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| Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Dim 13 Mai - 18:32 | |
| Sur la grande avenue qu’il remontait sous l’ombre de son haut-de-forme, le jour déclinait lentement. Tous ne se pressaient pas pour regagner leur demeure ou le fiacre qui devait les y conduire, on flânait encore, s’attardait dans les boutiques et sur les places autour des spectacles en plein air ; c’est que l’animation et l’éclairage rendaient l’endroit presque sûr. Cecil en tout cas donnait l’insupportable apparence de ne se soucier de rien : suivi par deux de ses gens, sans masque et canne sur l’épaule qu’il battait doucement en cadence, Monsieur sifflait.
La journée pourtant n’avait pas été à la mesure de ses espérances. Il s’était mis en quête de nouveaux talents, guidé par son exigence et quelquefois par sa fantaisie, or celles-ci l’avaient apparemment rendu aveugle aux promesses discrètes de la rue. Dès lors que le potentiel ne relevait pas de l’évidence, le soupçonner représentait un effort supplémentaire à accomplir, un premier pas à oser pour aboutir à son dévoilement hypothétique et à sa sublimation. Cecil s’était peu trompé au cours de ces dernières années, du reste il n’en avait jamais rougi. Le risque avait certes tout d’un jeu pour lui, mais son souci d’approcher la perfection voulait surtout qu’il eût toujours une autre carte à jouer dans la manche : ses parents l’avaient éduqué pour deviner les insuffisances de ses protégés, pour être en mesure de les remplacer par d’autres le cas échéant. L’organisation d’un grand bal, par conséquent, demandait du temps, et tandis que l’attente devait en augmenter l’attrait, le soin infini que Cecil y apportait devait chaque fois en confirmer le prestige.
Enfin la chance l’auréolait et le rendait presque insolent. Quelque chose probablement ne tournait pas rond dans l’esprit de cet homme-là pour qu’il pût se rire ainsi des perspectives catastrophiques ; pour qu’il pût sourire si aimablement, pour qu’il pût si bien vivre avec la conscience vive – vraiment ? – qu’à chaque instant, qu’à chaque souffle, une violence se commettait dans l’envers de la Capitale et le menaçait lui-même ; il avait en réponse l’audace de jeter un joli voile de gaze sur tout cela. A chacun son rôle, n’est-ce pas. Le sien se poursuivrait sur la place entourée de commerces qu’il venait d’atteindre. Là, les attractions mirent provisoirement un terme à ses rêveries de promeneur.
Mais quoiqu’il y eût du feu, il n’y eut pas d’illumination. Cecil dépassa le petit groupe qui l’entourait sans vraiment faire attention à lui, impatient de rejoindre son cocher au point de rendez-vous qu’il avait fixé à quelques rues de là. En bon excentrique, marcher n’avait jamais outragé son amour-propre : la quête des plaisirs justifiait bien ce prétendu sacrifice, puis se comporter comme un infirme aurait desservi la tonicité de ses jambes – outre qu’avoir le cul flasque était un droit dont il ne voulait pas jouir pour le moment. Il s’arrêta un instant tout de même devant la vitrine d’un boutonnier, dont la décoration comprenait plusieurs miroirs où se reflétaient les feux aériens du cracheur de feu qu’il avait laissé derrière lui. La circonstance le fit sourire, mais ne l’empêcha pas de s’absorber dans la contemplation des boutons, canne rabattue devant lui et mains sur le pommeau. C’était sans compter l’un de ses gens qui l’en sortit aussitôt en tapant du poing sur la porte de la boutique, ordonnant à l’intérieur de déployer la bâche de protection parce qu’il… Cecil se retourna. Parce qu’il s’était soudainement mis à pleuvoir.
La chaude journée se retirait dans une averse. Au-dessus de lui, le mécanisme grinça ; mais déjà protégé par le renfoncement en pierre qui encadrait la boutique, l’abominable chanceux put observer à loisir la débandade générale qui suivit l’écrasement par la pluie des fragiles ombrelles ; femmes qui piaillaient parce que leurs robes excessivement chères ne pouvaient le faire à leur place, pieds qui s’enfonçaient malencontreusement dans le crottin jalonnant le pavé comme autant de lames dans une motte de beurre, Cecil fut conquis. Et tandis que chacun s’abritait du mieux qu’il pouvait, rarement près de lui parce qu’il se trouvait trop en retrait, il dut bien poser les yeux, et avec beaucoup d’attention cette fois, sur ce jeune danseur qui selon toute apparence entendait mettre honorablement fin à son spectacle. Ses torches brûlaient encore et le ruissellement de l’eau ajouta un charme à l’estampe de ses derniers mouvements.
Par bonheur, sa révérence fut rapide. L’image d’un artiste à la tenue piteusement saturée d’eau n’aurait pas contenté l’esthète qu’il était à cet instant, seulement l’imbécile prompt à rire de tout. Fort bien. La pluie tombait toujours et les fiacres se succédaient sur la place ; Cecil, flanqué de sa suite, décida de rester un peu et de réfléchir à la condition de ce jeune homme, motivé sans doute par l’insuccès de la journée ou simplement sensible au hasard qui s’était efforcé d’attirer ses yeux sur lui. Les danseurs de rue étaient nombreux à la Capitale, mais les cracheurs de feu ? En l’état, bien sûr, il n’y avait pas encore de quoi s’abîmer dans l’exaltation des grands projets, cependant… Cependant, il fallait bien admettre que ce garçon s’était soigneusement employé à casser la résistance de ses muscles, et l’évidence devint d’autant plus éclatante qu’il s’étirait maintenant à quelques pas de lui.
Cecil attendit un moment, sans cacher son intérêt pour les rituels auxquels il assistait, et quand il le jugea à propos, demanda en souriant :
— Que comptez-vous faire ensuite ? Attendre que la pluie cesse et reprendre votre numéro devant d’autres flâneurs ? Vous reposer ? Ou bien vous entraîner… A rendre vos flammes plus impressionnantes, et que sais-je encore ?
Il caressait le pommeau ouvragé de sa canne, guettant chez le cracheur de feu la moindre manifestation d’enthousiasme et surtout d’ambition qui pourrait faire de lui plus que d’un autre l’attraction de demain. |
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| Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Mar 15 Mai - 19:50 | |
| La journée n’a d’intérêt que pour cet instant. J’ai arpenté plusieurs rues, plusieurs places, avant d’arriver dans cette avenue. Nombreux sont les personnes à s’y trouver, et je suis certain de combler ma recette du jour. Peut-être aurais-je assez pour me permettre un messager vers Al-Haïr ? Ma famille doit se demander ce que je deviens, et nulles doutes que Mère doit se ronger les os et s’imaginer des choses atroces. Après tout, Grand-Frère, quand j’étais enfant, avait accompagné son patron à la Capitale…et il avait dépeint cette-dernière à Mère comme un amas de Non-sens, et d’horreur. Mais, étrangement, je ne pense pas comme lui. Je me sens bien dans cette ville, à l’aise. Je vis, certes, au jour le jour mais je savoure pleinement chaque instant.
Dans tout les cas, ayant installé mes mesures de sécurité, j’avais commencé mon spectacle. Rien de plus excitant que de coutume…c’est probablement l’une de mes dernières représentations de la journée après tout. Les flammes voletèrent, et je jouais avec d’une certaine façon. Ma chorégraphie bien huilée…malheureusement, je n’ai pas assez d’argent en réserve pour l’améliorer. Mais, chaque jour qui passe je forme encore d’avantage mon corps à mon travail, j’y mets du « cœur à l’ouvrage »… Les gens semblent euphoriques, j’ai le sourire aux lèvres. Mais une première goutte tombe sur le pavé…puis, d’une goutte plusieurs se succèdent. Je ne peux juste terminer ainsi, alors, avec une dernière ritournelle de flammes, je clos mon spectacle. Je suis déjà trempé par cette averse subite, et les gens ne sont même pas resté à la révérence, mais tant pis…
Ramassant ma recette, désormais tristement pleine d’eau, je me mets vers le précaire abri où mes affaires étaient posés. Je retirais mon sari, celui que je mets en « habit de scène », pour le déposer proche de ma sacoche dans un soupir. Une charmante vieille dame m’autorisait à utiliser le rebord de sa fenêtre pour poser mes affaires lorsque je viens dans cette ruelle. Elle vint à me sourire de l’intérieur de chez elle, et finit par me donner un tissu pour que je m’essuie, c’est d’un sourire que je la remercie. Elle aime mon spectacle qu’elle me disait, j’en suis assez heureux pour tout avouer. Une fois les cheveux légèrement plus sec, la peau aussi, j’ai sorti une gourde d’eau et me suis rincer l’intérieur de la bouche. Le mélange que j’utilise, à base de farine, peut finir par irriter l’intérieur de ma bouche, et ma gorge que me disait mon Père.
Cela fait, j’entreprends quelques étirements. Je ne dois pas trop abuser de mon corps, mais je ne veux pas non plus qu’il se refroidisse trop rapidement. Les courbatures m’empêcheraient de poursuivre ce soir ou demain, et ça, je m’y refuse. Je terminais par un étirement du tronc, lorsque je pensais fouiller ma sacoche pour préparer une nouvelle torche et occuper un la foule qui attendaient patiemment la fin de cette vive pluie. Et puis, lorsqu’elle serait un peu moins forte, je pourrais voir pour de l’entraînement. Les gens ne risquent pas de sortir par ce temps…
C’est alors que, soudainement, une voix m’interpella. Légèrement surpris, et certainement pas du genre à cacher ce que je ressens et pense, je me suis retourné vers l’origine de cette voix. Dans mon action, je tenais en main la pierre me servant à allumer ma torche, et une fiole avec un liquide inflammable. J’y pense, je crois qu’il me détaillait quant je m’étirais. Je le détaillais, une allure dégageant de la prestance…des vêtements de bien meilleure facture que mon sarouel et mon haut noir détrempé…et encore, mon sari de danse est fichu pour la journée avec cette pluie. Enfin bref, avec un sourire je lui répondis le plus sincèrement du monde.
« Là, je pensais animer un peu le coin…l’avenue est désormais déserte sur son axe, et les gens agglutinaient. Je ne peux pas jongler, manque d’espace et trop de pluie, mais je peux toujours faire quelques gerbes… »
Reposant mes produits, je poursuivais. Je suis d’un naturel bavard lorsqu’on vient me parler, et cela se ressent je pense dans ma facilité à parler avec sincérité, sans prise de tête. Je dis ce que je pense, comme toujours.
« Il n’est pas question de repos…si cette pluie est une horreur pour mes finances, c’est une aubaine pour, comme vous l’avez dit, m’entraîner. Je ne pense pas pouvoir trouver un publique après ça. Sol détrempé, le temps désormais gris…la soirée risque en plus d’être un peu fraîche. Alors, il ne me reste qu’à entraîner mon corps. »
J’arrangeais mes affaires, ignorant complètement qui il était. Je ne suis à la capitale que depuis peu de temps…il ne m’est pas possible de dire quelle date exactement par contre. Je crois que c’était au début de l’équinoxe de printemps, sachant qu’il est désormais bien entamé. D’ailleurs, je terminais avec mes réponses, en lui spécifiant :
« Je peux faire des flammes plus vives et fortes, plus impressionnantes…mais mon corps et mon agilité ne me permette pas encore de les maîtriser. Si je m’y essayais présentement, c’est les étals ou les passants que je brûlerais, voir même ma personne. Attiser le feu est facile, le contrôler beaucoup moins. C’est pour ça que c’est l’entrainement du corps qui prévaut dans mon cas…et puis, je vous avoue que c’est arrangeant. »
Je regardais la pluie en disant cela…il est vrai que c’est arrangeant. Après tout, si je devais entraîner la flamme, avant le corps, alors je devrais faire cela lorsqu’il fait un temps assez sec pour être en vrai condition. Or, si je m’entraîne lors des beaux jours, d’où me viendra mon argent ? Je n’ai pas encore assez, malheureusement…et je ne suis pas encore assez connu. Je dois croître ma réputation…à tout prix.
« Dîtes-moi, vous sembliez intéresser par ce que je faisais tout à l’heure, mes étirements. Il y a une raison ? »
Mon visage tourné vers le sien, je me demandais encore qui pouvait être cet homme.
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| | | | Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Ven 18 Mai - 18:21 | |
| Le jeune homme était d’une vivacité… communicative. Sa volubilité amena très naturellement le Marquis à sourire davantage et à se tourner entièrement vers lui. Il montrait ce qu’il fallait d’humilité pour se rendre sympathique, ce qu’il fallait de science pour se rendre intéressant ; il se garantissait en somme, pour le moment, les bonnes dispositions que l’on envisageait secrètement d’avoir à son endroit. L’amabilité de sa figure et la simplicité de son attitude, qu’elles fussent jouées ou non, sauraient probablement le servir ; toutefois la préférence de Cecil allait à l’attendrissant espoir contenu dans ce « pas encore » tourné vers l’avenir, à la prudence déjà toute professionnelle que ce danseur opposait aux risques de sa fonction. Il l’écouta sans l’interrompre en acquiesçant quelquefois, avant de replier un bras contre son torse, canne ramenée près du corps et se tapotant la joue du bout de l’index dans une posture songeuse.
— J’ai un certain goût pour les danseurs, admit-il vaguement, mais à vous entendre… L’entraînement et les ressources ne sont pas seuls à vous faire défaut. Une idée reçue semble vous condamner à demeurer dans la rue, comme si votre art, si c’en est un, ne vous donnait pas le droit de vous produire au-delà. Il ponctua d’un sourire avenant la provocation de ses paroles, sans qu’il fût vraiment possible de déterminer s’il espérait ainsi l’atténuer ou la rendre plus insolente encore. Très conscient cependant qu’il manquait à la discussion quelques jalons, il poursuivit sans attendre en désignant du menton la place désertée. Je m’appuie sur de simples observations. Pour ce qui me concerne, j’allais rejoindre mon fiacre sans vous prêter attention, et quoiqu’ils se soient amusés, vos spectateurs, pour la plupart, ne voient sans doute en vous qu’un genre de saltimbanque qu’ils ne s’attendraient pas à rencontrer lors d’une soirée mondaine. Mais notre crétinerie mise à part…
Non sans malice, le Marquis se permit un instant de réflexion pour amplifier à loisir la résonnance de ses derniers mots. Il prenait un plaisir frivole et solitaire à cultiver une esthétique de l’indécidable : sa jovialité manifeste et son débit très enthousiaste lui donnaient l’air de plaisanter constamment. L’idée que l’on pût savoir à quoi s’en tenir sur son compte l’attristait. C’était une défense parmi tant d’autres, hasardeuse mais efficace pourvu que l’on eût le cran de l’assumer jusqu’au bout. Poing sous le menton, Cecil finit par considérer pensivement le jeune danseur. Lui ne semblait pas soupçonner son identité ; sans surprise, puisqu’il n’appartenait manifestement pas à la Capitale, où tout le monde par ailleurs n’était pas tenu de le connaître : la gloire mondaine ne l’avait pas rendu fat. Puis dans le cas présent, comme il s’improvisait examinateur, l’incognito lui semblait bien plus approprié que la notoriété. Il reprit :
— Notre crétinerie mise à part, disais-je, il s’agirait d’ennoblir votre talent pour lui donner une place plus prestigieuse au sein de la Capitale, n’est-ce pas... Admirer un cracheur de feu dans les jardins d’une riche demeure comme l’on admire aujourd’hui les statues… L’idée me semble un peu folle, mais c’est en cela qu’elle me plait. Un sourire amusé aux lèvres, il inclina doucement la tête. Qu’en dites-vous ? Ne serait-ce pas un joli défi ?
Un aristocrate offrait plus d’opportunités qu’un simple cirque, néanmoins cela n’avait encore rien d’une proposition officielle ; c’était tout au plus une invitation au rêve dont Cecil, pour des raisons évidentes, ne se proposait toujours pas d’être l’agent ; car encore fallait-il que ce cracheur de feu défendît son talent à rebours des préjugés qu’il venait d’évoquer. Le Marquis semblait optimiste. Cela ne coûtait rien de l’être lorsque l’on ne jouait pas son avenir. |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Mar 22 Mai - 18:43 | |
| J’apprécie de voir des sourires sur le visage des gens, aussi, je fus très certainement heureux d’en voir un se dessiner sur le visage de mon interlocuteur. J’avais poursuivit mes diverses explications, me laissant emporter par cette facette de ma personnalité. Ce côté de moi assez bavard, qui aime parler avec des gens, échanger des ressentis, des nouveautés, découvrir. Je ne m’attendais pas à ce qu’il réponde aussi franchement par contre. Lorsqu’il vint à dire qu’il avait un certain goût pour les danseurs, je penchais la tête sur le côté : interrogateur.
Je ne me considère pas comme un danseur, à vrai dire. Plus comme un acrobate. J’allais le lui signaler, quant il ajouta des mots à sa phrase qui laissèrent la surprise se peindre sur mon visage, avant de se faire un peu mélancolique et attristé. Oui...les préjugés et avis des gens me poussent à rester dans les rues. Les nobles ne sont jamais arrêtés pour moi. Il y a bien Aristide...mais c’est un sculpteur avant d’être un noble. Et encore, j’ai faillit le frapper tant il était méprisant envers ce qui est mon Art. Persuadé qu’il était d’être porteur du « Véritable Art ». Mais, je reposais mon regard rougeâtre sur cet homme, comme attendant la suite. Il a mit le doigt sur un point du système que je nie depuis mon arrivée à la Capitale... Il vint à poursuivre, et je compris qu’il était donc un Noble. Je ne pouvais nier les propos qu’il venait de tenir, et je le vit alors me détailler avec cet air songeur. Là, je me suis étiré et suis retourner sur mes affaires terminant de bien ranger mes effets en disant.
« Vous n’avez pas tord...mais un jour, je me ferais reconnaître de cette Noblesse qui semble me sous-estimer, Sir. »
Le ton de ma voix était sec, non pas de méchanceté ou autre, mais de détermination. J’ai plus d’un objectif, et si je dois me crever à mon travail pour les mener à bien : je le ferais. Je deviendrais un artiste, un acrobate, de ceux que l’on peut qualifier « d’incontournable ». Je captiverai des foules entières...des foules qui s’agglutineront pour venir à mes spectacles. Mais aussi, je créerais un endroit où n’importe quel artiste aura le droit de faire découvrir ses talents, d’obtenir sa chance de captiver la foule.
Mais, sa voix finalement vint à reprendre et je me suis vivement retourner vers lui, de l’incompréhension dans le fond des yeux. Là, j’ai déglutit au fur et à mesure de ses propos. Je cherchais l’entourloupe, et ne la voyant pas...j’entrouvris les lèvres un instant, prés à parler. Mon regard se fit pétillant, il voulait me donner ma chance ? L’excitation dans la voix, la joie visible sur mon faciès, je tentais de garder un certain maintien.
« Ce serait le meilleur des défis, certainement ! J’ai attendu des mois entiers que quelqu’un me laisse cette opportunité ! Vous n’avez pas idée... »
Ma gorge était serrée, je ne savais comment réagir. Mes jambes tremblaient, tant je voulais sauter partout pour déchaîner ma joie. Fermant les yeux un cours instant, je repris mon calme. Puis, les rouvrant, je venais à dire des choses qui je l’espère, informerait un peu plus mon interlocuteur de la porter de mes talents.
« Ce que les Nobles craignent lorsqu’ils voient mon travail, c’est le raté ou l’incendie. Ils tiennent à leur demeure et leurs biens autant qu’un paysan à son lopin de terres. Ils ignorent que derrière chaque spectacle, il y a un travail de préparation de la scène qui permet la sécurité du public. Ils ignorent que la seule personne réellement en danger est le danseur. Comme vous l’avez dit, ils sont enorgueillis de leur statut, de leurs biens, et ne voit des êtres comme moi que comme des phénomènes de foires pour le meilleur des cas. »
Je marquais une pause. Les yeux pétillant, je continuais :
« Un art se travaille, et le mien ne fait pas défaut à cela. Chaque jour qui passe, je travaille au mieux pour ce qui m’est le plus cher. Je n’attends qu’une chose, qu’un noble vienne à comprendre qu’une danse reste un spectacle à l’égal d’une pièce de théâtre. Et que cette dernière soit musicale, ou avec du feu, la seule différence est que l’un marque parfois plus l’esprit que l’autre. Tant par son côté inhabituelle, que sa splendeur et dangerosité. Et je suis prêt à tout pour graver, ce qui n’est qu’un spectacle éphémère, dans l’esprit d’un homme. Ne pas être oublier : jamais. »
Ma voix tremblait, tant la passion se reflétait dans mes mots. Je me laissais emporter par ce que j’aimais par-dessus tout. Cet Art, je me suis promis de le tirer au sommet et de le rendre le plus connu qui soit. Cet Art que mon père m’a transmis, et qui reste si peu connu.
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| | | | Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Sam 26 Mai - 22:28 | |
| Les sourcils haussés de surprise plus que d’enthousiasme, la bouche décorée d’un petit sourire et acquiesçant par contagion à l’exaltation soudaine de son cracheur de feu, Cecil eut l’air un peu con. Il s’était visiblement mal fait comprendre, ou plus exactement, l’on venait de faire une percée dans ses intentions, et avec quelle ingénuité ! Il admit qu’il y avait là quelque chose de plus… touchant qu’une éructation dans le genre de : « Arrête avec ton mystère, mon gros, et dis-moi quand c’est que j’commence. » De plus distrayant également. Et comme il n’était pas un salopard à temps plein, il ne vit pas l’intérêt de refréner un tel entrain ; à sa plus grande satisfaction au contraire, l’excitation de son jeune artiste semblait lui délier la langue davantage, l’induire à parler plus librement – sans doute un peu trop lorsqu’il s’agissait d’évoquer à son tour le beau monde, mais le mauvais exemple débauche, disait-on.
En fait, ce garçon donnait à réfléchir. L’on oubliait généralement combien les nobles s’étaient « enorgueillis » de leur statut et de leurs biens, l’on oubliait étrangement – quel hasard ! – de leur en vouloir pour cela sitôt que l’on jouissait enfin soi-même d’un semblable confort. Belle, si belle nature humaine. Il tardait à Cecil de voir ce que la magie du succès – si le succès venait un jour – ferait de ce cœur inspiré et altruiste. Sa curiosité, bien sûr, n’impliquait ni malveillance ni mépris. Certains de ses anciens protégés, désireux d’abord d’enlever aux nobles leurs prétendues œillères, s’étaient ensuite sensiblement changés en superbes salauds pétris d’arrogance ; il n’avait conçu pour eux aucun ressentiment. A tenter de pervertir l’ordre des choses, l’on finissait souvent par se pervertir soi-même. Le Marquis eut un sourire pensif dans l’ombre de son haut-de-forme, puis releva la tête vers son cracheur de feu. Il avait attentivement écouté son petit exposé, perçu l’émotion dans sa voix et paraissait s’en trouver content. Il le lui confirma aussitôt avec bonne humeur :
— J’en suis ravi. J’apprécie votre façon d’y croire pour mille, vous en aurez besoin. Cecil lui sourit et poursuivit en se promenant sous la bâche que l’averse giflait toujours. Admettons que je devienne votre mécène. Je ne serais alors qu’un tremplin et l’intérêt que j’aurais dans la réussite de votre carrière d’artiste ne serait que provisoire. C’est que mon réel plaisir, pour faire simple, est de recevoir, divertir et surprendre la Haute Société d’Ishtar. A cet égard, ceux dont je valorise le talent sont mes instruments. Oh, ne voyez là rien de dégradant... Artistes et scientifiques sont destinés à briller lors de mes réceptions, souvent de véritables protecteurs les repèrent et se consacrent à eux plus que je ne puis moi-même le faire. C’est ce que je vous souhaite, mais il faudra d’abord m’aider à surprendre l’élite conviée aux réjouissances. Il s’était arrêté près de son jeune danseur et penché sur lui, le regard espiègle qui devait instaurer entre eux une forme de connivence, il ajouta un peu plus bas. Appelons cela un échange de bons procédés.
Il se redressa, toujours souriant. Son exigence extrême mise à part, le Marquis était un mécène facile à vivre qui par souci de praticité plus que par bonté, ne perdait pas son temps à rabaisser en permanence ceux qu’il soutenait, ni à creuser par des manières hautaines le fossé qui le séparait d’eux. Il n’en était pas moins habile à endiguer les dérives.
— Pour le spectacle, continua-t-il en reprenant sa petite promenade, et vous l’avez mentionné, l’aspect le plus captivant de votre art est le danger. J’aimerais que vous l’exploitiez au mieux afin que les convives puissent le vivre par procuration. Cependant… Je ne suis toujours sûr de rien à votre sujet et le perfectionnement que j’attends de vous risque d’être plus long que ne l’a été votre attente à la Capitale ; plusieurs mois, disiez-vous… Soit, nous devrons nous organiser. Pour commencer, vous pourriez me proposer dans quelques jours l’une de vos chorégraphies. J’aimerais pour cela que vous preniez le temps de vous entraîner soigneusement, aussi pourvoirai-je à votre subsistance durant cette période. Tout ceci est-il à votre convenance ? L’amusement, soudain, égaya ses traits davantage. Mais avant de poursuivre, peut-être devrais-je cesser de me montrer impoli et vous demander votre nom ainsi que l’endroit où vous logez… ? |
| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Jeu 31 Mai - 23:11 | |
| Cela fait si longtemps, que personne ne m’a questionné de mon Art en dehors de propos négatif. Luthais, même s’il fut très agréable, ne m’a pas vraiment questionné en profondeur sur la nature de mon travail, sur l’investissement de soi qu’il nécessite. Mais cet homme, si bien vêtu que s’en est louche, il me questionne sur ces sujets, m’insiste à énoncer les questions et désirs qui m’habitent. Je ne peux que croire qu’il ne fait pas cela par hasard, quelque chose me dire que je dois saisir la chance de le convaincre, d’être accepté et reconnu. Il m’a « enflammé » avec ses discours, me poussant à un état d’excitation, de motivation, que j’ai du mal à contenir. Chez moi, j’aurais déjà fait de nombreux bons, hurler de joie, rigoler et pleurer sous ces rires, et probablement sauter de toit en toit pour me vanter comme un gosse.
Ma façon d’y voir pour mille ? J’ai penché la tête sur le côté à cette expression de sa part, alors qu’il se mouvait sous cette précaire protection. Que veut-il dire par-là ? Mes sourcils se sont froncés, et le questionnement vint à se peindre sur mon visage d’un rien. J’ai toujours été très expressif, une qualité selon ma mère...un défaut selon mes frères. Mais il continua, et au mot « mécène » je me remit droit, les yeux pétillant, hochant la tête de haute en bas en signe de « oui, oui, poursuivez je vous en pris »...Car, pour moi, le simple fait qu’il ai porté un regard sur moi me fait dire qu’il est peut-être différent des autres nobles qui restent ancrées dans leurs idées d’Art figée...comme Aristide avant qu’on ne trouve « terrain d’entente ».
Il vint à poursuivre, mon expression se fit alors plus sérieuse. Un...tremplin ? Du regard, je l’invitais à continuer. Je n’ai pas stoppé une seule fois son flot de parole, même lorsqu’il fut proche de moi. Clignant des yeux, par trois fois, j’eus ensuite un sourire éclatant comme je les aime. Là, je n’ai pas tardé à lui répondre, le ton calme et détaché :
« Vous savez, plus qu’un protecteur je désire avoir un moyen de me faire connaître pour gagner en réputation. De là, je pense pouvoir susciter assez d’intérêt pour ne plus être ignoré, et trouver par moi-même, sans liens ni chaînes, un moyen de m’élever et de réaliser ce que je rêve de réaliser. Vous dîtes être un tremplin...cela ne fait-il pas de vous un instrument pour mon avenir probable, autant que je serai le vôtre ? Un tremplin n’est rien sans l’acrobate qu’il élève...je ne vois donc pas ce qu’il y a d’étranges à vos attentes ou propos. »
Je me fiche de trouver un « vrai » protecteur. Un tremplin me suffit, car un protecteur ne doit pas être éternel selon moi. Sinon, c’est une chaîne, une laisse, que sais-je encore ? Je ne veux pas dépendre de quiconque. Avoir une relation « équitable » comme celle qu’il me parle, je me crois dans un rêve. C’est même au-delà de mes rêves !
Mes yeux, je ne peux les empêcher de pétiller. Mon corps tremble d’excitation et de joie...Il reprit sa promenade et ses propos. Je l’écoutais, captivé. Un...test ? Sa demande me semblait être un test, et le sourire d’un chat à qui on vient parler d’une souris juteuse naquit sur mon faciès. Lui, repartit sur un ton plus léger et j’ai rigolé. Impoli ? Lui ? Et moi alors ! Une larme d’amusement perla au coin de mon œil rouge, mais rapidement je l’en chassais avant de répondre.
« Vous n’avez manqué d’aucune politesse...vous savez. Après tout, moi-même j’ignore qui vous êtes. Alors, disons qu’il y a situation d’équité. »
Je lui ai fait un clin d’œil, avant de lui tendre ma main pour une poignée de main, une présentation plus « polie » je crois savoir, lors d’une rencontre.
« Sofien Idriss, originaire d’Al-Haïr. Je loge présentement au Cochon Pendu... »
Marquant une pause, je rajoutais :
« Si voir ce dont je suis capable, vous proposez une chorégraphie encore inédite, est votre volonté...je suis prés à relever le défi. Laissez-moi deux, non, une semaine...et je vous promets une danse comme vous n’en aurez jamais vu. Mais, sachez-le, je n’ai que 22 ans. Mon évolution dans mon métier est loin d’être terminée...De plus, je ne suis pas du genre à me contenter d’un bien quand je peux atteindre le parfait. »
Puis, mon ton sérieux s’estompant, j’eus un sourire et j’ajoutais de façon amusée :
« Pour le danger, rassurez-vous...je l’aime trop pour ne pas faire rêver mon publique de ce-dernier, et les priver de ce ressentit. Tout ce que je demande, c’est une scène sous contrôle... »
Car je ne veux pas d’interruption brutale, ou de risques de tuer une personne que je veux emmener aux portes d’un rêve.
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| | | | Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Mar 5 Juin - 20:57 | |
| — C’est juste, renchérit aimablement Cecil, mes artistes ont besoin de moi autant que j’ai besoin d’eux, et je tiens à ce qu’ils le sachent.
Bien sûr, l’équation était fausse. L’intérêt d’un artiste, arbitrairement choisi parmi tant d’autres prêts à le remplacer, était d’ordinaire plus grand que celui d’un mécène, et un échec, par conséquent, s’avérait toujours bien plus dommageable pour lui. A tout prendre, il s’agissait en quelque sorte d’un mensonge pieux, qui devait faciliter l’essor et aider à la sublimation de son cracheur de feu, quitte à ce que la chute – contingente – fût plus douloureuse. Mais l’illusion, ce dangereux stimulant, réalisait parfois des merveilles lorsque l’on avait plus à conquérir qu’à perdre. Il lui semblait par ailleurs qu’elle convenait parfaitement à l’allégresse expansive de son jeune danseur. Sans en avoir l’air, le Marquis l’observait avec beaucoup d’attention.
L’excitation l’avait soudain rendu très familier. Nombre de ses pairs l’auraient sèchement rabroué ; Cecil, lui, n’en fut ni surpris, ni fâché. Il souriait franchement, non seulement sensible à la jubilation qu’il causait, mais aussi très amusé – sans malignité – par une incorrection qu’il ne devait apparemment qu’à la plus touchante naïveté. Il ne voulut pas lui apprendre que lorsqu’un noble, fait extrêmement rare, paraissait considérer son prochain au-delà de toute distinction sociale, l’on se rendait tout de même plus charmant et poli en restant humble et en ne violant pas immédiatement les barrières qu'il abaissait à rebours des usages. Il ne le voulut pas, car il aurait été indélicat et inélégant de ternir tant de joie par une correction ennuyeuse ou par un mépris qu’il n’éprouvait point. Aussi avait-il tendu sans hésiter une main finement gantée pour serrer celle de son artiste ; il y mit ce qu’il fallait de douceur et de fermeté pour ne pas avoir l’air de vouloir s’imposer.
— Enchanté, Sofien, dit-il sans le quitter des yeux. Vous serez à la hauteur de votre ambition, je n’en doute pas, et je m’occuperai quant à moi de vous donner accès à un décor qui soit moins sujet aux aléas.
A cet instant, le ciel cracha très fort et les exhalaisons qui montaient du sol s’épaissirent. L’air était encore chaud. Cecil eut un regard pour ses deux serviteurs qui se tenaient immobiles et vigilants. Bien qu’il n’en eût pas terminé avec Sofien, l’un d’eux risquait d’avoir à braver la pluie pour aller quérir le fiacre. Il sourit, compatissant, et s’adressa de nouveau à son artiste, sans plus rechercher l’incognito.
— Dans une semaine, répéta-t-il avec enthousiasme, en début de soirée. Je vous ferai parvenir toutes les indications nécessaires pour vous rendre au manoir Hartwick, c’est là que vous danserez. Au besoin, écrivez à l’attention du Marquis. Si vous réussissez à me surprendre et à me confirmer dans l’intérêt que je vous porte, je m’engage à vous offrir les meilleures conditions pour l’exercice de votre art. Il vous faudra notamment un matériel de plus grande qualité et un hébergement décent pour ne pas délabrer votre santé. Avez-vous des questions ?
Cecil souriait d’un air engageant. Il n’avait pas jugé utile de mettre Sofien en garde contre l’usage qu’il pourrait faire des sommes qu’il recevrait ; il savait mieux que quiconque où se trouvait son intérêt, n’est-ce pas. Enfin, si l’occasion se présentait, le Marquis aurait soin de lui apprendre l’essentiel du savoir-vivre qu’exigeait une apparition en société. La réalité se moquait bien de sa prétendue générosité et ses pairs étaient encore à mille lieues d’appliquer les largesses et la libéralité que lui permettait son excentricité. Il serait fort regrettable que son cracheur de feu en fît trop durement les frais. |
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| Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Dim 24 Juin - 17:27 | |
| Enchanté ? Il est vraiment enchanté ? J’avoue être ravi ! C’est le premier noble que je croise réellement depuis mon arrivée à la Capitale...et je dois dire que je le trouve très différent de ceux qui me snobent dans les rues lorsque je range mon matériel, où de ceux qui m’énervaient en se pavanant dans les rues d’Al-Haïr. Je n’ai jamais complètement put comprendre pourquoi leur naissance leur donnait un avantage...il profite de l’argent de leurs parents et ancêtres pour se dire supérieur : est-ce normal ? Ils savent moins bien se débrouiller que moi dans leur quotidien, en quoi sont-ils exceptionnels ? Papa m’a dit, après son retour, que ce genre de pensée ne doit jamais passer mes lèvres...mais, aujourd’hui encore, je ne sais pas vraiment « pourquoi ».
Un bruit retentit, alors qu’un éclat déchira le ciel un instant. La soirée va s’annoncer difficile. Je devrais rentrer et faire quelques étirements, puis probablement, des séries pour muscler la partie centrale de mon ventre...et quelques tractions pour mes bras et le haut de mon corps. Je ne dois pas me relâcher, où tout ne deviendra que désastre et non plus aussi beau et spectaculaire que ce que je voudrais. Ce fut la voix de mon interlocuteur qui me fit me rappeler que nous n’avions pas fini notre conversation. Un peu penaud de l’avoir oublié pour regarder ces quelques éclats déchirant le ciel, l’air soucieux, je l’avais écouté avec attention.
Euuuuh...J’ai cligné des yeux une fois, puis deux...et enfin, une troisième fois. Il...C’est un MARQUIS ?! Mais, ce n’est pas super grand comme rang ça ?! Je crois ne pas avoir vu plus haut que des chevaliers se prenant pour des seigneurs...ou peut-être un Baron par-ci, par-là, se moquant de moi gamin. Des questions ? Si j’ai des questions ? Et bien...je crois avoir simplement répondu :
« Tout est clair pour moi, Marquis ! Euh...Juste pour savoir, on s’adresse comment à un Marquis normalement ? Honnêtement, vous êtes le premier noble qui daigne faire autre chose que me dénigrer...alors, j’ai un peu peur de vous avoir, comment dire, manquer de respect. »
J’avais passé ma main dans mes cheveux, décoiffant légèrement ma tresse par ce geste. J’étais un peu gêné, car jusqu’ici j’avais parlé comme je parlerais à n’importe qui. Même quand j’avais compris qu’il était de sang noble, je pensais à un petit baron ou autre truc du genre...pas à marquis ! Papa me ferait la tête au carré s’il savait ! Et puis, pour moi...cet entretien est un cadeau né de l’Ombre elle-même. Une chance unique. Je ne compte pas la laisser filer, oh non !
Dans tous les cas, je mis ma sacoche sur mon épaule tout en rajustant ma tenue. Le ciel s’éclaircit un peu, et la pluie devrait laisser une accalmie. Je devrais pouvoir rejoindre l’auberge, et commencer à m’entraîner puis, à réfléchir à une nouvelle chorégraphie. Je puiserai dans mes réserves pour cette semaine, car il me sera nécessaire de mettre de côté les spectacles pour favoriser l’entraînement !
« J’attendrais votre missive, Monsieur le marquis ! » Vins-je à lui dire, le visage souriant et les yeux pétillant d’une joie franche et sereine, sincère on dirait.
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| | | | Sujet: Re: Reaching out to embrace the random, reaching out to embrace whatever may come. [Sofien] Ven 13 Juil - 19:43 | |
| Le Marquis fronça doucement le nez comme l’orage se déclarait. Sofien n’aurait peut-être bientôt plus à essuyer ce genre de désagrément dans l’exercice de son art. Il pouvait quant à lui renoncer aux flâneries étoilées pour ce soir. Cela n’entamait point sa bonne humeur cependant : l’ingénuité persistante de son cracheur de feu le distrayait encore beaucoup ; l’inquiétude qui l’incommoda soudain le fit même rire. Au fond, la question demeurait strictement formelle et ne touchait pas à la délicatesse qu’il aimait et espérait toujours découvrir chez son prochain ; toutefois c’était un début qui, à long terme et dans le meilleur des cas, transformerait peut-être cette innocence juvénile en finesse, voire en grâce. Francis aurait sûrement balayé ses illusions et spécifié qu’il s’agissait simplement d’un premier pas vers l’édifiante qualité de lèche-cul.
— « Monsieur le marquis » reste l’idéal du point de vue de la société actuelle, expliqua-t-il après avoir haussé les épaules. Pour ma part je me contente d’un « Marquis » ou d’un simple « Monsieur » sans que cela me porte ombrage, en d’autres termes je ne suis pas du tout une référence en fait de… préjugés et étiquettes nobiliaires.
Il sourit, détaché. Naturellement, c’était en partie mentir. Au-delà de son excentricité notoire existait une quantité de nuances comportementales qui fortifiaient sa réputation mondaine. Mais il tenait par exemple à ce que sa rigidité fût occasionnelle et strictement régulatrice, outre qu’il entendait demeurer la seule victime de son laxisme apparent.
— Ma désinvolture n’engage que moi, crut-il bon de préciser à ce sujet. Vous dites en avoir fait l’expérience : la plupart de mes pairs ne… transigent pas sur les hiérarchies et souhaitent que leur rang soit évoqué fréquemment, si ce n’est en permanence. Les motifs sont nombreux, par ailleurs. Avant de poursuivre, il profita de ce que la pluie avait un peu cessé de tomber pour ordonner à l’un de ses gens d’aller quérir le fiacre. Certains respectent l’ordre social parce que cela leur est rassurant, d’autres par défaut seulement, sans doute y voient-ils également un moyen commode de rappeler leur supériorité, des fois que leur simple personne n’y suffirait pas, ou encore… Mais me voilà atteint de logorrhée. Il feignit de s’en blâmer en secouant doucement la tête et prit l’air amusé. En somme il ne faut pas trop leur en vouloir, ni vous inquiéter à cet égard : le cas échéant, je vous enseignerai tous les usages nécessaires à votre apparition devant le beau monde.
Pour finir Cecil considéra le ciel, puis la mise de Sofien. Il lui intima de patienter encore un peu, et à l’arrivée du fiacre, demanda à ce que l’on en tirât une peau soigneusement travaillée.
— Ne laissons rien de plus au hasard, dit-il enfin pendant que l'on remettait la peau à Sofien, si l’air se rafraichit, je n’aimerais pas que vous preniez froid.
Attentionné ? Intentionné. Le Marquis avait tout intérêt à ce que son artiste potentiel se portât bien et, conscient des miracles que l’on pouvait accomplir sous l’emprise d’une forte motivation, il lui avait semblé important de lui laisser un gage de sa bonne foi… qu’il pourrait toujours vendre, si les circonstances l’y obligeaient. Cecil sourit, allègre lui aussi, et leva légèrement son haut-de-forme en guise de salut.
— A bientôt, mon garçon. Portez-vous bien, et surprenez-moi !
Il monta en voiture, puis disparut au bout de la grande avenue. La fin de journée lui avait en définitive donné bon espoir.
[Clos pour moi, mais à suivre :D] |
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