvre, il le fit lui-même d’un grand coup. Malheureusement, le pauvre serviteur qui avait du vouloir venir voir ce que c’était se la prit en pleine poire et se retrouva méchamment coincé entre le mur et cette porte qu’il ne soupçonnait certainement pas d’être aussi agressive. Hector se dirigea vers le bureau d’Alek, montrant les lettres qu’il tenait, n’ayant même pas remarqué qu’il venait d’assommer un homme au passage

Salut Gells, je te ramène ton courrier vu que ces crétins de l’administration n’ont rien trouvé de mieux que de le livrer chez moi.

[Pardonne-moi pour ce très grand retard Hector...^^' (et profite, je m'ennui en Elec' et peut donc poster xD)]

A ce niveau, je me demande si c'est pas de la connerie tout ça !
J'vous explique, le mastodonte vient de débarquer droit dans mon bureau, entrant comme un branque, et écrasant presque Kaar en chemin. Moi ? J'ai sursauté, et faillit renverser mon p'tain d'verre. Par contre, j'avoue que pour l'coup, je dévisage Mr.Le Géant de la Forêt, et je commence sérieusement à m'demander si ce n'est pas un bordel de danger publique celui-là !
Tiens ? Il a des lettres en main ? A peine ai-je remarqué ce détail, qu'il les pose sur mon bureau et s'adresse à moi. Oh...L'administration a merdé ? Fait chier, à cause d'eux, j'ai kaar qui est un brin sonné et semble être à genoux, derrière la porte, à se tenir le crâne. C'est sûr que ça doit sonner, vu qu'on vient de le confondre avec une cloche en le cognant de cette façon.
J'lâche un profond soupir et m'redresse. j'fais franchement nain, alors que je m'approche de ce taré en herbe. Je m'empare des lettres, et remarque que l'une d'elles est de son Excellence...Puis, j'tourne mes yeux de jais en direction de l'autre mastodonte, et léve la tête pour l'regarder dans les yeux...

"Merci...mais, juste pour savoir...tu t'sentais obligé défoncer ma porte, et mon secrétaire par là-même ?"

J'sais que m'on ton est moqueur, alors que je pointe du doigt la direction où on peut voir Mister Caramel à terre...Hors service.
J'rigole un brin, puis retourne vers le canapé et m'y réinstalle. D'un ton léger, j'lui demande :

"Pour la peine, j'te propose un verre ? J'ai que de l'absinthe par contre...Peut-être que tu tiens mieux que les campagnards."

Moi , me moquer ? Même pas vrai d'abord ! Et puis, c'est parce qu'avec mes cicatrices mon sourire moqueur fait un brin psychopathe que j'me fout d'sa tronche à lui.
J'suis bien installé, et j'pense que lui offrir un verre est le moindre des remerciements...Surtout que les sceaux, sur mes papiers sont intacts. En somme, il n'a pas tenté de les lire : il me les a apporté illico-presto. J'avais du mal à croire les rumeurs qui disaient que l'petit nouveau de Frickwitch était du genre "sympa, benêt, niais"...mais faut croire que c'est vrai.
J'métire, et j'lance en direction de Kaar, qui commence à s'relever :

"Tu peux sortir te r'poser si tu veux Kaar...t'as l'air un peu sonné. Oh et, ferme la porte derrière toi, j'te prit.
- Bien...Sir Droski, Sir JadeWood."

Il nous a salué, et il est partit en fermant la porte, moi, j'fais un geste vers l'fauteuil en face d'moi, avec un sourire amusé, et j'repéte :

"Alors ? Vous êtes partant ?"

J'me demande si c'est là son genre...enfin, avec un regard un peu plus sérieux, j'me dit qu'il serait bon de poursuivre...S'il ne voit que la boisson, peut-être qu'il souhaitera partir.
Mais moi, j'me demande si ce serait pas plus intéressant, pour Gells, de voir quel genre de type il est. Son excellence m'a bien dit de faire attention aux alliances, de voir si j'peux les renforcer...et avec quelles nations j'peux obtenir des "atomes crochus". Pour l'heure, j'suis mal vu par presque tous mes confrères et consœurs...mais ça vaut aussi pour lui. Peut-être qu'à deux, on peut trouver des ententes : non ?
Enfin, pour l'coup, j'rajoute :

"J'vois qu'vous avez pas ouvert mon courrier, et j'vous en r'mercie...cela m'aurait vraiment fait chier sinon. Oh, j'y pense, vous aviez l'air pensif lors d'la réunion...quelque chose en tête peut-être ?"

Je précise : je ne parle que rarement en réunion...mais les plus vieux sénateurs ont commencé à comprendre que si je parle peu, j'observe vachement. Je détaille, j'analyse, et je cherche les intérêts de Gells dans les propositions et le bordel ambiant.
j'pense que le régent s'est rendu compte que j'étais loin d'être heureux d'avoir un pieds dans ce bourbier...mais j'pense qu'il sait que j'fais tourner ma cervelle...même s'il est clair que l'Ombre de son Excellence le prince Dorian est derrière mes pensées, mes idées et mes choix...je suis le fidèle de son Excellence, après tout.
Dans tout les cas, je croise des jambes et j'attends la réaction du balourd. Il a pas l'air si méchant, pour l'heure...Juste maladroit, un peu comme moi, mais d'une façon tout autre. Le nain et le géant dans la même pièce. Les deux sénateurs les plus controversés...quel étrange duo qu'le nôtre : à n'en pas douter.

Hector avait trouvé là une bonne occasion de faire connaissance avec son voisin de Gells. Pour une fois que les bourdes de l’administration allaient être utiles à quelque chose. Il n’était pas difficile d’identifier le voisin en question avec la tête qu’il se trimballait, pauvre gars, le jour où il s’était fait de tels marques n’avait vraiment pas du être drôle. Ils partageaient au moins un peu commun, celui d’être controversé, lui pour ses origines, Hector pour la fausse réputation de géant abruti qu’il se trimballait. Mais malgré tout, il avait bien vu que le sénateur de Gells était le genre d’homme à avoir le regard vif, ca carburait dans sa petite tête plus que les autres ne voulaient le croire. Bref, le géant de Frickwitch y vit là une excellente opportunité. Bien sûr, il ne put s’empêcher de faire une entrée « à la Hector », ce qui signifiait une porte ouverte en grand d’un seul coup et un pauvre type sonné derrière. Bon, visiblement, le confrère de Gells ne s’était pas attendu à une visite aussi… imposante, il manqua presque de faire une attaque. Hector déposa les lettres en questions sur le bureau du sénateur et celui-ci ne put s’empêcher de faire remarquer au nouvel arrivant ses tendances ainsi que les dommages collatéraux qu’il venait d’occasionner. Hector se retourna pour voir un pauvre homme au teint caramel qui se tenait la tête.

Oups… désolé…

Bon, il était vivant, il s’en remettrait surement après une petite sieste. Mais quelle idée aussi que de se mettre ainsi derrière une porte… en revanche, cela ne refroidi pas le sénateur qui proposa de but en blanc une verre à son collègue, rajouté d’une petite remarque moqueuse, qu’Hector prit à la rigolade.

Passes une soirée avec des soldats dans une taverne animée à boire avec eux et on verra qui tiendra le mieux.

Exercice pratiqué par Hector dans son comté natal. Il avait toujours été proche de ses hommes, ce qui lui valait une grande partie de leur fidélité, il était plus facile d’obéir à un commandant dont on se sent proche, avec qui on partage les même délires à l’occasion qu’à un nobliau qui ne décolle pas de son château. Le sénateur de Gells jeta un coup d’œil rapide à ses lettres avant de faire sortir son servant qui les salua tous deux. Une fois seul, il redemanda à Hector s’il était partant pour le verre. Le colosse posa ses fesses sur le fauteuil désigné avant de parler de sa voix sympathique.

Mon verre est encore vide ? C’est un scandale !

Dit-il à la plaisanterie, signifiant naturellement qu’il restait boire un verre avec son voisin de bureau. Ce dernier lui fit remarquer qu’il n’avait pas ouvert les lettres. Certains penseraient que c’était une occasion rêvé d’avoir le courrier d’un sénateur mais même si ca paraissait naïf, sur le long terme, cet acte pourtant simple et honnête allait lui faire marquer des points auprès du sénateur de Gells et aidait à une éventuelle collaboration sur le long terme.

C’est tout naturel, ton courrier ne regarde que toi à ce que je sache.

S’il parlait peu, il était observateur et il avait bien senti qu’Hector était pensif lors de la dernière réunion. Le géant ne perdit pas son sourire et lui répondit tout simplement.

Comme la plupart de ceux qui siègent ici… J’ai des obligations, dont celle d’aider au développement de ma province et de ses intérêts, c’est la même chose pour chacun de ceux qui ont les fesses vissés sur les imposant fauteuil de bois de la salle du conseil. Mais oui, il y a bien un sujet qui me préoccupe un peu en ce moment.

Parler, mais sans trop en dire, à voir si le sénateur était curieux. Peut-être lui en demanderait-il plus à ce sujet. Si c’était le cas, peut-être Hector lui expliquerait, ca serait une bonne opportunité de gagner un soutien dans cette entreprise.

Comment Hector avait-il obtenue sa place de sénateur ? Mais très simplement, c’était le compte de Frickwitch, le gouverneur de la province qui l’avait collé là. Après, il était clair qu’Hector tranchait radicalement avec les autres sénateurs. Mais en réalité, le choix de son seigneur était mûrement réfléchi. Hector était un homme de caractère, le genre qui ne se laisse pas faire aisément. En plus, il est avant tout du genre loyal et honnête, mais sans être aussi benêt qu’on veut bien le croire. Hector est bien le genre à se soucier de sa mission et de sa province avant ses intérêts personnels, il était donc le choix rêvé pour ce poste si on y regarde bien. Les autres sénateurs s’intéressent souvent plus à leur propre position et aux avantages qu’ils gagnent de leur travail. Hector est largement satisfait de ce qu’il a. Il est un des trois nobles les plus influents de Frickwitch, il est aimé et respecté de ses vassaux et des gens de son comté. Tout cela lui suffit, trop de pouvoir, ca finit par amener trop d’ennemi et malgré son mètre quatre-vingt quinze, Hector est du genre discret.

Mais bon, il pouvait renvoyer le compliment à son interlocuteur, on se demandait bien ce qu’il faisait là lui aussi par moment. Ses façons de faire, de parler, de se tenir, tout ca montrait que malgré une certaine éducation, il venait du monde d’en bas, celui impitoyable de la rue. Et Gells n’est pas réputé pour être tendre comme endroit, dans un style différent de Frickwitch mais très dangereux aussi. En parlant du loup, celui-ci était loin d’être impressionné par Hector et ses histoires, ce qui n’était pas un mal, ca faisait du bien de parler avec quelqu’un comme lui. Il avait un petit quelque chose d’honnête, il ne pratiquait pas la langue de bois des autres aristocrates mielleux.

On en reparle après deux ou trois tonneaux de brune bien corsée. Sucrée pour moi.

Mais bon, niveau alcool, Alek devait être le genre à préférer la qualité et la force à la quantité. Mais bon, l’absinthe, là c’était vraiment fort, même pour lui. Un verre ne tuerait pas Hector ni ne le soulerait. Fort heureusement, la carrure aide dans la résistance à l’alcool et Hector tenait bien. Il accepta verre de son collègue de Gells et en prit une gorgée comme si de rien n’était. Après lui avoir rendu son courrier, les deux hommes abordent le sujet de ce qui tenait à cœur au comte de Jadewood, et par là, Alek prouvait que sa présence n’avait rien d’anodine. En fait, les deux hommes se ressemblaient plus qu’il ne le croyait. Sous leurs airs de personnes n’ayant rien à faire là, ils étaient plus vifs d’esprit que ce que leurs styles rendaient comme image au monde extérieur. En tout cas, il partageait son point de vue, ce qui fit sourire Hector qui leva le verre en signe d’approbation.

C’est surtout d’un rappel sur ce qu’est le boulot de sénateur dont certains auraient bien besoin. Enfin, qu’ils se débrouillent, le jour où tout leur retombera dessus, ils comprendront peut-être, mais non, on aurait fait notre travail et personne ne pourra nous le reprocher.

Car quelque chose disait à Hector que malgré sa dégaine limite je-m’en-foutiste, le sénateur de Gells avait bien envie de faire son travail au mieux. Leurs deux provinces avaient surement des choses à partager. Alek s’intéressait de plus en plus au problème d’Hector et celui-ci continua sur sa lancée.

Un problème qui nuit au développement économique et culturel de ma province, on a solution pour le régler sur le long terme mais sa mise en application est… délicate si je puis dire.

Mais au moment où Hector est près à rentrer dans le cœur du problème, Elyk fait son apparition à l’entrée du bureau. L’homme de confiance d’Hector salue poliment les deux hommes avant de s’approcher de son maître et de se pencher pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. Hector pousse un soupir mécontent et pose son verre.

Je suis désolé Sire Droski mais un problème urgent me force à devoir y aller, cependant…

Hector prit une feuille vierge et une plume et écrivit dessus quelque chose avant de la tendre à Alek.

Voici mon adresse à la capitale. Passez donc me voir chez moi demain soir à huit heures. Je vous invite à dîner, nous aurons l’occasion de discuter de ce projet à loisir ainsi que d’autres choses qui pourraient aider nos provinces. Et promis, je vais m’assurer de nous trouver une très bonne bouteille.

Dit-il en désignant la bouteille d’absinthe de son confrère sénateur avant de se lever.

Sur ce, bonne journée à vous.

Un signe de tête poli pour le saluer et Hector quitta le bureau du sénateur de Gells…

J'avais sucrée son absinthe, au maximum qu'il en était possible sans dénaturer l'goût de cet alcool divin. Alala...incoryable ce qu'le mélange d'une dizaine de pov'plantes peut apporter...dont la plante du nom d'absinthe d'ailleurs. Et puis, sa couleur verte naturelle, j'l'ai toujours kiffé. j'aime aussi cette couleur blanchâtre qu'elle prend, une fois dilué...cette-dernière rappelle un peu la neige d'Gells en fait. Mais bon, vous savez, à Gells, cet alcool se négocie à prix d'or. On s'contente d'eau d'vie à base de pomme de terre et d'céréales...C'est pas facile d'en trouver, mais c'est l'truc qu'on achète toujours en quantité chez nous. Alors bon...et puis, on fait même d'l'eau d'vie à base de racines d'sapin ! Pour dire...on cherche juste un truc qui arrache la gueule, histoire de réchauffer l'corps...d'où l'fait qu'la bière, on a du mal : ça fait gonfler l'bide, et ça réchauffe pas.

Enfin bon, j'lai écouté en silence, pour pas changer. J'aime l'truc nommé silence vous savez, il permet d'cacher l'fait qu'j'ai une voix et un accent des rues tout bonnement abominable.
Son commentaire sur nos confrères m'fait ricaner. Ouais, j'm'imagine très bien faire un cours d'politique à ces gus moi. Enfin, si tous avait la Loi de gells, j'pense qu'ils riraient beaucoup moins. Ouais...s'ils échouent, quelque chose d'pire qu'la Mort d'vrait les attendre. Cela d'vrait les motiver à bosser correctement, à penser à leur province avant d'penser à leur magouille de politico-nobliard.

"J'me d'mande comme ils agiraient, si la Mort était la seule solution à leur échec en tant qu'sénateur...ça pourrait être drôle..." laissais-je échapper, à voix basse.

Une pensée à haute voix quoi, rien d'bien méchant. Et l'vl'à qui m'lâche qu'il a une idée à développé auprès du sénat...Hum j'suis vraiment curieux maintenant.
Mais, soudain, voilà le secrétaire du mister cromagnon qui arrive. Il semble pressé l'pov'gars. J'le salue d'un mouvement d'tête, terminant mon verre non sans plaisir. Les p'tits murmures que j'entends m'rappelle ceux qu'me glissent Rib ou Kaar de temps en autre. Enfin, en attendant, j'réfléchi aux autres propos d'mon collègue. Qu'est-ce qu'il y a comme ennui à Frckwitch déjà ? Je sais qu'ils ont réputation d'être envahit par une putain d'brumes...mais j'me suis jamais vraiment questionné. Est-ce similaire à notre problème à nous, habitant de Gells ?

On ne peut vraiment se déplacer dans la province qu'en utilisant des attelages et des traineaux. D'ailleurs, on a de nombreuses fourrures, des chiens loups et de races fait pour l'endurance, et les lieux hostiles qui sont aussi bon chasseurs. En fait, l'ennui, c'est que notre gibier est rare. Le loup, c'est d'la carne. Et l'Ours, on êvite d'aller se fritter contre lui....il est violent et puissant, et surtout : dangereux si ayant déjà goûter au sang humain. Ouais, mieux vaut l'êviter l'con, et faire l'mort.
Voilà pas que JadeWood se carapate, j'lui fait signe qu'il n'y a pas mort d'hommes, et que j'vais pas lui en vouloir s'il se casse pour faire son job'. Il m'laisse alors un papier, et j'lui sourit :

"Y'a intérêt qu'ta bibine soit à la hauteur gars. Surtout que je suis curieux d'savoir ce qui dérange l'économie de Frickwitch...vraiment curieux."

Et le voilà partit...Finalement, je vais aller faire quoi moi, maintenant ? Bof, j'prend les lettres qu'il m'a emmené, et je m'étale dans le sofa. Là, je les ouvre et blanchit. Non, Dorian n'a pas osé m'demander ce que je lit là : n'est-ce pas ? Oh l'enfoiré !
Je repose la lettre dans son enveloppe et sur la petite table basse du bureau. Je soupire et passe la main sur mes yeux...je sens que les prochains jours vont être long, et vraiment honteux là...Saleté de Prince !