| Sujet: Émile Paole - Le Corbeau Blanc Sam 24 Juil - 8:28 | |
| Votre Carnet d'Identité |
Nom de Famille : Paole. Prénom(s) : Émile, François, Stanislas. Surnom : Connu dans tout Ishtar sous le surnom « Le Corbeau Blanc » ; ceux qui m’on vu à l’œuvre m’appellent entre eux « Le Chien Fou de l’Église » et enfin, lorsque j’étais enfant, mon nom de scène était « Le Petit Diable ». Ma préférence va pour « Le Corbeau Blanc » à cause de mon « don » à pouvoir dresser des corbeaux et du fait que je suis albinos. Âge : 26 ans. Titre de noblesse : Baron. Province :Ishtar. Faction et classe : Inquisiteur. Orientation Sexuelle : L‘être humain m‘inspire du dégoût, pourtant pourquoi devrais-je me priver du charme que j‘opère sur les hommes et les femmes ? | Pouvoirs : -- Discrétion : Les inquisiteurs savent se fondre dans les ombres et disparaitre, sans être vus. Leurs mouvements sont furtifs. - Armé : on a encore jamais vu un inquisiteur dépourvu d'armes. Une épée, une dague, du poison,... Toujours quelque chose sur eux.
Vos opinions Politique ? Mais depuis quand la politique doit être un sujet de discussion ? Le monde est tel qu'il est : les pauvres, les riches et de toute façon, ce ne sont que des vermines. Ceux qui règnent, ne sont que des rats qui se dévorent entre eux pour conserver le pouvoir ; ceux qui subissent, ce ne sont qu'une bande de rapaces seulement bons à se servir des cadavres de leurs congénères pour survivre. Aristocratie, Église, éclairée ou encore scientifique, et surtout les Civils me donne la gerbe. Ce sont tous des êtres humains et ils m'exècrent jusqu'à me rendre fou ; je hais l'humanité et la méprise, et si j'écoutais cette voix enragée qui me hurle sans cesse dans le crâne, je les massacrerais tous. Je les buterais dans d'atroces souffrances pour enfin me retrouver seul, pourtant, j'ai bien conscience que ce n'est qu'un rêve dont la caresse m'excite de folie. Ce n'est pas parce que j'obéis à l'Église et que j'exécute ses ordres que je la soutiens de toute mon âme ; l'Église n'est que corruption, la seule à laquelle je crois, c'est l'Ombre.
En tout cas, je ne crois pas qu'un gamin comme l'Empereur puisse un jour gouverner un état comme Ishtar, ce n'est qu'un enfant inconscient du monde qui l'entoure, une âme sous la parfaite domination du Régent, même lorsqu'il accèdera au trône, cet enfant ne sera qu'un pantin que notre cher Régent manipulera. Je ne crois pas une seconde aux lois et aux idéaux que chacun aime se façonner, c'est juste une preuve de la bêtise humaine. Ils passent leur temps à s'entretuer pour le pouvoir et ça ne cessera jamais, ils aiment enchaîner l'humanité avec leurs institutions et ils aiment corrompre l'esprit dans une souillure permanente.
Et moi je suis là, je regarde cette décadence se donner en spectacle avec un plaisir pervers ; moi je suis là, défendant l'Église au Nom de l'Ombre ; il n'y a aucune illusion à avoir : je sers l'Ombre pour servir mon sadisme et cracher ma haine face à ces clébards sans cervelles. La politique ? Je n'y crois pas, autant qu'à un avenir pour cette foutue humanité ; mon but ? Ce n'est que cette illusion, ce désir de destruction qui sommeille en moi. Je suis docile dans mon travail, malgré mon intérêt pour la torture aussi bien psychologique que physique ; ne vous méprenez pas, je sais qu'un jour que la graine de la Discorde finira par donner une belle fleur... et à ce moment-là, l'Église se débarrassera de moi. J'en profiterai alors pour emmener avec moi autant de damnés que possible.
Si malgré ces années, je suis encore vie, c'est parce que je suis utile ; il me suffit de faire un pas pour que le danger se réveille et pour que mon cadavre se fassent dévorer par les vers, mais il ne sera pas le seul. [/i]
Description : Qui êtes-vous et à quoi ressemblez-vous ?
Je n'ai jamais fait attention à mon reflet dans ce miroir, car à chaque fois c'est toujours cette froide indifférence qui me fixe. Mon corps comme mon visage est marmoréen, comme si j'étais fait dans une pierre blanche et froide, incapable de se briser malgré son apparence fragile. Je sais seulement que ma taille est apparemment au-dessus de la moyenne, j'avoisine le mètre quatre-vingt-dix et que mon poids s'est stabilité autour de soixante-quinze kilos. Au premier abord, je semble fait tout en finesse, c'est plus ou moins le cas : mes muscles sculptent avec arrogance mon corps, brisant alors l'illusion d'un jeune homme délicat un brin androgyne ; je parais beaucoup plus virile face aux yeux indiscrets que ce seraient poser sur mes épaules tombantes et ma nuque menue, remarquant au passage que je suis imberbe, même si une barbe de trois jours vient de temps à autre orner mon visage ovale.
Parlons un peu de mes mains, elles sont un peu particulières : j'ai de longs doigts blancs qui s'animent tout le temps, comme les pattes d'une araignée surexcitées. Mes mains sont grandes, démontrant ma qualité de musicien ; cependant, il suffit de s'attarder sur ma main droite pour remarquer un léger handicap : habituellement, les gens pensent que ce qui ornent mon index et mon majeur ne sont que deux bagues d'argents et faîtes sur mesure, qui se terminent en forme de griffe, commes les bagues armures ; les réactions à ce sujet m'amusent : mélange de dégoût et de compassion en apprenant qu'il me manque deux doigts, remplacés par ces sortes de prothèses. Par rigueur, j'ai ajouté une bague à mon pouce, ce bijou donne alors l'impression que c'est aussi le cas pour les autres. Mes ongles sont toujours impeccablement coupés, et je suis suffisamment perfectionniste pour m'assurer qu'ils font tous la même longueur. Rien n'est plus laid que l'asymétrie.
Par ailleurs, je porte toujours une chaîne en argent suffisamment grande pour tomber au niveau de mon ventre, orné d’une rose faîte en Agathe, elle se transmet de génération en génération, symbole de mon appartenance à la famille Paole.
Enfin, parlons de ce qui m'a longtemps poursuivi : mes yeux et mes cheveux. Les lèvres minces et pâles ne sont là que pour mettre en valeur cette peau diaphane qui laissent transparaître la couleur de mes veines, pendant que des cheveux d'un blanc immaculé encadre mes traits fermés dans une impassibilité. Des mèches blanches tombent toujours sur mon regard, alors que volage, le reste repose sur ma nuque.
La seule chose d'expressif, c'est mon regard étiré. Semblables à deux rubis brillant d'un éclat inhumain, mes yeux rouges me donnent l'air d'un fauve qui aime se repaître de sang. Seule la flamme écarlate d'une démence haineuse allume mon regard, comme si je voyais un monde que personne ne peut voir. Je suis albinos, et en partie dû à cette particularité que l'on oublie que mon nom est, Émile, et non « Le Corbeau Blanc ». Mais tel cet oiseau, je fixe mes proies avec ce regard monstrueux sous mes fins sourcils blancs. Et cette fois-ci, ce n'est pas une illusion : je suis un prédateur insatiable qui aime verser le sang.
Personnalité : [min. 200 mots]
Je suis un être qui ne connait pas l'ombre de chaleur humaine, beaucoup pense — et à raison — que je suis un jeune homme plongé dans une éternelle apathie. Rien ne m'atteint, rien ne me touche et peu sont les personnes à me faire de l'effet. Je possède cette sorte d'indifférence au monde, même si mon regard carmin démontre le contraire : haine et mépris, je n'ai que ses mots en tête. Pourtant, je ne crois pas que je vais m'étendre là-dessus ; vous avez dû prendre conscience de toute ma misanthropie : sachez cependant que pour moi, les hommes ne forment qu'une même masse mouvante où aucun qualificatif n'est suffisamment insultant pour eux. Je suis d'un abord froid, perfectionniste et rigide dans tout ce que j'entreprends : je suis parfois à la limite de la psychorigidité. Prenons un exemple : la symétrie m'apaise et lorsque j'écris, mes plumes sont posées sur la même ligne et l'encre est juste un brin éloignée de main, de sorte que je puisse la garder dans mon champ de vision. On le remarque souvent à mes vêtements : impeccable, mes boutons soigneusement boutonnés, pas un fil ne dépasse. J'essaye donc d'atteindre une certaine perfection ; l'ordre me procurant une certaine satisfaction, le moindre objet bougé d'un centimètre dans une pièce que je connais et je deviens nerveux. Je déteste — évidemment — la saleté et la vue de ce qu'on appelle des « gueux» me débecte, je leur crache à la figure sans me retenir. La poussière est l'un de mes plus grands ennemis, je la combats avec ferveur chaque jour.
Certains trouvent cet entêtement complètement ridicule, mais leurs cerveaux vulgaires ne pourraient me comprendre. Je suis autant arrogant et dédaigneux que maniaque ; je me considère comme un être supérieur à toute cette humanité en pleine déchéance. Je suis susceptible aussi, mais silencieux : faîtes-moi une remarque qui blessera mon orgueil démesuré, et même si je ne réagis pas, vous pouvez être sûr qu'une fois seul, je détruirai tous les objets tombant sous ma main. Oui, j'ai un besoin constant d'expulser toute cette violence en moi.
J'aime voir le sang verser, j'aime entendre les hurlements de douleur me rendre sourd, j'aime les spectacles de corps contorsionnés sous la torture. Et si vous voulez mon avis, torturer et tuer quelqu'un vaut cent fois l'acte sexuel, ce n'est pas que je m'en prive, mais je préfère imaginer mille et une façons de torturer ma victime que d'assouvir ce plaisir primaire. Dans ces moments-là, le monstre qui est en moi éclate et je tue sans faire la moindre distinction, je suis incapable de redescendre sur terre. Si bien qu'un sourire narquois et barbare déforme mon visage en celui de charognard, prêt à tout pour connaître jusqu'à la fin des temps cette transe. Ceux qui m'ont vu dans cet état, pourront même vous affirmer que ma voix neutre pousse de longs râles et qu'au risque de mourir, vaut mieux laisser cette drogue agir sans m'interrompre.
Je n'ai pas un sens aigu de la beauté, mais le seul animal qui éveille un sentiment semblable est les corbeaux. Depuis que j'ai une dizaine d'années, je sais les dresser et je me suis pris d'affection pour ces bêtes-là ; si bien qu'au lieu d'installer une relation d'un maître à son animal, j'ai une relation infiniment plus intime. Je les appelle « mes frères » ou encore « mon Sang » comme s'ils faisaient partie de moi, je suis persuadé que c'est le cas. Je les place sur un pied d'égalité et je leur confie tout, certain qu’eux peuvent me comprendre. Leur présence me rassure et me procure de la force pour alimenter ma folie. Alors, ne les touchez en aucun cas, vous jouerez votre vie avec un fou. Je suis toujours accompagné de l’Onyx, un énorme corbeau dont l’œil gauche est crevé, il m’a toujours été loyal.
Sinon, je suis aussi violoniste ; quand j'ai un peu de temps, je joue dans une salle sombre, isolée. Il me soit déjà arrivé de jouer pour quelqu'un en échange d'argent ou de service, mais ne vous trompez pas : la mélodie n'est pas aussi sublime qu'elle n'y parait, ce n'est qu'une façade. La réalité est tout autre et pour la découvrir, il faudrait arriver à m'écouter sans que je devine une présence. Ce n'est pas l'harmonie à son paroxysme que vous entendrez, mais un son strident ; un cri qui ne s'arrête pas qui vous percera les tympans d'une terreur inconnue : ce son strident et terrible n'est que l'image démente de mon âme.
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Récit d'une vie Le noir, il faisait toujours noir. Tremblant de tout mon petit corps, j'entendais les cris de stupeur des spectateurs, pendant que l'Ogre déclamait tout un tas de paroles complètement fausses à mon sujet. Je sentais qu'on me soulevait, sachant que c'était le Géant qui m'amenait sur scène, ou plutôt sous le chapiteau. Comme toujours, mon coeur battait à me déchirer la poitrine, j'avais la nausée. J'avais peur, horriblement peur. Le Géant me déposa prés de l'Ogre, alors que je devinais la curiosité grandissante de la masse, les regards braqués sur ma cage de bois, certains se dévissaient le cou pour tenter de m'apercevoir. Mes petites mains posées sur les barreaux, comme un animal, je me montrais déjà agressif. Je fixais la pâleur de mes doigts, enfant, j'avais de jolies petites mains blanches. L'Ogre s'éclaircit la gorge et continua avec une assurance folle :
« C'est au prix d'un terrible combat que je suis parvenue à attraper le Petit Diable, oeuvre de viles créatures, j'ai du dire adieux à ma jambe pour vous le montrer ce soir ! »
La foule poussa des cris surpris et pleins d'admiration, tandis que je m'approchai de cette lumière aveuglante. L'Ogre se tenait devant moi, exhibant sa fausse jambe de bois, ces longs cheveux bruns et bouclés tombant à sa taille, son immense haut de forme juché sur sa tête, son pantalon rayé remonté jusqu'à son ventre bondonnant et gonflant sous sa veste rouge, il souriait de ses dents pourries. Comment un type avec visage de criminel pouvait berner ces nobles venus assister à ça ? Ce cirque ou plutôt, cette exposition de bêtes de foire ?Le Géant parti en boîtant, pendant que l'Ogre — de son vrai nom Haarman — se rapprochait de ma cage, il se baissa et me murmura avec son haleine si forte qu'elle pouvait intoxiquer des mouches :
« Fais ce qui est convenu, et tu auras droit de sortir de ta cage. »
J'acquiesçai avec une expression de haine dans le regard, caresser un peu de liberté, c'était ma seule consolation. Par ailleurs, j'étais paniqué à l'idée de me montrer, je savais ce qui allait se passer et j'étais sur le point de m'écrouler. Mes mains passèrent entre les barreaux, soudain victime de ma haine, je cherchai à me saisir de l'Ogre pour l'étrangler. Ma raison me faisait défaut et satisfait, Haarman ouvrit ma cage.
« Oh ! »
La foule se leva pour mieux observer mon visage, mon corps maigre et déformer par cette vie de captivité. Mes haillons tombaient jusqu'à mes genoux et poussant de petits grognements, l'enfant de dix ans que j'étais faisait son petit cirque. Mon pied rattaché à la cage, je voulus sauter sur l'Ogre, prêt à lui déchirer la peau de mes petites dents. Pourtant, il m'envoya un violent coup de pied, à terre, et tremblant, je savais que lui jouait, mais pas moi. La foule poussa des murmures, tandis que l'Ogre me prenait par les cheveux. Il m'envoya — encore — son horrible haleine à la figure :
« Allez Petit Diable, danse comme un macaque ! »
Et chaque soir, c'était exactement la même chose. Humilié devant une centaine de personnes, je me mouvais péniblement et imitait un singe stupide qui se débattait pour saisir la banane qu'il suspendait au-dessus de ma tête. Pour obtenir cet effet, il ne me nourrissait que durant le spectacle. Un instant, je lui mordis violemment le poignet et il m'attrapa par la gorge, il me jeta dans ma cage. La banane dans mes petites mains, replié sur moi-même, mon regard rouge envoyait des éclairs de haine. La foule, elle, après avoir ri, acclamait l'Ogre. Le Géant revint et emporta ma cage, pendant que la fameuse femme à barbe allait faire son numéro, on savait tous que ce n'était qu'un homme que Haarman contraignait à faire ça. Comme pour moi, comme pour le reste.
J'avais dix ans, j'avais de jolies petites mains d'enfants et j'étais « Le Petit Diable » l'une des plus grandes attractions du Cirque qui se faisait appeler « Les Guignols d'Ishtar ». Haarman, salopard, un jour je t'aurais... cette même phrase résonnait dans ma tête chaque soir. Bande de pourris, riiez de tout votre saoul, je vous buterai, un jour. Et la cage du « Petit Diable » était rangée avec les animaux puisqu'à leurs yeux, c'était tout ce que j'étais ; et encore, aux bêtes, ils avaient donné un nom, pas à moi.
Dehors, l'air frais de la nuit me caressait le visage ; j'observais les allées et venues des membres du cirque, pourtant un petit cri rauque attira mon attention. Devant moi, à quelque centimètre de ma cage, un oiseau au plumage noir piaillait. Son oeil crevé, il sautillait douloureusement. Je frémis et avant qu'on le remarque, je passai mes mains au travers des barreaux de ma cage et le pris soigneusement. De peur, le corbeau se débattit, mais je le calmai d'une voix aussi douce que possible. Contre ma poitrine, l'oiseau parut s'apaiser, je le flattais autant que le pouvais. Du bout du doigt, je touchai son aile frémissante, pendant que j'examinai sa blessure à l'oeil.
« Corbeau, je n'ai ni nom ni ami, mais je ne suis plus seul, maintenant. L'Onyx, voilà désormais ton nom, jamais je ne t'abandonnerai. L'Onyx, soit mon frère, veux-tu. »
La sincérité de mes paroles me donna le tournis, mais je crus connaître un peu de chaleur dans son oeil noir, un peu d'amour dans sa voix rauque. Une larme brûla ma joue sale.
« La chose, tu viendras me voir dans ma loge. »
La voix de l'Ogre redevenu Haarman m'arracha un frisson de peur, je me repliai pour sauver l'Onyx des regards indiscrets, pendant que le Géant me libéra de ma cage.
« T'enfuis pas, sinon l'Ogre te coupera la langue comme il l'a fait à Triste-Oeil. »
Je fis un simple « oui » de la tête, le corbeau caché dans mes haillons. Je jetai un bref regard à Triste-Oeil, notre clown aveugle qui ne pouvait même plus parler, depuis qu'il avait tenté de s'enfuir avec Ortie, notre ancienne dresseuse de chat ; Haarman l'avait tué par colère en lui tranchant la gorge et condamnant Triste-Oeil à garder une haine muette.
L'Onyx piailla dans mes mains alors que je rejoignis la caravane de Haarman, nerveux, je finis par le lâcher et il s'envola. Je ne m'inquiétai pas une seule seconde, je savais qu'il reviendrait. Je poussai la porte déjà ouverte, personne. La peur au ventre, je devinai ce que voulait l'Ogre : je grandissais et bientôt, « Le Petit Diable » ne pourrait plus faire son numéro ; il cherchait un moyen de se servir encore de moi. Jamais je ne pourrais gagner ma liberté. Je balayai de mon regard rouge la pièce richement décorée, je m'arrêtai sur un violon accroché au mur. C'était la première fois que j'en voyais un ici, dans cette loge. Intrigué, je me rapprochai doucement, l'effleurant de mon index et de mon majeur...
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Apeuré, je me retournai vers Belle-De-Nuit, la femme de Haarman. Son visage rougit par la haine, elle fonça sur moi, une dague dans la main. Je courrais immédiatement vers la sortie, pendant qu'elle me hurlait :
« Reviens ici, sale voleur ! »
Au moment où j'allais quitter la caravane, elle se saisit de mon bras, tandis que l'odeur d'alcool me piquait le nez. L'ivrogne me tira à l'intérieur, le visage déformé de haine, sourire aux lèvres, pendant qu'elle bavait, elle me cria :
« Tu sais ce que je fais aux voleurs de ton espèce ? Je leur coupe les doigts ! Tes doigts impurs qui ont osé toucher ce violon ! »
M'agrippant le poignet comme une serre, elle posa ma main droite sur la table. Les larmes vinrent contre mon gré, la peur déchirait mon ventre. Je la suppliais de toutes mes forces, lui hurlant que je ferais tout ce qu'elle voudrait, mais c'était déjà trop tard. Trop choqué pour ressentir la douleur, je fixai mon index et mon majeur reposé sur la table, Belle-De-Nuit riait et se servit un verre de cognac. Son regard lancé vers moi, elle cracha à ma figure. Ma main frémit et tout à coup, je poussai un hurlement qui déchira le silence de la nuit. Le sang coulant à flot comme un torrent, mes deux doigts reposant à côté des autres, je ne pus retenir un haut-le-coeur. Je fuis cette vision d'horreur, ma main ensanglantée dans mes haillons, je sortis de la loge en tombant plusieurs fois. Je ne pouvais pas calmer mes cris de souffrance, choqué et tremblant, je me laissai tombé contre la terre humide.
Je haletai sans pouvoir reprendre mon souffle, la sueur glissait sur ma peau, pendant que des ailes vinrent produire un petit son prés de mon oreille. L'Onyx se posa devant moi et croassa, il s'avança vers ma main blessé, puis pencha sa tête sur le côté.
« L'Onyx vole et part d'ici, tu es libre, toi... Va-t'en... »
Le corbeau croassa à nouveau, puis se rapprocha de moi. Il s'envola pour venir sur mon épaule, il mordilla mon oreille comme pour chasser ma terreur. Derrière moi, j'entendais la voix de Haarman hurler :
« Salope ! Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? » « Pardon mon amour, mais il voulait... » « Je m'en fous ! »
Je fermai les yeux, tandis que Belle-De-Nuit criait. L'Ogre battait sa femme d'une haine féroce, alors que les autres membres du cirque se rapprochaient.
« Maintenant, à quoi il va nous servir ? Sale chienne, j'aurais dû te laisser crever dans ta province pourrie ! »
Plus ou moins calmé, il s'approcha vers moi. Je tremblai de haine, l'Onyx passa son bec sur ma joue.
« Petit Diable, viens... n'ai pas peur. » « Ne m'approchez pas ! »
Ma voix résonna comme un écho remplit de dégoût, il se figea, mais fit un pas de plus.
« Ne m'approchez plus jamais ! »
Sur mon épaule, le corbeau poussa un énorme croassement qui lorsqu'il s'envola, ressembla à un rugissement dément. Je tournai ma tête vers « Les Guignols d'Ishtar » et des battements d'ailes brisèrent le silence. Une nuée d'un millier de corbeaux fonça sur « Les Guignols d'Ishtar » ; dans une tempête de plumes noires et carmin, les chants des corbeaux se mêlèrent aux cris de terreur, pendant que j'assistais au massacre de la troupe. La bouche ouverte, plus aucune expression sur le visage, mes pupilles fixaient les corps décharnés avec un plaisir malsain.
Je ne me souviens plus combien de temps je restai là, assis parmi les décombres, l'Onyx dans mes bras. L'odeur de la cendre mêlée à celle du sang me piquait le nez, j'étais comme mort et la douleur procurée par mes deux doigts coupés n'agissait plus sur mon cerveau. Je ne pensais plus, je ne savais plus si j'étais encore de ce monde. Si cet homme n'était pas venu me voir, je me serais transformé en statue pour l'éternité.
« Et bien, ils m'envoient ici pour chasser de l'hérétique, mais je tombe sur un môme. »
Je ne répondis pas, je me contentais de caresser le corbeau, pendant que sa voix grave et rauque me parvenait :
« Gamin, c'est toi qui a fait ça ? »
Je tournai la tête en sa direction pour lui envoyer un regard rempli de haine, il ne frémit pas et se contenta de sourire. C'était un grand homme, richement habillé à la chevelure châtain, attaché en queue de cheval, plusieurs mèches masquaient ses yeux gris. Les mains dans les poches, il continua tranquillement :
« Petit Diable, c'est ça ton nom ? »
L'Onyx poussa un croassement énervé et battit des ailes, je lui crachai :
« Ne m'appelez pas comme ça ! »
Le noble fit un pas en ma direction, par réflexe, mon corps se raidit.
« Ton numéro ridicule faisait pourtant rire, lança-t-il comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. Oui, je t'ai vu. »
Il jeta un coup d'oeil autour de lui, puis il soupira, embêté :
« Hum... c'est toi qui a ordonné aux corbeaux de s'attaquer à ce cirque ? » « Ils ont fait ça pour me défendre ! »
Nouveau soupir, il passa une main dans ses cheveux.
« Laissez un enfant tel que toi en vie serait dangereux pour Ishtar. »
Je frissonnai de peur, alors qu'il tira une épée et s'avança vers moi. L'Onyx s'échappa de mon étreinte, il croassa en volant autour de la tête du noble. Ce dernier s'intéressa à l'oiseau, puis rengainai son épée :
« Je suis le Baron Nicolaï Arnold Paole, et toi, quel est ton nom ? »
L'Onyx cessa de battre des ailes et revint sur mon épaule.
« J'en ai pas. » « C'est pas très pratique, hum... »
Le Baron s'accroupit à ma hauteur, il planta son regard dans le mien. Son visage n'exprimait rien, et ça me ficha une trouille monstre.
« Je ne vais pas continuer à t'appeler “Le Petit Diable”, ce n'est pas très beau. Et bien dans ce cas, tu seras Émile François Stanislas Paole ; ce sont les noms de mes compagnons tombés au combat, sois-en digne et porte-les avec honneur. »
Il se releva et la main tendu vers moi, il décida :
« Ta liberté m'appartient, Émile, le Corbeau Blanc aux yeux écarlates. Si tu veux te défaire de tes chaînes, fuis de la paume de ma main et montre-moi toute cette haine qui te dévore, ainsi je te cèderai mon titre de Baron. »
Depuis ce jour, plus personne ne m'appela « Le Petit Diable », j'étais devenu Émile François Stanislas Paole, fis adoptif du Baron. Cet homme me donna toute l'éducation que l'on donne à un héritier, il ordonna à un scientifique de me faire une prothèse pour remplacer mes doigts coupés. La rééducation ne fut pas sans douleur, et l'enseignement que me donnait le Baron non sans séverité. Cet homme étrange vivait dans l'ébauche et paraissait soutenir l'Église de toute son âme ; il vivait dans une salle où opium et femmes se dévouaient à ses désirs, il passait le plus clair de son temps dans les voluptés de fumées et dans les bras de femmes qu'il trouvait dans la rue. J'avais d'ailleurs appris de l'une d'elles qu'il était veuf, son épouse Lililane était morte dans des circonstances inconnues, comme bon nombre de ses amis. Selon les putains qu'il employait, le Baron noyait son chagrin dans la drogue et le coeur mort d'une sourde nostalgie, il passait des heures à raconter des histoires naissant dans son esprit damné. Cet homme me fascinait autant qu'il me dégoûtait ; à chaque fois qu'il me conviait, il était entourés de « ses femmes » et de « son Grand Amour », il me parlait alors, les pupilles dilatées et la main traînant dans des corsages. C'est lui qui décida de faire de moi un homme d'Église.
« Je ferais de toi un homme reconnu dans tout Ishtar. »
Me disait-il souvent, alors qu'il n'était qu'un ancien Inquisiteur, démis de ses fonctions pour je ne sais quelle raison.
Lors de mes quinze ans, le Baron m'invita à passer une journée parmi son petit paradis dépourvu de bon sens. Il me montra une jeune femme un peu plus âgée que moi, et il me parla passionnément de cette âme impure qui demandait du réconfort.
« Fais ce que tu veux d'elle, maintenant que je m'en suis servit jusqu'à l'aversion, je te la donne. Si passer après moi ne te dérange pas, évidemment. »
Je me souviens plus de ce que j'avais fait cette nuit-là, l'esprit embrouillé par l'opium. Je ne savais même plus si j'avais suivi les préceptes de l'Église, et je m'en moquais pas mal. Je ne désirais pas obéir à l'Église, mais pour me dévouer tout entier à l'Ombre, je suivais les ordres. En tout cas, lorsque je me réveillai, j'étais nu sous les draps d'un blanc parfait. Lui se tenait devant moi, un violon dans les mains. Je le reconnus immédiatement et voyant ma figure surprise, le Baron me l'offrit :
« C'est le seul objet qui ait été sauvé de tes corbeaux, garde-le et apprends à jouer de cet instrument, ma petite marionnette. »
Il me donna personnellement des cours, ses yeux éternellement posés sur l'Onyx qui ne me quittait jamais. Lorsque je jouais du violon le soir, j'entendais les ailes des corbeaux battre vers la fenêtre de ma chambre, attiré par ma musique. C'étaient mes seuls amis, mes frères que je chérissais de toute mon âme. Jamais le Baron ne me parla de cette particularité, il se contentait d'observer mon dévouement grandissant pour l'Ombre et pour ces oiseaux. À dix-huit ans, lorsque je fus déclaré apte à être Inquisiteur, le Baron me félicita et m'offrit une épée comme récompense. Un sourire fendant son visage noble et détruit par sa vie de débauche, il déclara avec une sorte de bienveillance :
« Et maintenant, Émile, toi qui est ma plus belle marionnette, montre-moi comment tu comptes couper tes fils. Es-tu capable de danser hors de la paume de ma main ? »
Il me fallut environ sept ans pour lui montrer ce que je valais, mais en entendant, je devins un Inquisiteur. Fils adopté d‘un Baron, on me reconnaissait par mes cheveux blancs et la nuée de corbeaux qui avec moi, pourchassaient les hérétiques que l'Église m'ordonnait de tuer. Si bien que l’on me donna ce surnom, « Le Corbeau Blanc », comme si c'était un titre qui me symbolisait. Je fis aussi connaître ma cruauté et mon amour pour la violence parmi mes collègues. Je ne me contentais pas de tuer mes proies, je les menais au désespoir pour les mutiler à petit feu. Bientôt, je fus craint de mes collègues qui entre eux, m'appelaient « Le Chien Fou de l'Église». Pourtant, j'étais certain que ce n'était qu'une bande de minable qui ne pouvait pas comprendre cette adrénaline, cette drogue qui m'excitait jusqu'à me foutre dans une transe. Pour le Baron, c'était l'opium et les femmes, pour moi, c'était le meurtre. Et puis un jour, je parvins à le vaincre.
Pour le remercier de toute cette bienveillance, je lui offris bientôt poisons et alcools venant de tout l'État. Conscient que sa cupidité et son amour de la débauche ne pourraient pas voir le piège ; en apparence, j'étais le petit orphelin qui désirait remercier son père adoptif de l'éducation qu'il lui avait donnée et d'un avenir brillant. À la nuit tombée, je lui apportai un vin ramené des provinces les plus éloignés, aussi bon que dangereux. Tout sourire, je le regardai boire la bouteille jusqu'à qu'il oubli l'opium et qu'il me confonde avec une femme. Complètement saoul, je l'aidais à marcher jusqu'à son bureau où il conservait les poisons que je lui avais offerts. Je déposai la bouteille de vin à côté d'une fiole d'absinthe et le quittai d'un pas lent, m'interdisant de me retourner vers lui. Je partis me coucher, comme si de rien n'était. C'était que vers trois heures du matin qu'on vint me réveiller, le médecin était là avec quelques confrères. On me raconta que le Baron, ivre, avait confondu son vin avec l'absinthe et s'était empoisonné. Agonisant, il avait ordonné qu'on me mène à lui. Et je le vis allongé dans son lit, ses pupilles rougis par la douleur, il désira rester seul avec moi pour vivre ses derniers instants avec « son fils adoré». Sa main dans la sienne, je le fixai avec indifférence.
« Prodigieux, Petit Diable. Je ne m'attendais pas à un tel génie. »
Pourtant, j'avais trouvé ça excessivement facile, je souris malgré moi. Il continua sur un long râle :
« Émile, tu as gagné ton titre de Baron. Toutefois, ne te crois pas libre : c'est moi qui aie fait de toi ce que tu es. »
Ses paroles m'arrachèrent un frisson de haine et de dégoût, il me montra sa paume. Sourire de mourant aux lèvres, il ajouta :
« Et tu danseras pour toujours au creux de ma main. Toi, la graine de la Discorde que j'ai semée. » « Crève... » « L'orgueil et la haine te vont à merveille ; adieu, Le Corbeau Blanc. »
Je quittai la pièce dés l'instant où il mourut, dégoûter au plus profond de moi-même : je l'avais vaincu, pourtant c'était à lui que revenait la victoire. J'avais agi exactement comme il l'avait souhaité, ça me mit dans une rage folle.
Et voici que nouvellement Baron, je laissai libre court à ma haine sur un terroriste fait prisonnier. Ma foi en l'Ombre comme arme, l'Onyx sur mon épaule, alors que la fenêtre ouverte laissait entrer les rayons de la lune, je torturais le malheureux avec un plaisir malsain. Un rictus déformant mon visage, tandis que l'expression figée dans l'horreur de mon jouet me donnait des frissons d'excitations. Ses cris me perçaient les tympans, et je poussai à chaque fois de longs râles qui me rendaient monstrueux. Mes traits inexpressifs déformés par cette jouissance perverse, mes yeux écarlates pleins de sadisme faisaient de moi un monstre qui n'avait plus conscience du monde qui l'entourait. Lorsque mon jouet claqua entre mes mains, le corps mutilé, son sang se répandant sur le sol crasseux de la prison, je haletais comme une bête. Je frissonnais, tentant tant bien que mal à calmer l'adrénaline, mais je ne pouvais pas sortir de cette délicieuse transe comme ça. Tuer... j'avais envie de tuer, encore et encore, répandre le sang ! Répandre la terreur !
« Haha ! »
Je me laissai tomber sur ma chaise, la respiration ne me revenait pas. Torse nu, je sentais le froid mordre ma peau, la chaîne collée contre moi, j'étais en sueur. Mes doigts coururent sur le bois pourri de la table, c'est alors que j'émis un son inhumain. Un son strident, semblable à un violon désaccordé. Et aussitôt, une volée de corbeaux pénétra dans la prison pour se jeter sur le cadavre. Je riais, alors que les plumes noires tombaient comme une pluie, l'Onyx croassa et alla rejoindre nos frères.
« Impossible, mon Sang... L'excitation ne tombe pas. »
Alors, je pris mon violon, je l'amenai toujours dans mes séances de torture personnalisées. Je me levai et étreignant l'archet, je le fis glisser sur les cordes. Le son qu'il produit n'exprima pas la moindre harmonie, mais une laideur incomparable. Ma musique laissa ma folie se libérer, pendant que les corbeaux croassaient, entamant un chant aussi dément que le son de mon violon dans le silence de la nuit. Ô Ténèbres, comme je vous aime ! [/size]
Mais vous êtes qui, en fait ? ._. | Comment avez-vous découvert le Forum ? - J'ai fait un drôle de rêve, une prédiction pour être plus exacte : j'ai rêvé que le monde était gouverné par une poule gigantesque, capable de chanter du Tokio Hotel ; j'ai compris alors ce que je devais faire, et quel était mon destin : fuir cette horreur, nan mais oh ! Avez-vous des conseils ou des remarques le concernant ? - Bah... je pourrais penser que peut-être il serait judicieux de confirmer et d'expliquer par un long discours de plus de six heure que je n'ai rien à dire, tout est parfait. Votre Disponibilité (en moyenne) : - Est-ce que vous avez déjà vu, moi, dans un autre endroit que ce forum ?
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Dernière édition par Émile Paole le Ven 20 Jan - 0:12, édité 3 fois |
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