Il était à moi d'abord ! (Les Jumelles)

La nuit est la forme la plus proche, la plus pure de l’Ombre. Là est ma pensée alors que je divague dans les rues désertes de la capitale.
Bien du temps s’est écoulé depuis que l’astre solaire s’est vu disparaître à l’horizon, dans son éclat orangé. L’heure de faire mon travail a sonné...et je me dois de suivre mon devoir.
Il y a de cela un certain temps désormais, j’ai accepté de rechercher un homme de pensée, un mage de terre hérétique s’en prenant probablement aux enfants. La seule aide que j’ai, c’est des sourcils entre le blond et le roux...Peu avenant pour rechercher un hérétique.

Mais voilà, aujourd’hui j’ai une piste. Les rumeurs des bas-fonds sont nombreuses, et les habitants parlent beaucoup une fois leur degré d’alcool atteint. Il m’a fallu prendre sur moi, supporter de même finir entre les bras de ces...de ces...de ces femmes, je suppose. Non, je ne dois pas penser à cet évènement !
C’est une honte pour un homme tel que moi d’avoir ainsi céder...enfin...d’avoir été forcé à aller à l’encontre de mon serment d’aimer et de ne servir que l’Ombre Absolu, Gardienne de l’Equilibre le plus Pur qui soit. J’ai encore des frissons à ce souvenir, alors que je rajuste mon haut de forme.

Inspirant profondément, je me souviens avoir entendu quelqu’un parler d’arrivages suspects aux docks, soit, au Port. Il était dit que l’homme gérant cela avait un pouvoir étrange...et était blond vénitien. Un blond entre la couleur blé et celle de la rouille. Peut-être mon homme donc.
Il m’a fallu chercher d’avantage. Creuser plus profondément quitte à perdre en discrétion...mais finalement, j’ai obtenu la date de cette action.
Je viens de traverser le Marché, telle une Ombre dans la nuit. Vêtu de noir, mes cheveux sont noués sous mon haut de forme. Mon pas se fait de plus en plus silencieux, alors que je pénètre le port.

Là, le ciel gronde. Le temps est proche de l’orage et de la pluie...et le vent du Port souffle encore plus fort. Il en vient à emporter mon chapeau, me faisant mordre l’intérieur de ma lèvre inférieur. Je déteste perdre un chapeau...j’aime porter des haut de forme.
Ajustant ma redingote, je repris mon chemin en toute discrétion. Mon catogan subissait les assauts du vent, mais je pus voir des éclairages au loin. L’entrepôt concernait : aucun doute.
M’y dirigeant...je grimpais sur le toit afin d’observer. Là, je vis un homme correspondant à ma description...ma proie. Est-il celui que je cherche, et qui s’en est pris à Sir Hazel ? Je ne dois douter...alors je débute dans un murmure :

« Tout le monde ne mérite le pardon... »

Ses hommes se sont dispersés, la cargaison a quitté les cales sèches. Il est là, prés d’une bougie, à finir d’user de sa magie pour ranger. Il a la flamme de la révolte dans son regard...mais alors qu’il est enfin, alors que je laisse mes muscles se détendre et rouler sous ma peau pour rejoindre le sol du toit...pour planter ma lame, qui a quitté le fourreau de ma canne, dans sa gorge...une ombre se fait.

Moi, au sol, je me retrouve surpris par la mort de celui que je comptais interroger. Quittant le couvert des ombres, je cherchais du regard qui avait osé –par l’Ombre– me prendre ma proie. Qui donc est aussi fourbe ?!