L'Empire Ishtar
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 Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre]

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MessageSujet: Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre]   Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre] EmptyJeu 29 Sep - 22:15

Comment aurait on put faire une fête sans elle? C'était souvent la question que l'on se posait dans le milieu. Elizabeth était l'élément à avoir dans toute réception mondaine, de part son éloquence, de son esprit vif et mordant, de part son adaptation à toutes choses, à toute personnes en face d'elle. Respectueuse du protocole, elle parlait à merveille, d'un langage soutenu aux tournures joliment faites. Et puis, elle était une exposition en elle même: toujours affublée de toilettes nouvelles, forts originale. Ce soir, par exemple, elle faisait sensation: elle avait mit une robe d'un noir profond, paré de plumes de paons, d'orgendis d'or joliment cousus sur les côtés de sa taille. Des tisons et camaieux de ciel crépusculaire décorait sa taille et son décolleté pigeonnant, comme à son habitude était sertie de pierrerie. Un masque de velours était placé sur son visage d'opale. D'ailleurs, un joyeux sertissait le centre de celui ci, et de magnifiques plumes de paon donnait un côté sauvage et insaisissable. Un long collier en sautoir, en argent massif, tombait sur sa poitrine relevée, et des boucles d'oreille de plumes de paon coulaient sur ses épaules. Ses longues mains étaient fines, et d'un geste délicat, elle remettait en place sa coiffure, retenus par des filets d'or. Marchant d'un pas félin, son parfum d'ambre embaumait son chemin. S'éventant de son large et sensuel éventail, elle saluait des connaissances, riait de son rire de cristal, et causait joyeusement. On ne l'avait jamais vut malheureuse, se plaignant de choses ci et là. Non, elle était toujours gaie et exhortait tout le monde à la fête. C'était sans doute pour cela qu'elle était indispensable aux réceptions.

"Ma chère Amie Gaya, quelle mine resplendissante! Vous concurrencez le soleil de votre chevelure de blé, j'aurais juré qu'il faisait jour!"

Flatteuse de première catégorie, elle savait caresser les gens dans le sens du poil, sans en faire trop. Elle lançait une petite phrase de cet accabit, puis parlait de tout et de rien, avec le meilleur maniement possible. Elle faisait très naturel, sa grâce et son éloquence passant comme du bon vin à la gorge. Mais tout était calculé. Ses sourires, ses candeurs, tout était très bien mené, dans un rouage excellent. Cependant ce n'était pas l'hypocrisie de la nobliotte qui veut se faire bien voir pour se faire bien voir. Tout cela avait un but. Chaque personne était un pion sur son échiquier, et chaque personne pouvait lui être utile à quelques méfaits. Une mère de 6 filles vierges dont elle ne sait trop quoi faire? "Ma chère amie, elles sont rêveches, vos chère infantes? Mais que diantre, confiez les moi, en les mettant au théâtre, je ferais développer en elle l'art de la manière, de l'éloquence qu'une noble doit absolument acquérir pour briller en bonne société". Et voilà un bon vivier à vierge. Et comment expliquer leur disparition? Oh que diantre, que cela est aisé! Il lui suffit de trouver un noble dont elle veut se débarrasser, comme cela, cela fera une pierre deux coups. Elle l'invite fort bien, le saoule fort bien, et lui met un couteau entre les mains. Et voilà la pauvre échevelée devant la mère des six vierges, criant, s'arrachant les cheveux, disant qu'elle s'en voudrait tout sa vie, d'avoir elle survécut à un si terrible drame, à un anarchiste dissimulé sous le couvert de la noblesse, qui à si honteusement arraché la vie de ces pures diamants! Quelle horreur. Et la pauvre mère, en pleurs, de relever son amie, de lui accorder son pardon, de la remercier même, pour ses bons soins! Ah qu'elle est félonne! Mais rares sont ceux qui le savent, rares sont ceux qui se méfient d'elles, car rare sont ceux qui arrivent à lire dans ses prunelles. En effet, ils sont toujours plissé, jamais complètement ouverts, souvent fardés, et souvent caché sous le rabattement d'un chapeau ou d'une moustiquaire. Ses yeux sont le reflets de son âme noire, il ne faut pas qu'on aperçoive cette lueur d'ombre.

Toujours est il que la Comtesse s'ébattait joyeusement entre amis. Elle parlait de sa précédente pièce, jouée lors d'un salon, réception mondaine d'une Marquise. C'est alors qu'un Duc fort intéressé l'exhorta à jouer une pièce.

"Mais mon ami, je ne suis point amène à jouer seule, à moins que je ne vous sortes une tirade de mon crue, d'une petite pièce ci ou là...Mais cela gâcherait le plaisir d'une réplique si adroitement donné. Désirez vous me l'offrir? Cela sera un plaisir de jouer avec vous messire..."

Mais le Duc se rétracta, se jugeant peu amène à donner la réplique à la Comtesse. Alors elle balayait les environs proches et d'une voix claironnante, demanda

"Quelqu'un désire il me donner la réplique, chers amis? En l'honneur de cette soirée masquée, Que notre Grand et Saint Empereur nous offre avec tant de faste, nous pourrions bien faire de joyeux devis théâtraux. Ne soyez guère timide, vos masques devraient vous ouvrir d'avantages d'horizons dans le domaine des festivités de ces lieux!"
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Lizbeth E. Lockhart
Ʌ Noble Ʌ

Lizbeth E. Lockhart

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MessageSujet: Re: Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre]   Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre] EmptyVen 30 Sep - 22:09

Ce jour était enfin arrivé, le jour du bal, elle attendait ce moment depuis qu’elle avait reçu cette invitation, un papier cartonné, auquel on avait apposé le fameux sceau Impérial et sur lequel on avait mis quelques mots résumant l’évènement. Lorsqu’elle avait reçu cette lettre, elle était toute excitée, elle allait enfin participer à quelque chose d’intéressant et d’amusant. Depuis qu’elle était arrivée dans la ville d’Ishtar, elle s’était laissé tomber dans un ennui presque total, se lassant de ses journées, essayant de se divertir du mieux qu’elle pouvait, comme la lecture, en participant à des évènements mondains voir des orgies du bas monde, bien sûr en restant discrète et n’essayant pas de se laisser reconnaitre. Elle s’était laissé aller dans des plaisirs charnels avec...D’autres femmes. Elle aime les femmes, surtout celles qu’on pouvait dominer sexuellement, notre Lizbeth est une dominatrice, quelque soit le domaine, elle n’aimait pas être ou paraitre faible devant quelqu’un, cela la mettait mal à l’aise et n’aimait pas ce sentiment désagréable. Mais ces femmes ne valaient pas sa belle Elena, qu’elle a dû laisser à Al-Hair pour venir à la Capitale. Bien sûr, cela ne l’empêchait pas d’apprécier les hommes, d’aimer leur compagnie. Bref, elle essayait de se divertir du mieux qu’elle le pouvait.

Le matin suivant la réception de l’invitation, elle commanda à un tailleur de lui faire une somptueuse robe qui aurait des couleurs plutôt sombres et ornée de quelques bijoux d’une grande valeur. Elle avait aussi acheté un bijou, petit mais très brillant et valant une fortune.

Tout était donc prêt pour ce bal masqué, elle devait maintenant attendre ce fameux jour. De plus cet évènement lui permettrait de se faire un peu plus connaitre parmi des personnes les plus influentes de cette Capitale, elle qui venait juste de débarquer récemment.

Le jour-J arriva, mais les jours qui avaient séparé Liz de ce jour étaient passés avec une vitesse très lente, en tout cas, c’était ce qu’avait pensé notre jeune noble, mais elle y était enfin. Notre jeune femme s’était habillé pendant de longues heures, s’occupant de ses longs cheveux, mettant sa robe qui possédait en plus un décolleté qui lui arrivait jusqu’au plexus solaire, ce qui mettait en valeur son buste développé, de plus elle mit au cou son collier brillant, cela mettait encore plus en valeur ces atouts. Elle se mit ensuite en route en direction de l’endroit où se déroulait le Bal masqué.

A peine rentrée dans la salle où se déroulait l’évènement, elle attira des regards sur elle, était-ce l’effet du décolleté ? Ou de sa beauté ? Elle s’avança doucement dans la foule, affichant un visage radieux, avec son petit sourire charmeur qui faisait son effet parmi les mâles de ce bal. Notre jeune duchesse se sentait un peu perdue, elle ne savait où aller, elle ne connaissait personne dans cette foule, heureusement, elle fut abordée par des personnes qui semblaient un peu la connaitre, elle discuta pendant un moment avec eux, se présenta avec courtoisie, tout ce qu’elle avait appris pendant sa formation pour être une excellente noble, elle le mettait en pratique. Elle avait déjà attiré l’intérêt de certaines personnes influentes et présentes.
Assez fatiguée, elle se retira de la conversation, faisant une petite courbette pour les remercier. Elle marcha un petit moment jusqu’à remarquer une jeune femme qui attirait l’attention sur elle :

« Quelqu'un désire il me donner la réplique, chers amis? En l'honneur de cette soirée masquée, Que notre Grand et Saint Empereur nous offre avec tant de faste, nous pourrions bien faire de joyeux devis théâtraux. Ne soyez guère timide, vos masques devraient vous ouvrir d'avantages d'horizons dans le domaine des festivités de ces lieux! » Avait-elle dit.

Lizbeth se rapprocha d’elle et lorsqu’elle fut proche de la jeune inconnue, elle entama un tirade :

« Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures ! »

Elle s’arrêta pendant un moment et reprit :

« Mais doucement ! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre ? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil ! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même ! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi ; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent : rejette-la !... Voilà ma dame ! Oh ! voilà mon amour ! Oh ! si elle pouvait le savoir !... Que dit-elle ? Rien... Elle se tait...
Mais non ; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus. Belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent.
Ah ! Si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe ; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main ! Oh ! Que ne suis-je le gant de cette main ! Je toucherais sa joue ! »


Elle parla d’une voix nette et claire, faisant les pauses là où il fallait, balbutiant un peu quand même car elle ne se souvenait pas trop de tout mais elle avait fait de son mieux, espérant avoir satisfait la jeune inconnue.
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Émile Paole

Émile Paole

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MessageSujet: Re: Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre]   Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre] EmptyVen 30 Sep - 23:13

Et enfin le jour que tous attendaient non sans impatience venait de s'éclater, un Bal Masqué ordonné par le caprice d'un enfant qui ne comprenait rien au monde, et qui n'y comprendrait jamais la noirceur. Les robes bougeaient et glissaient sur les jambes blanches des femmes, tandis que leurs poitrines se laissaient deviner sous les étoffes, et que leurs sourires venaient faire mille promesses aux hommes qui par amour de la chair et de la débauche, essayaient de les séduire pour connaître une nuit de plaisir. Personne ne pouvait deviner qui se trouvait derrière le masque, y avait-il un ange ou un démon ? Oh... ou plutôt, y avait-il la perversité cachée derrière le masque d'une vierge ? Ou bien la pureté dissimulée sous la soie d'une putain ? Un monde hypocrite, où le véritable monstre se cachait derrière de belles paroles, derrière des ouvrages sur la pudeur, un fruit défendu posé entre les seins des salopes de l'aristocratie. Voici un monde que je méprisais fort bien, et pourtant voici un monde qui appelait le Baron, comme on appelle un chien pour lui donner sa pitance. Je n'aimais pas ces fêtes, et je ne savais pas par quel miracle on m'avait invité, moi le Chien Fou de l'Église, moi le Corbeau Blanc qui derrière son regard rouge attendait de contempler la chute de tous ces rats.

Ils grouillaient autour de moi, ils crachaient des conneries déguisées par de jolies phrases, ils dansaient sans se soucier de la faim du peuple, ils s'amusaient sans voir que l'Ombre noire du Baron Paole planait au-dessus d'eux. Une soirée qui m'inspirait de l'ennui, comme d'habitude, et qui me donnait l'envie de plonger mes dents dans la gorge de la première femme venant à moi, je ne participais pas à toute cette festivité, ça ne m'intéressait peu. Et c'était pour cette raison qu'Émile Paole se tenait écarté de tout ça, sans qu'on puisse deviner un seul instant que la grande silhouette toute de Noire vêtue fut celle de cet excentrique Paole. Ce fut non sans ennui que j'avais laissé à mes gens le bon soin de choisir mes vêtements, et contrairement à toutes ces femmes, j'aimais la simplicité. Une cape de velours noir reposait sur mes larges épaules, alors que mon visage blanc était caché par un masque de corbeau travaillé et sobre, un masque qui pourtant ne montrait pas mon regard rouge, et laissait juste apparaître mes lèvres fines et pâles. Un haut-de-forme était juché sur ma tête était ceint d'un ruban rouge comme le sang, tandis que mes cheveux immaculés étaient soigneusement rangés sous ses courbes, ainsi personne ne pouvait me reconnaître, comme tous ici. Une canne pendait à mon bras, une canne encore une fois que me gens avaient sélectionné pour moi, une canne d'ébène au pommeau en forme de tête de loup, quelques plumes sombres étaient accrochées au haut-de-forme et parfois, elles venaient caresser le masque que je portais.

Le monstre était ainsi vêtu comme le Fantôme de l'Opéra, une version plus noir et romantique,et ne laissait personne approcher sa gorge, lui seul décidait qui allait partager sa soirée, et qui risquait de mourir dans ses bras. Mes mains blanches étaient posées sur le pommeau de la canne, et si on prêtait attention à celles-ci, on pouvait remarquer sur la droite qu'il n'y avait pas réellement un index et un majeur, mais bien deux bagues armures en argent, finement travaillées qui les remplaçait. J'en portais même une à mon pouce droit, qui distraitement grattait le bois de la canne, et je fis soudain un pas vers la fête. Poussant un soupir, je promenai mon regard rouge sur l'assemblée qui devant moi chantait et dansait comme si ce jour allait être le dernier, et tandis que je marchais, errant dans cette masse de couleur et d'ingrats, je perçus une voix qui me donna un frisson dans le dos. Je me tournai lentement vers une femme qui distribuait sa bonne humeur partout, elle lançait des rires, elle lançait des compliments, et je restai un moment à contempler sa robe ainsi que ce rire qui... me disait quelque chose. Ce rire... je croyais l'avoir déjà entendu, ce rire était quelque part enfoui tout au fond de ma mémoire, abandonné à l'enfant que j'avais été autrefois, un rire strident qui m'écoeura sur l'instant.

Pourtant ! Je croyais n'avoir jamais croisé cette femme auparavant, une femme qui semblait faire tourner le monde dans ses mains, et que je n'avais jamais croisé dans une soirée et pour cause : j'y allais peu. Je me tournais encore vers elle, percevant sa voix, comme si j'essayais de reconnaître le son particulier de ma folie. J'ouvris la bouche et je repris bientôt contenance, qui était-elle ? Je devais le savoir. C'est alors que je vis une autre jeune femme se rapprocher de la dame, sans doute plus jeune, mais qui paraissait vouloir rivaliser d'élégance avec elle. Je l'écoutais lâcher quelques répliques d'une pièces maintes fois entendu, d'une voix posée et naturelle, même si une ou deux fois, j'avais pu entendre une hésitation transpercer son ton. Je lâchai un petit « hum », et pourtant, je crus gronder qu'elle venait de dérober mon idée. Ce n'était pourtant pas ça qui allait m'arrêter.

Et sans le moindre bruit, comme un prédateur, je me glissai derrière elle, et comme elle sembla le souhaiter, je lui donnai soudain la réplique de ma voix grave :


— Je suis l'élève du malheur, et je connais pour me purifier bien des moyens, et je sais quand il est juste de parler ou de se taire, et en cette occasion ma voix s'élève sur les ordres d'un maître sage, car le sang sur mes mains sommeille et se flétrit.

Et alors qu'un homme passa, je me saisis tout de suite d'une rose non pas pour l'offrir à cette personne, mais bien pour la briser dans ma main. Les pétales tombèrent comme des larmes rouges à mes pieds, et je murmurai en imitant une révérence :

— La terreur de ton rêve était un bon prophète. Ton meurtre était interdit, à toi d'en souffrir l'horreur.

Et je me redressai en haussant un sourcil, laissant tomber les quelques pétales de cette rose sur mes pieds.


* L'Orestie, Échylle.
(Ouais genre, j'ai pas fais un an en Lettre Classique pour rien)
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MessageSujet: Re: Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre]   Joyeux devis Théâtraux et joyaux propos de fêtes [libre] EmptySam 1 Oct - 20:05

Et l'on répondait prestement à son appel d'âme. L'on récitait des extraits de pièces connues. Tout d'abord Roméo et Juliette, pièce ô combien connue, jouée dans différentes versions, adaptations et dans tous les théâtres. Elle avait toujours trouvé cette pièce un peu trop fleur bleue, voir même un peu niaise, mais c'était toujours amusant d'en entendre les tirades, surtout celle ci, devenue culte. C'était une belle jeune femme, qui tentait de la concurrencer dans la profondeur du décolleté, qui avait une beauté gracieuse et attirante, qui avec toute la douceur du monde récitait ces paroles célèbres. "Du sang frais en ce palais", se disait Elizabeth, friande de nouvelle rencontre alléchantes à faire. Mille plans diaboliques se forgèrent en son esprit, tandis qu'elle admirait sans nulle gêne l'exquise figure qui récitait devant elle avec beaucoup d'aisance. Peut être allait elle la croquer...Et si elle était vierge? La Comtesse en frissonnait d'excitation. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle vit un seigneur ressemblant au Fantôme de l'Opéra, lui sortir avec une prestance et une émotion puissante un extrait d'Oreste d'Echylle! Qu'elle aimait les pièces sanglantes, les horribles et émouvantes scènes de crime ou la Médée, trahie et éplorée, sacrifiait ses enfants sous les yeux de Jason. Ou encore, dans Andromaque, quand la doucereuse Hermione implorait son "amant", Oreste, qu'elle faisait tourner en bourrique, de tuer l'homme qu'elle aimait, Pyrrhus, par pure vengeance. Ou encore la diaphane Antigone qui se sacrifiait pour ses idées, se faisant enterrée vivante pour avoir voulue donner une sépulture à son frère adoré! Elle aimait jouer les pièces sanglantes, ou au moins un membre des Atrides, ou un personnages légendaire maudit, y figurait. Car au final, les pièces à l'eau de rose, cela vous faisait un peu rire, mais après on s'en lassait. Alors que les pièces sombres, on ne les oubliait pas. Elles marquaient à jamais notre subconscient.

La Comtesse se rapprocha, ne pouvant se départir d'un sourire aiguisé, étant fort concentré sur la prestation du jeune homme. Elle aurait aimé voir ses yeux, mais ils semblaient bien cachés sous le masque de corbeau noir. Tout comme sa chevelure était dissimulée sous un turban. Que cela ne tienne! Le mystère ajoutait du piment à sa soirée. De toute façon elle saura bien un jour de qui il s'agissait. Elle se mit à applaudir les deux "acteurs", entrainant de ce fait les autres nobles à applaudir. Pendant une fraction de seconde, Elizabeth se laissa envouter par une sensation captivante, un "moment of being" poignant qui venait de je ne sais où. Sans doute la prestation émouvante du jeune homme, peut être le souvenir de toutes ces pièces lourdes en hémoglobine, en tout cas, elle vit devant ses yeux comme un trouble délicieux, une odeur de sang mêlée au camphre et l'éclat des bougies brûlait ses rétines fragile. Elle reprit rapidement ses esprits, convaincue d'avoir ressentie cette sensation absolue de parfum noir, C'était comme la dernière fois ou elle avait lu l'ouvrage du "Parfum". Ce romain noir, narrant les faits d'un parfumeur psychopathe tuant de belles jeunes femmes rousses pour leurs essences parfumées, l'avait envoûté. Les "moments of being" ( en réalité, expression de Virginia Woolf décrivant les instants d'envoûtement, des moments de suspension, ou l'esprit est attiré ailleurs part l'intermédiaire d'un élément concret telle une personne, un objet, une ambiance) la prenait souvent ces derniers temps, comme si sa vie qui s'était embourbée dans une routine lassante et répétitive allait trouver de nouveau un sens. Comment? Par de nouvelles rencontres, biensur! C'est par le contact de l'autre que notre vie s'épanouie car l'on se nourrit de l'essence de l'autre. Comme le meurtrier au parfum, comme la Comtesse.

Dans tous les cas, quelque chose lui disait que cet individu en face d'elle avait un quelque chose, un petit quelque chose d'intéressant qui le plaçait hors du "beau monde" habituel. Quand à cette petite, elle allait sans doute pouvoir en faire quelque chose, bon son bon intérêt. Peut être une future amante? Elle pourra peut être la pervertir, c'est si amusant de faire cela! Comme quand elle avait pervertie son propre frère, l'emmenant dans ses orgies, ses jeux sexuels, ses lieux de débauche complète. Mais lui, c'était différent, il fallait qu'elle l'engloutisse en elle, qu'elle le rapproche de lui, comme pour retrouver elle aussi un allié, une figure familiale qui lui manquait tant. Toujours est il que par mesure de politesse et de bon protocole, elle se présenta, sans révélé son vrai nom. Pourquoi? Pour rester dans le jeu du mystère, pardi! Bon c'était presque inutile car ceux qui la connaissaient (c'est à dire une bonne part de la noblesse), la reconnaissait forcément, malgré le masque, à cause de sa prestance naturelle et de son aura dont elle ne pouvait se départir. Elle pouvait certes jouer plusieurs rôles, mais une Elizabeth reste une Elizabeth, inimitable! Cependant, pour ceux qui ne la connaissait pas, elle pouvait aisément mentir sur sa personne.

"Bravo mes amis, ces prestations furent remarquables! Vous m'avez beaucoup touché!"

Elle fit une délicate courbette. Des murmures d'admirations se firent entendre du groupe de noble présent avec eux.

"Mais chers amis, je ne me suis pas présenté. Je suis Dame Catherine de Somlyo, et mes amis et moi sommes très touchés que vous ayez répondu à mon appel théatrale"

Des rires se firent entendre. Qu'allait elle encore inventer comme mensonge bien ficeler? Evidement le groupe d'amis en question savait pertinemment qu'elle ne s'appelait pas ainsi. Mais en réalité ce n'était pas un vrai mensonge. Catherine est une autre version de Ekatarina, son deuxième prénom, et Somlyo était le nom de sa mère. Pour elle, c'était un amusement de faire cela, pour rester dans l'ambiance festive. Que l'on découvre son vrai nom par la suite? Et bien, qu'on le découvre! Cela la fera connaître d'avantage dans le beau monde. Tout ceci n'était qu'amusement.

"Le théâtre est ma passion, toute ma vie est tournée vers cet art. J'apprécie beaucoup les pièces légères, tout comme les pièces les plus sombres"

Elle fit un sourire énigmatique en direction du noble, dont les pétales de rose inondaient toujours ses pieds.
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