L'Empire Ishtar
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 Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]

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Émile Paole

Émile Paole

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♦ Fiche : Repas de Corbeau suivit de Des-Espoirs
♦ Protecteur : Hahaha... vous voulez rire ? C'est un corbeau nommé l'Onyx.
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Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] Vide
MessageSujet: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyDim 2 Oct - 23:26

J'étais le monstre capable d'embraser le monde de son simple regard, et le monde se résumait à cet instant à la douleur que j'avais l'intention de procurer. Le monde se limitait à cette petite demeure perdue dans les Bas-Fonds, misérable endroit, misérable lieu de perdition. Je pouvais sentir la pourriture, je pouvais contempler la crasse monter sur les murs humides et vieux, la lumière pénétrait à peine, les fenêtres étaient pour la plupart barricadées. C'était une chambre, du moins c'était à ça que ça voulait ressembler, mais il n'y avait nul lit, nulle commode pour mettre ce point en valeur. C'était une pièce pleine de poussière, vide de toute commodité, où des poutres paraissaient sur le point de s'écrouler à tout moment, un lieu minable pour deux minables êtres qui me faisaient face. Devant une fenêtre brisée, barrée par une planche de bois miteuse, il y avait deux êtres tremblant de peur devant le monstre qui leur faisait face, deux êtres qui se tenaient l'un contre l'autre, leurs figures figées dans la peur.

Lui, c'était un grand homme à la chevelure brune, en pagaille, et à la barbe de trois, ses vêtements en loques traduisaient sa condition de clochard. Elle, c'était une enfant de cinq ou six ans qui tremblante, laissait son effroi peindre son regard bleu, tandis que sa chevelure blonde et sale tombait sur son front haut, on aurait dit une vieillarde à cet instant. Un père tenant contre lui sa petite fille, un père tentant de protéger le fruit de ses entrailles, et la vision de ce que j'aurais pu être éclata en même temps que mon dégoût, ils étaient désespérants lamentable. Avait-il encore de l'espoir dans ces coeurs tourmentés par la terreur ? Avait-il encore un peu de joie de vivre dans ces visages baignés par la misère ? Moi-même qui les fixait depuis un moment, je n'aurais pas pu le dire, et pour cause : je m'en foutais. Le monde tremblait dehors, le monde jouissait, et le monde allait voler en éclat dès que j'aurais marqué ces deux êtres de ma haine.

J'étais Émile François Stanislas Paole, le Baron, le Corbeau Blanc, et le Chien Fou de l'Église qui d'un regard était capable d'embraser le monde. Je n'étais pas un homme, je ressemblais tout juste à un noble, et au fond de moi, je restais ce loup aux pulsions violentes, et à la soif de sang intarissable. Le sang... l'élixir de la vie, le sang et sa chaleur, le sang et son arôme excitant. Je me montrais calme, et nulle expression ne venait se cueillir sur mon visage, je gardais mon masque de marbre. Une fois n'est pas coutume, j'avais laissé tomber ma chemise noire et ma cape, elles traînaient dans un coin sombre de la pièce, et mon corps torse-nu suintait du désir ardent de plonger mes mains dans les yeux de la petite fille. Bien évidemment, une fois n'est pas coutume, l'Onyx était prés de moi, jamais cet oiseau ne me quittait. Le corbeau était posé sur une poutre, son oeil borgne fixait l'homme, comme s'il jugeait le misérable cloporte qui tremblait devant nous. J'étais l'épée, il était le fourreau, mais pour une fois, il n'allait pas chercher à enfermer la lame, il l'abandonnait volontiers à ses colères. Car après tout, cette enfant, cet homme, c'étaient eux qui allaient enfin me pousser sur Lao.

Les questions... j'étais en mesure de les poser, car ma simple présence, mes yeux rouges, mes cheveux blancs et mon air impassible leur criaient clairement que je n'étais rien d'autre qu'un Fou. Cependant, j'étais le Fou qui raisonne, celui capable d'analyser une situation, et comprendre comment la renverser. Je pouvais leur parler calmement, et profiter de la peur qui les transperçait pour leur arracher ce que je désirais. Bon sang... c'était une chose foncièrement emmerdante, et mon goût prononcé pour la torture n'allait pas me permettre quelque chose d'aussi simple. Surtout lorsque mes victimes n'avaient pas la moindre envie de collaborer, le père en avait les larmes aux yeux, et sa petite fille tremblait. Je fis un pas, et l'homme recula encore, son dos heurta la fenêtre qui malgré l'obscurité, fut la seule capable de laisser filtrer quelques rayons du soleil. Dehors, il semblait faire beau, et c'était ici que l'orage allait éclater. Je fis un autre pas, et tendant la main vers l'enfant, je demandai au père :

— Allons... mon brave, n'ayez guère peur, je ne suis rien d'autre qu'un valeureux Serviteur de l'Ombre.

Un sourire enjoué vint se percher sur mes lèvres pâles, mais l'homme ne fut pas dupe et serra sa fille dans ses bras. Mon corbeau émit un croassement las, et levant les yeux au ciel, je me reculai pour ajouter :

— Voyons... soyez tout de même coopératif, c'est votre ami Francesco qui m'a envoyé vers vous... Monsieur Donald Trumpy... vous un Philosophe !

L'homme écarquilla ses yeux, et tremblant, il fit non de la tête, comme s'il ne pouvait pas croire ce que je venais de lui murmurer. C'était beau... lorsque je divulguais ce genre de secret, la trahison c'était délicieux à contempler, le désarroi qu'elle faisait naître était une chose particulièrement excitante. Je passai ma langue sur mes lèvres mon épée en main, je la lâchai pour foncer sur cet homme. Cependant, ni lui, ni sa fille ne purent me voir me déplacer. J'étais Émile Paole, l'Inquisiteur le plus puissant et le plus violent que l'Église possédait en son sein. Le Voyage Ombreux me fit apparaître juste à côté de l'homme, et prenant son bras, je rapprochai mon visage du sien. Lentement, mes doigts se resserrent sur lui, comme les serres d'un corbeau, et l'Onyx pencha la tête sur le côté. Je murmurai alors d'une voix toujours aussi grave :

— Je veux pourtant une simple réponse à ma question tout aussi simple : où est Lao ?
—... J-j-j-j-j-je... l'i-i-i-i-gnore !
— Mauvaise réponse.

Et mon poing s'écrasa brutalement dans sa mâchoire, il tomba sur le côté, et avant qu'il ne puisse réagir, je pris sa fille par les cheveux et la forçai à quitter les bras protecteurs de son père. Je la jetai brutalement sur le plancher, et un genou sur son dos, je caressai son cou de cygne de mes doigts en argents, ceux qui remplaçaient la chair et le sang. Je me baissai près de l'oreille de la fillette, et je grondai à son père :

— Francesco — votre ami — m'a confié avant de mourir que vous saviez où se trouve Lao, voulez-vous que je force votre fille à ouvrir la bouche pour vous ?

L'homme fit non de la tête, le corps tremblant, il voulut faire un pas, mais menaçant sa fille, il s'arrêta tout de suite. Il fit d'une voix tout aussi tremblante, le coeur au bord des lèvres, la peur déchirait son estomac :

— C'est... ne lui faites pas de mal !
— Papa ! Aide-moi... papa !

Levant encore les yeux au ciel, j'imitai la gamine d'un ton faussement suppliant :

— « Papa... aide-moi, papa ! »

Un petit rire s'échappa alors de ma gorge, et prenant mon épée, je caressai la lame contre le cou de la petite. Mon corps contre le sien, je la maintenais contre moi pour lui faire passer l'envie de s'enfuir. Donald Trumpy et sa fille... j'avais cherché pas mal de choses à ce sujet, et d'après Francesco, l'homme haïssait l'Église de toute son âme pour ce que nous avions fait à sa femme. Un proche de Lao, l'un des rares à savoir où cet homme se trouvait, et je pouvais sentir l'excitation brûler mes entrailles, j'allais bientôt mettre la main sur ce rat. Mouillant mes lèvres, je les posai soudain contre la joue de la gamine, et fixant toujours son père, j'ajoutai :

— Vous me haïssez Donald ? Dites... vous me haïriez davantage si je faisais l'amour à votre fille ?

Une simple menace qui pourtant, le fit hurler de rage. Grave erreur.

L'homme parvint à se relever, malgré les tremblements qui secouaient son corps, et poussant un cri de hargne, il leva la main. Aussitôt, la poussière autour de moi se mit à graviter pour former un rai de terre qui fonça sur nous, un sourire passa sur mon visage. Je me baissai pour l'éviter, la gamine toujours collée contre moi, je lui saisis la gorge, tandis que le Philosophe cherchait toujours à m'attaquer. Il referma le poing, et les pierres commencèrent à pleurer de la poussière dans toute la pièce, je haussai un sourcil et tout à coup, je jetai la fillette sur le plancher. Seul l'Onyx n'avait pas bougé, il n'avait pas émis le moindre son, et bougeant la tête en notre direction, il me contempla prendre l'épée que m'avait offert Nicolaï. Donald ne bougeait plus, il se tenait contre le mur, le corps plié en deux de terreur, tandis que mon pied vint écraser la tête blonde de sa fille, il remua les lèvres sans parler. La gamine couina et je pus examiner ses larmes couler sur ses joues pâles, elle tourna un peu la tête, essayant de se défaire de mon étreinte, et je plantai l'épée prés de son oeil. Retournant mon attention sur Donald, je raclai ma gorge pour déclarer :

— Mauvaise réponse. Je poussai un soupir et levai les yeux sur le plafond miteux. Moi... qui voulais éviter une séparation douloureuse.

Et ce fut ainsi que débuta le cauchemars de Dondald Tumpy, pauvre homme, pauvre crétin qui avait fait l'erreur de ne pas avoir écouté la faim du loup. Et la bête grognai, et la bête s'apprêtait à jouir de la douleur qu'elle allait créer.

Donald ne bougeait pas, ses yeux avaient perdu leur éclat, et il se contentait de tendre la main vers son enfant. Moi, je laissais un rire sans joie sortir de ma gorge, alors que me baissai à la hauteur de la gamine. Je la pris par les cheveux pour l'obliger à se redresser et à fixer elle aussi son père, la bouche ouverte, la peur la tuait tant qu'elle ne pouvait même plus le supplier. L'Onyx ouvrit ses ailes, et poussant un léger croassement, il passa son bec sur ses plumes dans le simple but de le nettoyer. Je soufflai dans le cou de l'enfant, et caressant sa jambe, ma main remonta jusqu'à ses lèvres. Je lui donnai un baiser glacial sur la joue, et la forçant à ouvrir la bouche, mes doigts en argents cherchèrent alors sa langue que je tirais. Elle gémit de surprise, et frissonnant contre elle, je pus sentir l'adrénaline courir dans tout mon corps, c'était délicieux ! Je la retournai vers moi, et la plaquant contre le sol, je me mis au-dessus d'elle, comme si je me comportais comme un pervers en rut. Ce n'était pas loin de la vérité, mais ce n'était pas ça non plus, mes doigts tenaient toujours sa langue. Je lançai un regard méprisant à son père, et tirant la langue de sa fille, je pris mon épée. Elle gesticula brusquement, comprenant ce qui allait se passer, elle hurla des supplications, elle pleura. Pas comme une enfant qui fait un caprice, mais comme une enfant qui comprenait soudain que le monde des adultes ne ressemblait pas à ses contes. Donald bougea, il sursauta, et la gamine déchira le silence de sa peur et de sa douleur.

Ce fut avec une horreur sans nom qu'elle cria, pauvre chose frêle dans mes bras, ce fut avec une horreur sans nom qu'elle geignit. Je pris sa langue tranchée dans ma main, et je la balançai dans la pièce, l'offrant aux vers. La bouche de l'enfant était pleine de sang, et son corps était parcouru par des spasmes de souffrance, un petit morceau de chair bougeait un peu dans cet océan de sang et de bave, elle cracha, et elle pleura. Le père me fixa, ne croyant pas ce qu'il venait de voir, il balbutia quelques paroles d'une voix enrouée, alors qu'avec désespoir, sa fille tentait de prononcer un « papa ». Un autre petit rire s'échapper de ma gorge, et me rapprochant de l'enfant, je déposai un autre baiser sur sa joue, avant de venir tout doucement lécher le sang prés de ses lèvres. Un frisson de plaisir glissa sur mon échine, tremblant, je sentis l'arôme de son sang avant de plonger ma langue chaude et humide dans celle de la fillette. Elle bougea sous moi, elle essaya de se défaire de mon étreinte puissante, et elle me griffa le visage. Voici ce que j'offris à cette chose, son premier baiser, et ce dans les larmes et le sang. Ça n'avait rien de beau, ça n'avait rien d'érotique, mais je pouvais ainsi goûter à son élixir plus amplement.

Le sang de la fillette glissait dans ma gorge, et je continuais d'en frémir de plaisir. Son père gémit de douleur, voyant sa fille souffrir, espérant être à sa place pour lui éviter ces douleurs. Je me relevai soudain, les yeux sur une poutre, je poussai un soupir rauque, le corps tendu, comme si j'allais lui faire l'amour. Mon corps entier frémissait, j'avais chaud, et la sueur coulait sur mon torse, ainsi que sur ma nuque, la chaîne de mon père adoptif pendait et se collait contre mon ventre. Je passai mon pouce sur la gorge ensanglantée de l'enfant pour lécher le sang, et bandant contre sa cuisse, je relevai les yeux sur son père. L'Onyx poussa un croassement et battant encore des ailes, il sembla attendre quelque chose. Je me relevai lentement, en sueur, je fixai le père et la gamine se roula en boule à mes pieds. Le regard voilé, l'adrénaline et le plaisir me rendaient fou, je donnai un coup de pied dans le corps de l'enfant, et le père laissa échapper une odeur d'urine. Je haussai les sourcils, alors qu'un liquide chaud et jaunâtre glissait sur les jambes du malheureux, lamentable. Il venait juste de pisser sur lui... pour si peu ? Léchant mes lèvres, je repris mon épée et marchant vers lui, je l'observai se recroqueviller, tout peureux. Il murmura d'une voix faible, les larmes coulant sur ses joues :

— J-j-j-j-j-j-je... VOUS ALLEZ LE PAYER !

Et le bougre bondit sur moi, une dague dans la main. Je fis un pas en arrière, et saisissant son poignet, je lui donnai un coup de genou dans le ventre pour lui faire mordre le plancher. Je le traînai par le col, et grimaçant devant la forte odeur de pisse qu'il dégageait, je fourrai sa tête dans la flaque jaune qui trainait un peu plus haut. Il tenta bien évidemment de se débattre, mais respirant sa peur, jouissant de sa terreur, je ne pus me contrôler plus. Je lui donnai un coup de poing dans la mâchoire, et écrasant sa joue de ma semelle, je défis les deux premiers boutons de mon pantalon. Nul doute à avoir : je ne violais pas, mais c'était juste que ça commençait à devenir désagréable et douloureux. Je me plaquai soudain contre lui, et l'entendant gémir comme une gamine, je plantai mes griffes sur son torse pour lui lacérer la peau. Quelque bout de chair resta sous mes ongles, tandis que mes crocs se plantèrent dans son oreille que je déchirai dans un seul coup, je crachai le morceau plus loin. L'homme gesticula sous moi, et tout à coup, ne pouvant plus résister à mes pulsions, je lui arrachai une partie de sa chevelure, et le mordait dans le cou.

Mes dents le transpercèrent, pendant que mes mains continuaient de le griffer, bientôt je repris mon épée pour l'enfoncer dans son ventre. Le sang entra bientôt dans ma gorge, et lentement, je commençai à l'éventrer pour plonger une main tremblante dans ses organes chauds. L'homme pleurait et ne pouvait rien faire, et comme si je prenais un fil, j'enlevai lentement ses organes, je lui arrachai le foie et le jetai prés de sa fille. Il tenta de hurler, mais mains, avides de souffrance lui prirent alors un morceau d'intestin, et je le jetai contre le plancher. Les tripes à l'air, il roula sur le dos, alors que les tissus et les nerfs de déchiraient encore. Je poussai un soupir d'extase, et l'homme lança un regard désolé à sa fille qui s'était relevée.

La fille de Donald le Philosophe, la petite fille blonde qui poussa un couinement étranglé, alors que père vint rendre l'âme. Elle alla se rapprocher de lui, mais ma présence l'arrêta, elle releva son visage baigné de larme sur moi. Qu'elle était sublime cette petite fille brisée ! Qu’elle était adorable, elle et sa robe tachée de sang ! Et quel était ce sentiment puissant qui me retournait délicieusement les entrailles ? Je la voyais si seule, si vulnérable, et mon excitation augmenta d'un cran. Lentement, je me rapprochai d'elle, et la prenant dans mes bras, je la serrai contre ma poitrine pour murmurer :

— Et tout ça à cause de Lao, cet homme ne mérite pas le pardon.

Je passai une main froide sur sa joue pleine de sang et de crasse, elle releva la tête sur moi, et prise par la peur, elle essaya de s'enfuir. La prenant par les cheveux, je lui pris la main et l'amena prés du mur, ses yeux restaient fixés sur le cadavre de son père. Et brutalement, j'écrasai ses doigts contre le mur, elle poussa un autre cri, suivit d'autres quand sa seconde main fut broyée contre la surface raide. Voilà donc, mon plan pouvait être mis en place. Je lâchai l'enfant, et j'allais ramasser mes vêtements, tandis que sans un regard, elle se mit à détaler comme un lapin. J'essuyai la sueur avec ma chemise et la vêtissant, je ne tardai pas à remettre ma cape. La gamine avait disparu et j'empruntai les toits pour la prendre en filature. Tout avait fonctionné comme je l'avais prévu, et plus calme, l'excitation ainsi baissée, je suivis la fillette qui elle... mena le loup vers la maison de l'agneau.

Et tout se déroula encore comme je l'avais voulu : la gamine s'était réfugiée en pleurant dans les bras d'un jeune homme brun, incapable de lui raconter ce qui s'était passé. Si je lui avais brisé les mains, c'était tout bonnement pour qu'elle ne puisse pas écrire l'horreur de mon acte, si je lui avais tranché la langue, c'était pour l'empêcher de parler du monstre que j'étais. Lao se retrouvait alors face à un ennemi silencieux et muet, je pus donc observer ses mouvements non sans distraction. Je voyais peu son visage, et je ne pouvais que deviner ses mouvements, alors trois jours après le terrible destin de Donald, je décidais de rencontrer cet homme. Je n'avais pas encore prévu de le jeter dans les bras d'Uriel, et le voyant curieux, je me servis d'un autre art que celui de la torture : le violon.

Connaissant plus ou moins ses habitudes après l'avoir pris bons nombres de fois en filature, j'avais pu remarquer que c'était une âme vagabonde. Je ne connaissais pas encore bien ce visage, et cette journée-là, ce serait la première fois que j'allais rencontrer cet homme que je pourchassais depuis un an maintenant. Le monde éclatait tout autour de moi, et le monde dansait sans connaître le monstre qui tout de blanc vêtue marchait sur la place. Une fontaine émergeait derrière moi, tandis que la tête posée contre l'instrument, je faisais vibrer l'archet sur les cordes. Le regard posé sur le corbeau qui à mes pieds semblait m'écouter, je bougeai lentement, moi ombre blanche dans un univers qui ne pourrait jamais me comprendre. Je fermai les lèvres, parfois je les ouvrais, et tout doucement, une mélodie s'échappait du violon. J'étais assis au bord de la fontaine, mes longues jambes étaient dépliées, alors que mes cheveux blancs se laissaient caresser par le vent. Mes paupières tombèrent soudain, tandis que la cape en lambeaux que je portais dansait contre moi, blanche, comme tous le restent. On n’aurait pas pu dire que j'étais Émile Paole, personne ne pourrait reconnaître ce personnage inventé que je jouais. J'étais le Violoniste Albinos, nouveau venu ici qui gagnait sa vie seulement grâce à la musique, et qui n'avait pas encore eu l'occasion de prendre un bon bain chaud. Le Violoniste Albinos qui paraissait vivre dans un autre monde, et qui ne connaissait pas les joies simples de ses comparses, alors il s'adonnait à la musique, non sans passion. Après tout, c'était pour ce violon que j'avais perdu mon index et mon majeur, il m'appartenait, et j'y étais attaché, tout comme à l'oiseau qui à mes pieds, fixait l'étrange personne que je semblais être devenu.

Parfois les gens s'arrêtaient pour m'écouter, et jetaient quelques pièces au creux d'un chapeau immaculé et rapiécé, j'étais l'opposée de l'Inquisiteur, et dans la foule, je crus reconnaître des hommes et des femmes de l'Église qui ne parurent pas me reconnaître. J'étais habituellement toujours en noir ? Alors... le Violoniste Albinos serait toujours en blanc, jouant, communiant avec sa musique, comme un Prêtre avec son Ombre. C'était aussi un jour où il faisait beau, la ville vivait, et le soleil éclairait le visage des passants de sa douce et chaude lumière, parfois je relevai la tête et je m'arrêtai pour tenter de reconnaître dans la foule l'homme que je cherchais. Je poussais alors un soupir, songeant que pour une fois que j'employais une méthode douce, personne ne venait sur mon chemin pour se faire prendre par mes crocs. Chose ennuyeuse, en tout cas, je voulais connaître Lao avant de le prendre, je voulais en savoir plus sur la personnalité de cet homme qui était assez fort pour faire peur au Haut-Prêtre. J'attendais alors qu'il vienne à moi, même si ma patience était brouillée par la fatigue. Un an que je le chassais, et tout ça me pesait un peu trop : je le prendrais, et je le jetterais en prison, comme l'avait tant désiré Uriel d'Arken. La chasse allait enfin prendre fin, et je me serais ainsi acquitté de cette mission, ensuite je n'aurais qu'à m'occuper d'Adelheid Horn.

Le vent passa contre ma nuque, un frisson courra alors sur mon échine, et je posai les yeux sur une mère et sa fille. C'était une belle blonde qui tendrement, laissait son enfant écouter la musique douce qui s'échappait de mes doigts, l'enfant suçait son pouce et penchant la tête, elle m'offrit un sourire. Je lui donnai le mien, imitant l'artiste plein de gentillesse que je ne serais jamais. Et me faisant un signe de la main, si douce et si adorable, elle s'éloigna avec sa mère qui vint rejoindre un groupe d'amie. Une pièce d'or était tombée au creux du chapeau, et lentement, je repris ma musique comme si rien ne venait de se produire. Les notes éclataient comme des bulles de savon, la voix du violon glissait dans les oreilles des plus sensibles, pendant que ma main bougeait légèrement en fonction du rythme. L'air caressa mes cheveux, et les yeux à demi-ouverts, je jouais du violon, et tout ça pour quoi ? Je savais Lao curieux d'après ce que disait les rumeurs, et ainsi, savant tout aussi bien qu'il allait passer ici, je tentais tout bonnement d'attirer l'attention de cet homme. Mouillant mes lèvres, la voix du violon se fait soudain plus plaintive, quand soudain, je croisai le regard sombre d'un homme que je connaissais sans connaître. Puis ignorant ma proie, je refermai les yeux pour me laisser enivrer par la douce plainte qui émanait tout de mon violon, comme si ce dernier pleurait la poésie, comme si ce dernier se languissait des romans. Lao... allait-il se laisser prendre par le piège de l'Inquisiteur ? Allait-il être séduit par la musique d'un fou qui raisonnait ? Et la plainte résonna dans toute la place, douce, furtive, et belle. L'Ombre du prédateur se rapprochait de la silhouette de ce bellâtre, lentement, patiemment. Et déjà, l'Ombre ouvrait la gueule pour mordre.
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Lao
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyLun 3 Oct - 13:19

Rêvons donc en cette belle journée, pensons donc en cette chaude et délicieuse journée.
Il faisait si bon et ce soleil caressait si gentiment avec ses rayons la ville que je n’ai pas pu m’empêcher de quitter mes déguisements de noble pour une tenue de clochard de rue, pouvant ainsi vagabonder à ma guise sans me soucier de mon apparence ou de mes vêtements. Je n’avais pas non plus à discipliner mes cheveux et je pouvais les laisser s’emmêler à cause de quelques coups de vent sans trop me préoccuper, marcher dans ces rues mal odorantes, avançant vers une destination bien précise : Mon Coin de Rue.

Ce coin de rue n’avait rien de si spéciale sinon qu’il y avait une boulangerie d’où s’échappait constamment une bonne odeur de pain et de gâteau et plusieurs enfants jouant ou hommes intéressants à écouter. C’était également ici que je jouais souvent au violon, le seul lieu où je pouvais échapper à mon mentor et à ses punitions ou ordres, ou encore à mon rôle de philosophe dans ma jeunesse.

Maintenant que ne donnerais-je par pour être reconnu par la société et être écouté sans que je ne risque d’être poursuivi par des enragés de l’Eglise.
J’étais vraiment un sot dans ma jeunesse pour avoir montré ma puissance dans ma maîtrise. SI j’avais été plus discret, on ne m’aurait pas pris pour cible de cette façon maintenant.

Non, si j’avais été discret, je serais actuellement en présence de Sara dans la Cour, à parler de mon modèle d’organisation à quelques nobles.
Je leur montrerais le bienfondé de ce système qui semble complexe mais qui est simple à priori. Tout d’abord il fallait écrire une Constitution qui organiserait cette vie politique en séparant les trois pouvoirs pour les distribuer équitablement à un groupuscule d’hommes et femmes compétents. Ainsi le pouvoir exécutif appartiendra à l’Empereur ainsi que la politique extérieure et peut-être l’armée, et sûrement la garde impériale. Pour ce qui est de voter et proposer des lois, je le laisse au Sénat qui formera une chambre haute soit la décision ultime. Il y aura en dessous encore une chambre basse composé d’élu de différentes provinces par le peuple d’Ishtar. Ces deux chambres formeront ce que j’appelle le Parlement.

L’avantage d’un tel système est que tout le monde aura son mot à dire. Quant à l’Empereur, on ne peut pas dire qu’il était totalement affaibli, je lui laissais encore pas mal de pouvoir important et crucial pour l’Empire et sa paix.

J’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose mais quoi ?
Je réfléchissais donc profondément lorsque je vis une forme étrange foncée droit sur moi. Sans même que je ne vois son visage, cette chose se jeta sur mes bras, me renversant presque en arrière, et pleura à chaude larme. Bon sang, elle en avait des larmes car en quelques secondes j’avais la sensation d’avoir un haut complètement humide … et poisseuse ? Poisseuse ?

Je l’écartais, intrigué et arrêta de respirer en voyant ce qui me faisait face.

- Dina ? Que… Ombre… qui ?

Je n’avais pas les mots, je n’avais plus une once de cervelle à cet instant. J’étais paralysé par cette vision cauchemardesque.

Elle était complètement en sang et sa bouche en débordait. De plus pour le peu qu’elle ouvre la bouche, je ne voyais rien du tout… comme s’il lui manquait une langue. Quant à la main … elle était étrangement molle, immobile et…tordue ?

Je l’attirais vers moi et la laissais pleurer. Je sentis une présence quelque part mais je ne saurais dire où exactement et même s’il était le responsable de cet acte, je ne pouvais pas la laisser seule. J’ignorais donc cette présence et pris la fillette dans mes bras pour l’emmener chez un médecin en qui j’avais confiance.

Elle était brûlante, s’agitait dans cet état de semi-conscience. Le médecin secoua seulement la tête, en critiquant cette barbarie sur une pauvre enfant. Pour ma part, je me sentais vide et inutile… La seule chose que je pus faire était de payer gracieusement le médecin pour qu’il s’occupe correctement de la demoiselle qui dorénavant ne pouvait plus parler.

Je finis par partir sur la demande du médecin. Il fermait son cabinet et désirait que sa patient se repose longuement.

Je déambulais donc maintenant dans les rues sans but précis. CE doux soleil me paraissait soudain futile et j’avais l’impression que tout le monde se moquait de mes états-d’âmes. Ainsi donc je me dirigeais vers cette source de musique inconsciemment comme pour trouver un réconfort dans cette chanson.

L’homme jouait bien, sans faute et avec fluidité. Il était pâle et portait un assortissement de tenue blanc. Pour ma part, j’avais des vêtements crasseux et encore avec des tâches de sang. Les gens me regardaient bizarrement pour finalement fuir. Mal à l’aise, je me grattais le haut du crâne, rendant mes cheveux encore plus en bataille. Qui croirait que j’étais séduisant et que je pouvais me payer de magnifiques tenues justes en empruntant le nom de Léandre Lacroix ? Personne … j’étais si mal en point qu’on ne me reconnaitra pas à cet instant.

- Désolé l’ami… J’ai fait fuir tes spectateurs. Tiens … j’espère ainsi te dépanner un peu.

Je lui passais quelques pièces qui trainaient dans ma poche, celle non trouée. Quand je vous dis que je sais bien me déguiser, je ne mens pas.
Par contre niveau effet facial de l’homme désespéré et dégouté, ce n’était pas un jeu mais la vérité.

Je pensais encore à cette pauvre Dina. Quant à son père, je désirais le retrouver. Il habitait dans les coins il me semble… il fallait que je le prévienne !

- Tu joues bien .... Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Je dois retrouver quelqu'un, un ami.



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Émile Paole

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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyMar 4 Oct - 9:43

Et alors que l'archet continuait de glisser sur les doigts, et que les notes s'envolaient tout autour de moi pour venir se coller contre les passants, une odeur que je connaissais que trop vint chatouiller mes narines. Une odeur si particulière, si incroyable, si douce et violente pourtant, je résistai tant bien que mal à passer ma langue sur mes lèvres. Rien que l'odeur du sang était capable de me griser, et c'était en luttant contre mes pulsions que je rouvris les yeux sur l'homme que je chassais depuis un an maintenant. Rien ne pouvait dire que derrière ces vêtements en loques, ces cheveux en bataille et cet air misérable se cachait le plus grand des sages, Lao. Voilà Lao qui venait à moi, souillé d'un sang que je pouvais reconnaître rien qu'à l'odeur, celui de cette enfant. Tout marchait comme je le prévoyais, je ne voyais pas de quoi me plaindre. Les yeux légèrement plissés, je l'observais s'excuser de faire fuir les passants, son apparence avait en effet peu de choses séduisantes, et on pouvait se demander ce qu'il avait bien put faire pour se retrouver dans cet état.

Seul moi le savais, et seul moi garderais le secret, je fronçai les sourcils en voyant la pièce tomber en émettant un son clair. Lao... ainsi donc c'était cet homme qui terrifiait le Haut-Prêtre ? Oui... il le terrifiait selon moi, car pour une fois, Uriel d'Arken se retrouvait confronté à quelqu'un de bien plus puissant que lui, et qui pouvait lui faire ravaler son orgueil. Je l'examinai de prés pour une fois, cherchant dans son apparence quelques détails qui pourraient hurler qu'il était un Manipulateur de Terre. La seule information qui pouvait indiquer ça était son regard sombre, éloigné de tout qui rappelait la sagesse des Philosophes. Cependant, je ne pus nier ressentir une certaine déception en le voyant, je ne l'avais pas imaginé ainsi, il n'était pas aussi impressionnant que sa réputation pouvait présager. Bien au contraire, il me rappelait un enfant, et pourtant ! C'était peut-être la sa force, ou bien comme à son habitude, je voyais non pas le vrai Lao, mais simplement un autre de ses déguisements. En hochant la tête, je me baissai pour ramasser les pièces d'or, murmurant un « merci » à peine audible. Je les fourrai soigneusement dans ma poche, et toussant un peu, je déclarai :


— Oh... retrouver quelqu'un ? Ne risques-tu pas de le faire fuir avec tout ce sang sur toi ?

Je me demandai évidemment que Lao voulait aller retrouver, ainsi couvert de sang, poisseux et en loques. Ce n'était pas une femme ou un homme de la noblesse, personne de ce rang ne ferait entrer un individu pareil, alors c'était un homme du bas peuple. Je ne pouvais pas encore deviner qui voulait trouver Donald, et si l'idée était venue germer dans mon esprit, j'en aurais probablement ri d'un rire froid et cynique. Celui qu'il retrouverait ne serait rien d'autre qu'un cadavre, sans doute bouffé par les vers. Passant ma langue sur mes lèvres sèches, je regardai les passants qui eux aussi nous regardaient, je les examinais nous examiner, comme si nous étions que des bêtes curieuses. Je devais donc trouver un moyen de le retenir, et de l'apprivoiser, je n'allais pas lui sauter à la gorge comme ça. Bien sûr que non, je voulais connaître cet homme capable de faire trembler le Haut-Prêtre. Je désirais connaître cet adversaire, je cherchais à arracher tout ce qui pouvait le concerner, et m'amuser à voir qui de lui et d'Arken était le plus terrible. Dans un soupir, je fermai les yeux pour reposer l'archet sur les cordes du violon, ce violon pour qui j'avais autrefois perdu deux doigts, et j'ajoutai :

— Tu sembles ennuyé l'ami, une mauvaise nouvelle ?

Une note plaintive s'échappa alors d'entre mes doigts, suivit d'une autre qui s'éleva dans les airs pour venir caresser les oreilles de Lao. Je me crispai un peu, lorsque le passage que je jouais se fit un peu plus difficile, et je cessai quelques secondes pour murmurer d'une voix grave :

— Ne t'en fais pas trop, je peux jouer pour te faire oublier.

Et pour illustres mes paroles, je me mis lentement à jouer un air morbide qui pourtant avait sa beauté, la Mort n'était pas après tout quelque chose de laid. Lorsqu'elle se déployait devant nous, elle pouvait montrer bien des jolies choses, et j'étais son serviteur, elle était mon amante. Une douce journée pour un drame pourtant, et celle-ci ne semblait pas être sur le point de se terminer, alors Lao, allais-tu comprendre que le violoniste était le barbare qui avait tranché la langue et briser les mains de cette enfant ?
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Lao
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyDim 9 Oct - 19:49

Il prit les pièces évidemment, un acte naturel pour un musicien qui ne vivait que sur la charité et le goût d’autrui. Il me remercia avec un ‘merci’ à peine audible… malgré tout, quelque chose de dérangeant émanait de lui, un sorte d’aura dangereux, inquiétant et ses yeux sanglants n’en arrangeaient pas l’impression.

D’ordinaire les musiciens étaient… comment dire… moins étranges, moins bizarres. De plus c’était la première fois que je le voyais ici, d’où deux sentiments assez contradictoires : Une volonté d’aide pour lui indiquer les bons lieux et une volonté d’ignorer et ne pas me mêler à cet intrus.

Quoique, à cet instant j’avoue être l’homme le plus inquiétant et le plus bizarre avec tout ce sang. Ce violoniste avait raison sur ce point et me donna ainsi la bonne idée de vouloir me changer. Si je me présente à Donald, autant le faire avec une chemise immaculée. Annoncer à un père que sa fille n’avait plus de langue à cause d’un fou – voire pire séquelle que j’ignorerais pour l’instant – n’était pas chose aisée.

- En effet… ce sang est trop suspect et il n’est pas bon de se présenter ainsi à un ami. Je me changerais…


Ce n’était pas l’argent qui manquait. Malgré les trous et autres, j’avais cousu quelques poches intérieures où je mettais une petite fortune, pouvant m’aider pour quelques achats nécessaires ou fantaisistes. Notamment des sucreries ou encore des objets magnifiques sculptés ou fabriqués par un artisan, payer un informateur et j’en passe… Par exemple aujourd’hui ces pièces allaient me servir pour renouveler ma garde-robe de pouilleux. A priori ce n’est pas compliqué me diriez-vous, mais pour moi chaque déguisement est un art ! Chaque déguisement exige une attention particulière pour qu’il colle à ma silhouette, à mon réel profil et au profil que je veux montrer !

- Il suffit de regarder mes vêtements pour comprendre que je ne nage pas dans le bonheur aujourd’hui. Comment le lui dire…

Cette dernière phrase – ou plutôt interrogation –, était plus un grognement qu’une phrase compréhensible.

Quel casse-tête !

A cette pensée, je levais les yeux au ciel et observais cette étendue bleutée. Qu’il serait bon de voler un court instant… mais c’était également effrayant pour moi. Ne pas être en contact avec la terre, ne pas l’avoir en gardienne était difficile à imaginer.

Oui, le plus grand des philosophes était avant tout un peureux ou plutôt un être dépendant entièrement de la Terre. Je me reposais trop sur elle car cette terre était l’extension de mes sens et me signalait toujours des dangers afin que je me prépare à me protéger.

J’ai toujours dépendu de cette terre.

Ainsi si on m’en sépare, c’est presque – non la totale – panique ! Je me considérais comme un aveugle et un sourd, vulnérable au plus petit danger…

Des notes de musique de ramenèrent à la réalité, à cette triste réalité. Je m’assis donc au côté de ce musicien et plongea mon regard dans le sien.

- Cette vie ne te semble pas injuste ? Les faibles opprimés par les puissants ? Une minorité égoïste qui remporte sur une majorité écrasée ?

Qu’est-ce-que j’avais en tête ! Il allait sortir les banals « oui c’est vrai… patati et patata, je ne joue pas dans l’originalité Lao ».

- Nos rues ne sont plus très sûres … c’est tout.

Que faisais donc la Garde ? Elle servait juste à faire jolie ? Elle devrait être plus efficace et plus présente, plus investit également… Il manquait une certaine discipline on dirait.
De plus si je me présente à un magistrat… Jusqu’où irait-il pour protéger et valoir les droits d’une pauvre fille ? On ne pouvait pas dire que Donald roulait sur l’or…
Et là je me dis: "Si seulement j'avais cet odieux criminel en face de moi!" ... Je pouvais être pacifique, un homme qui cherche la paix avant tout mais je n'étais pas crétin non plus pour laisser passer une telle chose. La justice devrait être fait d'une manière ou d'une autre !

Cet air me rendait plus lugubre, ce qui n’était pas dans mes habitudes. Aussi, une odeur de rouille remontait fortement à mes narines. Je devrais réellement me changer en prenant un bon bain…

Cette vie était vraiment injuste et j'avais hâte de changer nos modes de vie et de pensées.
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Émile Paole

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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyMar 11 Oct - 22:34

Eh bien... Lao était-il inconscient ? La méfiance ne paraissait pas vouloir transpercer dans ses prunelles, il gardait une figure niaise et triste. Quelle expression pourrais-je alors contempler, lorsqu'il saura que je suis l'auteur de ce crime terrible ? Et que dira-t-il donc, lorsqu'il y verra toute la joie que cela me procure ? Le sang, le meurtre, et tous ces gestes bestiaux qui répandent la peur, la haine, c'était ma passion. Tant de violence, tant de sentiments, tant de brutalité et de fureur dans un même instant, c'était jouissif, et les cris de mes victimes étaient une belle mélodie. Leurs voix se brisaient sous la pression, comme leur os d'une simple pression de ma main, je ne pouvais pas vivre ici, je ne pouvais pas vivre parmi les hommes, car mes passions étaient celles d'une bête. Et Lao, cet illustre personnage, cette légende approchait le monstre sans défiance, j'avais envie d'en rire. Le sang qui souillait ses vêtements était en train de me rendre fou, son arome si délicieux pénétrait tout mon être, et le secouait pour le rappeler à ses pulsions : que se passerait-il si je lui sautais à la gorge ?

Un regard de l'oiseau posé plus loin, et je tentai aussitôt de taire ma violence, je mordillai mes lèvres et continuant de jouer, j'approuvai d'un léger mouvement de tête. Mes yeux restaient fermés à moitié, l'oreille tendu aux moindres paroles de l'homme, alors que l'archet glissait toujours avec douceur sur les cordes. Les notes volaient tout autour de moi, et venaient s'éclater contre Lao, et lui, il ne tarda pas à me poser une question. Je ne sus si elle m'était réellement destinée, mais elle me poussa à cesser de jouer. Je posai mon regard écarlate dans les siens, l'archet tomba sur ma jambe, et je baissai mon violon, un léger froncement de sourcil, et je cherchais quelle réponse lui donner. Une question dont en réalité, je me foutais assez bien, j'avais été l'opprimer autrefois, et j'étais maintenant l'oppresseur. La seule loi que je connaissais, c'était celle du plus fort, et rares étaient les personnes capables de me blesser, désormais. Alors... que répondre à ça ? Le monde ne possédait pas d'équilibre : les uns étaient pauvres et malheureux, les autres étaient riches et oisifs, mais si l'égalité existait, que se passerait-il ? La balance se briserait-elle ? Fermant les yeux pour les rouvrir, je répondis d'une voix rauque :


— L'équilibre existe grâce à ça : un monde sans inégalité ne tiendrait pas longtemps.

Et je hochai la tête, lorsque Lao affirma que nos rues n'étaient plus sûres, ça... j'étais bien placé pour le savoir, car j'étais le monstre qui avait goûté au sang qui tachait ses vêtements. Le loup, le monstre, le meurtrier qui rendait Ishtar aussi effroyable que la colère d'une lionne. Je haussai donc les épaules après quelques secondes, détaillant encore et encore cet homme, il semblait banal, où était sa puissance ? Puisque plus je le voyais, plus je me demandais ce qu'il cachait, j'essayais de suivre mon instinct, tentant de sentir quelle force cet homme pouvait cacher derrière sa tranquillité, mais je ne sentais rien. Alors... c'était tout ? Rien ? Le vide ? Je ne voyais pas un grand homme là, mais une âme fragile et douce, rien de méchant, rien de dangereux. Si je levais la main sur lui, allait-il me répondre ? Je n’en étais pas tout à fait certain, et raclant ma gorge, je répondis :

— Les hostilités entre La Garde et l'Église rendent ces rues dangereuses.

Les terroristes n'y étaient pas pour grand-chose, c'était juste des rats que nous chassions. J'aimais les Hérétiques, je les adorais même, comme les pauvres clochards qui mourraient de faim : je pouvais exercer mon art, je pouvais exprimer toute ma rancoeur grâce à eux. Les instants les plus excitants de mon existence, c'était lorsque je me retrouvais seul avec une proie, rien que ce souvenir me donnait des frissons. Un homme contre un monstre, un monstre qui dominait tout, la peur, la force, et qui ne connaissait pas de limite à la cruauté. Je ne pouvais jamais m'arrêter, lorsque je trempais mes mains dans le sang, je ne pouvais jamais calmer la voix dans mon oreille, quand je goûtais à la peur des autres. Et Lao, il discutait avec moi sans savoir qui j'étais, mais je n’étais rien d'autre que son cauchemar. Sortant de mes fantasmes, je continuais de l'observer d'un oeil critique, mais toujours avec froideur. La déception restait donc présente, et tout doucement, je commençais à me poster des questions sur lui : était-il donc aussi puissant qu'on le prétendait ? Et le Haut-Prêtre aurait-il la même déception que moi, lorsqu'il croisera enfin sa Némésis ?
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyMar 18 Oct - 20:08

Jusqu’à maintenant je n’avais pas fait attention à ses pupilles ou à la couleur de ses yeux. Ils étaient rouge sangs et exprimaient quelque chose dont je ne saisissais pas tout l’étendue. Je savais avec ce regard qu’il avait vu beaucoup de choses, à savoir ensuite s’il avait vu le bien ou le mal, s’il avait participé en terrorisant de pauvres victimes ou au contraire apaiser la douleur de certains avec son instrument. Etait-il un guérisseur des âmes par la musique ou, encore une fois, un être malsain ou tout à fait banal déguisé.

Son visage au teint extrêmement pâle paraissait calme et apaisé mais si on étudiait avec attention sa mâchoire, on aurait dît qu’il se retenait de faire quelque chose. Enfin une langue passa sur ses lèvres, pas une langue qui vient mouiller quelques lèvres sèches, mais une langue qui semblait apaiser temporairement une soif.

Quant à ses vêtements. C’était des haillons comme en trouve sur tous les musiciens ambulants qui gagnaient leur pain des autres. Pourtant j’avais l’impression que ces bouts de tissu ne lui allaient pas, comme s’il appartenait à un autre monde, un autre univers différent que ce coin de rue avec son violon.

Cet homme m’intriguait de plus en plus. Mon instinct et ma nature humaine me susurraient de fuir et laisser cet être étrange avec son violon mais mon esprit s’attachait et m’obligeait à observer, à savoir plus. On disait que la curiosité pouvait être un vilain défaut à l’excès et qu’elle pouvait guider les hommes vers des situations dangereuses où survivre serait une bonne chose. Pour ma part, j’avais confiance en moi. Jusqu’à maintenant, j’avais réussi à échapper à mes poursuivants, à tourner Uriel en personne et l’un de ses puissants inquisiteurs en bourrique durant un an facilement.

Que pouvait donc me faire cet homme ? S’il était un inquisiteur ou un garde ou tout autre ennemi ou fou-furieux, il ne devait pas être un puissant magicien comme Uriel. Je ne captais pas une force écrasante de sa part… Ou alors la musique qui endormait mes sens ou l’inquiétude qui m’empêchait de garder l’esprit au clair.

Je ne savais plus où mettre ma tête. A l’instant où je pense à quelque chose de nouveau, l’image de la petite me saute aux yeux, ensanglantée et pleurant.

- Un monde sans inégalité serait une utopie mais vouloir la toucher du bout des doigts n’est point un crime ! Au contraire, c’est l’un des buts qu’un homme censé devrait se fixer dans sa vie. Qu’y a-t-il de mieux qu’un monde en paix où enfants, vieux, jeunes peuvent vivre paisiblement, en respect avec notre nature mère ?

Je m’emportais à nouveau mais j’avais raison non ? Quand verrais-je nos rues sécurisées, sans risque qu’on enlève des enfants à tout bout de champs ou qu’un garde ne s’amuse à faire régner une injustice par les poings ou les armes ? Quant aux inquisiteurs… tuer en secret, sans procès ni jugement au préalable, juste sur la demande d’un homme !

C’était ridicule !

- Hostilités, hostilités, quand tu nous tiens !

Je me lève et lève mes bras, les étendant gardant ainsi une position en forme de croix.

- Jalousie de la part de l’Eglise que de voir une nouvelle instance instaurer son injustice ou au contraire une justice que nous attendons depuis des années ? Incompétence de la part de la Garde de ne pas pouvoir s’imposer sur des criminels, se rabattant sur quelques pauvres citoyens ?

C’était dangereux ce que je faisais et c’était la première fois que je faisais une telle chose. D’ordinaire, j’étais discret mais ces événements de la journée étaient la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Il faudrait bien que quelqu’un parle un jour et si j’attends, je mourrais et deviendrais poussière !

Des petits yeux jetaient un regard curieux en personne et certains courageux s’arrêtèrent, hésitants entre partir ou rester. J’allais m’adresser à eux.

- Fuyez donc ! Et allez vous réfugier dans les bras de votre mère l’Injustice, elle qui vous berce chaque soir et chaque matin impitoyablement, vous punissant arbitrairement au moindre faux pas en se prenant à vos enfants, à vos femmes !

Je me soulève en montant sur un des pierres où je ne risquais pas de glisser bêtement.
De nouvelles personnes s’arrêtent, se reconnaissant dans la description que j’ai faite.

- Pensez-vous qu’il est justifié que ceux qui soutiennent réellement l’organisation de notre Saint Empire soit ceux qui se fassent écraser, sans faire entendre leur voix ? Ne pensez-vous pas que notre Empereur, tout puissant, aurait peut-être besoin de l’avis de sa véritable population ?

Réveillez-vous donc ! Bougez-vous donc ! Revendiquez donc vos droits !

- Nous sommes tous humains et nous avons autant de droit que de dire ce que nous pensons ! Guider notre jeune Souverain est également un de nos devoirs ! Nous faire entendre est notre droit.

Une foule s’était rassemblée. Je me ravissais de savoir que des gens partageaient ma pensée, mes idées, mes sentiments. Malheureusement comment faire pour les guider quand je savais qu’ils risqueraient de mourir en me fréquentant ?

- ET là Frustration ! Elle étreint notre cœur, nous étouffe et nous détruit définitivement. Nous devenons dès lors des bêtes qui ne pensent qu’à s'exprimer par les armes et la violence, oubliant que l’homme a une langue qui sert à autre chose que s’adonner à quelques plaisirs charnels.

Je descends, sautillant presque, pris d’une énergie nouvelle.

- Pour finir Suspicion ! Ne pas pouvoir nous confier ! Craindre même notre propre femme, enfants, des traîtres potentiels ! Craindre qu’à tout instant, un être silencieux et tapis dans l’ombre ne vienne le soir, dans votre chambre, lorsque vous dormez profondément, vous aider gentiment à rejoindre l’Ombre pour un crime que vous n’avez pas commis. Pour un crime qui n’a ses bases que sur quelques rumeurs !

Je voyais au loin une garde approchée et des coups d’œil suspicieux.

- Voilà comment s’achève cette journée gentes dames, gentlemen ! Je dois fuir car autrement, on m’arrêterait pour hérésie. Pour avoir parlé un peu. Aussi, je dois aller annoncer à un pauvre père que sa fille se retrouve sans langue … une fille innocente et adorable qui a subi les cruautés d’un monde qu’elle n’a pas encore eu le malheur d’arpenter de fond en comble ! Toute enfance normale vient de la quitter… paix à son enfance finie.

Je m’abaissais, leur fis une référence digne des saluts dédiés aux Grands de ce monde !

Tiens il y avait le musicien.

- Je pars me laver et annoncer la triste nouvelle à ce père. Cette fois-ci vous pouvait jouer longuement, vous aurez droit à beaucoup de spectateurs.

A moins qu’il ne soit intéressé par mes idées et me suive.

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Émile Paole

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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyMer 19 Oct - 11:44

Et parfois, il suffisait d'une malheureuse petite phrase pour faire exploser quelqu'un. Lentement, je baissai mon violon et le posai sur le côté, je me penchai en avant et croisant mes longs doigts blancs, les coudes sur mes genoux, j'observai un Lao Transformé. Derrière ce visage calme, derrière une placidité à toute épreuve, je découvrais un homme plus ou moins différent des autres, et de l'image que je m'en faisais. J'affichais une expression neutre, et comme à mon habitude, rien ne pouvait traduire le fond de ma pensée, telle une statue, je considérais l'homme qui animé par la passion exposait son point de vue. Je ressentais toujours de la déception pour cet homme, Lao était pour moi une entité particulière, un être à part que j'avais imaginé plus vieux et plus fort, une sorte de sage ermite vivant reclus au fond d'une forêt. Il n'en était rien. Je l'avais imaginé plus beau aussi, et noble, respirant l'esprit de la diplomatie (on me tuerait de connaître ce mot à Ishtar) et la connaissance d'un autre temps.

Oui, j'étais déçu, et curieusement, je songeais que cette réaction n'était pas si étonnante que ça, lorsqu'on voyait un tel homme : Lao était jeune, quoiqu'il devait certainement avoir mon âge. Il n'était pas aussi imposant et impressionnant que le disait la légende, et je me rendis bientôt compte que j'avais opéré bien des meurtres gratuits et sans importante, car en réalité, même si ceux qui avaient pu voir Lao ne le connaissaient pas. Enfin pas autant que Donald Trumpy et sa fille. Caressant ma mâchoire, intrigué par le mouvement d'humeur de mon homme, je fronçai légèrement les sourcils, sans être plus expressif que ça. J'avais en face de moi le Mythe de Lao en train de discourir sur un monde qu'il ne verrait jamais naître, il parlait de ses idées, et tout ça en faisant de grands gestes, alors que je l'examinais comme si j'étais sur le point de m'offrir un cheval. Mouillant mes lèvres par habitude, je notais dans un coin la présence de mon éternel ami, l'Onyx, ce corbeau pour qui je vouais une affection sans bornes. Et devant tout le monde, sans doute inconscient de la bêtise qu'il était en train de faire, Lao élevait la voix, et parlait, et parlait, clouant sur place les quelques bons passants qui adoraient leur statut de moutons. Ils le contemplaient, ce clochard plein de sang avec des grands yeux de poissons, comprenant à peine ce qu'il disait.

Et moi, je m'amusais intérieurement de la situation : un autre jour et dans une autre situation, l'Inquisiteur Paole serait venu l'arrêter pour ces propos pleins d'urine et craché sur l'orgueil de l'Église. Si Lao m'avait déçu, je lui découvrais une facette plus animée et passionnée que son calme laissât voir, et que dirait donc Uriel d'Arken ? Et lorsqu'il eut fini, un sourire vint sur mes lèvres, rien de méchant ou de mauvais, mais un simple étirement de lèvres qui n'en disait pas plus sur mon avis. Lorsqu'il termina son monologue sur une petite assemblée sans intelligence, il affirma qu'il était temps pour lui de partir, effectivement, La Garde ne devrait pas tarder à arriver. Sans rien lui répondre, je reposai pourtant mon violon dans son étui, passant une main dans ma chevelure immaculée, laissant l'exact contraire de Paole se jouait de Lao, je pris l'étui dans une main et rangeai les quelques pièces qu'on m'avait jetées dans une poche. Vu ma taille, il me fallut simplement deux enjambées pour rejoindre mon homme, alors je me postai prés de lui, le regard rêveur, je ne dis rien dans un premier temps pour réfléchir.

Que dire après tout ça ? Car je n'y voyais qu'une incroyable candeur, et la volonté enfantine d'un homme au coeur encore trop pur. Ce que je pensais sur le monde ? Ce n'était qu'une haine comme une autre, une haine qui avait pourri l'enfant que j'avais autrefois été, et dans ma splendeur bestiale, je ne pouvais pas hurler à mon homme que je rêvais d'un Empire baigné dans le sang que j'aurais versé. Passant une main sur ma mâchoire carrée, levant les yeux au ciel pour réfléchir comme pour observer le vol de mon corbeau au-dessus de ma tête, je finis par dire :


— « Paix à son enfance finie » ? Pour cela, il aurait fallu qu'elle ait une enfance. Ishtar est le berceau de la folie et de la violence, voilà ce que j'ai appris, lorsque j'ai osé quitter ma province natale pour cette nouvelle terre. Les enfants meurent de faim dans nos rues, et l'Empereur trop gâté pour comprendre la misère les oublis dans son juvénile règne.

Aussi surprenant que ça pouvait l'être, j'avais simplement affirmé le fond de ma pensée, tout en cachant à mon homme que j'étais né dans cette folie. Ishtar était un endroit violent, et j'avais pu admirer toute sa cruauté dés ma naissance. Comme la gamine à qui j'avais coupé la langue, j'avais dit adieu à mon enfance, dés l'instant que j'avais compris que l'humanité était sa propre génésis, et qu'elle était vouait à sa perte. L'Empereur comme je l'avais mentionné, je pouvais deviner derrière son regard innocent une âme bien différente de celle qu'il montrait, pourtant, je ne pouvais pas me défaire de l'idée que ce n'était rien d'autre qu'un enfant immature, et qui ne connaissait rien à la vie. Savait-il ce que c'était le froid ? Connaissait-il la peur de mourir lors d'une simple nuit d'hiver ? Avait-il connu le fouet ? L'humiliation ? Et la douleur de n'avoir jamais été considéré comme un homme ? J'étais dans le froid et la faim, la soif m'avait bien souvent brûlé la gorge, et je ne pouvais que rabaisser cet enfant de ne pas connaître son peuple, et me connaître.

Cependant, sans les « Guignols d'Ishtar », je ne serais jamais devenu le monstre que j'étais, sans cet oiseau qui voletait dans les airs, je serais mort sous les coups de l'Ogre. Au moins, personne n'avait eu le droit de survivre à cette terrible nuit, où la plume d'un corbeau était tombée pour briser mes chaînes. Je me souviendrais toujours du sang et des cris qui avaient jailli des membres de la troupe, je me souviens encore de leurs peurs, et de leurs angoisses. Et moi, petite chose fragile, j'avais contemplé le spectacle fascinant de cette horreur, j'avais admiré la terre dans toute sa force, et sa puissance. Ce fut à cet instant que mes craintes s'étaient brisées, et depuis, plus jamais je n'avais ressenti de l'effroi, car je l'incarnais. J'étais Émile Paole, le Chien Fou de l'Église, le Corbeau Blanc, j'étais le monstre, j'étais la peur des hommes, et ma folie n'avait pas de limite, tout comme ma cruauté, tout comme ma rancune pour ce monde.

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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyLun 24 Oct - 7:07

Il m’accompagnait ce musicien étrange à la peau crayeuse et aux yeux écarlates. Avait-il été intéressé par mes paroles lancées à la foule sous une impulsion ? Ou alors était-ce un autre piège d’un quelconque inquisiteur ?

Ces derniers n’hésitaient pas à se déguiser, laissant de côté leurs armes mortelles, et m’approcher sournoisement pour me porter un coup fatal. Mais je ne craignais rien sachant d’office quand ils allaient m’attaquer dans le dos. Oui, il suffisait juste de sentir le monsieur accélérer d’un coup, le poing levé, ou alors ralentir tout en prenant discrètement un petit poignard glissé dans une poche secrète, à l’intérieur du manteau ou encore dans la semelle des chaussures. Ils avaient une imagination fertile quand il est question d’assassinat ou de torture, pour le reste – comme une vie sociale, en dehors du travail - c’était avant tout des asociaux, des dérangés.

Certes les membres de l’Eglise n’avaient pas droit de se marier mais rien n’interdisait d’aller se lier d’amitié voire plus si affinité avec une personne, quel que soit le sexe. Je pourrais citer tellement de prêtres … En tout premier Uriel peut-être bien. On parle beaucoup de ses bâtards par moment, ces enfants qui naissent et disparaissent dans l’anonymat. Si le plus haut représentant ne mettait pas de limite à ses passions, on peut aisément imaginer la vie de ses subordonnés. Après tout, je pars du principe que les membres d’un groupe ressemblent à son leader… en principe seulement. Il peut y avoir l’exception qui confirme la règle.

Ainsi… pourquoi un tel amour pour le morbide et la douleur quand on pourrait avoir une vie bien plus tranquille, allongée sur l’herbe fraîche et verte, à regarder le parcours de ces nuages feignants ?

Peut-être n’avaient-ils pas d’autres choix que connaître les horreurs de ce monde ? Ce musicien avait bien raison quand il disait que les enfants mourraient dans un coin de rue, vulnérable aux dangers des fous et criminels des bas-fonds. Encore une fois, à mes yeux, l’Education restait l’arme la plus efficace. Un peuple éduqué ne souffrirait pas autant et ne se baserait pas sur une relation de force. Raisonner les parents ne serviraient à rien, ils étaient déjà bien formés dans la moule et auraient un mal fou à assimiler une autre pensée que l’Eglise, la Monarchie Absolue et la tyrannie. IL fallait éduquer les jeunes … ces jeunes qui meurent dans les rues. Il fallait donner la chance à ces derniers d’être reconnu, de faire leur épreuve en inventant des machines ou en écrivant des romans ou en révolutionnant un domaine quelconque. Pour ceci il fallait des moyens et des locaux, je n’avais ni l’un ni l’autre. Je pouvais puiser dans les fonds de la famille Lacroix mais vu comme on m’avait éduqué, il serait très étrange que je subventionne de telle chose. Et même si je le faisais … qui voudrait éduquer ? Je ne pouvais pas me poser en professeur, ce qui serait le sommet de l’étrange dans la Cour et aucun prêtre ne s’abaisserait à donner quelques cours à des pauvres.

Même si je le demandais à Uriel, en usant de tous mes charmes les effets ne seraient pas garantis.

- Nos rues ne sont jamais sûres malheureusement et il y a peu de gens qui veulent y remédier. Même ces gens qui m’ont écouté, trop abrutis par leur quotidien pour se rappeler ne serait-ce que la moitié de mon discours. Quant à l'Empereur, je vais espérer avant tout qu'il sera plus responsable au fil des années, sage comme ses prédécesseurs et vu que c'est un sang neuf, une nouvelle idée de la vision du monde ...

Il y avait tellement d’obstacle à l’évolution de ce monde !

Je suis arrivé devant un établissement de bain. Ce n’était pas le grand luxe mais ce n’était pas le lieu le plus crasseux non plus. Je fouillais ma poche non trouée et en sortis quelques pièces. J’avais assez pour un bain…

- Je vais prendre un bain … attend dehors si tu le désires ou pars jouer quelque chose. A moins qu’un de tes supérieurs ne t’ai demandé de ne jamais me quitter ?

Je le disais d’une voix innocente, ne révélant rien sur ma personne. Un petit piège débile … Je voulais juste voir sa réaction. S’il était un ennemi, il allait nier certainement. S’il n’en était pas un, il allait encore nier.
Par contre il y avait des choses qui ne trompaient pas… Le rythme cardiaque, les yeux, l’expression faciale, un geste qui paraît anodin mais qui montre un stress évident.

- Peut-être même que mon discours de tout à l’heure était une manière de faire appel à un groupe de terroriste pour un coup d’Etat contre l’Eglise, l’Etat ?

Quelqu’un sortit et je tendis les pièces. On me fit entrer dans le bain… quant à moi, j’observais toujours cet homme, ne le quittant pas des yeux.
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Émile Paole

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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyLun 24 Oct - 18:20

Eh bien... voilà un homme qui avait de l'espoir ! Ce fut ce que je songeais, lorsque Lao me parla de l'Empereur, il ne l'avait jamais vu pourtant, et il ne pouvait pas juger ce gamin comme moi je l'avais fait. L'Empereur était un être dévoué à une seule personne, incapable de lire dans les pensées des autres, et de contempler avec véracité la laideur de ce monde, il ne pouvait pas comprendre son peuple. Un homme qui gouvernait un Empire entier sans jamais avoir trempé ses mains dans l'urine et le sang ne pouvait pas voir toutes les horreurs qui se passaient dans son royaume, l'Empereur n'était rien d'autre qu'une adorable petite poupée manipulée par le Haut-Prêtre. Je ne savais pas exactement ce que Lao espérait, en cherchant une chose qui n'existait pas, mais je gardais au fond de moi cet avis : le Philosophe était tout simplement un être naïf et sans saveur. Il semblait généreux, ce qui était le mal de cette société, la générosité était un piège. Lao ne se rendait même pas compte que l'homme qui marchait derrière lui était un prédateur, un monstre de la pire espèce qui jouissait de la vie, seulement lorsque le sang et le foutre coulaient sur lui. Nulle crainte là-dessus : Lao était trop précieux pour le Haut-Prêtre pour que je puisse lâcher mes pulsions sur lui, et des deux, seul le despote était intéressé par une légende creuse et vide de sens.

Lao me décevait en tout point, c'était certes un homme intéressent, mais je ne pouvais pas décoller de sa figure l'image d'un parfait niais. Mouillant mes lèvres par habitude, le corps évidemment toujours tendu comme il l'avait remarqué, je m'arrêtai tout en laissant une certaine distance entre lui et moi. J'avais conscience que suivre quelqu'un comme son ombre était le moteur d'un malaise, il se retourna sur moi, et contrairement au garde, je ne fus pas étonné qu'un simple clochard puisse avoir assez d'argent pour s'offrir un bain. Oh... certes, ce n'était pas quelque chose d'une grande qualité, mais je voyais mal les gueux de cette Capitale pourrie venir ici pour purifier leurs vices et leurs excréments. Pourtant, je feignais à merveille la surprise, quand je vis l'argent changer de main, comme un homme change de putain. Et sa question sembla m'étonner aussi, je fronçai les sourcils sans pour autant nier et affirmer, je me contentai tout bonnement d'observer l'homme à qui Lao avait donné son argent. Et enfin, un sourire, bien trop rare pour en souligner la présence se dessina au coin de mes lèvres ; ce n'était pas un rictus malsain, mais un simple sourire qui se voulait charmeur et amical, je répondis donc avec un détachement feint à la perfection :


— Si c'était le cas, je crois que le but t'étonnerait beaucoup, comme il est étonnant de voir un clochard possédé autant d'argent et de sang sur lui.

Je haussai la suite à son autre question, ignorant s'il l'avait réellement cherché, ou bien si son éclat de colère avait été sincère. Lao prenait les choses à coeurs, beaucoup trop selon moi, et derrière son côté insaisissable, c'était ce qui le rendait faible. Je n'étais pas un homme de sentiment, j'étais un être de pulsions, et j'avais conscience que malgré cette légère différence, je pouvais toujours faire une erreur en laissant ma folie prendre le dessus sur ma raison. Posant l'étui de mon violon sur le mur, je fronçai les sourcils, et laissai un plus transparaître sur mon front, je finis par ajouter :

— Je ne pense pas, si c'était le cas, tu ne serais pas aussi détendu. Mais tu as raison : la masse aura oublié d'ici quelques minutes ton monologue, mais fais attention, ici, on est prêt à tout pour manger... y compris vendre son meilleur ami sur une fausse histoire.


Je fis signe à Lao qu'il pouvait entrer se laver, et reprenant mon violon que je sortis, je posai mon menton et fit glisser l'archet sur les codes. Bien évidemment, je m'écartai pour jouer loin de l'établissement, et au contraire, je fis naître de mes doigts un air joyeux qui entraînait quelques passants à s'arrêter devant moi, puis devant les bains publics. J'avais une petite idée en train de germer dans mon cerveau, car déjà je pouvais voir un groupe de malfrats me regarder avec une animosité si vilaine que des libertins en auraient perdu leur libido. Je mordis ma lèvre, et faisant semblant d'être tendu, je continuais de jouer, jusqu'à ce que l'un d'eux s'avance vers moi. Je me fis frémir, et cessant soudain ma musique, je demandai en penchant légèrement la tête pour lui faire penser qu'il me dominait :


— Oui... que puis-je faire pour vous ?


Et brutalement, le malfrat donna un coup de pied dans mon violon qui échappa de mes mains. Je dus appeler toute ma volonté pour éviter de l'égorger, et avec un ennui profond, je me baissai pour ramasser cet objet que j'affectionnais, malgré tout. Toutefois, lorsque je voulus poser mes mains sur l'archet, l'homme me prit soudain par le col et me plaqua contre le mur. Je grimaçai sans réagir, incapable néanmoins de jouer les créatures effarouchées, j'ajoutai :


— Messire, je ne veux pas de violence...


Et comme réponse, je vis la lame grise d'un canif.
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Lao
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyJeu 3 Nov - 12:36

Je regardais ma poignée d’argent à la remarque de l’albinos. Je ne voyais pas où il y avait beaucoup ? Je ne gaspillais pas cette poignée pour de l’alcool et dépenser d’avantage pour un bout de pain chaud ou encore quelques petites choses pratiques comme un bain … Peut-être est-ce là le défaut de ce costume ? Ne pas agir comme un pauvre écervelé abruti par l’alcool. Je grimaçais à l’idée d’être saoule. Ca n’apportait rien et surtout, je risquais de me vendre à tout moment ! Enfin… à cet instant je ne refuserais pas un verre pour oublier la condition de la petite fille. Cette scène épouvantable se répétait sans cesse dans mon esprit… C’était à en devenir fou.

Il me disait « détendu »… or plus il parlait et moins j’étais détendu. Comment dire, il dégageait un je ne sais pas quoi de bizarre et l’avoir à mes côtés ou dans le dos ne me plaisait guère. Et sa dernière déclaration eut le don de me paralyser quelques instants… Vendre son meilleur ami pour quelques pièces. C’était un peu ma situation instable et incertaine… Il suffisait que quelqu’un comme Iraïd ou encore Sara me vend. Enfin … il n’y avait de risque à priori. ET un autre image émergea : Donald. Sa fille.

Je préférais ne pas y penser pour le moment et alla dans le bain. La bonne femme me montra avec dédain un bac et me demanda avec violence d’aller vite, marmonnant qu’il était rare qu’un mendiant prenne soin de son apparence. Qu’il était louche d’avoir autant de sang. Que je devais être un meurtrier. Finir au plus vite mes ablutions, au risque de voir un garde débarqué sur place à la demande de la propriétaire du lieu.

Je fis vite et passa rapidement dans l’eau mon haut, mes bras et mon visage. Là où j’étais sale, là où j’étais couvert de sang seulement. Le bain complet et parfumé, je le réservais au retour dans la demeure des Lacroix. J’essorais de mon mieux le haut et l’enfila à contrecœur. Je n’avais pas le temps d’attendre qu’il sèche de toute manière…

Et je sursaute. Pourquoi il y avait de l’agitation dehors ? La garde était déjà sur place ? Je me rappelle soudain du musicien et je sortis de l’établissement.

Bonne nouvelle : Ce n’était pas un garde armé de A à Z.
Mauvaise nouvelle : Un groupe de malfrats qui ne semblait pas vouloir nous laisser tranquille.

Que faire ? Nous faire poignarder ou égorger ou dévoiler ma condition de philosophe. Il n’y avait pas trente-six solutions à mes yeux, quoique fuir serait une première option à envisager. Pourquoi faire du mal quand on n’avait le choix de ne pas faire mal ?

Rue étroite. Peu de mouvements donc.
Entouré. Peu de sortis et échappatoire par conséquent.
Mais avant, une chose urgente ! Le musicien qui avait droit à un canif gris et rouillé.

Rester discret un cours moment… Prendre cette petite pierre qui traîne sur le sol, la frotter dans ma paume pour bien m’en imprégner, inspirer et lancer avec force – et un peu de magie – en direction du poignet du type.

Effet immédiat : Il hurle de douleur en laissant son arme de mort tomber par terre.

Continuons.

Il n’y a pas de pierres. Pas de soucis. Discrètement je tends ma main au mur – à l’intérieur donc à l’abri des regards - et « arrache » ce dont j’ai besoin. Je lance ainsi plusieurs petites pierres à ses vilaines personnes et m’ouvre ainsi une petite voie de secours. Sans attendre, je tire le musicien par sa manche, récupère son violon et l’entraîne à ma suite. Je le lâche rapidement, le considérant comme assez grand et intelligent pour me suivre sans poser de questions.

Deux étaient assez solides pour se relever et nous poursuivre apparemment. Bien évidemment de petites pierres n’allaient pas tuer et surtout, ce n’était pas dans mes plans. Mon plan était d’avancer vers cette impasse.

Puis, près du mur, j’appuie plus fortement au sol avec mon pied gauche pour qu’une ouverture se crée. Je la franchis avec l’albinos, je m’arrête, tapote le mur pour la refermer et m’y adosse. On était enfin tranquille… Aucun humain ne pourrait franchir un mur d’une telle hauteur. A moins d’être philosophe ou prêtre … Ce qui n’était pas leur cas.

- Bien nous avons échappé à ces hommes. Vous allez bien ?

Je suppose que cette mésaventure est suffisante et qu’il était temps que je quitte cette belle scène. Il allait sûrement poser des questions indiscrètes. Surtout il me donnait la chair de poule… plus vite je le quitte mieux c’est. Quoique, j’aimais bien sa chanson, sa manière de jouer au violon. Dommage que je ne sois pas en de meilleures dispositions pour échanger quelques propos à ce sujet…

- Le soleil est bien bas dans le ciel ou bien … trop haut, trop chaud. Je dois aussi mendier car après tout un bain n’est pas gratuit n’est-ce-pas ? Un autre désir ? Une petite demande ? Un remerciement ?

Je ne m’attendais pas qu’il me félicite pour ma fuite…certaines personnes préféraient d’avantage l’action, le combat et le sang. Je ne faisais pas partie de cette catégorie et si je pouvais éviter les violences gratuites, je le faisais. Au contraire, aucune chance de fuir, alors là, j’utiliserais les grands moyens.

Quoique… Je ferais une exception pour le malade qui a coupé la langue de la petite à Donald. Mais comment mettre la main à un parfait inconnu ? Attendre qu’elle parle ? Osera-t-elle parler et décrire son agresseur ? En a-t-elle souvenir ? Allait-elle survivre ?

Il faut que j’aille voir Donald, et au plus vite.
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyVen 18 Nov - 21:21

C'était presque amusant de jouer un être faible, incapable de se défendre, et de faire comme si je craignais la menace. Au fond de moi, cette situation me faisait rire, car l'homme ne savait rien du pauvre violoniste qu'il était en train d'agresser. Il me serait si aisé de saisir son bras et de lui briser le poignet, il me serait si aisé d'enfoncer mes doigts dans ses yeux pour les faire éclater ! Jouer avec les apparences était décidément bien drôle, et le laissant « me dominer », je reculai en tendant les paumes, un sourire faussement gêné sur ma figure, alors que brusquement, il leva son canif. Toutefois, la lame se contenta de déraper sur ma joue, et un cri de douleur me fit comprendre que quelque chose n'allait pas. Je passai mon pouce sur ma pommette souillée de sang, et lentement, je posai les yeux sur cet imbécile qui la main douloureuse, maudissait une pauvre pierre venue ici l'ennuyer dans ses affaires. Tout d'abord, comme ses compagnons, je cherchais voir qui l'avait lancé, mais je ne rencontrai que l'absence de mon sauveur, avant que plusieurs pierres ne viennent s'éclater contre la face des malfrats.

Certains poussèrent de petits cris étouffés, comme des gorets qu'on était sur le point d'égorger, alors que d'autres hurlaient à l'homme de se montrer, et de se battre comme un vrai homme. Je n'eus ni le temps de parler, ni celui de me battre qu'une main m'empoigna et me tira brutalement à l'abri de leur regard. C'était mon homme, Lao qui comprenait à peine que l'albinos qu'il tirait dans une ruelle fût à sa poursuite, il me lâcha pourtant bien vite. Je parvins à retenir un petit sourire, en songeant que c'était cet homme qui m'avait sorti des griffes des malfrats, et que malgré tout, grâce à eux, j'avais pu voir ses pouvoirs. Voilà une chose qui plairait certainement à Uriel d'Arken, mais pour ce n'était pas assez : cet homme, je voulais le connaître, même si mes pulsions me hurlaient de le plaquer contre le mur et de le mordre, ma raison me murmurait que comprendre pourquoi il était capable de faire peur à Uriel d'Arken serait intéressent. Mordant ma lèvre, je poussai un soupir quand enfin, nous nous arrêtâmes, chose amusante pour la course que nous venions de subir, j'étais à peine essoufflé. Courir, grimper, sauter, poursuivre, c'était une habitude pour moi, des réflexes animaux que j'avais depuis l'enfance, mais qui pouvaient trahir mon personnage. Je fis mine de me coller contre un mur pour reprendre un peu mon souffle, un sourire sur le visage, je posai mes yeux sur Lao en émettant un petit rire « sincère » à sa question.


— J'aimerais entendre ton nom, et je te donnerais le mien en échange, Philosophe.

Hahaha... ceci pouvait paraître audacieux de ma part d'annoncer à Lao que j'avais compris sa nature ? Je lui montrais ainsi que je n'étais pas un simple musicien, mais quelqu'un qui aurait pu côtoyer assez ce milieu pour comprendre qu'un Philosophe avait agi pour lui sauver la vie. Je me redressai et reprenant mon violon en le remerciant, je regardai mes vêtements d'un oeil sombre, abîmés par le pseudo combat que je venais d'avoir, je frottai mon bras pour faire disparaître la poussière et levant les yeux au ciel pour observer le soleil, j'approuvai silencieusement à la question de l'homme. Le temps passait, et cette course avait réveillé en moi l'instinct animal que je passais mon temps à vouloir endormir, ça devenait dangereux, aussi bien pour Lao que pour ma mission. Je perçus un croassement rauque, et je crus voir une ombre noire passer au-dessus de ma tête, l'Onyx n'était pas loin, et sa présence me manquait terriblement. J'avais envie de sentir ses serres dans ma peau, comme j'avais envie de caresser ses plumes ébènes, cet oiseau était le seul être en ce bas monde pour qui je portais de l'affection. Le seul capable par sa simple présence à calmer les hurlements du loup qui sans cesse résonnait dans mon crâne, le seul capable de tempérer cette souffrance. Il était dur pour moi de contenir la bête, et ça devenait pénible de devoir la museler, la torture me semblait même chose plus agréable que ceci. Toutefois, rien sur ma figure ne venait montrer mon trouble, j'ignorais cependant les qualités d'analyse de mon interlocuteur, et en sueur, je passai une main tremblante sur mon front. La chaleur me donnait le tournis, et attendant la réaction de Lao, je croisai les bras, le dos collé contre le mur.
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MessageSujet: Re: Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao]   Le loup hurle, et l'oiseau ne peut que fuir [Pv : Lao] EmptyJeu 24 Nov - 19:36

Un petit remerciement aurait été largement suffisant et un air ébahie devant ma petite démonstration de la magie de la terre l'aurait été aussi malheureusement tout n'était pas si simple et il a fallu que je tombe sur une personne qui connaissait ma nature de philosophe. Peu de personnes savaient exactement ce qu'était un philosophe et les peu qui savaient étaient soient des alliés soient des ennemis.

Si je faisais l'inventaire de mes connaissances, j'avais comme allié Iraïd et Sara. En ennemis, c'était Uriel donc toute l'inquisition et tous les prêtres, en clair l'Eglise entier. Si je mettais ces quelques éléments sur une balance, comment pourrais-je définir ma situation ? Comme sécurisée ou comme dangereuse ? Je ne savais pas beaucoup ... Il faudrait également que je mette à "jour" dans mes informations, que je sache ce que devenait la légende urbaine "Lao" de bouche-à-oreille et si jamais les quelques rares que je connaissais m'avaient trahis sous la violence et les menaces ou pour quelques sommes trébuchantes ?

Quel informateur pourrais-je contacter et par quels moyens ? Sous quelles formes ? Un riche, un prêtre, un terroriste, un citoyen ? Cela dépendra de la position politique de ce dernier... S'il était porté pour l'empire, alors un garde. S'il était croyant, Eglise. S'il était "hérétique", alors les terroristes ou un citoyen un peu rebelle.

L'albinos releva la tête, je fis des mêmes et mes yeux s'arrêtèrent sur un animal noir croassant. Maintenant que j'y pensais, j'avais entendu plusieurs fois ce croassement ou alors était-ce le fruit de mon imagination ? Je n'en fis aucune remarque et le notant dans ma petite tête. Si jamais je retombais sur une même bête plusieurs fois dans les jours suivants, je pouvais m'inquiéter réellement.

- Mon nom n'a pas d'importance. Même si je le dis, tu l'oublieras vite... Il est si commun !

Etait-ce original ou commun d'avoir comme prénom et nom -confondus- le nom de son pays ? De plus dire que je suis Lao serait si stupide ! Quoique... Quoique ... Pourquoi ne pas s'amuser un peu ? S'il était inquisiteur ou pas, cela m'est égal car il ne me connaîtrait pas dans mes tenues de Léandre Lacroix. En tant que noble j'étais propre, parfumé et maquillé ! Enfin tomber sur lui serait une malchance suprême ! Ishtar était grand après tout et les apparences fort trompeuses ...

- Je suis ...

Dire Lao ou tout autre stupidité ?

- Je me définirais comme un être en contradiction avec soi-même. On me dit que ma nature ne devrait pas faire de moi un fidèle à l'Ombre et à son principe d'équilibre or je le suis ! Vu mon âge et mes capacités, on me dit fou de mendier or cela ne me gêne pas.


Je marche finalement en faisant un signe d'adieu au type bizarre.

- Si tu désires encore me rencontrer - qui sait qui sait tu serais impressionné par ma beauté! - alors joue dans les rues. Peut-être que je viendrais à ta rencontre... Au revoir !

Je tournais au coin d'une rue, m'ouvris un petit trou dans le sol, à un lieu bien précis et m'y engouffrais. J'avais crée assez de mini galerie sous le sol au fil des années pour ne pas avoir à utiliser encore et encore la maîtrise de la terre et me déplacer librement et sans soucis dans toute la Capital. Par contre savoir où j'étais était un vrai mystère!

Comme toujours, il faisait chaud sous terre !
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