L'Empire Ishtar
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 La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]

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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 8 Aoû - 16:15

« Journal de Bord de Vaillant Charles De Beaumont,

Une fois encore, je dois mener une enquête pour le compte de la Garde Impériale. Chose ennuyeuse, car la plupart du temps dénoué d'intérêt, ou... simplement parce que les malfrats se trouvent bien souvent trop fort pour ma personne. Eh ! Je ne suis pas une armoire à glace, j'ai la taille plutôt fine, malgré les muscles que je dois aux longues heures d'entraînements. Et ce soir... on m'a donné l'ordre de mener une enquête sur une terrible meurtrière qui a pris l'habitude de traîner vers le Palais des Arts. D'après les rares témoins qui l'auraient vu, c'est une jeune femme à la chevelure brune, et pas très longue. Il est pénible de devoir se rendre là-bas sans passer par le théâtre, j'aime les arts.
Toutefois, mon statut de Garde Impérial m'empêche de me jeter dans tout ce que j'aime, ce qu'il me reste ? Ma douce Liliane, et les bordels, sans oublier les bars évidemment. Une certaine langueur m'accroche le coeur, c'est peut-être parce que je me rapproche de la mort-anniversaire de Louise, sans doute. Ma petite soeur me manque, pourtant ! Personne ne doit savoir que De Beaumont, le superbe soldat aussi imbu de lui-même qu'un paon, n'est qu'un couard incapable de sauver sa belle. Je pousse un soupir, et comme à mon habitude, je vais cesser d'écrire mes états d'âme sur toi, mon ami, mon journal. Tu renfermes toutes mes confessions, mes regrets, mes chagrins, mes remords. Et lorsque je vais poser ma plume dans l'encrier, je te remettrais comme à l'accoutumée contre moi, comme si mon coeur était aussi le tien. Je regarde à présent la fenêtre, la nuit ne va pas tarder, et il est temps pour moi de partir. Je te laisse, mon ami, mon fidèle, toi qui possèdes toutes mes confessions. Que l'Ombre fasse en sorte que jamais tu ne tombes entre de mauvaises mains. »


Le jeune homme regarda encore une fois la figure que lui renvoyait son miroir, De Beaumont avait la fâcheuse habitude de s'inspecter sous toutes les coutures, à chaque fois qu'il devait partir. Et ce n'était pas que par narcissisme, c'était surtout pour s'assurer qu'il dissimulait bien tous les secrets qui hurlaient sous sa peau. Il brossa encore une fois son imposante chevelure blonde, il fixa un moment les boutons de sa chemise, et s'habilla selon l'uniforme de La Garde. Il mordilla ses lèvres, et fixant son propre regard, le courage pour affronter le lâche qu'il avait en face de soi ne dura pas longtemps. Plutôt amer le jeune homme prit son épée qu'il glissa contre sa hanche, et après avoir vérifié que tout était en ordre, il sortit en hâte. Il glissa ses doigts sur sa mâchoire, et saluant dans un sourire enjôleur la jeune femme qui accompagnait les quatre hommes d'un sourire enjôleur, il se rendit jusqu'au Palais des Arts pour trouver quelques informations sur leur criminel. Il avait envie de boire, et déjà... De Beaumont pouvait sentir sa gorge brûler, tellement elle était sèche.

Une demie-heure plus tard, les cinq compagnons se séparèrent pour fouiller chacun de leurs côtés. Les mains derrière le dos, Vaillant promenait son regard gris sur l'immense théâtre baigné dans la lumière du crépuscule, et il pouvait contempler les rayons mourants du soleil donner à l'édifice une lueur rose, le jeune homme fut pris d'une vive émotion, et se laissa emporter dans la fascination de ce spectacle. Au point où il oublia les hommes et les femmes, habillé de soie et de velours qui pressaient le pas pour aller voir une pièce qui se jouait, encore une fois, Kin il ne savait plus trop quoi offrait un numéro de charme. Le ciel glissait comme un tiroir, et s'ouvrait alors sur une nuit noire qui resplendissait, comme une femme prête à donner au monde un nouvel enfant. L'Opérâthre qui possédait une noble stature s'élevait vers les cieux, comme si seul l'art était capable de défier les ténèbres, et de les repousser d'une main vive, froids, et ainsi apporter derrière ses pierres un spectacle capable de réjouir les coeurs. De Beaumont poussa un petit sourire triste, et se retourna vers la noblesse qui paré d'hypocrisie pénétrait rageusement le Palais des Arts, défiant les acteurs de ce dernier et ce... dans l'unique but de leur montrer que le théâtre s'accomplissait dans la vraie vie, et que seuls les plus sournois avaient le droit de s'élever au-dessus des autres. De Beaumont salua une femme d'une trentaine d'années, enjoleur, il la quitta pourtant bien vite dés que ses yeux se posèrent sur une silhouette en retrait.

De là où il se trouvait, le jeune homme ne pouvait pas lui donner d'âge, et de toute façon, sa vie se troublait et ne remarqua que sa chevelure brune. D'ailleurs, il dut froncer plusieurs fois les sourcils pour deviner sa position exacte ; les choses avaient tendance à se déformer, lorsqu'elles se trouvaient trop loin de lui. Il mouilla ses lèvres, et gardant une stature fière, croyant trouver là son innocente victime, Vaillant se rendit d'un pas lent jusqu'à elle. Sa haute silhouette de gringalet se découpait parmi les dernières lueurs. Et ce fut avec une attitude tout aussi soignée et maniérée que notre fausse Panthère Grise accosta la demoiselle, il ne remarqua pas tout de suite la petite créature sur son épaule, ses yeux peinaient dans le noir qui lentement conquérait le monde, cachant la silhouette des âmes les plus viles pour mieux piéger les grands idiots dans son genre. Un sourire se percha sur les lèvres de Vaillant, et distinguant avec peine le visage de la jeune femme, il improvisa et lança d'une voix qu'il voulut la plus assurée et grave possible :


— Bonsoir mademoiselle... vous semblez égaré... je me trompe ?

Avec un peu de chance..., c'était elle qui créait un bordel pas possible, et qui allait lui permettre de renforcer l'illustre réputation de la Panthère Grise... ou pas.
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Harouna Sunleth

Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptySam 13 Aoû - 21:20

- Ne manquez pas le spectacle de ce soir, Mademoiselle, vous verrez, essayer une fois un des sièges de notre prestigieux théâtre, c’est l’adopter !

Tout en déposant avec empressement et délicatesse la brochure à côté de ma tasse de thé, le jeune homme aux allures princières m’adressa un clin d’œil tout en s’éloignant, un sourire resplendissant sur les lèvres. Après avoir bu une énième gorgée, je reposais la porcelaine sur la table, posant alors un regard curieux sur le prospectus que je saisissais entre mes doigts pour l’amener à portée de vue. D’après ce qui y était écrit, il semblait que ce soir le théâtre d’Ishtar allait être sous les feux des projecteurs. Je mordis ma lèvre, sentant les remous parcourir mon estomac. De l’excitation, oui, beaucoup d’excitation et d’euphorie, voilà ce qui se passait lorsque je me prenais à m’imaginer l’espace d’un instant, assise dans l’un des fauteuils d’un prestigieux théâtre ! Oui, après tout, la scène regorgeait constamment de nouvelles histoires romantiques, tragiques, épiques, présentant des personnages tous plus originaux les uns que les autres ! Après tout, les pièces étaient toutes le reflet de leurs auteurs, l’apogée de leur vie, de leur créativité ! Oui, chaque protagoniste, chaque acte, chaque scène, n’était en fait que l’aboutissement des esprits chevaleresques, chimériques, des histoires imaginaires, nourries par l’âme des poètes, des rêveurs, ou chacun pourrait révéler alors le romantisme vivant en lui, sa sensibilité en tant qu’être humain, en tant qu’individu doté d’un cœur, dans sa quête d’identité… Aie.

Une douleur maigre, mais aigüe au niveau de mon épaule me ramena sur la petite terrasse où je me trouvais. Louki soupira dans mon cou, et rougissante de gêne, je décidais de me lever et de quitter les lieux au plus vite. Effectivement, pendant que mes pensées étaient occupées un peu plus tôt à valser dans mon esprit, ma main elle, avait rempli machinalement la tasse d’une montagne de sucre, avec l’aide de la petite cuillère. Autant dire que ma fierté avait peu, mais malgré tout quelques limites. Déposant l’argent nécessaire au paiement de ma commande sur le bord de la table, je pris soin au passage de saisir la brochure du spectacle, avant de pousser enfin la porte de l’établissement et de m’enfoncer dans la foule passagère. Il ne restait pas moins d’une heure avant l’ouverture des guichets pour le grand spectacle de ce soir.

Je n’avais alors pas le temps de me changer, aussi dus-je me résigner à me rendre sur les lieux, vêtue d’une fine robe de coton beige, et de simples bottes en cuir verni et couteux. J’espérais seulement qu’une tenue plus décente n’était pas exigée. A dire vrai, j’avais beau me vanter de connaitre un large rayon artistique, je n’avais encore jamais foulé la terre sainte du théâtre. Si je parvenais à saisir une place, alors cela serait une première pour moi. Pleine de détermination, je me mettais en route.

Le théâtre, bâtiment imposant et à l’architecture conçue pour charmer les yeux et l’âme, se détachait du reste au milieu du crépuscule. J’étais enfin arrivée devant mon but suprême de cette fin de journée. Connaissant très peu la capitale, j’avais du cependant demander maintes fois mon chemin pour arriver à bon port. Nul ne sait où j’aurais pu finir si j’avais dû me fier à mon seul sens de l’orientation. Et pour le coup, Louki ne m’avait pas été d’un grand secours. Je soupirais donc de soulagement, et les yeux plein d’étoiles, le cœur bondissant, je me rapprochais de l’immense bâtisse. Malgré tout, je me surpris à arborer une démarche hésitante, tandis que je dévisageais innombrables gens venus assister au spectacle ce soir. Beaucoup, une bonne majorité, en fait, portaient d’élégantes parures que je n’avais jamais eu l’occasion de porter en dehors de la demeure familiale. Je me mordis la lèvre, comme à l’accoutumée lorsque je ne savais pas vraiment ce que j’étais en mesure de faire, tandis que le soleil laissait plus ample place à l’obscurité.

Devais-je acheter une place ? Hum… Avais-je au moins assez d’argent pour espérer en saisir une ? Où devais-je me rendre, et à qui demander ? J’illustrais mes pensées par un coup d’œil nerveux vers l’entrée, alors qu’une silhouette menue et ombrageuse se rapprochait doucement de mon champ de vision, jusqu’à se tenir devant moi avec le plus grand intérêt. La pénombre n’aidait pas, mais je pouvais distinguer sans mal sa longue chevelure qui ne me semblait ni tout à fait blonde, si tout à fait blanche. Je cru tout d’abord qu’il s’agissait là d’une grande femme, un peu forte, jusqu’à ce que sa voix parvienne à mes oreilles. Une voix grave et douce. L’homme portait un uniforme que je jurais avoir déjà vu… Ah, la garde Impériale ! J’haussais un sourcil, pour le moins interrogatif.

- Bonsoir… Eh bien, égarée… ? Je n’aurais pas dit ça comme cela. Voyez-vous, mon corps se trouve très bien là où il est, j’ai juste quelque peu, l’esprit embrouillé. Les questions se mélangent dans ma tête, j’hésite encore à ce que je dois faire pour parvenir à mes fins, tout du moins… Je lui lançai un nouveau regard interrogatif. Vous voyez où je veux en venir, n’est-ce pas ? Mais, pourquoi cette question, au juste ?

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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyDim 14 Aoû - 18:41

« Journal de Bord de Vaillant Charles De Beaumont,

Eh bien... je peux dire que j'ai étais surpris par son discours, car je ne m'attendais pas à une telle chose de sa part. Une jeune fille si... dérangée à Ishtar n'aurait pas dû m'étonner, au contraire puisque la Capitale renfermait de bons nombres de personnes, notamment des fous furieux qui voulaient sauter sur tout ce qui y avait un trou — autant dire beaucoup de choses, même la serrure d'une porte ferait l'affaire —, mais je pouvais dire que dans ce marasme de malades mentales que je devais côtoyer tous les jours, cette jeune femme parvint à me déboussoler. Je l'observai un moment sans rien comprendre, ébahie par tant de... d'insouciance ? Je ne sus pas quoi répondre tout d'abord, mon regard gris la regardait un moment, vide de toute forme de réflexion, tant la stupeur m'avait pris la gorge. J'ai été déboussolé par la demoiselle, c'était une chose. Au point où j'en perdais ma langue, et mon beau langage. Liliane me dit souvent d'ailleurs que mes belles paroles et le soin que j'apporte à tous mes vêtements font partie de mon charme. Parce que... passer pour un éphèbe efféminé ne me dérange pas en soi, ça permet de dissimuler toute ma couardise dans des gestes travaillés. Enfin... pour en revenir à la jeune femme, j'ai frotté mes yeux, quand j'ai finalement ouvert la bouche. »


Le jeune homme resta donc quelques secondes avant de saisir quelque chose, et encore ! De Beaumont ne comprit rien des paroles alambiqués — certes poétiques — de son interlocutrice, si bien que son cerveau se mit aussitôt en pause. Il haussa les sourcils avant de les froncer, et se reprenant tout de même en quelques secondes, il toussota. Une chose que Vaillant possédait et qui plaisait aux femmes (surtout quand une main était à la portée de sa bourse), c'était qu'il avait un certain talent dans le beau langage, et croyant soudain que la jeune femme cherchait à le fuir, ou du moins à l'embobiner, De Beaumont se redressa et déclara d'une voix rauque :


— Pourquoi une telle question ? Tout simplement parce que vous semblez être une brebis égarée que je me dois de remettre sur le chemin de la sécurité, Ishtar n'est pas la ville la plus sûre, et c'est mon devoir en tant que Garde Impériale que de veiller à la sécurité de nos citoyens, Mademoiselle.

Vaillant grimaça ensuite, car il crut en premier lieu que sa mauvaise était en train de lui jouer des tours. Le jeune homme était myope, oh... pas de façon excessive, certes, mais parfois il avait l'impression que ses yeux lui jouaient des tours. Il les frotta d'ailleurs en serrant les dents... il était simplement myope, il n'avait pas cette maladie en plus dont la joueuse a oublié le nom et qui était le fait de se tromper de couleur ? Quoique... si ça avait été le cas, le jeune homme n'aurait pas vu un oeil marron et un oeil vert, mais simplement deux yeux verts ? C'était quoi exactement cette fille ? Un genre d'hybride bien habillé ou bien une Inquisitrice qui avait ses règles ? Il ne savait pas trop quoi vers pencher, alors il baissa le regard aussitôt dans un coin, si bien qu'il n'avait pas remarqué le rongeur sur son épaule. Sachant que sa réaction avait quelque chose de curieux, Vaillant toussota de nouveau et les mains derrière le dos, il se rappela soudain de la mission qu'on lui avait assignée. Il fixa alors les lèvres de la jeune femme, se concentrant sur leur forme, ou encore sur leur couleur, elles paraissaient douces et chaudes, alors Vaillant se demanda le goût que pouvaient avoir les lèvres de la jeune femme. Il tiqua en songeant que ce n'était pas le moment de s'envoyer d’eux-mêmes des images scabreuses avec une inconnue. Néanmoins, en bon abruti de service qu'il était, De Beaumont ne put s'empêcher de demander :

— Puis-je vous quémander quelques informations ? Votre nom et la raison de votre présence ici ? Loin de moi de vous importuner plus longtemps, vous êtes une jolie demoiselle, et vous devez bien attendre un rendez-vous ici.

Vaillant lui offrit alors un sourire qui se voulut chaleureux, et qui fut surtout le plus enjôleur possible, si bien qu'on pouvait affirmer que sur son front on avait collé une étiquette : « Imbécile heureux ». Il voulait ces informations pour trois choses : savoir si elle était libre pour lui, ainsi que si dans ses magouilles elle avait un complice, et enfin par simple politesse. La jeune femme lui changeait de toutes celles qu'il avait l'habitude de côtoyer dans les bordels, elle ne portait pas un décolleté particulier qui donnait une vue directe sur ses seins, et puis elle lui rappelait surtout sa petite soeur. Elle semblait cacher un sacré caractère sous son masque de fraicheur, Louise avait été ainsi. Jamais Vaillant ne pourrait oublier cette adorable gamine, celle qu'il s'était promis de protéger, mais qu'il avait laissé crever pour sauver sa propre existence.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyDim 14 Aoû - 21:20

Je savais bien qu’Harouna finirait par arriver ici, sans savoir quelle était la marche à suivre pour espérer assister au spectacle qui se déroulait dans le grand théâtre. Il était même fort probable qu’elle n’ait pas pris sur elle suffisamment d’argent pour en payer l’entrée. Autant dire qu’elle était à l’arrache, pour changer. La jeune fille si bien organisée et minutieuse qu’elle avait été dans la demeure familiale s’était envolée en même temps que sa longue chevelure, sous l’effet d’un coup de ciseau. Et maintenant, nous nous trouvions là, en compagnie d’un membre de la garde impériale. Autant dire que les rencontres farfelues et insondables étaient devenues lot quotidien depuis notre arrivée. Pourquoi Harouna était-elle systématiquement répertoriée comme une jeune donzelle perdue ou en détresse ? Mystère. J’en venais même à me demander si ce mot n’était pas écrit sur son front.

Le jeune garde semblait curieux de savoir si ma jeune maitresse s’était égarée. Certes, je savais pertinemment qu’elle fixait depuis un moment l’entrée avec beaucoup d’anxiété, mais de là à la croire perdue… Après tout nous étions ici, devant ce théâtre, et parmi tout ce beau monde s’agitant vers le lieu des festivités, pourquoi avait-il fallut que quelqu’un repère cette jeune écervelée ? Peut-être était-ce un coup de pouce du destin, intimant à la jeune femme de demander de l’aide à cette brave… non, étrange personne. Etrange, oui, car sa façon de dévisager Harouna m’apparaissait comme peu commune. Néanmoins, je laissais échapper un petit rire de rongeur en découvrant son visage stupéfait suite aux propos de la brune. Cette dernière était fidèle à elle-même, et comme toujours, elle s’était contentée d’exprimer ses pensées sans mettre le doigt sur le fait que ce pauvre homme, n’avait certainement pas hérité d’un don de communions des esprits. Comme prévu, il n’avait strictement rien compris à son baratin, et ce à ma plus grande joie. Je prenais un plaisir presque malsain à voir ma maitresse déboussoler les esprits plus ou moins sains de ses interlocuteurs.

Finalement, il ouvra la bouche, et parla. Hourra ! J’avais fini par croire que ses neurones s’étaient noyés dans une mare d’acide appelée Harouna. Et voilà. La jeune femme et moi étions donc les grands bénéficiaires de la phrase clichée inévitablement sortie de la bouche d’un garde impérial, à savoir « la sécurité, la sécurité ! ». Ridicule, et j’étais très probablement le seul à m’en rendre compte. En quoi interpeller une jeune femme s’apprêtant à entrer dans le théâtre de la ville, s’avérait-il être un acte pour le bien de la sécurité et des citoyens ? Harouna portait-elle donc tant que ça le visage de la victime potentielle numéro un ? Ou était-elle incroyablement malchanceuse ? Incrédule, je dévisageais notre importun, puis reportai mon attention sur la petite brune. Elle avait haussé un sourcil.


- Une brebis égarée ? Moi ? Elle grimaça, tout en s’examinant de la tête au pied, nerveusement. Vous trouvez ? En quoi pourrais-je bien ressembler à une brebis ? C’est étrange…


Cesse donc de tout prendre au pied de la lettre, Harou, pensais-je. Je savais pourtant bien qu’une part de cette douce fille jouait une indiscernable comédie. Quoi qu’on eut pu dire, personne ne connaissais minutieusement la véritable Harouna Sunleth. J’écartais ma pensée devant la drôle de posture que nous offrait notre interlocuteur. Il fronçait tant les sourcils en fixant le visage de la jeune femme, que je crus presque le voir loucher. Un idiot en perspective. Voilà ce qu’il était, à n’en pas douter. Un idiot qui venait juste d’étudier d’un peu plus près le regard inhabituel de ma jeune maitresse, et qui ne savait pas comment réagir, si bien qu’il détourna le regard, pensant que personne ne s’en rendrait compte. Mieux valait ça que de le voir partir en courant, d’un côté.

Je ne pus réprimer un frisson d’effroi lorsque le blondinet afficha un sourire que je ne jugeais non pas enjôleur, mais niais à souhait. Il ne fallait pas être dupe pour comprendre que ce vaurien se servait de son rôle pour en savoir plus à propos de la jeune femme sur laquelle il avait jeté son dévolu. Pitoyable ruse, vraiment. Mais il ne me sembla pas judicieux d’intervenir. Harouna devait répondre à cet interrogatoire, tout simplement parce qu’il n’était pas conseillé de fausser compagnie à un membre de la garde. Elle décocha un sourire candide.


- Oh, bien sûr. Je me nomme Harouna Sunleth, enchantée. Je suis ici pour cela, enfin, je crois. D’une main, elle désigna la grande bâtisse qu’était le théâtre, avant de rire innocemment. Un rendez-vous ? Non, bien sûr que non, je suis ici seule, j’espérais seulement me trouver une place pour la pièce de ce soir. J’imagine que… vous me posez toutes ces questions pour votre travail ? Qu’est-ce donc ? Une mission secrète ? L’Empereur vous envoie non ? Votre travail doit être vraiment palpitant et excitant, comme je vous envie !


Adieu. Nous venions de nous prendre les pieds dans l’engrenage sans fin qu’était l’imagination de la jeune Sunleth.
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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 15 Aoû - 9:06

En quoi pouvait-elle ressembler à une brebis ? De Beaumont haussa un sourcil, sceptique, il se demanda alors si la jeune femme n'avait pas but, ou fumé quelque chose de particulier. Ou bien elle faisait partie de ces péquenots qui ne connaissaient rien aux expressions, même si elle portait des vêtements de bonnes factures. Le jeune homme était donc en train de conclure qu'il avait affaire à une nouvelle espèce d'énergumène, une étrangère sans doute qui lui déblatérait tout un tas de paroles déconcertantes. Il resta cependant plus impassible que la première fois, le regard fixé sur cet oeil marron qui lui rappelait Louise, son coeur serra d'ailleurs de douleur, et malgré sa volonté à refouler tout ces souvenirs douloureux, Vaillant ne pouvait pas ne plus penser à sa soeur. Un certain malaise le prit alors, et tout en contemplant le joli minois de la demoiselle, il se laissa aller à la nostalgie. Il serra les dents, essayant d'effacer le souvenir clair de Louise dans son esprit, et surtout de ces instants qu'il avait passés en compagnie, et ce dernier... ce cauchemar qui sans cesse lui revenait, il ferma les yeux, crispés, car dans son crâne hurlait : « A l'aide... grand... », comme un refrain, comme une mélodie mauvaise qui lui crevait le coeur.

Il reprit pourtant contact avec la réalité, il rouvrit les yeux et fronça les sourcils lorsque la jeune femme se présenta. Il lui donna un nouveau sourire, plus crispé néanmoins que le premier, il garda les mains derrière le dos, et hocha la tête. Harouna Sunleth ? C'était un joli nom, quoiqu'un peu bizarre selon lui, alors tenait-il sa fameuse psychopathe assoiffée de sang ? Il fit une chose qui en soi était un véritable miracle : Vaillant se mit à réfléchir. Ses petits neurones se mirent rapidement en marche, cherchant encore et encore les informations qu'on lui avait données sur la tarée. Une brune sans doute entre vingt et trente ans, sans doute jolie, qui avait l'habitude de boire le sang de ses victimes. Il fut tenté l'espace d'une seconde de lui demander si elle avait l'habitude de ce genre de chose, mais tout de même ! Il n'était pas assez con pour faire une erreur pareille ! Il lui tendit alors la main, et sur un ton plus bas que celui de tantôt, le jeune homme se présenta :


— Enchanté, Miss Sunleth. Je m'appelle Vaillant De Beaumont, à votre service.

Parce que lorsque Vaillant se présentait à une jolie fille « en détresse », il se sentait souvent obligé de décorer sa phrase d'un « à votre service », même s'il avait plus l'habitude de louer ceux de prostitués, il n'avait jamais eut de relations « normales » avec l'autre sexe. Et puis Liliane restait la première dans son coeur, la seule, l'unique, celle qui lui murmurait des mots réconfortants et qui... l'appréciait, enfin surtout l'argent qu'il pouvait lui donner. Harouna était donc venue pour une pièce de théâtre ? Amusant. En même temps elle semblait avoir reçu le même type d'éducation que lui-même, il se mit à lever les yeux au ciel, pris dans une certaine réflexion. Que répondre à son innocente question ? Minute... une mission secrète ? Lui ? LUI ? Il avait déjà du mal à tenir son épée, il était aussi discret qu'un éléphant dans une soirée mondaine, il était aussi courageux qu'un pigeon... Cependant... une chose qu'il ne fallait pas oublier avec ce personnage pathétique, c'était qu'il avait un certain don dans tout ce qui touchait au mensonge. On le prenait pour quelqu'un de fort grâce à la Panthère Grise ? Et ce grâce à cette histoire inventée de lui-même, mise en valeur par ses maladresses. Vaillant eut soudain l'envie de jouer, et continuant de sourire, il se pencha légèrement, et fixant Harouna d'un oeil impassible, il répondit :

— En mission ? Nos missions ne s'arrêtent jamais, la sécurité de la ville est la chose la plus importante pour nous. Mais effectivement... l'Empereur connait en ce moment quelques soucis avec certaines... mauvaises personnes. Mes compagnons et moi avions été envoyés ici pour mener une enquête, et servir notre Empire du mieux que nous pouvons.

... Vaillant avait tout du bellâtre sans profondeur, son cerveau était celui d'un hypocrite qui n'avait pas les tripes de crier au monde qu'il n'était rien d'autre un couard. Et il ne ressentait pas le moindre scrupule à mentir à cette jeune femme, il voulait surtout l'impressionner. Comme tous les garçons, on pouvait dire, même s'il l'impressionnait plus avec sa bêtise et ses mensonges. Néanmoins, on pouvait reconnaître que le jeune homme avec un certain talent d'orateur, débité tant de conneries en peu de temps, ça tenait vraiment du don. Il replaça derrière son oreille une mèche blonde, et pria l'Ombre de l'aider dans sa besogne : Harouna n'avait pas la preuve qu'il mentait, n'est-ce pas ? Et avec un peu de chance, le jeune homme pourrait enfin remarquer la bestiole, mais sans doute dans le prochain post.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 22 Aoû - 21:44

Vaillant De Beaumont. Il s’agissait là, une fois de plus, d’un curieux personnage. Néanmoins, je répondis timidement à la main qu’il me tendait, en la serrant faiblement, sans oublier d’afficher sur mon visage un sourire ravi. Faussement ravi, cela dit. J’ignorais tout de lui, et son intérêt soudain pour ma personne avait un petit quelque chose…d’inquiétant. Enfin, rien qui ne méritait que je cris subitement au loup, ou que je détale aussi vite qu’un lièvre. Dans un réflexe plus que par autre chose, j’haussais vaguement un sourcil lorsqu’il se rapprocha un peu de mon visage, dans le but unique de répondre à ma question pour le moins intéressante, de mon point de vue en tout cas. J’écoutais alors d’une oreille attentive les confidences qu’il déblatérait fièrement devant moi, comme un paon se pavanant dans sa basse-cour. Au fur et à mesure de son récit, mon sourire s’élargissait, et j’avalais chacune de ses paroles avec une soif insatiable. L’Empereur serait donc victime de quelques problèmes ? Intéressant. Et alors, cet homme, à la crinière dorée serait vraiment en mission ? A dire vrai, mes suppositions quant à la nature de son travail avaient été complètement aléatoires, pour le coup. Et il s’avérait que j’étais dans le vrai ? Gé-ni-al ! Avec un peu de chance, je pouvais très certainement tirer de plus amples informations à ce brave soldat de la garde.

J’analysais donc la situation. Vaillant De Beaumont, le garde impérial en mission pour l’Empereur. Vaillant de Beaumont, l’homme qui disait être à mon service, se tenait là devant moi, ouvert à toutes sortes de discussions. Hum… N’était-il pas en train de négliger son travail pour me tenir compagnie ? Je l’interrogeais du regard, le fixant d’une façon que certains jugeraient certainement d’indécente.

- Hum… Dites-moi, je me demandais… N’êtes-vous pas en train de perdre votre précieux temps à discuter ici avec moi ? Je veux dire, si quelqu’un veut du mal à l’Empereur, peut-être feriez-vous mieux d’arrêter au plus vite les malfaiteurs… Non ?

Je m’étais penchée à mon tour, et avait prononcé mes paroles à l’aide d’une faible voix, afin de rester dans la confidence. J’espérais ne pas l’avoir offensé avec mes propos, qui en plus d’être un tantinet déplacées, pouvaient tout aussi bien sous-entendre qu’il ne prenait pas assez sa fonction à cœur. A dire vrai, je le pensais un peu. Mais qui étais-je pour me permettre de juger le travail d’un homme de main de l’Empereur lui-même ? Pour peu que j’accorde de l’importante et de l’estime à ce jeune garçon à la tête de l’Empire, bien sûr. Mais peut-être bien que ce Vaillant travaillait sans relâche depuis des jours, et qu’il se permettait juste une quelconque pause en ma compagnie. Je regardais de nouveau son visage avec intensité… Non, il n’en avait pas l’air. Ou alors, il le cachait avec beaucoup d’habilité. Et alors que souriante, je portais de nouveau mon regard autour de nous, je remarquais que de plus en plus de personnes se pressaient vers l’entrée du théâtre. La représentation était pour bientôt, et j’étais si excitée que j’en devenais nerveuse. Nerveuse de ne pas avoir encore de place, nerveuse de ne pas savoir si j’allais pouvoir y assister ce soir. Une fois de plus, mon attention se porta sur ma nouvelle connaissance.

- Croyez-vous qu’il soit possible d’acheter une place… Je veux dire, il faut se rendre à l’entrée ? Je n’ai jamais fait ça avant, alors je suis quelque peu hésitante quant à la manière dont je dois m’y prendre. Si vous n’êtes-pas pressé, peut-être pourriez-vous m’accompagner ? J’esquissais un sourire chaleureux. Ce serait un grand service que vous rendriez.
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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyDim 28 Aoû - 23:38

Vaillant grinça des dents, lorsque Harouna lui posa avec insouciance sa question, il sourit malgré tout, crispé. Lui, en mission ? C'était une blague, ça ! Si mission il y avait, le jeune homme faisait son possible pour ne pas se mouiller, ses vêtements étaient trop bien entretenus pour qu'il se permette ça. Certes... il était censé chercher une vile psychopathe et l'emmener en prison, mais il devait bien s'avouer que son esprit était un peu trop concentré sur la jolie demoiselle qui lui faisait face. Son regard l'étonnait assez, d'ailleurs, jamais Vaillant n'en avait de pareille. Des yeux marron, c'étaient d'une rare banalité, des yeux verts un peu moins, mais la jeune femme avait un oeil vert et l'autre marron ! Si sur le moment le jeune homme avait cru avoir affaire à un Objet, les choses bizarres vaguement humaines, dont tout le monde se servait pour les basses besognes, il la trouva bientôt plus charmante et originale que les autres filles.

Donc... De Beaumont avait beau être fol amoureux de sa douce Liliane, au point de rêver d'un jour l'enlever à son bordel, et de lui faire toute une poignée de chiard aussi ridicule les uns que les autres, ça ne l'empêchait pas d'aller voir ailleurs. Notamment ici, présentement, donc sa mission ? De Beaumont l'avait oublié pour une demoiselle, bravo la Garde Impérial !

Néanmoins, il trouva une brillante excuse pour concentrer son esprit sur autre chose : si cette jeune femme était effectivement sa « proie », il pouvait toujours rester en sa compagnie pour la surveiller, et lui poser des questions ? Cependant, la jeune Harouna semblait étrangère, comme le lui indiqua sa seconde demande. Vaillant se retourna vers l'imposant édifice qui avec orgueil, se dressait dans la nuit noire, l'art, unique lumière de ces ténèbres. Il resta plus ou moins droit, sa bouche tordue dans une grimace, il réfléchit à ce qu'il devait faire. L'accompagner ? Apprendre à la connaîtrer, et plus qu'effleurer l'idée de la mettre dans son lit ? Voilà une chose qui lui tordait les tripes, idée délicieuse de passer une nuit en compagnie d'une jeune femme un peu perdue, pure et naïve. Oui, Vaillant n'était pas très perspicace, sa vision du monde se limitait à ses désirs et caprices. Égoïste, le jeune homme ne pensait qu'à son secret, et essayer de vaguement sauver son honneur. Il haussa un sourcil, lui offrit son sourire Colgate de bellâtre, et lâcha :

— Eh bien... je serais ravi de vous accompagner.

Le jeune homme passa une main dans sa chevelure blonde pour appuyer son geste, puis il désigna l'édifice pour indiquer à Harouna qu'il la laissait passer. Son éducation lui avait donné un petit côté gentleman, même s'il était plutôt capable d'abandonner Harouna, en cas de problème. Sa petite vie misérable était plus importante que le reste, Vaillant n'était rien d'autre qu'un minable. Il continua de sourire, évitant avec un talent extrême la question de la demoiselle au sujet de sa mission. Comme par hasard, De Beaumont l'avait oublié, et se concentrait sur un autre art de sa minable personne : parler.

— Effectivement, Miss Harouna, il faut se rendre à l'entrée pour obtenir des billets contre de l'argent. Il y a un guichet, et une petite présentation du spectacle qui va avoir lieu.

Vaillant leva son regard gris sur le ciel noir, l'index sur son menton, il sembla réfléchir, et ajouta :

— Hum... il me semble que Kin Lighteven joue ce soir, c'est un grand acteur, le connaissez-vous, Miss... ?

Et là... le regard de Vaillant perdit son éclat, lorsqu'il croisa par mégarde le regard bizarre d'une bestiole. Une chose, un truc, un bidule, un machin, il ne savait pas exactement ce que c'était, mais ça avait quatre pattes, des oreilles, et c'était poilu. Il resta bloqué dessus deux bonnes secondes, détaillant Louki comme si ce n'était rien d'autre qu'un objet, comme ceux que les médecins pouvaient inventer. Il secoua la tête, et poussant un soupir, il retourna son attention sur un groupe de jeunes femmes de son âge. Il ne perdait pas le nord ! C'était quoi la Chose que Harouna portait sur son épaule ? Un chat ? Un rat ? Un furet ? Vaillant n'aurait pas su le dire, et pour cacher son trouble, le jeune homme croisa le regard d'une jolie rousse à qui il envoya une oeillade. En réalité, la mission dans laquelle il excellait plus ou moins, c'était la flatterie, la drague, l'amour, etc. tout ce qui pouvait le rapprocher de ces drôles de créatures fragiles, douces, mesquines parfois, d'autre fois insouciantes qui se trimballaient deux choses qu'on appelait une paire de seins. Vaillant se laissait bien trop souvent distraire par les femmes.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyDim 23 Oct - 11:37

Au nom de Fintasy, sur quoi d’autre risquions nous de tomber après… ça ? Cette chose scandaleusement prétentieuse qui se pavanait au même titre qu’un paon, espérant ainsi sûrement attirer les bonnes grâces de ma naïve et candide maitresse. Je nourrissais un certain mépris pour toute personne ayant l’espoir d’effleurer ne serait-ce qu’un seul cheveu d’Harouna. Je priais alors pour qu’il ravale vite son égo démesuré avant que je ne le prenne en charge moi-même, avec l’aide de mes petites griffes bien acérées, dont je n’étais pas peu fier, il fallait l’admettre.
Et donc, il consenti sans une once d’hésitation à suivre la jeune femme, qui n’avait qu’une seule arrière pensée, celle de pouvoir accéder aisément au sein du théâtre, afin d’être sûre qu’elle ne manquerait pas la prestation prévue en cette belle soirée. Pour faire simple, ma pensée se dirigeait inévitablement vers un seul mot : Profiteur. Sans oublier de passer sa main dans sa longue tignasse qui le faisait plus ressembler à une femmelette qu’à un membre de la garde Impériale, le brave jeune homme, avec beaucoup de courtoisie, laissa la demoiselle ouvrir la marche.


- Je me doutais bien que ça serait payant, je ne suis pas totalement dupe. Seulement, je me demandais si les places étaient réservées à quelques personnalités… conséquentes. Soit, je suis bien contente d’avoir pris ma bourse avec moi.


Elle termina sa phrase en souriant délicatement au jeune homme. Je venais tout juste de comprendre quel sous-entendu s’était glissé dans sa phrase. Les « personnalités conséquentes » auxquelles elle faisait allusion n’étaient autres que son très cher Oncle, Uriel D’Arken. A ce propos, nous n’avions toujours pas eu l’occasion de le rencontrer. Enfin, Harouna n’avait pas même cherché à se rendre sur le lieu où il aurait été possible de demander une entrevue avec le Haut-prêtre. Mais qu’attendait-elle ? Plus les semaines défilaient, moins il m’était facile de ne pas la soupçonner comme cherchant à mettre au point quelques étranges stratégies d’approche. Quelle enfant effrayante ! Le plus effrayant cela dit était qu’elle ne me mette au courant de rien.

Je préférais m’extirper de réflexions fâcheuses en canalisant mon attention sur les faits et gestes de l’importun. Voilà un bon moyen pour ne pas se poser trop de questions. Au pire, il ne m’était pas nécessaire de faire fonctionner mon cerveau, je n’avais qu’à utiliser mes crocs. Les vieilles méthodes restaient pour moi les meilleures. Harouna ralenti la cadence, freina un peu son excitation, et se tourna plus franchement vers le garde.


- Ce nom ne me dit rien… Un grand acteur, dites-vous ? Je me demande à quoi il ressemble. Quelle pièce va-t-il donc jouer ? Oooh, existe-t-il des adaptations de romans au théâtre ? Ça serait fantastique ! D’ailleurs, peut-être êtes-vous un fidèle spectateur ?

Elle se mit à rire, laissant probablement dans l’incompréhension son interlocuteur, autant qu’elle m’y laissait moi aussi, assez souvent. Je cru d’ailleurs, l’espace de quelques secondes, que l’air ahuri qui se dessinait lentement sur le visage du jeune homme était encore la faute d’Harouna. Jusqu’à ce que je comprenne, bien malgré moi, que les deux yeux gris et dépourvus de lucidité me fixaient, Moi, ce qui ne faisait qu’ajouter à mon malaise. Que voulait-il ? Je sentais un feu ardent brûler mon pelage tandis qu’à mon tour je ne le quittais plus du regard. J’avais la sensation qu’à chaque seconde, mon corps perdait le contrôle de lui-même, et qu’inévitablement, j’allais finir par rendre un membre de la garde dans l’incapacité d’utiliser ses yeux. Le regard du jeune homme m’esquiva finalement, allant adresser un clin d’œil répugnant à une jeune noble passant par là. Ce fut trop pour moi, et avant même de m’en rendre compte, je bondissais déjà sur cette canaille dégoutante ! Mais je crois avoir mal calculé ma trajectoire pour le coup, et ce ne fut pas sur son visage tout folichon que je me retrouvais, mais dans sa chevelure de grande blonde.


- Louki !

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Vaillant De Beaumont
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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 24 Oct - 20:04

Quelle charmante jeune fille tout de même ! C'est ce que ne tarda pas à songer Vaillant, lorsqu'elle lui expliqua avec sa candeur qu'elle s'était doutée que ce serait payant, il approuva en hochant la tête en silence, sourire aux lèvres. Voilà une soirée qui commençait bien ! Certes... De Beaumont était en service, et il aurait pu faire autre chose que tenter de mettre dans son lit une pauvre jeune femme sans défense, autre que cette petite bestiole qui l'observait avec animosité. Le jeune homme écarta ça soigneusement de son esprit, ce n'était pas comme s'il était quelqu'un de dangereux ! Vaillant était juste maladroit, un peu con, bellâtre, et possédait peu de profondeur, mais il n'était pas dangereux... ce n'était pas comme s'il avait tué un Inquisiteur par accident, après tout ! Harouna lui plaisait par sa fraicheur, même si elle était assez différente des jeunes femmes dont il avait l'habitude côtoyer. Les bordels, évidemment, regorgeaient d'un peu de tout, et Liliane était unique.

Cependant, on pouvait voir que De Beaumont avait un goût prononcé pour les femmes mûres, bien habillées et assurées de leurs charmes, il aimait se perdre dans leurs bras pour goûter à des plaisirs qu'une vierge serait bien incapable de lui donner. Loin de comprendre le sous-entendu que Harouna avait glissé dans sa phrase, le jeune homme continuait de l'observer, tout comme il observait les gens qui passaient, surtout les demoiselles. Il repéra bien vite la présence d'une jolie créature avec une belle paire de seins, il aimait aussi les Vénus fatales qui n'hésiteraient pas à le mordre pour lui prouver qu'il n'était qu'un faible. Bien évidemment, Vaillant retourna toute son attention sur la pauvre fille qui avait eu le malheur de lui plaire, il continua de lui offrir ses sourires et ses formules. À sa question, les mains derrière le dos, il leva son regard gris et réfléchit, il fit avec des gestes encore plus féminins que les putains qu'il côtoyait :


— Oui, j'aime beaucoup le théâtre, et l'art en général.

Oui... bon... il ne mentait pas, c'était déjà ça. Vaillant aimait l'art, en tout cas de par son éducation, il préférait tout de même la lecture au théâtre, ignorant que c'était un point commun qu'il aurait pu partagé avec sa jolie brune. Il regarda derrière lui pour contempler la masse de costumes se rendre dans le théâtre, alors qu'il se voyait déjà accompagner cette douce demoiselle pour lui expliquer les tenants et les aboutissements d'une pièce sans saveur. Il alla d'ailleurs lui proposer son bras, sûr de lui, certain qu'elle partageait le même intérêt, mais autre chose se produit. Il n'avait pas fait un pas qu'il vit la bestiole lui lancer un regard noir, il n'y accorda pas la moindre importance les premières secondes, pourtant il aurait dû. Louki gardait bien l'innocence de sa jeune maîtresse, puisque Vaillant avait juste ouvert la bouche, il ne proféra pas ses formules, mais un petit cri de surprise.

Aussitôt, le jeune homme sentit l'air fouetter ses cheveux, et bientôt, il se rendit compte avec horreur que la bestiole avait bondi sur lui. Heureusement : il rata son seul atout, son minois, mais malheureusement, Louki atterrit dans son plus grand amour : sa chevelure blonde. Vaillant plaqua ses mains sur son crâne, apeuré, et essayant tout d'abord de garder son calme — il avait une image à tenir, voyons —, il ne tarda pas à crier d'une voix étrangler qu'on lui enlève la chose qui emmêlé dans ses cheveux étaient tout bonnement en train de les lui abîmer ! Rah... quelle odieuse bête, songea-t-il totalement désespéré, véritable et ridicule proie d'un animal jaloux et trop cynique pour supporter sa stupidité plus de deux minutes. Et là, le combat le plus lamentable d'Ishtar commença entre Vaillant qui s'était plus ou moins replié sur lui-même, et Louki qui ne devait pas bien comprendre ce qu'il se passait.


— Mes cheveux ! Mais... par pitié que quelqu'un m'enlève cette chose !

Sa chevelure blonde, sa belle chevelure blonde qui était un véritable trésor doré qu'il offrait chaque jour à la vue de toutes les personnes qu'il croisait ! Comment cette abominable créature osait-elle la lui abîmer ? Vaillant mordilla sa lèvre, et gesticulant dans tous les sens, semblable à un asticot sur son hameçon, il fouetta l'air de ses cheveux en espérant faire tomber Louki, sans se rendre compte qu'il reculait peu à peu vers une fontaine qui n'était décidément pas placée là par hasard. Tout à coup, il crut sentir quelque chose de chaud et poilu, il sursauta aussitôt pour essuyer sa main souiller sur son pantalon, et brutalement, sa jambe cogna le bord de la fontaine. Il poussa un cri tellement viril que ça ferait peur à un taureau, et brutalement, De Beaumont se sentit tiré en arrière avant de rencontrer le contact de l'eau glacial. Un grand « SPLOUTCH » résonna, puis sa silhouette disparut dans une multitude de gouttes d'eau. Il se cogna la tête contre le fond, saignant, Vaillant se trouva tout bonnement pour demeure une fontaine. La chose toujours dans ses cheveux, complètement trempés, il ne sortit pas pour autant, trop honteux... car déjà, il entendait les rires de la masse qui avait vu pour son plus grand malheur (et pour notre plus grande joie) la scène ridicule dans laquelle il s'était démené. Bah ! Après tout, mieux valait un pigeon mouillé qu'un pigeon qui roucoule, non ?
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 24 Oct - 21:29

Au creux de mon oreille, les grognements sourds et étouffés de mon petit compagnon vinrent chatouiller mes tympans, l’espace d’une courte seconde. Et la seconde suivante, je sentais déjà l’impulsion de son corps ridicule prenant appui sur mon épaule, et engendrant une détente digne de ses capacités. Si bien que tout sembla se suspendre alors que j’analysais d’ores et déjà la suite de la situation, et les conséquences de cette agressivité soudaine. Je lâchais un cri, par réflexe, geignant son nom alors même qu’il atterrissait dans la longue chevelure du pauvre garde. Maintenant, je n’avais plus qu’à espérer que le jeune homme soit du genre clément, et qu’il ne se décide pas à violemment étriper Louki. Dans un autre cas, je pouvais être celle qui sera blâmée. Tant pis, je n’aurais qu’à sermonner cet idiot de rongeur dès que nous serons seuls.

Enfin, pour l’heure, j’étais prête à présenter mes plus plates excuses, aussi essayais-je de me rapprocher du jeune homme. Mais quelle situation délicate ! Comment récupérer Louki sans faire affront à ce garçon ? Je n’allais tout de même pas mettre les mains sur sa longue chevelure à laquelle il semblait donner beaucoup de soin. Oui, après tout, il me suffisait d’attendre qu’il retire Louki de ses cheveux, et qu’il me le redonne simplement, il n’était pas nécessaire que je…

Oh.

L’air se froissa durant une demi seconde, et je cru tout d’abord que la plainte aigue qui arrivait nonchalamment à mes oreilles ne venait d’autre part que de derrière nous. Avant que je ne comprenne assez vite qu’il s’agissait en fait de la voix du-dit Vaillant. Mais… Pourquoi se trémoussait-il avec autant d’impulsion, comme si tout à coup un mal acharné s’était voué à le déposséder de sa vie ? Louki était-il si imposant ? On ne m’avait pourtant jusque-là jamais rapporté les faits comme quoi mon fidèle compagnon était une bête féroce et sans merci. Il était certes jaloux, cynique et un tantinet paranoïaque, mais il ne faisait tout de même pas le poids face à un membre entrainé de la garde Impériale… n’est-ce pas ? Je commençais d’ailleurs à trouver cette scène particulièrement amusante. Ce garçon pouvait faire sans aucun doute un merveilleux personnage secondaire dans n’importe quel roman d’aventures farfelues. A noter. Enfin, pour le moment, j’avais bien du mal à réprimander les soubresauts qui venaient soulever ma cage thoracique avec beaucoup d’acharnement. L’euphorie générale qui se propageait alentour n’aidait en rien dans la mission Garder son sang-froid. Si bien que je décidais de me concentrer sur un moyen pour récupérer Louki et cesser toute cette mascarade.
Tout ceci arriva d’ailleurs bien assez vite à son paroxysme, lorsque d’une façon tout à fait abracadabrante, il chuta majestueusement dans la fontaine qui se trouvait juste derrière nous.

- Ah ah ah ah ah ah ah ah !

C’était bien trop difficile ! Comment aurais-je pu retenir mes larmes et mon euphorie plus longtemps ?! Voilà que je riais aux éclats devant ce pauvre homme qui s’était gentiment proposé de m’accompagner au théâtre ? Il fallait que cela cesse au plus vite, quel manque de respect faisais-je là ? J’essuyais mes larmes du revers de la main, et me précipitais vers le malheureux, extirpant en chemin un mouchoir de soie de ma petite sacoche, avant de le lui tendre.

- Par l’Ombre, ne restez donc pas là ! Rien de cassé ? Je suis confuse, tout ceci est ma faute ! Louki, viens par là. J’attrapais la petite bête trempée par la peau du cou, cessant ainsi tout contact entre lui et le jeune homme. Excusez-le encore, il est bien trop téméraire et idiot, par moment. Hum… Comment pourrais-je m’excuser ? J’accepterai n’importe quelle requête, vous avez ma parole !

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Vaillant De Beaumont
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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyLun 24 Oct - 23:56

Humiliation.

Voici le mot qui qualifiait le mieux la situation de Vaillant, on pouvait lui ajouter le ridicule, bien évidemment. Il ignorait encore si la bestiole était dans sa chevelure, et celle-ci était plaquée contre son visage, il tremblait un peu, entièrement mouillé et prostré dans l'eau. Il en frémissait, toujours trempé, il n'osait plus bouger, tellement les rires des autres lui perçaient les tympans. Son coeur battait fort dans sa poitrine, il en était rouge de honte, et baissant la tête sur l'eau, il songea que cette dernière en véritable guerrière abîmait ses vêtements. Certes, ce n'était pas lui qui s'occupait de ça, mais ceci lui parut essentiel de le savoir ou non. Harouna elle aussi riait, comme toutes les autres, comme la masse qui pliait en deux le désignait comme le bouffon de la soirée. La créature perdue quelque part, il passa une main dans sa chevelure, grimaçant de colère en voyant que ses mèches de cheveux ondulaient sous l'effet de l'eau, Vaillant maudit de toute son âme cette bestiole. Il fouilla encore dans ses cheveux, cherchant à saisir l'objet de sa haine pour lui faire comprendre que ce n'était rien d'autre qu'une petite chose, et lui un homme — du moins, il en avait les organes reproducteurs —, alors il se releva en chancelant.

Il passa une autre main dans ses cheveux, fermant les yeux de douleurs, car l'un des boutons de sa chemise venait de se prendre dans ses mèches, il tira, furieux, et essayant de passer outre toute l'attention concentrée sur lui, il poussa un soupir. L'eau lui arrivait maintenant aux genoux, et toujours incroyablement ridicule, il passa une main sur son visage en poussant un autre soupir. Que dire ? Que faire maintenant ? Il était rouge de gêne, honteuse d'avoir fait rire une si jolie demoiselle, et pourtant ! De Beaumont ne concassait-il pas l'adage « femme qui rit, femme à motif dans ton lit » ? Apparemment non, car il songeait surtout à sa dignité souillée par cet incident. Mordant sa lèvre, il oublia bien vite tout ceci, lorsque Harouna lui parla de se racheter. Encore dans l'eau, le jeune homme resta un moment, ne sachant quoi répondre. Comment pourrait-elle se racheter ? Oh... pour ça... elle devait simplement le suivre dans une auberge, boire un peu avec lui, et se laisser charmer par ses mauvaises phrases. Et en parlant de ça, Vaillant passa une main sur sa chemise, et sur un ton qui se voulait toujours aimable, il lança :


— Je vous en prie... ce n'est rien, je vous aurais au moins vu rire ! Ce fut une chose bien charmante à entendre et à voir, j'en garde un merveilleux souvenir, cachant enfin l'amère situation que je viens de vivre. Et pour vous racheter ? Oh... ne vous inquiétez pas de ça, je vous demanderai simplement de m'honorer de votre douce compagnie, car voyez-vous... nous autre soldat avont peu l'occasion de nous amuser, et je serais heureux de passer quelques soirées avec vous, Miss Sunleth... et donc, ceci... AAAAAAAH !

Parce qu'en avançant, le jeune homme avait parlé sans trop reprendre son souffle, et lorsqu’enfin, il était sur le point de terminer son discours sans saveur, il poussa un autre cri respirant la virilité à son paroxysme. Son genou fléchi en avant, et loin de voir le rebord, il s'écroula à moitié dans l'eau. Il s'érafla le coude contre la pierre, et gémissant de surprise, il porta son coude contre sa poitrine. Il était tombé à genoux dans l'eau froide, son coude saignait, et déjà, le jeune homme pouvait percevoir d'autre rire. Il se releva pourtant bien vite, cherchant encore un moyen de sauver son honneur, écartant le froid qui le submergeait. Il apprit par la suite à enjamber la fontaine pour en sortir, et observant Harouna, De Beaumont trouva une solution à son problème : faire comme si de rien n'était. Bellâtre un jour, bellâtre toujours, il fit quelques pas vers la jeune femme et se souvenant soudain des soins qu'elle lui avait auparavant prodigués, il se maudit de ne pas avoir su en profiter. Ah ! Qu'il était dans un état lamentable, et que devrait-il dire aux autres soldats ? Bah ! Vaillant avait un don pour inventer des histoires, et s'inclinant en avant, il murmura en posant une main sur son coeur :

— Mais bien avant cela... je crois qu'il ne serait pas inutile pour moi de me changer, mais votre pièce... ?

Car c'était bien là le problème : Vaillant voulait bien inviter la jeune femme au théâtre, mais que ferait-il avec ses vêtements trempés ? Il ne pouvait pas décemment rentrer là-bas ainsi ! Il donnait l'air d'être un imbécile de première, et même si c'était le cas, il voulait encore cacher le peu de dignité qu'il avait. De Beaumont offrit donc un sourire crispé à la jeune femme, les mains derrière le dos.
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Harouna Sunleth

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La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] Vide
MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMar 20 Déc - 14:45

Je n’en croyais pas mes oreilles ! En voulant venir en aide à ma jeune maitresse, je venais de la servir sur un plateau d’argent à ce cloporte misérable et ridicule ?! J’en avais encore le souffle coupé ! Comment Harouna pouvait-elle être aussi naïve ? C’était pourtant clair comme de l’eau de source, voyons ! Cet animal à la capillarité féminine, et risible à souhait n’attendait qu’une chose depuis le début, et voilà que je venais de lui offrir une occasion en or de concrétiser ses abominables intentions. Que quelqu’un me pince, bon sang ! Me retrouvant de nouveau sur l’épaule de la jeune femme, je m’ébrouais, provoquant un petit rire chez cette dernière, avant que nous ne reportions tous deux notre attention sur le singe que je maudissais d’ores et déjà. Si j’avais échappé à la noyade, lui aussi. Mais au moins, tout le ridicule de la scène était irrémédiablement dirigé sur lui. C’était déjà un bon point de marqué. Si seulement Harou ne s’était pas gentiment proposé de le dédommager… Mais quelle idée ! Tout aurait pu être parfait, si seulement… Ah ! J’attendais maintenant, les dents serrées, espérant que la jeune femme réfléchisse à deux fois avant d’accepter la requête de cet incongru. Aussi misérable qu’un paon se pavanant, aussi charismatique qu’un chien mouillé, avec un peu de chance, cela suffirait à dissuader ma jeune maitresse de passer plus de temps en son indésirable compagnie.

- Ah, attention ! Je la vis esquisser un pas en avant. Ecoutez, si ma seule compagnie peut vous faire oublier ce mauvais accident dont je suis la seule responsable, je n’y vois aucun inconvénient. Mais faites attention où vous marchez, il serait fâcheux que vous vous blessiez à nouveau !


Essaye encore. Quel dénouement prévisible ! Tellement prévisible que j’aurai dû y penser avant même de sauter au cou de ce pauvre écervelé. J’étais peut être celui qui réfléchissait peu, finalement. Mais j’avais beau ronchonner, le résultat restait le même, et il fallait que je trouve un moyen de sortir ma précieuse Harouna des griffes du monstre. Sans doute me reprocherait-elle de ne pas lui faire suffisamment confiance, mais c’était quelque chose dans mon caractère que je pouvais difficilement refouler. Je fixais l’importun avec des yeux sans doute expressivement dissuasifs, lorsqu’il se décidait enfin à sortir de la fontaine dans laquelle il avait majestueusement ruiné son image et sa crédibilité un peu plus tôt. J’étais d’ailleurs fier de constater que des regards moqueurs et hilares jonchaient toujours sa svelte silhouette, m’aidant ainsi à garder précieusement en moi l’assurance qu’il n’était rien d’autre qu’un minable bon à amuser la galerie. Ceci dit, il s’avança, faisant mine d’avoir retrouvé un semblant de dignité. Tsss, rien de plus facile que de faire comme si rien n’était arrivé.

Je me demandais tout de même de quelle manière comptait-il se changer, n’ayant ni vêtement de rechange, ni lieu approprié dans les alentours. Et puis, nous allions effectivement rater la pièce qui, je le rappelle, était à la base la raison principale de notre présence ici. Et là, forcément, je pouvais comptais sur Harouna pour entrer un peu plus profondément dans la gueule du loup.


- Eh bien, à ce stade, tant pis pour la pièce ! Louki et moi sommes à Ishtar pour un bon moment encore, je dois dire. D’autres occasions ne manqueront pas de se présenter, je l’espère. Quant à vous, et bien, j’imagine que vous savez où il serait possible de vous changer ?


Et Plouf.
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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMar 20 Déc - 23:44

Harouna n'était pas le genre de jeune femme qu'on draguait, mais Vaillant ne le savait évidemment pas. Loin de voir que la petite bestiole le détestait et le méprisait, le jeune homme continuait de faire la conversation à la jeune femme, devenue pour quelques heures une nouvelle amoureuse. Habituellement, seules les putains supportaient assez bien sa compagnie, mais celle-ci sans vendre sa vertu paraissait réellement apprécier De Beaumont. De quoi conforter ce dernier dans sa rêverie du moment, à savoir partager son lit avec cette ravissante créature. Mouillant ses lèvres, il tentait d'ignorer les rires qu'il pouvait entendre sur lui, concentrant son attention sur Harouna, et sa chevelure brune coupée courte, effleurant ses fines épaules lesquelles Vaillant avait envie de glisser ses doigts.

Pour une fois, il se détacha de son apparence pour contempler la belle créature qui en face de lui, et de sa voix aussi douce qu'un charme s'excusait encore et encore. Quelle adorable jeune femme ! Comment lui... homme pouvait résister face à elle ? Harouna était si pure et troublante avec son regard, Vaillant luttait contre l'envie de se mettre à genoux devant elle, et de baiser sa main pour lui promettre de la servir pour l'éternité. Du moment qu'il n'aurait pas à se casser un ongle, et à se battre. Son épée sur sa hanche, tendu fièrement vers le bas n'était pas là pour hurler : « cet homme sait se battre », mais pour faire joli, et souligner la finesse de son corps. Vaillant retint un dernier soupir, quand il passa une main dans sa chevelure mouillée, il sentait une odeur qu'il n'arrivait pas à déterminer. Par l'Ombre ! Ceci lui enlevait toute grâce ! Vaillant tenta d'en faire abstraction, et approuvant les paroles de la jeune femme, il lui répondit :


— Ne vous en faites guère, je me montrerai plus habile la prochaine fois, et je tâcherais de ne pas me laisser distraire par votre beauté.

Et cet abrutit lui fit un clin d'oeil pour approuver le tout, mettant en valeur son aura ridicule de petit Vicomte qui ne pensait qu'à son entrejambe. La question fatidique fusa pourtant, vrillant son crâne pour lui gronder : « Et Maintenant Charles Le Vaillant ? Que vas-tu faire ? Tu es trempé, mon mignon ». Vaillant n'était pas sans savoir qu'une chemise trempée sur un corps tout aussi mouillé possédait un magnétisme puissant, capable de faire craquer les demoiselles, grâce à son corps virilement viril, imberbe et dépourvu de muscle, véritable ode à la masculinité. Vaillant respirait le mâle, non, il sentait le mâle à des mètres et des kilomètres à la ronde, toute sa personne était un charme masculin capable de transcender et de dominer les autres, c'était pour ça qu'il avait courageusement perdu contre un petit rongeur, et qu'il s'inquiétait comme une femme de ses vêtements. Il remonta le col de sa chemise, déchiré entre l'idée d'accompagner dans cette tenue la jeune femme, et celle de retrouver un peu de sa superbe.

De plus... ah ! Toute cette eau s'infiltrait, sale, puante, sur sa peau soyeuse, ça lui donnait des frissons d'horreur. Il tourna la tête, et n'osant plus trop approcher la jeune femme de peur de l'importuner avec sa dégaine, il lança un regard mélancolique à l'immense bâtisse qui leur faisait face. La pièce ne tarderait pas à commencer, De Beaumont savait pourtant qu'une femme heureuse devenait femme facile, et secouant la tête, il se baissa en avant, la main sur la poitrine devant Harouna. Il mouilla ses lèvres, songeant que si jamais il avait l'occasion de mettre un peu de rouge à lèvres, il plairait davantage à la demoiselle, car c'était une histoire de virilité virile, tout ça
:

— J'ai une idée ma tendre amie, allez donc au théâtre en disant que vous me connaissez, ils vous donneront une place de qualité. Je vous rejoindrai plus tard, quand enfin je serai plus agréable à regarder pour vos yeux.

Vaillant fit un autre geste de la main, tournant le poignet pour souligner le caractère élégant de sa personne. Il recula d'un pas pour ne pas ennuyer plus que ça la jeune femme, et mouillant encore ses lèvres, il lui donna son magnifique sourire Colgate. Un sourire qui était cent pour cent naturels, venant des plantes les plus bios de tout Ishtar. Dommage que toute sa personne ne venait pas des monstres les plus poilus de Dargon, Vaillant aurait alors paru bien moins freluquet aux yeux de tous, il aurait pu affirmer alors son autorité sur la meute de soldats. Là, même si tous se doutaient que Vaillant était la Panthère Grise, ils peinaient encore à croire que ce frêle jeune homme fut capable de tenir une épée, d'ailleurs personne n'avait vu manier une épée... autre que celle qui se trouvait entre ses jambes, mais c'était rentrer dans une intimité qu'on n'avait pas forcément envie de connaître.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMer 21 Déc - 14:37

Décidément, il me semblait que cette soirée n’était pas de très bon augure pour ce jeune homme. Elle paraissait même hostile, ou du moins, la petite créature sur mes épaules en dégageait l’aura comme une armée colossale. Que dire, il était trempé, frigorifié jusqu’aux os, et son corps était parsemé de soubresauts. Je me mordis la lèvre et lançait à mon minuscule compagnon un semblant de regard courroucé. Voilà où nous en étions avec ses bêtises ! Et il n’avait pas même l’excuse que l’on pouvait accorder à n’importe quel animal moyennement éduqué. Et tandis qu’une petite brise nocturne était de sortie histoire d’achever ce pauvre Vaillant dans son état d’hypothermie, le faisant même cligner de l’œil, je m’empressais de chercher à nouveau quelque chose dans ma petite sacoche qui pouvait lui venir en aide, ou au moins lui faire oublier cette mauvaise passe. Par chance, ma main tomba sur une petite boite métallique. Ah ? Je décrochais un sourire victorieux, tandis que je sortais l’objet en question de mon sac, et en soulevai le couvercle.

- Ce sont des chocolats, prenez-en autant que vous le souhaitez, un peu de sucre devrait vous réchauffer… AAAAAH !


Dans un geste pour le moins…brusque, j’accompagnais mon exclamation par un mouvement circulaire d’environ cent-quatre vingt degrés, tournant ainsi le dos d’une façon bien impolie à mon interlocuteur. Avec grande hâte et peu d’élégance, je m’empressais de saisir un chocolat, et mordit dedans à pleine dent.

… Horreur et Damnation ! Malheureuse ! Mes yeux s’ouvrirent grands sous la stupéfaction et le dégoût. Indépendamment de ma volonté, je crachais tout par terre sans la moindre délicatesse, plus dans un réflexe de sauvegarde qu’autre chose. Qu’étais-je sur le point de faire ?! Proposer de tels chocolats à ce garçon ? Quelle splendide manière d’achever quelqu’un que de lui proposer quelques gourmandises datant de… approximativement une bonne dizaine d’années. Oui, du tréfonds de ma mémoire, je me rappelais soudainement avoir mis cette boite métallique qui trainait là depuis ma tendre enfance, dans mon sac à voyage, juste avant mon départ de la maisonnée. Alors il n’y avait rien de surprenant au fait que ces chocolats aient passés hélas la date limite de leur espérance de vie. Bien, ainsi le Mal fut évité. Je me retournais alors, dessinant mon plus beau sourire, tandis que discrètement ma main s’occupait de remettre dans la sacoche la boite à sa place initiale. Je jetterai son contenue un peu plus tard.

- Héhé, hem. Laissez-moi plutôt vous offrir un thé chaud, hein ? Et puis…

*Harou… *

- Hum ? J’esquissais discrètement un regard interrogateur à Louki.

* Essuie ta joue… Tu as du chocolat.*

- Huuum ? Ah ! J’essuyais prestement du revers de la main, sentant le feu me monter aux joues. Louki avait toujours le chic d’intervenir dans les « meilleures » situations. Bien, que diriez-vous de m’accompagner chercher les places, vous pourrez en profiter pour vous changer sur place, je suppose qu’il doit y avoir des … cabines, ou quelque chose comme cela ? Nous pourrions ainsi nous installer ensemble pour la représentation… Non ?

Je craignais surtout de me voir refuser les places si je m’y rendais seule.
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Vaillant De Beaumont
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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMer 21 Déc - 22:59

Vaillant alla prendre le plus naturellement possible un chocolat, quand il remarqua la réaction plus que suspecte de Harouna. Un sourcil haussé, il laissa sa main retomber le long de son corps, lui qui s'était imaginé tout un scénario était en train de perdre son illusion. Une adorable jeune femme, cherchant à lui offrir du chocolat, quoi de plus attendrissant ? Et si c'était par ses lèvres qu'il goûtait ce délicieux chocolat ? Une merveilleuse idée qui l'avait fait flotter doucement sur les eaux vineuses du fantasme, et ce fantasme se brisa en éclat, quand elle cracha presque le chocolat. Ça n'allait pas... non ! Ce n'était pas de la sorte que ça devait se passer ! Pourquoi ne pouvait-il pas prendre la main de Harouna ? L'apporter sur navire de romantisme, qui voguant courageusement sur l'océan de la douceur, l'amènerait dans les contrées roses de... l'érotisme ? Dure réalité, amère déception ! C'était pour cette raison que Vaillant mettait souvent sa tête entre les jambes des putains, elles au moins s'abandonnaient à ses mains baladeuses, faussement amoureuses de ses belles paroles, et de son esprit de Chevalier hypocrite. Pourquoi ce chocolat fut-il expédié de cette gorge appétissante ? Déjà, pervers de renom, De Beaumont s'imaginait déposer ses lèvres sur le cou de cygne, glissant ses doigts sous les vêtements de la jeune femme, et son esprit, vicieux sans doute, se serait perdu dans cet horizon sensuel, si le regard qu'il sentit sur lui ne fut pas aussi ténébreux. Un frisson remonta tout le long de son corps, et écartant cet instant d'égarement, il pencha la tête sur le côté, observant la profondeur du regard de Harouna. Quelles promesses ce regard sombre pouvait lui faire ? Et quel type de sucrerie la bouche de Harouna pouvait avaler ?

— Eh bien...

« Eh bien... quoi ? » Eh bien... Vaillant ne sut quoi ajouter, son esprit divaguait, mais il l'espoir de se retrouver à prendre le thé avec la belle Harouna le séduisait. Toutefois, il était indéniable qu'il ne pouvait pas se promener ainsi dans le Palais des Arts, alors il éloigna ses fantasmes, ses illusions pour un temps. Il approuva donc d'un mouvement de tête Harouna, et fit un geste de la main pour l'encourager à marcher. Il tenta de garder de sa superbe, malgré sa chevelure trempée, collée dans son dos, alors que ses vêtements mouillés lui donnaient l'air d'un plouc. Oui, un plouc, un plouc qui faisait « plouf », et qui ne savait plus où se mettre. Pourtant, le front digne, il leva légèrement la tête pour observer la poignée de nobles qui pénétraient l'imposante bâtisse. Vaillant haussa les sourcils, s'imaginant ainsi qu'il pourrait l'amour de cette manière à la jolie Harouna, et ce sous l'oeil intrigué de son bichon. D'un pas leste et léger, comme une danseuse, De Beaumont se dirigea en compagnie de Harouna jusqu'au magnifique sein des arts. Oui, un sein, ce soir à cause de l'esprit déluré de la joueuse, Vaillant avait à peine l'esprit mal placé. Donc une fois qu'il fut arrivé devant le « caissier », il présenta la demoiselle en appuyant bien sur son nom, car malgré tout, les De Beaumont étaient souvent des amoureux des arts. Étonné par sa présence, l'homme fit une grimace, et acceptant d'accompagner la demoiselle, il fit un signe de la main méprisant en intimant du regard au Garde de se changer. Vaillant sortit donc de la scène burlesque, et ce dans son petit ridicule, après avoir fait une énième révérence élégante à la jeune femme qu'il espérait avoir rapidement dans son lit.

— Ma tendre amie, je vous rejoins dans quelques minutes, j'espère que mon absence vous sera supportable. Ne vous en faites pas, sitôt vous serez triste, sitôt la joie vous retrouverez !

Et en s'inclinant une dernière fois devant elle, Vaillant tourna sur ses talons pour suivre une autre belle femme qui cette fois-ci le conduit dans les loges. Gênée par la tenue du soldat, elle le fut moins quand il lui donna une jolie bourse remplie de pièce d'or. Enfin, elle le cacha dans une loge, lui et ses vêtements totalement trempés. Il commença à se déshabiller, faisant tomber sa veste et sa chemise sur le col, il passa une main dans sa chevelure blonde pour sursauter quand l'autre rentra dans la pièce. Timidement, la jeune femme lui donna des habits propres qui sentaient bon la lavande et la poussière, De Beaumont dut faire appel à toute sa volonté pour faire fi de ses manières. Il fit glisser sur son corps l'étoffe légère d'une chemise à jabots, décorée de jolies fleurs roses, ce qui allait réellement à merveille avec son teint.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyJeu 22 Déc - 22:22

Je savourais cet instant, cette déception que l’on pouvait lire dans les yeux de ce chimpanzé, lorsqu’il s’avéra que les chocolats n’étaient finalement que partie remise. Ainsi donc, tout espoir n’était pas vain. J’allais montrer à ce moins que rien, qu’Harouna n’était décidément pas quelqu’un pour lui. Et peu m’importait les moyens utilisés pour arriver à mes fins. Même si il me fallait lui sauter à la gorge une énième fois, je le ferai à cœur-joie. Ainsi donc, je me tenais prêt. Il fit signe à ma jeune maitresse d’ouvrir la marche, tandis qu’il nous invitait à nous diriger vers l’immense bâtisse qui servait de théâtre. Plus nous nous rapprochions, plus je comprenais un peu mieux les lubies de la jeune femme. Une telle architecture, pour quelqu’un ayant la faculté de s’émerveiller face à tout, je ne m’étonnais même plus que nous nous trouvions ici en cette soirée. Malheureusement, il fallait forcément qu’un élément indésirable vienne tâcher le décor. Je riais intérieurement de la prestance ridicule qui marchait à nos côtés, tel un pantin de bois tombé dans un pot de peinture.

Nous arrivions alors à l’endroit tant attendu, où vraisemblablement, il nous fallait encore passer l’étape première avant de pouvoir réellement se détendre et profiter du spectacle. Le hall dans lequel nous nous trouvions, avait quelque chose de flatteur pour l’œil, les murs jonchés d’innombrables dorures, de quoi rendre cet endroit certainement plus prestigieux encore. La grande frivole s’approcha du guichet, un air victorieux sur le visage, et insista lourdement sur le fait qu’il désirait des places de la meilleure qualité. Encore une esbroufe dans l’espoir d’épater ma jeune maitresse. C’était lamentable. Celle-ci d’ailleurs se laissait conduire sans ajouter le moindre mot, en pleine confiance aux côtés de ce compagnon pitoyable. Je préférais cent fois ce Léandre que nous avions rencontrés auparavant, que ce singe et ses mascarades fatigantes. Je retins d’ailleurs une soudaine nausée lorsqu’il cracha comme un crapaud visqueux un flot de paroles écœurantes, réprimant par la même un frisson de dégout. Mais où avait-il appris de telles idioties, en parfait accord avec sa personnalité moisie et ringarde ? Lorsqu’il se retira, je priais alors pour que jamais il ne revienne, espérant par là qu’il se perde entre deux couloirs, ou encore qu’il tombe sur de jolies fleurs toutes ouvertes à quelques séances amoureuses dans une loge assez éloignée de celle où nous allions pouvoir profiter du spectacle. Bien sûr, je n’y croyais pas vraiment, un tel spécimen mériterai sûrement le surnom de « sangsue », car je savais bien qu’aussitôt changé il s’empresserait de revenir au pas de course, comme le bellâtre écervelé qu’il était.

Ceci dit, je ne retins pas ma jeune maitresse qui se dirigeait, guidée par un membre chargé de l’accueil, vers la loge qui nous avait été attribuée. Et forcément, je poussais un long soupir, plein de lassitude, lorsque je constatais avec déception que De Beaumont c’était arrangé pour obtenir une pièce destinée à deux personnes uniquement. Je rageais intérieurement, blasé de voir que mon ennemi avait un terrain d’avance sur moi. Harouna s’installa, les yeux pleins d’étoiles en contemplant la merveilleuse vue que nous avions sur la scène, et je me doutais déjà que l’autre énergumène serait là d’une minute à l’autre.
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Vaillant De Beaumont
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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptySam 24 Déc - 20:14

Ce fut avec son habitude de jeune gourgandine sans intelligence qu'il quitta les loges, sans pour autant avoir retrouvé sa superbe. Sa longue chevelure blonde était peignée et sèche, elle reposait avec sa perfection sur son dos légèrement voûté, au moins personne n'avait pu voir la marque de brûlure sur l'épaule. Il redevint l'insupportable soldat sans la moindre trace de bravoure, hormis dans son nom. D'un pas assuré, le regard arrogant, Vaillant paraissait croire que le monde lui appartenait, quand il se faufila dans les couloirs pour retrouver non pas sa conquête, mais sa victime du soir. On aurait pu le confondre avec les comédiens, non pas pour sa prestance et sa personnalité incroyable, mais bien pour sa fadeur et son ridicule qui allaient parfaitement à la comédie. Alors quand il longea les murs parés de velours et de tableaux, semblable au prince des bouffons, il se crut grand dans ce monde qui n'acceptait que les forts. Sa démarche était celle d'un idiot qui aurait un balai coincé entre les deux fesses, trop calculée pour être naturelle, elle lui donnait ce petit air de bellâtre qu'on méprisait tous. Son ombre passait sur les murs, comme il passait pour un con dans l'esprit des gens qui l'apercevaient.

De Beaumont était un Chevalier sans l'armure et l'épée de courage, il était en réalité l'écuyer qui pour se sortir d'une situation catastrophique avait troqué la chemise de toile contre le plastron en argent, et qui s'aventurait maladroitement dans la forêt des ténèbres pour tenter de fuir les soucis de sa vie. Sa présence était une calamité, une véritable torture pour les jeunes femmes qui parvenaient à comprendre que dans ce regard gris, il n'y avait pas de courage, mais uniquement de la sensiblerie qui cassait toute forme de virilité chez lui. Hormis Vaillant Junior, mais c'était une autre histoire, celle-ci. Posant une main sur le bras de l'escalier, De Beaumont gravit les marches sans s'apercevoir que sa tenue puait le ridicule, car trop féminin pour aller à un homme habitué à manier une épée. Ses talons claquaient contre les marches, un son désagréable qui grondait aux oreilles, et qu'il faisait subir aux gens qui n'étaient encore monter voir la pièce. Avec sa main, le jeune homme s'éventa pour saisir au vol un homme, et lui indiquer où se trouvait sa place. L'homme leva les sourcils devant l'imbécile qui osait prétendre avoir un peu de culture, mais en silence, il l'accompagna pourtant. Vaillant retrouva donc sans aventure Harouna, et souriant en apercevant sa chevelure brune, il effleura son épaule pour signaler sa présence. Il ne la toucha pas franchement, il « l'effleura », car il avait trop peur du rongeur pour risquer de perdre ses doigts de pianiste. Il murmura :


— Pardonnez-moi, mais me voilà enfin.

Passant une main dans sa crinière blonde, il s'assit sans gêne à côté de la jeune femme, content du point de vue que lui offrait la place. En réalité, lorsque les acteurs entrèrent en scène, Vaillant accorda peu de regards aux tenues des adolescentes, ou encore des jeunes gens, il se risquait plutôt à observer Harouna qui prit dans l'émotion du théâtre était merveilleux. Cependant, quand il crut croiser la paire d'yeux menaçante de Louki, il frissonna et rapporta toute son attention sur la scène. C'était un classique de chez classique, mais qui avait le mérite d'être drôle ; on voyait un amant caché dans une armoire, la femme qui tentait d'expliquer à son époux ce qu'elle faisait nue sur la table en plein après-midi. Vaillant mouilla ses lèvres, lui au moins, il ne vivait pas ceci, jamais. Les putains n'avaient personne à tromper, si ce n'était leurs goûts, et elles s'offraient généralement à lui en essayant de ne pas se concentrer sur sa connerie.

Le coude posé sur le fauteuil, il soutint sa tête vide de toute pensée hardie pour contempler le jeu des acteurs. Ses yeux suivaient avec envie leurs mouvements, alors que ses lèvres articulaient seulement les répliques. Si Louise eu été encore en vie, jamais De Beaumont ne serait devenu soldat, bien au contraire, mais il se serait fait volontiers acteur. Il aimait les magnifiques tenues de ces derniers, et puis d'après ce qu'il en avait entendu, les artistes avaient souvent bien du succès avec les femmes, il n'aurait jamais perdu autant d'argent chez les putes. Un soupir triste s'échappa de ses lèvres, puis soudain, il sentit une canne frapper doucement son épaule. Fronçant les sourcils, De Beaumont tourna la tête dans tous les sens pour croiser le regard noir d'un noble grand, très grand. De taille raisonnable, il se sentit pourtant minuscule à côté. L'homme était vieux, un haut-de-forme sur son crâne, une moustache parfaitement dessinée, il dit d'une voix de ténor :


— Vous êtes ici... dans ma loge, cette même loge que je loue toujours à l'année.
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyJeu 26 Avr - 23:04

L’excitation montait, prenant plus grande importance au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les couloirs dorés, tandis que je suivais de très près l’aimable personnel chargé de nous désigner une loge. De Beaumont était parti un instant, dans le but de réparer les dégâts causés par mon impitoyable compagnon à fourrure. Je posais d’ailleurs un instant mon regard sur ce dernier. J’espérais qu’il se tiendrait à carreaux pour la suite, sans grands espoirs. Je savais pertinemment qu’il se tenait prêt pour une deuxième charge, en cas de nécessité. Ce fut donc dans un soupir non dissimulé que j’entrais dans la loge, gratifiant au passage un sourire reconnaissant à l’homme qui me tint la porte avant de retourner à son travail. Je plongeais alors mon regard le long de la petite pièce ouverte, où se tenaient fièrement deux sièges aux allures confortables, face à une vue de premier choix sur la scène où se tiendrait sous peu la représentation.

Je sentis mes joues s’empourprer, et eu bien du mal à dissimuler le sourire qui s’étirait sur mes lèvres. Ah, quel sentiment merveilleux ! Tandis que mes yeux ne quittaient plus l’étendue de ce qui se dressait devant moi, je m’asseyais prestement sur un fauteuil. Je ne fus pas surprise de me voir trépigner d’impatience, me penchant coup-ci coup-ça par-dessus la loge pour observer l’espace en contrebas, occupé par de nombreux autres spectateurs. Je devenais alors folle à l’idée de penser que dès ma première visite, je me trouvais en hauteur et bien mieux placée que la plupart. Ah ah, la chance me souriait en cette drôle de soirée ! Quelques minutes passèrent, et j’attendais toujours non sans impatience. Enfin, le grand rideau rouge s’envola, et ce fut ce moment que choisi le garde pour faire son apparition à mes côtés, s’excusant de sa courte absence. Il me sembla, durant une seconde, sentir Louki réprimer un sifflement méprisant à l’intention du jeune homme. J’esquissais un alors un agréable sourire, comme pour compenser l’aura exponentiellement négative de mon minuscule compagnon.

- Oh, ce n’est rien ! La vue est tout bonnement splendide d’ici, vous ne trouvez pas ?


Et c’était vrai. Beaucoup trop vrai pour sembler réel, bien sûr, je me sentais alors excessivement gâtée de me trouver en tel lieu de culture ! Tandis que la pièce débutait, en bas, je me laissais transporter. Et enfin, de mes vingt années d’existence, j’assistais pour la première fois à une représentation théâtrale. Au cours de mon enfance et même après, mes longues lectures, qu’il s’agisse de romans, ou même de pièces, n’avaient pourtant pas été des moindres. Je dévorais des yeux la scène où déambulais les acteurs, trop heureuse de nourrir mon esprit et de le laisser flotter dans une autre réalité. Une réalité prenant source dans l’imaginaire d’autrui, un auteur ayant des idées à véhiculer, et un monde à partager. Aaaah, quelle brillante admiration avais-je pour ces gens-là ! Tandis que mon regard se perdait dans le camaïeu de couleur qu’offrait le halo des splendides parures portées par les comédiens, je sentis Louki se crisper sur mon épaule. La représentation sembla se suspendre pour nous, tandis qu’une voix s’éleva dans notre dos.

Une voix grave et autoritaire qui appartenait à un vieil homme. Homme qui semblait fort contrarié que sa place ne soit plus vacante. Je sentis mes joues s’empourprer, tandis que je me levais timidement de mon siège, jetant quelques regards à De Beaumont, curieuse de sa réaction. Mon attention se reporta sur le nouveau venu. Je m’écartais alors du fauteuil où j’étais assise précédemment, et désigna ce dernier d’un geste de la main. D’une voix peu assurée, j’articulais :

- Je… Je vous en pries, prenez-donc mon siège.

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Vaillant De Beaumont
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Vaillant De Beaumont

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMer 9 Mai - 9:48

Il avait fallu exactement douze secondes à De Beaumont pour comprendre que son coup était raté. Douze secondes qu'il passa à observer Harouna de son regard gris, et à se raidir devant la présence du grand homme. Douze secondes, où il tenta vainement de trouver une solution, et surtout de mettre la jeune fille dans son lit. Cependant, celle-ci se leva en s'excusant et en donnant sa place à l'homme, Vaillant resta un moment sans bouger. Il savait que ce n'était pas ces excuses qui plairont à l'homme, mais plutôt qu'on lui rappelle son rang, et donc toute sa puissance. Le jeune homme ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit de sa gorge, tant cette situation l'emmerdait.

Devant le regard cinglant et insistant de l'homme, le Garde se leva tout de même, sans émettre la moindre excuse, et se rapprocha de sa « proie » pour passer une main nerveuse dans sa longue chevelure blonde. Si Vaillant avait vécu à notre époque, il aurait fait un excellent mannequin pour les publicités de L'Oréal, car être aussi maniéré et ridicule, ça relevait du talent. Toutefois, présentement, ce n'était pas là le sujet : son plan tombait à l'eau, et il sentait poindre la contrariété. Et surtout ! Surtout, cet homme avait plus de prestance que lui, il en imposait bien plus en grand mâle dominant, et ce n'était pas cela qui lui ferait gagner les faveurs de Harouna. Alors Vaillant éclaircit sa voix, le torse bombé, il lâcha d'une voix plus rauque que d'habitude — ce qui lui coûta un effort, tout de même — :


— Eh bien... pardonnez-nous, mon bon monsieur, mais nous n'avions pas été prévenus. L'effet était raté, De Beaumont commençait avec des excuses, ce n'était pas ainsi qu'il ferait preuve de virilité, merde ! Il était quoi ? Une femelle ? Non. Malgré tout ce que l'on pouvait penser, il était un homme, avec le bon service trois-pièces entre les jambes. Donc... et il hésitait, cet heureux imbécile. Donc... nous ne pouvions pas savoir ! L'évidence même ne serait pas apparue avec autant de vérité. Ce que je veux dire, Monsieur, c'est que c'est par une erreur du hasard que mon amie... « Victime de mon idiotie » aurait été une formule plus convenable. Que mon amie et moi sommes ici, on nous a simplement donné les places qui restaient, et je suis malheureux de voir que ceci vous met dans une certaine colère, après tout, un homme comme vous se doit de garder son calme, n'est-ce pas ?

—...

Et... là, il fallut exactement trois secondes à Vaillant pour saisir l'essentiel de la situation : il était dans la merde. L'homme en face de lui semblait d'un rang bien supérieur au sien, et avoir une fortune en conséquence, lui n'était qu'un Garde Impérial, et Vicomte. Toutefois, c'était en voulant arranger la situation qu'il avait fait une telle erreur : rappeler à son interlocuteur qui paraissait être impulsif de ne pas s'énerver, car indigne de lui. Vaillant mordilla sa lèvre inférieure, présentant la paume de ses mains, il vit l'autre approcher, l'air menaçant collé sur sa figure rouge. Par réflexe et instinct de survie, le jeune homme recula jusqu'à ce que son dos touche le mur. Maintenant, alors que les problèmes arrivaient, il devait s'en sortir en gardant sa classe naturelle, et assez de sérieux pour continuer de plaire à Harouna. Eh oui, De Beaumont était persuadé que la jeune fille était sous son charme, sinon pourquoi l'aurait-elle suivi jusqu'ici ? Contrairement à lui, Harouna n'avait pas d'idée derrière la tête, et il ne s'imaginait pas que son comportement était en grande partie de la spontanéité et de la simplicité.

— Je veux dire... que... euh... vous... avec votre charisme, votre... votre grandeur ! Vous n'êtes pas homme à se laisser piquer par la fureur, n'est-ce... pas ? Haha...

Vaillant tentait de s'en sortir, mais lui-même ne croyait pas aux doux mensonges dont il caressa les oreilles de son adversaire, au contraire. Sa voix s'était tremblante, et elle avait même perdu de sa profondeur, enfin de cette profondeur qu'il tentait de garder face à l'autre. De Beaumont lui fit alors un de ses plus beaux sourires, celui qui puait le surfait et la superficialité à des kilomètres à la ronde, et qui ne lui donnait pas plus de grandeur qu'un haricot magique perdu dans la Capitale. L'homme émit un grondement agacé, et s'éloignant soudain, il posa une main sur l'épée qui pendait à sa hanche. Vaillant la remarqua aussitôt, et comprit avant même que l'homme se prononce :

— Vous allez me pardonner cet affront : un duel à l'épée, voilà comment régler ça !
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Harouna Sunleth

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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptySam 19 Mai - 22:58

J’attendais le comble, l’apogée du spectacle. Non pas celui qui se jouait sur la scène à ce moment-là, mais vraisemblablement, je faisais allusion à la comédie que nous trois, protagonistes, jouions depuis notre rencontre en cette malchanceuse soirée. Effectivement, il me semblait difficile de nommer autrement la fatalité qui voulut que nous croisions le chemin de ce pitre efféminé, qui d’ailleurs nous tenait maintenant compagnie depuis bien plus longtemps que je ne pouvais le supporter. Je m’acclamais presque du sang-froid et de la maturité dont je faisais preuve pour contenir tout mon mépris, qui me criait de mettre un terme définitif à l’honneur du chimpanzé débordant de niaiserie. Bon, c’était bien sûr sans prendre en compte l’épisode précédent qui s’était, –par hasard- terminé en beauté dans la fontaine. Et voilà qu’il continuait de se dandiner comme un paon, même assis ! Bon sang, mais que quelqu’un fasse quelque chose, avant que je ne m’en charge !

Je laissais échapper une exclamation, lorsque, contre toute attente, une voix d’homme nous interpella tous les trois, nous obligeant à nous retourner. Le nouveau venu était quelque peu bien différent du guignol qui nous accompagnait, de la même manière qu’il n’avait sûrement rien à lui envier. Sa posture assurée et son âge avancé, que j’imaginais témoin d’une maturité conséquente, lui donnait une prestance toute manquante à De Beaumont. Je sentis alors un doux espoir naitre dans mon cœur, lorsque je pouvais lire dans les yeux de l’inconnu l’irritation qui était sur le point d’éclore, et de se transformer en véritable agacement. Evidemment, nous pouvions alors compter sur De Beaumont pour n’être rien de plus qu’une véritable larve s’écrasant dans son trou pour échapper à son tragique destin. Il dégoulinait sans mentir d’une virilité rare, oui, devais-je l’admettre, probablement une virilité semblable à celle d’un poulpe accroché à son rocher, moisissant au soleil en attendant que la marée lui permette de se défaire d’un funeste sort. Ah, que de comparaisons lumineuses, n’est-ce pas ? A vrai dire, je ricanais bêtement sur l’épaule de ma très chère maitresse, tout en me délectant des paroles faussement crédibles que le blond débitait à une allure chevaleresque pour épargner son image, et ses fesses.

Mes yeux se mirent alors à briller comme des milliers d’étoiles, lorsque je le vis reculer pitoyablement contre le mur, aux côtés d’Harouna, aussi dignement qu’une jeune fille effrayée. Etait-il vraiment de la Garde Impériale ? Tout ça puait le mensonge et manquait bien trop de crédibilité ! Sans me vanter, j’en avais bien plus dans les tripes que ce bipède écervelé ! Le monde était décidemment bien injuste de munir pareille créature d’un corps capable de parler, sans m’en laisser l’opportunité, à moi qui avait un cerveau bien en place. Enfin, j’allais sous peu assister au clou du spectacle, et rien ne m’excitait plus que l’image brillante d’une humiliation digne de ce nom ! D’autant plus que j’allais certainement finir victorieux de cette guerre ridicule. A la bonne heure !
Le signal de ma future victoire se manifesta d’ailleurs assez vite : l’homme qui réclamait sa loge un peu plus tôt, voulait maintenant des excuses en bonnes et dues formes. Aussi sa main agrippa férocement mais avec classe le manche de son épée. Voilà qui allait m’amuser… Ou du moins, qui allait divertir correctement ma jeune maitresse. La petite brune ne parvint pas à retenir un hoquet de surprise. Exclamation qui n’avait rien de l’inquiétude soudaine, mais au contraire, se faisant témoin d’une excitation et d’un intérêt nouveaux. Ses yeux vairons et brillant se posèrent sur De Beaumont, ses lèvres tremblèrent :


- Vaillant... Montrez-moi un vrai combat ! Les livres sont comme ça ! Pleins de prouesses à l’épée ! De héros sveltes et agiles ! … C’est poignant ! Je n’ai encore jamais vu un tel défi de mes propres yeux ! Je suis si chanceuse !


Je me laissais le droit de rire.
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Vaillant De Beaumont
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MessageSujet: Re: La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou]   La comédie ne se joue plus sur scène, mais dans la rue. [Pv : Harou] EmptyMar 22 Mai - 16:32

Au risque de se répéter, Vaillant était dans la merde. Et pas qu'un peu.

De Beaumont avait pour habitude de faire face à des situations totalement comiques et ridicules, bravant avec courage le grotesque pour s'en sortir grandit. Cependant, l'homme devant lui qui imposait par sa virilité et son charisme, écrasant notre garde de toute sa prestance, avait remarqué l'épée qui pendait à la hanche de Vaillant. Et Vaillant n'aurait jamais imaginé de devoir un jour la tirer en public — on parle bien de son épée, et pas d'autre chose — pour croiser le fer avec un autre mâle. Un mâle qui n'aurait qu'à ouvrir la bouche pour le faire fuir comme un lapin, mais notre garde conservait à l'esprit cette idée : ce n'était pas tant sa belle chevelure blonde qu'il mettait en péril, ni ses vêtements dont il prenait soin, il ne s’agissait plutôt de son honneur.

Oui, son honneur, l'espèce de chose totalement incolore qu'il possédait, ou qu'il croyait posséder par moment. Il aurait pu prétexter autre chose, une maladie, une migraine ! Excuse favorite des femmes pour ne pas faire l'amour, lui, il en usait pour ne pas se battre. Mais... parce qu'il y avait toujours un « mais » quelque part, et que ce « mais » ne rendait jamais les choses faciles, Harouna ouvrit la bouche. Bien sûr, la simplicité de la jeune femme fit frémir Vaillant... qui lui cracha mentalement tout un tas de malédictions, quand elle l'encouragea dans sa candeur à se battre. Et que voulait-il faire déjà avec elle ? La séduire, et quoi de mieux qu'impressionner une femme pour la séduire ? Il tourna la tête, sentant sur lui le regard noir de la bestiole, et observa les jolis traits de la brune. Il s'éclaircit la gorge, et haussant les sourcils, Vaillant afficha son plus beau sourire :


— Eh bien... je ne pense pas que me battre contre vous soit une bonne idée, je veux dire... j'ai encore la vigueur de la jeunesse, et...
— Je ne suis puis tolérer vos insultes encore longtemps. Je vous défis.
— Meeeerd.... mais de quoi insinuez-vous ceci ? Je... enfin...
— Vous êtes un homme, non ?

Vaillant serra la mâchoire, et haussant les épaules, il se trouva incapable d'améliorer la situation. Il hocha la tête en silence, et fit signe à l'homme de passer devant lui. Il glissa une main dans ses cheveux, et tenta de mesurer le tour et le contre : Harouna paraissait vraiment contente de voir un duel à l'épée, Vaillant ferait tout son possible pour ses sourires... du moins, c'était ce qu'il pensait. Bah ! S'il perdait, que se passerait-il ? Il serait noyé de ridicule, rien de bien dangereux en-soi, et s'il gagnait ? Il pourrait plaire à Harouna. Et si la défaite marquait son front du stigmate de l'humiliation, il parviendrait sans doute à se faire plaindre, Vaillant cherchait un moyen de se voiler la face. Il sentait son coeur taper contre sa poitrine, son estomac se tordait, au fur et à mesure que le décor défilait lentement sous ses yeux.

La musique résonnait, et il croyait percevoir les notes macabres d'un violoncelle, une marche funèbre qui accompagnait l'enterrement définitif de sa dignité. La nuit jeta sur lui son voile sombre et sinistre, le jeune homme crut qu'on le couvrait d'un suaire, masquant la blancheur de sa peau, et la fatigue lueur de son oeil gris. Quelques personnes les avaient suivis, préférant observer leur combat que le spectacle. Vaillant avait les jambes tremblantes, et l'homme lui envoya un regard carnassier. Avalant sa salive, le jeune homme approuva quand l'autre lança :


— Le premier qui touche l'autre a gagné.

Vaillant tira son épée de son fourreau, sa main tremblait, mais le reste de son corps restait raide. L'homme suivit son geste, et De Beaumont nota la posture digne de son adversaire. Bien sûr, la sienne n'était pas des plus laides, un être aussi superficiel que lui-même tenait toujours à bien paraître quoiqu'il puisse se passer. Il fronça les sourcils, légèrement, et attendit que l'autre attaque : tout de même, on oubliait souvent que De Beaumont était Garde, et qu'il savait manier les armes. On ne l’avait rarement vu se battre, voir jamais, c'était tout. Il attendait, et l'autre attaqua brusquement. Vaillant recula et para de justesse l'homme, mais ce coup lui permit de constater que son adversaire avait plus de force que lui, mais même si Vaillant n'était pas agile, il était toutefois léger. Il évita la seconde offensive, la pointe de son épée vers le bas, il se tenait droit, et ses pas se faisaient petits, mais rapides.

Ce n'était pas comme une valse, ça ressemblait plus à une danse populaire qui se montrait vive, et précise. Il fit un mouvement de hanche, sans attaquer, il esquivait ou parait. L'autre montrait un peu d'impatience, et De Beaumont jouait avec ça. Il lisait dans son regard le mépris de l'homme à son égard, il n'avait pas besoin de l'entendre pour savoir qu'il attendait enfin une offensive digne de ce nom de sa part. Cependant, le garde continuait ses esquives et ses parades, concentré, et malgré tout, il faisait preuve de talent et d'habileté au combat. Harouna était la première personne à le voir se battre réellement, et ça le rendait nostalgique de l'époque où sa soeur était vivante. Et l'autre s'arrêta, leurs yeux se croisèrent, Vaillant n'était pas essoufflé, étonnamment. Son adversaire si, et quand ce dernier reprit ses esprits, et fonça sur lui, De Beaumont esquiva de nouveau. Mais par un rapide jeu de jambes, il souleva son épée et tournant sur ses talons, il glissa la lame contre le cou de l'homme.

Eh oui, la Panthère Grise avait remporté le combat. Et sans artifice, sans escroquerie, avec son seul talent de bretteur.
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