L'Empire Ishtar
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 Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)

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Asgeir
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Asgeir

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MessageSujet: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptySam 12 Mar - 18:58

Tu ne voyais plus le temps défilé depuis un moment, est-ce que le monde changeait autour de toi ? Tu ne le savais pas, tu restais cloitré dans ce vieil atelier à construire, parler, murmurer, échanger avec le bois, ton ami. Le monde changeait, le temps défilait et tu restais le même, la seule chose que tu voyais se transformer, c'était le ciel, la température. Tu voyais les nuages s'épaissir, mais tu ne remarquais pas que ce gamin qui autrefois te fixait avec ta femme et ta famille, était devenu lui aussi père, lui aussi. Pauvre fou. Ce matin-là, tu avais remarqué qu'il ne faisait plus froid, enfin l'air te mordait moins la peau et ta jambe te faisait moins souffrir. La douleur était moins douloureuse, justement, et tu pouvais marcher plus facilement. Même si tu gardais cet aspect de géant détruit, cet arbre sans feuille aux branches cassées par la vie, quelque chose vidé par d'événements tragiques, tu essayais de vivre, ou du moins tu préférais laisser tes fantômes venir à toi pour te tromper. Pauvre lâche, incapable d'accepter que l'enfant qu'autrefois tu avais chaleureusement tenu dans tes bras, lui promettant que tu la protégerais pour toujours, ne sache jamais qui était son véritable père. Ce jour-là, tu songeais à ce pantin venu te demander des étagères, regardant parfois ta petite poupée de porcelaine, sale et sans avenir, tu songeais à ta femme.

Oh... ça ne changeait pas bien de d'habitude, mais toi tu voyais la différence, ce jeune homme avait bouleversé ton petit quotidien d'automate. Plus que jamais auparavant, tu te sentais n'être rien pour ce monde pourri, tu ne pensais même pas que ce monde te considérait comme un être humain, fait de chair et de sang, et d'émotions. Dans tes pensées, tu boîtais jusque dans le fond de ton atelier, écrasé par la fatigue, écrasé par la venue de ce jeune homme, pourquoi s'était-il entêté à vouloir cette poupée ? Il n'avait pas le droit de la toucher, même toi, tu n'avais pas le droit de la toucher, elle appartenait à une petite fille, à personne d'autre. Tu te disais souvent ça, tout en sachant que c'était à cause de ta peur, tu ne voulais pas t'avouer que cette oeuvre ressemblant à une humaine, avec sa chevelure rousse et ses yeux clairs, terrorisait le grand homme que tu étais. Si elle penchait soudainement sa tête sur le côté et ouvrait la bouche pour te parler ? Lorsque tu avais eu cette liaison avec cette noble, tu avais sans cesse senti les yeux de la poupée de porcelaine sur toi, même quand vous aviez été chez elle, et celle-ci t'accusait de tromper ta femme, et de souiller ta famille.

Pauvre de toi, parfois les hallucinations devenaient trop fortes, tu étais vraiment à plaindre, hein ? N'est-ce pas le lâche ? Le rien ? Tu n'étais que le néant, Asgeir... pourquoi n'avais-tu jamais acheté une corde pour monter sur une chaise et te prendre ? Parce que ta taille en serait handicapante et que tes pieds toucheraient le sol ? Pourquoi n'avais-tu jamais bu de l'acide pour sentir les entrailles se déchirer à l'intérieur de toi ? Parce que tu préférais dépenser l'argent que tu gagnais dans l'alcool ? Pourquoi ne t'étais-tu jamais planté un clou dans le coeur, ou dans les veines ? Parce que tes mains étaient trop habiles dans ton travail pour faire une erreur ? Ou bien parce que malgré l'imagination qu'un être humain pouvait employer pour mettre fin à ses jours te manquait ? Ou bien, tu étais encore trop lâche, trop lâche pour faire un dernier acte lâche. Ahahaha... tu étais si lamentable que c’en était drôle ! Alors... et si tu te donnais en spectacle ? En pleurnichant comme un gamin sur ton sort ? Et si tu donnais ta misérable vie en scène pour gagner un peu d'argent ? Asgeir, tu étais un homme dépourvu d'argent, dépourvu de tout, allez crève, sale chien ! C'était tout ce qu'ils t'avaient hurlé, n'est-ce pas ? Eux... ces fantômes de l'Église, ces monstres qui tenaient le peuple dans les paumes de leurs mains, et qui jouaient de leur candeur.

En soupirant et en boîtant, tu cherchas un seau rempli d'eau, il servait pour une fuite au plafond que tu n'avais pas encore bouché par manque de temps. Plongeant tes grandes mains glacées dans l'eau froide, tu t'en aspergeas le visage en frémissant à peine, essuyant ta chair avec le vieux morceau de tissu qui traînait par là. L'eau sale n'arrivait pas à refléter ta face ridée, hideuse et vieille comme le monde, tu pris le seau et d'un pas clopinant, tu te rendis dans l'avant de ton atelier, où ton repas du matin traînait déjà là. Tu ouvris la porte et jeta un regard ennuyé à la vitre brisée par des gamins, tu avais simplement mis une couverture pour bloquer le vent qui passait quand même ; sortant de ton antre, tu lanças l'eau dans la rue, cette même eau termina sa trajectoire sur quelqu'un, un clochard avec un bras et un collier d'os au cou ; tu n'en t'aperçus pas, et tu t'apprêtais déjà à rentrer dans ton atelier.
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Mist
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptySam 12 Mar - 23:10

Deux mois... c'est long. J'étais chez l'albinos, il était pas très propre mais c'est pas grave. Il faisait chaud, y avait à manger et... j'étais seul. L'albinos avait disparu. A un moment je suis tombé sur la duchesse, et pris de... je sais pas, reconnaissance disons, je lui ai dit que l'albinos avait disparu. Puis j'me suis cassé en courant. Je suppose que tout ça était normal, et puis je comprenais plus rien. J'étais en deuil d'un tas de truc, c'est long, un deuil. Enfin j'avais le temps d'être sonné, et j'étais tranquille. L'albinos avait payé d'avance la chambre d'hôtel où il créchait. Du moins pour un mois. J'ai pu dormir et me laver pendant un mois, ça faisait des années que ça m'était pas arrivé. Dormir dans un vrai lit... c'est dommage, j'étais trop sonné pour mesurer ma chance. Mais j'ai beaucoup dormi, j'avais cinq ans de nuit entrecoupées à rattraper, et un corps brisé à remettre d'aplomb. Bon, abuser du sommeil comme un chat, ça ne m'a pas fait repousser le bras, mais mes plaies étaient propres et je changeais les bandages. Un point de chute sûr et chaud, c'est vraiment un putain de poids en moins dans l'existence. Mais j'avais plus de contact avec le monde.

Je parlais à des terroristes avant, mais le vieux chez qui on se réunissait est mort. Tu te rappelles d'Ingell ? Ouais voilà, c'était son vieux à lui personnel. Enfin je sais plus. Et puis Marius, j'ai jamais remis la main dessus. Et l'albinos a disparu aussi... Mais j'ai retrouvé d'autres amis très important... je zonais dans ma Planque – dans laquelle crécher revient à crécher dans une fosse à merde, et puis je dois la garder secrète, donc pas trop d'aller et venue – et là Mais Dors est venu ! On s'est léchouillé le visage, et y avait ses chiots qui attendaient devant... parce qu'ils étaient trop gros pour rentrer. Enfin j'en ai conclu que Marius était mort, parce qu'il aurait pas foutu mes bébés dehors, je crois pas. Mais j'étais heureux de les revoir quand même. Les chiots me connaissaient pas, mais en un mois on a eu le temps de faire connaissance, et ils ont fait que grossir. Au début c'était des grosses larves, c'est toujours des grosses larves d'ailleurs mais ils tètent plus leurs mères. Ça en fait, des bouches à nourrir – et du vol à l'étalage par conséquent. Enfin ça a pas arrangé mes affaires, mais maintenant j'ai cinq amis. J'en ai jamais eu autant ! Bon, ils parlent pas, certes, mais moi non plus j'te ferais dire. Et puis ils sont drôlement beau, et ils sont déjà plus gros que leur mère... je sais pas qui c'est le père, mais il doit être énorme, pour avoir des bébés comme ça. C'est fou les chiens non ? Bon, par contre, ils ne ressemblent à aucune race connues et... je t'ai dit qu'ils étaient magnifiques ?

Bref.

Du coup, si je me suis retrouvé devant le magasin de machins en bois, c'était parce que je mendiais. Et que je comptais y dormir aussi, le coin était plutôt sûr. Evidemment, comme l'albinos avait disparu, il n'y avait plus personne pour payer la chambre d'hôtel depuis un moment et j'avais retrouvé ma crasse et ma misère habituelle. Mais avec des plaies propres et cicatrisées. J'aimerais retourner à l'époque bénie d'avant mon attentat contre l'Empereur où j'avais deux bras et toutes mes facultés, vu que maintenant je pouvais même plus me dire qu'il y avait plus bas que moi. Même les vieux clodo cul-de-jate me regardaient avec pitié, rapport à mon bras en moins et les infirmités précédemment évoquées. Mais j'avais les chiens pour me tenir chaud, et mais Dors pour me gratter la jambe si quelqu'un voulait me parler. Ça m'avait manqué ça, ses avertissements malins.
Enfin évidemment, pour le seau d'eau, elle n'avait pas pu me prévenir.

Je tendais la main, je demandais rien à personne, et boum ! Eau froide dans la gueule. Bien visé en plus, je m'en suis pris dans le visage et la poitrine. Ça m'a rappelé le nettoyage express en prison, et c'était pas plaisant, comme souvenir. Un peu choqué, j'ai senti l'eau dégouliner le long de mes jambes. J'ai voulu écrire furieusement sur l'ardoise que je tenais à la main maiiiiis... la craie et l'eau, ça a jamais fait bon ménage, et tout s'est cassé la gueule entre mes doigts. J'ai tapoté l'auteur du crime, qui tenait encore bêtement l'objet de offense entre ses doigts, et j'ai désigné l'étendue du désastre d'un air rageur. Puis j'ai calculé qu'il faisait à peu près trois Mist et demi.
Du coup j'ai regardé mes pieds, pendant que tout mon monde tournait autour de nous en remuant la queue et en avançant de façon pataude, en digne chiot de deux mois et demi.

J'aurais voulu écrire quelque chose comme « ne me tapez pas ! Finalement j'ai rien dit, je m'en vais », mais j'ai pas pu. Du coup j'ai ouvert la bouche pour expliquer mon silence et tenter de me sortir de là de façon délicate. Cette homme avait l'air – outre très grand – affreusement mutilé et donc euh... pas commode. Et j'avais vraiment pas besoin d'un passage à tabac en ce moment – enfin je suppose qu'il n'y a pas de moment idéal pour ça. J'avais très peur, et ça se voyait sur ma tête – je ne portais pas de masque à gaz à ce moment là. Je crois que c'est le mec qui fait du bois, quoique je n'ai pas fait très attention à ça. Enfin il avait une tête à sculpter le bois avec ses dents, ça faisait drôlement peur.
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyDim 13 Mar - 10:16

Tu baissas tes yeux sur l'être à tes pieds, glacé par l'eau que tu venais de lui lancer dessus, tu n'eus pas la moindre réaction, tandis qu'une petite foule se forma autour de vous, enfin loin de vous pour observer en murmurant ce qui venait de se passer. Tu détestais lorsque les gens faisaient attention à toi, ça te dérangeait, à chaque fois tu craignais qu'un Inquisiteur survienne dans ton dos, après qu'on t'eut reconnu comme le père de famille ayant tué sa femme, pourquoi ? Parce qu'une vieille femme l'avait hurlé à la Capital. Le seau toujours dans tes mains, tu fixas longuement le jeune homme à tes pieds, bien plus petits que toi, bien plus faible aussi. La première chose qui te frappa chez lui, ce ne fut pas ce bras qui lui manquait, ni les os qui lui servaient de collier, mais la détresse qu'il y avait dans ce regard. Étrangement, tout d'un coup, ça te ramena une vingtaine d'années en arrière, quand tu étais toi aussi un jeune homme, déjà père et que tu avais commis la plus grande erreur de ta vie : aider quelqu'un.

Tu n'arrivais pas à expliquer pourquoi ce garçon te rappelait ce terroriste, peut-être parce qu'il semblait ne pas avoir plus de vingt ans, comme ce terroriste qui avait détruit ta vie. Il ne sembla protester pas plus que ça pour le seau d'eau froide, tu n'avais pas encore compris que tu lui faisais plus ou moins peur, ou qu'il te faisait de lui faire une pichenette pour lui éclater le cerveau. Tu fronças légèrement les sourcils à sa tentative d'expliquer son handicape, mais tu ne le compris pas, tu avais toi aussi du mal à communiquer et il te fallait souvent quelques réflexions pour connaître ce que voulait les gens de toi. Enfin, après l'avoir dévisagé pendant de longues minutes dans le silence, tu soupiras et relevant la tête vers une mère de famille qui après vous avoir lancé un regard méprisant, s'en alla vivement avec sa petite fille dans ses bras, tu soupiras encore. Secouant la tête, commençant à comprendre que des excuses seraient les bienvenues, tu ravalas ta salive et au bout d'un moment, tu dis de ta grosse voix grave :


— Désolée, je ne vous avais pas remarqué.

Ce qui n'était pas des plus appréciables d'ailleurs, du reste, ce gamin n'était pas rentré dans ton champ de vision. Tu oubliais parfois que pour voir les gens, il fallait baisser la tête, adolescent lorsque tu avais terminé ta croissance, tu avais eu souvent l'impression que ceux qui t'entouraient n'étaient que des fourmis qui couraient autour de toi sans que tu puisses les remarquer. Et maintenant que tu avais remarqué ce pauvre garçon, qu'est-ce que tu allais faire ? Tu ne pouvais tout de même pas le laisser là, blessé, affamé sans doute, tu resteras pour l'éternité qu'un grand con, Asgeir. Ignorant l'identité exacte du jeune homme, marqué par l'expression de terreur dans ses yeux, tu lui fis signe finalement de te suivre. Tu n'aimais vraiment pas ça quand quelque chose venait perturber tes habitudes, c'était angoissant de te dire qu'on était capable d'envahir ton territoire comme ça, parfois poussé par ta bonté naturelle, tu étais vraiment con. Tu n'avais pas encore vu s'il y avait un chien ou non, trop préoccupé par tes souvenirs et ce que tu devais faire de ce gamin, il n'avait qu'un bras. Où était-il passé ? Peut-être qu'il l'avait mangé, qui sait ? Tu étais bien placé pour comprendre que l'homme était un être capable du tout, du pire comme du meilleur, et étrangement l'homme était capable de montrer un véritable talent dans le domaine de la torture, ce gamin l'avait été, torturé. Alors tu n'étais pas le seul à qui l'Église avait fait ça ? Par l'Ombre, ce cauchemar aurait-il un jour une fin ? Un jour... est-ce que Terroristes comme Ecclésiastiques s'entretuaient face à face et crèveraient tous dans la souffrance ? Ils n'étaient pas mieux que les uns et les autres, ces bâtards se ressemblaient et n'étaient que des monstres, voilà la vérité pour toi.

Rentrant dans ton atelier, laissant à l'infirme le soin de fermer la porte, tu soupiras et le laissas seul dans ton atelier pour monter à l'étage en boîtant. Tu ne savais pas pourquoi tu agissais de la sorte, posant ta main sur le mur pour t'aider à monter, tu t'arrêtas quelques secondes pour souffler et mordant tes lèvres, tu parvins après quelques efforts enfin à l'étage. Tu pris une vieille couverture qui trainait par là, et un peu de nourriture ; tu n'allais tout de même pas lui donner le repas à peine entamé qui traînait sur la grande planche de bois de ton atelier. Revenant en bas, tu lui donnas la couverture et posas le bol sur la table avec une miche de pain, ce n'était qu'une soupe de gruaux, pas trés bonne d'ailleurs. Du reste, malgré les gestes du terroriste, tu n'avais toujours pas compris que ce dernier était sourd-muet.

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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyDim 13 Mar - 21:28

Un homme étrange. Il me fit signe de le suivre, ce que je fini par faire, puis m'abandonna là. J'ai pu constater à cette occasion qu'il boitait furieusement. Ça déparait pas avec le reste, l'affreuse croix sur le front, l'air... disons de quelqu'un qui en a vu plus qu'il ne l'aurait souhaité, et qui ne veut plus rien voir d'autre. C'est facile à reconnaître ces regards là, parce qu'ils font drôlement peur. Ça plus la taille et les mutilations, tu comprendras que j'ai préféré ne pas le contrarier en ne le suivant pas. Du coup j'suis resté comme un con au milieu de la pièce pendant que le gars se cassait et j'ai pas moufté. Les chiens m'ont suivi, et ils ont tourné en rond autour de moi. On avait l'air bien con tous les six.

Il monta à l'étage et disparu de mon champ de vision. C'est à ce moment là à peu près que je me suis remis à respirer et que j'ai osé fermer la porte – bouger devant lui c'est dangereux je crois, certains prédateurs ont la vision basée sur le mouvement. J'étais en suspens. Casser la gueule ? Pas casser la gueule ? Je pourrais m'enfuir, je pourrais aussi voler le trésor impérial et m'acheter une île. J'ai peur que ce gars me poursuive si je me casse, et puis j'ai pas bien compris ses intentions. Maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'il a que l'air méchant, et puis il s'est excusé. Mais je crois pas qu'il va me donner une médaille du mérite non plus, plutôt une méga trempe. Il est parti chercher un objet contondant sans doute. Qu'est ce que je fous encore là ? Je me dirige vers la porte, et je le vois redescendre l'escalier – ouais, je surveillais dans cette direction. Je lâche la porte. Pas d'objet contondant en vue.

Par contre je me prends une attaque sauvage de couverture. Et puis de la nourriture après. Tiens, v'là autre chose. Miracles et merveilles abondent en ce moment ! J'veux dire, jusqu'à il y a peu, même la plus gentille des mamies ne m'avait adressé qu'un molard, et maintenant il pleut des gars gentils qui me filent à bouffer. Peut être parce que je suis passé de « gamin des rues à l'air sournois qui vole sans doute jusqu'à ton slip » à « grand éclopé ». Ne pouvait tenir la couverture et la bouffe en même temps, j'ai laissé tombé le premier et becté le second en deux temps trois mouvements. Comme j'avais plus de langue, j'ai renversé la tête en arrière pour avaler. J'ai donné le pain aux chiens – j'arriverais jamais à l'avaler avant la fin des temps de toute façon – puis j'me suis installé devant la cheminée après avoir enlevé mon haut et m'être roulé en boule dans la couverture. Je comptais bien sécher, voire dormir. Vu que le gars avait l'air à coté de ses pompes, il allait peut être pas moufter ?

Ouais bon, c'est vrai que maintenant que je le fixais plus attentivement, il avait l'air un peu à la ramasse en plus de l'air de pouvoir me transformer en poudre avec deux doigts. Quelque chose me disait que je devrais le remercier, mon coté pauvre honnête ça – on en a tous un. Tu ramasses que les miettes du monde, et tu remercies le gars qui a eu l'amabilité de secouer sa nappe au dessus de ta fosse à merde. Enfin ce mec là, il avait pas vraiment une tête de bourgeois exploitant son monde, rien que la croix sur son front t'informais en lettres capitales qu'il avait dû bien en chier.
Du coup me donner à bouffer au lieu de me laisser transi de froid était d'autant plus louable.
Ouais mais... je peux pas dire « merci » moi.

Et puis d'habitudes, les gens, quand ils voient mon handicap ils deviennent en folie et ils me filent de quoi écrire. Lui il a pas tiqué, il a pas commenté. Il s'est pas attardé sur mon visage en fait, je crois.
Mission impossible Mist numéro cent vingt huit mille six cent cinquante sept : attirer l'attention de quelqu'un en étant petit, muet, et vaguement effrayé. Quelque part, j'ai la foi.

Je vais le voir avec ma couverture sur les épaules et me plante devant lui. Premier problème : si j'utilise ma main, la couverture tombe et j'ai froid et je suis à moitié nu. Encore un putain de malus. Du coup je sautille comme un crétin devant pour qu'il me regarde. Puis j'ouvre grand la bouche – oui, si tu te posais la question, c'est un peu humiliant – puis je mets les coin de la couverture dans ma bouche pour tenir le bordel – les handicaps, ça rend imaginatif finalement – pour faire un mime éloquent d'écriture.
Pitié, arrête d'être complètement traumatisé et communique avec moi !
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyLun 14 Mar - 21:25

Tu ne t'étais même pas rendu compte que le gamin avait apporté des chiots avec lui, sans doute n'étaient-ils pas encore rentrés dans ton champ de vision, tout comme tu n'avais pas encore bien compris tous les signaux qu'il tentait de te donner ; communiquer ? Tu avais un peu oublié comment on faisait, tu pouvais comprendre les mots, mais pas les expressions que prenaient les autres. Tout semblait tout le temps... flou, comme si les autres tentaient de te tromper sans que tu saches réellement pourquoi. Du reste, Mist refit son petit numéro, tu fronças les sourcils et finalement, tu détachas tes yeux de sa figure fatiguée pour les poser sur les chiots qui se baladaient un peu partout. Il te fallut quelques secondes pour connaître la raison de leur présence, à ta manière, tu étais autiste et à chaque fois que le monde réel heurtait le tient, tu t'en trouvais bouleversé. Le clochard ne l'avait pas encore compris, sans doute, mais sa présence dans ton atelier, t'étais assez dérangeante. Pourtant, c'était toi qui l'avais fait venir ici, pourquoi ?

Pitié ? Tu avais eu pitié de lui ? Tu avais osé trouver quelqu'un dont le malheur était supérieur au tien ? Tu te laissais aller à l'arrogance, bientôt, tu allais être comme ceux qui t'avaient détruit, tu allais devenir un salopard de la pire espèce qui se croit suffisamment grand pour tendre la main à quelqu'un. Pourtant, Asgeir, tu n'avais pas pu t'empêcher de voir qu'un gamin, quel âge avait-il ? Tu ne te méfiais pas de lui, ne croyant guère que c'était un terroriste, tout juste si tu savais que quelqu'un avait attaqué l'Empereur. Et encore, tu n'avais pas remarqué le couronnement de celui-ci, si tu connaissais son nom. Pinçant les lèvres, les sourcils froncés, les joues creusées, attentif aux chiots, tu demandas malgré les efforts de Mist pour communiquer avec toi :


— Pourquoi ne parlez-vous pas ?

Tu posas alors tes yeux sur son bras, enfin le bras qu'il avait dû autrefois avoir ; tu remarquas que la plaie était tout de même récente, peut-être que tu voyais chez lui les traces de ton malheur. Tu ne savais pas, tu étais étonné que quelqu'un puisse souffrir plus que toi dans ce monde. Enfin, même si ce gamin ne paraissait pas encore avoir connu l'amour d'une femme, et le sentiment que l'on était prêt à la pire et la plus des formidables des folies, simplement dans le but de la voir sourire. Tu le fixais toujours, manger le peu de nourriture que tu pouvais lui donner, toi-même, tu commenças à avaler ton repas. Remarquant alors que le gamin était obligé de basculer la tête en arrière pour se nourrir. C'est là que tu compris enfin pourquoi il ne parlait pas, il n'avait simplement plus de langue ; ta pitié n'en fut que plus grande. Tu restas un moment interdit, fixant ce pauvre gamin que la vie n'avait pas non plus gâté, à croire que c'était le rendez-vous des écorchés vifs.

Croyant comprendre enfin le problème, tu te relevas et clopina jusqu'à un coin de la pièce, où traînait du papier et des crayons tout vieux et cassés, que faire ? Lui donner, évidemment, mais après ? Tu ne savais pas, tu ne savais pas ce que tu pouvais faire de lui, le nourrir, le loger pour une nuit sans doute, mais tu ne connaissais pas la vie de ce gamin pour être dans cet état. Et tu ne voulais pas être mêlé à quelques ténébreuses affaires, ignorant toujours qu'il incarnait celui que tu haïssais, tu lui apportas aussi un peu d'eau. N'apprenais-tu jamais de tes erreurs, Asgeir ? Idiot. Ne te plaindras-tu pas un jour d'avoir agi pour aider quelqu'un ? La générosité était le pire de tes défauts. Tu posas le papier et le crayon prés de son bol, tu n'avais pas trop l'argent pour lui donner de la viande, même pour ces chiots. Cependant, tu l'abandonnas à nouveau pour te rendre à l'étage, ne sentant à peine le froid, ni la chaleur, comme tu n'entendais plus le feu dévorer le bois. Tu ne faisais plus attention à ce genre de détails depuis des années, et tu rapportas de l'étage de l'eau pure, transporté dans ton seau, et tu le posas près du vagabond pour que les chiots puissent boire. Puis, comme si ce gamin n'existait pas, tu te rendis dans l'arrière-boutique pour ramener une énorme planche de bois que soudain, sans l'avertir, tu te mis à scier. C'est en relevant la tête que tu te souvins qu'il était là, et qu'il fallait tout de même lui donner un nom, du moins, s'il n'en possédait pas.


— Comment vous appelez-vous ?
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyMer 16 Mar - 14:42

Il avait l'air encore plus triste maintenant qu'il avait vu que je n'avais pas de langue. Enfin... disons que sa tête avait changé et que je m'en attribuait le mérite. Nous n'étions pas face à une personne très expressive là, et puis cette croix sur le front, ça ne me donnait pas envie de sourire non plus. Peut être qu'il boite aussi à cause de la personne qui lui a fait cette croix, ou alors c'est autre chose. Je ne lui poserai pas la question.

Enfin maintenant il me donnait de quoi écrire, puis il est repartit faire je sais pas quoi. Pendant ce temps moi je retournais m'assoir près du feu, peut être qu'il me laisserait dormir là un petit peu ? C'est vrai que ça ferait désordre si quelqu'un entrait et voyait un clodo enroulé dans une couverture en train de dormir, mais je suis sûr que cet homme s'en foutait. Enfin pendant qu'il était parti, j'écrivais mon petit mot de remerciement.

Merci pour la nourriture et tout ça, c'était très gentil.

Oui, après de tels gestes, c'était difficile d'avoir peur de cet homme. Sa grande taille ne le poussait pas à tabasser des gens, en fait. Il était probablement à coté de ses pompes, mais pas fou. Je ne retrouvais pas dans cet atelier les odeurs qui accompagnaient souvent la folie, même si c'était un peu le bordel. Ça sentait juste le bois, pas le sang ou les excréments, et puis s'il arrivait à travailler, c'est que ça allait encore. Disons que la raison pour laquelle il a une croix sur le front l'a un peu éloigné de la réalité, ou il ne veut plus la voir, je sais pas.
Enfin là dessus il revint avec de l'eau pour les chiens, qui tournaient en rond de bonheur en remuant la queue. Il leur lâcha à peine un regard, mais dans le monde doux et rose des chiots, ça signifiait une déclaration d'amour passionnée et ils se mirent à lui courir après les pieds, ce qui n'empêcha pas l'homme d'aller chercher une scie. Une inquiétude me traversa, jusqu'à ce que je constate que c'était pour scier uniquement du bois. Mais Dors vint s'installer sur mes jambes – j'étais assis en tailleur – avec un air de propriétaire qui entend bien à ce qu'on le gratte derrière les oreilles. Au bout d'un moment paisible où je fixais d'un oeil torve l'homme en train de couper du bois, celui ci me demanda mon nom. On peut pas dire qu'il soit très réactif, mais du moment que ça me laisse une place devant sa cheminée... oui il allait bien falloir que je m'en aille un jour, mais j'te préviens, je serais pas consentant.

« Mist. Et vous ? »

Puis je repensais au coup de la langue et au trouble qui avait eu l'air de le traverser.

« Et pour la langue, je suis né sourd-muet, donc ce n'est pas une grosse perte. J'espère ne pas vous avoir choqué. »

T'as vu comme je suis poli ? Ben, j'suis bien devant son feu, alors j'essaye d'y rester en était mignon. Ou tout du moins supportable. Je suis quand même obligé de quitter mon cocon chaud pour lui donner ce que j'ai écris, mais je retourne bien vite me rouler en boule devant la cheminée. Oh putain, comme c'est bien d'avoir chaud comme ça ! Je t'ai dit qu'on dormait mal dans la rue ? Bah l'estomac plein et devant le feu comme ça, Morphée vient me taper à l'épaule pour que je règle les factures, mais je reste éveillé pour voir si le gars va me chasser ou pas, et puis pour voir ce qu'il dit aussi. Ça serait bête de dormir pour se faire réveiller deux secondes plus tard à coups de pied au cul. Je t'ai dit, la vie de clodo, c'est une vie de vigilance.
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Asgeir
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Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) Vide
MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyVen 18 Mar - 15:50

Les chiots t'avaient suivi en remuant la queue, l'air ravit apparemment de ta présence ; tu ne leur avais jeté aucun regard, pourtant autrefois, tu avais adoré les animaux. Si cette scène s'était déroulée des années avant ça, tu n'aurais pas eu d'hésitation à t'accroupir pour les caresser, t'amuser à les bousculer un peu, te laisser mordre sans sourciller, comme un gamin. Tu ne fis rien de ça, tu te contentas de hocher positivement la tête devant le mot du jeune homme, est-ce que ces remerciements t'ont touché ? Ils auraient pu le faire, mais ce ne fut pas vraiment le cas, c'était juste de l'indifférence. Du moins, c'était ce que tu croyais, au fond peut-être que tu n'en restais pas si impassible ? Du reste, tu continuas de scier ta planche de bois, parfois tu relevais la tête pour examiner le gamin et ses chiots, dont la mère venait de le rejoindre. Maintenant, tu venais de comprendre ce qu'ils faisaient ici, la chienne était à ce gamin et donc les chiots aussi. Et que faire ? Tu n'allais pas jeter ces pauvres bêtes, tout de même ? Et si un client venait ? Bah... ce n'était pas la présence de Mist qui te ferait quelque chose ou non dans ton commerce, tu avais tes clients et tes curieux, rien de plus. Tu te moquais bien de leurs considérations pour ta boutique, et pour être sincère avec toi-même Asgeir, l'extérieur ne donnait pas trop l'envie d'entrer. Ceux qui venaient, abandonnaient l'espoir d'un bel endroit, rien qu'en se décidant d'entrer.

Tu le vis revenir vers toi pour te redonner le morceau de papier, mais tu ne le pris pas tout de suite entre tes longs doigts pâles, tu attendis de terminer de scier ta planche. Celle-ci finit d'ailleurs par retomber dans un fracas par terre, ce qui effraya quelques secondes les chiots. En les voyant, tu te dis qu'un peu de lait aurait été un peu mieux que de l'eau, mais tu n'en avais pas, c'était sans doute trop chère, ou bien tu ne pensais pas en acheter. Pourquoi pas pour ces êtres fragiles, et pourtant débordants d'énergie ? Tu fronças les sourcils et secouas la tête, avant de ranger la moitié de planche sur le côté et venir lire le papier du garçon. Mist... ce nom te disait quelque chose, mais sans plus. Si tu avais été attentif à ce que disaient les gens, et aux divers évènements qui perturbaient la ville, tu aurais compris que ce gamin des rues était un de ces salopards de terroristes. Heureusement pour lui que ton renfermement ne provoquait pas de curiosité de ta part, la preuve : tu ne savais pas que l'Empereur avait été fait roi, tu moins, tu ne savais même pas qu'Ishtar en avait changé, il y avait de ça quelques années. Et puis même si tu pouvais écouter les gens, tu ne croyais plus à ce qu'ils se disaient. Haussant un sourcil lorsque te retournas la question, tu restas quelques secondes debout, plissant les yeux devant cette demande d'identité. Tu tournas de façon suspicieuse la tête vers Mist, croyant d'abord qu'il était un membre de l'Église, finalement tes peurs disparurent et tu te retrouvais simplement pris aux dépourvues. Généralement, les gens ne te demandaient pas ton nom, ils ne prenaient jamais cette peine, se contentant de t'appeler « L'Homme-Arbre » ou « Le Menuisier », sans rien ajouter, sans rien vouloir savoir de toi.


— Mon nom ?

Tu avais demandé une confirmation de ta voix grave que Mist n'entendrait jamais, apparemment il était ainsi de naissance. Tu aurais pu le plaindre, ressentir à nouveau de la pitié, mais ça te rassurait de le savoir comme ça... comment l'expliquer, Asgeir ? Simplement parce que tu savais ce que ça faisait d'être privé de quelques choses. Certes, Mist avait dû apprendre à survivre avec ce handicap, mais jamais il ne connaîtrait le choc d'avoir perdue sa voix et le son. C'était un raisonnement un peu tordu d'ailleurs, mais c'était comme ça que tu le voyais. Un mal pour un bien d'une certaine manière. Tu mordis tes lèvres et prenant une chaise, tu t'assis face à ce gamin dont tu ne savais toujours pas quoi faire. Tu pouvais l'héberger quelque temps, mais tu avais déjà du mal à te nourrir, alors que faire ? Tu ne voulais pas de problème, un peu comme la masse l'avait toujours désiré. Une ride se forma sur ton front et tu penchas la tête sur le côté, comme si tu tentais d'extirper de tes souvenirs ton nom, puis enfin tu ouvris la bouche pour dire :

— Asgeir.

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Mist
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyDim 20 Mar - 18:43

Le pauvre homme a franchement l'air de pédaler dans la purée pour le moindre truc. Son nom... il avait pas l'air très réveillé quoi. Les chiens qui tentaient désespérément d'avoir une petite caresse, il ne les regardait même pas. Moi j'avais le droit à un regard éteint parce que j'avais deux jambes deux br... que j'appartenais à la race humaine, et c'est tout. Sinon il y avait du bois, plein de bois, que le bois. Ça il le regardait bien. C'était reposant de le voir faire inlassablement le même geste* pour couper une planche, et puis c'était des travaux qui m'étaient totalement inconnu et qui éveillait chez moi une certaine curiosité. Et puis ça sentait bon, le bois. J'examinai d'un oeil endormi les pièces ouvragées un peu partout, la sciure, les outils, chaudement enroulé dans la couverture d'Asgeir – aucune idée de comment ça s'écrit – et bien calé devant le feu. J'étais fatigué, un petit somme ne coûterait rien à cet homme non ?
Je virais le chien pour me rouler en boule face au feu.

Je bouge pendant mon sommeil, des crispations de la main, des froncements de sourcil. Finalement je me mets sur le dos et j'allonge mes jambes. Je me sens suffisamment en sécurité chez cet homme pour mettre mon ventre – plein d'organes vitaux - dans une position accessible à un éventuel agresseur et me déplier entièrement pour me reposer mieux. Ça doit être ça, l'instinct. Le feu est à ma gauche, et la position dans laquelle est ce qu'il reste de mon épaule ferait que si j'avais un bras, il serait dans l'âtre. Je fronce les sourcils, dans mon sommeil, j'ai mal là où je devrais pas. A un endroit qui n'existe plus.

***

Il faut que je m'éloigne du feu, parce que ça fait mal. C'est très logique ce que je dis. Fini les gesticulations de chaton endormi, il faut que je sorte de là ! Putain ça brûle ! Y a un truc entortillé autour de mes jambes, c'est sans doute pour m'entraver comme un chien. J'ai un collier en fer aussi, le prêtre l'avait pas coupé quand... quand d'ailleurs ? Peu importe, j'y porte les doigts, j'arrive pas à l'enlever depuis... depuis qu'il est là. Je donne des coups avec mes jambes – j'ai rencontré de la résistance dessous, quelque chose s'est effondré – puis j'effectue une roulade sur l'épaule droite pour me retrouver accroupi, mais l'absence de poids de mon bras en feu me déséquilibre et je m'écrase par terre dans une position peu glorieuse. Je rencontre un autre truc au niveau de ma tête qui se casse la gueule aussi, mais par chance pas sur moi. C'était une scie tu vois. Pour couper.

Je me relève, encore plus pris de panique par ce que j'ai senti sous mes doigts – il fait nuit et noir comme dans un four là où je suis. Il faut que je sorte de là ! On va me... je sais pas, mais ça va pas me plaire. Je me prends les pieds dans de minuscules êtres vivants, des... je sais pas. Je trouve pas de sorti ! On m'a emmuré vivant dans le noir ! Je finis par poser les doigts sur ce que je finis par identifier comme un escalier – rampe et tout. Je commence à grimper à quatre pattes dessus péniblement, mais je comprends pas, j'arrête pas de me vautrer sur mon coté gauche, et puis mon bras brûle, il est en feu ! Un feu sans lumière. Et dans ma bouche, pareil, finalement. Un grand vide. Je me souviens qu'on me l'a coupé, et le sang partout sur moi, dans ma gorge. J'ai failli me noyer dedans ! Je me mets à vomir pour pas me noyer. Mon sang a un goût de gruau, c'est bizarre...

Je reprends ma pénible ascension, allégé d'un grand poids. Je cherche des doigts, je finis par trouver une porte; Je l'ouvre. Je marche dans la chambre en me tenant aux murs – impossible d'être debout – et finit par trouver un lit. Avec une personne dedans. Je sais pas pourquoi, je me dis au début qu'elle est morte et je touche son visage. Masculin, les cheveux abimés, vieux. J'oblitère la croix sur le front de mes perceptions et fini par me dire que c'est mon père. C'est tout le poids du monde qui se retire de mes épaules, je l'ai cherché partout et longtemps ! J'vais sous la couverture et colle mon corps tremblant et sale au sien. Putain de soulagement. Putain de bon rêve.

* Mist sait pas qu'une scie c'est un apocalypse auditif.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyLun 21 Mar - 11:05

Alors que tu te relevas pour reprendre ton travail, tu lanças enfin un regard aux chiots, puis reprenant ta scie, tu recommenças ces mêmes gestes que tu faisais depuis des années. Seuls les chiens semblaient vraiment gênés par le bruit, toi, tu avais l'habitude et l'entendre ne te faisait plus rien, Mist s'était endormir. Tu t'arrêtas quelques secondes et penchas la tête sur le côté, songeur, qu'est-ce que tu devais faire ? Le réveiller ? Il semblait épuiser et il ne dérangeait pas, tu haussas les épaules pour reprendre ton travail comme si de rien n'était, toujours dans ton monde, toujours dans tes pensées, le monde aurait pu s'écrouler, s'enflammer et ne devenir qu'un tas de cendre, tu ne t'en apercevrais pas. Et peut-être qu'au fond, tu voulais voir le monde brûler, tu ne savais pas. À nouveau, sans doute une demie-heure plus tard, tu jetas un autre regard à Mist, il remuait un peu dans son sommeil, mais tu ne savais pas si tu devais le réveiller ou non. Auparavant, lorsque tu avais été un père, tu accourais vers ta fille dès que celle-ci se mettait à pleurer, la prenant dans tes bras en songeant que ton amour pour elle était capable de faire fuir tout ses cauchemars. Mais là... tu avais tellement changé que tu étais simplement déboussolé, la présence de Mist dans ton atelier était une chose déconcertante, et dérangeante aussi. Tu ne savais pas ce que tu devais faire, alors tu le laissais là, dormir, manger un peu, c'était un enfant à tes yeux.

Tu ne pouvais tout de même pas le jeter à la rue comme ça, non ? Tu pouvais le laisser quelques moments, et réfléchir à la situation, même si tu savais déjà que tu ne trouverais pas de solution. Tu terminas bientôt le squelette d'une commode qu'on t'avait commandée, enfonçant le clou en osant soudainement à peine faire du bruit, tu oublias l'espace d'un instant que ce garçon était sourd-muet, et l'espace d'un instant, tu crus le traiter comme on traitait les personnes « normales », ou plutôt comme si tu avais en face de toi qu'un simple gamin, épuisé. Fronçant les sourcils, tu ramenas quelques feuilles et nota dans un coin ce qu'il te manquait, notamment une nouvelle scie, celle-ci était un peu trop veille, et autres choses que tu risquais d'oublier si tu ne les notais pas. Enfin, le soleil tomba et apporta la nuit, tu haussas un sourcil en te disant qu'il était temps d'aller dormir, tu éclairais généralement très peu ton atelier, si bien que tu te levais et te couchais en fonction des caprices du soleil, c'était ta seule source de lumière. Le feu de cheminée crépitait prés du corps endormi du jeune homme, la chaleur qui s'en dégageait devait être agréable. Soupirant, laissant là les chiens avec leur maître, tu montas à l'étage de ton pas clopinant, l'escalier grinçait à chacun de tes pas. Songeant qu'il faudrait bien qu'un jour tu l'observes plus en détail, tu jetas un dernier regard à Mist, puis tu disparus à l'étage.

Tu parvins dans une chambre qui autrefois avait été décorée de rouge, désormais la couleur avait vieillit. À côté de toi, à ta droite, il y avait une armoire un peu branlante, où étaient rangées des affaires. Tu te souvenais plus ou moins des vêtements qu'elle contenait, mais tu n'avais pas le courage de l'ouvrir et de voir les anciens vêtements de ta femme, et ceux de ta fille. Prés de l'armoire, il y a une petite table sur laquelle était posée une bassine ; en face de toi, c'était le vieux berceau de ta fille qui parfois, semblait se balancer dans ton esprit. Enfin, le lit était collé contre un mur et sous une assez grande fenêtre, il n'était pas défait. Rien n'avait bougé depuis ce jour-là, et tu te contentais de dormir dessus avec une simple couverture, tu avais peur que les fantômes viennent te pourchasser si tu l'ouvrais pour dormir dedans. Fatigué, tu enlevas ta chemise en toile et lentement, tu t'allongeas sur le lit, sur le côté et ne tardas pas à t'endormir. Heureusement pour toi, le sommeil te venait rapidement.

Mais quelque chose durant la nuit te réveilla.

Des mains tremblantes touchèrent ton visage, tandis qu'un corps chétif se colla contre toi, ce fut tellement brusque qu'en sentant la présence, tu te réveillas en sursaut. Ton coeur s'était arrêté de battre pendant quelques secondes, réagissant par réflexe, tu te dégageas de ce corps frêle, comme si celui-ci te menaçait de planter un clou dans les mains. Hagard, ce ne fut pas Mist que tu vis couché prés de toi, mais une ombre fantomatique qui encore et encore, te pourchassais. Celle de cet Inquisiteur aux yeux verts qui avaient pris tant de plaisir à te haïr. Effrayé, tu bondis presque de ton lit et t'écrasas lamentablement par terre. Ta grande main toucha le sol, comme cherchant une arme pour te défendre, toi aussi tu ne voyais rien. Mais rien entre tes doigts, seulement la froideur du sol et ce corps couché dans ton lit. La peur te saisit le ventre et les tripes, c'était douloureux, non ! Tu ne pouvais pas croire qu'après ces années, cet homme venait de te retrouver ? Prêt à te faire souffrir encore et encore ? À te tourmenter et t'accuser d'un crime que tu n'avais jamais commis ? Tremblant, tu n'osais pas bouger, et tu te contentais de fixer cette ombre qui te menaçait. De quoi ? Toi aussi tu l'ignorais.
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Mist
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyVen 25 Mar - 6:20

La forme à coté de moi disparut de mes perceptions. Je ne l'ai pas entendu tomber, évidemment, elle n'était juste plus... contre moi. Et elle emportait avec elle mes rêves de sûreté. Mon bras gauche se remettait à brûler, et je n'arrivais pas à le bouger. Je touchais l'endroit où se trouvait mon père quelques instants plus tôt, c'était encore chaud et le matelas était un peu enfoncé là où il s'était allongé. Peut être qu'il ne m'avait pas entendu et qu'il était parti ? Je cherchais un moyen de l'appeler, quand il était encore là, j'avais forcément un moyen non ? Comment je faisais pour attirer l'attention de mes parents quand ils étaient dans une autre pièce ? Je pourrais taper dans mes mains... oui mais non, d'une part, je sais pas pourquoi mais l'idée me rebutait, et d'autre part je maitrisais pas la technique. Enfin j'étais pas sûr de la maitriser, c'était pas très carré comme truc, frapper dans ses mains. Trop fort tu te fais mal, et pas assez apparemment ça fait pas de bruit. Tu parles d'une logique.
Par contre... par contre... je sais siffler ! J'avais oublié ! Faut dire que mes parents m'avaient appris ça y a très très longtemps, et entre deux, j'avais eu aucune raison de me le rappeler. J'ai peur de plus savoir le faire maintenant. J'veux dire, si j'le fais, je sais pas si je réussis ou pas tu vois ? Et j'peux pas réapprendre en autodidacte, donc je reste dans le lit seul et silencieux comme un con à tâtonner pour retrouver mon cher disparu.

Quelle situation absurde ! On était tous les deux en train de bader sur des choses même pas là. Evidemment on le savait pas qu'on était en train de faire n'importe quoi, sinon on aurait arrêté pour aller boire un thé, tu penses bien. Enfin moi il aurait fallu que je trouve la porte avant, ce qui était pas joué vu comme j'étais manche. Même à quatre pattes, mon sens de l'équilibre hurlait à la mort, comme si j'étais déséquilibré niveau poids mais que j'le savais pas. Du coup je tombais tout le temps sur le flanc droit comme un con. Mais j'arrivais quand même à sortir de ce lit infernal ! Oui oui ! Du coup je marchais à quatre pattes part terre, puant le vomi et en train de pleurnicher silencieusement.

J'ai fini par trouver une jambe humaine dans le pantalon, j'ai suivi le tracé pour trouver le reste du corps et me rouler en boule contre lui. Certes, nous étions tous les deux torse nu, mais vu ma gueule toute tension sexuelle est automatiquement négative dès lors que je suis là. Du coup, pas de scène homo-érotique torride mais juste un petit corps avec du vomi sur les jambes et la poitrine qui vient se presser amoureusement contre la forme adorée de son père, qui s'était volatilisé à un moment du lit on sait pas pourquoi – des raisons de gens avec des oreilles en état de marche sans doute. Ça me passe au dessus ça, comme le reste.

Ensuite Mais Dors vint, sans doute parce qu'elle m'avait entendu couiner et se pressa contre moi et j'étais content d'être en sandwich. Je propose qu'on dorme comme ça part terre, les lits j'ai plus trop l'habitude de toute façon. J'espère que papa va pas encore se volatiliser.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyJeu 31 Mar - 15:58

La forme dans ton lit bougea, maladroitement, seule et triste, comme à la recherche de quelque chose pour la consoler. Toi, tu restas sur le sol, paralysé par la peur, t'imaginant les pires choses pouvant t'arriver. Un homme n'était plus lui-même, après ce que tu avais vécu, la prison et la torture détruisait quelque chose en lui, irrémédiablement. Ta main tapotait le plancher, à la recherche d'une chose dont tu n'avais pas idée, à cet instant, tu cherchais surtout à te protéger de cette chose dans ton lit, venu se coller à toi et qui se rapprochait. Ton coeur battait à vive allure, la peur était une sensation que tu avais oubliée, et elle était en train de renaître au plus profond de toi. Pourtant, tu crus reconnaître cette chose qui semblait se débattre avec elle-même, et lorsqu'elle vint dans tes bras, tu reconnus ce gamin. Mist, le clochard que tu avais trouvé dans la rue et à qui tu venais de nourrir, pourquoi ? Ce fut la première question qui te vint en tête, pourquoi ce jeune homme s'était-il collé contre toi ? N'était-il pas dangereux, au moins ? Peut-être que c'était un piège ? Peut-être qu'il cherchait à t'étriper, alors que tu tremblais de peur ? Mais au bout d'un moment, tu compris que le jeune homme avait juste besoin de réconfort, sa chienne vint d'ailleurs vous rejoindre, tu ne savais pas quoi faire.

Tu avais ce petit être serré contre toi, faible, vulnérable et à l'odeur assez écoeurante, qu'est-ce que tu devais faire ? Tu étais déboussolé, déconcerté, abasourdi, pourquoi se réfugier dans tes bras comme le ferait un enfant ? Et ce fut cette pensée qui te rappela que Mist n'était rien d'autre qu'un gamin, un gamin qui avait presque l'âge de ta fille. En pensant à elle, tu fronças les sourcils, plus pensif, moins apeuré. Mais toujours aussi hésitant, tu restas immobile, te disant que ce n'était pas une solution, mais tu avais peur de réveiller le gamin si tu bougeais un peu. Ça te ramena des années en arrière, lorsque tu venais tout juste d'être père et que tu apprenais à connaître ta petite fille, et que chaque soir tu allais vers son berceau pour voir si elle dormait bien, si aucun cauchemar ne venait pas la perturber. Pour Mist, c'était un peu pareil, non ? Quelque chose devait hanter son esprit pour qu'il semble si désespérément blessé par la vie, tu mordis ta langue. En soupirant, tu écartas sa chienne de lui et en quelques minutes, tu le déposas dans le lit, un peu comme si tu portais un enfant. Tout ça te perturbait et songeur, tu te recouchas à ton tour, sur le côté. Presque recroquevillé sur toi-même, ton bras soutenant ta tête, tandis que ta main cherchait à s'enfoncer dans les draps, tu tentais de dormir. Ce gamin te perturbait, sa venue était en train d'ébranler ton petit monde fait de fantôme et de souvenir, et de bois. Tu mordais ta langue dans l'espoir de trouver le sommeil, que faire ? Que faire ? Qui était-il ? Toutes ces questions venaient et allaient, parfois tu songeais qu'il fallait le mettre dehors, mais tu avais eu le loisir de contempler sa souffrance, tu ne pouvais pas te résoudre à être si cruel.

Tu finis sans doute par t'endormir, tu ne savais plus, finalement tu avais décidé d'agir comme d'habitude. La seule chose qui aurait en plus dorénavant, ce serait une assiette en plus à poser sur ton établi de menuisier, et les chiots. Vérifiant qu'il dormait toujours, tu te levas à l'aube de ton lit, toujours aussi pensif et mélancolique, et après lui avoir jeté plusieurs regards, tu sortis de la chambre et allas en bas, en boîtant. Là... tu restas quelques secondes immobile, d'abord pour reprendre ton souffle, mais aussi pour réfléchir, qu'est-ce que tu devais faire, déjà ? Tu ne t'en souvenais plus. Ah oui... travailler, sans doute, comme d'habitude, comme toujours. Fronçant les sourcils, tu déglutis et te rendis dans l'arrière-boutique pour chercher quelques matériaux, tu avais toujours cette commande à rendre pour ce noble. Tu avais oublié son nom et son visage, d'ailleurs, tu gardais en tête juste les détails précis qu'il t'avait donnés. Reprenant les mêmes gestes, comme un automate, tu sortis le cadre en bois que tu avais commencé pour le poser sur l'énorme planche qui te servait à la fois de table de travail, et de table pour manger. Prenant un pot en terre cuite, tu trempas un vieux pinceau aux poils abîmé, et commenças à le passer sur le cadre en cyprès. Tu devais retrouver ta tranquillité, tu devais retrouver ton calme.
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Mist
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptySam 2 Avr - 16:28

J'étais roulé en boule contre papa, qui ne se volatilisa plus. Je posais une main sur lui, c'était chaud et il y avait de la peau, voilà, ça pourrait ne pas être très important, et pourtant ça faisait tellement de temps... qu'on ne m'avait pas touché ou que je n'avais pas touché quelqu'un amicalement. Traditionnellement les mains servaient plutôt à me frapper. Et l'épiderme de quelqu'un était une espèce de planète inconnue réservée à ceux qui ne sentent pas mauvais.
Je restais donc là, tout écorché dans ma tête, en train de pleurer encore un petit peu et tout tendu. Je ne me rendais pas compte que ça pouvait manquer, ça aussi. Les mains amies. Ça doit être notre coté grand primate qui joue là dedans.
Et donc finalement j'ai fait ce qu'on attendait de moi après avoir chouiné convenablement et jusqu'à l'épuisement : je me rendormis.

Je me suis réveillé à cause du soleil qui me tombait dans les yeux, et j'étais dans un lit. Malheureusement, je me rappelais de mon expédition nocturne, et je suppose que c'est cet homme qui m'a posé dans le lit. Une punition effroyable m'attendait sans doute, surtout que j'avais dégueulé de peur dans l'escalier. Les gens peuvent être vicieux tu sais, c'est pas parce qu'il ne m'a pas tué à coups de pied pendant la nuit qu'il ne va pas le faire maintenant. Il doit avoir les idées plus clires maintenant qu'il fait jour.

Je me lève et me dirige vers l'escalier la peur au ventre. Je me demande comment sortir d'ici sans croiser le grand type et... meeeeerde, il est entre moi et la porte. Il y a peut être une sortie par l'arrière ? D'en haut, je ne vois pas, et je sais que si je descends je vais faire du bruit malgré moi. Je vois les chiens dormir devant la cheminée, il ne les a pas égorgé... je ne retrouve pas ma flaque de vomi non plus, les chiens ont dû la manger. Je m'assois à coté de son emplacement supposé, et je fixe Asgeir qui travaille le bois à travers les petits piliers en bois qui soutiennent la rampe d'escalier, ça fait comme des barreaux. Il est en train d'étaler un machin maronnasse au pinceau sur la surface, je n'ai aucune idée de la fonction de ce truc. Je me recroqueville en montant mes genoux vers ma poitrine et en collant mes deux pieds ensemble parce que j'ai un peu froid. Taper, pas taper ? On est pas vraiment sûr hein ? Peut être qu'il va me brutaliser parce que je sens mauvais, c'est possible ça aussi. J'ai encore du vomi séché sur moi et mes larmes ont laissées des sillons de propre sur mon visage. Je me ronge un ongle en le fixant, il a l'air complètement éteint, on pourrait croire qu'il est mort, si il ne bougeait pas. Le regard fixe et vide, il fait seulement les gestes nécessaires.
Ça me fait un peu peur, je n'ose pas bouger de là où je suis. Mais j'ai faim, et puis froid aussi, j'aimerais bien pouvoir sortir pour chercher à manger pour les chiens et moi.

D'ailleurs en parlant de chien, Mais Dors, fidèle au poste, vient me rejoindre. Elle vient me lécher la main pour me dire bonjour, et je lui gratte la tête. Elle pue elle aussi, mais ça ne me gêne pas. Un des chiens a dû faire pipi dans un coin cette nuit, oh là là, encore une raison de me faire taper dessus... après tout, j'ai eu aucune occasion de leur apprendre la propreté, et en la matière... bah comme dit l'adage, on balaie devant sa porte avant de s'occuper de celle du voisin, un truc comme ça. Puis j'peux comprendre, moi aussi j'ai envie de faire pipi. C'est pas pratique ça, si Asgeir vient me frapper, j'vais sans doute pas gérer à cause de la trouille, et il va me taper encore plus. J'espère qu'il va pas venir par là... quand j'ai reçu ce seau d'eau, j'aurais mieux fait de m'enfuir tiens, je serais pas assis sur une marche d'escalier à attendre qu'on me tape dessus sinon.
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Asgeir
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyDim 3 Avr - 10:17

Concentré sur ta tâche, ignorant le petit être revenu de là-haut et qui te fixait, apeuré pour une raison que tu n'aies pas compris, tu continuais d'appliquer le vernis pour finir ce cadre que tu irais livrer dans l'après-midi, chez un noble. Ce n'était pas que tu n'aimais pas les nobles, mais tu te sentais souvent très mal à l'aise lorsque tu étais avec eux ; ils t'impressionnaient, parce qu'il paraissait que la misère était un mot inconnu pour eux et que les gens qui la connaissaient représentaient un petit sujet de distraction sur lequel ils pouvaient débattre. Tu te souvenais que lorsque toi et ta femme étiez arrivés à Ishtar, vous aviez été impressionné par ces dames dont les robes coûtaient plus cher que vos propres vies, et qui vous regardaient, curieuses du couple que vous formiez à l'époque, et qui ne savaient pas si elles devaient rire de ta grande taille où critiquer la chevelure rousse de ta femme. Chacun, noble comme roturier, représentait pour l'autre une bête de foire et chacun avait ses mythes sur les autres. Une fois, tu avais entendu de la part d'un noble que les gens du Bas-Peuple mangeant leurs enfants, parce qu'ils ne connaissaient pas l'importance qu'un nouveau-né avait dans une famille. Tous ces préjugés, tu les avais subis, et tu les subissais encore aujourd'hui ; personne ne te connaissait véritablement, mais ta haute stature faisait de toi le sujet de quelques rumeurs. Alors, songeant à ce petit noble que tu devrais aller voir, tu ne savais pas exactement ce que tu devais faire, comment t'habiller ? Tu avais peu de vêtements et tu refusais d'ouvrir cette armoire, là où les vêtements de ta femme étaient rangés près des tiens.

Ce fut la chienne qui te sortit de tes pensées, tu relevas la tête vers Mist, prés de l'escalier, tout apeuré de te voir, que craignait-il ? Tu n'allais pas lui faire de mal, voyons ! Tu ne savais même pas frapper quelqu'un, il n'avait rien à craindre, jamais tu n’avais levé la main sur quelqu'un, pas même sur tes tortionnaires. Non, tu étais beaucoup trop... toi pour faire une chose pareille. Et à nouveau, que lui dire ? Tu ne savais pas, tu ne trouvais pas tes mots et même, tu songeas que parler aurait été absurde. Ça n'avait aucun rapport avec le handicap de Mist, tu étais simplement trop occupé à trouver un moyen de le rassurer, et tu pensais que parler aurait pu l'effrayer. À l'image des chiots prés de lui, Mist te parus être un petit animal qu'un être humain se serait amusé à torturer, un enfant dans un tel état, ça te faisait mal de voir ça. Alors avant de faire quelque chose pour lui, tu terminas ce que tu avais à faire et allas ranger le cadre dans l'arrière de ta boutique, en boîtant, tu te rendis vers Mist, mais ne fit rien sinon de juste passer devant lui et de monter les escaliers. En haut, comme la veille, tu allas chercher un peu de nourriture et allas remplir une nouvelle bassine d'eau pour ses chiens. Ton assiette posée sous la sienne, tandis que ta main collait la bassine contre ta poitrine, tu descendis et allas poser le tout sur la grande planche de bois qui te servait de table de travail, et de table à manger.

Tu donnas l'eau au chiot, coupas un morceau de pain que tu leur donnas et t'assis. Votre repas ? C'était encore et toujours une soupe de gruaux grossiers avec du pain et du fromage, tu ignorais si ça allait suffire pour Mist, mais tu ne pouvais pas te permettre d'offrir plus. L'argent te manquait souvent, pour cause : tu le dépensais souvent au Cochon Pendu pour te saouler et oublier ta fatigue. Tu coupas un autre morceau de pain et te retournant vers Mist, tu le regardas quelques secondes avant de lui faire signe de se rapprocher, et enfin, tu pris la parole, déliant miraculeusement ta langue pour l'utiliser :


— Si tu as faim, sers-toi.

Puis sans attendre que Mist s'exécute ou non, tu fourras un morceau de fromage et de pain dans ta bouche, oubliant de lui dire que les toilettes se trouvaient en haut, mais tu étais trop déboussolé pour penser ce qu'on faisait, habituellement, lorsque l'on hébergeait quelqu'un. Tu ignorais tout de Mist, tu ne savais même pas que tu avais en face de toi un de ceux qui avait détruit ta vie, et qu'aurais-tu fait si tu l'avais appris ? Est-ce que tu l'aurais frappé ? Est-ce que tu l'aurais dénoncé ? Au final, savoir qui Mist était véritablement, tu t'en moquais. Pour toi, ce n'était qu'un enfant qui devait avoir l'âge de ta fille, à quoi bon le reste ? Il te rappelait trop ta petite Eldrid pour que tu puisses imaginer qu'il n'était rien d'autre que celui qui avait tenté de tuer l'Empereur, et Uriel d'Arken ; de toute façon, pour toi c'était toujours l'ancien Empereur qui gouvernait, et tu n'avais pas non plus connaissance que d'Arken était le nouveau Haut-Prêtre. Pour toi... rien n'avait bougé depuis ton emprisonnement. Mist, le terroriste n'existait donc pas dans ton esprit.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyLun 4 Avr - 6:37

Rien d'effroyable n'arriva. A un moment, le grand monsieur monta à l'étage en passant près de moi, mais il ne me toucha même pas. Je le fixai ensuite en train de redescendre avec une bassine d'eau et à manger. J'aurais été moins con, je lui aurais proposé mon aide. Mes deux jambes marchaient bien à moi, et puis j'étais plus jeune, j'aurais pu l'aider avec son eau. Au lieu de ça, je le regardais préparer sa table pour manger, et ça me faisait trop rêver. Il y avait des bols de gruau comme hier, du pain, et du fromage, en une quantité largement suffisante pour mon petit estomac. Je regardais Asgeir, peut être qu'il allait me convier à manger comme hier ?

Il y avait deux assiettes ! A moins qu'il attende sa femme ou un truc comme ça, à priori c'était pour ma gueule. Il ne m'en voulait pas pour cette nuit alors ? Il n'allait pas me frapper ou un truc comme ça ? Bon, tu trouve ça ridicule que j'ai la trouille, je sais, mais même Marius m'a passé à tabac ! J'ai toutes les raisons d'être méfiant, surtout quand j'ai fait le con. C'est vrai qu'on tabasse pas pour rien, Marius il l'a fait parce que j'ai menacé sa copine moche et conne. Et la prison... pas besoin de préciser hein ?

Asgeir m'invita à manger. Il ne m'attendit pas et ne chercha pas à entamer une discussion avec moi, ce qui me convenait très bien. Je m'assis en veillant à ce qu'un pied ou une arme dissimulée ne vole pas vers moi puis me servit un bout de pain et du fromage. J'en donnais pas aux chiens, cette fois ci, parce que j'avais peur de le vexer. Quand on bouffe du gruau tous les jours, on doit pas kiffer de voir sa nourriture partir dans le ventre des chiens, même si ils sont très mignons. Je mangeais donc très très lentement – pas de langue ni de dent, tu te rappelles ? - en regardant autour de moi. Asgeir devait faire beaucoup de menuiserie, il y avait des trucs en rapport avec le bois partout. Fallait mieux pas être asthmatique d'ailleurs, avec la sciure et tout ça. Les petits chiens eux dormaient du sommeil du juste, mais ils auraient bientôt faim et je devrais sortir pour qu'on aille voler à manger. Mais en attendant, tant que la bonne fortune durait, je faisais tremper mon pain dans le gruau pour le faire ramollir afin de pouvoir le mâcher.

Pendant ce temps le gars ne me regardait ni moi ni personne. Il mangeait, voilà. Je t'ai dit pour sa croix au front là ? Bah à la lumière du jour, c'est toujours aussi dégueulasse. J'espère que je finirais pas comme ça, à tout mettre à distance pour continuer à vivre. Ça me pend au nez pourtant, et peut être même que c'est déjà fait. Voire c'est déjà le cas, on peut pas dire que j'ai déjà fait parti du monde. Mais j'ai jamais eu tellement l'occasion aussi... ce gars là a une boutique et tout, il a sans doute un passé. Peut être que c'est un ancien terroriste ? Je sais pas pourquoi – ça doit avoir un rapport avec le fait qu'il fait cinquante centimètres de plus que moi – mais si il éprouve pas le désir de parler, je préfère encore fermer ma gueule... enfin pas écrire. Enfin tu vois ce que je veux dire.
Enfin si je lui parle, au bout d'un moment. Il faut bien.

« Merci pour la nourriture et » – là, j'hésite un peu à écrire à propos de ça, et quels termes utiliser – « cette nuit. Je dois partir pour chercher de quoi manger pour les chiens, je peux en voler pour toi aussi si tu veux ! Un truc bon ! »

Je savais pas où j'allais trouver « un truc bon », mais j'finirais bien par trouver. Ou p'tète qu'il est contre le vol et qu'il veut que mes petits chiens et moi on meurt d'inanition ou qu'on se prostitue ? Je lui tendis la feuille pour avoir son aval.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyLun 4 Avr - 10:49

Tu ne regardais pas Mist en face de toi, ne sachant pas trop ce que tu devais faire avec lui, encore et toujours ; sa venue était en train de bouleversé ton quotidien, pourtant, tu aurais dû t'habituer aux changements, mais tu n'arrivais jamais à t'y faire. Tu te posais un tas de questions quant à la suite des évènements, tu ne pouvais pas le mettre dehors, ce gamin était en mauvaise santé, ça se voyait comme ta croix au milieu de ton front. Il semblait aussi seul et maltraité que toi, sa misère, te rappelaient la tienne et ta fille. Bon sang, tu supplierais l'Ombre et t'ouvrirais les veines pour que jamais, elle ne finisse comme ce jeune homme. Tu fermas les yeux, coupa un morceau de pain et le fourra dans ta bouche, laissant le silence venir sans chercher à lutter contre lui. Parfois, parler ou trouver un sujet de conversation te manquait, mais tu te souvenais bien rapidement qu'ouvrir ta bouche, délier ta langue était une chose particulièrement difficile qui te demandait beaucoup de temps de réflexion. Trouver les bons mots, dire les bonnes choses aux bons moments, tout ça te paraissait flou et désagréable ; personne n'avait cherché à t'écouter, lorsque tu avais croupi en prison, personne n'avait cherché à entendre la vérité. Tu étais resté dans cet endroit, noir, sombre, à attendre que la Mort vienne te chercher, mais elle n'était jamais venue, même mourir n'avait pas été un droit que l'on t'avait donné. Mist avait la langue coupée, il lui manquait un bras, que lui était-il arrivé ?

Souvent, si tu n'osais pas lever tes yeux et les poser sur lui, c'était par crainte de voir son corps maigre, brisé et malade ; tu avais peur de toutes ces questions qui te tiraillaient, parce qu'il était là, devant toi, en ayant vécu un peu près la même chose que toi. Lui aussi, la vie avait été un fardeau à porter depuis un certain évènement, tu ne connaissais rien de lui, pourtant tu pouvais aisément imaginer tous les sévices qu'il avait dû supporter. Être handicapé de naissance, ce n'était pas quelque chose qui rendait joyeux ; toi qui boîtais depuis ton séjour en prison, tu connaissais aussi les souffrances que c'était. Et plus tu pensais à ça, plus tu pensais à toutes ces blessures sur ce corps, tu espérais que jamais ta fille ne connaisse ça ; c'était désormais une nouvelle crainte, malgré la demande d'être heureuse que tu lui eusses formulé, lorsque tu l'avais croisé pour la première et dernière fois de ta vie. Tu tournas machinalement ta cuillère dans cette soupe de gruaux, pensif, comme toujours, enfoncé dans tes souvenirs et tes doutes. Observant parfois les chiots dormir, tu essayais de prendre cette situation du mieux que tu pouvais, mais une force étrange t'en empêchait, tout ça... te paraissait être un rêve étrange. Mist te donnas alors un morceau de papier, fronçant les sourcils, tu le ramenas à tes yeux. Une ride vint se former sur ton front, pourquoi désirait-il voler quelque chose ? Évidemment, tu étais contre quelque chose de cette sorte-là, même si tu comprenais que c'était habituel pour ce garçon de faire ça. Néanmoins, tu soupiras et fis non de la tête, reposant son papier, tu relevas enfin tes yeux sur lui, et répondis de ta voix toujours aussi grave qu'il n'entendrait jamais :


— Ce n'est pas la peine de voler.

Que devais-tu faire, là, maintenant ? Le disputer ? Mais tu n'étais pas son père, tu ne pouvais pas te permettre de faire une chose pareille ! Mordant ta lèvre, tu bus une gorgée de ton eau, et levant tes yeux au plafond pour réfléchir, tu ajoutas :

— Je... dois me rendre chez un noble pour une livraison, je ramènerais de la nourriture à ce moment-là.

Même si laisser Mist seul pour quelque temps dans ton atelier te laissait hagard, tu ne pouvais pas le laisser sortir dans les rues, en sachant qu'il allait voler quelque chose. C'était bien trop dangereux, pour toi, comme pour lui ; la Garde Impériale n'avait pas le moindre scrupule à mettre en prison les voleurs, même si ces derniers cherchaient à se nourrir, à survivre dans un monde qui n'avait de cesse de les persécuter. Et puis, tu ne voulais pas d'ennuis avec cette prétendue Justice d'Ishtar, tu ne voulais pas qu'ils se souviennent de toi, comme étant un ancien prisonnier, parvenu à prendre la fuite de cet endroit monstrueux. Non. Tu voulais continuer à travailler le bois, qu'importe si la sciure finissait par t'étouffer, qu'importe. Laisser Mist, seul ? L'idée était inquiétante, mais tu ne pouvais pas faire autrement ; c'était ça, ou mourir de faim. Et tu ne pouvais pas laisser ce garçon dans cet état aussi lamentable, aussi misérable ; apparemment, ton instinct paternel n'était pas encore mort, lui.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyDim 8 Mai - 9:55

« Ce n'est pas la peine de voler » ? Quoi ? Que lis je que vois je ? Autant me dire « ce n'est pas la peine de respirer » ! Bien une mentalité des gens qui vivent de leur boulot tiens ! Enfin c'est toujours les plus honnêtes qui sont les plus baisés, quand tu regardes bien. Regarde lui, avec sa croix sur le front et sa boiterie, et qu'il a même pas de viande à sa table – je dis pas ça pour chouiner hein, c'est un constat – il trouve ça mal de voler.
Ah, ou peut être qu'il a peur de se faire choper ? Pourquoi ? Après tout, j'vais pas aller raconter que je le connais si la Garde Impériale me tombe dessus, et puis quoi ? On va pas le condamner pour avoir hébergé un type qui, en sortant de chez lui, a volé une pomme, ça serait complètement con. Je pense qu'il est honnête, en fait, comme un gros naïf.

Mais pour ménager sa sensibilité, j'ai rien dit. Ça doit déjà être assez dur d'être comme ça, sans qu'un petit mendiant vienne foutre le bordel. Et puis comme je lui suis beaucoup plein reconnaissant, j'ai pas envie de casser ses rêves. Les honnêtes travailleurs qui vivent du produit de leurs mains, c'est pas tellement une frange de la population que je fréquente, surtout parce qu'elle a plus tendance à me jeter des seaux d'eau que de me donner à manger. Être honnête ET gentil, c'est vraiment pas de bol quand même, lui il va pas vivre vieux... enfin il est déjà vieux, mais encore plus vieux j'veux dire, ou heureux, ou riche. Enfin il va lui arriver de la merde quoi.

Ensuite il me raconte son petit programme de l'après-midi et comment il va en tirer à manger, c'est pas con... sauf que ça fait toujours de moi un poids. J'veux dire, j'ai peut être plus de chance de pas me faire virer si je rapporte à manger que si je suis une bouche à nourrir en plus non ? Sans parler des chiens ! Il a pas l'air très riche, mais il a quand même une cheminée devant laquelle on peut dormir, et moi j'donnerais mes deux jambes pour avoir ça. Il va me virer quand il aura plus à manger, inévitablement. Il faut peut être mieux que je m'en aille quand il se casse aussi ? Comme ça il aura pas l'occasion de me vider – ce qui est triste – et je pourrais aller voler des trucs le cœur léger. Mais adieu cheminée ! Je réfléchis.

Non et puis, il peut revenir me taper aussi. Mettons qu'il boive, ça arrive vite ces choses là ! Je suis petit et moche, c'est pousse-au-crime ça, un coup de sang ça arrive vite, surtout que je lui mange sa bouffe et que j'ai fait du cirque toute la nuit. Je le regarde par en dessous, je sais pas quoi faire. Et puis j'ai envie de faire pipi ! Si j'ai pas le droit de sortir, comment je fais moi hein ? Douze heures sans pipi là, au moins, voire plus – pas très bonne notion du temps, j'en ai peur. Et le pipi des chiens ? P'tète qu'ils ont pissé dans une des chambres, il va constater ça, ça va le rendre furieux et j'vais mourir sous les coups de pied. Il est tellement grand... Une main de cette taille, lancée à la bonne vitesse, ça m'arrache la tête à coup sûr hein. Je me tortille sur ma chaise – la vessie pleine ça – et je sais pas quoi faire. Si j'insiste sur quelque chose, il peut me taper non ? Peut être qu'il est pas si gentil que ça, peut être qu'il va m'éclater la tête, ou me bourrer de coup de pied dans le ventre tellement que l'intérieur deviendra broyée, liquide. P'tète que j'vais crever entre la cheminée et la chaise. Je baisse la tête, on fera comme il voudra.
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MessageSujet: Re: Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist)   Un blessé de guerre n'est jamais un infirme. Il n'a pas perdu son bras ; il l'a donné.(pv Mist) EmptyLun 9 Mai - 13:12

Mist ne répondit pas, et tu restas un moment immobile sans rien dire non plus, au final si toi aussi, tu avais été muet, ça n'aurait pas changé grand-chose ; c'était dans ta nature de te murer derrière ton silence lourd, pesant, accablant, même plus lorsque ta femme était prés de toi, tu n'avais jamais beaucoup parlé. Et elle au contraire, elle avait été dotée d'une nature bavarde et sûre d'elle, elle t'avait complété, comblé tes faiblesses par sa simple présence. Loin de songer que l'esprit du jeune homme était la proie de tant de soucis, tu lanças un petit regard aux chiots qui bougeaient toujours dans tout les sens, il fallait aussi que tu trouvasses à manger pour eux. Tu fronças les sourcils en soupirant, puis tu croisas les bras en réfléchissant, ça mangeait quoi, habituellement les chiots ? Tu avais du mal à déterminer leur âge, enfin tu savais au moins qu'ils avaient moins d'un an. Ça... c'était évident, Asgeir, à croire que même les évidences, tu peinais encore dans ce domaine-là. Mordant ta lèvre, tu te rendis jusqu'à ton établi et nota à l'attention de Mist où tu te rendais, comme ça, si jamais le gamin avait un souci, il savait où te trouver. Même si le noble chez qui tu devais te rendre n'appréciait pas la présence d'un clochard sourd-muet et avec qu'un seul bras, ça risquait de te faire de la mauvaise publicité, mais à quoi bon ?

Tu voulais juste ramener un peu de nourriture, pour lui, pour ses chiots, et quand même un peu pour toi. Tout de même... quoi que tu pusses toujours te laisser mourir de faim, ce n'était pas comme si ça te dérangeait, au fond, mourir. Tu secouas la tête, presque agacé de toutes ces pensées morbides qui te hantaient tous les jours. Un jour ou l'autre, avec un esprit aussi suicidaire que le tien, tu allais écrire un ouvrage donnant des conseils sur le suicide, à croire que jouer les croque-morts ne t'allaient pas si mal que ça. Tu savais même comment faire un cercueil, même si pour un homme de ta stature, il avait fallu plusieurs planches de bois pour bien aller. Et encore, ce n'était pas sûr qu'on arrivât à te mettre dans le cercueil et à te porter jusqu'au cimetière, et puis si tu mourais, tu préférais qu'on abandonne ton cadavre ici, chez toi. Soupirant, tu allas chercher en boîtant une veste dans l'arrière-boutique, coincée sous une planche de bois, c'était un vieux vêtement que tu avais acheté lors de ton petit voyage. Blanche, elle arrivait au moins à tes genoux et te rendait... moins... misérable, peut-être ? Sans songer à t'arranger un peu, tu allas chercher un grand miroir bien emballé, que tu soulevas brusquement et portas sous ton bras. Tu fis un signe de la main à Mist, comme pour le rassurer, tout simplement quelque chose d'aussi banal qu'un au revoir, tu ne savais rien de lui, et au fond, tu espérais juste que ça ne t'apporte pas plus d'ennuis. Tu n'étais plus tout jeune, après tout.

Sans un autre regard, tu ouvris la porte de ton atelier et ton manteau sur le dos, tu déambulas dans la rue. Combien de fois avais-tu traversé Ishtar ? Ta femme t'avait d'ailleurs toujours accompagné, lorsque tu allais faire des livraisons chez des nobles. Ton visage se crispa et tu mordis l'intérieur de tes joues, ta jambe te lançait, parfois, tu te disais que tu aurais aimé l'amputer. Soulevant le miroir, tu parvins à le porter sur ton épaule, tentant d'alléger la souffrance. Les gens se retournèrent sur ton passage, pourquoi ? Parce que ton manque flagrant d'attention pour le monde avait failli d'envoyer le miroir dans plusieurs personnes. Le miroir était bel et bien fini, et malgré tout, tu ne songeas pas à lui porter plus d'attention. Asgeir, ça te dérangerait de ne pas être payé à cause d'un miroir fissuré ? Pauvre idiot. Tu te rendis donc chez ce noble, nullement impressionné par l'étalage de luxe qu'était son grand appartement. Tout ça... tu t'en moquais un peu désormais, le gros bonhomme t'accueillit non sans froideur, son nez écrasé lui donnait l'air d'un marchand idiot, tandis que ses différentes bagues portaient à croire que nouvellement riche, il cherchait à impressionner les autres. Il ordonna qu'on déballe le paquet, sous les yeux de sa petite fille adorée, qui devait avoir seize ans et qui pourtant, était maquillée comme une femme de trente ans. Sans un regard, tu pris l'argent et le remercia sans plus de cérémonie, toutes ces politesses... tu en usais très peu, disons. De ton pas boiteux, tu rentras chez toi.

Enlevant ton manteau, tu le jetas dans un coin et ne fut surpris de trouver personne, le silence était redevenu le maître des lieux. Où était Mist ? Tu fouillas quand même ton atelier à la recherche du gamin qui aurait pu s'endormir dans un coin, tu montas même à l'étage pour vérifier, mais tu ne trouvas ni l'infirme, ni ses bêtes. Il était parti, sans un mot, sans un au revoir. À nouveau, tu te retrouvais tout seul, Asgeir. Ton destin, c'était ta solitude.
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