L'Empire Ishtar
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 Désespoir agréable [Diane n_n]

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Marquis de Hartwick
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Marquis de Hartwick

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MessageSujet: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyMar 8 Mai - 16:15

Comme chaque soir, le Palais des Arts bourdonnait. Le parfum des femmes embaumait l’air qui s’échauffait, la foule se dispersait en groupes pour rejoindre les loges plus ou moins aisément ; on marchait quelquefois par inadvertance – ou exprès si l’on s’appelait Francis – sur les traines de robes improbables, trébuchait sur des cannes d’agrément mal tenues. Les propos frivoles formaient un essaim de mouches au-dessus des têtes – « Gros tas de merde. » croyait-on entendre d’une certaine bouche dont on se demandait décidément ce qu’elle fichait là – et les sourires comme les faux-semblants se multipliaient très naturellement.

Cecil, lui, se trouvait déjà parmi d’autres membres et amis de sa famille dans la loge des Hartwick, prêt à se rouler allègrement dans la boue chamarrée des mondanités. Pour le moment accoudé au garde-corps, élégamment vêtu d’un habit bleu et d’un pantalon noir brodés de fil d’argent, il participait distraitement à la conversation derrière lui tout en observant le beau monde à travers la lorgnette qu’il appuyait contre les entrelacs métalliques de son masque. Tandis que les portes vomissaient des hommes plus modestes sur le parterre, les étages se remplissaient d’épaules nues, de coiffes recherchées et de mains refermées autour d’éventails ouverts. Bientôt, la plupart des visages afficheraient de très aimables « Qu’est-ce qu’on s’fait chier. »

La grande mascarade sociale l’amusait beaucoup. Oh ! Sans mépris. Il trouvait formidable que l’on s’infligeât un opéra obscur de si bon cœur juste pour le plaisir et la nécessité de se faire voir. C’était subir un semblant d’ennui pour mieux jouir, et la Capitale ne permettait pas que l’on se comportât autrement – elle ne le permettrait sans doute jamais. Certes l’illusion aristocratique relevait de la bêtise profonde, mais cette bêtise-là avait du bon : elle était viable et méritait en cela que l’on y demeurât confortablement, car au-delà, il n’y avait plus d’autre choix sur le long terme que de s’allonger par terre et se laisser mourir. Il ne blâmerait pas ses pairs d’être nés ou devenus fortunés et de vouloir le rester, il ne les blâmerait pas en somme de n’être que des hommes – en fait c’était déjà bien assez. Avec une malice évidente, Cecil gardait auprès de lui des cyniques qui se chargeaient d’assumer ce discours-là. C’était distrayant.

Francis arriva enfin, impassible quoique excédé par la masse et la chaleur de l’endroit. Il salua la petite assemblée et rejoignit son ami qui l’accueillit avec un compliment souriant au sujet de sa tenue, ce à quoi il répondit qu’hélas les broderies rendaient le tissu trop rêche et l’empêcheraient de s’en servir plus tard comme d’un torche-cul. C’était sa façon habituelle de punir les considérations vestimentaires. Cecil, par plaisanterie, ne manquait aucune occasion ; égal à lui-même, il ne lui reprocha pas sa vulgarité et l’empêcha seulement de dénouer son jabot, lui conseillant de s’éventer comme ces dames pour ne plus avoir chaud.

Mais on donnait le signal. Les premières notes coururent dans l’orchestre, et Cecil, une fois assis, se servit de la lorgnette pour examiner la physionomie de la cantatrice principale qui assurément, à force de tirer dessus, lui donnerait bientôt envie de dire : « Ne vous faites pas tant de mal, ma pauvre enfant ! » Soit qu’il ne prît pas son cœur au sérieux, soit qu’il n’en eût tout simplement pas, les compositions tragiques ne l’avaient jamais vraiment captivé. Il aimait mieux rire, car le rire représentait pour lui la quintessence du bien-être ; de fait, les opéras bouffons l’enchantaient immanquablement. Toutefois son goût personnel ne devait pas contrarier celui des autres ; pas trop. Ses réceptions l’engageaient à endosser occasionnellement le rôle de mécène, à favoriser pour un temps souvent court scientifiques et artistes talentueux, indépendamment de ses préférences initiales. Seul son jugement d’esthète et de… diplomate entrait en compte : il s’agissait d’épargner aux invités les compromis inacceptables.

Evidemment, le silence qu’avait imposé l’ouverture ne dura pas. Les têtes s’inclinèrent de nouveau et les conversations reprirent doucement, sans égard pour le chant qui s’élevait au-dessus d’elles. La cantatrice déployait lentement le bel arc de ses bras, ses lèvres frémissaient et cédaient aux remous d’une émotion artificielle. Encore un talent, encore un soir sacrifiés à la vanité et à l’illusion. Francis se taisait, Cecil souriait. Il demeura cependant particulièrement attentif à l’entrée des différents personnages et voulut bien se tenir tranquille jusqu’à la fin du premier acte.


La préparation de la nouvelle scène permit un bruyant voyage entre les loges. Après avoir lorgné les figures – nouvelles pour certaines – qui composaient la salle, Cecil s’éclipsa sans un mot. Il arpenta le couloir d’un pas vif, arrêté quelquefois par l’exigence mondaine qui ne se contentait pas toujours de politesses distraites jetées çà et là ; puis rejoignit un groupe dont la tête, un baron quadragénaire qui s’entretenait avec une belle femme dont il n’avait pas connaissance, l’annonça sitôt qu’il l’aperçut :

Ah ! Voici notre fêtard attitré ! Marquis, laissez-moi vous présenter la Vicomtesse de Blackhill, qui nous arrive tout juste de Frickwitch. Peut-être n’était-il là que pour elle. Sans se présenter davantage – généralement on entendait assez vite parler du charmant connard qui exhortait effrontément ses pairs à toujours garder une main dans le foutre – il lui sourit poliment et la considéra de ses yeux rieurs qui suggéraient tout mais ne disaient rien. Je me suis empressé de l’avertir qu’ici, nous n’y voyions pas nécessairement plus clair que là-bas, ajouta le baron pour faire un bon mot ; enfin il prit congé en assurant la jeune femme de son respect, la laissant, disait-il, entre de bonnes mains.

En fait de société, tout devient très clair après que l’on est venu chez moi, précisa joyeusement Cecil à l’attention de la Vicomtesse – en guise d’invitation informelle sans doute. Mais que nous vaut le plaisir et l’honneur de vous avoir à la Capitale, Madame ?
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Diane De Blackhill
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MessageSujet: Re: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyJeu 31 Mai - 7:58

Marquis Diane

Diane était invitée à une soirée dans le Palais des Arts et elle avait bien évidemment. Elle aurait été bien idiote de refuser une telle opportunité de faire des rencontres fortes intéressantes et surtout de se faire connaître. Elle ne pouvait pas rester éternellement dans l'ombre et l'anonymat, il fallait se faire voir un peu partout et il n'ya rien de mieux qu'un lieu de divertissement comme le palais des Arts qui organise un opéra pour débuter dans cet hideux monde.

Que devrait-elle mettre ? Elle était toujours si indécise pour le choix d'une tenue ... Devait-elle opter pour la sobriété ou au contraire ne pas lésiner sur le côté voyant d'une robe, avec de couleurs qui captent l'œil et qui sait, une robe qui laisse bien voir les formes ? Elle allait à un Opéra, pas à un Bal ou Gala .... Hum, pourquoi pas cette robe grise, blanche au buste, et noir taffetas pour le bas avec des manches pour les bras - elle a toujours des manches en raison de sa cicatrice plus que voyante au niveau de son bras suite à une attaque d'un loup-?

Elle optera pour cette robe et se prépara, avec l'aide de ses domestiques ou encore esclaves. Mine de rien, mettre tel corset et le serrer comme il faut du dos n'était pas évident du tout. C'était une préparation à la fois longue et douloureuse. Oui, il fallait par moment savoir vivre en apnée.

Elle mit enfin son manteau et quitta sa demeure où elle venait de déménager fraichement. Heureusement pour elle, le placement des meubles et l'organisation des tâches domestiques avait été fait avec efficacité et rapidité. Elle pouvait dormir en paix, se lever tranquillement, prendre son petit déjeuner royalement et faire ses promenades dans son jardin ou dans la forêt librement et avec ses affaires nécessaires. Rien n'avait été perdu ou volé, tout était là et à sa place.

Par contre, quoi qu'elle fasse, quelque chose la rend malade dans la Capitale : l'air. Elle était lourde, polluée et saturée par trop d'odeurs des activités humaines. Quand on passait entre les rues, les senteurs des restaurants de luxe se mêlaient à celles des restaurants de bas étage , les vivants et leur parfum rencontraient les morts et leur processus de putréfaction ... Bref, c'était un air malsain qui la rendait nostalgique de sa province.

Une fois devant ce lieu culturel, un homme l'accueillit immédiatement en disant qu'il avait été ravi qu'elle accepte son invitation. Diane y répondit courtoisement et se laissa guider parmi les couloirs, acquiesçant aux commentaires et y ajoutant de temps à autres ses propres idées. Pour le moment, elle préférait d'avantage se taire, observer et apprendre.

Comme elle s'y était attendue, tout le monde parlait fort et peu été réellement intéressé par la chanteuse de ce soir. Ce désintérêt se manifesta d'avantage quand cette dernière commença à chanter. On l'ignorait pas mal, préférant les derniers potins de la Capitale. Diane ne les critiquait pas ouvertement, préférant encore une fois adopter une attitude un peu réservé.

A la fin de l'acte, on la conduisit ailleurs et à nouveau des bavardages, des badinages entre différentes personnes. Soudainement, son hôte s'exclama à l'attention de quelqu'un et se permit même un jeu de mot à la fois sur l'aspect trouble et "secret" de la noblesse d'Ishtar et le brouillard épais de Frickwitch.

On la laisse seule avec ce Marquis fêtard apparemment. Celui-ci enchaina en prétendant qu'une soirée chez lui permet de voir plus que clair sur ce qui se passe ici. Eh bien, cela promettait des étincelles et de mauvaises surprises au lendemain...

- Vraiment Marquis ? En effet, j'ai à aiguiser d'avantage ma vision ici
, dit-elle e gardant un sourire charmant, Eh bien , devinez la raison pour laquelle une Vicomtesse s'éloignerait de ses terres pour venir à la Capitale.

Elle n'aimait pas répondre tout de suite aux questions et laisser l'autre tergiverser pouvait être une très bonne surprise et de bons fous rires d'une certaine façon.

- Si vous devinez rapidement, très rapidement comme au bout de deux essais, je vous laisse le choix d'une récompense si vous le désirez.


Un petit rire s'échappa de sa petite bouche rosée. La récompense, elle était sincère. Accepter quelque chose sans un défi pour appâter, c'était triste pour elle.



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Marquis de Hartwick
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MessageSujet: Re: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyDim 3 Juin - 13:12

Votre goût du risque vous honore, Madame, répondit-il agréablement surpris, mais me laisser le choix de la récompense vous expose à ma bizarrerie… Il eut un sourire jovial. Heureusement je crois que l’on ne s’en est encore jamais trouvé mal.

Cecil signifiait par là qu’il saurait à son tour se montrer bon joueur. Il n’aurait pas le mauvais goût d’inviter la jeune femme à lui montrer son adorable poitrine s’il sortait vainqueur de ce petit défi – entre autres dégueulasseries potentielles dont il eut l’idée instinctivement et sans honte. D’aucuns lui auraient probablement souri l’air de dire : « Ouais, p’tite bite, quoi. », lui cependant veillait déterminément à ce que sa nature de porc-adorant-fourrer-son-groin-à-l’intérieur-de-jolies-cuisses ne surgît jamais sans qu’il ne le voulût dans sa façon d’observer la plus parfaite civilité. Simple exigence d’esthète ; de fait, l’heure n’était pas toujours aux obscénités.

Ainsi, galamment, il offrit sa main à Madame pour qu’elle y prît appui et la mena plus à l’écart, afin que leur conversation ne souffrît aucune indiscrétion. L’intimité déliait mieux les langues ; ailleurs l’on échangeait encore des banalités qui n’auraient pas permis à la Vicomtesse de briller, ni au Marquis de satisfaire sa curiosité.

Il ne s’agit donc pas d’un simple voyage, déclara-t-il pour engager la réflexion.

Lui-même, il y songea, ne pouvait plus envisager de quitter son domaine comme ses jeunes années le lui avaient permis. L'approvisionnement de la Capitale dépendait en assez grande partie de ses terres, aussi était-il peu disposé à les administrer de seconde main ; il se trouvait également à la tête de la vie mondaine et mettait son point d’honneur à recevoir plusieurs fois par semaine en-dehors des soirées plus éclatantes encore qui fondaient la gloire des Hartwick depuis de nombreuses générations… Délicieux enchaînement, s'il en est.

Vous pourriez être ici pour affaires, mais quel rustre aurait imposé le déplacement à une femme de votre qualité ? poursuivit-il rêveusement. Si ce n’est une autre femme. Il rit doucement. Cela me parait peu probable. Puis vous disiez avoir besoin d’observer le monde… Vous n’êtes donc pas de passage pour une célébration quelconque et avez le projet de demeurer parmi nous un moment, ce dont je me réjouis. Il joignit les mains derrière le dos et eut une moue pensive, le regard perdu dans le vague. Peut-être… Peut-être êtes-vous dans une situation délicate et cherchez-vous quelque allié pour en sortir… ? Mais je serais indiscret, et vous le cacheriez bien. Elle était riante en effet, néanmoins la fraîcheur de son visage pouvait tout aussi bien servir de masque à un sentiment plus grave de femme responsable. Je retiens cette proposition-là, quoiqu’elle soit fort triste, et vous me ferez, je l’espère, le plaisir de la contredire…

Le Marquis se mit à la considérer très attentivement pour puiser d’autres idées dans les lignes de sa physionomie. Il souriait, comme n’ayant plus l’intention de gagner, mais de se divertir dans la mare des suppositions.

Il se pourrait en fait que vous soyez simplement l’invitée d’honneur d’un noble de la Capitale, et que vous trompiez l’ennui en rassemblant par la contemplation de quoi faire notre blâme ou notre éloge à tous. Ce serait follement amusant ! A tel point qu’il s’agit, je crois, de ma deuxième proposition. Homme frivole. Car enfin je refuse de vous imaginer à la poursuite d’un amour perdu qui se serait caché à Ishtar et persisterait à se dérober à vos yeux. Rien ne me semblerait plus improbable que de vous fuir.

Cecil feignit un petit soupir d’émotion. Il aurait voulu, à cet instant, que Francis lui murmurât un commentaire désobligeant à l’oreille. Quelque chose comme : « Gros lourd. Et gros con. Sais-tu seulement quelle mégère elle peut cacher ? » Il ne se tut pas longtemps, toutefois. Lui restait une carte, sa véritable proposition, qui le déclarait perdant selon les règles de la Vicomtesse et qu’il avait à dessein gardée en troisième position – sans quoi il aurait manqué de grâce, même s’il lui avait fallu pour cela renoncer à la couleur plus flatteuse de l’évidence. Du fait de sa place en société, le Marquis ne pouvait ignorer ce qui poussait de nombreuses jeunes femmes à rejoindre la Capitale. Il aurait été impoli de ne pas l’évoquer face à celle qui lui tenait compagnie : quoiqu’il en pensât en réalité, la courtoisie lui imposait de voir en elle une possible prétendante au rang d’impératrice.

Plus sérieusement, acheva-t-il en souriant, je suis au fait qu'il est dans l’intérêt des jeunes filles de bonne famille de se montrer à la Capitale en vue de célébrer le plus heureux des mariages…
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Diane De Blackhill
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MessageSujet: Re: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyMar 26 Juin - 19:56

Le risque était le piment de la vie pour Diane. L'adrénaline provoqué par un défi ou un risque lui permettait de se sentir vivant, de sentir quelque chose pétiller en elle et lui procurer une énergie nouvelle. En effet, si elle restait toujours cordiale, adorable, conventionnelle, avec une existence bien plate, sans frôler un petit danger, elle en mourrait d'ennuie, se laisserait aller. Elle ne serait pas cette Diane actuelle ! D'ailleurs, c'est souvent ce goût du risque qui lui a permit d'atteindre des sphères assez hautes, comme l'obtention de sa terre à Frickwitch. Sans son acte de bravoure, elle en serait encore à rester la nièce sans terre du gouverneur.

Quant aux bizarreries des hommes, soit leur soif de chair par moment, elle ne craignait pas pour le moment. Un homme, un tantinet civilisé, savait se retenir et ne pas passer pour un porc en manque total.

- Un homme raffiné et subtil sait se retenir et avoir ce qu'il désire au moment opportun non ?

Il l'invita à s'écarter du groupe et ainsi parler librement. Elle posa sa main et le suivit avec le sourire. Et il commença sa réflexion.

En effet, ce n'était pas un simple voyage. Actuellement, elle avait même une demeure assez belle, à l'extrémité de la ville, près de la forêt et elle comptait y rester durablement. Et le rustre qui aurait imposé, indirectement, son déplacement était l'Empereur lui même ou plutôt l'annonce comme quoi une place d'Impératrice était à pourvoir.

Sa première hypothèse arriva, prétendant qu'elle serait peut-être dans une mauvaise situation, à la rechercher d'alliés pour la fuir. En voilà une idée romanesque et tragique. Certes, aussi beau et aventureux soit cette histoire de fuite, elle ne voudrait pas le subir. Elle voulait encore garder dignité, sécurité et existence plus ou moins simple, agrémenté de quelques petits piments.

Sa seconde proposition serait qu'elle soit une invitée d'honneur et qu'elle serait là pour s'amuser des nobles. Certes, les nobles étaient un bon sujet d'amusement mais elle ne se déplacerait pas juste pour "voir" des nobles. Il y en avait à Frickwitch, c'était bien suffisant pour elle. Enfin, il réussit à la faire rire de bon cœur avec cette histoire d'amour perdue.

- Oh ... que savez-vous de moi pour affirmer une telle chose ? Qui sait ... peut-être suis-je une redoutable prédatrice, une folle en amour, une mégère à l'apparence bien douce. Les apparences peuvent être trompeuses après tout.

Décidément, cette personne-là l'amusait.

Enfin, troisième et dernière proposition : un heureux mariage.
C'était certain qu'il allait le deviner, après tout pas mal de jeunes filles et de jeunes femmes s'empressaient de rejoindre la capitale pour briller dans la Cour et se marier à l'Empereur lui-même.

- J'aurais dû corser l'affaire et vous limiter qu'à une seule et unique proposition. Pensez-vous avoir gagné si je vous dis qu'en effet, peut-être qu'un prétendu mariage a motivé mon arrivé à la Capitale? Alors Marquis, si vous pensez avoir gagné, quelle serait votre demande ?


Elle était curieuse de savoir ce qu'il allait vouloir en tant que récompense. Elle espérait que son choix allait être à hauteur de l'imagination qu'il avait déployé tout à l'heure.
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Marquis de Hartwick
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MessageSujet: Re: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyDim 2 Sep - 22:59

Elle rit, et derrière le masque, les yeux du Marquis s’étrécirent de plaisir. C’était, semblait-il, une récompense suffisante pour lui, toutefois il aurait été niais de l’admettre et pire ! de s’en contenter. La perspicacité à la fois naïve et osée de la Vicomtesse ainsi que sa dérision l’amusaient, aussi l’intérêt qu’il lui témoignait dépassait déjà la curiosité de circonstance à moitié sincère qu’appelait l’usage mondain. Qu’elle ne fût point une prude – sans surprise, en dépit du raffinement sobre de sa mise – ne l’enflammait guère puisqu’il était accoutumé aux modes décadentes et savait assez combien l’on gagnait à se débarrasser du lourd bagage que représentait la chasteté ; en revanche, il existait mille façons d’embrasser la dépravation : Cecil ignorait encore et souhaitait connaître celle qu’avait choisie la jeune femme pour se mouvoir au mieux dans la mare aux porcs. Il saurait ainsi quels plaisirs lui offrir, et dans quelle mesure, afin qu’elle ne franchît jamais le seuil de l’écœurement en sa compagnie. Il eut finalement un rire discret :

Je ne pense pas avoir gagné, dit-il l’air badin, mais comme vous semblez disposée à me déclarer gagnant au rebours des règles fixées, Madame, je ne puis que vous soupçonner de m’avoir à dessein facilité la tâche depuis le début de notre petit jeu. Aimeriez-vous faire des heureux ? Ou apprécieriez-vous de perdre symboliquement afin de pouvoir vous rendre – afin d’avoir le plaisir de vous rendre ? A cet instant, ses yeux souriants, son visage s’étaient parés d’un mélange improbable de provocation, d’impudeur et d’innocence ; sans malveillance, il lui retournait simplement son audace, confiant et conscient d’avoir à son côté un esprit bon joueur. Car elle-même, en refusant d’interrompre le jeu si prématurément – quelle piètre allure aurait-il eu sinon, n’avait fait que lui rendre sa délicatesse, n’est-ce pas ? Le deuxième acte sonna, et sa bouche se fendit d’un large sourire. Quelle serait ma demande ? reprit-il avec enthousiasme alors que l’on s’agitait à peine dans les loges. Je suppose que c’est là le véritable jeu. Non, il n’était pas encore gagnant. A la façon dont la Vicomtesse s’enquérait d’une hypothétique récompense, il comprenait qu’elle attendait d’être charmée par ses propositions ; l’inverse l’aurait assurément déçu. Il émit un son de réflexion puis caressa lentement les lignes de son masque.

Si j’étais un nigaud, je demanderais à réentendre votre rire sur chaque note de la gamme d’ut ; si j’étais un intellectuel – un ennuyeux en somme, je demanderais à ce que vous m’écriviez, avec ce qu’il faut d’humour, d’ironie et de critique, quelque chose comme le compte-rendu de cette soirée ; si j’étais un galant, je vous demanderais de me raconter votre histoire tandis que nous nous promènerions sur mon domaine à dos de cheval ; mais comme je suis moi, je ne vous demanderai que d’assister, vêtue en excentrique, à la réception que je donnerai prochainement, et de m’y accorder votre première danse. Naturellement, je n’aurai pas la goujaterie de vous forcer à rester jusqu’au bout. Il sourit, plaisantin, l’estimant prévenue et laissant à sa discrétion le soin d’apprendre par un tiers la couleur des réjouissances. Eh bien, Madame ? s’enquit-il en inclinant légèrement la tête. Suis-je gagnant ?

Parce qu’elle s’était montrée évasive à ce sujet – par prudence, peut-être ? – le Marquis n’avait plus mentionné son statut de prétendante. Il ne tarderait sans doute pas à connaître les soutiens dont elle disposait à la Capitale, la stratégie qu’elle comptait adopter face à ses rivales. Probablement s’amuserait-il de les voir, toutes, tenter de se jeter les unes les autres dans la compromission ou, plus noble mais moins divertissant, s’efforcer tout simplement d’y échapper. Quant à lui ? Il se plaisait à dire qu’il n’était qu’un homme à la mode et que l’on gagnait éventuellement à se trouver dans son rayonnement, mais pas davantage : il restait malgré tout peu sûr, d’une rare inconstance, et à défaut de le savoir, l’on finissait bien assez tôt par l’apprendre.
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Diane De Blackhill
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MessageSujet: Re: Désespoir agréable [Diane n_n]   Désespoir agréable [Diane n_n] EmptyVen 9 Nov - 23:08

Les tournures de phrases du jeune homme prouvaient à quel point la cour impériale était sournoise. Chaque mot avait son poids et son sens. Autant dire qu'il ne valait jamais se rendre à une quelconque manifestation de la noblesse sans être bien réveillée pour analyser chaque mot et comprendre les subtilités de chaque parole. C'était un exercice mental. Il y avait aussi tout un exercice physique, en effet entre les gestes ou tics à maitriser pour ne pas se trahir complètement ou encore les nombreuses danses ou attitudes à adopter ... le corps fatiguait bien plus vite.

Allait-elle rapidement s'habituer à ce rythme ?

Enfin, pour le moment, elle devait se concentrer sur le "jeu" présent. Ce grand homme jouait sur les mots avec un certain génie propre aux nobles et elle ne devait pas perdre le fil de l'histoire.

Il n'était pas un nigaud vu qu'il ne désirait pas entendre chaque son de mon rire.
Il n'était pas un intellectuel vu qu'il ne désirait pas une correspondance régulière. De toute façon, elle n'aurait pas pu passer des soirées entières à rédiger des moqueries ou des lettres pleines d'ironie, elle préférait s'amuser insouciamment ou sortir dehors.
Il n'était pas un galant vu qu'il ne désirait pas de promenades ennuyeuses sur dos de cheval. Encore une fois, elle aurait refusé. Elle avait son propre cheval, sa propre manière de monter ... Hors de question qu'un homme prenne les rênes !

Par contre c'était un fêtard. Il l'invitait dans à une soirée où elle devait lui consacrer sa première danse avec une tenue bien plus festive que celle de ce soir. Eh bien, elle n'allait pas refuser en raison des on-dits ou autre car précisément, elle était à la Capitale pour être une prétendante. Ce n'était pas en s'enfermant qu'elle réussira à se faire des alliés ... elle finira juste seule dans son coin, oubliée de tous. Or, elle devait se faire assez voir mais pas trop non plus. Elle ne désirait pas avoir une réputation de femme volage ou de femme austère et autre ...

Il fallait qu'elle trouve le juste milieu et pour ceci, elle devait déjà découvrir l'ambiance de la cour et sa température. Et puis, elle aimait bien sortir de chez elle le temps d'une soirée et c'était une raison bien suffisante pour accepter sans rechigner.

Cependant, elle fit semblant de réfléchir longuement.

- Je ne sais pas si vous êtes gagnants ou pas. Hum ... mais je vais vous considérer comme un gagnant car votre récompense est bien intéressante.


A Frickwitch, on connaissait Diane comme l'une des femmes qui ne refusait jamais une invitation pour une fête, pour des jeux, pour des ballades ... là où il fallait rire et s'amuser, la demoiselle était bien présente. Ce petit goût pour les festivités avaient déplut de temps à autre aux gouverneurs et plus d'une fois elle fut prévenue. Si par le passé, elle commettait quelques fâcheuses erreurs, maintenant elle était assez prévenue pour qu'on ne lui fasse pas d'avantage la morale.

- Oh la pièce reprend on dirait. Devrions-nous y retourner ou désirez-vous vous promener en ma compagnie encore ?

Il n'était pas rare d'être invitée et il était encore moins rare que la personne invitée disparaisse. En effet, on arrivait ensemble mais le départ pouvait se faire avec des personnes totalement différentes.

- En fait, il vaudrait mieux y retourner. Peut-être pourriez-vous m'aider à mettre quelques noms sur quelques visages ?

Le Palais des Arts n'étaient pas juste un lieu pour écouter de la bonne musique ou assister à un théâtre ... Ce lieu avait un rôle social. Ici, on pouvait regarder les voisins et les voisines des différents balcons, deviner ce qu'ils faisaient etc. Cela pouvait être marrant quand on était accompagné par les bonnes personnes aux langues bien tournées. Et le Marquis semblait exceller dans l'art du langage.
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